Joan Bennett (1910-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kim
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Joan Bennett (1910-1990)

Message par kim »

Eh non, il ne s’agit pas d’une blague sur les blondes !
Ni de la transformation de Madeleine en Judy dans le sublime VERTIGO ;

Ce topic est consacré à Joan Bennett, starlette blonde des années 30, qui devint une brune énigmatique et inoubliable dans les années 40, sous l’égide de grands réalisateurs européens.

Pourquoi brune ?
Il s’agissait, dans le courant des années 40, de ressembler à Hedy Lamarr, actrice fraichement venue de son Autriche natale, belle à couper le souffle et qui devint une grande star à la MGM .

Joan, avant de démarrer dans le cinéma, connut une vie chaotique : études en Europe, mariée à un milliardaire à 16 ans, un enfant à 17 et un divorce à 18 !
Sa famille baignant dans le cinéma, (sa sœur n’était-elle pas la grande Constance, star durant les années 30 ?), c’est tout naturellement qu’elle en vint elle-même à fréquenter les plateaux, en blonde quelque peu insipide dans des films oubliables.

C’est à partir de 1940 que la chance lui sourit (en brune, merci Hedy !), rencontrant un mentor en la personne de Fritz Lang, dont elle deviendra l’égérie, le temps de 4 films.
Il s’agit de :
CHASSE A L’HOMME (1940)
LA FEMME AU PORTRAIT (1944)
LA RUE ROUGE (1946)
LE SECRET DERRIERE LA PORTE (1948)

C’est durant le tournage de ce dernier film que les relations entre l’actrice et le réalisateur se détèriorent,Lang se moquant d’elle volontiers en privé..Il refuse d’utiliser sa voix pour la voix-off ; Joan insiste et obtient gain de cause, faisant ainsi bénéficier le cinéma d’une des plus belle voix-off du Film Noir.
Par ailleurs, le film n’ayant pas obtenu le succés escompté, la compagnie de production indépendante, Diana, créée par Lang, Bennett et le mari de celle- ci,Walter Wanger, est dissoute.

Cependant, Joan continue son chemin, croisant Ophüls pour LES DESEMPARES (1949) et Minelli pour LE PERE DE LA MARIEE (1950) où elle revêt l’image respectable de mère de famille .
Elle avait également travaillée avec Cukor pour LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARCH (1933), Renoir pour LA FEMME SUR LA PLAGE (1947), Zoltan Korda pour L’AFFAIRE MACOMBER (1947).

Sa carrière vacille en 1953, suite au meurtre d’un agent par son mari, celui-ci soupçonnant sa femme de le tromper.
Joan se retranche alors vers la scène et la télévision, dont le plus célèbre est DARK SHADOW dans les années 60. On la retrouve en 1976 dans un film de Dario Argento,SUSPIRIA , auprès d’Alida Valli.

L’image obsédante de Joan Bennett restera, pour nombre de ses films, celle « d’un curieux mélange de grande bourgeoise et de disponibilité quasi-vulgaire, faisant ainsi l’attrait de cette improbable tombeuse d’homme préposée au tricot «selon les termes de Philippe Garnier.
.
Toujours est-il que les cinéphiles la dénombre au panthéon des brunes mystérieuses et captivantes dont l’image, par le truchement d’un portrait, à l’instar de Gene Tierney dans LAURA, distille une aura devenue mythique.
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Je ne suis pas très compétent sur le sujet mais ce petit hommage est intéressant à lire. Je suis personnellement très perplexe sur la collaboration avec Lang: alors que celui-ci travaille en indépendant il fait des films moyens, alors que quand il est bridé par la MGM (Moonfleet) il fait un chef d'oeuvre, mais on s'éloigne du sujet.
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JamesCicero
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Message par JamesCicero »

Alex a écrit :Je ne suis pas très compétent sur le sujet mais ce petit hommage est intéressant à lire. Je suis personnellement très perplexe sur la collaboration avec Lang: alors que celui-ci travaille en indépendant il fait des films moyens, alors que quand il est bridé par la MGM (Moonfleet) il fait un chef d'oeuvre, mais on s'éloigne du sujet.
Il fut un temps où la cinéphilie langienne préférait de loin la période allemande de l'ami Fritz à sa période hollywoodienne. On assiste de nos jours à un retour de balancier qui ne va pas non plus, Dieu merci, jusqu'à sous-estimer l'auteur allemand (ou plus exactement autrichien) de M. Autres temps, autres moeurs ...
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Message par Abronsius »

Certains aiment tout. Pas de période allemande ou américaine, juste de bons ou de mauvais films.
kim
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Message par kim »

Alex a écrit :Je ne suis pas très compétent sur le sujet mais ce petit hommage est intéressant à lire. Je suis personnellement très perplexe sur la collaboration avec Lang: alors que celui-ci travaille en indépendant il fait des films moyens, alors que quand il est bridé par la MGM (Moonfleet) il fait un chef d'oeuvre, mais on s'éloigne du sujet.
LE SECRET DERRIERE LA PORTE (1948) est considéré comme un film moyen parce qu'inégal.
Lang a réussi le pari d'en faire un film envoûtant, par la voix-off de Joan Bennett,par le travail de photographie dû à Stanley Cortez, sans conteste sublime, par"des décors et une musique de Miklos Rozsa parvenant à créer une atmosphère d'étrangeté"(cf Tulard), et un scénario surprenant de Film Noir.
Là où le film "pêche" est son manque de crédibilité quant à la catharsis finale, ce qui fait basculer le film vers le grand guignolesque.
C'est pour cette raison majeure que Lang le renie, mais il oublie la beauté formelle de cette oeuvre à la frontière de l'onirisme.

LA RUE ROUGE fut l'autre film de Diana Production, fondée en 1945, le nom provenant de la fille de Joan Bennett.
Lang était président, Walter Wanger, vice-président, Joan Bennett et Dudley Nichols, membres du conseil d'administration.

En ce qui concerne l'indépendance de Lang, il récidivera pour la Fidelity Pictures, la compagnie de Howard Welsch, avec HOUSE BY THE RIVER et RANCHO NOTORIOUS;
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

kim a écrit :
En ce qui concerne l'indépendance de Lang, il récidivera pour la Fidelity Pictures, la compagnie de Howard Welsch, avec HOUSE BY THE RIVER et RANCHO NOTORIOUS;
Deux de ses très grands films, ce qui réfute l'assertion de Alex :wink:
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

Rancho Notorious n'est pas pour moi un très grand Lang. Je suis un peu gêné par le côté "carton-pâte" de ce western si peu western en somme et par le jeu extrêmement peu convainquant de Marlène dans ce film. Je n'ai jamais trop cru non plus à la rivalité entre Mel Ferrer et Arthur Kennedy (que je trouve sous-employé par rapport à ce qu'en fera par exemple le grand Anthony Mann).

Sur un sujet quelque peu similaire, je trouve plus réussi et pour tout dire plus "western" le film "fémininiste" de Nicholas Ray Johnny Guitar. Je ne crois pas que le western (c'était son deuxième et dernier western, il me semble) fut un genre spécifiquement langien, comme a pu l'être évidemment le film policier, d'espionnage ou de moeurs.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

JamesCicero a écrit :
Sur un sujet quelque peu similaire, je trouve plus réussi et pour tout dire plus "western" le film "fémininiste" de Nicholas Ray Johnny Guitar. Je ne crois pas que le western (c'était son deuxième et dernier western, il me semble) fut un genre spécifiquement langien, comme a pu l'être évidemment le film policier, d'espionnage ou de moeurs.
Lang a fait trois westerns : Le retour de Frank James , suite raté du chef d'oeuvre de Henry King, le coloré Les pionniers de la western Union plutôt routinier mais pas désagréable et ce Rancho Notorious que j'adore justement à cause de ses décors et de son esthétique (entre autre) qui font effectivement fortement penser à Johnny Guitar.
Banane
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Message par Banane »

Je pense aussi que Joan cherchait à se démarquer de sa célèbre soeur, la pétillante Constance, une Icône art-déco. Dans les années 30, elle ne fut qu'un faire-valoir (bien qu'un film de Walsh avec Spencer Tracy soit estimé, ainsi que la version cukorienne de "Little women"), elle tâtonnait à l'ombre de Connie avant de trouver sa Persona cinématographique, qui éclora dans les années 40 (merci à son pygmalion/agent/mari tout de même). Il me semble que c'est Wanger qui avait casté Hedy Lamarr dans "Casbah", avec le succès que l'on sait, qui a été prise en main par la MGM. Peut être que Wanger cherchait à "recréer" Hedy, et une Hédy bien américaine, à travers Joan ? Cependant, la carrière de Lamarr fut relativement décevante (la MGM n'a pas su vraiment exploiter son potentiel) alors que JB a pu trouver les écrins à son talent grâce au film noir. On rève de ce qu'aurait pu être la carrière de Lamarr si elle avait été prise dans les bonnes mains. Elle a souvent été un mannequin époustouflant, mais elle était assez "raide" à cause de la politique très étriquée du studio de Mayer, ce que Joan, en bonne américaine, n'était pas, c'est pour cela qu'elle convient si bien à ces rôles semi-vulgaires (mais une "vulgarité" très stylisée) chez Lang/Renoir/Ophuls.

Une autre "blonde" devenue brune serait Louise Brooks (cf son célèbre mot "je suis la seule brune d'Hollywood avec des racines blondes") :wink:

Banane

PS : la coiffure de Lamarr a aussi été copiée par Rita Hayworth (cf "Only angels have wings"), avant qu'elle ne trouve LA SIENNE. Vivien Leigh aussi a une raie lamarr-èsque dans "Autant en emporte le vent". C'est fou comme une coiffure peut avoir comme influence ! Mais ces 2 stars l'ont abandonnée pour devenir mythiques à leur tour (ce que Lamarr n'est pas vraiment)
Steve Austin
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Message par Steve Austin »

Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, mais je garde un très bon souvenir du beau et étrange La femme sur la plage de Renoir. Le film a subi de nombreuses coupes et n'a pas été un très bon souvenir pour le cinéaste. Il n'en demeure pas moins un film assez fascinant. Pour ses rôles dans ce film et dans les quatre Fritz Lang, Joan Bennet est une actrice que j'affectionne beaucoup.
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kim
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Message par kim »

Banane a écrit :Je

PS : la coiffure de Lamarr a aussi été copiée par Rita Hayworth (cf "Only angels have wings"), avant qu'elle ne trouve LA SIENNE. Vivien Leigh aussi a une raie lamarr-èsque dans "Autant en emporte le vent". C'est fou comme une coiffure peut avoir comme influence ! Mais ces 2 stars l'ont abandonnée pour devenir mythiques à leur tour (ce que Lamarr n'est pas vraiment)
Ahhh, les coiffures!!
Pas de doute, elles marquent vraiment une personnalité, lui donnent sa patte, son style.
Que serait Veronica Lake sans cette mèche ondulée à la blondeur scandinave lui masquant la moitié du visage.

Ou encore, dans la série coupe courte, il y a celle de Kim Novak, casque blond lui dégageant le visage, qu'elle ne consentit à "abandonner"qu' une seule fois, au profit d'un chignon savament élaboré, lui conférant la griffe hitchcockienne par excellence, avant de troquer cette fameuse coupe mainte fois copiée pour des cheveux plus longs (mais cela n'a-t-il pas coïncidé avec sa perte de popularité?)

Et tous ces gars de la Nouvelle-Vague n'étaient-ils pas en émoi devant le style à la garçonne de Jean Seberg, leur procurant le sentiment d'être gay devant l'allure androgyne de l'actrice!

Bien sûr, tout cele relève d'une stratégie de marketing, mais nous fait prendre conscience de l'impact de la star sur la société.

Pour en revenir au comparatif Hedy Lamarr/Joan Bennett, je dirai de la première qu'elle fut une star de première grandeur, que la postèrité a mis de côté, peut-être en raison du choix de ses rôles (mais avait-on toujours le choix,), mais aussi dû au décalage entre son physique et sa personnalité: on attendait beaucoup d'elle (elle devait être le nouvelle Garbo), mais malgré son talent, quoiqu'on en dise, elle "n'explosait" pas à l'écran.Sa filmographie est cependant riche et ses films, loin d'être décevants.
Joan Bennett nous a dévoilé une personnalité énergique, un tempérement bien trempé, en imposant un personnage ambigü, envoûtant, stylisé, à la moralité parfois suspecte!
J'en veux pour preuve le beau UNE FEMME SUR LA PLAGE, de Renoir, cité plus haut, où son personnage nous déroute tout en nous fascinant.
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Alex a écrit :Je ne suis pas très compétent sur le sujet mais ce petit hommage est intéressant à lire. Je suis personnellement très perplexe sur la collaboration avec Lang: alors que celui-ci travaille en indépendant il fait des films moyens, alors que quand il est bridé par la MGM (Moonfleet) il fait un chef d'oeuvre, mais on s'éloigne du sujet.
Pas vu les 3 autres mais des films moyens comme La Femme au Portrait j'en voudrais bien tous les jours. :P
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Philip Marlowe a écrit :
Alex a écrit :Je ne suis pas très compétent sur le sujet mais ce petit hommage est intéressant à lire. Je suis personnellement très perplexe sur la collaboration avec Lang: alors que celui-ci travaille en indépendant il fait des films moyens, alors que quand il est bridé par la MGM (Moonfleet) il fait un chef d'oeuvre, mais on s'éloigne du sujet.
Pas vu les 3 autres mais des films moyens comme La Femme au Portrait j'en voudrais bien tous les jours. :P
C'est même mon Lang préféré avec Moonfleet mais il est vrai que je fais une fixation sur la cinquième victime et le secret derrière la porte lorsque je pense aux films "indépendants " de Lang
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Kimm
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Re: Quand une blonde devient brune.

Message par Kimm »

L'AFFAIRE MACOMBER (Zoltan Korda, 1947), d'après Ernst Hemingway, est une étude fort intéressante sur l'identité masculine.

Joan Bennett, sur fond de savane africaine donnant un avant-goût de MOGAMBO (John Ford, 1953), méprise son mari (Robert Preston) au profit du guide de safari (Gregory Peck, ultrasexy :oops: ...). Et pour cause, celui-ci s'imagine que ramener des trophés de chasse, et donc tuer des animaux, fera de lui un homme accompli, propre à faire battre les cils de sa femme, d'émerveillement...
Thème également traité dans THE MALE ANIMAL, avec Olivia de Havilland et Henry Fonda (Elliott Nugent, 1942), ces films proposent un regard intelligent sur ce qui définit un homme..

Joan bennett interprète une femme fatale, dont le charme direct séduira Gregory Peck, avant que ses valeurs humaines ne le détache d'elle...La fatalité ne sera pas pour lui...
Somptueux noir et blanc, les acteurs bénéficient d'une très belle photographie, mettant en valeur la beauté des interprètes.
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Re: Joan Bennett

Message par francesco »

The Man I married est une petite réussite assez méconnue, même si ceux qui ont la curiosité de le voir sont presque toujours séduits. J'avais entendu parler du film comme d'un exemple intéressant de "Female Gothic", mais je trouve la catégorisation abusive : ni la maison, ni le mari ne sont, en tant que tel, des menaces pour l'héroïne, qui n'est en danger que très brièvement, toujours protégée par sa nationalité américaine. Car The Man I married (1940) est un film de propagande au pitch assez engageant : un jeune allemand naturalisé américain va passer trois mois dans l'Allemagne nazi pour régler des affaires familiales. Il est accompagné de son épouse, critique d'art, et de son fils. Avant de partir une relation leur demande de faire passer une somme à son frère, prisonnier à Dachau. Quand le couple arrive à Berlin une amie d'enfance (jouée par Anna Stern) les attend à la gare. Elle va personnifier les séductions de l'Allemagne d'Hitler qui sont appelées à changer le protagoniste et à séparer le couple.
Le rythme est rapide, sans être trépidant, les personnages bien caractérisés, sans être caricaturaux, le cheminement intérieur du héros est amené avec beaucoup de subtilité, par petites touches, durcissements à peine significatifs au début, évitement, froideur et enfin dureté non pas par cruauté, mais par conviction (il est manipulé d'un bout à l'autre du film) ... enfin le film est pro-Allemagne tout en étant anti-nazi (subtilité assez remarquable quand on pense à d'autres films de propagande). L'Allemagne est finalement un pays "occupé" mais les vrais Allemands restent imprégnés de l'esprit de Weimar. Le père du héros en est un très bel exemple d'autant plus qu'il est joué avec un belle ambiguïté qui le rend presque inquiétant, mais c'est une des constantes du scénario et de la direction d'acteurs : à part l'épouse américaine, on n'est jamais sûr de qui que ce soit et de rien du tout. Personne ne s'offre, tout le monde se méfie. Une des plus belle scènes du film, dans la continuité de cet esprit, est celle où un immigré tchèque doit ramasser des ordures dans la rue. Il demande à changer de costume et
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revient avec son uniforme d'officier allemand.

La fin (qui arrive presque trop vite, le film ne durant que 75 minutes) est, dans une certaine mesure, ouverte, ce qui accentue encore le réalisme de l'ensemble et ce sentiment d'incertitude qui frappe spectateurs et personnages, embarqués dans le même voyage.
Voilà un film d'apparence modeste (la mise en scène d'Irving Pichel est incisive, mais sans rien de spectaculaire non plus), qui ne semble pas se prendre au sérieux, mais que j'ai trouvé plus émouvant et efficace que beaucoup. A l'image de l'underplayment pragmatique de Joan Bennett (à l'époque elle avait reçu de mauvaises critiques, aujourd'hui on la trouve plutôt extrêmement bien distribuée et très naturelle), bien entourée de Llod Nolan, de Maria Ouspenskaya, d'Anna Stern et surtout d'Otto Kruger (le père) et Francis Lederer (l'époux, vraiment remarquable, dans sa quête malheureuse d'identité et réussissant à rester toujours humain et presque pitoyable).
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