Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Kevin95 »

Profondo Rosso a écrit :Le film est sorti en Warner Archives :wink:

http://www.amazon.co.uk/Our-Mothers-Hou ... %27s+House
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Je croise les doigts pour que le film sorte dans une éventuelle collection "cinéma anglais" chez Warner France (avec Sitting Target... rêvons un peu).
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moonfleet
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Re: Le Cinéma britannique

Message par moonfleet »

Kevin95 a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Le film est sorti en Warner Archives :wink:

http://www.amazon.co.uk/Our-Mothers-Hou ... %27s+House
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Je croise les doigts pour que le film sorte dans une éventuelle collection "cinéma anglais" chez Warner France (avec Sitting Target... rêvons un peu).

Dans 10 ans ??
Je n'attendrais pas aussi longtemps Image
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Commissaire Juve
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

moonfleet a écrit :Il y a un film que j'aimerais beaucoup revoir et qui malheureusement n'est toujours pas édité, c'est le film de Jack Clayton Chaque soir à neuf heures/Our Mother's House (1967)
Kevin95 a écrit :Excellent souvenir lors de son passage chez Brion (je crois) il y a une dizaine d'année. La musique de Delerue me laisse à chaque écoute sur le carreau.
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Tombé "par hasard" sur le thème principal. Très beau effectivement. Truc marrant : je me suis dit "Tiens ! on dirait du Rachel Portman !" (enfin... vous voyez ce que je veux dire :mrgreen: )

Pour Rachel Portman, voir notamment ces titres :
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Désolé s'il y a de la pub avant.
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moonfleet
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Re: Le Cinéma britannique

Message par moonfleet »

Petit topo de Nicolas Botti sur les studios anglais ======>

http://www.cinemaderien.fr/les-grands-s ... tanniques/
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Lockwood
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Lockwood »

moonfleet a écrit :Il y a un film que j'aimerais beaucoup revoir et qui malheureusement n'est toujours pas édité, c'est le film de Jack Clayton Chaque soir à neuf heures/Our Mother's House (1967)

Après la mort de leur mère et sans père au domicile, une fratrie de sept enfants décide de ne pas le dire pour continuer à habiter la maison, et se livre le soir à d'étranges cérémonies...Le film est teinté d'une brume de fantastique et Dirk Bogarde joue un père cokney et absent qui cherche à manipuler ses enfants... Sinon, les jeunes acteurs sont tous très bons, comme souvent dans le cinéma anglais des années 60-70.

http://www.imdb.com/title/tt0062089/?ref_=nm_flmg_dr_5
Je me souviens que ce film m'avait absolument bouleversé l'année dernière.
Tout cela était pourtant bien casse-gueule à première vue
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Le début du film débutant par une scène de procession des enfants qui découvrent tour à tour leur mère morte...
on peut pas trouver meilleur prétexte pour essayer de nous tirer les larmes des yeux. Mais cela est fort bien amené par le réalisateur, qui allie l'émotion des enfants à leurs interrogations plus pragmatiques et brosse ainsi efficacement les caractères des jeunes protagonistes, qui seront voués à évoluer pendant le film, au gré de leur apprentissage de leur nouvelle vie.

Le film est constamment nimbé d'une aura de mystère, émanant de la maison qui sert de décor au film, lugubre à souhait et de l’émergence de Dirk Bogarde,
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amenant un climat de suspicion qui éclatera lors d'une scène finale absolument bouleversante.
Jack Clayton montre par ailleurs qu'il est très à l'aise pour diriger des enfants (comme il l'avait démontré dans "les innocents") et j'avoue y avoir découvert Pamela Franklin, une excellente actrice qui avait eu un début de carrière très prometteur ("The Prime of Miss Brody", "And soon the Darkness" et "les innocents", entre autres) initié alors même qu'elle n'était qu'une enfant avant de s'interrompre pour des raisons inconnues au milieu des années 70...
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

That Sinking Feeling de Bill Forsyth (1979)

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Ronnie, Wal, Andy et Vic sont quatre adolescents qui s'ennuient, chômeurs de la ville triste et pluvieuse de Glasgow. Ronnie a l'idée de réaliser le casse d'éviers en acier inoxydable qui pourrait rapporter gros.

Local Hero (1983) sera le film de la reconnaissance internationale pour le cinéaste écossais Bill Forsyth, précédé par le succès critique de la charmante chronique adolescente Gregory's Girl (1981). Ce second film constituait l'aboutissement du brouillon que constitue That Sinking Feeling réalisé deux ans plus tôt. Les deux films partagent un casting quasiment identique puisque Bill Forsyth repris les jeunes acteurs recrutés au sein de du Glasgow Youth Theatre. Après une formation à la National Film and Television School et une expérience de monteur au sein de la BBC, Bill Forsyth retourne à son Ecosse natale pour fonder sa compagnie de production Tree Film. Il s'y spécialise dans le documentaire (genre où il fit ses premières armes en 1964 après avoir été recruté sur petite annonce) mais aspire à passer à la fiction. Ce sera chose faite avec That Sinking Feeling qui aura l'insigne honneur d'être le premier film à être entièrement produit et financé (pour le minuscule budget de 5000 livres) en Ecosse, tous les tournages précédents au sein du pays ayant toujours été des coproductions anglaises ou hollywoodiennes.

L'expérience documentaire du réalisateur et une filiation évidente avec Ken Loach se ressent dès l'ouverture du film. Dans Kes (1969), l'environnement du jeune héros le condamnait à un certain déterminisme social où l'amour pour son faucon constituait une respiration dans un futur le poussant vers la délinquance ou le maintien dans ce milieu modeste et ouvrier. On pourrait penser que le constat de That Sinking Feeling, la délinquance constituant désormais la seule voie pour ces post adolescent au chômage. Tout pousse à la sinistrose avec ce Glasgow tout en désolation urbaine grisâtre ou déambule les protagonistes déprimés par leur poches vides et inactivités. Bill Forsyth va pourtant aller à rebours de ce spleen ambiant avec un récit sacrément ludique. La scène d'ouverture donne le ton en évoquant par l'humour cette misère sociale lorsqu'un des héros (John Hughes) passe devant un stand de sandwich et s'éloigne l'air ahuri et gêné quand il verra qu'il n'a pas les 45 pences demandés. Tous les personnages sont introduit selon ces deux niveaux de lectures amusés et pathétiques, que ce soit Ronnie (Robert Buchanan) se plaignant devant la statue d'un héros national de ne pas trouver de job, sans parler de cet autre protagoniste testant en magasin des chaînes hi-fi qu'il n'a bien évidemment pas de quoi se payer.

Lassé de ce marasme Ronnie a une idée de génie pour renflouer le groupe, organiser le cambriolage de ce qui constitue la gloire industrielle locale, des éviers en aciers inoxydable. On est ainsi parti pour une sorte de variante écossaise du Pigeon de Mario Monicelli : les préparatifs, l'exécution en passant par l'écoulement du butin constitue un ensemble sacrément loufoque. Parmi les moments les plus tordants on verra le travestissement grossier en vue de séduire le gardien de nuit, le running gag du patron endormi et ronflant victime de la mixture de l'étudiant en médecine du groupe (afin d'emprunter son camion à son insu) ou la vente en forme de moquerie de l'art contemporain. Malgré les problèmes de rythmes et le côté un peu inégal d l'ensemble, c'est vraiment le capital sympathie qui domine d'autant que Forsyth fait preuve d'un vrai brio formel. Cette art de la rupture de ton, du rebondissement inattendu et de cette équilibre entre l'anodin et l'humour potache fonctionne pourtant bien et trouvera un aboutissement avec le plus maîtrisé Gregory's Girl. 4/6 Un petit film culte qui constitue d'ailleurs la plus grosse vente de cette belle collection BFI Flipside.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Hell is a city de Val Guest (1960)

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Don Starling (John Crawford) vient de s’échapper de prison où il purgeait une peine de quatorze ans pour un cambriolage, tuant un gardien dans le feu de l’action. L’inspecteur Harry Martineau (Stanley Baker) est convaincu que Starling (qu’il avait arrêté il y a cinq ans) reviendra à Manchester.

Hell is a city constitue une tentative de diversification de la Hammer avec ce film noir dépourvus des créatures fantastiques ou de la science-fiction qui a fait la célébrité de la compagnie. Le film adapte le roman éponyme de Maurice Procter, maître du roman noir anglais qui avec cet ouvrage (paru en 1954) écrivait la première aventure de son personnage le plus célèbre l'inspecteur Harry Martineau. Procter plaçait toutes ses intrigues dans la ville de Granchester, cité industrielle imaginaire du nord de l'Angleterre où l'on reconnaîtra bien sûr Manchester. Cette légère différence permettait une plus grande liberté de ton Procter tout en y distillant un certain réalisme imprégné de ses 19 ans en tant que policier. L'adaptation se délestera de cet artifice en se situant réellement à Manchester mais du coup perd sans doute le côté tentaculaire et menaçant que suggère la ville à travers le titre mais aussi la promotion très agressive du film. Là la ville semble finalement assez calme et l'urbanité oppressante s'est sans doute mieux ressentie dans d'autres polar anglais de l'époque comme le teigneux Never let go (1960) de John Guillermin.

L'urgence de la mise en scène de Val Guest parvient néanmoins à faire capter ces pulsations de la ville dans laquelle se plaît à déambuler Harry Martineau (Stanley Baker). Le commissariat, les rues et le pub constituent le quotidien du personnage fuyant un foyer sinistré où il ne s'entend plus avec sa femme. L'évasion de Don Starling (John Crawford) qu'il avait mis sous les verrous va lui donner l'occasion de se mettre en action, d'autant qu'il le soupçonne d'être derrière le hold d'up mortel récent d'un prêteur sur gage. L'intrigue et son déroulement sont assez typiques du polar mais on ressent néanmoins la patte Hammer dans une brutalité d'ensemble qui dénote. John Crawford incarne un truand féroce et prêt à tout dont la violence semble plus particulièrement s'exercer sur les femmes avec meurtre à coup de matraque, balle tirée dans le dos sans parler d'une ancienne maître sauvagement mis au pas par Starling. On sent la différence du polar anglais avec son homologue américain à travers la modestie de ses criminels (les acolytes culpabilisant après le meurtre accidentel du braquage) ce qui rend d'autant plus intimidant les vrais irrécupérables comme Don Starling. On devine ainsi l'expérience policière de Maurice Procter dans la description des méthodes policières, tout en finesse psychologique et conviction (voir l'entrevue avec la femme de l'usurier retournée comme un rien) pour faire avouer les malfrats mais également un sens de la déduction prenant le pas sur l'action.

On remonte donc la piste avec intérêt malgré le manque d'action grâce au charisme de Stanley Baker et l'imprévisibilité d'un John Crawford faisant office de croquemitaine. Val Guest offre de superbes vues de Manchester magnifiée par la magnifique photo d'Arthur Grant, où l'on navigue entre ruelles désertiques, pubs bondé et quartier pavillonnaire faussement calmes. Le final récompense l'attente avec une sacrément hargneuse course poursuite sur les toits, où le découpage et la mise en scène nerveuse de Val Guest en font un morceau de bravoure palpitant. Un polar qui aurait gagné à un peu plus cultiver sa méchanceté (les meilleurs moments sont quand il y cède, peut-être dans d'autres adaptation s'il y en a eu) mais qui s'avère néanmoins prenant et esthétiquement attrayant. 4,5/6

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Re: Vos Achats de DVD naphtas

Message par moonfleet »

Redécouverte des films avec le grand méchant victorien du cinéma anglais: Tod Slaughter 8) Le genre de villain qui émet un rire sardonique en se lissant les moustaches, et qui attache la jeune fille sur les rails :twisted: , il a un côté plus grand guignol je dirais qu'Eric von Stroheim auquel on pourrait le comparer dans ce genre de rôle, disons que la sexualité ( exprimée de façon brutale et explicite) et l'horreur graphique font le différence, Tod Slaughter a été aussi le premier interprète du barbier de Fleet Street au cinéma, Sweeney Todd, où il surjoue les rictus et rires diaboliques tout en projetant de tuer un enfant, mais comme on dit: pour notre plus grand plaisir...
Crimes at the Dark House démarre avec une scène où un prospecteur en Australie est assassiné d'une façon assez trash :o ... je me suis demandée comment cette scène avait pu passer la censure d'ailleurs :o


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1935 et 1940

http://www.britmovie.co.uk/1970/01/01/t ... ic-menace/

Petit montage rigolo sur le personnage :wink:



====> on remarquera le crash d'une porte à la hache, quelques années avant The Shining :)

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

J'ai un peu remanié mon petit compte-rendu et je reposte ici.

La rue du péché / This is my street (Sidney Hayers, 1964)

C'est l'histoire d'une jeune mère de famille (June Ritchie), mariée à un type plutôt beauf (Mike Pratt), qui se laisse draguer puis suborner par le locataire de sa mère (Ian Hendry). Le hic, c'est que ce dernier est du genre à tirer sur tout ce qui bouge, et, vous vous en doutez, le ciel ne tarde pas à s'assombrir...

Ce n'est pas d'une folle originalité, ce n'est pas un "grand" film, mais quand on aime les années 60, le kitchen sink drama, on passe un moment sympa. June Ritchie nous revient deux ans après "Un amour pas comme les autres" avec la même tête (on a presque l'impression d'assister à une suite du Schlesinger), mais dans un quartier moins chic. Ian Hendry se comporte comme un beau salaud. On devine aisément comment les choses vont tourner, mais on attend de voir.

Il y a tout de même un truc qui m'a laissé perplexe : les intermèdes avec le personnage de Maureen, la jeune femme à la cuisse légère (interprétée par Philippa Gail). Comme il n'a pas de lien direct avec les autres personnages, les séquences qui lui sont consacrées sont comme un film dans le film, pour ne pas dire un cheveu dans la soupe (d'autant qu'il finit par disparaître des radars assez longuement). A un moment, je me suis dit qu'il avait peut-être une valeur symbolique. Mais symbolique de quoi ? Mystère !

Sinon, dans les rôles importants, je signalerai une étonnante Annette Andre qui m'a fait un peu penser à une Mylène Demongeot britannique ! :o (elle joue Jinnie, la sœur de June Ritchie)

Enfin, côté Kitchen sink, c'est plutôt pas mal : on a un beau décor de quartier populaire, des petits appartements, des mecs qui se coupent les ongles des orteils sous le nez de la caméra (très "classe" :mrgreen: ), mais on n'est pas à proprement parler chez les prolos. On est entre deux eaux. Les filles sont bien habillées, bien coiffées (June Ritchie est souvent très élégante), ce n'est pas le lumpenprolétariat.

Extrait (version britannique du "J'ai besoin de changer d'atmosphère" de Carné) :
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Pour en savoir un peu plus sur le DVD : c'est par ici.

Sur ce, je vais me le repasser (au passage, vous apprécierez, ci-dessous, le visuel bien atroce).

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Dernière modification par Commissaire Juve le 30 mai 17, 13:43, modifié 1 fois.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Assassinats en tous genres de Basil Dearden (1969)

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Jeune femme indépendante qui cherche à faire carrière dans le journalisme, Miss Winter (Diana Rigg) enquête sur une entreprise assez spéciale : le bureau des assassinats. Elle vend son projet d’article au propriétaire d’un gros journal anglais Lord Bostwick (Terry Savalas) et se fait passer pour le commanditaire d’un assassinat pour rencontrer le directeur du bureau, un certain Ivan Dragomiloff (Oliver Reed). Celui-ci est quelque peu surpris quand il apprend l’identité de la victime, mais accepte la mission au nom du bureau.

Basil Dearden signe un divertissement de haute volée avec The Assassination Bureau, drôle, trépidant et classieux. Le film a pour origine un roman inachevé de Jack London, dont l'ami et auteur Sinclair Lewis lui suggéra l’idée d'un récit traitant d'une société secrète d'assassin. Jack London se lança donc en 1910 mais, incapable d'en donner une conclusion satisfaisante mis le roman de côté pour un temps et celui-ci resta inachevé à sa mort en 1916. Bien plus tard en 1963, l'auteur Robert L. Fish se basant sur des notes de Jack London achève le roman qui peut enfin paraître. En ces 60's pop marquée par le succès des James Bond, une adaptation est rapidement mise en route par le producteur Michael Relph qui convoque pour le mettre en scène son vieil ami Basil Dearden dont il fut le directeur artistique sur de nombreux films à la Ealing comme Au cœur de la nuit (1945) ou Saraband for Dead Lovers (1948). Marqué par ses créateurs de renom, le film marquera donc une première rupture avec le roman en se déroulant en Europe plutôt qu'aux Etats-Unis et étant bien plus marqué par un certain esprit british.

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Le récit conjugue habilement questionnement moral, réflexion sur la féminité et un jeu astucieux sur le contexte politique européen explosif de l'avant Première Guerre Mondiale. Comme le montre un hilarant pré générique, l'assassinat est plus matière à ridiculiser la maladresse ou la virtuosité des tueurs officiant plus par l'amour du sport que par volonté politique. C'est la vertu détachée de l'Assassination Bureau dirigé par Ivan Dragomiloff (Oliver Reed), pour peu que la cible ait eu des agissements répréhensibles et que le cachet soit lucratif. Cette ambiguïté morale va le rattraper lorsque l'apprentie journaliste Miss Winter (Diana Rigg) remonte la piste du Bureau pour commanditer son propre meurtre. Ivan par amour du jeu relève le défi et se voit traqué à travers l'Europe par ses anciens collègues mais la manœuvre cache un complot plus vaste. Le ton ludique conjugué à une narration enlevée et pleine de rebondissements fait passer tous les écarts (notamment narratifs voir la facilité avec laquelle Miss Winter infiltre le Bureau même si on aura une explication)) grâce à la richesse du propos sous la légèreté. Cela passe notamment par une délicieuse Diana Rigg. Miss Winter est une jeune femme portée par sa seule ambition et velléités féministe, dont la rigueur morale et le désintérêt pour la frivolité relève plus du manque de vécu. Révoltée par le principe de l'Assassination Bureau, elle va pourtant user d'un procédé douteux pour le démanteler et tirer un bon sujet d'article par la même occasion. Suivant bien malgré lui Ivan dans son périple à travers l'Europe où il essaie de devancer ses poursuivants, Miss Winter va bientôt vaciller en tombant amoureuse de lui.

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Chaque étape et pays visité permet d'aborder une ambiance et une tonalité différente incarnée notamment par le tueur auquel se confronte nos héros. Le Paris libertin de la Belle Epoque nous vaudra une visite dans une rutilante maison close dirigée par le vénal Lucoville (Philippe Noiret). Le décor pétaradant joue autant du fantasme que l'on se fait de cette période que de l'esthétique pop et de la liberté de ton des 60's avec ces jeunes filles courte vêtues, la manière dérobée dont on accède à ses lieux de plaisirs. Oliver Reed se situe l'humour en plus dans le sillage du Love de Ken Russell avec des personnages élégants et loin des rôles de rustres qui l'on fait connaître. Il associe cette classe à un transformisme à la Arsène Lupin et une présence virile à la James Bond qui le rend irrésistible dans les différents stratagèmes qu'il monte pour méduser ses poursuivants. On s'amuse beaucoup de la complicité naissante avec une Miss Winter qui se déride au fil de l'aventure et de ses propres mésaventures. Diana Rigg alterne avec brio ingénuité (notamment durant les scènes avec un Telly Savalas qu'elle recroisera cette même année dans le grandiose Au service secret de sa majesté), présence sexy et forte personnalité. La scène où elle se retrouve en petite tenue, subit une rafle policière et garde tant bien que mal sa dignité en réclamant l'ambassadeur anglais est un régal. Cette vulnérabilité et féminité subie devient naturelle au fil du récit, sa vision se faisant moins binaire avec les sentiments naissants pour Ivan. Là encore de jolis moments (la scène où elle cherche une bombe dans sa chambre où celle où elle sauve Ivan en oubliant son investissement initial) vienne ponctuer la transformation dans les attitudes plus séduisantes et la présence de plus en plus sexy de Diana Rigg.

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Même si l'on traverse une sorte d'Europe décalée à la Tintin (passant par Venise, Vienne ou Paris) le sujet est intéressant dans son enjeu voyant l'assassinat revêtir des vertus politique en vue de manipulation en cette ère pré Première Guerre Mondiale. Ivan est presque le garant d'une époque plus morale et insouciante malgré son statut d'assassin tandis que les adversaires seront des adeptes du complot et du chaos. Cette vilenie ordinaire est parfaitement représentée par la veuve pulpeuse qu'incarne Annabella Incontrera. Michael Relph offre une splendide direction artistique parfaitement mise en valeur par Dearden avec des visions chatoyantes de cette Europe reconstituée à Pinewood, appuyant sur un faste et un rococo dont l'éclat cherche à masque le danger tapis dans chaque recoin (le face à face entre Ivan et Annabella Incontrera dans le somptueux palais vénitien). Trépidant de bout en bout, le film s'offre même un final sacrément spectaculaire entre James Bond rétro et steampunk avec un long affrontement en Zeppelin lourdement armé. Dearden joue autant des intérieurs tortueux de l'engin que des visions impressionnantes le montrant avancer et vaciller dans les airs. Les transparences sont certes assez voyantes mais c'est mis en scène avec un tel panache qu'on reste bien accroché. Seul regret le scénario retrouve un semblant d'élan machiste (alors que c'était parfaitement équilibré jusque-là) en ne faisant pas réellement participer Diana Rigg au sauvetage final même si cela vaudra un bon dernier gag. Un thriller et film d'aventures originale et ludique épatant donc, bonne surprise. 5/6

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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Oh non, pas Oliver Reed ! :? Gare au gori-i-i-i-lle !
Profondo Rosso a écrit :Trépidant de bout en bout, le film s'offre même un final sacrément spectaculaire entre James Bond rétro et steampunk avec un long affrontement en Zeppelin lourdement armé...
Aaah ! Toi aussi, tu racontes la fin des films ? Avec des photos par-dessus le marché ! Pas cool !
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Méchant, en plus pour le coup il a vraiment la classe et l'élégance dans ce film on est pas dans Take a Girl Like You :mrgreen:
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Sans méchanceté, je crois que tu as raté ça ! :mrgreen:
Commissaire Juve a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Trépidant de bout en bout, le film s'offre même un final sacrément spectaculaire entre James Bond rétro et steampunk avec un long affrontement en Zeppelin lourdement armé...
Aaah ! Toi aussi, tu racontes la fin des films ? Avec des photos par-dessus le marché ! Pas cool !
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Commissaire Juve a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Trépidant de bout en bout, le film s'offre même un final sacrément spectaculaire entre James Bond rétro et steampunk avec un long affrontement en Zeppelin lourdement armé...
Aaah ! Toi aussi, tu racontes la fin des films ? Avec des photos par-dessus le marché ! Pas cool !
Ca va tu sais juste qu'il y a une scène d'action avec un Zeppelin, vous me faites peur parfois les maniaques du spoiler :mrgreen: Les vrais rebondissements concernent plus les l'intrigue en elle-même et les faux-semblants là je n'en parle pas trop mais savoir qu'il y a une grosse scène d'action ça donne plutôt envie.

edit : Et qu'on voit dans la bande-anonce en plus

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Re: Le Cinéma britannique

Message par moonfleet »

Profondo Rosso a écrit :Assassinats en tous genres de Basil Dearden (1969)


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J'ai toujours un oeil sur le dvd, malheureusement il est très cher :|
Il y a même Philippe Noiret qui fait une apparition :D
Dernière modification par moonfleet le 18 févr. 16, 12:06, modifié 2 fois.
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