Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Girl with green eyes de Desmond Davis (1964)

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La première douloureuse expérience amoureuse d'une jeune fille qui jette son dévolu sur un écrivain quadragénaire et marie. Sortant d'une école tenue par des religieuses, Kate vit à Dublin avec une amie, et devient la maitresse d’Eugène Gaillard. Mais celui-ci se lasse de Kate qui n'est pour lui qu'une gamine...

Le mouvement du Free Cinema ne s'intéressa pas qu'aux états d'âmes des "angry Young men" mais aussi à l'émancipation des jeunes filles avec ce beau Girl with green eyes. Le film est l'adaptation du roman The Lonely Girl de Edna O'Brien (qui en signe également le scénario), deuxième volet de sa trilogie consacrée aux Filles de la campagne. Edna O'Brien bousculait les mœurs archaïques de la société irlandaise avec cette série d'ouvrage qui dépeignait l'émancipation de Baba et Kate, deux jeunes filles quittant leur campagne irlandaise pour vivre s'installer à Dublin. La modernité du sujet et la liberté de ton des romans provoquèrent un scandale en Irlande notamment par les descriptions sans fard des aventures sexuelles de ses héroïnes. Le film de Desmond Davis est produit deux ans après la parution du roman sous le patronage d'un des maître du Free Cinema, Tony Richardson (Un goût de miel (1961) et La Solitude du coureur de fond (1962) sur lesquels Desmond Davis fut directeur photo).

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Kate (Rita Tushingham) et Baba (Lynn Redgrave) sont donc deux jeunes filles ayant à la fois échappé à une existence austère de la vie rurale irlandaise mais aussi de leur éducation en couvent pour venir s'installer à Londres. La délurée Baba suit une formation de dactylo tandis que la plus rêveuse Kate travaille dans une épicerie, le tout au rythme des bals populaire et des sorties insouciantes avec des jeunes hommes tout aussi insouciant. Tout bascule pour Kate avec la rencontre d’Eugene Gaillard (Peter Finch), un homme plus âgé et fascinant qui réveille tous les fantasmes romanesques de la jeune fille. Edna O'Brien qui s'éveilla au monde extérieur par la lecture et se rebella contre ses parents s'identifie donc clairement à Kate, notamment par la description de son attrait pour la lecture puisque l'on voit le personnage lire Tendre est la nuit de F. Scott Fitzgerald et citer James Joyce.

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Après une première rencontre en campagne, c'est d'ailleurs en recroisant Eugene dans une librairie qu'elle tombera définitivement sous le charme et le poursuivra de ses assiduités. La fougue et l'innocence de Kate vont pourtant se confronter au caractère taciturne d’Eugene, sous le charme mais après un divorce ne préférant pas s'impliquer dans une romance. Leur apprivoisement mutuel offre certains des plus beaux moments du film, Desmond Davis multipliant les belles idées formelles comme l'invitation écrite de Kate s'incrustant à l'image, le montage faisant rebondir la continuité d'un dialogue d'un lieu à l'autre (effet typique du cinéma moderniste des 60's) ou cette magnifique entrevue au crépuscule face à la mer. Les hésitations de Kate avant sa "première fois" offre de jolis moments aussi, l'expérience ironique et bienveillante de Eugene se complétant à merveille de la maladresse juvénile de Kate.

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Le plus grand obstacle à cette romance sera pourtant les entraves de cette société irlandaise où Edna O'Brien renvoie dos à dos les milieux populaires comme nantis. Pour les premiers, la médisance causera les premiers troubles à travers les regards inquisiteurs (une lettre anonyme dénonçant la liaison scandaleuse) et une brutalité archaïque pouvant se réveiller à tout moment, le père de Kate venant avec virulence arracher sa fille à la dépravation de la ville. Kate se confrontera ensuite au snobisme ordinaire et au dédain des amis bourgeois d'Eugene, sa jeunesse et son manque de conversation la renvoyant avec un naturel cruel aux tâches subalternes lors d'une scène anodine. Tout cela avait été subtilement amorcé en amont tut au long du récit, la fougue de Kate ayant été progressivement éteinte par Eugene plus mentor paternaliste que complice voyant en elle une amante soumise. Kate devra donc apprendre à faire son chemin seule, s'aguerrir par le savoir et l'expérience, par un ailleurs symbolisé par le départ final à Londres lieu de tous les possibles à l'aube du Swinging London. Une belle réussite qui en appellera une plus belle encore deux ans plus tard lors de la seconde collaboration entre Desmond Davis et Edna O'Brien (cette fois sur un scénario original) avec le magnifique I was happy here (1966). Desmond Davis réunira par ailleurs de nouveau le duo Lynn Redgrave/ Rita Tushingham dans Smashing Time (1967) pure comédie pop 60's. 4,5/6

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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Sir Henry at Rawlinson End de Steve Roberts (1980)

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Avec l'aide de sa famille et de ses domestiques, un vieil Anglais excentrique, Sir Henry Rawlinson, essaie d'exorciser le fantôme de son frère, Humbert.

Sir Henry at Rawlinson End est un véritable ovni du cinéma anglais issu de l'esprit fou de Vivian Stanshall. Ce dernier est un artiste aux talents multiples (musicien, peintre et écrivain) se fit connaître notamment en faisant partie du groupe d'avant-garde Bonzo Dog Doo-Dah Band, célèbre à la télévision britannique et composé des futurs Monty Python Eric Idle ou Michael Palin. Sir Henry at Rawlinson End est à l'origine une création radiophonique de Vivian Stanshall à la BBC et diffusée entre 1975 et 1991 sous le titre Rawlinson End Radio Flashes. L'auteur y développe ainsi son personnage de noble excentrique et sa famille déjantée, qu'il exploitera aussi sur son album Sir Henry at Rawlinson End (recording). La popularité du personnage et de son univers incitera donc à une adaptation au cinéma en 1980, écrite et mise en musique par Vivian Stanshall qui y tient également un rôle tandis que Steve Roberts réalise.

Le résultat ne ressemble effectivement à rien de connu si ce n'est effectivement les facéties des Monty Pythons. Vivian Shall réunit et exacerbe là tout ce qui constitue l'excentricité de l'identité anglaise. Le noir et blanc sépia, le cadre rural où trône le domaine de Rawlinson End ainsi que la voix off décalée semble déjà situer l'ensemble dans une sorte de réalité alternative. Dès lors nous découvrons la folle famille Rawlinson dominée par Sir Henry (Trevor Howard que l'on a rarement vu aussi déjanté) noble bougon plus qu'à son tour et convoquant domestique au petit matin à coup de fusil au plafond. Le reste autres membres sont à l'avenant et les séquences surréalistes s'enchaînent sous nos yeux ébahis : Sir Henry travesti en indigène faisant du monocycle pour guérir son lumbago, son frère sonnant la charge à cheval dans les couloirs du domaine, ... Le semblant de trame tourne d'ailleurs autour du fantôme du frère tragiquement décédé (le flashback de sa mort ridicule vaut son pesant de cacahouètes) sans pantalon et qui ne peut trouver la paix face à telle infamie. Sir Henry va donc engager le prêtre défroqué Slodden (Patrick Magee) pour exorciser le château, avec des conséquences dramatique. Paillard, grotesque et halluciné le spectacle s'avère rapidement incompréhensible dans sa surenchère bouffonne et en fera décrocher plus d'un ne rentrant pas dans le "trip". Le problème du film et qui le l'éloigne du génie des Monty Python est de ne pas choisir entre une trame digne de ce nom et le vrai film à sketches. Les Monty Pythons surent dans leur film poser un fil conducteur thématique qu'il mettait au service d'un vrai récit certes nourri en dérapages en tous genres (Sacré Graal (1975) et le grandiose La Vie de Brian (1979)) ou alors oser le film à sketches à la vraie cohérence dans Le Sens de la vie (1983). Sir Henry at Rawlinson End ne choisit pas et part dans tous les sens, finissant par lasser dans sa surenchère même si les séquences "autres" ne manquent pas comme une cérémonie de paganisme digne de The Wicker Man (1973). Reste donc une vraie curiosité (et film culte du cinéma anglais) même si un peu indigeste. 3/6
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Reckoning de Jack Gold (1969)

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The Reckoning est un drame social qui anticipe grandement le célèbre Get Carter de Mike Hodges même si injustement il n'en a pas eu la postérité. Le postulat est pratiquement identique et certaines situations très proche mais pour un résultat et un constat très différent. Mick Marler (Nicol Williamson) est un business man impitoyable prêt à tout pour réussir, vivant à cent à l’heure tant dans sa vie privée qu'au sein de son entreprise où il est en charge des basses besognes. Son passé prolétaire le rattrape lorsqu'il est appelé au chevet de son père victime d'une crise cardiaque dans son Liverpool natal. Son père mourra à son arrivée mais non sans laisser à Mick l'occasion de constater la vraie cause du décès : il a été tabassé. Dès lors notre héros va se mettre en quête de vengeance après les responsables. Le scénario (adapté du roman The Harp that once de Patrick Hall) prend alors un tour bien plus surprenant que le simple film de vigilante, tout en se démarquant complètement de Get Carter auquel l'on est forcé de penser. La vengeance est finalement accessoire et importe moins que le conflit moral qui agite Mick Marler. Ce retour aux sources sera la cause d'un déchirement entre ses anciennes et nouvelles vie. Pour s'élever au sommet Mick s'est constitué un mode de vie clinquant et superficiel avec demeure luxueuse, voiture de sport et épouse aux allures de mannequin (Ann Bell). Un pur environnement d'anglais nanti totalement opposé aux faubourgs de Liverpool qu'il retrouve et surtout à ses origines irlandaises où il fut éduqué dans la haine et la méfiance envers les anglais. Sa culture irlandaise et prolétaire appelle à se faire justice lui-même, ces nouvelles dispositions de bourgeois anglais l'incitent à laisser la police s'en occuper et retourner à ses affaires. Tout le film tourne autour de cette interrogation, porté par la prestation rageuse de Nicol Williamson.

La mise en scène de Jack Gold se plie ainsi aux états d'âmes de son personnage principal. Le début du film démontre sa froide détermination, son caractère glacial et l'urgence de son ambition par un montage heurté et le score nerveux de Malcolm Arnold. Mick n'a pas de temps à perdre : une violente dispute avec son épouse vire à l'étreinte fiévreuse sans prévenir, il conduit plein pot et au mépris du danger son bolide sur les route et intimide même ses supérieurs par le chantage pour gravir les échelons de son entreprise. Le rythme daigne se ralentir et le héros s'humaniser lorsqu'il apprend l'état de son père. La silhouette de Mick se perd alors dans le cadre portuaire et industriel de Liverpool, se perdant dans le décor comme lui dans ses pensées. Pourtant sa hargne demeure, stimulée par la brutalité de cette classe ouvrière (une scène de pub virant à la bagarre générale) mais il hésite à la diriger vers la vengeance ou à nourrir son ambition. Cette crise entraîne le personnage dans une phase autodestructrice où il constatera que sa réussite ne tient qu'à un fil (et notamment une épouse prête à le quitter au premier accroc). L'opposition dans le ton et l'imagerie entre la province prolo et le raffinement londonien annoncent donc Get Carter mais le ton diffère du fait que la vie citadine est représentée par le monde des affaires dans The Reckoning quand il s'agit de celui du crime dans Get Carter. Une différence fondamentale qui faisait de Michael Caine un équivalent à ce qu'il traquait, le déshumanisant dans ses exécutions féroces et le condamnant au final. Mick Carter est plus vulnérable et humain, la revanche sur ses origines se ressentant à tout moment sans qu'il n'ose complètement les renier.

Dès lors la fameuse vengeance est totalement expédiée et arrive tardivement, l'impunité à la commettre perdant alors Mick en constituant un exutoire. Le final est sans doute plus cinglant encore que celui de Get Carter, quittant un Mick Marler tout puissant, vainqueur sur tous les tableaux et lâchant une ultime réplique mémorable. Si la tragédie rattrapera Michael Caine pour ses actes dans Get Carter, le crime est source d'accomplissement pour Nicol Williamson dans un cynisme réjouissant. Une vraie œuvre marquante et complément idéal (plus social que polar) à Get Carter. 5/6
Lord Jim
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Lord Jim »

Merci de cette chronique, je n'avais jamais entendu parler de ce film mais la référence (et les différences) à Get Carter me donne vraiment envie; de plus,j'ai toujours apprécié Nicol Williamson dans le peu de films dans lequel j'ai pu le voir.
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Oui c'est passionnant à regarder en contrepoint à Get Carter même si le film est très bon et se suffit à lui-même aussi, le Hodges serait le pendant nihiliste du Jack Gold plus cynique tendance capitaliste ça se complète bien sur un thème voisin. C'est sorti en équivalent des Warner Archives chez Sony :wink:
kiemavel
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Re: Hell in Korea - A Hill in Korea

Message par kiemavel »

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Commando en Corée - Hell in Korea (USA) / A Hill in Korea (UK) - 1956
Réalisation : Julian Amyes / Production : Anthony Squire / Scénario : Ian Dalrymple, Ronald Spencer, Anthony Squire d'après le roman de Max Catto A Hill In Korea / Photographie : Freddie Francis / Musique : Malcolm Arnold / Montage : Peter R. Hunt

Avec George Baker (le Lt. Butler), Harry Andrews (le Sgt. Payne), Stanley Baker (le caporal Ryker), Michael Medwin (Docker), Ronald Lewis (Wyatt), Stephen Boyd (Sams), Victor Maddern (Lindop), Robert Shaw (Hodge), Michael Caine (Lockyer)
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Une patrouille de soldats britanniques engagés dans la guerre de Corée est envoyée en mission de reconnaissance. Alors que les soldats fouillent un village, une bombe placée dans une des maisons explose, tuant l'un des hommes. Alors que les soldats tentent de regagner leur ligne, ils sont attaqués par des troupes nord-coréennes et chinoises et ils se retrouvent vite encerclés et contraints de battre en retraite. Après avoir repoussés plusieurs attaques, ils trouvent refuge dans un temple en ruine situé au sommet d'une colline. Isolée du gros des troupes et privée de moyens de communication en raison de la négligence d'un des hommes, la patrouille se retrouve encerclée par des assaillants en bien plus grand nombre…
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Avant de découvrir ce film, j'ignorais que des soldats britanniques avaient combattu en Corée…On nous conte une petite histoire dans la grande ; et une fois de plus, les concepteurs du film avaient construit une histoire sur une patrouille livrée à elle même. Elle est constituée d'une quinzaine d'hommes : une dizaine d'appelés, un lieutenant commandant le bataillon et ses sous-officiers (interprétés par des stars de l'époque…et encore plus de stars en devenir). Ils sont de toutes origines sociales et assez bien caractérisés sans que rien ne soit révolutionnaire non plus : dans le rôle du plus haut gradé, on découvre un jeune homme indécis et manquant d'expériences (interprété par George Baker) ; son second -et la seconde tête d'affiche- le sergent interprété par Harry Andrews est au contraire un rude vétéran expérimenté ; le dur, ascendant psychopathe (Stanley Baker) ; le trouillard (interprété par Ronald Lewis), etc…Des groupes se constituent ; on s'assemble par classes sociales (et cet aspect là, typiquement britannique, est la grande différence notable avec un "produit" américain) ; on se chamaille ; on s'amuse (le film est un peu bavard mais les dialogues sont parfois brillants et assez drôles) ; on parle du pays ; on se moque de l'ennemi (surtout chez les fils de pauvres, on donne du Chink et du Gook à tout va ; les équivalents du bridé ou du chintock) ; on a peur… Les caractères se révèlent et les dangers auxquels sont exposés les hommes permettent de révéler les héros et les lâches…Et on meurt de toutes les façons, y compris de manière absurde : les anglais sont en effet victimes d'un "tir ami", les américains bombardant accidentellement leur position.
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Dans des rôles secondaires, on remarque déjà Robert Shaw (Hodge) et Stephen Boyd (Sims) mais beaucoup moins Michael Caine (Lockyer) dans le premier film où il a quelques lignes de dialogue. Mais son rôle ne s'arrêtait pas la car il était aussi conseiller technique sur ce film. Il avait en effet servi en tant qu'appelé durant la guerre de Corée mais dans son autobiographie, il raconte que cette fonction de conseiller technique a été complètement ignorée pendant la réalisation du film. Par exemple, il n'a pas été écouté quand il a tenté expliquer comment on déployait réellement une patrouille engagée dans une action militaire ou bien on a laissé ses signes distinctifs d'officier à George Baker alors que Caine avait expliqué que sur le terrain un officier identifiable en tant que tel ne serait pas resté 10 secondes debout. Il s'est plaint aussi, non sans humour, que le tournage se soit déroulé en grande partie au Portugal…qui ne ressemble pas le moins du monde à la Corée ; ajoutant que le Pays de Galles aurait été plus ressemblant mais il n'en dit rien car il voulait rester au Portugal alors qu'il connaissait déjà le Pays de galles et pouvait y aller quand il le voulait.

Quand je parlais plus haut d'un éventuel équivalent américain, et bien on l'a ou presque puisque J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet) de Samuel Fuller présente quelques similitudes avec le film de Julian Aymes dont une d'importance puisque dans les deux cas un groupe de soldats harcelés par l'ennemi trouve refuge dans un temple Bouddhiste mais la comparaison s'arrête presque à ce contexte commun...Édité en Grande-Bretagne (vo) et en Espagne (vo, vost espagnole).
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Alexandre Angel
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Alexandre Angel »

kiemavel a écrit :Avant de découvrir ce film, j'ignorais que des soldats britanniques avaient combattu en Corée…
:shock: me too . Ça, c'est de la première nouvelle !!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Rashomon »

Alexandre Angel a écrit :
kiemavel a écrit :Avant de découvrir ce film, j'ignorais que des soldats britanniques avaient combattu en Corée…
:shock: me too . Ça, c'est de la première nouvelle !!
Des français aussi...
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Raging Moon de Bryan Forbes (1971)

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Bruce Pritchard (Malcolm McDowell) est un jeune homme issu des classes populaires, passionné par le foot, qu’il pratique assidument en amateur. Mais, le jour du mariage de son frère, il s’effondre. Il est atteint d’une maladie incurable qui le condamne à rester en chaise roulante jusqu’à la fin de ses jours. Décidé à ne pas retourner vivre chez ses parents, il obtient une place dans une maison d’accueil pour handicapés. Il a du mal à s’adapter à sa nouvelle vie, jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’une autre pensionnaire, Jill (Nanette Newman).

Bryan Forbes signe un superbe mélo au sujet très original en plus d'offrir un de ses rôles les plus sensible à Malcolm McDowell avec The Raging Moon. Le film adapte le roman éponyme de Peter Marshall paru en 1964. Frappé par la polio à l'âge de 18 ans et paralysé depuis, il exprima les difficultés de cet handicap dans la société d'alors avec son autobiographie Two Lives paru en 1962 et pour laquelle il reçut de nombreux prix, puis dans la fiction avec le roman The Raging Moon tout aussi personnel. Le sujet tenait particulièrement à cœur à Bryan Forbes qui se mit dans une situation compliquée pour tourner le film. Alors directeur de la production au sein d'EMI, Forbes fit produire le film par le studio tout en renonçant à son salaire de réalisateur mais ne put empêcher les mauvaises langues de l'accuser d'avoir joué de sa position.

Malcolm McDowell incarne une sort de double de Peter Marshall avec ce Bill Pritchard aspirant écrivain mais qui ne sait que faire de sa vie, vivant encore chez ses parents alors que son frère s'apprête quitter le foyer familial pour se marier. On devine ce mal-être sous son air jovial et qui va se concrétiser brutalement lorsqu'une maladie va lui faire perdre l'usage de ses jambes et le coincer en chaise roulante. Le récit dépeint une réalité cruelle pour les handicapés, nulle part à leur place. Notre héros s'isole donc dans un centre spécialisé pour s'isoler d'une société où il est de trop mais la rencontre avec Jill (Nanette Newman) va progressivement lui redonner gout à la vie. Les deux personnages offrent un reflet du rejet d'un monde réel où ils sont un fardeau encombrant pour leur entourage ou alors objet d'attention exacerbées qui les infantilisent. Pire que tout, leur handicap semble les destituer de leur statut d'être humain. Jill est ainsi fiancée depuis de longues années avec un homme connu avant d'être en chaise roulante, sauf que ce dernier a désormais une attitude chaste envers elle comme si elle n'était plus une femme en attente d'affection physique plutôt que de pitié. C'est ainsi que va se nouer le lien entre Bill et Jill qui se rapprocheront et s'aimeront sans jamais être gênés par leur handicap si ce n'est pour en rire. Plus que leur chaise roulante, c'est le regard des autres qui va constituer la plus terrible des prisons.

On a ainsi une approche forte audacieuse fustigeant la compassion chrétienne. Tant qu'ils vaquent au diverses activités proposés par le centre, celui-ci constituera un havre de paix où ils pourront se reconstruire. Dès lors qu'ils chercheront à y vivre une histoire d'amour, on leur niera ce besoin vital du fait de leur handicap. Ils leurs refusent tout autant ce statut d'humain, les réduisant à de simples objets sur lesquels s'apitoyer dans ce cadre religieux (l'esprit sarcastique de Bill offrant une scène hilarante et pathétique face aux "bienfaiteur) et voyant comme une monstruosité le fait qu'ils puissent s'aimer et se désirer. Ces entraves physiques et morales offrent ainsi un beau frisson au moindre moment de rapprochement comme ce premier baiser à l'intensité magique. Malcolm McDowell incarne vraiment un de ses rôles les plus touchants et vulnérables, formant un couple idéal avec une Nanette Newman (épouse et actrice fétiche de Bryan Forbes) alliant espièglerie et mélancolie à merveille. La mise en scène contemplative et intimiste de Bryan Forbes sert à merveille le sujet, la magnifique bande originale de Stanley Myers (lorgnant sur le meilleur de John Barry) faisant superbement décoller l'émotion des images par son entêtant thème principal. Preuve que le sujet était encore dérangeant, les exécutifs d’EMI tenteront d'empêcher la sortie du film qui sera uniquement sauvé par ses projections-tests enthousiastes. Même s'il ne rencontrera pas un grand succès à sa sortie, The Raging Moon s'avère une des œuvres les plus justes sur ce thème et une magnifique histoire d'amour. 5/6
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Re: Le Cinéma britannique

Message par moonfleet »

Il y a un film que j'aimerais beaucoup revoir et qui malheureusement n'est toujours pas édité, c'est le film de Jack Clayton Chaque soir à neuf heures/Our Mother's House (1967)

Après la mort de leur mère et sans père au domicile, une fratrie de sept enfants décide de ne pas le dire pour continuer à habiter la maison, et se livre le soir à d'étranges cérémonies...Le film est teinté d'une brume de fantastique et Dirk Bogarde joue un père cokney et absent qui cherche à manipuler ses enfants... Sinon, les jeunes acteurs sont tous très bons, comme souvent dans le cinéma anglais des années 60-70.

http://www.imdb.com/title/tt0062089/?ref_=nm_flmg_dr_5
Dernière modification par moonfleet le 5 déc. 15, 15:40, modifié 1 fois.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Kevin95 »

Excellent souvenir lors de son passage chez Brion (je crois) il y a une dizaine d'année. La musique de Delerue me laisse à chaque écoute sur le carreau.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :Excellent souvenir lors de son passage chez Brion (je crois) il y a une dizaine d'année. La musique de Delerue me laisse à chaque écoute sur le carreau.
Oui, il est passé chez Brion en Juillet 2001, je crois me souvenir. Un bon film, assez envoutant, vaguement angoissant..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Le film est sorti en Warner Archives :wink:

http://www.amazon.co.uk/Our-Mothers-Hou ... %27s+House

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Re: Le Cinéma britannique

Message par moonfleet »

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Je n'avais même pas fait de recherche sur Amazon avant de poster, car jusqu'ici je ne l'y avais jamais vu !!
Je prends ...même sans sous-titres Image

A noter qu'il est un peu moins cher avec Amazon.com (19,55€ fdp compris), Amazon vendeur indique "domestic shipping" mais ils envoient à l'international... K-do de Noël en prime time Image

Image Merci Justin !!

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Je vais aller voter contente Image

Le film avec Nicol Williamson, The Reckoning, que tu as chroniqué me fait de l'oeil aussi, cet acteur m'avait impressionnée en Sherlock cocaïné dans The Seven per Cent Solution et dans Excalibur.
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