Akira Kurosawa (1910-1998)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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k-chan
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par k-chan »

Jeremy Fox a écrit :Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir :oops:
C'est pourtant ce que finit par faire le personnage ! :idea: (à contrario du personnage principal d'un film que j'ai découvert récemment : Le destin de madame Yuki, de Mizoguchi, qui elle se laisse aller jusqu'au bout.)
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k-chan
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par k-chan »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Que pensais tu de Vivre Rick ?
Pas encore vu. :wink:
Ne te laisses pas influencer, c'est une merveille ! :mrgreen: 8)
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Jeremy Fox
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Jeremy Fox »

k-chan a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir :oops:
C'est pourtant ce que finit par faire le personnage ! :idea:

Oui mais il aura fallu le supporter avant ça. Mais à vrai dire, que le personnage ne réagisse pas m'est égal en fait ; ce serait plutôt triste au contraire et ça aurait très bien pût fortement m'émouvoir avec une autre finesse de de jeu. C'est plutôt la manière de filmer et d'interpréter qui m'a agacé.
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Alexandre Angel
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit : Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir
Pas assez en tête Vivre pour percuter mais ça me fait penser à une réaction à la suite des Amants crucifiés : la personne supportait mal la résignation plaintive du couple, et surtout, le côté pleurnichard de l'homme qui ne lui inspirait aucune empathie. Et le fait est que l'amant n'a rien de viril (le commentaire venait d'une spectatrice), ce que corrobore son physique poupon. Il y a là une affaire de culture avec laquelle, nous, occidentaux, avons un peu maille à partir. Ta remarque me renvoie à cela mais je ne connais Vivre que d'une fois et dans sa copie Opening :? . Je compte bien repasser à la caisse.
Dernière modification par Alexandre Angel le 22 juin 16, 14:05, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir
Pas assez en tête Vivre pour percuter mais ça me fait penser à une réaction à la suite des Amants crucifiés : la personne supportait mal la résignation plaintive du couple, et surtout, le côté pleurnichard de l'homme qui ne lui inspirait aucune empathie. Et le fait est que l'amant n'a rien de viril (le commentaire venait d'une spectatrice), ce que corrobore son physique poupon. Il y a là une affaire de culture avec laquelle, nous, occidentaux, avons un peu maille à partir. Ta remarque me renvoie à cela mais je ne connais Vivre que d'une fois et dans sa copie Opening :? . Je compte bien repasser à la caisse.
Sauf que, comme je le disais, ça n'a finalement n'a rien à voir avec cette réaction car j'ai pu mal m'exprimer (je suis très tolérant et peux comprendre n'importe lesquelles à priori, même la résignation) ; c'est le fait de filmer tout ça frontalement et sans pudeur qui m'a un peu fait sortir du film. Les yeux embués et la tête penchée durant 90 minutes, ça m'a semblé pénible. Et oui aussi c'est tout à fait une question de culture. Difficile également de ressentir de l'empathie pour les bureaucrates lorsque nous les voyons opiner du chef à chaque parole de leurs patrons par exemple. Mais c'est pourtant déjà le cas dans les films d'Ozu.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Strum »

Jeremy Fox a écrit :Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir :oops:
Il va mourir. Il sait qu'il va mourir. Il est normal qu'il gémisse. Il a tous les droits de gémir (le dernier des zéros aurait le droit de gémir, ce qui est le sens du choix de ce personnage par Kurosawa : il nous demande de prendre en pitié quelqu'un que personne n'aime, pas même son fils). On gémira aussi quand ce sera notre tour. Kurosawa ne cache certes pas son désespoir et insiste dessus. Mais plus qu'une absence de pudeur, j'y vois la volonté de montrer la pointe la plus extrême du désespoir où va Watanabe, afin de lui permettre ensuite, délesté de toute autre considération, de réaliser une bonne action pour donner du sens à sa vie. Vivre est un film qui possède une structure assez particulière, moins uni dans son ton et sa forme que les autres grands Kurosawa de cette période, et non exempt de lourdeur didactique dans sa dernière partie, mais qui est beau jusque dans ses imperfections par la noblesse de son propos. Et la grande scène de la virée nocturne dans le premier tiers du film (faustienne et dostoïevskienne à la fois) est exceptionnelle.
Dernière modification par Strum le 22 juin 16, 14:41, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je n'avais pas du tout envie de le plaindre mais de lui demander de relever la tête et d'arrêter de gémir :oops:
Il va mourir. Il sait qu'il va mourir. Il est normal qu'il gémisse. Il a tous les droits de gémir (le dernier des zéros aurait le droit de gémir, ce qui est le sens du choix de ce personnage par Kurosawa).
Tu as lu mes précédentes réponses ? :oops: Mais bon, Demi-Lune avait exprimé mon ressenti bien mieux que moi à priori. Bien sur que le propos est noble ; évidemment qu'il a le droit de gémir ; mais supporter ça pendant deux heures, ce n'était probablement pas fait pour moi, filmé et interprété de la sorte.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Strum »

Probablement pas en effet. Même si je pense que c'est à dessein que Kurosawa a pris un personnage pareil, égoïste, velléitaire et gémissant et qu'il le filme en gros plans larmoyants : pour tester notre capacité à le prendre malgré tout en pitié. Mais tu n'es certes pas le premier à réagir ainsi devant ce film. Luc Moullet avec sa pondération critique habituelle avait dans les années 1950 écrit dans Les Cahiers du cinéma que Vivre était le film le plus ridicule jamais filmé.
Dernière modification par Strum le 24 juin 16, 09:34, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit : pour tester notre capacité à le prendre malgré tout en pitié.
Il va de soi que dans la vraie vie je l'aurais pris en pitié. Mais pour moi le cinéma ne doit pas représenter une torture ; je n'avais donc effectivement pas la capacité de prendre ce personnage de cinéma en pitié ; ça ne va pas plus loin. :wink:

Ce n'est qu'un personnage de celluloïd hein ; j'ai donc la conscience tranquille :mrgreen:
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit :On gémira aussi quand ce sera notre tour
Eh ho, parle pour toi! :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Strum »

Alexandre Angel a écrit :
Strum a écrit :On gémira aussi quand ce sera notre tour
Eh ho, parle pour toi! :mrgreen:
Je ne suis pas pressé de vérifier, hein ! :mrgreen:
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit :mais qui est beau jusque dans ses imperfections
Tiens, c'est l'effet que m'inspire le cinéma de Kurosawa qui fait que peu de choses me gênent vraiment chez ce grand cinéaste. Les trucs qui me gênent chez Fellini, pour citer un grand artiste de la même génération (quoique plus jeune de 10 ans :fiou: ), vont plus coincer.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Kevin95 »

L'ANGE IVRE - Akira Kurosawa (1948) découverte

La relation entre deux hommes, deux opposés (l'un est médecin un peu alcoolique sur les bords l'autre un yakuza imbu de lui-même) qui partagent pourtant une chose, la loose. Pas vraiment un polar même si deux trois scènes et le noir et blanc renvoient au film noir américain, L'Ange ivre est plus à ranger du coté du mélo sans pour autant prendre une option sur torrent de larme. Le film est plus sobre que cela, installe d'abord un quotidien avant d'installer un drame. Bizarrement, si tout le monde souligne le jeu habité et fiévreux de Toshirō Mifune, j'ai trouvé l'acteur un peu trop démonstratif. Akira Kurosawa le dira lui-même, il n'a pas su canaliser son comédien et ça se sent. Je préfère le jeu pépère de Takashi Shimura, son personnage diablement fordien est on ne peut plus attachant. Ses dernières scènes sont magnifiques et tirent le film vers un optimisme salvateur, là où on aurait misé sur une fin bien plus noire. L'idée de la marre comme le reflet déformant d'un village condamné vers lequel on ne peut que revenir est artistiquement et graphiquement superbe. Quelques regrets (les personnages féminins trop vite survolées, le personnage du parrain trop fonctionnel) mais le sentiment de faire face à une belle réussite et celle de voir un cinéaste sur le point de décoller.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par k-chan »

Kevin95 a écrit :Quelques regrets (les personnages féminins trop vite survolées, le personnage du parrain trop fonctionnel) mais le sentiment de faire face à une belle réussite et celle de voir un cinéaste sur le point de décoller.
Allons, pas de réserves, c'est un film magnifique. Kurosawa était déjà bien au dessus des nuages en réalisant L'ange ivre.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par k-chan »

Sinon pour information, le 25 novembre sort aux Etats-unis un documentaire sur Toshiro Mifune, d'une durée 80 minutes.

Mifune, The Last Samurai

Image

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