Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Demi-Lune »

Ratatouille a écrit :Je pourrais même être sympa, et vous l'envoyer par mails, si vous voulez...:D
Héhé ! :D :fiou: Sympa de ta part. Très sympa, même.
Perso, je préfère voir le film avant, pour une raison toute simple : je savoure peu une B.O. si je la découvre avant le film qu'elle accompagne.
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Anorya »

Par contre tu peux être sympa avec moi vu que j'ai vu le film. 8) :mrgreen: :wink:
Image
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par someone1600 »

Suite du cycle Spielberg que je viens d'entreprendre.

Et découverte dans le cas de ce film que je n'avais jamais vu. Début de la carriere de Spielberg au cinéma, autant le dire tout de suite, ca tranche vivement avec les films suivants car les 4 prochains sont des block-buster.

Ici c'est un road-movie et un excellent road-movie d'ailleurs. Magnifiquement servi par ses acteurs, et par une partition de Williams qui a de quoi surprendre, car la majorité des themes sont a l'harmonica et a la guitare, le film surprend, mais positivement.

On comprends aisément en tout cas pourquoi Spielberg est devenu un des grands-réalisateur a Hollywood, non seulement par sa capacité a enchainer les films rapportants des millions (bon, ce film n'a pas été aussi payant que l'aurait voulu Spielberg), mais ses themes utilisés tres souvent, son génie de la mise en scene et surtout d'avoir réussi a s'entourer de tres talentueux collaborateurs.

8 / 10
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17111
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Watkinssien »

Un Spielberg très intéressant.

De par sa capacité à maintenir jusqu'au bout l'attention sur cette cavale (inspirée d'une histoire véridique) par la grâce d'une mise en scène déjà impressionnante, aux choix de cadrages et de découpages intéressants. Le fait de traiter également cette histoire par une recherche de l'absurdité (ce défilé des voitures qui prend un aspect burlesque issu du cinéma de Keaton) donne les clefs du cinéma de Spielberg dans ses débuts des années 70 : un jeune prodige qui arrive à digérer ses pères cinématographiques tout en restant profondément concentré sur les émotions qu'un plan puisse donner à son spectateur...

De par l'utilisation de la musique de John Williams dans cette première collaboration : la BO commence à jouer le rôle de plusieurs fonctionnalités...

Et enfin par la caractérisation assez réussie des personnages où la dimension familiale (déjà), comique, autodestructrice s'allie à une remise en question du fonctionnement sociologique des USA...
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Demi-Lune »

Sugarland express est l'un des Spielberg que j'ai le moins vus et étudiés. C'est toujours un peu celui qui reste dans l'ombre, coincé entre Duel et Jaws, et sur lequel on s'étend peu, par méconnaissance ou sous-estimation. C'est finalement hier soir, grâce à la diffusion sur Arte (avec un très beau master qui fait espérer le blu-ray), que ce road-movie, "l'un des premiers long-métrages les plus phénoménaux de l'Histoire du cinéma" comme disait Pauline Kael, s'est imposé à moi. Je le trouvais jusque là pas mal, maintenant je l'aime beaucoup.
C'est un film à mieux mettre en lumière, incompréhensiblement oublié.
La mise en scène est évidemment d'une virtuosité dépassant tout entendement... la faculté de Spielberg de dynamiser l'action par le placement fluide et non répétitif de la caméra et du montage, le placement des éléments dans le cadre large, est une leçon de cinéma d'1h40. C'est à la fois le film le plus intimiste et le film le plus purement "américain" qu'il ait jamais fait, ancré dans une tradition des grands espaces ruraux (celle de Badlands à Luke la main froide en passant dernièrement par Mud) qui synthétise déjà les goûts classiques du cinéaste avec les ambitions du Nouvel Hollywood. Mais c'est surtout du côté des personnages que la révision a été heureuse. Le fait de l'avoir vu cette fois en V.O. joue positivement pour l'empathie, grâce à une appréciation plus nuancée du jeu des acteurs. Tout particulièrement celui de Goldie Hawn. Son personnage, déluré et déterminé, n'est pas évident sur le papier. Mais la gestion psychologique n'est jamais manichéenne, de la part de Spielberg comme de l'actrice, sachant bien exprimer la dualité entre la femme forte et adulescente superficielle. Il y a des scories par endroits mais le trait est d'une épure remarquable, d'une sensibilité à fleur de peau. J'ai envie de me risquer à dire qu'on ne peut pas mesurer voire comprendre la progression stylistique et thématique de l’œuvre de Spielberg, l'âme de celle-ci, sans ce premier film officiel qui, à bien des égards, fait office de sésame immédiat. Sugarland express n'est évidemment pas le meilleur film qu'il ait fait mais il atteste que tout était déjà là, en 1974.

Minute geek du jour : je n'avais jamais remarqué que la mère d'adoption du bébé Langston est celle qui joue la mère de Tippi Hedren dans Pas de printemps pour Marnie. Et un an avant Jaws, Spielberg emprunte déjà à Hitchcock le travelling compensé pour filmer la voiture des Poplin qui arrive au bout de la route, vue au loin depuis la fenêtre d'où les attendent le tireur d'élite : ce dernier est immobilisé au premier plan tandis que le travelling compensé fait grossir d'échelle la voiture au second plan (comme la cabine téléphonique avec De Niro et Liotta au resto dans Les Affranchis). Et on trouve l'ébauche du plan-séquence circulaire de La guerre des mondes. :D

ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImage
Avatar de l’utilisateur
Frances
Assistant opérateur
Messages : 2819
Inscription : 3 oct. 12, 20:24

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Frances »

Sugarland express (1974) de Stephan Spielberg avec Goldie Hawn, William Atherton.

Lou Jean "oblige" son mari à s'évader de prison et s'embarque avec lui dans une longue virée pour récupérer leur fils confié à une famille d'accueil.

Si cette mère-là est déjantée et à côté de ses pompes, elle n’hésite pas à utiliser toutes les ressources dont elle dispose pour récupérer la chair de sa chair. En cela elle me rappelle la Dinette (Barbara Harris) de Cœurs d’occasion qui embarque son nouveau mari pour aller récupérer ses gosses. Ces femmes-là sont un peu à côté de la plaque, portées sur la bière et bigrement immatures n’empêche qu’elles y tiennent à leur gamins, comme à la prunelle de leurs yeux. Et chaque fois c’est pour l’homme un long chemin à parcourir qui durera le temps que dure la virée à bord d’une voiture. Mais à mesure que Jean (Gildie Hawn) acquiert la certitude que son mari va prendre les choses en main elle en revient à des préoccupations quotidiennes et plus matérielles (les coupons de réduction, le choix d’un cadeau pour leur fils).
Face à eux ou plutôt derrière eux les forces de l’ordre menées comme un escadron de cavalerie sur de longs rubans d’asphalte. L’Amérique fait ici état de sa toute puissance et l’égrène comme un chapelet sans fin la tournant de fait en ridicule.

Image
Spielberg nous montre également cette Amérique gourmande de spectacles du quotidien, capable d’élever au rang de héros des fugitifs armés, de s’enflammer pour un fait divers. Ici, les vrais héros ne sont pas ceux que l’on croit. Ils ont l’apparence des gens ordinaires que la vie n’a pas gâtés et qui ont poussé comme des fleurs sauvages privées d’un soleil bienfaisant. Spielberg force le trait mais n’en dénonce pas moins ces abrutis de bases qui sautent sur le premier prétexte venu pour vider leur chargeur avec une jouissance évidente. Et il les met en résonance avec les tueurs d’élite de la police qui sont au fond, de la même engeance. Oui, l’Amérique de Spielberg est violente, elle arrache les enfants aux bras de parents qu’elle juge inadaptés pour les coller dans ceux de parents adoptifs rigides et inhumains, elle pourchasse des paumés à peine sortis de l'enfance coupables de vols à l’étalage comme de grands criminels et les piège sans état d’âme. Un film très fréquentable donc, à voir ou à revoir.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14054
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Alexandre Angel »

Demi-Lune a écrit :Sugarland express est l'un des Spielberg que j'ai le moins vus et étudiés. C'est toujours un peu celui qui reste dans l'ombre, coincé entre Duel et Jaws, et sur lequel on s'étend peu, par méconnaissance ou sous-estimation.
Je viens de le (re)voir en br. Il est vrai que ce film reste (mais alors reste) incroyablement obscur alors même que plus de 40 ans sont passés, que des occasions de reprises avec remise au goût du culte se sont présentées, rien n'y fait (qu'on me dise si je me trompe). Je crois que c'est un film un peu caché, comme tu le dis entre Duel et Jaws , mais aussi entre contre-culture et Aventuriers de l'Arche perdue
, autrement dit, et je me comprends, entre Easy Rider et Cecil B. De Mille. En 1974, comment veut-on que ce grand écart, que Steven Spielberg, sans en avoir forcément conscience, rend possible, soit "publiscisable " (pardon pour le néologisme)? C'est juste inenvisageable. Pourtant, Spielberg le fait, l'air de rien, poussé sans doute par l'instinct. C'est pour cette raison que le film reste tricard, en quelque sorte..
Sugarland Express a pour moi cette originalité-là, lorgnant vers Indy malgré un pied dans Sarafian. C'est évidemment la limite du film. C'est aussi son charme (la seule chose qui ait de l'importance) car, à le revoir, ce n'est pas une petite chose fauchée mais prometteuse (pour ça, on a eu Duel), c'est un film au budget hyper-confortable. Il ne suffit pas de le savoir :il faut le voir pour constater que Sugarland est la digne préface de Jaws, "spectacularisant" le quotidien, et que Spielberg, à peine âgé de 25-26 balais, sans doute conscient de l'horizon qui s'offre à lui, "cinégénise" (encore un néologisme) les défilés de caisses comme il le fera avec les OVNI. Jeune, mais pas con, il a le bon goût de rendre frémissants (surtout Goldie Hawn) des personnages, qui, sur le papier, ne seraient que des silhouettes découpées. Il convient de redécouvrir Sugarland Express comme éventuellement le premier film d'action réalisé selon les critères narratifs et techniques d'un pan immense du cinéma contemporain.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Jeremy Fox »

Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24561
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :Test du BR Universal .
... fort recommandable
C'est bon à savoir. Je le note (même si j'ai déjà le DVD).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Roilo Pintu
Accessoiriste
Messages : 1856
Inscription : 7 oct. 17, 15:13

Re: Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Roilo Pintu »

Commissaire Juve a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Test du BR Universal .

C'est bon à savoir. Je le note (même si j'ai déjà le DVD).
Je confirme, je viens de le revoir il y a peu sur mon grand écran, et le blu ray passe très bien sur le video projecteur.
J'aurai aimé dire la même chose sur 1941.
Au passage super chronique, très intéressant.
Répondre