Joseph Losey (1909-1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Ann Harding »

Je voulais seulement mentionner que VCI avait fait du bon boulot. Et c'est vraiment rare. Son DVD de Summer Storm de Sirk, par exemple, est extrêmement médiocre. Et il n'a aucun ST. J'espère que VCI continuera sur cette voie. Mais, je comprends très bien que l'on puisse préférer un DVD avec STF. :wink:
daniel gregg
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par daniel gregg »

Ann Harding a écrit :Je voulais seulement mentionner que VCI avait fait du bon boulot. Et c'est vraiment rare. Son DVD de Summer Storm de Sirk, par exemple, est extrêmement médiocre. Et il n'a aucun ST. J'espère que VCI continuera sur cette voie. Mais, je comprends très bien que l'on puisse préférer un DVD avec STF. :wink:
On avait bien compris que tu avais des parts chez VCI. :mrgreen:
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Ouf Je Respire »

Wow, "Le Messager", c'est fortiche. :shock: J'aime, je kiffe. La fin est un peu hermétique (me suis un peu embrouillé dans la compréhension du dernier message), mais belle comme "Once upon a time in America". C'est dire.
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Watkinssien
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Watkinssien »

Ouf, milk soup a écrit :Wow, "Le Messager", c'est fortiche. :shock: J'aime, je kiffe. La fin est un peu hermétique (me suis un peu embrouillé dans la compréhension du dernier message), mais belle comme "Once upon a time in America". C'est dire.
Content que tu ais apprécié ce film magnifique... :D
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Kevin95
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Kevin95 »

Un film que je souhaite ardemment découvrir mais qui pour ceux qui ne possèdent pas de Blu-Ray reste introuvable sur support DVD ! :evil:
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Profondo Rosso
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Profondo Rosso »

Kevin95 a écrit :Un film que je souhaite ardemment découvrir mais qui pour ceux qui ne possèdent pas de Blu-Ray reste introuvable sur support DVD ! :evil:
Il est disponible en dvd zone 2 anglais sans sous-titres par contre et aussi au sein d'un coffret Losey édité par Studio Canal en zone 2 français. Découvert l'an dernier magnifique film effectivement c'était l'occasion de reformer le couple Alan Bates/Julie Christie après le non moins superbe Loin de la foule déchaînée.
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Kevin95
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Kevin95 »

Profondo Rosso a écrit :
Kevin95 a écrit :Un film que je souhaite ardemment découvrir mais qui pour ceux qui ne possèdent pas de Blu-Ray reste introuvable sur support DVD ! :evil:
Il est disponible en dvd zone 2 anglais sans sous-titres par contre et aussi au sein d'un coffret Losey édité par Studio Canal en zone 2 français. Découvert l'an dernier magnifique film effectivement c'était l'occasion de reformer le couple Alan Bates/Julie Christie après le non moins superbe Loin de la foule déchaînée.
Le problème étant que je possède les autres titres du coffret. J’espère encore une sortie à l'unité.
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Julien Léonard »

Tiens, hier j'ai vu Boom avec le duo Richard Burton / Elizabeth Taylor (que j'adore habituellement). Je ne suis resté jusqu'au-bout qu'à grand-peine. Expérience difficile, film d'une théâtralité à faire peur, sujet traité avec prétention et effets de manches... Ce n'est définitivement pas le travail de Tennessee Williams que je préfère. :|

Quant à la mise en scène de Losey, je préfère me taire. L'homme a déjà été bien plus brillant ailleurs.
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Père Jules
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Père Jules »

Kevin95 a écrit :Un film que je souhaite ardemment découvrir mais qui pour ceux qui ne possèdent pas de Blu-Ray reste introuvable sur support DVD ! :evil:
Il fait partie du coffret consacré à Losey et édité par Studio Canal.
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par El Dadal »

Découverte d'Une Anglaise romantique grâce au Blu paru chez Kino (assez belle copie, pas de ST ni de suppléments). Il devient illico un de mes Losey préférés. J'ai particulièrement apprécié la beauté rigide des cadres et de la structure globale du film, qui s'estompe peu à peu (ou peut-être était-ce moi qui n'y faisait plus aussi attention?) au fur et à mesure que les frustrations de Michael Caine s'accentuent et s'accumulent. En fait, j'ai trouvé le film très moderne, dans ses thématiques aussi bien que dans le rythme de montage. Et en termes d'atmosphère, les 20 premières minutes à Baden-Baden rivalisent de beauté avec Le Messager.
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Federico »

Julien Léonard a écrit :Tiens, hier j'ai vu Boom avec le duo Richard Burton / Elizabeth Taylor (que j'adore habituellement). Je ne suis resté jusqu'au-bout qu'à grand-peine. Expérience difficile, film d'une théâtralité à faire peur, sujet traité avec prétention et effets de manches... Ce n'est définitivement pas le travail de Tennessee Williams que je préfère. :|
Quant à la mise en scène de Losey, je préfère me taire. L'homme a déjà été bien plus brillant ailleurs.
Boom fait partie des quelques films - ou plaisanteries ? - excentriques de Losey, avec Modesty Blaise (que j'aimerai beaucoup revoir, ceci dit) et il a évidemment fait infiniment mieux. Si me souviens bien du long entretien accordé à Michel Ciment, de son aveu même, lui et une grande partie de l'équipe étaient dans un état proche de l'Ohio (à Burton, Taylor et Noel Coward n'étant pas réputés pour sucer des glaçons il fallut ajouter les visites impromptues de Tennessee Williams :wink: ).
Résultat des courses : une oeuvre baroque techniquement irréprochable (because Douglas Slocombe derrière la caméra) mais qui part souvent en live (comme pour certains Polanski). A sauver tout de même : l'étonnant maître-chien incarné par Michael "Miguelito Lovelace" Dunn et le score crépusculaire de John Barry.
Là où j'en veux le plus à Losey, c'est d'avoir cantonné l'adorable Joanna Shimkus à un rôle aussi effacé, phagocytée à l'écran par tous ces monstres... :oops: :oops: :oops:
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Roy Neary »

Aujourd'hui, DVDClassik met en ligne sa chronique du Rôdeur de Joseph Losey. :)
Le film vient de sortir chez Wild Side dans sa superbe collection Classics Confidential. L'analyse est signée par notre détective privé classikien ed.

:arrow: Le Rôdeur
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Profondo Rosso
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Profondo Rosso »

Cérémonie secrète (1968)

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Leonora, prostituée à Londres, est abordée, lors d'une visite dans un cimetière, par Cenci, jeune et riche héritière qui semble la prendre pour sa mère. Invitée par Cenci dans sa superbe demeure où elle vit seule, Leonora, accepte d'endosser le rôle de Margaret, la mère de Cenci. Les deux femmes, dont l'une a perdu sa fille et l'autre n'accepte pas la mort de sa mère, vont alors jouer à un jeu dangereux aux confins de la folie.

Losey réalise une de ses œuvres les plus déroutantes avec ce Cérémonie Secrète dont la sophistication et la veine psychanalytique l'éloigne quelque peu (au premier abord) des films engagés qui l'établirent enfin aux yeux de la critique au début des années 60 avec The Servant (1963) ou Pour l'exemple (1964). Le projet est amené à Losey par Ingrid Bergman qui rêve de travailler avec lui et qui lui faire lire la courte nouvelle éponyme de l'auteur sud-américain Marco Denevi. Le script qu'en tirera George Tabori sera tellement scabreux qu'Ingrid Bergman renoncera au projet, Losey retrouvant Elizabeth Taylor avec laquelle il vient de tourner Boom dans une veine très proche de ce Cérémonie Secrète et qu'on peut voir comme son film jumeau.

Tout comme dans The Servant ou Accident Losey filme ici un récit d'enfermement et d'aliénation entre deux personnages dans un lieu clos, deux être dont la proximité s'avère aussi addictive que destructrice. Leonora prostituée londonienne (Elizabeth Taylor) va ainsi croiser la route de Cenci (Mia Farrow) jeune héritière aux troubles psychologiques. C'est une perte commune qui va les rapprocher, Leonora a perdu quelques années plus tôt sa fille et ne s'en est jamais vraiment remise tandis que l'esprit perturbé de Cenci résulte de la disparation récente de sa mère à laquelle elle était profondément attachée. L'ambiguïté du rapport se pose d'emblée par les motifs de cette cohabitation. Leonora va ainsi céder autant par un deuil jamais fait en reconnaissant les traits de sa fille dans ceux de Cenci tandis qu'on découvrira également une ressemblance troublante avec Leonora sur les photos de sa mère et expliquant sa fixette. Pourtant aucune des deux n'est totalement dupe et s'accommode de la situation pour soigner ses blessures. L'appât du gain n'est ainsi pas absent des motivations de Leonora et son langage populaire dévoilant sa basse extraction éveille plus d'une l'attention d'un Cenci sachant bien au fond d'elle que cette femme n'est pas sa mère, de courts moments où son regard se fait moins absent dévoilant une conscience encore vivace. Les rapports de forces et de soumission vont ainsi s'alterner de l'un à l'autre des personnages, Losey retrouvant de manière différente une opposition proche de The Servant où le rapport de classe finira forcément par avoir son importance.

Elizabeth Taylor magnifiquement torturée offre une prestation où son personnage dominateur est progressivement soumis au besoin d'affection de "sa fille". Mia Farrow de nouveau en sorte de femme-enfant assaillie par son environnement est des plus troublantes, maniérée et habillée comme une fillette mais dont la séduction bien adulte jette un voile bien ambigu. Cette facette est introduite par la figure malfaisante de Robert Mitchum dont on devinera qu'il a autrefois séduit une Mia Farrow mineure et consentante, cette dimension pédophile se prolongeant à l'âge adulte lors de scènes provocantes entre eux avec un Mitchum prédateur libidineux (La Nuit du chasseur n'est pas loin) et une Cenci laissant faire. C'est cette intrusion qui fait surgir le factice de la situation : Cenci n'est plus une fillette mais une jeune femme de 22 ans et cette femme vivant avec elle une étrangère. Leonora, comprenant qu'elle enferme Cenci dans l'enfance pour combler son propre manque va ainsi sacrifier ce rapport malsain.

Losey multiplie les symboles plus ou moins marqués pour appuyer son propos. La dimension religieuse est ainsi omniprésente, entre l'ouverture sur un baptême, la rencontre des deux femmes dans un cimetière, les multiples inserts sur les symboles catholiques telles ces statues d'anges et surtout la figure du christ crucifié lors des derniers instants de Cenci. Ce sont les reflets de cette culpabilité qui au-delà du rapport mère/fille va même dans une direction plus aventureuse d'attirance lesbienne le temps d'une scène. La maison constitue pratiquement un personnage à part entière illustrant tour à tour une fascination pour une opulence destiné à être détruite (leitmotiv récurrent de Losey), appuyant cette imagerie de l'enfance factice (on croirait par moment être dans une maison de poupée avec ces pièces vides fantômes débordant de luxe) et se faisant l'espace mental de deux esprits à la dérive avec un Losey multipliant les plan-séquences arpentant du sol au plafond le mémorable décor conçu par Richard MacDonald. La musique de Richard Rodney Bennett joue aussi énormément sur cette atmosphère étrange avec une ritournelle entêtante de boite à musique. Très lent, abstrait torturé et assez hermétique, le film sera un échec qu’Universal mutilera au montage pour sa sortie aux Etats-Unis. Losey saura heureusement sortir de cette mauvaise passe un peu plus tard avec son magnifique Le Messager et pour l'heure signait là un de ses films les plus singuliers et marquants. 5/6
Federico
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Federico »

Celui-là, il faut absolument que je le vois. Dire que ça fait 30 ans que j'ai le numéro de l'Avant-Scène Cinéma qui lui est consacré... :roll:
D'autant plus que j'aime beaucoup Boom ! malgré tous ses (nombreux) défauts.
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Re: Joseph Losey (1909-1984)

Message par Profondo Rosso »

Et c'est surprenant comme le fond sordide avec Mitchum anticipe la propre déconvenue de Mia Farrow avec Woody Allen et sa belle-fille des années plus tard...
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