Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Le cinéma britannique

Message par bruce randylan »

Il fiche le cafard ce topic à chaque que je l'ouvre... Tant de films à voir !

Bon, j'ai pu découvrir à la cinémathèque La baie du destin / wings of the morning (Harold D. Schuster - 1936)

En Irlande, un aristocrate épouse une gitanne contre l'avis de sa famille mais décède dans une chute de cheval. Son épouse, rejetée, part pour l'Espagne. Dès décennies plus tard, en 1936, sa petite fille fuie la guerre et, déguisée en garçon, revient au pays. Elle y vend sans le savoir un cheval de course prometteur au petit neveu de l'homme qui aurait pu être son grand-père.

Il s'agit du premier film anglais en technicolor (européen même), appuyé par les moyens et une partie de l'équipe américaine de la société à l'origine du tricolore.
C'est pour ainsi le seul vrai argument de cette comédie romantique plaisante mais certainement pas inoubliable. Signé par le spécialiste Ray Rennahan, la photo est un régal pour les yeux avec ses couleurs chatoyantes sans être rutilantes. Les couleurs mettent particulièrement bien valeur les paysages et les décors naturels, un tout petit moins les acteurs dont le maquillage trahit encore un manque de maîtrise dans les résultats à l'écran de ce procédé couleur (Annabella a par moment les joues grossièrement rouges). On trouve à la caméra un certain Jack Cardiff qui surement dû apprendre beaucoup sur ce film. On reconnait en tout cas, une réelle influence sur son style à venir. :)

Sinon, on trouve un casting international avec Henry Fonda et Annebella dont la transformation du garçon malpoli en femme du monde est à se damner (quand elle apparaît en robe de soirée rouge, on a la même mâchoire décroché que son partenaire masculin :oops: ).

Image

L'humour à base de quiproquos garçon/fille n'est pas trop inspiré mais donne quelques moments qui font tout de même sourire (Fonda prenant son bain devant Annabella, les deux devant dormir dans une ferme). Par contre, la réalisation est vraiment médiocre : Schuster était à la base le monteur et dû remplacé au pied levé le cinéaste d'origine Glenn Tryon. Il signe donc une première réalisation très maladroite avec justement un découpage sans la moindre fluidité qui manque cruellement d'harmonie. Comme le scénario n'est pas non plus à la hauteur (beaucoup d'invraisemblances), le film ne décolle que rarement à cause de cette absence de progression narrative. La fin par exemple n'émeut pas le moindre du monde. Si on y trouve du plaisir, c'est uniquement scènes par scènes, comme le ténor John McCormack qui joue son propre rôle pour chanter 2 morceaux (forts beaux au demeurant) mais très mal intégrer à l'intrigue... Pas du tout intégré en fait.

Mais ce technicolor, magnifiquement restauré par la Fondation Cohen, c'est quand même quelque chose bon sang !
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
popcyril
Doublure lumière
Messages : 699
Inscription : 4 mai 11, 00:04

Re: Le cinéma britannique

Message par popcyril »

J'ai découvert Bronco Bullfrog à l'occasion d'une baisse de prix sur amazon.co.uk.

Excellent film, portrait d'un jeune eastender qui sombre dans la délinquance, en 1970.

L'histoire de ce film, que j'ai découverte après l'avoir visionné, est assez incroyable.

Désolé pour cette analyse lapidaire, j'y reviendrai peut-être mais j'ai juste le temps de vous conseiller le film. :lol:
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24561
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Le cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

bruce randylan a écrit :
En Irlande, un aristocrate épouse une gitanne contre l'avis de sa famille mais décède dans une chute de cheval. Son épouse, rejetée, part pour l'Espagne. Dès décennies plus tard, en 1936, sa petite fille fuie la guerre et, déguisée en garçon, revient au pays. Elle y vend sans le savoir un cheval de course prometteur au petit neveu de l'homme qui aurait pu être son grand-père.
C'te vieux scénar en bois ! :lol:
bruce randylan a écrit :... Annebella dont la transformation du garçon malpoli en femme du monde est à se damner (quand elle apparaît en robe de soirée rouge, on a la même mâchoire décroché que son partenaire masculin :oops: ).
Je me demande même si ça n'est pas la première fois que je la vois en couleur.

popcyril a écrit :
Désolé pour cette analyse lapidaire, j'y reviendrai peut-être mais j'ai juste le temps de vous conseiller le film. :lol:
Ne te tracasse pas pour si peu. Tu m'as déjà donné envie d'aller voir à quoi ça ressemblait. C'est déjà ça de pris.
popcyril a écrit :J'ai découvert Bronco Bullfrog à l'occasion d'une baisse de prix sur amazon.co.uk.

Tu parles de cette édition ?

Image

Parce que le DVD est à 83 livres ! :lol:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Le cinéma britannique

Message par kiemavel »

Commissaire Juve a écrit :
bruce randylan a écrit :En Irlande, un aristocrate épouse une gitanne contre l'avis de sa famille mais décède dans une chute de cheval. Son épouse, rejetée, part pour l'Espagne. Dès décennies plus tard, en 1936, sa petite fille fuie la guerre et, déguisée en garçon, revient au pays. Elle y vend sans le savoir un cheval de course prometteur au petit neveu de l'homme qui aurait pu être son grand-père.
C'te vieux scénar en bois ! :lol:
Scénar en bois, oui, mais bien vendu. M'as donné envie de le voir…Et c'est même déjà en route.
Accessoirement, j'ai été sidéré de découvrir que ce metteur en scène avait eu accès à ce genre de comédiens si tôt dans sa carrière. Mais ça n'a guère duré, deux films, et puis il s'était retrouvé à mettre en scène des compléments de programme avant de retrouver seulement à partir de Flicka quelques casting plus prestigieux (pas seulement chevalins…)
Commissaire Juve a écrit :
bruce randylan a écrit :... Annebella dont la transformation du garçon malpoli en femme du monde est à se damner (quand elle apparaît en robe de soirée rouge, on a la même mâchoire décroché que son partenaire masculin :oops: ).
Je me demande même si ça n'est pas la première fois que je la vois en couleur.
Je crois que c'est son seul film en couleur
Commissaire Juve a écrit :Tu parles de cette édition ?

Image

Parce que le DVD est à 83 livres ! :lol:
Sur Base.com et d'autres sites, tu peux avoir le blu + dvd à partir de 8 euro
popcyril
Doublure lumière
Messages : 699
Inscription : 4 mai 11, 00:04

Re: Le cinéma britannique

Message par popcyril »

Commissaire Juve a écrit :Tu parles de cette édition ?

Image

Parce que le DVD est à 83 livres ! :lol:
Oui, celle-ci même!

Acheté effectivement pour moins de 10€ il y a quelques semaines sur zaavi.

Une affaire en or! :lol:
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Elle est excellente cette collection BFI d'ailleurs plein de bonnes découvertes suite à des achats à l'aveugle :)
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Virgins Soldiers de John Dexter (1969)

Image

A Singapour, de nouvelles recrues britanniques font les frais de leur absence d'expérience, aussi bien militaire que sentimentale.

Trop jeunes pour avoir pu connaître l'intimité avec une femme, mais suffisamment vieux pour servir de chair à canon sur le front, telle est l'ironie sur laquelle fonctionne The Virgins Soldiers et son titre si bien trouvé. Le film adapte le roman de Leslie Thomas paru en 1966 et qui s'inspirait de sa propre expérience du service militaire qu'il effectua en Malaisie au début des années 50. Le film s'avère une sorte de précurseur anglais de MASH (1970) et de Catch 22 (1970) tout en s'inscrivant dans la lignée des récits d'apprentissage sentimentaux et guerriers tel que Le Cri de la victoire (1955) de Raoul Walsh. Alors que chacun de ses films poussaient le curseur sur le potache (MASH), le cauchemar halluciné (Catch 22) et l'eau de rose (Le Cri de la victoire), The Virgins Soldiers s'avère plus équilibré. La première partie fait le portrait de ses soldats juvénile, de leur maladresse et inaptitude au combat de manière dans la joyeuse comédie de régiment. La justesse de la chronique évoque d'ailleurs Les Vainqueurs de Carl Foreman (également scénariste du Pont de la rivière Kwai sorte de pendant adulte de The Virgins Soldiers), dont on ne s'étonnera pas de la présence à la production. Le contexte guerrier n'est qu'une manière de montrer leur inaptitude à la vie au sens large et à l'épreuve à laquelle ils sont confrontés. Simple soldats de garnison c'est d'abord par l'ennui latent, le climat tropical oppressant et la frustration sexuelle que nous apprenons à les connaître. Sous les gags (dont un couple gay inséparable qui détone) une certaine mélancolie s'installe à travers le héros Brigg (Hywel Bennett) dont la quête d'affection se confond avec sa volonté de perdre sa virginité. Dans les deux cas il n'ose franchir le pas dans les occasions qui se proposent à lui, la prostituée locale Juicy Lucy (Tsai Chin) pouvant assouvir ses pulsions mais qu'il fuira apeuré dans la scène d'ouverture. Pour l'amour, sa timidité l'empêche d'aborder la fille de son supérieur Philippa (Lynn Redgrave) elle aussi tout aussi perdue et inexpérimentée que lui.

Le côté rigolard, outrancier et gentiment érotique côtoie donc la romance tout en candeur. Une ballade à deux charmante de gêne mutuelle ou une scène de bal maladroite s'alterne ainsi avec des scènes de dépucelage très triviales. Cette dualité rejoint finalement celle du film, l'insouciance des soldats en herbe se confrontant à l'horreur de la guerre. Cette noirceur s'immisce progressivement, la violence et la mort ambiante se manifestant dans des séquences dont l'humour noir annonce effectivement Catch 22 (une partie de foot qui tourne court de façon très inattendue), un ton guerrier désamorcé (Brigg partant en pleine mission faire des galipettes avec Juicy Lucy) puis effectif dans un final sanglant. La confrontation avec le réel sera ainsi douloureuse le temps d'une scène de siège épique et spectaculaire en train, révélant le courage et la lâcheté de chacun et surtout cause de perte de personnages auxquels on s'était attaché. La jungle environnante source d'évasion amoureuse et de danger exprime bien l'apprentissage double du film, Brigg y découvrant à la fois la mort avec la disparition de ses camarades mais aussi la vie avec enfin sa première étreinte bien plus spontanée avec Philippa. L'épilogue retrouve ainsi ce côté léger où nos héros peuvent retourner à la vie civile la tête chargée de souvenirs et d'aventures mais le parfum de spleen et le regard perdu de Brigg laissera néanmoins comprendre qu'un peu de leur innocence est restée dans cette jungle. Hywell Bennett est excellent pour exprimer cette confusion de sentiment (et prolonge dans un cadre guerrier son formidable rôle de The Family Way (1966)), tout comme une très attachante Lynn Redgrave et un formidable Nigel Davenport en sergent dur à cuir et bienveillant. Le film sera un grand succès de 1969 en Angleterre, au point de générer une suite en 1977 (adaptant le second roman de Leslie Thomas sur le sujet) Stand Up, Virgin Soldiers où Nigel Davenport reprendra son rôle. 5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

La Conspiration de Ralph Thomas (1960)

Image

En Italie, pendant la Seconde Guerre mondiale, les nonnes d'un couvent aident des enfants juifs à s'échapper d'un camp de concentration. Mais des soldats allemands vont prendre la relève de la garnison italienne en charge du camp...

Conspiracy of Hearts est une œuvre humaniste puissante célébrant l'héroïsme de religieuses durant la Seconde Guerre Mondiale. L'histoire se déroule en Italie et une introduction quasi documentaire se charge de nous illustrer le contexte d'alors. Mussolini de plus en plus affaibli et soumis à son allié Hitler se voit destitué par son peuple. L'Italie sous occupation allemande se voit alors déchirée par le combat entre les anciens alliés, les partisans italiens menant la vie dure aux allemands qui disposent pourtant encore de l'allégeance d'une partie de l'armée italienne. Les affrontements causeront des morts nombreuses décimant les familles et créant de nombreux orphelins où parmi eux les juifs seront évidemment envoyés en camp de concentration. L'un d'eux en campagne avoisine un couvent où les nonnes menées par la Mère supérieure Catherine (Lili Palmer) font régulièrement évader des enfants juifs qu’elles font sortir du pays. Le chef de camp italien Spoletti (Ronald Lewis) les laisse tacitement faire mais tous va basculer avec l'arrivée d'une garnison allemande bien plus impitoyable.

L'ouverture aura servi à nous dresser l'équilibre des forces en présence mais le reste s'avère beaucoup plus flou et pas forcément réaliste quant à la région d'Italie où se passe le récit, la topographie du camp de prisonnier à peine esquissé et les méthodes d'évasions parfois un peu simples (même l'accord tacite et la garde auprès d'enfant est sans doute supposé moins étroite). Ce qui intéresse Ralph Thomas, c'est le questionnement humaniste de ces nonnes qui risquent ainsi leurs vies. Pour certaines comme Mère Catherine ou la novice Sœur Mitya (Sylvia Syms) ce devoir est inné même si elles s'interrogent chacune à leur échelle : Catherine sur sa responsabilité dans les risques qu’elle fait prendre à ses sœur et Mitya sur les élans amoureux de son cœur car sa vocation n'est pas totalement affirmée. D'autres enfermées dans le dogme religieux mais ne sachant voir au-delà sont contrariées par cet héroïsme forcé tel Sœur Gerta (Yvonne Mitchell). Le propos est subtil et malgré leurs actions louables le scénario n'en fait pas des saintes immaculées mais des femmes qui s'interrogent et craignent pour leur vie. La même finesse s'impose également dans la description de l'ennemi allemand. Si l'on a un sous-fifre nazi sadique et typique avec le Lieutenant Schmidt (Peter Arne détestable à souhait), le Colonel Horsten (Albert Lieven) s'avère plus complexe. Guère porté sur le fanatisme et l'idéologie nazie, il sera toujours pragmatique dans sa volonté d'exécuter le plus efficacement les ordres mais le moment venu s'avérera aussi impitoyable tout en semblant toujours regretter les exactions auxquelles il est contraint.

Le film dresse ainsi ce portrait contrasté tout en ménageant de sacré moments de suspense dans les stratagèmes qu'emploient les nonnes pour faire sortir, cacher et évacuer les enfants au nez et à la barbe des nazis. Là aussi les enfants ne sont pas de simple figure angélique sans parole à sauver, le traumatisme, le reniement de soi et la peur de ceux-ci étant longuement exposée dans des moments douloureux (cette fillette qui a oublié son prénom et ne pense plus que mériter le sobriquet de "saletés de juive"). La scène où les nonnes les autorisent à célébrer le Yom Kippour et où ils fondent en larmes au moment d'écrire le nom de leurs disparus est un vrai déchirement. Malgré le danger, le film garde presque un aspect ludique par l'ingéniosité de ces nonnes mais une dernière demi-heure insoutenable voit la réalité les rattraper et l'inhumanité nazie se faire jour, l'habit religieux ne constituant plus un rempart suffisant à la barbarie. Captivant de bout en bout, fin et poignant une grande réussite portée par une Lilli Palmer habitée (le fait qu'elle ait dû fuir l'Allemagne nazie avec sa famille car ils étaient juif contribue sans doute à la vérité de son interprétation). Le public anglais plébiscitera le film, en faisant un des cinq plus gros succès de l'année. 5/6
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Le cinéma britannique

Message par joe-ernst »

Profondo Rosso a écrit :The Virgins Soldiers de John Dexter (1969)
Je l'ai visionné ce week-end, et tout en partageant les commentaires de ta chronique (j'ajouterai encore parmi les acteurs Rachel "Maman Redgrave" Kempson, formidable de folie), j'ai cependant trouvé que la mise en scène quasi bordelique nuisait beaucoup au film, heureusement sauvé par bien des dialogues savoureux et typiquement british.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

C'est vrai que c'est un peu anarchique par moments (et du coup moins maîtrisé qu'un MASH ou un Catch 22 dans sa confusion) mais ça ne m'a pas embêté plus que ça et ça semble volontaire, parce que le final ou on revient à un contexte guerrier plus classique avec l'attaque du train un vraiment efficace. Et sinon c'est vrai que Rachel Kempson est géniale, sa passion pour son poison rouge :mrgreen:
francesco
Accessoiriste
Messages : 1630
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Le cinéma britannique

Message par francesco »

C'est curieux qu'on ne parle pas davantage de La Conspiration qui se trouve facilement en DVD avec sous-titres. Ca a vraiment tout pour devenir "populaire" et ce que tu dis de son succès en Angleterre n'est pas surprenant. J'ai pleuré comme une madeleine pendant la moitié du film (à partir de la scène avec la petite fille qui a oublié son nom ... la cérémonie secrète étant une espèce d'apothéose dans le genre ... ) et en même temps le suspens est diabolique ( :mrgreen: ).
C'est comme une version plus sombre de La Mélodie du Bonheur. Bon, ça va en faire fuir certains ...
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Je me demande si c'est sorti en salle en France, ça expliquerai que ce soit si méconnu (sur le wiki anglais je vois même que ça a été nominé au Golden Globe à l'époque). Avec des diffusions TV régulière ça avait tout pour devenir un petit classique chez nous aussi effectivement. C'est vrai que la dernière demi-heure est extraordinaire en émotion tantôt bienveillante (la cérémonie) tantôt glaçante j'étais tendu à bloc aussi :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

London Belongs to Me de Sidney Gilliat (1948)

Image

A la fin des années 30, une maison du South London accueille des pensionnaires variés. Les jours s’égrènent paisiblement jusqu’à ce que l’apparition d’un médium et l’arrestation pour meurtre du fils d’une pensionnaire ne viennent perturber la vie des habitants.

London Belongs to Me est un beau film choral offrant une sorte de photographie nostalgique de l'Angleterre d'avant-guerre et plus précisément de la classe moyenne. Adaptant le roman de Norman Collins, le scénario concentre sa description de ce microcosme dans un quartier de Londres au 10 Dulcimer Street. A travers les différents personnages et situations dépeintes, le ton oscillera ainsi entre le drame, la comédie voir le film noir avec un équilibre constant. Vont donc s'entremêler la romance de la logeuse et veuve Mrs Kitty (Joyce Carey) avec le médium un peu escroc Mr Squales (Alastair Sim), un couple de retraité Josser (Fay Compton et Wylie Watson) rêvant de se retirer à la campagne et les amours de leur fille (Susan Shaw) et surtout la dérive criminelle du jeune garagiste Percy Boon (Richard Attenborough). L'histoire se déroule entre noël 1938 et septembre 1939 soit l'engagement de l'Angleterre dans la Deuxième Guerre Mondiale. Cette situation internationale se dégradant dangereusement s'inscrit en filigrane bien éloigné des préoccupations des personnages, simple exprimé par l'excentrique alarmiste Uncle Henry (Stephen Murray).

Sidney Gilliat se rattache donc à une forme d'innocence de ses héros encore centrés sur leurs petits soucis quotidiens, tout en anticipant certains comportements futurs, positif comme négatif. L'attachement des habitants à ce Londres bientôt soumit aux rigueurs du Blitz s'expriment donc avec les charmants retraités (très touchante scène de départ d Mr Josser) ne se décidant pas à choisir ce cottage signifiant un départ, la débrouillardise et le système D nécessaire avec la truculente pique-assiette Connie Coke (Ivy St Helier)et les escrocs en tout genre et la criminalité que fera naître le marché noir se dévoile avec Percy Boon. Modeste garagiste vivant avec sa mère, Boon cède à l'argent facile en retapant des voitures volées et ce sera l'escalade tragique lorsqu'il tentera d'en voler lui-même puis sera l'auteur involontaire d'un meurtre. Avec Richard Attenborough dans ce rôle, impossible de ne pas penser à l'infâme Pinky qu'il campa l'année précédente dans Le Gang des Tueurs. Pinky semblait être la résultante glacial d'une vie criminelle durant la guerre, Percy peut être vu comme le même personnage encore aux prémices de sa "carrière", encore maladroit et hésitant dans ses méfait. Le scénario sans négliger sa lâcheté et faiblesse de caractère en fait néanmoins un être attachant pris dans une spirale criminelle malgré de bonne intention. Richard Attenborough lui apporte toute sa présence fébrile et hallucinée avec le talent qu'on lui connaît. L'histoire du faux médium amène un comique bienvenu, Alastair Sim étant comme souvent génial entre cynisme et charme obséquieux et les scènes de romance avec la logeuse crédule sont tordantes de candeur feinte.

Visuellement Sidney Gilliat fait preuve d'une belle inventivité pour s'adapter aux ruptures de ton du film. La lente escalade criminelle de Boone se fait dans une ambiance urbaine ténébreuse et de plus en plus oppressante (saisissante scène nocturne sur la route) grâce à la photo somptueuse de Wilkie Cooper qui fait aussi des merveilles dans le gothique pour rire des scènes de spiritisme ou les scènes oniriques digne du meilleur polar psychanalytique américain. Le réalisme et une certaine urgence plus documentaire se révèle aussi dans la description des clubs clandestins vivant au rythme des descentes de police. Au final le regard est très bienveillant (dans la lignée positive de tous les films abordant plus directement la Deuxième Guerre Mondiale du point de vue des civils du duo Launder/Gilliat comme le magnifique Millions Like Us ou Waterloo Road) avec notamment un élan de solidarité final un peu moqué dans sa symbolique collective (la marche et la pétition) mais très touchant dès qu'il se rattache à l'intime (le renoncement des Josser à leur cottage pour une bonne cause). Une belle œuvre chorale et une réussite de plus pour l'association Sidney Gilliat/Frank Lauder (ils mériteraient bien un topic eux !). 5/6
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui, Justin nous parle d'un film de Frank Launder : The Happiest Days of your Life sorti en DVD chez Tamasa.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Justin Kwedi poursuit ce mini-cycle anglais avec, toujours de Frank Launder : Les Belles de Saint-Trinian. Stéphane Beauchet a testé le Bluray sorti chez Studio Canal.
Répondre