Lino Ventura (1919-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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cinéfile
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par cinéfile »

O'Malley a écrit :La Gifle de Claude Pinoteau (1974)

Pas terrible finalement cette Gifle qui acummule les "je quitte ma femme/ma compagne/mon petit ami", "je quitte mon boulot", "je quitte mes études", je quitte mon pays", ad nauseum et qui donne finalement un film très artificiel dans sa construction et dans ses dialogues, mais aussi très daté.
Pour le coup, c'est du Jean-Loup Dabadie mal inspiré que la mise en scène sensible de Pinoteau rehausse parfois... Même le score de Georges Delerue n'est pas pas terrible, ce qui est un comble.

Lors de sa prochaine diffusion télé, je retente La boum qui me plaisait moyen, sans plus, à l'adolescence. Juste pour voir si finalement c'est pas meilleur...

Oui assez d'accord.
Pour l'avoir découvert très récemment, j'ai trouvé le film lourdingue, mal fichu, paresseux ... jamais attachant quoi :(

Je sais pas pour La Boum mais je me suis bien amusé devant L'Etudiante (plutôt en mode : plaisir coupable :mrgreen: ).
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Supfiction
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Supfiction »

cinéfile a écrit :
O'Malley a écrit :La Gifle de Claude Pinoteau (1974)

Pas terrible finalement cette Gifle qui acummule les "je quitte ma femme/ma compagne/mon petit ami", "je quitte mon boulot", "je quitte mes études", je quitte mon pays", ad nauseum et qui donne finalement un film très artificiel dans sa construction et dans ses dialogues, mais aussi très daté.
Pour le coup, c'est du Jean-Loup Dabadie mal inspiré que la mise en scène sensible de Pinoteau rehausse parfois... Même le score de Georges Delerue n'est pas pas terrible, ce qui est un comble.

Lors de sa prochaine diffusion télé, je retente La boum qui me plaisait moyen, sans plus, à l'adolescence. Juste pour voir si finalement c'est pas meilleur...

Oui assez d'accord.
Pour l'avoir découvert très récemment, j'ai trouvé le film lourdingue, mal fichu, paresseux ... jamais attachant quoi :(

Je sais pas pour La Boum mais je me suis bien amusé devant L'Etudiante (plutôt en mode : plaisir coupable :mrgreen: ).
Ok c'est daté mais c'est justement ce qui en fait son charme aujourd'hui. Comme une façon de voyager dans le temps. Et en quelle compagnie!

Mais objectivement, La boum est meilleur à mon avis.
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Jeremy Fox
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :
Mais objectivement, La boum est meilleur à mon avis.
Pour avoir revu les deux presque en même temps j'ai trouvé La Gifle vraiment très attachant et la Boum au contraire très mauvais. Pour moi les deux films sont loin de boxer dans la même catégorie. Et pourtant j'ai été amoureux de Sophie Marceau à l'adolescence alors que je n'ai jamais aimé Adjani.

D'ailleurs j’écrivais ça dans ma chronique
...mais le cinéaste - que ce soit ou non avec Ventura - ne retrouvera plus jamais un tel niveau de réussite artistique. Il suffit pour s’en rendre compte de revoir La Boum, son plus gros hit au box-office, pour se rendre compte du gouffre qui le sépare de son précédent film intergénérationnel, celui qui nous concerne ici. En effet, autant La Gifle se voit et revoit avec toujours beaucoup de plaisir, autant les nouveaux visionnages de La Boum s’avèrent douloureux, surtout pour ceux qui, adolescents en 1981, tombèrent amoureux du film en même temps que de sa toute jeune comédienne, Sophie Marceau.
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Watkinssien
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit :
Mais objectivement, La boum est meilleur à mon avis.
Pour avoir revu les deux presque en même temps j'ai trouvé La Gifle vraiment très attachant et la Boum au contraire très mauvais. Pour moi les deux films sont loin de boxer dans la même catégorie.

Je suis tout à fait d'accord ! :)
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Supfiction
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit :
Mais objectivement, La boum est meilleur à mon avis.
Pour avoir revu les deux presque en même temps j'ai trouvé La Gifle vraiment très attachant et la Boum au contraire très mauvais. Pour moi les deux films sont loin de boxer dans la même catégorie. Et pourtant j'ai été amoureux de Sophie Marceau à l'adolescence alors que je n'ai jamais aimé Adjani.

D'ailleurs j’écrivais ça dans ma chronique
...mais le cinéaste - que ce soit ou non avec Ventura - ne retrouvera plus jamais un tel niveau de réussite artistique. Il suffit pour s’en rendre compte de revoir La Boum, son plus gros hit au box-office, pour se rendre compte du gouffre qui le sépare de son précédent film intergénérationnel, celui qui nous concerne ici. En effet, autant La Gifle se voit et revoit avec toujours beaucoup de plaisir, autant les nouveaux visionnages de La Boum s’avèrent douloureux, surtout pour ceux qui, adolescents en 1981, tombèrent amoureux du film en même temps que de sa toute jeune comédienne, Sophie Marceau.
J'aurai pas du dire "objectivement". J'aime les deux films, Adjani, Marceau, Lino et Brasseur mais je trouve La boum plus pétillant et ses personnages plus attachants. C'est aussi sans doute plus un film (romantique) pour adolescents.
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Commissaire Juve
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Commissaire Juve »

Watkinssien a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Pour avoir revu les deux presque en même temps j'ai trouvé La Gifle vraiment très attachant et la Boum au contraire très mauvais. Pour moi les deux films sont loin de boxer dans la même catégorie.
Je suis tout à fait d'accord ! :)
+1 même si j'ai trop vu le film.

J'ajoute que mon goût pour la musique de Händel a dû commencer lorsque -- ado -- j'ai découvert le film. Des années et des années plus tard, un de mes tout premiers CD de musique classique était la "Watermusic" (mais dans une interprétation plus moderne).

PS : après recherche, je pense avoir découvert le film le dimanche 27 janvier 1980, sur TF1. Pour Händel, c'était donc huit ans plus tard. :mrgreen:

EDIT : je crois que la première diffusion remonte au lundi 25 décembre 1978 sur FR3 ! Mais -- Noël oblige -- je n'avais pas pu le voir tranquillement (nous n'étions pas chez nous).
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Jeremy Fox
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Jeremy Fox »

Le Bateau d'Emile : Denys De La Patellière - 1962

Après Rue des prairies que j'avais trouvé excellent, ce réalisateur français me surprend à nouveau agréablement avec cette adaptation d'une nouvelle de Simenon à propos d'une histoire d'héritage, violente diatribe contre la bourgeoisie de province. Rarement les dialogues d'Audiard auront été aussi 'jouissivement' méchants, misogynes et virulents, les quatre acteurs principaux cabotinent avec talent -mention spéciale à Annie Girardot absolument géniale et un Ventura que je n'avais pas l'habitude de voir dans ce genre de rôles- et si le scénario n'a rien d'exceptionnel, il prend des virages assez inattendus, passant de la satire 'drolissime' à un ton parfois très noir. Et puis De La Patellière nous propose un montage assez étrange avec notamment certains plans durant bien plus que de coutumes pour ce genre de films sans que ce ne soit vraiment nécessaire et des ellipses tout aussi culottées, pas toujours dans le bon sens du terme. Et puis pour saupoudrer tout ça, une belle réussite musicale de Jean Prodromides. Certes pas un grand film mais cependant une bien belle surprise.
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Commissaire Juve
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :Le Bateau d'Emile : Denys De La Patellière - 1962

.
J'imagine que tu l'as découvert dans la version non compatible 16.9e ? (je n'en connais pas d'autre)

Je l'avais acheté en édition kiosque (il y a onze ans... comme ça file) : la jaquette indiquait une compatibilité 16.9e, mais je me suis retrouvé avec du 2.35 en 4.3e... La haine ! :x
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Le Bateau d'Emile : Denys De La Patellière - 1962

.
J'imagine que tu l'as découvert dans la version non compatible 16.9e ? (je n'en connais pas d'autre)

Oui, mais à 1 euro dans un "coffret" contenant aussi Cent jours à Palerme.
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Jeremy Fox
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Jeremy Fox »

Père Jules a écrit :Découverte de La septième cible hier soir. Un film intéressant avec une belle ambiance oppressive. La présence de Lino assure au film sa tenue de route (avec en bonus un pathétique personnage interprété par Jean Poiret et un cocasse Bacri) et la musique de Cosma est probablement l'une de ses plus réussies. Cependant, le dénouement m'a semblé particulièrement bâclé ce qui entache le sentiment d'appréciation globale. Dommage.

Très bonne surprise également pour ma part ; bonne ambiance, pas mal d'humour, toute une tripotée d'excellents seconds rôles dont l'actrice qui joue la mère de Ventura et un inénarrable Bacri. Bien aimé la musique de Cosma. Mieux apprécié que Le silencieux dont j'ai trouvé que la mise en scène avait un peu vieilli.
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Erich
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Erich »

A signaler, une exposition modeste mais assez jolie consacrée à Lino Ventura au musée des Avelines à Saint-Cloud (92). Elle se compose essentiellement d'affiches, de photos (films, tournages) et de divers documents (scénarii, dessins de décors [Les Tontons Flingueurs, Boulevard du Rhum]...) issus notamment des collections de la Cinémathèque Française. Rien de spectaculaire, pas de costumes de films par exemple, mais sa carrière est évoquée de façon assez intelligente, avec des regroupements de films selon divers thèmes (l'amitié avec Gabin, les comédies avec Lautner ou Lelouch, les films tirés de séries noires, les rôles d'hommes désabusés à la recherche d'une vérité [Garde à vue, Un papillon sur l'épaule, Cadavres exquis...]...). Quelques vidéos intéressantes dont le témoignage de Lelouch sur La bonne année et L'aventure c'est l'aventure. L'ensemble est sans prétention et plutôt réussi.
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par tindersticks »

Cosa Nostra est disponible en Allemagne.

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https://www.amazon.de/Die-Valachi-Papie ... A383370011
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Roilo Pintu »

Adieu Poulet (Pierre Granier Deferre - 1975)

Découverte, plaisir garantie autour d'un duo d'acteurs choc dans un polar sous fond de magouilles politiques. L'intrigue n'est pas originale, l'intérêt réside dans ce binôme que tout oppose (âge, méthode, caractère..), le french buddy movie avant l'heure. Ventura et Dewaere excellent dans des habits déjà connus et appréciés, mais ça ne se refuse pas. Autour d'eux un casting de gueules du cinoche des 70s (Lanoux, Gyomar, Tornade, Brosset...). Veber signe le scénario, et nous fait plus plaisir par certaines lignes de dialogues que par une intrigue sans surprise, Grannier Deferre dévie parfois vers la grosse comédie (l'évacuation du commissariat), le film se clôt sur une très bonne scène / sortie de Ventura.
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Roilo Pintu
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Roilo Pintu »

Ventura, plein d’humanité, grande gueule, cœur d’or, protecteur, bienveillant, dans un film d’aventure qui lui va (comme d’habitude) comme un gant.

Les Aventuriers (Robert Enrico – 1967)
Un film qui traverse bien le temps, gentiment, une histoire simple et solide sur l’amitié avec en toile de fonds un brin d’aventure exotique et d’action, le tout étant porté par le savoir-faire d’Enrico et bien sûr par un duo d’acteurs monstrueux de charisme. Delon et Ventura se complètent parfaitement et apportent la crédibilité plus que suffisante aux personnages de Manu et Roland (les superlatifs ne sont pas assez nombreux). Leur amitié résistera à tout, même à la belle Laëticia (un charme fou et naturel).

L’aventure est dans les airs, sur les pistes, sous l’eau mais elle est surtout sentimentale, romantique. Une romance d’amitié à trois qui est l’âme du film, et qui alternera les moments de tendresse, d’insouciance, de nostalgie, de tristesse. La réussite du film c’est sa capacité à capturer de façon très légère et sincère ces moments simples qui vont construire l’amitié (la première partie prend le temps nécessaire), la consolider (la chasse au trésor et ses tranches de vies sur le bateau) tout en ayant en filigrane cette mélancolie qui semble sceller le destin des amis. Le cœur du film est habilement (et parfaitement) soutenu par la musique de De Roubaix ; au rythme effréné du piano des aventuriers Manu et Rolland, se superpose la ballade mélancolique sifflée ou en solo de guitare de Laëtitia. On imagine sans mal que la musique ait bousculé le montage du film, impossible de dissocier l’image de la bof, le mariage des thèmes semble être né pour ce film, et pourtant De Roubaix recycle le thème des aventuriers, prévu initialement pour le thème d’OSS 117 d’Hunnebelle, l’illusion est parfaite.

On s’amuse de suivre les exploits, de partager les moments de complicité de ce trio. L’insouciance des débuts se fait rattraper par la fatalité, l’aventure s’arrête, porté par un moment de poésie assez touchant, sublimé là encore par François de Roubaix (c’est également troublant et glaçant quand on connait le destin du compositeur). Ensuite chacun poursuit sa route comme il peut, ensemble, de son côté (là aussi le film prend le temps nécessaire pour partager la tristesse, j’aime beaucoup toute la partie recherche de la famille), ou pour mieux se retrouver à Fort Boyard, lieu mythique, celui des rêves perdus, ceux qu’on veut partager, reprendre, pour se retrouver, pour se souvenir. C’est aussi le lieu des derniers enjeux, des derniers drames, des derniers instants, de ceux qui scellent l’amitié à jamais, mais aussi du constat amer que les rêveurs (ceux qui veulent pousser leurs limites, quitter la grisaille) se font attraper par la vie et ramener à la réalité.

Roland seul, sa tête prise dans ses bras, dans l’incompréhension de la situation, c’est pour moi toujours aussi touchant et troublant que Manu écoutant son ami l’apaiser de mots réconfortant.

La nostalgie des bons moments passés, des rêves perdus, d’un type de cinéma qui n’est plus.

Les Aventuriers
est un film qui continue toujours à me parler, à me toucher.
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Major Tom
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Re: Lino Ventura (1919-1987)

Message par Major Tom »

Bravo pour ton joli texte une fois de plus, Roilo Pintu ! J'ai justement revu ce film cette semaine avec beaucoup plaisir, notamment pour sa remarquable BO. Je ne savais pas qu'elle avait été composé pour OSS 117 à la base (on y a franchement gagné avec ce changement :D). En accompagnant leur jeu par son talent unique, De Roubaix aura vraiment gâté Joanna Shimkus et Delon (Le Samouraï la même année), les rendant inoubliables. Dommage aussi que Shimkus ait quitté le cinéma assez vite. Dans le livret d'une compilation De Roubaix, Philippe Sarde avait confié à quel point Enrico s'était senti terriblement marqué par la disparition de son compositeur fétiche, avec lequel il n'aura fait qu'une seule infidélité... avec Ennio Morricone pour Le Secret, donc on lui pardonne ! Après leur dernière collaboration (Le Vieux fusil), jamais Enrico ne retrouvera une telle complicité avec un compositeur par la suite... Je découvre en ce moment Le Rapace de Giovanni (en qualité médiocre), où on retrouve notre cher Lino habillé par De Roubaix, et c'est la grande classe.

Au sujet d'Adieu poulet, je remets ici le texte de Francis Veber au sujet de Lino Ventura, qui peut éventuellement expliquer certaines choses :) :
Quand il n'aimait pas une scène, il disait : "C'est pas dans ma morphologie", ce qui pouvait se traduire par : "Ça ne correspond pas à l'image que je veux donner de moi-même." Et je l'ai vu passer à côté de sujets exceptionnels parce que "c'était pas dans sa morphologie".
J'ai écrit Adieu poulet, un film tiré d'une Série noire de Jean Laborde. Le roman était basé sur l'histoire authentique d'un flic accusé de corruption. Il s'était fait entretenir par une prostituée et se justifiait en disant que c'était pour infiltrer le monde de la pègre. Les cadeaux de sa maîtresse, costumes sur mesure, gourmette en or, etc. lui permettaient de passer pour un voyou et de mener à bien son enquête.
Lino avait lu le livre et accepté le rôle. Les producteurs me confièrent l'adaptation et se montrèrent satisfaits de mon travail. Ce ne fut pas le cas de Lino qui refusa le scénario en disant : "Lino ne se fait pas acheter par une pute."
C'était le sujet du livre et il avait donné son accord, mais il faisait brusquement machine arrière et tout ce que j'avais pu écrire devenait caduc.
J'allai le voir pour tenter de le fléchir :
- Lino, ce n'est pas toi qui te fais acheter par une pute, c'est ton personnage.
Il a réfléchi un peu et reconnu avec bonne foi :
- T'as pas tort, là.
Et il a ajouté :
- Mais Lino se fait pas acheter par une pute.
- Lino, quand dans
Le Rouge est mis de Gilles Grangier, tu abats à la mitraillette une trentaine de types, ce n'est pas toi qui les tues, c'est ton personnage, non ?
- Peut-être... mais Lino se fait pas acheter par une pute.


J'ai dû récrire le scénario en faisant des acrobaties pour que Lino reste intègre et je pense que la mouture qu'il a tournée est nettement moins bonne que celle qu'il a refusée.
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