El Dorado (Howard Hawks - 1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

El Dorado, Hawks (1966)

Message par Max Schreck »

Vieil enregistrement de La 5, en VF plein écran, à la colorimétrie très instable.


Pour son avant-dernier film, HH s'amuse avec les icônes de son cinéma et en particulier de ses westerns. Avec sa seconde partie qui met en scène le siège de la prison d'une petite ville texane près de la frontière (El Dorado, donc), deux as de la gâchette dont un ivrogne, un jeunôt et un vieux briscard, le film apparaît clairement comme une variation autour de Rio Bravo. Ce qui va caractériser cet El Dorado, c'est un ton particulièrement ironique, ainsi que le sentiment d'une époque révolue.

Ainsi, confortablement installé dans le spectacle de ces bonnes vieilles gueules de Wayne et Mitchum, quelle ne fut pas ma surprise de voir soudain débarquer un James Caan tout jeunôt, représentant une nouvelle ère du cinéma, qui même dans le film passe pour un extraterrestre avec son chapeau indien. Son surnom, Mississipi, est comme un écho évident à Colorado, le personnage de Ricky Nelson dans Rio bravo. De même, la force de caractère de la jeune fille McDonald à la crinière sauvage, semble sortir tout droit d'une gamine de l'Amérique des 60's. Même la musique western de Nelson Riddle a des accents parfois agréablement pop (le son est d'ailleurs important dans le film, entre le coup du pianiste qui joue faux et les cloches de l'église qu'on fait tinter pour débusquer les tireurs).

Au milieu de tout ça, quelques légendes de l'Ouest survivent. Leur réputation est bien établie, mais les héros sont fatigués. Leurs réflexes sont intacts, mais le corps ne suit plus. Ainsi, Mitchum, présenté au début comme un super-sheriff dans son joli costume, "compose" peu après une épave pathétique et comique à la fois (je mets des guillements parce qu'avec lui dans ce registre, ce n'est pas forcément de la composition !). La scène où on lui prépare un breuvage de sorcier indien pour qu'il dessaoûle est particulièrement savoureuse. De son côté, le Duke est toujours aussi imposant, mais doit subir des crises qui le laissent à moitié paralysé, à cause d'une balle qui n'a pas été retirée. Ces deux éclopés forment un tandem irresistible, dans une franche camaraderie assez typique chez Hawks. L'ambiguité de certains de leurs échanges est incontestable (identique à ce qui pouvait exister entre Dean Martin et John Wayne dans Rio bravo).

SPOILER... L'affrontement final contre les bad guys (pas si bad que ça, puisque parmi eux se trouve une autre légende de l'Ouest qui partage le même code d'honneur) sera sans panache : Wayne et Mitchum, physiquement diminués, ont recours à une ruse finalement assez traître, et Wayne écopera même d'une blessure provenant du tromblon de James Caan ! Le dernier plan où on les voit tous les deux sur leurs béquilles, couple à la ville enfin réuni, est tordant... FIN SPOILER.

Les dialogues du fidèle Leigh Brackett font merveille, avec pas mal de running gags (Mitchum demandant sans arrêt à James Caan qui il est). La parodie et le vaudeville ne sont jamais loin, et on rit franchement et très souvent au cours du film.

Sur le plan de la mise en scène, si j'ai trouvé les scènes d'exposition un peu lourdes, la suite est vraiment d'une grande classe et culmine lors de l'attaque de l'église, magnifiquement découpée. Hawks parvient parfaitement à rendre l'impression qu'à cette époque, sur ces terres-là, on n'est jamais à l'abri d'un tireur embusqué et qu'il vaut mieux assurer ses arrières en toutes circonstances.

On pourrait à la rigueur relever deux-trois petites fautes de goût (le coup foireux de James Caan vaguement déguisé en chinois, ou son plongeon sous les sabots des chevaux grossièrement monté), mais vraiment El Dorado est un spectacle jubilatoire.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

Image


El Dorado (1967) de Howard Hawks
PARAMOUNT


Avec John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Arthur Hunnicutt
Scénario : Leigh Brackett
Musique : Nelson Riddle
Photographie : Harold Rosson (Technicolor 1.85)
Un film produit par Howard Hawks pour la Paramount


Sortie USA : 07 juin 1967


Howard Hawks part de l'adaptation d'un roman pour aboutir comme il le dit lui même à une variation sur Rio Bravo, inversant situations et personnages mais les principaux motifs restant quasiment les mêmes, l'intrigue narrant le conflit entre vils propriétaires terriens et gentils fermiers avec entre les deux pour soutenir les seconds contre les premiers une équipe de 'bras cassés' constituée par un shérif alcoolique (Mitchum), un tueur à gages qui décide de l'aider dans son combat (John Wayne), un vieil homme (Arthur Hunnicutt) et une jeune tête brûlée (James Caan). On reconnait là le quatuor précédemment composé par John Wayne/Dean Martin/Ricky Nelson/Walter Brennan avec quelques variantes comme par exemple le fait que l'alcoolique soit cette fois le shérif et non son adjoint. Le film est en gros constitué de deux parties : 1/3 quasiment en extérieurs et qui plante assez bien le décor ; 2/3 de western urbain quasi décalque de Rio Bravo ; un western urbain malheureusement bien inférieur à une cinquantaine d'autres l'ayant précédé.

Image
Car il faut se rendre à l'évidence : même si l'ensemble demeure plaisant à suivre grâce au métier de chacun et notamment des acteurs qui accomplissent parfaitement bien leur travail, cette seconde mouture n'arrive pas à la cheville de l'original à quelque niveau que ce soit. Alors que l'humour était parfaitement bien distillé dans Rio Bravo, il phagocyte un peu ce 'remake', la tension recherchée parfois n'arrivant ainsi qu'assez mal à s'instaurer, les personnages étant devenus presque clownesques, la mécanique s'avérant un peu grippée faute à une trop grande paresse de la mise en scène -ce n'est plus ici la géniale nonchalance de Man's favorite Sport- et d'un scénario très distendu et de plus sans la moindre surprises, toutes les situations ayant déjà été vues et revues. Harod Rosson ayant voulu imiter les tableaux de Remington n'aboutit qu'à un style en fin de compte très télévisuel avec des décors un peu cheaps et factices ainsi que maintes ombres portées à tort et à travers, Nelson Riddle n'accomplit pas de miracles à la musique comme c'était le cas de Dimitri Tiomkin et Hawks n'est pas formidablement inspiré notamment lorsqu'il reprend de temps à autres les tics de l'époque comme les zooms, le placement incongru de sa caméra lors de séquences d'action très décevantes et parfois exagérément violentes ; comme s'il ne savait parfois pas sur quel pied danser entre classicisme et modernité !

Image
Au final un western que l'on suit avec un regard certes amusé et même parfois ému par le fait de suivre des héros fatigués et plus de première jeunesse, mais qui ne nous aura pas vraiment captivé car trop inégal, passant de séquences vraiment très réussies (la tentative de bain de Mitchum ; la mort du jeune homme inattentif par un John Wayne qui ne cherchait qu'à se défendre...) à d'autres assez navrantes comme celle voyant James Caan se 'déguiser' en chinois pour pouvoir tromper l'ennemi. Aucun des comédiens n'arrive à égaler son prédécesseur dans Rio Bravo, pas même John Wayne. On signalera cependant parmi les points positifs une Charlene Holt bien mignonne en 'petite tenue' et une très agréable chanson de générique. Un western divertissant mais un peu trop mécanique et mollasson. Après trois chefs-d’œuvre du genre et même s'il s'avère loin d'être déshonorant, El Dorado aura été une assez grosse déception surtout au vu de sa réputation et de l'estime que je lui portais jusqu'à présent ; je crois même désormais avoir une préférence pour Rio Lobo.
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Message par Max Schreck »

Jeremy Fox a écrit :Par contre, ce n'est pas son avant-dernier film
Ah bon ? Pourtant, je lis sa filmo :

- Rio Lobo (1970)
- El Dorado (1966)
- Red Line 7000 (1965)
- Man's Favorite Sport? (1964)
- Hatari! (1962)
- Rio Bravo (1959)



Je note pour le DVD. :wink:
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

Max Schreck a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Par contre, ce n'est pas son avant-dernier film
Ah bon ? Pourtant, je lis sa filmo :

- Rio Lobo (1970)
- El Dorado (1966)
- Red Line 7000 (1965)
- Man's Favorite Sport? (1964)
- Hatari! (1962)
- Rio Bravo (1959)



Je note pour le DVD. :wink:
Effectivement, tu as raison, j'ai toujours cru que Red Line 7000 était de 1970 : va savoir pourquoi :oops:

Bref, il aurait mieux fait de s'arrêter à ce film
bogart
Réalisateur
Messages : 6526
Inscription : 25 févr. 04, 10:14

Message par bogart »

Malgré quelques faiblesses de mise en scène, je revois toujours avec plaisir ce El Dorado de Hawks. Le duo Wayne & Mitchum y est pour beaucoup, aidé par un tout jeune plein de fougue, James Caan.

D'ailleurs, je considère El Dorado dans la filmographie "western" de Mitchum comme un classique du genre (CF.ici



Edit : le DVD zone 2 est très correct.
Image
phylute
La France peut être fière
Messages : 25518
Inscription : 2 janv. 04, 00:42
Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy

Message par phylute »

Jeremy Fox a écrit : Effectivement, tu as raison, j'ai toujours cru que Red Line 7000 était de 1970 : va savoir pourquoi :oops:
Bref, il aurait mieux fait de s'arrêter à ce film
Pas de confusion pour ma part, car comme dernier film Rio Lobo est une véritable catastrophe :cry:
El Dorado est magnifique, et l'achat de ce Zone 2 devient après le post de Max une nécessité absolue !
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

phylute a écrit :
Pas de confusion pour ma part, car comme dernier film Rio Lobo est une véritable catastrophe :cry:
L'as tu revu récemment ? Car moi je le juge vraiment très moyen sur d'assez anciens souvenirs.
bogart
Réalisateur
Messages : 6526
Inscription : 25 févr. 04, 10:14

Message par bogart »

Jeremy Fox a écrit :
phylute a écrit :
Pas de confusion pour ma part, car comme dernier film Rio Lobo est une véritable catastrophe :cry:
L'as tu revu récemment ? Car moi je le juge vraiment très moyen sur d'assez anciens souvenirs.
C'est loin d'être catastrophique !

On retrouve dans la première partie du film (l'attaque du train par les sudistes) la patte de Hawks. Ensuite, ça se gâte...
Image
L'étranger...
Introduit au Festival de Cannes
Messages : 8458
Inscription : 13 avr. 03, 08:31
Localisation : Dans le dos de Margo et Roy !

Message par L'étranger... »

bogart a écrit :C'est loin d'être catastrophique !

On retrouve dans la première partie du film (l'attaque du train par les sudistes) la patte de Hawks. Ensuite, ça se gâte...
Effectivement, une trés bonne première partie avec une superbe attaque train pendant la guerre de secession, le reste du métrage est une ressucée de Rio Bravo et donc de El Dorado, en moins réussie, mais pour moi, le plaisir de retrouvé J. Wayne est plus le fort et je dois même avouer que je prends du plaisir à la vision de ce film...

Ceci dit, je pense (et ce n'est que mon avis) qu'El Dorado est un poil plus réussi que Rio Bravo, notemment au niveau du rythme, le film est beaucoup plus nerveux que R.B., le personnage de James Caan est plus charismatique que celui de Ricky Nelson (trop fade), par contre j'ai quand même une large préférence pour le rôle de Dean Martin par rapport à celui de Robert Mitchum et j'adore la scène ou ils chantent dans R.B. et puis il y a Angie Dickinson aussi... :oops:
ImageImage
phylute
La France peut être fière
Messages : 25518
Inscription : 2 janv. 04, 00:42
Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy

Message par phylute »

bogart a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
L'as tu revu récemment ? Car moi je le juge vraiment très moyen sur d'assez anciens souvenirs.
C'est loin d'être catastrophique !

On retrouve dans la première partie du film (l'attaque du train par les sudistes) la patte de Hawks. Ensuite, ça se gâte...
Je le juge très sévèrement sur d'anciens souvenirs effectivement. Mais je l'ai vu deux fois, et à chaque fois la déception était au rendez-vous. Mais bon, il souffre certainement de la comparaison que je ne peux m'empêcher de faire avec Rio Bravo qui est tout simplement l'un de mes 10 films préférés.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Message par someone1600 »

Je me suis acheté le dvd Paramount la semaine derniere... :lol: je vais le regarder tres bientot. :wink:
mynameisfedo
Bernanonos
Messages : 5811
Inscription : 8 févr. 05, 16:18

Message par mynameisfedo »

phylute a écrit :
bogart a écrit :
C'est loin d'être catastrophique !

On retrouve dans la première partie du film (l'attaque du train par les sudistes) la patte de Hawks. Ensuite, ça se gâte...
Je le juge très sévèrement sur d'anciens souvenirs effectivement. Mais je l'ai vu deux fois, et à chaque fois la déception était au rendez-vous. Mais bon, il souffre certainement de la comparaison que je ne peux m'empêcher de faire avec Rio Bravo qui est tout simplement l'un de mes 10 films préférés.
rio lobo est loin de rivaliser avec les films précédents, mais il est reste sympathique à regarder, avec pas mal d'humour en prime. sans être inoubliable, il mérite d'être visionné en VO via l'excellent DVD, et non pas à la tv où la qualité de visionnage laisse souvent à désirer. sans compter la VF mono souvent limite de chez limite...
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

mynameisfedo a écrit :... sans être inoubliable, il mérite d'être visionné en VO via l'excellent DVD, et non pas à la tv où la qualité de visionnage laisse souvent à désirer. sans compter la VF mono souvent limite de chez limite...
:idea: Tu n'as pas tort ceci dit : je n'ai vu ce film qu'à la TV. Je lui donnerais donc une autre chance.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54817
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Message par Flol »

Attendez les gars, vous avez tous oublié une chose : musique composée par Jerry Goldsmith !! :o
(je suis lourd hein ?...)
phylute
La France peut être fière
Messages : 25518
Inscription : 2 janv. 04, 00:42
Localisation : Dans les Deux-Sèvres, pas loin de chez Lemmy

Message par phylute »

Jeremy Fox a écrit :
mynameisfedo a écrit :... sans être inoubliable, il mérite d'être visionné en VO via l'excellent DVD, et non pas à la tv où la qualité de visionnage laisse souvent à désirer. sans compter la VF mono souvent limite de chez limite...
:idea: Tu n'as pas tort ceci dit : je n'ai vu ce film qu'à la TV. Je lui donnerais donc une autre chance.
itou !
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
Répondre