Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Re: Notez les films napthas - Novembre 2009

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :
C'est quoi ce film, tiens ?
Ben... c'est Rosemary's Baby ! :lol: Anecdote au passage : Sharon Tate fait un caméo lors de la soirée organisée par les Woodhouse dans leur appartement.
Ah. Euh ok. :|
Non parce que Sharon Tate est morte assassinée en 1969 alors qu'elle était enceinte et Rosemary's a été tourné en 1968. ça me fait bizarre parce que c'est comme si on associait le film et l'évènement là où j'y vois plus une atroce coïncidence. Et puis en 69, même enceinte, elle tournait quand même dans 2 oeuvres donc ptêt que Bronski parlait de l'une d'elles. Donc, euh je sais pas...
Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :Sinon, j'ai agrandi mes pattes de mouches (de velours gris). :o
(sauf la dernière ligne, destinée au fan de De palma qu'est demi-lune)
Chut... tu vas attirer Manny :mrgreen: :fiou:
Non, non t'inquiètes, il ne vient jamais dans cette partie du forum. Il préfère mettre 12165 photos d'Argento ou New model army sur facebook. :D :mrgreen: :arrow:
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bronski
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Re: Notez les films napthas - Novembre 2009

Message par bronski »

Anorya a écrit :Non parce que Sharon Tate est morte assassinée en 1969 alors qu'elle était enceinte et Rosemary's a été tourné en 1968. ça me fait bizarre parce que c'est comme si on associait le film et l'évènement là où j'y vois plus une atroce coïncidence. Et puis en 69, même enceinte, elle tournait quand même dans 2 oeuvres donc ptêt que Bronski parlait de l'une d'elles. Donc, euh je sais pas...
C'est ma phrase qui était ambigüe, il fallait mettre deux virgules:
bronski a écrit :à mettre en rapport avec l'assassinat, quelques mois après la sortie du film, de Sharon Tate enceinte.
Et la relation que j'ai faite entre le meurtre et le film n'évoque que cette atroce coïncidence, rien d'autre.
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Zelda Zonk
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Re: Notez les films napthas - Novembre 2009

Message par Zelda Zonk »

Anorya a écrit :Rosemary's Baby (Polanski - 1968)

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Guy (John Cassavetes) et Rosemary (Mia Farrow) Woodhouse, jeune couple marié, emménage dans un appartement New-Yorkais. Et dès le début, Guy, jeune acteur de théâtre, publicité et radio, sympathise avec un couple de voisins sexuagenaires, les Castevet. Tout se passerait presque pour le mieux si ces derniers n'étaient pas aussi curieux. Bientôt, et alors que Rosemary tombe enceinte, se manifestent une foule d'étranges détails inquiétants autant liés à sa grossesse que son environnement...

Adaptatant le livre d'Ira Levin, Polanski réalise là un excellent film planant entre fantastique, horreur subtile et paranoïa. Le réalisateur, habilement, prend le parti, selon sa mise en scène, de ne jamais faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre des deux grandes pistes que suit alors le récit, à savoir : Rosemary est-elle vraiment folle ? Fait-elle bien une crise de folie prépuertale qui l'amène avec paranoïa à considérer ceux qui l'entourent comme un danger permanent ou bien, est-elle réellement victime de sorciers ? Le voile ne sera levé que dans les 15,20 dernières minutes du film, les meilleures sans doute; ce qui n'empêche le réalisateur de livrer aussi bien d'autres scènes ou plans marquants. Ainsi, ce que je retiens le plus de Rosemary's baby, c'est, pour moi, sa magistrale scène de rêve où Rosemary se croit sur un navire (on dirait un clin d'oeil au couteau dans l'eau dans l'idée) avec certains indices déjà là, livrés au spectateur (d'où cette remarque à propos de Hutch, l'ami commun de Guy et Rosemary, resté --dans le rêve-- sur le ponton : "Hutch ne vient pas avec nous ?" "J'aurais bien voulu ma chérie... Mais tu sais comme nous qu'il est catholique..."), libre à lui de saisir la perche qu'on lui tend ou pas (ça n'influera pas sur tout le film jusqu'aux 20 dernières minutes). Mais aussi, cette ambiance étrange, planante, en suspens. Comme si chaque détail ou élément à priori insignifiant (les oreilles percées, le "tannis", le jeu de scrabble et les lettres qui fournissent un anagramme...) ouvrait les portes d'un autre monde bizarre, terriblement proche. Comme une exacerbation des pensées et sens de Rosemary qui nous revenait souvent, par délà l'écran.
Un Polanski toujours aussi bon.
4/6.
Bel avis, mais note "sévère" (un de plus qui te fait la remarque ! :lol: )

Perso, je préfère nettement Rosemary's Baby au Locataire.
Anorya
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Re: Notez les films napthas - Novembre 2009

Message par Anorya »

Memento a écrit :
Bel avis, mais note "sévère" (un de plus qui te fait la remarque ! :lol: )
Bah, faudrait que je me revois Répulsion pour voir si je ne réhausse pas la note. :wink:
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Colqhoun
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2010

Message par Colqhoun »

Rosemary's Baby | Roman Polanski
Très heureux de l'avoir enfin découvert.
L'adaptation est à la hauteur du livre, le climat paranoïaque se mettant en place très subtilement pour devenir finalement oppressant.
Le travail elliptique du scénario permet de se concentrer sur l'essentiel et je suis particulièrement heureux de ce choix final de ne rien montrer (là où le bouquin nous décrivait tout, ce qui m'avait un peu flingué la fin de lecture). Mia Farrow est brillante, Ruth Gordon irritante à souhait. La réalisation de Polanski est d'une modernité sans failles, utilisant savamment tous les recoins de cet appartement dantesque.
Cela dit, en définitive, je lui préfère tout de même Le Locataire, qui est autrement plus inquiétant et déterminé dans sa paranoïa.
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makaveli
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par makaveli »

je viens de le découvrir et j'ai beaucoup aimé ce polanski malgré quelques longueurs.
Spoiler (cliquez pour afficher)
par contre apres avoir lu ce topic je me rends compte que tout le monde pense au complot et à la sorcellerie plutôt qu'aux hallucinations de rosemary .
mais moi même dans le dernier 1/4 d'heure je ne suis pas sur à pour cent qu'elle ne soit pas folle .
qu'est ce que vous en pensez ?
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Watkinssien
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par Watkinssien »

Spoiler (cliquez pour afficher)
C'est le but de Polanski de faire douter le spectateur entre le complot et la folie du personnage, c'est d'ailleurs une des qualités de ce chef-d'oeuvre : inconfort des spectateurs dans tous les compartiments.
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Nomorereasons
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par Nomorereasons »

Rosemary's baby est un film assez inconfortable qui nous invite à éprouver les sensations de Rosemary.
Pour moi l'équivoque rêve/réalité n'est pas importante: Polanski filme une grossesse anxieuse.
Je n'ai aucune expérience en maternité mais je sais qu'il y a des grossesses agréables et d'autres qui le sont moins; il n'est pas exclu que celles-ci puissent nourrir leur malaise d'un certain délire de persécution, ce que montre le film. Dès lors, les symboles sataniques n'ont pas plus de valeur que les hiéroglyphes du Locataire: Rosemary et Trelkovski battent la campagne et leur film sont leur cauchemar.

Au-delà de ça j'ai été frappé par la reflexion sur l'amour maternel du film: Rosemary est en constante situation de faiblesse et a peur pour son enfant.
D'abord son couple déménage (chacun sait qu'un déménagement occasionne plus de déprimes que de réjouissances) ensuite elle tombe enceinte dans un appartement trop grand, qu'elle connaît mal, elle ne rencontre que des vieillards envahissants, elle perd la seule amie et confidente qu'elle aurait pu se faire et son mari, lui-même fatigué, fait preuve d'ironie blessante à son égard.
Bref: on y voit quelqu'un de mal entouré et qui en tire en toute logique une solitude pesante. Là encore j'y vois le reflet d'une grossesse difficile, de l'insatisfaction et de l'inconfort perpétuel avant la délivrance; ce ne sont jamais que des "envies de fraises" mâtinées de macabre.

Le diable, puisqu'il est évoqué dans ce film, c'est plutôt cette société occulte de hippies néo-païens qui prônent un retour à la nature délirant. En cela aussi je trouve ce film précieux en ce qu'il nous montre un certain envers du décor: sous les fantasmes de paix et d'amour des années 60, on trouve aussi la mort, la magie noire, les castes parallèles. Personnellement ce film est à deux doigts de me dégoûter du gros des doctrines écologiques et du "bio" érigé en idéologie.
De fait la fin du film est particulièrement émouvante: Rosemary, en dépit de ce que représente son enfant (le Mal, mais aussi peut-être autre chose, par exemple le dégoût que peut lui inspirer un mari dont elle se sent momentanément éloignée) choisit de l'aimer; et il est permis de penser que par ce seul acte d'amour, elle peut sauver à la fois son bébé et le monde.

Bref, ce n'est pas une séance de tout repos. Je m'étonne qu'un tel amateur déclaré du bizarre (Polanski) ait pu faire un film aussi humain.
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par homerwell »

J'aime beaucoup ton point de vue Yap.
Une grossesse, même lorsqu’elle se déroule bien engendre de l'angoisse, on se pose des questions : l'enfant sera t-il normal ? La grossesse va t-elle aller à son terme ? Des questions qui culminent dans les derniers mois, provoquant aussi un peu d'insomnie...
Ajoutés au déménagement, ce sont autant d'éléments qui rendent crédibles l'état psychologique de Rosemary sans néanmoins dicter un ressentie sur la thèse de la réalité ou du cauchemar.
jacques 2
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par jacques 2 »

yaplusdsaisons a écrit : et il est permis de penser que par ce seul acte d'amour, elle peut sauver à la fois son bébé et le monde.
Il est vrai que chacun pense ce qu'il veut mais il faut être très, très, très positif ou humaniste ou je ne sais quoi pour l'interpréter ainsi ...
Car ce n'est guère la tonalité du film, ni de l'oeuvre de Polanski, ni du roman d'Ira Levin ...

Tu me permettras donc de penser de mon côté que cette vision des choses est éminemment respectable, certes, mais aussi quelque peu ... "capillotractée".
Le bébé n'a d'ailleurs pas besoin d'être sauvé : il est l'Antéchrist (du moins si on adopte une vision premier degré du film : ce qu'il faut faire, je crois) et son destin est tout tracé ... :wink:
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par Nomorereasons »

jacques 2 a écrit : (du moins si on adopte une vision premier degré du film : ce qu'il faut faire, je crois)
Perdu !
jacques 2
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par jacques 2 »

yaplusdsaisons a écrit :
jacques 2 a écrit : (du moins si on adopte une vision premier degré du film : ce qu'il faut faire, je crois)
Perdu !
Ou gagné : c'est selon ... :wink:
Nomorereasons
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par Nomorereasons »

Bon, allez: tu parles toi-même de l'Antéchrist au sujet du bébé: je revendique par conséquent la possibilité d'une lecture chrétienne des derniers instants du film.
Polanski, tout comme Ira Levin, y opposent bien deux forces: Rosemary contre les autres. Or Rosemary décide d'aimer son bébé envers et contre tout.

Le seul élément qui m'ait dicté une certaine prudence dans cette interprétation, c'est un point de théologie trop spécialisé pour moi qui consiste à déterminer si oui ou nom le diable peut être sauvé par l'amour (l'apocatastase) ou si en tant que négation de l'amour (on l'appelle aussi "le Diviseur") il doit être rejeté.
jacques 2
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par jacques 2 »

yaplusdsaisons a écrit : je revendique par conséquent la possibilité d'une lecture chrétienne des derniers instants du film.
Polanski, tout comme Ira Levin, y opposent bien deux forces: Rosemary contre les autres. Or Rosemary décide d'aimer son bébé envers et contre tout.
Oui pourquoi pas ?
Ce que je voulais dire, c'est que, cinématographiquement ou littérairement parlant (j'ai lu le roman auquel, il faut le rappeler, le film est extrêmement fidèle), rien dans la tonalité n'invite à cette interprétation ...
Après bien sûr, on peut gloser à l'infini ... :wink:
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Re: Rosemary's Baby (Roman Polanski - 1968)

Message par Nomorereasons »

jacques 2 a écrit :
yaplusdsaisons a écrit : je revendique par conséquent la possibilité d'une lecture chrétienne des derniers instants du film.
Polanski, tout comme Ira Levin, y opposent bien deux forces: Rosemary contre les autres. Or Rosemary décide d'aimer son bébé envers et contre tout.
Oui pourquoi pas ?
Ce que je voulais dire, c'est que, cinématographiquement ou littérairement parlant (j'ai lu le roman auquel, il faut le rappeler, le film est extrêmement fidèle), rien dans la tonalité n'invite à cette interprétation ...
Après bien sûr, on peut gloser à l'infini ... :wink:
Oui mais parfois il y a un sous-texte: ce n'est pas parce que tu ne croises pas de zombies ensanglantés dans ton supermarché qu'il faut exclure d'office une interprétation sociale des films de Romero.

Et si Rosemary's baby était un pur film d'horreur, elle aurait tué son bébé à la fin, se serait enfuie de l'appartement pendant que la horde de diablotins la poursuivrait ou que sais-je, et bim! le générique. Tu vois ce que je veux dire?
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