Quai des Orfèvres (Henri-George Clouzot - 1947)

[frédéric]

Quelqu'un a des infos sur la nouvelle édition qui doit paraître le 16 Octobre ? Comme je ne l'ai pas en dvd jusqu'à présent...

[Nestor Almendros]

Revu cet excellent classique qui marie admirablement le drame et le polar, avec parfois un soupçon de comédie. Il est très intéressant de remarquer comment sont amenés les personnages et l'intrigue pendant une passionnante demi-heure d'installation, où l'on joue avec la sympathie des personnages et où un soupçon de comédie se mêle au drame noir: reflet de la vie où tout se mélange, c'est aussi ce qui fait le charme du film.
Puis apparait Louis Jouvet, exceptionnel. Comme le précise justement Cicero (bien que je ne sois pas du tout d'accord avec son avis), Jouvet apporte une humanité à son personnage, en proposant un décalage dans le jeu, en en faisant autre chose qu'un simple instrument narratif. Jouvet s'appuie aussi sur d'excellents dialogues.

A noter que le film s'assombrit de temps en temps, montrant un Bernard Blier désespéré (et suicidaire) ou des méthodes policières finalement peu orthodoxes et moralement douteuses, constrastant avec l'aspect sympathique du personnage de Jouvet pendant le reste du film. En de rares moments, le réalisme sordide de la vraie vie semble reprendre ses droits.

Une réussite.

[Strum]

Il est très intéressant de remarquer comment sont amenés les personnages et l'intrigue pendant une passionnante demi-heure d'installation, où l'on joue avec la sympathie des personnages et où un soupçon de comédie se mêle au drame noir: reflet de la vie où tout se mélange, c'est aussi ce qui fait le charme du film.

La richesse de la caractérisation des personnages est en effet ce qui fait toute la valeur du film. Chaque protagoniste y gagne une épaisseur qui nous le rend proche et son parcours crédible. Les dialogues sont fabuleux et dits avec vivacité. Cicéro compare le film et sa narration aux Tueurs et à la Dame de Shanghaï pour en critiquer le rythme. Mais l'argument est réversible : en ayant recours à une narration paisible et linéaire, en donnant la primauté aux contradictions et réactions des personnages sur la vitesse cinématographique, Quai des Orfèvres peut se prévaloir d'une chaleur humaine, d'une précision dans la description des comportements, qui font peut-être défaut à ses confrères américains.

[Jihl]

J'aime beaucoup le film en particulier pour les raisons déjà expliquées dans le topic : encrage très réussi, parfois quasi documentaire dans un milieu social (les artistes, les policiers), épaisseur des personnages (Jouvet et son fils !), brillance des dialogues et ton finalement pas très loin de la comédie (comme le montre à la fois la scène d'ouverture et la conclusion du film).
Mais attention c'est quand même une comédie à la Clouzot, c'est-à-dire lucide et très grinçante. En face de ses très grandes qualités, le film a quand même quelques petits défauts: les scènes d'interrogatoire musclé ne sont pas toujours très bonnes et Blier dans quelques scènes et surtout Suzy Delair sont parfois limites comparés à Simone Renant et évidemment à Jouvet.
Au final un peu moins bien pour moi que Le Corbeau et que Le Salaire de la peur, mais sans problème dans un top 100 des films français. 8/10

[Profondo Rosso]

Quai des orfèvres de Henri Georges Clouzot (1947)



Pour son grand retour derrière la caméra (après que des soupçons de collaboration avec les allemands l'aient interdit de tourner) Clouzot frappait là un grand coup. Un récit criminel sordide et banal à souhait qui se voit orné de la puissance des plus grands drames par la profonde humanité que Clouzot confère aux personnages et aux situations. Sans appuyer outre mesure, on comprendra le comportement aguicheur et l'arrivisme de Suzy Delair au détour d'un dialogue sur son enfance misérable, sans que jamais son amour pour Bernard Blier ne soit mis en doute. Ce dernier saisi l'occasion qui lui donné dans un pur rôle dramatique avec un personnage réellement tragique et déchirant, amoureux transi placé dans une situation périlleuse. Le coeur du film se situe là et autour d'eux naviguent les personnages bienveillant (magnifique Simone Renant), infâme (Charles Dullin abject à souhait en Brignon) ou neutre avec le truculent et méticuleux policier remarquablement incarné par le grand Louis Jouvet. La mise en scène participe à ce réalisme des personnages. Si le film n'était pas aussi "fabriqué" (le music hall entièrement reconstruit, tout comme le quai des Orfèvres) on pourrait presque parler de néo réalisme à la française dans le cadre policier. Les bureau des Quai des Orfèvres furent reconstruit à l'identique et Clouzot confère autant de vie à l'arrière plan grouillant de vie (défilé incessant de figures pittoresques entre le truand de grand chemin, la prostituée ou le voleur à la petite semaine joué par Robert Dalban) qu'au scène d'interrogatoire tendue, la pression des hautes sphères ou la procédure judiciaires fastidieuse. Quelques superbes scène comme la tentative de suicide de Blier, Simone Renant donnant des coups de pieds au cadavre de l'infâme Brignon ou encore la joute verbale entre Jouvet et Suzy Delair dans la loge où chacun évoque son passé douloureux en réponse à l'hostilité de l'autre. Après un ambiance oppressante de bout en bout on est presque surpris par l'étonnant tour heureux de la conclusion, comme si Clouzot aimait trop ses personnages pour les enfoncer dans le malheur promis par l'intrigue. 6/6

[Grimmy]

Quai des orfèvres de Henri Georges Clouzot (1947)

Ah ben c'est malin ! Ta critique m"a donné envie de revoir le film. Hop, ni une ni deux, je mets la gallette dans le lecteur, gallette jamais visionnée depuis son achat il y a au moins un an. Et voilà qu'au bout de 27 mn le disque se bloque. Impossible d'accelerer, de changer de chapitre. Visiblement, la surface du disque est ornée d'une belle tâche aux allures de buée, impossible à enlever. Je retire le dvd du lecteur, et le remets. Ca bloque de nouveau. Je ressors le disque et essaie encore deux autre fois (et me coltine le menu Classique Canal + autant de fois), mais rien, le probème reste. La mort dans l'âme, j'arrête le disque défintivement après m'être battu avec ce p de dvd pendant 1/4 d'heure. Poubelle !! Pour une fois que madame Grimmy voulait bien voir un vieux film avec moi !!

[Count Dooku]

DVD-Rot!
Je ne pensais pas que ce problème existait toujours, ça a surtout causé des dégâts il y a dix ans, et ça ne concernait majoritairement que des DVD MGM. Ne jette pas ton dvd, il y a une technique pour le récupérer (de mémoire ça consistait à nettoyer la surface à l'eau chaude ou un truc comme ça, y avait un tutorial sur dvdpascher je crois...). Bien dommage que cela t'ai gâché ta soirée en tout cas. :-/

[Grimmy]

DVD-Rot!
Je ne pensais pas que ce problème existait toujours, ça a surtout causé des dégâts il y a dix ans, et ça ne concernait majoritairement que des DVD MGM. Ne jette pas ton dvd, il y a une technique pour le récupérer (de mémoire ça consistait à nettoyer la surface à l'eau chaude ou un truc comme ça, y avait un tutorial sur dvdpascher je crois...). Bien dommage que cela t'ai gâché ta soirée en tout cas. :-/

Ah bon, le dvd est malade ! Je le récupère et vais tenter de le soigner...
C'est ce dvd là :



mais visiblement le disque est l'exacte réplique de cette éition là :

[Count Dooku]

Je possède la même édition que toi mais, heureusement, pas de problèmes de DVD-Rot sur mon exemplaire (je viens de vérifier), ouf!

[Julien Léonard]

Oui la 1ere édition de Terminator était l'exemple le plus fameux de ce genre de désagrément je pensais pas que ça pouvais encore arriver pas de bol...

Je m'en souviens... Un jour, mon exemplaire ne marchait plus, et j'ai mis du temps à comprendre pourquoi. Du coup, je crois que je n'ai pas racheté d'exemplaire.

[Cathy]

Redécouvert ce film. J'ai toujours eu une admiration pour Clouzot, qui est un des mes réalisateurs préférés, et je dois dire que j'avais totalement oublié ce fameux Quai des orfèvres, et notamment la forte charge sexuelle qui en émane que ce soient les sous-entendus lesbiens évidents, ou la conotation sexuelle si forte, la scène où Suzy Delair rentre chez elle alors que Bernard Blier fait chauffer du lait en est un des plus beaux exemples. Il y a aussi la victime, pervers pépère qui aime photographier des jeunes femmes nues. Il y a aussi ce policier si différent, une espèce de policier sans forme, sans le charme naturel d'un Wens, différence dans son rôle de père seul qui vit avec son fils

Spoiler (cliquez pour afficher)

un jeune garçon visiblement métisse. On ne verra pas à la première vision de son fils qu'il est noir mais plus tard, quand il vient voir son père quai des Orfèvres

. Il y a cette ambiance parisienne typique de cette époque, ces dialogues excellents portés par les acteurs.

Le film déborde de plans magnifiques comme Suzy Delair qui répète le célèbre "Avec son tralala" devant des miroirs où elle se réflète sans que l'on ne sache plus où est réellement la comédienne et son reflet, les noirs et blancs intenses, cette ambiance nocturne si particulière et si typique notamment dans la scène du crime. Les acteurs sont tous excellents, Suzy Delair dans un rôle proche de Mila Malou de chanteuse extravertie qui comme dans l'assassin habite au 21, appelle son mari "Mon biquet" (trouvaille due à Clouzot ou à Steeman, l'auteur des deux romans qui ont inspiré les films), Bernard Blier dans son rôle habituel de l'époque de mari aux pieds de sa femme, Simone Renant dont les regards semblent tellement dire "je t'aime" à son amie, évidemment Louis Jouvet qui campe encore une fois une silhouette exceptionnelle. Il y a aussi ces seconds rôles typiques de l'époque comme Pierre Larquey en chauffeur de taxi, Robert Dalban ou Raymond Bussières... Bref un chef d'oeuvre du cinéma "noir" et du cinéma tout court !

[Federico]

Une archive de 1948 à écouter samedi soir à 0h35 sur France Culture : L'actualité du cinéma : Quai des orfèvres

[Flol]

A noter que le film est rediffusé cette semaine sur Cine Polar. Et ça me permettra de le découvrir.

[Frances]

A noter que le film est rediffusé cette semaine sur Cine Polar. Et ça me permettra de le découvrir.

Un must ! J'attends la sortie d'un br pour le revoir.

[Federico]

Une archive de 1948 à écouter samedi soir à 0h35 sur France Culture : L'actualité du cinéma : Quai des orfèvres

Nouvelle re-diffusion cette nuit à 1h.