La Comédie italienne

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Helena
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Helena »

Il Ferroviere de Pietro Germi

En faite je dois être la réincarnation d'une personne des années 50 qui regrettent l'époque ou elle parcourait les rues de sa ville dans les années 60/70 vu que ce genre de film me rend nostalgique d'une période que je n'ai pas connue :( En tout cas c'est un très bon film et même si ce n'est pas celui que je préfère de Pietro Germi (aaahhh Il Cammino della Speranza.) ça reste une très belle œuvre que tout cinéphile se doit de voir. Le réalisateur nous propose un panel de personnages vraiment humains et attachants pour la plupart et sans jugement quelconque de sa part. Ici on regarde donc la dégénérescence d’une famille qui au premiers abords nous paraissait bien sous tout couture et qui finit peu à peu et au rythme du film à montrer un visage différent de celui auquel on pouvait s’attendre. Par le biais de ses personnages, l’auteur en profite pour nous montrer les travers d’une société sortant de la guerre depuis peu et qui bien que difficile qu'auparavant reste encore une fois terrible pour une certaine partie de la population, je pense notamment aux moments de la grève?. Pour autant le tableau qui est dépeint ne se fait jamais au détriment de l’histoire et n’est justement qu'interprétation de notre part, rien n’est surligné, chose qu'on savait encore faire à l’époque contrairement à aujourd’hui ou on nous sort 2 fois la même iodée en deux minutes pour être sur qu'on a enregistré l’information. Pour autant tout n’est pas négatif dans le film et certains moments, en dehors du final sont vraiment touchants et poignants, d’ailleurs je parle du final et la ou on pouvait s’attendre à une chose vraiment « guimauve » comme vous dites en France, on se retrouve avec tout le contraire, alors oui c’est touchant, oui ça donne réellement le sourire, mais tout ceux-ci est bien amené et jamais ce n’est pas accentué par des effets trop souvent utilisés (comme l'omniprésence de la musique) ici tout est fait à travers des moments simples sans ornements inutiles et qui conclue une œuvre assez remarquable au moment fort (l'introduction, la réconciliation entre différents protagonistes…) c’est un grand film qui fait vraiment plaisir à voir et qui confirme tout le bien que je pense de son réalisateur cinématographiquement parlant, je le recommande en tout cas et personnellement je lui donne 17/20.
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Jeremy Fox
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Jeremy Fox »

Mesdames et messieurs bonsoir, une comédie italienne à sketches qui vient de sortir en DVD chez SNC/M6 Video. Antoine Royer a écrit la chronique.
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Rick Blaine
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Rick Blaine »

Entièrement d'accord avec Antoine, et notamment avec cette synthèse:
Mais en art, abondance de biens peut parfois être nuisible, et le principal défaut de Mesdames et messieurs, bonsoir vient en réalité de sa nature débraillée, du manque d’homogénéité entre des séquences du type de celle que nous venons de citer et d’autres beaucoup plus bancales, maladroites, s’intégrant qui plus est au forceps dans le concept de l’émission télévisée (le sketch du général de l’OTAN, qui décidément nous est resté en travers de la gorge...). En l’état, le film ressemble plus à un amalgame assez artificiel de vignettes, qui tiennent parfois du défouloir ou du règlement de comptes un peu facile, et qui ne valent, pour certaines, que par la qualité de leur interprétation.
Mesdames et messieurs bonsoir crée finalement une certaine frustration, avec tant de talent devant comme derrière la camera, on était en droit d’espérer bien mieux.
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Pain et chocolat de Franco Brusati (1972)

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Nino, immigré italien, a quitté sa famille pour tenter sa chance en Suisse. Renvoyé injustement du restaurant où il travaillait, Nino effectue successivement plusieurs emplois de fortune, avant de comprendre que s'il veut s'intégrer, il devra se faire passer pour un germanique. Mais les racines ne s'arrachent pas aussi aisément...

Plus à sa place et en disgrâce en cas de retour au pays qu'il a quitté et tout aussi perdu dans une terre d'accueil qui ne sera jamais totalement sienne, le dilemme de l'émigré trouve un de ses plus juste et poignante illustration dans ce Pane e cioccolata. Une réalité qui se manifestera à travers les déboires de Nino (Nino Manfredi) italien exilé en Suisse où il espère accéder à une vie meilleure. L'ensemble du film narre ce qui s'avérera une assimilation impossible et ce dès la symbolique scène d'ouverture. Nous nous trouvons dans un jardin public où se déploie une vision bucolique et parfaite illustration du cadre de vie paisible et bucolique associé à la suisse : un petit orchestre joue un concerto de Mozart, le soleil éclatant éclaire l'herbe verdoyante où se prélassent les adultes et jouent l’enfant, tous plus épanouis et blonds les uns que les autres. Nino surgit alors comme un chien dans un jeu de quille au sein de cet environnement idéalisé, veste mal ajustée, l'allure gauche et surtout irrémédiablement italien avec ses cheveux bruns, sa moustache et sa gouaille contrebalançant la froideur suisse. Brusati amorce dès ce début de film l'équilibre ténu entre drame et comédie pour dépeindre l'impossible assimilation de notre héros italien. Là on rira plutôt de la stigmatisation dont il fait l'objet dans une escalade aussi drôle que navrante avec un enfant suisse refusant de jouer au ballon avec lui, l'arrestation pour un crime qu'il était venu signaler en tant que témoin et surtout son expulsion du pays pour avoir ô sacrilège uriné en public.

Nino s'accroche pourtant, allant de déconvenues en désillusions, l'intrigue étant ponctuée de départ en gare pour un retour en Italie qu'il ne se résout pas à faire descendant toujours au dernier moment du train pour tenter une ultime fois sa chance. Comme toujours pour l'émigrant, le pays étranger est synonyme de terre promise mais la pilule sera amère et sous différente forme. Ainsi les démunis ne seront pas les seules victimes avec la rencontre de cet évadé fiscal (Paolo Turco) certes richissime mais solitaire lors d'une cruelle séquence on le découvre abandonné par sa femme et ses enfants (parlant anglais et soulevant la thématique du déni des origines courant tout au long du récit) préférant retourner en pension que passer du temps avec lui. Son désespoir vaudra bien celui des ouvriers négligés et exploités tel Nino viré à la première anicroche du restaurant où il travaillait. Chaque moment de bonheur sera contrebalancé plus tard d'une péripétie appuyant le propos, ainsi l'amitié et amorce de romance avec l'émigrante grecque jouée par Anna Karina est stoppée net par la liaison de celle-ci avec un agent de l'immigration pouvant faciliter son installation dans le pays. L'intégration ne passe pas par une assimilation mais par un reniement de soi et une posture impossible où l’on se fera passer pour ce que l’on n’est pas. Brusati pousse la logique loin lorsque dépité Nino se teintera en blond et verra aussitôt l'horizon s'éclaircir à travers les même clichés que la scène d'ouverte : Mozart et Berlioz envahissent de nouveaux la bande-son, le moindre quidam est soudainement avenant face à celui qu'il pense être son égal, les enfants sont charmants et la photo de Luciano Tovoli s'affranchit des teintes sinistres aperçues jusque-là pour offrir des tableaux immaculé et radieux.

Malgré ce fond tragique, Brusati illustre avec chaleur la solidarité animant cette communauté italienne dans de belles séquences comme le spectacle improvisé dans les baraquements d'ouvriers où ils raillent de leur situation dans une chanson même si les larmes ne sont jamais bien loin du rire. Le film annonce aussi dans sa dernière partie un des thèmes majeurs d'un autre futurs classique joué par Nino Manfredi, Affreux, sales et méchants (1976) d'Ettore Scola. Comme dans ce dernier, le dénuement et la pauvreté ont un impact sur les facultés (et la moralité chez Scola) intellectuelles et le bon sens des pauvres lorsque poursuivant sa déchéance Nino travaille dans une communauté agricole où la tâche abrutissante à totalement fait régresser nos travailleurs italiens. S'oublier ou s'enfoncer le choix semble mince et enferme littéralement les italiens dans leurs fanges avec ce moment cinglant où les mines ahuries ils observent derrière leur les grillages de leur grange/cage de jeunes suisses aux corps parfait et plus blond que jamais en plein hédonisme, nus en pleine nature. Nino Manfredi livre une prestation magnifique, exprimant une détermination vacillante face à l'adversité et perdant presque la raison face à ce destin cruel. La transformation physique est impressionnante, l'acteur passant de la raideur impossible à fondre dans le décor au pitre aux cheveux fou et à l'œil hagard, brisé par les épreuves. Brusati malgré tous ses obstacles parvient pourtant à ne jamais être totalement dépressif dans son propos par le volontarisme de son héros (qui a ses petits moments de gloire comme se cri de victoire encerclé de Suisse en plein match télévisé contre l'Italie), touchant le fond pour toujours mieux tenter de remonter. L'histoire se conclut ainsi sur un ultime faux départ et descente de train, rien ne nous indiquant que cela ira mieux mais le laissant espérer pour ce personnage si attachant. 5,5/6
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Message par paul_mtl »

Je suis tombé par hasard sur un article 2010 d’un cinephile & blogueur français qui prétendait qu’il n’y a plus de comedie italienne (au sens satirique). Il y a toujours des comédies italiennes en 2010 mais Pourquoi comme francophone nous ne sommes pas bien informes ?
Pour vous en convaincre regardez ce site italien sur le cinéma italien depuis 2000.

suite de l'article sur Après l’age d’or de la comedie italienne

sinon une nouvelle critique de littlebigXav sur Mogli pericolose (1958) de Luigi Comencini que j'ai publie.
Comedie italienne - Top 250
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Message par lecoinducinéphage »

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Panorama très complet sur les acteurs de la comédie italienne : http://sites.univ-provence.fr/w3pup/show.php?ident=1218
"Jamais je ne voudrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre." (Groucho Marx)
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Message par mannhunter »

locktal a écrit :l'intéressant La fille de Trieste)
Découvert ce week end et bien apprécié ce drame où Ornella Muti trouve un beau rôle en femme malade amoureuse de Ben Gazzara, leur couple reformant le duo précédémment vu dans "Conte de la folie ordinaire" de Ferreri.
Il faut que je voie d'autres Pasquale Festa Campanile, j'avais déjà apprécié (dans un tout autre genre) "la proie de l"auto stop".
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Message par mannhunter »

Profondo Rosso a écrit :L'Amour à cheval de Pasquale Festa Campanile (1968)

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Mimi est une jeune veuve qui n’arrive pas à pleurer sur son sort. À peine son mari est-il enterré qu’elle lui découvre une garçonnière et un certain goût du libertinage, et prend connaissance malgré elle de la multiplicité des façons d’en envisager l’exercice.

L'Amour à cheval se pose en précurseur de ce sous-genre de la comédie italienne qu'est la comédie sexy qui sera surtout en vogue dans les années 70 et donnera dans l'ensemble des films certes amusant mais guère mémorables. Les films de Pasquale Festa Campanile constituent donc des exceptions du genre le parcours intellectuel de celui-ci lui permettant d'allier brillamment le quota coquin attendu et un vrai propos social vindicatif comme dans son classique Ma femme est un violon. La Matriarca constitue donc une de ses premières vraies incursion dans le genre même s'il avait fait apprécier son gout de la provocation dans des œuvres antécédentes comme Le Sexe des anges traitant des castrats bien avant Farinelli.

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Mimi (Catherine Spaak) est une jeune femme plutôt distante et blasée qui peine à s'émouvoir pour quoi que ce soit, même l'enterrement de son mari qui ouvre le film et qu'elle suit distraitement. Une drôle de surprise l'attends sur les mœurs de son mari défunt lorsqu'elle découvrira que ce dernier dissimulait une garçonnière où accessoires et matériel de pointe à la clé il assouvissait les fantasmes les plus fous. Trop timorée et engoncée dans son rôle d'épouse, jamais elle ne fut au courant des penchants libertins de son mari. Qu'à cela ne tienne, piquée au vif elle va à son tour explorer tout le spectre du sexe déviant. Le pitch coquin en diable ne décevra pas mais l'intelligence du propos donnera une portée bien plus grande à l'intrigue. La beauté glaciale et sophistiquée de Catherine Spaak se prête idéalement à ce personnage explorant plus scientifiquement que charnellement les pratiques sexuelles les plus folles et surtout rarement explorée jusque-là dans un film grand public.

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Le contexte de libération sexuelle fait donc découvrir quelques fantasmes inscrit au quotidien de personnages ordinaires comme la pornographie vidéo domestique (avec les homes movie du défunt assez gratinés bien qu'en partie censurés), le sado masochisme, l'échangisme... Pasquale Festa Campanile filme ces passages avec une recherche visuelle constante avec une esthétique pop exploitant grandement les décors (la garçonnière truffée de gadget et de miroirs) et tenues classieuse et sexy d'une Catherine Spaak tout en moue boudeuse et regard dédaigneux, électrisante et élégante. Le réalisateur truffe également l'ensemble de séquences oniriques témoignant des rêveries délurées de Mimi avec quelques séquences extravagantes.

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Pourtant toute cette invention formelle et narrative (tout étant méticuleusement raconté par Mimi à travers les ouvrages psychanalytique qu'elle étudie) émoustille plus qu'elle n'excite réellement, créant l'empathie avec Catherine Spaak. Dans son approche scientifique de la libido, Mimi s'amuse plus qu'elle ne s'abandonne, observatrice plus qu'actrice aux divers jeux sexuel qu'elle expérimente. Chaque écart la voit plus provoquer la situation que l'inverse que ce soit sa drague agressive de son professeur de tennis qu'elle rejoint sous la douche, un heureux automobiliste alpagué pour une étreinte dans un parking désert et même cet homme d'affaire aux manières rustres dont elle cédera à la brutalité.

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Le message du film est double, féministe en louant la libération sexuelle de Mimi (et par extension des femmes désormais maîtresses de leur désir) tout en dénonçant une société où les hommes ne sont pas capable d'y répondre. Chaque figure masculine voit ainsi dans notre héroïne un objet de possession et d'assouvissement mais jamais une femme avec des sentiments, fantasme et amour ne pouvant pas être liés (et donc les épouses apparaissant fade face aux maîtresses plus débridées). Les personnages masculins en prennent pour leur grade, tous plus lâche les uns que les autres tel l'avocat s'excusant hypocritement après possédé Mimi, l'automobiliste lui offrant carrément un billet et le professeur de tennis apeuré face à un séduction féminine pressante qu'il ne contrôle pas.

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Pour réellement apprécier ses "expériences", Mimi doit donc les ressentir plus que les décortiquer et par extension avoir des sentiments pour son partenaire de jeu. Plus que tous les dérapages qui ont précédés, la séquence la plus érotique du film naît d'un simple examen médical où un Jean-Louis Trintignant en médecin timoré travaille bien plus Catherine Spaak que les machos agressifs vu jusque-là puisqu'elle est en train de tomber amoureuse. Plutôt que l'exécution mécaniques des précédents fantasmes, la place est enfin ici laissée à la frustration la séduction à travers une Catherine Spaak obligé de jouer d'autres choses que ces charmes pour attirer l'attention d'un Trintignant génial en intellectuel lunaire. Comble d'audace, Mimi sera la plus gênée des deux lorsqu'elle tentera d'embarrasser Trintignant en lui dévoilant son visage sulfureux lors d'une délirante scène en station-service où elle est à moitié nue face aux pompistes et clients de passage. Dans son progressisme le script jette néanmoins un garde-fou pour les partenaires, jamais aussi satisfaits que quant s'ils s'aiment. Sa plus grande aventure, Mimi ne l'a pas encore vécue malgré ses audaces puisque comme le souligne une réplique de Trintignant L’acte le plus haut en couleurs est encore de rencontrer l’amour. Une idée magnifiquement symbolisée par le très enfantin et seul vrai fantasme de Mimi qui donne son titre français (bien meilleur pour le coup) au film dans une dernière scène sensuelle et amusée en diable. 5/6

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Donc découvert hier soir et beaucoup aimé également, film léger, intelligent et féministe, et un one woman show de Catherine Spaak! :D
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Helena »

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Au XVIIe siècle, le gouverneur Don Théophile convoite la belle meunière Carmela, femme fidèle de Lucas. Il fait arrêter ce dernier et se rend chez la belle qui le berne. Lucas s'échappe et, se croyant trompé, se rend chez la femme de Théophile...

C'est une œuvre que je n'avais pas vue depuis des années et on peut dire que ce film est toujours aussi magique. Déjà on a un casting parfait, le couple Sophia Loren/Marcello Mastroianni en tête et surtout un produit typique de l'époque, mais qui fonctionne toujours, enfin avec moi il fonctionne bien. J'aime ce genre de film, simple et qui donne le sourire facilement et j'aime le duo du film. Le récit est d'ailleurs très amusant et très nawak, il faut voir les taxes de l'époque, alors c'est marrant, mais réaliste je vous assure ^^. La grand-mère d'une amie venant d'Italie par exemple, dans sa jeunesse, devait payer une taxe sur le nombre de carafe de vin qu'elle possédait, pleines ou vides, ce qui je l'avoue était assez nawak pour l'époque, mais bon on peut dire que ce sont les joies de l'Italie de l'époque. ^^ En tout cas tout l'aspect comique des situations est amusant réellement car très grotesques à plusieurs raisons et je ne vais pas m'en plaindre. Le réalisateur joue beaucoup sur les situations, les archétypes des personnages et les détails de l'époque pour donner une œuvre amusante, mais sans cadre temporel précis. Le film est comédie populaire des années 50 classique, mais efficace. J'aime ce genre de film car même en connaissant les différents retournements de situations, les moments forts par avance et le type de personnages de ce récit, j'aime ce genre de film qui est bazoom.

Ici on va assister à du nawak vu que les différents personnages du récit, notamment notre duo qui va tout mettre en oeuvre pour avoir ce qu'ils désirent et en faite c'est assez nawak, car plus on avance dans le récit et plus nos personnages sont orgueilleux, plus ils en veulent et plus ils se mettent en danger en quelque sorte. C'est amusant à voir car cela provoque une zizanie assez forte dans le couple. On nous montre la ruse de notre couple sous toutes les coutures et on se demande à plusieurs reprises se ce qui pourrait arriver ^^. J'aime beaucoup la bagarre principale du récit, on peut dire que les femmes du pays ont du répondant et ça fait plaisir, d'ailleurs on reconnait très bien le tempérament des différends personnages, d'ailleurs cela se rapproche énormément des personnages habituels incarnés par Sophia Loren. J'aime beaucoup avec quel plaisir le réalisateur nous présente le ridicule de certaines situations. Carmela est une Italienne, une vraie et elle en joue a de nombreuses reprises. Le personnage incarné par Marcello Mastroianni est lui aussi typique du pays. Le personnage est vantard, persuadé d'être le meilleur et il en joue, comme Carmela joue de son physique par exemple.

Le réalisateur nous présente l'Italie de la Renaissance, ou pré-Renaissance et on peut dire que c'est une époque faste, très belle, une des dernières grandes époques glorieuses pour l'Italie. Il en joue très bien et nous présente tout un univers, amusant, romantique, plaisant avec des personnages haut-en-couleur comme on dit. Vittorio De Sica est lui aussi remarquable dans le récit, il joue parfaitement le politique amusant et détestable, suffisant et profitant au mieux de son rôle au grand dam de nos héros. Le film fait un portrait des différents personnages assez efficaces et le réalisateur est efficace on peut dire. Il y a une vraie reconstitution de cet univers, de cette époque et des différents personnages, et je ne vais pas m'en plaindre vu qu'on se laisse porter par le récit. J'adore les différents quiproquos du récit, on ne s'y attend pas vraiment même en connaissant le style de récit. C'est amusant et même si au final tout est gentillet, sans pression et avec une mise en scène efficace, on aimerait avoir un peu plus de mordant dans ce récit. Bon après on ne va pas faire la fine bouche, c'est un très bon film, il se regarde, il a tout pour plaire, bref vous devez le voir. En ce qui me concerne je lui donne la note de 8/10.
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Jeremy Fox
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Jeremy Fox »

L'amour à cheval (La Matriarca) - Pasquale Festa Campanile - 1969

Une femme vient de perdre son mari ; elle n'en éprouve cependant aucun chagrin. Le jour où elle découvre qu'elle a été cocufiée durant toutes ces années, son mari n'ayant pas souhaité la mêler à ses fantasmes sexuels les plus fous, au lieu de s'en désespérer, elle décide scientifiquement de faire les expériences de ces pratiques érotiques dont elle ne soupçonnait même pas l'existence...

Pitch culotté pour l'époque pour une comédie sexy qui n'en oublie pas d'être un pamphlet assez virulent sur le machisme, tous les hommes en prenant pour leur grade alors que la femme (superbe Catherine Spaak) en profite pour se libérer. Comédie féministe parfois réjouissante (notamment les séquences "pop-oniriques" montrant les hommes dans des situations sexuelles totalement ridicules) mais aussi assez vite répétitive et trainant un peu trop en longueur dans la seconde partie, celle avec Jean-Louis Trintignant un peu moins amusante. Ca n'en reste pas moins une comédie très agréable ne serait-ce que pour son actrice principale.
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Certes, certainement de Marcello Fondato (1969)

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Marta et Nanda ont deux visions opposées de l'amour : Marta est à la recherche d'un amour véritable et absolu alors que Nanda recherche la sécurité et le confort du mariage. Cependant, la relation entre les deux amies ne va pas fort. Dès que Marta trouve un homme, Nanda essaie de le lui voler pour l'épouser.

Certes, certainement est autant un superbe écrin au charmant duo Claudia Cardinale/Catherine Spaak qu'une vraie étude de mœurs d'une Italie changeante en cette fin des années 60. Le film adapte le roman Diario di una telefonista de Dacia Maraini, auteur italien majeur (vainqueur du Prix Formentor en 1962 pour L’âge du malaise notamment), compagne un temps d'Alberto Moravia et qui était connu pour son engagement féministe. Même si un peu dilués dans le ton léger d'ensemble, ces aspects sont bien présents et font tout l'intérêt du film. L'histoire témoigne de la place encore mineure accordée à la femme dans la société italienne à travers la quête des deux héroïnes Marta (Claudia Cardinale) et Nanda (Catherine Spaak). Marta est en quête d'un idéal qui lui est refusé tant dans sa vie professionnelle que dans ses amours alors que Nanda plus pragmatique recherche la simple sécurité financière que lui apporterait le mariage. Les deux amies unissent donc leurs forces en cohabitant ensemble ce qui sera pourtant la source de nombreux problèmes.

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Le machisme ordinaire de la société italienne s'exprime dans les faibles opportunités qu'il offre aux femmes. Marta est ainsi largement exploitée dans son emploi de téléphoniste aux conditions pénibles (dans le climat oppressant des lieux tout comme la précarité avec l'absence de contrat) où l'illusoire possibilité d'avancement repose sur des principes sexistes (les femmes espérant se marier et avoir des enfants ont encore moins de chances d'évoluer). Dès lors malgré son détachement de façade l'épanouissement de Marta repose sur ses amours qui seront pourtant constamment déçus. Les causes seront souvent la faculté de sa colocataire Nanda de systématiquement lui voler ses petits amis mais cette dernière rencontrera les mêmes déconvenues pour d'autres raisons. L'ensemble des hommes du récit témoigne d'une faillite masculine par faiblesse de la chair (en cédant aux avances de Nanda ou en ayant d'autres relations extérieures) ou par le machisme le plus arriéré.

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Le bellâtre incarné par Antonio Sabato admet ainsi trouver une meilleure amante en Catherine Spaak que sa fiancée frigide, mais préfèrerait épouser cette dernière qui n'est pas une "trainée". La complicité des deux actrices fait merveille, Marcello Fondato se plaisant à mettre en valeur leurs attraits dans des tenues sexy à souhait ou en les capturant dans une intimité plus dénudée pas forcément gratuite et témoignant de leur caractérisation. Le tempérament plus direct du personnage de Claudia Cardinale la voit exprimer son désir sans fard ni afféteries, ce qui paradoxalement lui jouera des tours (hilarante scène avec le personnage lunaire de John Phillip Law qui se déshabille pour mieux enfiler sa tenue de peintre en bâtiment). Plus calculatrice et intéressée, Catherine Spaak fait preuve d'une minauderie faussement innocente où elle en dévoile suffisamment pour rendre fou le plus vertueux des hommes. On s'amuse beaucoup de ces amours contrariés dans la première partie du film, et des inconvénients qui vont avec (l'une des colocataires devant s'éclipser avec plus ou moins de bonne volonté pendant les ébats de l'autre dans l'appartement exigu).

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La deuxième partie rompt ce schéma pour plus de noirceur. Marta semble enfin rencontrer l'homme viril, protecteur et attentionné dont elle rêvait avec Piero (Nino Castelnuovo surtout connu pour son rôle dans Les Parapluies de Cherbourg (1964)) mais une cruelle révélation va montrer que toutes ces qualités et sensibilité ne lui sont pas dévoués. Le film (cela vient sans doute du roman de Dacia Maraini) fait d'ailleurs preuve d'une modernité certaine dans sa description à l'heure où les personnages homosexuels sont encore montrés de manière caricaturales dans le cinéma italien. Même si cette seconde moitié tire en longueur, c'est bien là que réside l'émotion à travers le dépit de Marta, notamment la magnifique scène où elle observe longuement son époux s'éloigner en bateau. Les nuances de Claudia Cardinale l'emportent au finale sur l'espièglerie de Catherine Spaak avec ce personnage touchant et sincère. Claudia Cardinale assoit d'ailleurs son statut de star ici avec son premier rôle non postsynchronisé dans le cinéma italien. Elle impose ce charmant timbre grave et cassé qui est sujet de quelques traits d'humour dans l'intrigue même du film. La légèreté de ton et l'esthétique chatoyante mise en place par Marcello Fondato (avec des vues de Rome magnifiques et superbement photographiées par Alfio Contini) servent donc au final un propos assez désespéré, la quête du "bon parti" semblant plus sûre que le vrai amour pour la femme italienne comme le montre avec amusement la dernière scène. 4,5/6

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Supfiction
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Supfiction »

Pour l'anecdote, en revoyant Divorce à l'italienne aujourd'hui, j'ai tilté sur le personnage de Carmelo dont le visage m'était familier. J'ai réalisé que c'était également le curé dans Cinema Paradiso ainsi que Signor Roberto dans Le parrain, 2ème partie. Une sacré gueule comme on en fait plus! Leopoldo Trieste qu'il s'appelait. Sans doute célèbre en Italie, enfin j'imagine. Voilà, c'est tout.

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Kevin95
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Kevin95 »

Supfiction a écrit :
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par bruce randylan »

Le chat miaulera trois fois / A noi piace freddo...! (Steno - 1960)

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Durant la seconde guerre mondiale, "Le Chat", un agent secret anglais, défie les allemands en Italie. Un colonel apprend justement qu'il sera sa future victime. Par un heureux concours de circonstance, une chanteuse de revue prend un filou du marché noir pour le fameux félin et se met en tête de l'aider dans sa mission.

Le modeste Steno confirme sa place de petit artisan sympathique de la comédie italienne dans ce film plaisant qui souffre avant tout d'une réalisation sans éclat, se contentant de laisser le champ libre à ses comédiens qui s'en donnent à cœur. Il se révèle meilleure scénariste que metteur en scène avec un intrigue bien rythmée et ficelée avec des enchaînements dans l'ensemble bien huilée qui gagnent en vitesse alors que le film se déroule, ce qui est toujours un bonne chose.
Ce n'est pas toujours follement original et certaines situations s'anticipent bien en amont. Mais les séquence fonctionnent bien dans l'ensemble et on se prend au jeu même si l'on se s'esclaffe pas toujours. Il faut dire que la VF est un peu décevante et ne rend pas hommage aux seconds rôles car on devine que les numéros de Peppino De Filippo sont autrement plus drôle en italien.

Le film est à la fois une pure comédie italienne (avec son anti-héros, veule et lâche qui s'adonne avec débrouillardise au marché noir et qui n'hésite pas des opportunités offertes par le quiproquo initial pour profiter des charmes de la chanteuse) qu'une farce à la limite du boulevard avec cache-caches, travestissement et un Francis Blanche qui recycle son "Kolossal" numéro de Babette s'en va-t-en guerre.
C'est pas toujours subtil mais il faut reconnaître que certains moments sont assez efficaces comme le mariage, la fuite de l'hôtel par la fenêtre, les dialogues de sourds autour de Yvonne Furneaux et son "Chat" et tout le final dans l'hôpital où Steno débride sa machine avec un certain bonheur (dont un twist génialement idiot pour évacuer le colonel du récit).
Et contre toute attente, le duo tardif formé par Ugo Tognazzi et Raimondo Vianello ne manque pas d'attrait.
Pour voir que le film dure pratiquement 1h50, ça passe plutôt pas si mal.

Il va sans dire qu'on est très, très loin des classiques de Monicelli, Risi, Comencini & cie mais cette comédie fait son boulot sans se moquer du public et sans tomber dans les travers de certaines comédies populaires façon Franco et Ciccio. Pas mécontent en tout cas d'avoir découvert ce film désormais très rare.
Dernière modification par bruce randylan le 20 mai 18, 12:31, modifié 1 fois.
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Kevin95
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Kevin95 »

Il te reste à débourser 50 centimes au Cash du coin pour te procurer le DVD français cheapouille de la fausse suite La feldmarescialla (La Grosse Pagaille). :twisted:
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