Sans soleil (Chris Marker - 1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Dolly-Bell
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Sans soleil (Chris Marker - 1983)

Message par Dolly-Bell »

Hier soir vu Sans soleil du mystérieux Chris Marker. Ce film nous projète dans deux pôles géographiquement extrèmes, le Japon et la Guinée Bissau. Les images que nous montre ce caméraman sont là pour nous plonger dans sa réflèxion sur la représentation du monde mais également pour s'interroger sur le devoir de mémoire ou plutôt sur la mémoire que lui contribue à créer en filmant ses images avec son oeil.
Un travail remarquable sur le corps et sur le regard caméra (il faut vraiment retirer l'idée de ne jamais regarder la caméra).
Un film qui gagne surement à être revu mais qui dégage beaucoup de sensations.
Merci Marker 9/10
Ne cours pas après la poésie. Elle pénètre toute seule par les jointures.
Lenny
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Sans soleil (Chris Marker, 1983)

Message par Lenny »

Je n'ai rien trouvé spécifiquement sur un cinéaste que vous devez connaître : Chris Marker.
Je voudrais évoquer plus particulièrement "Sans soleil", moins "connu" que "La jetée".

J'ai vu "Sans soleil" de Chris Marker, il y a quelques mois... C'est la dernière grande claque que j'ai pris devant un film. Ce film m'a donné beaucoup d'espoir dans le cinéma, je le trouve audacieux dans sa forme. Il n'y a pas de narration et pourtant, nous le suivons. J'ai compris comment pouvait tenir un film de cette sorte sans narration, car à quoi nous rattacher pendant plus d'une heure trente ?
Nous voyons pendant tout ce temps des images du Japon, un peu d'images d'Afrique, nous entendons en même temps une voix off, monocorde d'une femme...

Comment ça marche ? Pourquoi ça marche ?
Les réflexions sont vraiment très envoûtantes, pertinentes... Mais cela ne suffit pas à capter notre attention. Esthétiquement, le film ne présente rien de particulier, mais Chris Marker est surtout un très grand monteur, il a trouvé un mouvement, il sait accorder, faire répondre de images de pays opposés... Ce qui rattache notre attention, ce sont les leitmotivs. Qu'ils soient visuels ou verbaux. Les échos qu'il renvoit entre les images et les réflexions posées.

Parlons-en, si vous le voulez bien...
Stalker
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Message par Stalker »

Ca fait longtemps que j'ai envie de faire un topic sur Chris marker, mais j'attends de mieux connaître sa filmographie, malheureusement en grande partie difficilement visible.

Sans Soleil est un film fascinant et hypnotique que je peux voir, revoir et re-revoir... Pour moi le pouvoir de fascination réside à la fois dans la mise en parallèle des images, des idées et surtout dans l'écriture (et la voix du narrateur) qui donne une force incroyable aux images. Un film apparemment sans queue ni tête qui nous entraîne dans l'univers singulier et passionnant et dans les méandres psychologiques d'un individu, Sandor Krasna, ou plutôt Chris Marker, ou encore Christian François Bouche-Villeneuve.
Il y aurait beaucoup à dire sur Sans Soleil, mais je n'en ai ni le talent ni l'envie... Je préfère le revoir.

Aujourd'hui Chris Marker est un vieux monsieur de 84 ans qui continue à faire du cinéma (Chats perchés, qui ne m'a qu'à moitié convaincu) et surtout à parrainer des jeunes créateurs... J'espère qu'il ne restera pas un phénomène isolé dans le cinéma français et même mondial.

Au fait, vous saviez qu'il y a des émeus en Ile de France ?
Lenny
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Message par Lenny »

Tu sais, je ne crois pas qu'il faille un talent particulier pour bien parlé des films. Parfois, souvent, le "ressenti" dira mieux que le "compris".

Si tu as des choses à dire sur ce cinéaste ou ce film an particulier, je t'y encourage, ne serait-ce que pour "donner envie" à ce qui qui ne connaissent pas ce cinéaste ou ce film de les découvrir. Il nous faut rappeler, parfois, des cinéastes ayant une grande popularité dans le "milieu". Et c'est là que nous nous apercevons que le "milieu" n'a pas fait son travail si le cinéaste n'est pas connu d'un plus grand nombre. Je pense particulièrement aux critiques de cinéma qui manquent singulièrement d'enthousiasme, qui oublient de situer les oeuvres dans l'histoire pour mieux aussi les comprendre et les apprécier, comprendre aussi celles d'aujourd'hui en rapport à celles d'hier.

Sans soleil est un film pourrait apparaître comme une toile en train de se peindre sous vos yeux. D'abord, quelques touches, vous ne savez pas ce que cela va donner, mais vous restez attentifs, vous êtes pris par les couleurs des rélfexions, des pensées, peu à peu, certaines couleurs reviennent pour en soutenir d'autres, et voilà que la toile commence à prendre sens, jusqu'à la fin, où elle vous appraît dans on intégralité.

Alors, nous n'avons qu'une seule envie : refaire le parcours maintenant que nous avons vu la toile dans on ensemble, rassembler les couleurs, les relier, les éprouver encore, retrouver ce sentiment qui nous parcourt tout au long du film jusqu'à la touche finale qui nous laisse figé. Nous sommes figé par la construction de l'ensemble qui a pris forme peu à peu sous notre regard.
Lenny
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Message par Lenny »

Tu sais, je ne crois pas qu'il faille un talent particulier pour bien parlé des films. Parfois, souvent, le "ressenti" dira mieux que le "compris".

Si tu as des choses à dire sur ce cinéaste ou ce film an particulier, je t'y encourage, ne serait-ce que pour "donner envie" à ce qui qui ne connaissent pas ce cinéaste ou ce film de les découvrir. Il nous faut rappeler, parfois, des cinéastes ayant une grande popularité dans le "milieu". Et c'est là que nous nous apercevons que le "milieu" n'a pas fait son travail si le cinéaste n'est pas connu d'un plus grand nombre. Je pense particulièrement aux critiques de cinéma qui manquent singulièrement d'enthousiasme, qui oublient de situer les oeuvres dans l'histoire pour mieux aussi les comprendre et les apprécier, comprendre aussi celles d'aujourd'hui en rapport à celles d'hier.

Sans soleil est un film pourrait apparaître comme une toile en train de se peindre sous vos yeux. D'abord, quelques touches, vous ne savez pas ce que cela va donner, mais vous restez attentifs, vous êtes pris par les couleurs des rélfexions, des pensées, peu à peu, certaines couleurs reviennent pour en soutenir d'autres, et voilà que la toile commence à prendre sens, jusqu'à la fin, où elle vous appraît dans on intégralité.

Alors, nous n'avons qu'une seule envie : refaire le parcours maintenant que nous avons vu la toile dans on ensemble, rassembler les couleurs, les relier, les éprouver encore, retrouver ce sentiment qui nous parcourt tout au long du film jusqu'à la touche finale qui nous laisse figé. Nous sommes figé par la construction de l'ensemble qui a pris forme peu à peu sous notre regard.
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Message par Lenny »

Désolé pour les fautes!

Emporté par mon enthousiasme, je n'ai pas relu!
Lenny
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Message par Lenny »

Personne pour rapporter ce qu'il a ressenti à la vision de ce film ?
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Si, j'adorerais en parler en long en large et en travers, comme je l'ai fait il y a trois ans à la fac pour un devoir, mais il faudrait que je revois le film (que j'adore !!!), et là j'ai pas le temps...

Ce que je retiens de ce film, là, à chaud, c'est l'extraordinaire fluidité de ces images, toutes magnifiques et hétéroclites, rendues encore plus fascinantes par un commentaire écrit dans une prose vraiment savoureuse. Il y a d'innombrables pistes de réflexion lancées en une centaine de minutes, mais tout cela n'est jamais didactique, et vraiment agréable à suivre.
Ah oui ! j'aime beaucoup ce Japonais qui passe dans son espèce d'ordi des images reprises à la télé ! ça donne un résultat fascinant.

Ce que j'aime beaucoup, c'est aussi comment Marker a fait son film : filmé sans prise de son, qui a été reconstitué ensuite. Et pourtant on n'y voit que du feu.

Bon, bref, je vais me pencher un peu sur mon DVD du film, que je n'ai pas ressorti depuis un moment. :D
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christian
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Message par christian »

Je viens de voir ce film, je l'aime beaucoup (notamment les scènes avec les animaux, comme les chats ou les deux chiens près de la plage avec cet étrange phare en plein désert) bien que j'ai été un peu désarçonné par la version synthétique du sublime dernier lied de "Sans soleil" de Moussorgski (musique qui donne le titre au film). Mais c'est un film envoûtant en plus d'être un documentaire intelligent et très personnel...

J'en ai profité pour revoir "La jetée" et j'ai eu encore une seconde claque !! quel film bon sang !!!! :o décidément plus que sublime (les images, l'ambiance, les décors minimalistes mais fichtrement efficaces), et je ne me rappelais plus de sa musique mais elle est superbe elle aussi (la belle liturgie russe aux choeurs du générique et le score symphonique raffiné et inédit sur CD de Trevor Duncan - qui a semble t'il aussi signé la zique de quelques somptueux nanars pour Ed Wood - comme quoi ;-))

si quelqu'un sait ou l'on peux trouver cette musique (compilation par exemple ?)
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k-chan
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Message par k-chan »

Je n'ai pas vu grand chose de ce monsieur, mais La jetée m'a vraiment fasciné. Je ne prendrais pas la peine d'essayer d'expliquer pourquoi car je n'y arriverais pas. Mais j'ai été scié !!
J'adore le documentaire A.K. sur le tournage de Ran de Kurosawa (cinéaste que j'admire tellement !).
Sinon je me suis acheté un petit truc en dvd de chez Arte : Le tombeau d'Alexandre, qui est un doc. (de Chris Marker bien sûr) sur Aleksandr Medvedkine, un cinéaste russe, dont le coffret contient Le bohneur, un film de cet homme méconnu. Mais je n'ai pas encore pris le temps de regarder.
Pour ce qui est de Sans soleil, il faudrait que je me procure ça...
christian
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Message par christian »

k-chan a écrit :Je n'ai pas vu grand chose de ce monsieur, mais La jetée m'a vraiment fasciné. Je ne prendrais pas la peine d'essayer d'expliquer pourquoi car je n'y arriverais pas. Mais j'ai été scié !!
tout est sublime dans ce film !!!! : la musique, l'originalité du parti pris "Roman photo / diaporama", la poésie des décors (surtout la scène dans le musée d'histoire naturelle)

dans le DVD Arte, on trouve un petit docu sur un clip de Bowie qui s'inspire de "la jetée", ce qui a été une surprise pour moi car je ne savais pas du tout que le célèbre chanteur avait été lui aussi influencé par Chris Marker (comme quoi)...

la première fois que j'ai entendu parlé de ce film, j'avais seulement 9 ans !! ;-) et .... c'était au dos de la BD culte de Floch' et Rivière : "Le rendez-vous de Sevenoaks" (1979) :

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une critique du livre comparait le coté labyrinthique et cyclique des retours temporels des aventures du héros (trop compliqué à expliquer ici...) avec le film culte de Marker !! - du coup, ça m'a marqué à vie ;-) et j'avais toujours souhaité découvrir ce film une fois le moment venu...
Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

Sans Soleil est un film métaphysique qui tient à la fois du documentaire, du travelogue, de l'oeuvre d'art et de la poésie. Il prend le principe du Mondo Movie et le transcende. Je ne suis jamais allé à Tokyo mais j'imagine que Chris Marker nous en montre l'essence-même et a réalisé avec Sans Soleil l'étude définitive sur cette ville (là ou Wim Wenders dans Tokyo-Ga reste à la surface). Les images traitées par ordinateur et les jeux vidéo de l'époque (PacMan) datent le film mais renforcent encore son message : le Temps détruit tout. Beau, fascinant (la scène des défilés dansants de Tokyo pourrait durer des heures) et d'une mélancolie profonde, c'est un film auquel on doit revenir souvent quand on l'aime. Une sacrée découverte pour ma part.
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Mais au fait, que fait ce sujet en "classiques naphtalinés" ? :shock:
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vanisback
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Message par vanisback »

Bonne initiative ce post sur Chris Marker cinéaste génial et totalement atypique dans le 'paysage audiovisuel mondial' (PAM) !

Sortant d'un bac ciné, j'ai eu la chance de le voir une bonne dizaine de fois dont au mois 4 dans des festivals, donc sur grand écran (quel bonheur) ainsi que la plupart de ses autres films.

"(...) si on a pas vu le bonheur dans l'image... on en verra le noir" !

Parler de Sans soleil parait difficile tant le film repose sur quelque chose d'à la fois poétique et intangible, entre le rêve, le foisonnement d'idées...

Si ça vous intéresse, voilà un site que j'avais créé à l'occasion du bac, il est incomplet et encore en construction mais il y a tout de même le texte du commentaire du film "qui vaut son pesant de cacahuète" :wink: :

http://site.voila.fr/chrismarker/index.html

Sinon à part Sans soleil je vous conseille :

- Les Statues meurent aussi (réalisé avec Resnais) :
"Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l'histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l'art. Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture."

- A.K sur Kurosawa et le tournage de Ran comme la dit k-chan (ça m'étonne pas que tu adores, c'est un précieux document pour les fan de Kurosawa !)

- Une journée d'Andrei Arsenevitch : Film incroyable et passionnant grace auquel (mille merci) j'ai découvert l'oeuvre de Tarkovski, à voir !
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Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

Merci pour ton lien sur ton site Chris Marker qui a l'air très intéressant. Je vais aller m'y plonger.
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

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