Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Rick Blaine a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Payroll de Sidney Hayers (1961)

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Des gangsters pillent la camionnette blindée transportant les salaires d'une compagnie. Le chauffeur est tué. Sa femme se lance dans son enquête, parallèlement à la police.

Une redoutable série noire bien retorde qu'on retient surtout désormais pour être le premier rôle en anglais de Françoise Prévost. Le point de départ est classique. Une bande de malfrats projettent de braquer un fourgon blindé depuis longues semaines. Leurs plans sont contrecarrés par l'arrivée d'un nouveau modèle de véhicule dont la sécurité est bien plus difficile à franchir. Heureusement pour eux, il possède une taupe au sein de la compagnie avec le modeste Denis Pearson (William Lucas) qui va leur donner les plans de la camionnette afin qu'ils en trouvent les point faibles puisqu'ils sont mécaniciens dans le civil. La première partie dépeint donc la minutieuse préparation du casse et parallèlement insère des scènettes qu'on pense futiles sur le quotidien des agents de la compagnie et leur vie de famille, ainsi que des rapports orageux entre la taupe et son épouse Jackie (Françoise Prévost).

La scène de braquage, filmée au cordeau par Sidney Hayers est une merveille de tension et de violence sèche à l'issue spectaculaire. Passé ce moment, le film part dans une direction étonnante. Tout les protagonistes même les gangsters sont dépeint comme des "monsieur tout le monde". Pour les auteurs du hold-up, c'est un coup d'éclat inespéré qu'ils ne vont pas savoir gérer pour faire profil bas. L'informateur sombre dans le remord et la paranoïa tandis que son épouse par son trouble devine le fond de l'histoire et entame une liaison avec le redoutable chef de gang incarné par Michael Craig. Ce qu'ils n'avaient pas prévus, c'est la vengeance impitoyable de l'épouse d'un des convoyeurs tués. On saisit alors l'importance des apartés bucoliques du début et Billie Whitelaw femme au foyer quelconque au départ devient une veuve glaciale bien décidé à faire payer les meurtrier de son époux. Le script (adapté d'un roman de Derek Bickerton) joue intelligemment de la frêle allure du personnage en donnant un tour bien plus sournois à sa vengeance. Elle va briser psychologiquement les truands amateurs à coup de lettre anonymes, d'appel téléphonique dans le vide et de filature dans un Newcastle sinistre et grisâtre qui se prête parfaitement à cette ambiance de film noir. Billie Whitelaw est parfaite de froideur et de détermination (et un regard d'une intensité incroyable) et il est dommage que le film ne s'appuie pas plus sur elle pour laisser la place à des moments plus classiques sur l'errance et la suspicion des gangsters et aussi les manigances de Françoise Prévost un peu trop mise en avant.

Le final est redoutable d'efficacité avec notre veuve qui traque les meurtrier jusqu'à une ultime séquence jubilatoire (et qui l'absous avec un peu d'hypocrisie morale) tandis que ceux ci se seront joyeusement trahis entre eux auparavant le temps de mémorables retournements de situations. Très alerte et diablement efficace, porté par une mise en scène nerveuse de Sidney Hayers très bonne série noire. 4,5/6

Et Studio Canal oblige c'est évidemment sans sous-titres...
Vu hier, je te rejoins en tous points, un film remarquable!!! Merci de l'avoir porté à ma connaissance.

Et quel final n'est ce pas ? Celui là il n'a vraiment rien à envier aux meilleurs polar français produit à la même époque.
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Rick Blaine
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Re: Le cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit : Et quel final n'est ce pas ? Celui là il n'a vraiment rien à envier aux meilleurs polar français produit à la même époque.
Exactement!

Et c'est une narration tout à fait remarquable qui nous y mène. J'ai trouvé le film excellemment construit, avec par exemple ces scènettes de la vie des agents que tu avais évoqué et qui prenne leur sens ensuite, lorsque l'action est en marche.
On a également une superbe photo, c'est à noter, remarquablement mise en valeur par un DVD de toute beauté.
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

C'est là que je vois que mes posts dans le topic DVD Classiques british n'étaient vraiment pas lus : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... l#p1831199 :?

Image Image Image - - - :mrgreen:
Dernière modification par Commissaire Juve le 20 janv. 12, 14:38, modifié 1 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Rick Blaine
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Re: Le cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Commissaire Juve a écrit :C'est là que je vois que mes posts dans le topic DVD Classiques british n'ont vraiment servi à rien : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... l#p1831199 :?
Mais si mais si il servent. :D
D'ailleurs, tu avais également souligné cette qualité quelques pages plus haut lorsque Profondo avait posté la chronique, ça m'avait encouragé à l'acheter!
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Rick Blaine a écrit : Et c'est une narration tout à fait remarquable qui nous y mène. J'ai trouvé le film excellemment construit, avec par exemple ces scènettes de la vie des agents que tu avais évoqué et qui prenne leur sens ensuite, lorsque l'action est en marche.
Oui au début on se demande ce que ça vient faire là et puis ça s'enchâsse au récit dans une logique parfaite vraiment un modèle de construction.

Commissaire Juve a écrit :C'est là que je vois que mes posts dans le topic DVD Classiques british n'ont vraiment servi à rien : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... l#p1831199 :?
Ah si si on les lis je crois bien que The L Shaped Room et pas mal de Hayley Mills après avoir lu tes commentaires. Après le topic est un peu isolé en section dvd et moins visible et central que celui-là en section naphtas ça explique un peu. J'avais bien fais une page entière quasi tout seul en milieu de topic à un moment aussi :mrgreen:

edit : Pareil que Rick Blaine !
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

J'ai découvert ce nouveau site français sur le cinéma anglais récemment, vraiment très intéressant éclectique (ça cause aussi série tv napthas anglaise) et fourni. Hop le lien http://www.cinemaderien.fr/
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Re: Le cinéma britannique

Message par Akrocine »

:shock: Je vais pas tarder à faire une commande aux prix ou sont les DvD! http://www.amazon.co.uk/Blue-Lamp-DVD-J ... 678&sr=8-1

Merci Commissaire pour Blue Lamp il ira avec mon coffret Eclipse :D
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Le cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :J'ai découvert ce nouveau site français sur le cinéma anglais récemment, vraiment très intéressant éclectique (ça cause aussi série tv napthas anglaise) et fourni. Hop le lien http://www.cinemaderien.fr/

Il m'a l'air fort intéressant ce site, belle trouvaille.
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Re: Le cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

The League of Gentlemen (Hold-up à Londres - Basil Dearden, 1960)

Le lieutenant colonel Hyde (Jack Hawkins), récemment mis à la retraite de force, réunit une équipe d'ancien militaires pour commettre un casse.

Ce film de Basil Dearden a la réputation d'être l'archétype du film de casse. Réputation méritée! The League of Gentlemen est construit selon une structure extrêmement classique: présentation du cerveau, constitution de l'équipe, mise en place du plan, casse et résolution. Rien de plus, Dearden ne se propose pas ici de faire une étude psychologique des membres du groupes (comme on a pu le voir dans un Payroll détaillé plus haut), mais se propose simplement de décrire, avec humour, rythme et en train, la mise en place d'un casse spectaculaire. Cet objectif est entièrement rempli: dialogues efficaces et drôles, rythme soutenus, personnages attachants, The League of Gentlemen est un divertissement de tout les instants, à la mise en scène classique et élégante. L'écriture (signé Bryan Forbes, qui réalisera avec Deadfall un film de casse plus atypique quelques années plus tard) est très efficace et truffée de bonnes idées, qui apparaissent dès l'ouverture, où l'on voit Hawkins contacter ses futurs acolytes, en leur envoyant un livre et des billets découpés en deux ainsi qu'une lettre les invitants à récupérer la seconde moitié lors d'un diner, qui permet une présentation efficace des différents personnages.
Ces derniers sont un autre point fort du film, porté par un casting très haut de gamme. En tête de celui-ci, le toujours excellent Jack Hawkins est entouré, notamment, de Richard Attenborough, Roger Livesey et de Nigel Patrick. Tous sont parfait dans leurs rôles, leur donnant suffisamment de personnalité pour exister, mais ne cherchant jamais à tirer la couverture à eux.
Durant 1h50, The League of Gentlemen n'ennuie pas un seul instant, plus que l'archétype du film de casse, il en est le mètre-étalon en en définissant à la perfection toutes les situations classiques sur un ton décontracté typiquement British. Un film qui tient ses objectifs à la perfection, celui d'être un divertissement de haute volée. Pour un amateur du genre comme moi, c'est un formidable plaisir!
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Ah il me faisait de l'oeil depuis un moment celui-là je vais me laisser tenter ça donne bien envie. Une sorte de précurseur à L'Or se barre finalement non dans le genre film de casse à la décontraction british ?
daniel gregg
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Re: Le cinéma britannique

Message par daniel gregg »

Oui tu me donnes envie de chercher ma vieille vhs sous la montagne et de le revoir.
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Re: Le cinéma britannique

Message par riqueuniee »

Je ne connaissais pas du tout. Ca me fait rudement envie...
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Re: Le cinéma britannique

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :Ah il me faisait de l'oeil depuis un moment celui-là je vais me laisser tenter ça donne bien envie. Une sorte de précurseur à L'Or se barre finalement non dans le genre film de casse à la décontraction british ?

Oui, la filiation est nette dans l'atmosphère décontracté et légère et la volonté assumée de divertir. L'Or se barre se distingue par une esthétique plus moderne et une espèce de folie parcourant le film par opposition au classicisme classieux du film de Dearden.
Pour avoir découvert le Collinson très récemment, j'avoue toutefois une nette préférence pour le Dearden (même si je me suis bien amusé devant l'Or se barre). J'ai ressenti dans L'Or se barre des temps mort, des moments de flottement qui rendent l'ensemble moins homogène que The League of Gentlemen, dont l'écriture me parait plus rigoureuse.

Pour info je l'ai vu par le DVD UK édité par Network. Très belle copie, un commentaire du réalisateur en bonus (que je n'ai pas écouté), par contre pas de sous-titres (le film se suit relativement aisément, il n'y a pas d'accents complexes comme pour Payroll par exemple).
Il est également disponible dans le coffret Eclipse Dearden édité par Criterion qui lui propose apparemment des STA.
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Re: Le cinéma britannique

Message par Lord Henry »

riqueuniee a écrit :Je ne connaissais pas du tout. Ca me fait rudement envie...
Il avait été diffusé voilà plusieurs années sur l'ancienne version de Ciné Classic - l'époque "Jean Ollé-Laprune", c'est dire que ce n'est pas récent.
Dernière modification par Lord Henry le 2 févr. 12, 13:18, modifié 1 fois.
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daniel gregg
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Re: Le cinéma britannique

Message par daniel gregg »

Lord Henry a écrit :
riqueuniee a écrit :Je ne connaissais pas du tout. Ca me fait rudement envie...
Il avait été diffusé voila plusieurs années sur l'ancienne version de Ciné Classic - l'époque "Jean Ollé-Laprune", c'est dire que ce n'est pas récent.
L'époque bénie ! 8)
Oui voilà pourquoi je parlais de vieilles vhs.
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