Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Tant qu'à faire, je reposte ici. :mrgreen:
Commissaire Juve a écrit :Arf ! Terrible, ce film. :mrgreen:

J'en parlais ici.

Mais je n'irais pas jusqu'à le racheter. J'attends plutôt des trucs comme Payroll. :roll:
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Commissaire Juve a écrit : Niveau d'anglais : débutants s'abstenir... c'est bien simple, pendant un moment, je me suis demandé si on n'était pas retournés du côté de Manchester ! :? On a un parler East End pas possible, presque une langue inconnue. On comprend parfaitement ce qui se passe (on doit piger les 20 / 30% utiles + la magie du cinéma), mais, on perd une foule de détails dans un baragouin limite décourageant. Un grand merci à StudioCanal de n'avoir pas mis au moins des sous-titres anglais. :roll:
Et là j'étais content d'avoir des sous-titres anglais sur le BR sinon faut s'accrocher avec le slang cockney comme tu dis on dirait presque une langue inconnue :mrgreen:
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Re: Le Cinéma britannique

Message par bruce randylan »

Je note pour une prochaine commande du coup :)
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Rick Blaine
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :
Commissaire Juve a écrit : Niveau d'anglais : débutants s'abstenir... c'est bien simple, pendant un moment, je me suis demandé si on n'était pas retournés du côté de Manchester ! :? On a un parler East End pas possible, presque une langue inconnue. On comprend parfaitement ce qui se passe (on doit piger les 20 / 30% utiles + la magie du cinéma), mais, on perd une foule de détails dans un baragouin limite décourageant. Un grand merci à StudioCanal de n'avoir pas mis au moins des sous-titres anglais. :roll:
Et là j'étais content d'avoir des sous-titres anglais sur le BR sinon faut s'accrocher avec le slang cockney comme tu dis on dirait presque une langue inconnue :mrgreen:
Même si Canal nous prive toujours de la plupart des films anglais en France, au moins maintenant on a des STA sur les BRs ce qui évite ce genre de mauvaises surprises.
J'en ai profité pour en commander quelques uns, notamment pour upgrader Payroll.
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Commissaire Juve
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Storm in a teacup (Ian Dalrymple & Victor Saville, 1937)

Cela se passe en Ecosse. Un journaliste fraîchement débarqué de Londres (Rex Harrison) décide de prendre la défense d'une marchande de glace ambulante dont le chien doit être euthanasié parce qu'elle n'a pas payé la taxe sur les canidés. Il se heurte au maire, un type autoritaire, quelque peu borné, le ton monte, monte, et l'affaire finit par prendre des proportions considérables... le tout sous les jolis yeux de Victoria (Vivien Leigh), la fille de l'édile.

Wow ! Donc, comme le dit si bien le titre : "Tempête dans un verre d'eau" ! (traduction française, bien sûr).

En très résumé : vous prenez un film de Fernandel des années 30 / 40, vous remplacez les comédiens provençaux par des Écossais, vous saupoudrez avec des chiens et vous obtenez ce chef-d'oeuvre (dépeint comme une screwball comedy). Objectivement, ça ne vole pas tellement plus haut.

Même avec quelques très jolis plans de visage de Vivien Leigh.

Côté niveau d'anglais : wouf ! comme je l'ai dit, on est en Écosse et les comédiens en font des caisses avec l'accent. En dehors de Rex Harrison et de Vivien Leigh, tout le reste de la distribution est relativement épuisant -- pour ne pas dire "difficile" -- à suivre. On comprend l'histoire, mais on perd 70% des détails.

Pour la qualité du DVD : c'est par ici.

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PS : à propos de screwball comedy, il me vient à l'esprit que Elle et moi (avec Dany Robin et François Périer) est sans doute un essai français de screwball comedy.
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Message par Profondo Rosso »

Akenfield de Peter Hall (1974)

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Akenfield est une œuvre culte du cinéma anglais dont il constitue la plus marquante évocation filmée de la tradition rurale locale. A l'origine on trouve le livre à succès de Ronald Blythe paru en 1969. Blythe originaire du comté du Suffolk va recueillir une série d'anecdotes sur l'histoire de la région et ses habitants qu'il va transposer dans Akenfield, entre description rigoureuse et tonalité bucolique et nostalgique. Peter Hall également issu du Suffolk est fasciné par le livre à sa sortie et mettra près de quatre ans à réunir le financement pour une adaptation. Surtout artiste de théâtre (sa filmographie se limite à 6 films et quelques productions télévisées contre une centaine de production théâtrale notamment via la Royal Shakespeare Company ou la Peter Hall Company), Hall aborde le film dans un esprit documentaire avec pour casting des non-professionnels auxquels il laisse une grande part d'improvisation et une inspiration entre Robert Bresson et L'Homme d'Aran (1934) de Robert Flaherty.

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L'histoire se situe au carrefour des époques dans ce village d'Akenfield. Tom Rouse (Garrow Shand), modeste ouvrier agricole s'apprête en ce jour à enterrer son grand-père et homonyme. La voix-off du défunt (Peter Tuddenham) accompagne les premières images pastorales de la campagne d'Akenfield et, par son expression vieillotte laisse à croire que nous voyons un film d'époque. La narration est plus complexe que cela puisque cette voix-off ponctuera parfois des séquences contemporaines ou alors des temps plus anciens de la région. Cette approche se fait en réaction des hésitations du jeune Tom Rouse, qui a vécu toute sa vie à Akenfield et souhaite s'ouvrir à d'autres horizons. Tout respire un avenir sans issue et une vie terne pour lui mais qui n'est rien comparé au labeur d'antan où le paysan était soumis au propriétaire terrien et devait littéralement se tuer au travail pour nourrir sa famille. La voix du vieux Tom Rouse tout comme l'imagerie grisâtre et sinistre du passé viennent nous le rappeler, la seule vision d'ailleurs du patriarche ayant été son engagement (volontaire dans le but d'échapper à sa condition) lors de la Première Guerre Mondiale. Peter Hall use du montage pour situer le l'écart de vie des époques à tout point de vue. Une classe unique et clairsemée d'enfant de paysan s'oppose ainsi à une école maternelle contemporaine bondée et animée. Un champ ensoleillé et verdoyant du présent reprend sa nature de terre boueuse qu'il faut se briser le dos à travailler sous une température glaciale. Pourtant la nostalgie de la voix-off se souvient avec bienveillance de ces temps difficiles alors que Tom Rouse traverse avec indifférence le confort de la vie rurale moderne où les tracteurs et autres machines agricoles adoucissent la tâche.

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Peter Hall ne célèbre pas le passé au détriment du présent et inversement, mais dresse objectivement les limites de chacun- tous cela associé à de belles idées formelles comme Tom observant à l'horizon la silhouette de son grand-père revenant au pays en guenilles après la guerre 14-18. On partage ainsi la frustration de Tom face à la pression sociale qui le pousse à rester alors qu'il aspire à migrer vers l'Australie. Cette peur de l'ailleurs souvent associée à l'insularité britannique est contrebalancée des visions de fraternité qui explique pourquoi Akenfield semble si dur à quitter. La scène de vendange et la harangue des propriétaires qui suit déploient une envoutante scène de communion magnifiquement filmée par Peter Hall. L'intime aussi revêt cette tonalité à double tranchant, la scène d'enterrement et la mémoire des anciens se mêlant à l'insistance de la mère et de la fiancée de Tom quand elles découvrent ses envies d'ailleurs. Une source de discorde là aussi pas neuve, les flashbacks montrant le vieux Tom Rouse à l'inverse pressé de quitter la région par sa femme lasse de cette vie de misère. Formellement le réalisateur oscille entre sécheresse documentaire (tant dans le langage que le détail des travaux fermiers) et un lyrisme envoutant.

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La photo d'Ivan Strasberg baigne l'ensemble dans une lumière naturelle où l'on sent les heures de longues attentes de l'éclairage idéal. La poésie peut superbement s'inviter comme lors de la scène de cérémonie d'enterrement où en un panoramique, on passe d'une époque à l'autre, les voix devenant masculines et les convives laissant place aux jeunes soldat avant le départ pour la Première Guerre Mondiale. L'enterrement présent et la messe du passé se renvoient une même aura morbide, puisque comme nous le rappelle la voix-off nous rappellera le peu de rescapé sur les nombreux mobilisés de la région. La civilisation semble être l'indicible source de déclin de cette existence puisque la Deuxième Guerre Mondiale décimera encore un peu plus la jeunesse d'Akenfield, là encore la rencontre romantique des parents de Tom Rouse (joué par le même Garrow Shand dans toutes les époques) en plein blackout ayant son retour de bâton mortifère. Le ton austère demande certes un temps d'immersion mais envoute de bout en bout, notamment grâce à la magnifique musique de Michael Tippett (remplaçant un Benjamin Britten malade, lui aussi originaire du Suffolk) dont le Fantasia Concertante on a Theme of Corelli ajoute encore à l'émotion de l'ensemble. La magnifique conclusion célèbre magnifique les espérances du départ comme l'apaisement du retour, le souvenir d'Akenfield restant indélébile quel que soit le choix final. 4,5/6

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Jeremy Fox
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Les quatre plumes blanches de Zoltan Korda par Justin Kwedi à l'occasion de sa sortie en DVD chez Elephant Films.
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

No Trees in the Street de Jack Lee Thomson (1959)

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No Trees in the Street est un saisissant polar social signé par un Jack Lee Thompson habitué à explorer les bas-fonds durant sa remarquable première partie de carrière avec des réussite comme Yield to the Night (1956) ou Les Yeux du témoin (1959). Le film adapte la pièce de théâtre éponyme de Ted Willis (jouée en 1948) qui en signe également le scénario. Willis en plus de ses multiples talents et d'une écriture frénétique (dramaturge, scénariste et écrivain, il figure au livre Guiness des records comme un des auteurs les plus prolifiques de la télévision, auquel s'ajoute 34 pièces et 39 scénarios de films) est aussi connu pour sa profonde sensibilité de gauche qui lui vaudra d'être secrétaire de la Young Communist League puis un des membres les plus actifs du Parti Travailliste. On ne s'étonnera donc pas du propos profondément engagé de No Trees in the Street dont la noirceur prolonge des tentatives hollywoodiennes comme Primrose Path (1940) et anticipe un Affreux sales et méchants (1976) avec une même vision glauque des bas-fonds et un semblables regard désabusé et monstrueux sur la cellule familiale.

Dans le Londres d'avant-guerre, toute la fange, la misère et la criminalité semble s'être concentrée dans le quartier de Kennedy Street. Hetty (Sylvia Syms) est une jeune femme cherchant à quitter le quartier et échapper à sa condition mais qui y est enchaînée malgré elle. Son frère Tommy (Melvyn Hayes) est au bord de la délinquance tandis que sa mère (Joan Miller) la pousse dans les bras du parrain local Wilkie (Herbert Lom) fou de désir pour elle. Jack Lee Thomson dresse un portrait sordide des lieux et de ses mœurs, la caméra arpentant les ruelles crasseuse où défilent enfants en guenilles, explore les immeubles et appartements insalubres -c'est d'autant plus impressionnant que tout est filmé en studio - mais surtout la débauche de ses habitants. Entre le père aveugle et impuissant face à la dérive de sa famille, la mère oubliant ses soucis en beuverie quotidienne et le frère sur la corde raide, le tableau est saisissant. Lorsque Tommy est entraîné par Wilkie vers un hold-up avorté, la face sombre de celui-ci se révèle et les maigres espoirs d'Hetty de le ramener dans le droit chemin. Melvyn Hayes en post adolescent chétif semble écrasé à la fois par un déterminisme social inéluctable qu'il ressent physiquement à travers la brutalité de sa mère et l'intimidation de Wilkie. La voie criminelle et particulièrement le moment où il entrera en possession d'une arme révèle son caractère faible et inconsistant à travers le sentiment de toute puissance qu'il ressent alors. Se battre pour s'en sortir semble un combat vain et inutile qu'Hetty va bientôt abandonner pour céder à la facilité. La dimension théâtrale ressurgit dans la manière dont cet appartement semble concentrer l'horizon limité des personnages que Jack Lee Thompson resserre par sa mise en scène. Lors de la scène clé où elle arrête de lutter, la voix enjôleuse et hypocrite de sa mère et les effets de l'alcool isolent Hetty (Sylvia Syms plus poignante que jamais), l'exiguïté de l'appartement devenant une prison mentale où Thompson se fige sur son visage désormais sans expression.

Ce côté étouffant se traduit également par la photographie stylisée de Gilbert Taylor dont les jeux d'ombres semblent également emprisonner les protagonistes, notamment la scène de vol nocturne. Le scénario ose des moments très dérangeants avec la démence de Tommy arme au poing et une scène de simili viol assez glaçante. Une des forces du film est de ne pas avoir de véritables méchants, c'est la spirale de la misère passée ou présente qui aura fait des personnages ce qu'ils sont. La mère indigne jouée par Joan Miller pense réellement rendre l'existence de sa famille meilleure en "vendant" sa fille, son milieu ne l'a pas accoutumée à d'autre manière de s'en sortir et le final où tout s'écroule n'en sera que plus douloureux. Même le caïd qu'incarne Herbert Lom cède à sa passion réelle pour Hetty, qui l'empêche de commettre l'irréparable lors d'une scène clé mais amène à manipuler tous son entourage pour arriver à ses fins. Quand à Tommy c'est un faible soumis à sa frustration et malgré ses exactions la figure la plus innocente du film. Les barres d'immeuble sociaux anonymes de l'Angleterre 60's, le passage de la guerre ayant détruit la Kennedy Street qu'on aperçoit dans l'épilogue figure autant l'espoir (symbolisé par les arbres ayant enfin leur place dans le quartier en allusion au titre du film) que d'autres lendemain qui déchantent pour les démunis. Ce croisement du kitchen sink drama et du polar constitue en tout cas une vraie belle réussite méconnue. 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Tamasa fait preuve d'une vraie belle initiative en ces vacances de la Toussaint en faisant découvrir ce classique anglais du film pour enfant. Par sa tendresse, son message optimiste et sa fascination pour le train, Les enfants du chemin de fer sont fin prêts à séduire aussi le public français, petits et grands.
La critique du film par Justin Kwedi

Je serais très curieux de voir ce film en tout cas.
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Mr. Denning Drives North d’Anthony Kimmins (1951)

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Ceci est l'expose des circonstances qui ont arraché Denning à sa bienheureuse quiétude pour lui imposer double rôle de chasseur traqué et de gibier poursuivant Ceci est l'histoire des événements qui ont amené surhomme à sangloter dans les bras de sa femme, cachant les yeux pour fuir la réalité, qui lui est de plus en plus intolérable encore que les cauchemars qui hantent ses nuits...

Mr. Denning Drives North est la première collaboration entre le scénariste australien Alec Coppel et le réalisateur Anthony Kimmins. Le duo donnera deux ans plus tard l'excellente comédie Captain Paradise qui ouvrira à Alec Coppel les portes d'Hollywood pour notamment deux prestigieuses collaborations avec Hitchcock avec La Main au collet (1955) et surtout Vertigo (1958). C'est donc bien dans le thriller que s'illustre Alec Coppel ici qui adapte son propre roman L'assassin court toujours. Le thème du film annonce d'ailleurs la dualité psychologique de Captain Paradise avec déjà un père de famille tiraillé, pas dans une culpabilité polygame mais criminelle où la quiétude du cadre familial ne peut lui faire oublier un acte meurtrier involontaire.

C'est lorsqu'il nous fait adopter le point de vue coupable de son héros que le film fonctionne le mieux. Le récit s'ouvre une frénétique scène de conduite sur une route nocturne déserte de Tom Denning (John Mills), l'agitation du personnage se ressentant par le découpage heurtée de Kimmins, la séquence évoquant le rêve tourmenté. Ce sera d'ailleurs plus explicite avec la séquence suivante, vrai scène de cauchemar où Denning se voit condamné à mort par un tribunal imaginaire. Avant de nous révéler ce qui ronge tant le riche industriel Tom Denning, Kimmins en dévoile divers éléments déclencheurs plus ou moins liés : l'activité stressante de sa société d'avion, le retour au foyer de sa fille Liz (Eileen Moore) dont on devine l'absence par un conflit familial... Tout dans la mise en scène claustrophobe d'Anthony Kimmins ainsi que dans le jeu tendu à bloc de John Mills contribue à installer un climat anxiogène dont la seule lumière vient de l'épouse attentive jouée par Phyllis Calvert. La révélation du crime de Denning sera le sommet de ce climat oppressant. Soucieux d'éloigner de sa fille un amant douteux et perverti joué par Herbert Lom (qui en une courte présence à l'écran parvient à distiller le caractère détestable et intéressé de son personnage), Denning va accidentellement le tuer et la traversée nocturne d'ouverture était en fait un fragment de la difficile manœuvre du héros pour se débarrasser du cadavre. Entre urbanité expressionniste et échappée en forêt frôlant le fantastique (la saisissante apparition de la pleine lune) toute la séquence constitue un intense morceau de bravoure.

La culpabilité du personnage reposera donc sur cet acte fatidique, mais également sur une angoisse insoluble du fait que le cadavre semble n'avoir jamais été retrouvé. Denning va donc mener une enquête assez paradoxale, remontant la piste de son propre crime afin d'apaiser son esprit. Les idées formelles jouant sur la répétitivité du fameux trajet vers le nord de Denning participe subtilement à cet effet d'hypnose ressenti au départ. Malheureusement le film va perdre de son attrait en s'éloignant de cette veine psychologique pour se montrer maladroitement explicatif. Si cela est peut-être plus clair dans le roman, à l'écran c'est à se demander si le héros cherche vraiment à se faire démasquer tant il multiplie les maladresses le rendant bien visible aux yeux de la justice (notamment un policier joué par le futur "M" Bernard Lee). C'est laborieux, bavard et particulièrement poussif dans côté explicatif artificiel (les scènes de procès sont interminables) et pire, la mise à mal intéressante de la cellule familiale initiale vire à la résolution gentillette et moralement douteuse. C'est vraiment un beau gâchis tant les prémisses étaient originaux et prenant. Heureusement comme précédemment évoqué Anthony Kimmins et Alec Coppel manieront avec plus de brio et d'audace des thématiques voisines dans la comédie Captain Paradise. 3/6
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Small World of Sammy Lee de Ken Hughes (1963)

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The Small World of Sammy Lee est une vraie œuvre de transition du cinéma anglais, partagée entre les audaces qu'autorise une censure plus souple et un récit dans une tradition sociale plus classique. Nous suivons la journée compliquée de Sammy Lee (Anthony Newley) bonimenteur dans un club de striptease de Soho et dont l'attrait du jeu va causer de sérieux problème. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une partie de poker qu'il pousse une nouvelle fois trop loin pour sa perte. Un parrain local auquel il doit 300 livres lui envoie d'ailleurs deux hommes de main pour le faire payer. Après des négociations difficiles avec les deux brutes, il obtient cinq heures pour réunir la somme et commence donc une course contre la montre. Ken Hughes s'était fait connaître par sa transposition en polar de Shakespeare avec Joe MacBeth (1955) et on retrouve ce talent à explorer les bas-fonds et les environnements urbains du quartier de Soho. Le réalisateur se déleste d'ailleurs de l'urgence attendue par la situation du héros pour s'attarder sur l'étude de mœurs et l'exploration de Soho à travers les pérégrinations de Sammy. On est ainsi plus proche d'une variation de Huit heures de sursis où la dette insurmontable de Sammy aurait remplacé la blessure mortelle de James Mason. Le parallèle est d'autant plus évident avec le caractère de Sammy, trop doux et pas assez impitoyable pour s'en sortir tout comme James Mason était dépourvu de cet instinct violent et en constante situation de faiblesse dans le classique de Carol Reed.

Sammy aura beau monter toutes les combines les plus douteuse, son humanité le trahira tant il n'osera franchir la ligne rouge morale pour s'en sortir. Que ce soit avec sa voisine prostituée prête à le dépanner où son frère commerçant, Sammy recule toujours avant de dépasser les bornes tandis que la journée avance cruellement et qu'il court à sa perte. L'interprétation d'Anthony Newley tout en désinvolture fataliste amène un capital sympathie certain au personnage, sa moue boudeuse acceptant la tournure tragique des évènements jouant beaucoup sur le ton relâché du film sous la noirceur. L'environnement glauque brisant des protagonistes trop tendre est au centre du récit, particulièrement avec l'oie blanche dévoyée Patsy (Julia Foster) confronté au sordide monde des peep-show. Ken Hughes ose d'ailleurs des scènes de nudités à l'érotisme appuyé pour l'époque, rendues de plus en plus sordides au fil du récit notamment l'expérience de la "scène" de Patsy équivalent presque à un viol dans l'idée. Seule la monstruosité semble permettre de survivre dans ses bas-fonds (l'étonnant personnage de collecteur de dettes compréhensif), Sammy rencontrant les personnalités les plus pittoresque et intimidantes dans les bars enfumés. Le tournage studio ne se ressent pas dans les atmosphères urbaines et la population cosmopolite qui prolonge les tentatives d'un Basil Dearden. En dépit de quelques longueurs un film intéressant et atypique dans l'ensemble. 4,5/6
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Re: Le Cinéma britannique

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Reprise en salles ce jour du Livre de la jungle de Zoltan Korda par Swashbuckler Films.
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Message par bruce randylan »

Recherché pour meurtre / Wanted for murder (Lawrence Huntington - 1946)

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Obsédé par son père désormais décédé et ancien bourreau, un homme est pris de pulsion qui le pousse à étrangler des jeunes femmes. Sa route croise celle d'une vendeuse de disques que courtise également un chauffeur de bus

Signé par un obscur artisan, ce polar ne manque pourtant pas d'intérêt et de charme grâce en bonne partie à ses comédiens et son scénario, co-écrit par Emeric Pressbuger. Je ne sais pas si ça vient de lui ou non (il y a 2-3 autres personnes créditées) mais il y a plein de petites bonnes idées dans ce script avec en premier lieu quelques touches sociales sur l'Angleterre d'après-guerre. Des petits détails en arrière-plan (comme un figurant récupérant des reste d'un repas abandonnés, des scènes dans le métro ou dans le bus, des dialogues bien sentis) qui servent autant de "gags" que de valeurs rajoutés qui consolident l'originalité du script. On devine une volonté de sortir des conventions du "London Gothique" et expressionnistes. On échappe ainsi aux sordides ruelles nocturnes pour des extérieurs comme celui de Hyde Park où prend place le final avec son escapade en barque et sur une petite île isolée.
Et il y a donc les personnages, vivant et attachant, même le méchant qu'on parvient à prendre en pitié par son écriture névrotique. C'est Eric Portman qui l’interprète à merveille pour réussir à lui donner de l'épaisseur.

La réalisation est moins marquante mais se révèle plaisante sans arriver à égaler le niveau de l'ouverture se déroulant lors d'une grouillante fête foraine avec de très longs travellings au milieu de la foule (j'ai cru voir au générique qu'elle était du fait d'un autre cinéaste). Dans l'ensemble c'est honnête, avec une photographie tout à fait décente mais sans génie aussi. On va dire que le découpage et la caméra manquent un peu de punch et d'impact à part dans les séquences où Portman est pris de fièvre meurtrière dans sa chambre. Mais ça colle bien avec la nonchalance "So british" et l'atmosphère du scénario.
Toujours est-il que la traque final possède un indéniable suspens qui le rattache à Hitchcock, sur une note évidement mineure.


Dancing with crime (John Paddy Carstairs - 1947)

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Un chauffeur de taxi est l'ami d'un gangster du marché noir qui connait depuis son enfance et avec qui il a fait la guerre. Celui-ci est blessé par des rivaux et fini par décédé dans la voiture de ancien frère d'armes. Le chauffeur de taxi et sa fiancée mènent leur propre enquête qui les conduit dans un dancing.

John Paddy Carstairs est tout aussi peu connu que Lawrence Huntington mais n'a pas la chance d'avoir un scénario astucieux sur lequel se reposer. Et c'est bien dommage car avec son univers du marché noir, d'ancien soldat ayant du mal à s'adapter au retour à la vie active, les femmes contraintes de travailler dans les clubs de danses et le monde des mafieux, il y a là aussi plein de pistes à approfondir pour étoffer ce petit film noir. Dénué de caractère, Carstairs essaie tout de même de cacher un peu la poussière sous le tapis avec quelques plans jouant de la profondeur de champ et en multipliant les mouvements de grue mais dans l'ensemble, on voit vite qu'ils tournent à vide (à part celui ironique après un accident de voiture mortel qui va recadrer un magasin de fleurs).
Le script, linéaire, est dans la même logique en étant un peu trop mécanique qui peine à peu à se montrer passionnant ou menaçant malgré un certain nombres de rebondissements et de traquenards.
Faut dire que les comédiens manquent eux aussi de charisme (dont Richard Attenborough) et n'échappent pas à un lissage un peu fade. Il parait qu'on y voit Dirk Bogarde dans son premier vrai "rôle" identifiable mais non crédité (j'avoue ne pas l'avoir identifié).

Sa photographie et quelques séquences (la mort du copain et le final principalement) lui valent la moyenne.
Et une ligne de dialogue est géniale. L'inspecteur traverse la salle du dancing d'un pas décidé. Une hôtesse essaye de le retenir pour gagner du temps :
- Vous dansez ?
- Non, c'est ma manière de marcher, répond-il sans s'arrêter. :mrgreen:
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Angry Silence de Guy Green (1960)

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Tom Curtis (Richard Attenborough) est ouvrier dans une usine du nord de l’Angleterre père de deux enfants, avec un troisième en route. Quand une grève éclate, il décide de ne pas suivre le mouvement et de continuer à travailler. Les pressions se font de plus en plus fortes, et sa famille est mise en danger, mais au lieu de céder, Tom persévère. Une fois la grève terminée, il doit faire face à l’isolement et au silence imposé par ses collègues. Les média attirent alors l’attention sur la situation de Tom. Mais cela ne fait qu’empirer les choses.

The Angry Silence est la première production Beaver film, la société fondée par Richard Attenborough et Bryan Forbes d'où sortiront nombres de grandes réussites anglaises des années 60 réalisée par tous deux : Le vent garde son secret (1961), La Chambre indiscrète (1962), Le Rideau de brume (1964), Oh! What a Lovely War (1969)... The Angry Silence s'avère une sorte de pendant sérieux et dramatique de I’m all right Jack (1959) des frères Boulting, virulente satire qui dénonçait les petit arrangements et la corruption syndicale du monde de l'entreprise et des syndicats. C'est également le propos du film de Guy Green qui transcende toute idéologie pour un constat virulent.

Le suivisme et un certain obscurantisme militant se révèle ainsi dans une usine du nord de l'Angleterre. Un agent extérieur (Robert Burke) aux motifs nébuleux s'immisce ainsi auprès du délégué syndical (Bernard Lee) pour semer la discorde au sein de l'entreprise. Guy Green présente au départ l'usine comme un espace convivial et de camaraderie, du moins tant que l'on en reste du point de vue des ouvriers. Les angoisses économique semblent pouvoir se résoudre par le travail (Tom Curtis (Richard Attenborough) et l'annonce de la troisième grossesse de sa femme), les amours plus ou moins sérieuses se nouent avec les jolies ouvrières qu'on tente maladroitement de séduire pour Joe Wallace (Michael Craig également coscénariste du film) et côté loisir un tour au pub après une journée de labeur ou football le weekend semblent constituer une évasion satisfaisante pour ces gens simples. Les quelques désaccords entre le délégué syndical et la direction (le manque de protection sur les machines sont bien là, mais leur résolution semblent plus reposer sur un jeu de pouvoir que sur un vrai souci du bien collectif. Ainsi une grève est décidée sans que l'on ait ressenti une réelle oppression patronale et surtout sans un début de négociation qui aurait éventuellement avortée. Richard Attenborough souhaitait dénoncer le rôle discutable que pouvait exercer des agents extérieur d'extrême gauche pour exacerber les conflits sociaux, ce que semble être le personnage manipulateur de Robert Burke qui fait grimper la tension sans que la branche syndicale officielle ait pu intervenir.

La tradition amène donc le lancement d'une grève machinalement votée par les ouvriers sans qu'ils n'en comprennent réellement le motif. Tous sauf Tom Curtis, autant motivé par sa situation familiale précaire qu'une conscience individuelle dont sont dénués ses collègues. Dès lors la cause n'a plus d'importance, seule compte la soumission de celui qui a osé sortir du rang. La violence se fait furtive, qu'elle soit concrète avec une réelle intimidation physique, psychologique et sociale avec l'ignorance et la mise au ban de Curtis et au final vraiment malveillante quand les actes nocifs sortent du cadre d l'usine et touche la famille du héros. La mise en scène de Guy Green brille à traduire cet isolement du personnage. Son individualité face à la meute est de plus en plus marquée, notamment lorsque sa silhouette traverse stoïquement les rangs de grévistes pour se rendre à l'usine déserte. Lorsque le travail reprendra, les compositions le mettent en avant plan dans les couloirs parcourus de machines. Lors d'une scène marquante le réfectoire lieu de cette camaraderie initiale prend des allures de cirque grotesque et hypocrite par un jeu sur les plongées, les gros plans monstrueux sur les visages ouvriers décérébrés. Cette vision sera celle qui provoquera un hurlement de rage de Curtis envers ses anciens amis lui apparaissant sous leur vrai jour. Le propos sera encore plus virulent lorsque la situation prendra de l'ampleur pour attirer les médias, les ouvriers interrogés étant incapables de donner de motifs concrets à l'ostracisation de leur collègue si ce n'est d'avoir exprimé une opinion individuelle. Richard Attenborough livre une très grande prestation, sensible et puissante pour incarner cet homme simple dépassé par ses choix. La droiture et l'intensité de la conviction passe par ce jeu de plus en plus fiévreux et habité, le reste du casting n'étant pas en reste notamment Michael Craig en mouton culpabilisant, Bernard Lee en syndicaliste détestable et Geoffrey Keen en superviseur résistant à la pression - Pier Angeli très touchante également et on croise un Oliver Reed débutant. Le film fut accusé d'être antigrève mais finalement les patrons sont tout autant fustigés, s'accommodant de cette loi du silence et livrant en pâture Curtis pour ne pas perturber leurs affaires en cours. Richard Attenborough membre du parti travailliste n'a donc pas un propos réellement politique mais dénonce la meute instrumentalisée pour célébrer l'individu dont l'ultime rempart reposera plus sur son foyer que l'idéologie.

Néanmoins le propos du film fut parfois mal perçu, manquant d'être interdit au Pays de Galles par le syndicat des mineurs mais Attenborough se rendra sur place pour leur projeter le film afin d'en faire comprendre le vrai sens. Un vrai grand film dont propos audacieux (le final est particulièrement sombre et rageur) lui vaudra une nomination à l'Oscar du meilleur scénario. 5,5/6
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

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The Brothers de David MacDonald (1947)

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Conflits familiaux ancestraux, triangle amoureux fraternels sur fond de grands espaces, The Brothers se pose comme une sorte de variante anglaise du légendaire Duel au soleil de King Vidor (1946). Le film adapte le roman éponyme de L.A.G. Strong (qui participe au scénario) paru en 1932 dans une intrigue déchaînant les passions dans le cadre tumultueux des îles Hébrides. C'est là qu'est envoyée la jeune orpheline Mary (Patricia Roc) comme servante auprès du patriarche Hector Macrae et de ses deux fils John (Duncan Macrae) et Fergus (Maxwell Reed). La jeune femme va se confronter au tempérament austère de ses hôtes et aux mœurs locales, ces contrées sauvages reflétant l'expression des désirs secrets de chacun. Le taciturne et réfléchi John a du mal à contenir son désir pour une Mary qui n'a d'yeux que pour le plus torturé Fergus, tandis que Willie McFarish fils de la famille rivale n'est pas indifférent non plus à la nouvelle venue. David MacDonald navigue entre le pittoresque et la vision documentaire dans sa vision, le charme alternant constamment avec la brutalité. Les grands espaces dissimulent ainsi une mentalité étriquée, machiste et religieuse où la femme est un être à étouffer où s'approprier par la force comme en fera les frais Mary.

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Le réalisateur offre ainsi le visage le plus violent de ce monde pour dénouer un conflit (l'assassinat barbare d'un traître), mais aussi le plus ritualisé avec ce duel des familles Macrae/McFarish se réglant à la fois par l'éloquence (les deux patriarches rivalisant de malédictions mutuelles invectivées) et la force physique avec une épreuve d'endurance à la rame. La sensualité de Patricia Roc offre un contrepoint qui donne son aura lumineuse à ce cet environnement rude et arriéré (la superbe scène de baignade nue où elle est épiée) et c'est finalement la manifestation contrastée du désir qu'elle attise qui servira de révélateur. Fergus masque sa passion ardente sous le détachement, John affiche des airs d'aîné responsable alors qu'il brûle d'un même feu cette masculinité malmenée par l'amour les conduira à l'impasse. L'allure frêle mais animé d'une certitude claire de ses amours et de ses rejets, Mary perturbe la fratrie en la forçant à se révéler et se montrer faible. Là encore visuellement David MacDonald sait mettre en valeur ces contradictions, donnant dans la pure stylisation (les ombres des amants se rapprochant en pleine aurore boréale) où l'animalité la plus prononcée (une tentative de viol éprouvante, Mary "corrigée" pour sa supposée luxure) que ce soit dans l'utilisation du cadre naturel ou des décors studios. Les gros plans saisissants capturent l'intelligence s'estompant sous la furie du désir dans le visage de John, tandis qu’ils saisissent le visage éteint et le caractère fuyant, faible de Fergus. Les actes les plus abominables auront toujours lieu en pleine mer et dans la brume, lieu symbolique où ils peuvent masquer leur faiblesse aux yeux du monde.

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Les cadrages de David MacDonald et la belle photo de Stephen Dade offrent des vues somptueuses de ces côtes rugueuses (déjà si magnifiquement filmées par Michael Powell dans A l'Angle du monde (1937) et Je sais où je vais (1946)), dont la beauté peut se révéler dans tout son éclat ou être superbement introduite (ce travelling derrière les spectateurs de l'épreuve de barque). Le romanesque alterne constamment avec un côté plus frustre et sauvage qui illustre les conflits intérieurs des figures masculines, amorçant une conclusion particulièrement âpre et inattendue. Patricia Roc illumine le film et transporte avec elle le stupre de ses rôles Gainsborough dans une veine plus réaliste qu'on doit au producteur Sidney Box (qui ramènera justement Gainsborough à ce côté terre à terre quand il prendra en main le studio). Prenant, charnel et sauvage, une belle réussite méconnue. 4,5/6

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