Marcel Pagnol (1895-1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Majordome
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Message par Majordome »

Roy Neary a écrit :
Majordome a écrit :ah ! çà oui ! L'actrice principale était superbe (un trou de mémoire !!!) et le film est effectivement d'une autre trempe que son remake.
Manon était joué par Jacqueline Pagnol.
Je suis impardonnable, huhuhu!
Il avait bon goût, le bougre !
moi j'ai beaucoup le premier volet le la trilogie Marseillaise, beacoup moins les suivants... car le personnage de Marius m'a toujours fortement déplu (Fresnais m'exaspère dans ce rôle, je n'y crois pas une seconde)... J'aimais bien Oranne Demazis en revanche.
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Beule
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Message par Beule »

Majordome a écrit : moi j'ai beaucoup le premier volet le la trilogie Marseillaise, beacoup moins les suivants... car le personnage de Marius m'a toujours fortement déplu (Fresnais m'exaspère dans ce rôle, je n'y crois pas une seconde).
Je comprends ce que tu veux dire:c'est sur que la prestation méridionale de Fresnay ne transpire pa le naturel et que ses accents mélodramatiques sont un peu :? appuyés. Malgré tou je ne peux imaginer d'autre Marius. Il est pour toujours Marius comme Raimu est César ou Charpin Panisse. Va comprendre...
Moi c'est quand il se met en tête d'incarner les bretons revêches de l'île de Sein que l'Alsacien m'insupporte... Quel comédien pourtant :P
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Majordome
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Message par Majordome »

Beule a écrit :
Majordome a écrit : Quel comédien pourtant :P
Une filmo assez exceptionnelle, et un grand bonhome, c'est certain.
C'est dans le rôle de ce médecin trouble dans "Le Corbeau" que je le préfère.
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Beule
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Message par Beule »

Majordome a écrit :
Beule a écrit :
Une filmo assez exceptionnelle, et un grand bonhome, c'est certain.
C'est dans le rôle de ce médecin trouble dans "Le Corbeau" que je le préfère.
Moi je retiendrais peut-être encore plus que les Clouzot ses prestations hagardes et déchirées de Sous les yeux d'occident d'Allégret ou surtout du Visiteur de Jean Dréville. :wink:
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Majordome
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Message par Majordome »

Beule a écrit :
Majordome a écrit :
Moi je retiendrais peut-être encore plus que les Clouzot ses prestations hagardes et déchirées de Sous les yeux d'occident d'Allégret ou surtout du Visiteur de Jean Dréville. :wink:
Je n'ai jamais vu le premier et me rappelle plus du second (vu il y a trop longtemps)... Je tacherais de surveiller ciné-classique.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Beule a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Un seul film de Pagnol m'intéresserait éventuellement :
Un seul :shock:
Nul n'est parfait :?
Un seul m'intéresserait à acheter, pas un seul que j'apprécie : je n'ai pas de grandes marge de manoeuvre pour l'achat de DVD ;-)
Majordome
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Message par Majordome »

Jeremy Fox a écrit :
Beule a écrit :
Un seul :shock:
Nul n'est parfait :?
Un seul m'intéresserait à acheter, pas un seul que j'apprécie : je n'ai pas de grandes marge de manoeuvre pour l'achat de DVD ;-)
radin ! :lol: :lol: :lol:
Kurtz

Message par Kurtz »

Beule a écrit :
Majordome a écrit :
Moi je retiendrais peut-être encore plus que les Clouzot ses prestations hagardes et déchirées de Sous les yeux d'occident d'Allégret ou surtout du Visiteur de Jean Dréville. :wink:
Pour moi, il reste le capitaine Boeldieu dans la Grande illusion
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

MANON DES SOURCES et UGOLIN de Marcel Pagnol

Première version d'une histoire très sombre, pourtant sous le soleil estival de la Provence, un scénario original de Pagnol qui lui inspirera quelques années plus tard un roman, L'EAU DES COLLINES, lequel inspirera les remakes de Claude Berri.

Contrairement à Jeremy (qui, après de sévères remarques sur GERMINAL il y a quelques temps, ne semble pas porter Claude Berri dans son coeur :wink: ) j'ai revu il y a deux ans - et adoré - les versions avec Montand, Depardieu, etc...
C'était amusant de faire une petite comparaison entre les deux traitements, forcément différents.

Pagnol est un homme de mots, un écrivain. Je n'ai jamais analysé ses films mais ici la façon de faire m'a sauté aux yeux. Tout est basé sur la parole. Les scènes sont comme de mini actes de théatres, avec un jeu des acteurs plutôt statique. L'intérêt vient des échanges verbaux, on n'a ici que discussions ou monologues (dont un, très long, du curé pendant la messe). Les mots importants, la sève de l'intrigue, sont habilement mélangés à une conversation ordinaire, locale, typique, ensoleillée, pleine de bons mots qui font sourire et qui, surtout, sentent le vrai. Tout ce qu'on entend semble souvent pris sur le vif, improvisé, alors que la scène est dirigée.

Je crois que c'est Jean Renoir (ou André Bazin, je ne sais plus) qui disait que Pagnol avait été en quelque sorte le précurseur du néo-réalisme, filmant ses histoires locales sur les lieux-mêmes de l'action et de façon très véridiques. C'est d'ailleurs Pagnol qui avait aidé Jean Renoir à produire TONI en 1935, 1er film officieusement néo-réaliste (il me semble). Cette veine se ressent, donc, ici avec entre autres cet acteur quasi-inconnu qui joue là son seul premier rôle, Rellys (Ugolin). Son phrasé lorsqu'il crie son amour à Manon ou lorsqu'il commence à paniquer face aux attaques des villageois, le mélange de texte imposé avec un parler local plein d'expressions fraiches et anti littéraires est à la fois attachant et impressionnant de crédibilité.

C'est la parole qui est au centre du dispositif technique, c'est donc par la parole que se greffe tout un récit passé, indispensable à la compréhension. Ce sont les personnages du présent qui racontent les mésaventures de Manon enfant et de son père bossu. Le récit se fait par bribes tout au long des deux films, et on comprend assez rapidement ce qu'il en est. A un seul moment, Pagnol mélange les deux époques: Ugolin, en plein désepsoir, aperçoit les fantômes de cette famille qui portait des cruches d'eau sur leurs épaules. Une vision du passé qui rejoint le présent. Le reste du passé se fait dans l'imaginaire du spectateur, comme le lecteur lisant son livre, avec un récit par une tierce personne. Un procédé efficace que Pagnol abandonnera dans le roman futur puisqu'il choisira de raconter, comme Berri, les deux histoires au présent.
Le fond de l'histoire est terriblement sombre, s'attachant aux côtés les plus noirs de l'âme humaine, avec cette peinture féroce d'une petite communauté paysanne meurtrière sans se l'avouer.

Malgré quelques longueurs, cela dépend des scènes (je repense aux ultimes 10 minutes) l'histoire m'emporte toujours autant, et le charme de l'interprétation de l'époque ajoute au plaisir de suivre cette tragédie provençale.

Les descendants de Pagnol (il me semble) qui éditent cette collection n'ont malheureusement pas les moyens de leurs riches concurrents. Résultat: la restauration est très limitée, mais le film se regarde malgré tout, c'est le principal. On ne s'attardera donc pas sur les blancs brûlés (très nombreux), sur les quelques sautes d'images, la compression très visible, etc... Ni sur les bonus, un peu chiches. "Peut mieux faire", comme dirait le commissaire.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Pagnol est un artiste qui m'est cher, car c'est le premier cinéaste français qui a fait des oeuvres qui m'ont permis de m'identifier à ce qui se passait dans l'écran.

Mon trio de tête :

- La Femme du boulanger (1938)
- Angèle (1934)
- Regain (1937).
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Alligator
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Message par Alligator »

Marius (Alexander Korda & Marcel Pagnol, 1931) :

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_______________

Si ce n'est quelques moments de grandes envolées dans le pathos (entre Fresnay et Demazis, lors de leur rupture notamment) qui paraissent bien vieillotes et laissent facilement le spectateur essoufflé, de lassitude, le reste est assez surprenant.
Gorgé d'a priori négatifs à l'égard de ces productions pagnolesques, je n'avais que quelques bribes de souvenirs enfantins pour venir me chatouiller le bulbe et surtout attiser ma curiosité à retourner sur la Canebière de 1931. Et accessoirement ma lecture actuelle de la biographie de Powell qui parle bien entendu de Korda réalisateur.

Et de découvrir un film certes un peu longuet, certes un peu ordinaire dans la réalisation avec de nombreux plan-séquences immenses et statiques, mais un film bavard...

Dans le bon sens du terme, c'est à dire donnant l'occasion aux comédiens de faire vivre par le verbe des personnages émouvants, tenaillés par de vraies questions existentielles, éprouvant de vraies douleurs affectives.
C'est notamment sur ce point que j'avais un regard méprisant sur la trilogie. Je préjugeais de la valeur ou de la portée du film, l'agitation prolixe et vaine des personnages, la banalité des émotions et le simplisme de l'histoire.

Si c'est réellement le cas, alors je suis un benêt parce que j'ai été touché par ce qui se joue entre Demazis et Fresnay, touché par les lumières qui brillent dans ses yeux à lui à l'évocation des Iles-sous-levent, par les larmes qui embuent ses yeux à elle, touché par la simplicité du regard et la douceur de la voix de Raimu quand il évoque sa femme, les yeux dans le vague, la voix traînante, caressante.

Marius, je ne sais pas encore pour les deux autres opus, Marius c'est d'abord et avant tout un film d'acteurs, où on joue et on le fait bien. Le trio de tête, Raimu, Fresnay et Demazis excelle, fait merveille. Et c'est déjà tout à mon plaisir.
Alisou Two
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Message par Alisou Two »

c'est bien de commencer par MARIUS qui est avant tout une pièce de théatre comme FANNY réalisé par ALLEGRET;
Le seul véritable film réalisé par PAGNOL est CESAR;
l'oeuvre de ce cinésate est assez extraordinaire quand on sait par exemple qui tournait en même temps le matin REGAIN et l'aprés-midi LE SCHPOUNTZ ;
il faut féliciter FR3 d'avoir diffusé si souvent l'ensemble des films de PAGNOL qui commencent maintenant à exister en DVD.
d'ailleurs , parmi les suppléments consacrés à la trilogie (si souvent décriée pour la "partie de cartes") figure un excellent interview de Patrick BRION qui explique pourquoi et comment MARIUS fut réalisé par Alexandre KORDA
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Raimu surnommé Korda le "Tartare d'Olivode" !

Je ne me lasserais jamais de ce très beau film !
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Major Dundee
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Message par Major Dundee »

ALISOU TWO a écrit :parmi les suppléments consacrés à la trilogie (si souvent décriée pour la "partie de cartes")
Qu'entends-tu par là ? :oops:
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
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Message par Alligator »

peut-être que ce n'est pas la scène la plus criante de finesse, de subtilité?
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