Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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7swans
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Re: Le Cinéma britannique

Message par 7swans »

Profondo Rosso a écrit :Gregory's Girl de Bill Forsyth (1981)
J'aimerais bien le voir celui là.
Beaucoup d'amour pour le Local Hero de Forsyth.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

C'est sorti en bluray UK avec sous-titres anglais dans une belle édition

http://www.amazon.co.uk/Gregorys-Girl-B ... y%27s+girl

C'est le premier Forsyth que je vois ça m'a donné envie de découvrir sa filmographie aussi
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Carve Her Name with Pride de Lewis Gilbert (1958)

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Pendant la Deuxième guerre mondiale, Violette Szabo entre dans les services secrets britanniques après la mort de son mari...

Carve Her Name with Pride s'inscrit dans la veine des films de guerre anglais des années 50 au début 60 qui, s'éloignant de la veine uniforme de propagande de la décennie précédente exploitent les histoires plus méconnues de la Seconde Guerre Mondiale. Cela donna des œuvres originales et captivante comme L'évadé du camp 1 (1957) narrant les exploits d'un roi de l'évasion allemand et en plus mélodramatique le magnifique La Conspiration (1960) sur héroïsme de nonnes ayant sauvés des enfants juif. Carve Her Name with Pride narre ainsi la réelle histoire de Violette Szabo, jeune femme reconvertie agent secret britannique de la section F du Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre mondiale et qui effectua deux missions en France occupée. Le film adapte le roman éponyme que lui consacra R.J. Minney.

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L'intrigue est très rigoureuse dans le déroulement des évènements à quelques raccourcis près (Violette ne revoyant plus son mari après son retour au front alors qu'il eut d'autres permissions) afin de renforcer la dimension dramatique (le poème The Life That I Have attribué au mari défunt qui servira de code à Violette qui est en réalité l'œuvre de Leo Marks cryptographe durant la guerre et futur scénariste du Voyeur (1960) de Michael Powell). Le début très romanesque est habilement construit pour à la fois dépeindre le caractère de Violette (Virginia McKenna), définir les convictions qui l'amèneront à s'engager mais aussi subtilement montrer les aptitudes qui lui serviront sur le terrain. Incitée par sa mère française à inviter un compatriote exilé dîner un soir de 14 juillet, Violette va tomber sous le charme de Etienne (Alain Saury) jeune soldat français qu'elle va épouser. L'idylle est charmante et un peu surannée mais s'y révèlent au détour de quelques moments légers le fait que Violette parle français couramment et qu'elle dispose d’une condition physique impressionnante (sa faciliter à narguer Etienne en grimpant à un arbre). Lorsque son époux décède tragiquement au front et la laisse seule avec sa fille, ne reste finalement aux services secrets qu'à solliciter sa conviction à s'engager à son tour puisqu'elle possède déjà les qualités requises. Virginia McKenna exprime parfaitement ce mélange d'humanité à travers le souvenir du défunt et de patriotisme qui suscite son engagement.

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La partie purement militaire ira crescendo dans la dramatisation. La formation est assez comique, nos frêles femmes tout d'abord malmenées prenant de l'envergure et se montrant capable de roublardise dans les exercices (excellent moment où elles iront voler de l'alcool dans le bâtiment des officiers). Les deux missions exploitent des veines différentes du film de guerre. La première fait dans la pure infiltration avec Violette parachutée à Rouen où elle doit entrer en contact avec les rescapés d'un groupe de résistants démantelé. L'allant de la première mission se mêle à une vraie tension, exploitant bien l'intelligence et la malice séductrice de Violette tout en se montrant spectaculaire dans les visions de ce Rouen dévasté et subissant les bombardements. Après cette expérience notre héroïne comprendra vraiment ce qu'elle risque et a à perdre (déchirante scène d'adieu à sa fillette lors du nouveau départ) ce qui donnera le climat oppressant de la seconde mission qui tournera mal.

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On aura notamment une haletante traque en campagne par les allemands où Lewis Gilbert fait preuve d'un suspense redoutable et donne définitivement une aura héroïque à Violette qui décime un régiment d'allemands à la mitrailleuse. On comprend la modification de l'origine du poème/code lors des scènes de tortures elliptiques mais glaçantes puisque relié autant à un souvenir personnel qu'à sa mission et aux secrets qu'elle ne doit pas révéler. Même les épisodes qu'on pourrait penser ajoutés (Violette préférant désaltérer les prisonniers hommes plutôt que s'enfuir durant une attaque aérienne) sont réels et renforcent la grandeur du personnage, la romance avortée avec son supérieur Tony (Paul Scofield) élevant encore cette dévotion et offrant de beaux moments. Le final est assez inattendu par sa sècheresse pour qui ne connaît pas l'histoire et fait montre d'une emphase à la sobriété poignante lors du moment fatidique. Une œuvre méconnue mais captivante donc qui vaudra à Virginia McKenna une nomination au Bafta de la meilleur actrice. Petite curiosité à signaler Maurice Ronet dans un rôle de résistant, Denise Grey (future grand-mère de La Boum) jouant la mère de Violette et une des premières apparitions de Michael Caine en prisonnier réclamant de l'eau. 5/6
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

7swans a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Gregory's Girl de Bill Forsyth (1981)
J'aimerais bien le voir celui là.
Beaucoup d'amour pour le Local Hero de Forsyth.

En cherchant je vois que Local Hero sort en dvd français en septembre bonne nouvelle !

http://www.amazon.fr/Local-Hero-John-M- ... local+hero
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jack Carter »

Profondo Rosso a écrit :
7swans a écrit :
J'aimerais bien le voir celui là.
Beaucoup d'amour pour le Local Hero de Forsyth.

En cherchant je vois que Local Hero sort en dvd français en septembre bonne nouvelle !

http://www.amazon.fr/Local-Hero-John-M- ... local+hero
au moins, il sera au format (1.85, le ratio du warner zone 1), contrairement au vieux dvd Opening (1.33)
j'adore ce film egalement.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Kevin95 »

Profondo Rosso a écrit :
7swans a écrit :
J'aimerais bien le voir celui là.
Beaucoup d'amour pour le Local Hero de Forsyth.

En cherchant je vois que Local Hero sort en dvd français en septembre bonne nouvelle !

http://www.amazon.fr/Local-Hero-John-M- ... local+hero
Je vois qu'ils vont aussi sortir The Long Good Friday ! :shock:

Depuis le temps que je voulais découvrir ces deux films...
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Kevin95 a écrit :
Profondo Rosso a écrit :

En cherchant je vois que Local Hero sort en dvd français en septembre bonne nouvelle !

http://www.amazon.fr/Local-Hero-John-M- ... local+hero
Je vois qu'ils vont aussi sortir The Long Good Friday ! :shock:
Dommage, ça vient un peut tard alors qu'Arrow a sorti il y a quelques semaines son magnifique coffret BR.
Mais ne nous plaignons pas, il est temps qu'un tel chef d’œuvre atterrisse dans nos contrées.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Kevin95 »

C'est que je ne crache pas sur des sous-titres français. :oops:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Kevin95 a écrit :C'est que je ne crache pas sur des sous-titres français. :oops:
Surtout que les dialogues sont assez costaud.
Je ne repasserai tout de même pas à la caisse, mais c'est une bonne nouvelle.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Wish You Were Here de David Leland

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Âgée de tout juste 16 ans, Lynda Mansell joue la provocatrice dans son petit bourg de bord de mer britannique des années 1950. Au grand déplaisir de son père veuf qui ne sait plus comment s'en occuper, elle choque volontiers son entourage par son vocabulaire peu retenu (son juron favori : "Up yer bum")

Wish you were here est le remarquable premier film de David Leland qui, après une brève carrière d'acteur s'était fait connaître pour son travail de scénariste. Il travaillera notamment avec Alan Clarke sur Made in Britain (1982) ou encore Neil Jordan pour Mona Lisa (1986). Sollicité pour écrire le script d'un biopic de Cynthia Payne (tenancière de maison close de la banlieue de Londres qui fit scandale dans les 70's), Leland y inclus un prologue sur son adolescence. Le projet deviendra Personal Services réalisé par Terry Jones où est abandonnée l'idée de prologue pour évoquer directement le personnage à l'âge adulte. David Leland voit pourtant matière pour une œuvre à part entière sur l'adolescence féminine dans la province anglaise des années 50. Leland y gardera certains éléments biographique associé à Cynthia Payne (le fait que l'héroïne a perdu sa mère très jeune ou encore la séquence chez le psychanalyste) et d'autres de sa propre enfance à la même période. Pour le réalisateur, l'Angleterre des années 50 vit un véritable contrecoup répressif après la parenthèse enchantée que constitua la Seconde Guerre Mondiale. L'esprit de solidarité d'alors atténua pour un temps les clivages de classes ancrés dans la société anglaise et autorisa une certaine libération des mœurs. Au moment de se reconstruire, les codes sociaux et moraux d'alors semblent reprendre leur lois mais une certaine jeunesse va s'y opposer, le courant le plus connu étant celui des angry young men en littérature comme au cinéma.

Image

Wish you were here propose donc un regard original de cette rébellion avec l'adolescente haute en couleur qu'est Lynda (Emily Lloyd). La magnifique scène d'ouverture exprime par l'image la liberté de corps et d'esprit de notre héroïne, lorsqu'elle longe la côte à vélo, robe retroussée laissant largement voir ses jambes puis lorsqu'elle aguiche les garçons, négligemment assise sur la rampe du pont. Elevée par son père incapable de lui témoigner de l'affection, Lynda voit donc dans la provocation une manière d'exister et d'échapper à l'ennui de cette vie provinciale. Emily Lloyd (qui avait l'âge du rôle) est prodigieuse, mêlant la candeur de l'enfance à la sensualité de la femme, les deux points s'exprimant par la manière toujours amusée et coquine de jouer de ses charmes quand elle montre ses dessous. Lynda n'a aucune expérience du sexe mais n'en a pas peur, curieuse et les sens en ébullition au même titre qu'un garçon ce qui est inacceptable. Leland a toujours le regard juste, l'anormalité de Lynda n'existant que dans le regard moralisateur des autres quand elle semble constamment naturelle et moderne dans ses attitudes. Cela s'exprimera remarquablement dans le face à face avec un psychanalyste la testant durant un abécédaire où elle doit proférer des insanités et où elle le piège en ne prononçant pas le f(uck) et le c(ock) qu'il espère pour prouver son amoralité. Le machisme dominant est remarquablement fustigé également, le gout du sexe semblant être l'apanage des hommes quand il doit être honteux chez la femme. Le père n'aura que I'm a man à répondre lorsque Lynda le renvoie à ses propres aventures quand il lui reproche les siennes et la scène de "première fois" est hilarante tant le jeune homme promet monts et merveille pour un coït fulgurant qui laisse Lynda circonspecte.

L'innocence et la vulnérabilité que dégage Emily Lloyd rend bien plus touchant et profond cet attrait des sens, les provocations cachant un besoin d'attention. Leland reste ainsi très elliptique sur les scènes de sexe pour s'attarder sur les moments où Lynda fend l'armure rigolarde et dévoile son cœur d'artichaut en fondant en larmes devant un film romantique (Leland faisant preuve d'un goût très sûr puisqu'il s'agit de la magnifique production Gainsborough Love Story avec Margaret Lockwood). Personne ne sera pourtant capable de nourrir cette quête d'affection, tous les hommes du film représentant différentes forme de lâcheté, entre son père essayant plus de maintenir les apparences que de la comprendre, le premier amoureux cédant à la première menace et un amant plus âgé (et ami de son père) cherchant juste à la posséder. C'est un portrait glaçant de cette société maintenant dans l'ombre toute manifestation de désir même le plus naïf (le baiser violemment stoppé par le propriétaire du cinéma). Visuellement c'est superbe, Leland capturant la quête d'ailleurs de Lynda en la fondant magnifiquement dans les espaces côtiers et la photo lumineuse de Ian Wilson contredisant le climat oppressant du film, se faisant le reflet de son héroïne rieuse. Le leitmotiv du travelling filmant Lynda de dos face à sa fenêtre et guettant un horizon meilleur offre également des variantes formelles inventives et envoutantes. La dernière scène offre un pendant brillant à l'ouverture, Lynda effectuant le même chemin avec une autre matière de défi aux bienpensants. Une belle réussite qui rencontrera un grand succès et qui vaudra un BAFTA à David Leland pour son script et une nomination pour Emily Lloyd qui trouvait là le rôle de sa vie. 5/6
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Re: Le Cinéma britannique

Message par AtCloseRange »

Emily Lloyd forever!
La révision avait été un poil moins emballante qu'à la découverte dans les années 80 mais un film trop méconnu sans aucun doute.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jack Carter »

Kevin95 a écrit :C'est que je ne crache pas sur des sous-titres français. :oops:
on aura droit qu'à un piteux dvd (pas de blu)
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

AtCloseRange a écrit :Emily Lloyd forever!
La révision avait été un poil moins emballante qu'à la découverte dans les années 80 mais un film trop méconnu sans aucun doute.
Ah clair qu'elle est génial de culot et de naturel Emily Lloyd apparemment pas grand chose de marquant après ce premier rôle hormis Et au milieu coule une rivière de Redford, dommage parce que c'est vraiment de la graine de star dans ce film.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jack Carter »

7swans a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Gregory's Girl de Bill Forsyth (1981)
J'aimerais bien le voir celui là.
.
Il passe en ce moment sur Cine Famiz.
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