Jean Vigo (1905-1934)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Majordome
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Jean Vigo (1905-1934)

Message par Majordome »

Sorti épuisé de la rédaction de mon chti dossier sur Vigo pour ce très honorable site qu'est dvdclassik, j'ai continué à explorer le sujet (on peut pas s'en sortir comme çà tellement c'est un auteur passionnant), et je suis tombé sur le site du mec qui a restauré l'Atalatante en 1990.
Son histoire est tout simplement formidable et passionnante...

Allez la découvrir là: http://perso.club-internet.fr/bompoint/ ... alante.htm

C'est aussi long à lire que mon dossier (sinon plus !) mais c'est scotchant.
Bravo à M. Bompoint pour sa persévérance même si elle ne fut pas récompensée à cause d'ego mal gérés...

Un seul conseil: A lire... c'est édifiant !
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

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Momo la crevette
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Message par Momo la crevette »

Passionnant. Merci pour le lien.

Momo
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
L'alcool, c'est mal.
Kurtz

Message par Kurtz »

Momo la crevette a écrit :Passionnant. Merci pour le lien.

Momo
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Alligator
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Jean Vigo (1905-1934)

Message par Alligator »

À propos de Nice (Jean Vigo, 1930) :

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Mon premier Vigo. Et grande claque. Extraordinaire documentaire, d'une modernité éclatante, au montage intelligent, vif, aux prises de vues d'une inventivité folle, du mouvement, de la richesse et un accompagnement musical entraînant.

J'ai été subjugué par la prodigieuse poésie qui ressort de cette multitude de petites facettes touristiques, cherchant pourtant a priori à insérer tous les éléments qui faisaient le Nice de 1930 et se jouant en fin de compte des pré-requis du cahier des charges. C'est à un festival d'images, de gestes, de comportements, de physiques, de lignes, d'architectures, de visions diverses etc que nous invite ce court métrage. Avec une virtuosité et une audace folle, Vigo signe là un premier film plein de force et de majesté.

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Taris, roi de l'eau (Jean Vigo, 1931) :

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Court métrage à l'aspect majoritairement didactique sur les techniques de nage du champion de natation Jean Taris. Ce dernier se prête à toutes les prises de vues sous et surmarines. Jean Vigo s'en donne à coeur joie, jouant des lumières, des prises de vues variées, des mouvements de Taris. Même s'il s'en dégage un profond plaisir à filmer, le film parait un peu trop pédagogique et froid par moments. A la longue, même si le métrage est court, il n'en demeure pas moins qu'un léger ennui peut se produire.
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Watkinssien
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Re: Jean Vigo

Message par Watkinssien »

Pour ses deux films, ce qui est déjà intéressant, c'est de percevoir l'esprit séditieux de Vigo, cette espèce de visualisation d'un écorchement vif, qui sera plus sensible dans Zéro de conduite et bien entendu dans le génial L'Atalante !
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Re: Jean Vigo

Message par NotBillyTheKid »

Ah ? J'ai adoré "La natation" ! En ce qui me concerne, je me demande si je ne le préfère pas à A propos de Nice (Génial aussi). J'ai bien aimé ce drôle d'objet didactique esthétique à l'extrême.
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Re: Jean Vigo

Message par Nomorereasons »

"A propos de Nice" est étonnant. Je me souviens d'un montage et de mouvements de caméra très narquois: à un moment, pour se moquer du style rococo ambiant, il y a un travelling latéral qui, au lieu de filer droit, épouse littéralement le contour des arcades d'un immeuble cossu.
"Jean Taris" m'avait plu; en revanche j'étais passé à côté de "Zero de conduite" mais je pense que c'est normal, seuls quelques rares privilégiés peuvent appréhender et aimer ce film comme il le mérite (c'est-à-dire, à la folie) du premier coup d'oeil.
Quant à "L'Atalante", c'est peut-être mon film de chevet, je n'en ai jamais vu d'aussi grand.
Alligator
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Re: Jean Vigo

Message par Alligator »

yaplusdsaisons a écrit :en revanche j'étais passé à côté de "Zero de conduite" mais je pense que c'est normal, seuls quelques rares privilégiés peuvent appréhender et aimer ce film comme il le mérite (c'est-à-dire, à la folie) du premier coup d'oeil.
Aïe, je ne fais pas partie de cette caste de nantis non plus.

Zéro de conduite (Jean Vigo, 1933) :

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Après l'éclatant A propos de Nice je m'attendais à quelque chose de plus proche, peut-être de plus évident, de plus facile voire naturel en quelque sorte. A part la somptueuse balade qui m'a charmé au plus haut point, me procurant plaisir et sourires, devant la superbe liberté, superbe dans tous les sens du terme, esthétique, mouvementée, philosophique n'ayons pas peur des mots, à part cet élan de pûre jouissance, je n'ai pas été transporté par le film. Peut-être quelques scènes ici ou là, le numéro chaplinesque de Dasté, le dernier plan sur ces espiègles qui montrent leur cul dans le dernier plan, effrontés mais périlleux (c'est plus la peur de tomber du toit que la démonstration de leur impertinence évidemment mais la symbolique l'est tout autant, assumée.

Film sur la liberté, l'irrévérence, le dynamisme de la jeunesse et l'écart incommensurable avec la droiture étriquée des adultes qui ont oublié leur enfance.
Film pas si abordable que ça. Avec une forme toute particulière, que je n'ai pas totalement acceptée malheureusement. A revoir.
Nomorereasons
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Re: Jean Vigo

Message par Nomorereasons »

Bon, et sinon Alligator, quand est-ce que tu te le mates "L'Atalante" (si toutefois ce n'est déjà fait)?

Je te dis ça parceque chez moi ce film il vient de loin: je venais de me farcir tout le contenu de la première galette du coffret et franchement, la première fois, je n'avais pas saisi le truc et par conséquent pas aimé.
Comme je l'ai dit, j'avais apprécié certains éléments de A propos de Nice, Jean Taris se laissait voir, mais Zero de Conduite était déjà moins bien passé; quant aux commentaires de la première galette ils ne m'avaient pas toujours passionné non plus, j'avais parfois l'impression d'une gentille réunion de famille anar mais sans réellement rentrer dans les films, on restait souvent à fleur de folklore malgré l'excellent documentaire de Jacques Rozier.
En revanche, la seconde galette, pardon! Langlois, Rohmer, Truffaut, Iosselani, et le film avec ça, on est en plein conte de fées. C'est seulement là que j'ai eu l'idée de revoir tout le coffret mais sans cela, tout restait en rade.
Dernière modification par Nomorereasons le 9 juin 08, 23:34, modifié 1 fois.
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Re: Jean Vigo

Message par Alligator »

Sous peu. J'ai un coffret Preston Sturges à finir, un autre de Sirk, deux Cecil B. DeMille sur le feu, un giallo commencé et que je peine à boucler, un Mocky que j'ai envie de revoir... Or le temps s'est rétréci ces jours-ci; les soirées plus chaudes et alanguies retiennent le jour.

Je me rends compte que Zéro de conduite a quelque peu refreiné l'enthousiasme suscité par A propos de Nice. Autant j'avais envie de me goinfrer de Vigo jusqu'à satieté après le premier court, autant là j'aurais tendance à laisser un peu de temps pour laisser venir et me donner les chances de ferrer la bête au bon moment.
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Re: Jean Vigo

Message par Nomorereasons »

Alligator a écrit :Sous peu. J'ai un coffret Preston Sturges à finir, un autre de Sirk, deux Cecil B. DeMille sur le feu, un giallo commencé et que je peine à boucler, un Mocky que j'ai envie de revoir... Or le temps s'est rétréci ces jours-ci; les soirées plus chaudes et alanguies retiennent le jour.
:lol: "L'Atalante" passe d'abord! Et achète-toi des rideaux!
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Re: Jean Vigo

Message par Alligator »

L'Atalante (Le chaland qui passe) (Jean Vigo, 1934) :

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Un très beau film avec des cadrages incroyables, d'une modernité et d'une audace peu communes. Le montage suit ce train d'enfer et d'innovation.
Les perspectives soulignées sur les quais, dans les rues, l'encadrement des intérieurs de la péniche dessinent une sorte de dyptique enserrant l'espace entre mouvement et inertie, entre dedans et dehors, intime et public, la liberté du désir et l'emprisonnement de l'amour.

Le couple Dasté/Parlo, dont le sort est le coeur du film, traverse un océan de certitudes balayées par une tempête de doutes libidinaux, amoureux, surtout existentiels. Quelle est ma place dans l'univers? Quelle est ma place dans son coeur? Qu'est-ce que je veux? Les atermoiements dans lesquels Parlo se précipite tel un papillon de nuit dans les lumières du réverbère sont les angoisses des premiers graves engagements à l'heure où les ardeurs primales laissent le pas devant l'habitude apaisée. Ce passage ne se fait pas sans violence, sans péril. Les sommets peuvent paraitre infranchissables, des points de non retour, comme cette offre alléchante de voir Paris, la ville lumières qu'un Gilles Margaritis, lutin furieusement enjoué, camelot enthousiaste, voyou espiègle, démon coquin n'a de cesse d'agiter devant les yeux embués de rêves de la jeune Parlo. Ces mêmes rêves, le père Jules les a apprivoisés; les mers du sud, les perles noires exotiques ou les machines à faire de la musique y remplacent Paris et ses aveuglantes lumières.

Le film est d'une sensualité incroyable. Chargé sexuellement. Les contacts entre les corps, entre deux regards de biais, d'en dessous, sentant la braguette, dans le réel du toucher et du baiser ou bien d'une danse rebondissante (Margaritis enlève sa Sabine Parlo à la gorge nouée de jalousie de Dasté), dans l'irréel du rêve échevelé que les amants partagent malgré la distance (la juxtaposition des peaux blanches, des muscles étirés dans la chaleur de la nuit) sont d'une fièvre et d'une puissance merveilleuses. Ils sont mimis, émeuvent et charrient avec eux nos souvenirs personnels, ceux de jadis, ceux de maintenant. Difficile de rester de marbre à ces évocations des sentiments chamboulés, des désirs malmenés.

J'ai peine à me rappeler toutes les idées, toutes les trouvailles scénaristiques ou dans la mise en scène, par le montage et les accompagnements musicaux d'une fraîcheur immensément vivifiante qui parsèment ce film, riche, très riche et que je reverrais volontiers, que je reverrai sans aucun doute. A siroter. Un soir d'été. Magnifique film d'amour, aux sous-textes multiples, à la prose débordante, un cadeau d'adieu de Vigo mort horriblement trop jeune.

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-Kaonashi-
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Re: Jean Vigo (1905-1934)

Message par -Kaonashi- »

Que choisir entre le coffret DVD français et le coffret anglais édité par Artificial Eye ? La qualité de l'édition britannique me semble très bonne, est-elle équivalente à celle de Gaumont ?
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Alligator
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Re: Jean Vigo (1905-1934)

Message par Alligator »

J'étais très content de l'édition française.
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