Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Une comédie anglaise sans prétentions et tout à fait charmante, parfaitement bien rythmée d'autant que la dernière demi-heure repose sur le sens du timing de chacun des deux 'clans' devant faire croire à leurs visiteurs respectifs qu'ils sont seuls en ces lieux. C'est frais, enlevé, drôle et souvent savoureux grâce notamment au duo Alastair Sims/Margaret Rutherford qui fonctionne à la perfection.
Le running gag des parents qui recroisent leur fille dans toute les classes est assez énorme :mrgreen: Si tu as aimé celui-ci il faut absolument que tu vois la "suite" par la même équipe que je trouve encore plus drôle, Les Belles de St Trinians :wink:

Oui ce gag est excellent et j'ai vu qu'il existait cette suite en lisant ta chronique ce matin. :wink: A l'occasion ce sera fait car retrouver cette équipe de comédiens me fait jubiler par avance (les deux profs de gym sont inénarrables eux aussi, celui des garçons se réjouissant de l'arrivée de tant de "jeunes filles en fleurs" :mrgreen: )
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Et c'est vrai que hors Ealing il y un paquet de choses très sympa à picorer dans la comédie anglaise Tamasa fait vraiment du bon boulot déterrer ces titres méconnus. De Frank Launder toujours (et bien servi par les éditeurs français ces emps-ci) je pense que L'Etrange aventurière dans le coffret film de guerre devrait bien te plaire aussi.
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit :je pense que L'Etrange aventurière dans le coffret film de guerre devrait bien te plaire aussi.
J'y ai pensé aussi ce matin et j'avais mis le coffret sur le devant de la pile :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Avant d'aller plus loin avec Frank Launder, j'ai tenté un Ealing sorti chez Tamasa dans la même fournée : Hue and Cry (A cor et à cri) de Charles Crichton, 1947.

Décidément le célèbre studio anglais continue à me laisser sur le bord du chemin. Pourtant, cette comédie policière fantaisiste, sorte de Club des 5 à Londres, semblait pouvoir me plaire. Mais non ; l'intrigue poussive et laborieuse ne m'a captivé à aucun moment et ce n'est pas la cacophonie ambiante qui m'a aidé à accrocher ; en effet, le continuel braillement de ces jeunes gens et la musique de George Auric qui allait dans le même sens (envahissante et assourdissante) m'ont très vite agacé. Mais pas déçu d'avoir vu ce film pour un élément que j'ai trouvé assez remarquable, l'utilisation des décors d'un Londres à la fois détruit et en reconstruction, préfigurant de beaucoup le Hope and Glory de Boorman. Magnifique photo également pour un film qui m'a néanmoins plus ennuyé qu'autre chose malgré une mise en scène pourtant assez dynamique de Charles Crichton. Dommage que Alastair Sim (comédien que j'apprécie beaucoup) n'ait pas une place plus importante.
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Les Chemins de la puissance de Ted Kotcheff (1966)

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Dix années après son mariage avec la fille du richissime Abe Brown, Joe Lampton mène une vie qui est loin de le satisfaire. Sa situation professionnelle ne le contente guère et il découvre que son épouse le trompe...

Life at the top est la suite du classique de Jack Clayton Les Chemins de la haute ville (1959) et adapte donc aussi le second livre de John Braine. La fin du premier film avait laissé l'ambitieux prolétaire Joe Lampton (Laurence Harvey) au sommet en épousant la fille du plus riche notable de la ville. Cette réussite tant espérée s'avérait pourtant amère, Lampton lui ayant sacrifié son vrai amour Alice (Simone Signoret) morte et plus vraisemblablement suicidée dans un accident de voiture. Nous retrouvons le personnage dix ans plus tard et finalement toujours aussi insatisfait de son existence mais pour d'autres raisons. Il ne se reconnaît pas dans l'arrogance de ses enfants gâtés (cruel séquence où il invite un gamin vendeur de journaux que son fils toise), n'est qu'un homme de paille méprisé au sein de l'entreprise familiale et sa femme Susan (Jean Simmons bien plus convaincante reprend le rôle de Heather Sears du premier film) lasse de son spleen a pris un amant. Il a beau avoir obtenu tout ce qu'il désirait si ardemment dans le premier volet, il demeure pourtant toujours en lui la fureur contenue de l'angry young man.

Notre héros va désormais se trouver confronter à des questionnements liés aux hautes sphères qu'il fréquente désormais. Sollicité pour se présenter aux élections de conseiller municipal, il va constater la corruption ambiante et le plan immobilier destiné à faire des quartiers pauvres où il a grandi une lucrative zone commerciale. De au sein de l'entreprise son beau-père (Donald Wolfit) ne souhaite guère le voir lui succéder, faisant de lui un subalterne qui aura juste servi à lui concevoir un vrai héritier. Tout le début du film dessine ainsi un climat domestique et professionnel étouffant où Clampton n'a pas sa place. Les complexes du personnage n'ont pas disparu avec le mariage puisqu'il est toujours ramené à ses origines modestes (la fuite d'eau lors de la réception où l'on fait immédiatement appel à lui) et même s'il a gravi les échelons il est finalement toujours aussi bloqué. La romance naissante avec la journaliste Norah (Honor Blackman) qui l'invite à la rejoindre à Londres pourrait lui offrir un avenir différent. Alors que le premier film interrogeait sur ce que l'on était prêt à faire pour réussir, cette suite questionne elle sur ce que l'on est prêt à sacrifier pour une nouvelle vie. Clampton va l'apprendre à ses dépens, comprenant qu'il n'existait que dans l'ombre de sa famille mais qu'il n'intéresse plus les employeurs une fois qu'il en est sorti lors d'une scène d'embauche glaciale où un poste acquis devient soudainement inaccessible.

Une suite très intéressante donc mais tout de même loin de son modèle. Le triangle amoureux est moins touchant (et paradoxe on préfèrerait presque qu'il reste avec Jean Simmons tant celle-ci mêle avec brio intensité dramatique et sensualité) et tourne finalement assez court. Les thèmes plus sociaux-politiques creusent des pistes intéressantes mais ne sont pas assez développés. Enfin le final voulu comme une redite déprimante du premier volet n'atteint pas complètement son but justement du fait du personnage de Jean Simmons plus convaincant et moins transparent que sous les traits d'Heather Sears. Globalement il manque le lyrisme de Jack Clayton, jamais approché par un Ted Kotcheff débutant (c'est son second film) et qui brillera dans d'autres registres. Reste un Laurence Harvey toujours aussi charismatique qui ferait presque espérer un troisième film sur le personnage. 4,5/6

Et sinon c'est cadeau Jean Simmons qui fait monter la température

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Message par Commissaire Juve »

J'étais resté sur ma faim (parce que j'attendais "autre chose"). Mais je n'avais pas du tout fait le lien avec "Les chemins de la haute ville" (j'aurais eu du mal... je ne l'ai jamais vu :mrgreen: ).

Vu sous cet angle, ça pourrait être intéressant à revoir.

Il ne reste plus qu'à attendre une édition convenable de "Room at the top". :?
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Oui on y perd grandement si on a pas vu Room at the top il y a des références tout au long du film dont on passe à côté sinon. Pour Les Chemins de la haute ville je l'ai découvert récemment dans cette édition qui est tout à fait correcte

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Il n'est pas compatible 16.9e ; non ? Ou pas au format. Je ne sais plus. :?
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

C'est du 4/3 oui mais de toute façon le film est tourné en 1.33
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Profondo Rosso a écrit :C'est du 4/3 oui mais de toute façon le film est tourné en 1.33
C'est bien ce que je disais : il y avait une magouille. Sauf erreur, le film devrait être montré en 1.66. Soit c'est du démattage, soit c'est un recadrage.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Ah oui je vient de voir ça sur IMDB. A tenter une édition anglaise éventuellement.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Profondo Rosso a écrit :Ah oui je vient de voir ça sur IMDB. A tenter une édition anglaise éventuellement.
Ben non ! :mrgreen: J'avais fait la recherche. Tout le monde est logé à la même enseigne. :?
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Ah oui quand même le film maudit :mrgreen: bon ben un BR serait le bienvenu un de ces jours donc...
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Gregory's Girl de Bill Forsyth (1981)

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Une petite ville d'Ecosse. Le timide et boutonneux Gregory ne pense qu'aux filles mais n'ose les aborder. Dorothy jolie et sexy, réussit grâce à son adresse à obtenir un poste dans l'équipe de football du collège. Eperdument amoureux d'elle. Gregory réussit à vaincre sa peur et lui propose un rendez-vous. Mais celle qui viendra n'est pas celle qu'il attend.

Gregory's Girl est une charmante chronique adolescente qui reste le grand classique du réalisateur écossais Bill Forsyth dont c'est le second film. Son premier essai That Sinking Feeling (1981) avait connu un succès d'estime avec ce récit d'un casse rocambolesque par une bande d'adolescent fauché. Pour ce faire, Forsyth avait recruté son jeune casting au sein du Glasgow Youth Theatre et l'on retrouve une grande partie de la distribution dans Gregory's Girl dont Robert Buchanan, Billy Greenlees, et bien sûr John Gordon Sinclair. Le budget très modeste du film oblige à un tournage austère où les costumes des acteurs seront leurs propres vêtements, y compris la jolie Dee Hepburn obligée d'emprunter son très seyant petit short blanc à sa sœur tandis que le mystérieux personnage déguisé en pingouin qui traverse sans but le récit n'est autre que le fils d'un des producteurs. Cette économie, ce naturel et spontanéité marque le film pour le meilleur du début à la fin.

Dans une petite bourgade d'Ecosse, Gregory est un adolescent timide et emprunté qui comme tous les garçons de son âge est déjà obnubilé par les filles. Cet intérêt se traduira d'abord de la façon la plus "hormonale" lors de la scène d'ouverture où il reluque avec ses camarades une infirmière en train de se changer. C'est ensuite au cœur qu'il sera foudroyé lorsque la jolie Dorothy (Dee Hepburn) cherchera à intégrer la défaillante équipe de foot du lycée. Très douée avec le ballon (Dee Hepburn très convaincante s'étant entraînée près de six semaines pour être crédible) Dorothy en vraie jeune fille moderne allie charme et allure sportive, Bill Forsyth érotisant joliment son élégante silhouette (ce premier entraînement où elle enlève son survêtement) en endossant le regard de Gregory émerveillé par son assurance et ses jambes nues. Dès lors Dorothy devient la coqueluche de l'école et suscite le désir d'autres garçons (et entraînant des moments cocasse comme quand elle sera embrassée y compris par les adversaires après avoir marquée un but en match) au grand dam de Gregory trop timide pour tenter sa chance.

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John Gordon Sinclair est absolument irrésistible e très attachant en grand dadais ahuri, dégageant une candeur charmante dans son obsession amoureuse et la maladresse dans laquelle il se vautre en présence de Dorothy. Muet d'amour ou enchaînant les banalités tout en ne tenant pas en place (cette inconstance se reportant sur le terrain où il est un piètre gardien de but), l'acteur est confondant de naturel et l'empathie immédiate pour tous les grands timides. Bill Forsyth avait débuté sa carrière en produisant de court documentaires et cela se ressent dans son approche. A part son enjeu amoureux, le film est dénué de vraie intrigue et se constitue plutôt de moments épars mettant en scène Gregory ou encore ses camarades tout aussi empoté que lui quant à la séduction. Hormis une brève rencontre avec le père de Gregory, les parents sont quasiment absents du récit l'immaturité étant systématiquement rattaché à nos jeunes garçons en rut. Les filles semblent déjà beaucoup plus à leur aise dans leurs aspirations mais également la séduction (voir la longue scène finale où Gregory est désarçonné), même au plus jeune âge avec Madeline (Allison Forster) jeune sœur de Gregory et conseillère de cœur. Une idée originale (reprise des lustres plus tard dans 500 jours ensemble (2010)) qui contredit d'ailleurs le cliché des rapports fraternels conflictuels avec des charmantes scènes pleine d'esprit entre Gregory e Madeline, sans ajouter un caractère adulte forcée à cette dernière qui reste une fillette de dix ans certes très intelligente.

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Le film captive ainsi dans sa chronique adolescente et son traitement naturaliste, réussissant à surprendre jusqu'au bout. L'adolescence est plus ponctué de moment anodins et d'ennui qui marquent par la suite par nostalgie que de vrais pics émotionnel tel que décrits dans les trames des teen movie habituels. Dès lors Forsyth désamorce la réunion amoureuse attendue lors du final pour aller dans une autre direction. La versatilité adolescente est ainsi parfaitement saisie dans l'épilogue où l'objet de tous les désirs s'estompe pour laisser place à un autre que l’on n’a pas vu venir. Les regards énamourés et le bégaiements pour celle si inaccessible laissant place à une complicité, un naturel et un plaisir commun qui amène une autre forme de romance plus significative de cette période de la vie. Un petit bijou qui deviendra un classique du cinéma anglais des 80's, remportant un grand succès y compris aux USA (où il est redoublé à cause des impayables accents écossais). Bill Forsyth lui donnera une suite tardive en 1999, Gregory's Two Girls. 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit :De Frank Launder toujours (et bien servi par les éditeurs français ces emps-ci) je pense que L'Etrange aventurière dans le coffret film de guerre devrait bien te plaire aussi.
Bien vu. Frank Launder pourrait être une de mes belles découvertes naphtas de l'année. Je dirais trois mots sur le film par la suite :wink:
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