Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Dale Cooper
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Dale Cooper »

AtCloseRange a écrit :Oui, enfin, la scène "is it safe?", c'est quand même le grand méchant nazi des films hollywoodiens.
Je me souviens qu'on a étudié cette scène en cours, tôt le matin, avec des élèves très mal à l'aise qui voulaient rendre leur petit déj'. Ah, le bon temps. Ben... c'est un méchant nazi... donc, bon, il la joue nazillon, tant qu'à faire... Je pense qu'à l'époque de Marathon Man cette scène très choquante ne correspondait pas (encore) au méchant "caricatural" ou classique hollywoodien tel que ça a pullulé par la suite.
Sinon, tu as raison, on ne peut pas lui attribuer la même place qu'un polar politique parano (pour rejoindre la discussion d'avant, ce n'est pas comparable avec les films de Pakula) mais comme je disais, le film part dans tellement de directions, y compris un peu celle-là à un moment... La scène de "Is it safe?" est une des directions plutôt inattendue. On était alors dans un thriller "parano" (le plan sur les inspecteurs de police plutôt inquiétants qui fouillent la pièce malgré les cris d'Hoffman), puis angoissant (la scène de la salle de bains, quand j'ai découvert le film, m'avait vraiment fichu la trouille), puis on arrive dans un espèce de sous-sol d'Auschwitz... c'est un peu Pulp Fiction avant l'heure.
Helena
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Helena »

En quoi la scène en question correspond au grand méchant Nazi des films hollywoodiens? La question est sérieuse car je n'arrive pas à comprendre en quoi justement le personnage est un stéréotype.

En tout cas la scène fut marquante en ce qui me concerne, surtout le détail de la carie et la méthodologie du barbare. Le voir installer son matériel, le voir inspecter la dentition du héros et trouver la carie puis appliquer son instrument la dent malade et voir le héros hurler puis apaiser la dent avec son antidote miracle tout en posant question. La scène fut marquante, mais ce ne fut pas la seule, il y a aussi celle de la ruelle, sincèrement elle est vraiment douloureuse quand on image qu'un monstre circule dans la quartier sans que quiconque n'intervienne. Les gens de ma famille qui survécurent aux camps sont malheureusement devenus pour certains assez paranoïaque, voir des criminels de guerre dans les rues étaient courants, sauf qu'ici, dans le film, elle voit un véritable criminel. Bref il y a quelques scènes d'une grande efficacité même si le final est une déception. Je ne sais pas, le suspense monte crescendo pendant tout le film, on se demande le pourquoi de l'organisation et de quoi parle le docteur pendant l'interrogatoire, la révélation finale est vraiment bof.
C'est un bon film, mais imparfait et avec quelques déceptions.
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Jihl
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Jihl »

AtCloseRange a écrit :
Jihl a écrit :Je voulais dire que dans le genre thriller paranoïaque (conspiracy thriller) dont pour moi fait parti Marathon Man je le trouve très inférieur à la trilogie de la conspiration de Pakula (Klute, A cause d'un assassinat, Les hommes du président) ou à celle des années 60 de Frankenheimer (Seconds, Mandchourian candidate, Seven days in May), j'en profite pour y ajouter le Conversation secrète de Coppola.
Mais justement je ne vois pas trop le lien avec ce genre paranoïaque. D'un côté, on est dans l'Amérique face à ses démons intérieurs, la remise en cause des autorités alors que Marathon Man, ça n'est pas du tout ça. C'est du pur thriller avec un méchant nazi un peu caricatural. c'est beaucoup plus proche d'un Hitchcock mis au goût du jour que de ces films-là.
Oui et non. Car le pur thriller avec le méchant nazi, il faut attendre les 2/3 du film (jusqu'à la fausse évasion) pour avoir quelques certitudes. Avant on est pour moi clairement dans le thriller paranoïaque aussi bien dans le scénario (le père de Dustin Hoffman est une victime du maccarthysme, son fils ne répond pas aux questions de son prof alors qu'il connait les réponses, il pointe les violences commises par l'Etat vis à vis des nippo-américains etc...) que dans les moyens déployées par la mise en scène (caméra portée, choix des cadre, musique du même compositeur qu'à Cause d'un assassinat). En revanche là où je te suis, c'est que tout cela ne s'avère qu'une fausse piste et que dans ce cadre on peut trouver que la construction du scénario renvoie effectivement plus à la Mort aux trousses par exemple. Mais la Mort aux trousses n'est elle pas l'ancêtre du thriller paranoïaque :wink: ?
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AtCloseRange
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par AtCloseRange »

Jihl a écrit :
AtCloseRange a écrit : Mais justement je ne vois pas trop le lien avec ce genre paranoïaque. D'un côté, on est dans l'Amérique face à ses démons intérieurs, la remise en cause des autorités alors que Marathon Man, ça n'est pas du tout ça. C'est du pur thriller avec un méchant nazi un peu caricatural. c'est beaucoup plus proche d'un Hitchcock mis au goût du jour que de ces films-là.
Oui et non. Car le pur thriller avec le méchant nazi, il faut attendre les 2/3 du film (jusqu'à la fausse évasion) pour avoir quelques certitudes. Avant on est pour moi clairement dans le thriller paranoïaque aussi bien dans le scénario (le père de Dustin Hoffman est une victime du maccarthysme, son fils ne répond pas aux questions de son prof alors qu'il connait les réponses, il pointe les violences commises par l'Etat vis à vis des nippo-américains etc...)
Effectivement, j'avais oublié ces aspects mais comme tu le dis, c'est peut-être justement parce qu'au bout du compte, ce n'est pas forcément ce qu'on retient alors que c'est vraiment la substantifique moelle des autres films qu'on a cité.
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Watkinssien
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Watkinssien »

Pour moi, la grande force de Marathon Man, c'est son imprévisibilité. Il est difficile de savoir ce qui va se passer. La puissance du film, c'est qu'à travers un côté réaliste contenu dans la mise en scène, on s'aperçoit qu'en substance le film semble plutôt se pencher du côté du cauchemar éveillé. Ces étranges ruptures de ton, l'utilisation de la musique, l'éclairage de la photo, les choix de montage.

Les maux des Etats-Unis, et par extension du monde, se combinent de manière fascinante, comme si ces derniers participaient à une intrigue aux multiples strates, qui se répondent, se confondent et se séparent. Du coup, pour moi le film est aussi paranoïaque que mystérieux, réaliste que "fantastique".
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Zelda Zonk
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Zelda Zonk »

Revu hier soir, avec un certain plaisir, mais le film a un peu perdu de la force qui m'avait cueilli à l'adolescence, à la première vision.
J'aime toujours le côté opaque de l'intrigue, très 70s, notamment le segment à Paris avec Roy Scheider, qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Friedkin. Le film ne manque pas d'atouts, notamment le très beau score de Michael Small, dont la filiation avec The Parallax View, tourné deux ans plus tôt, est évidente. Etrangement, la scène qui m'avait le plus marqué dans ma jeunesse, celle du "dentiste", m'a un peu laissé sur ma faim. J'avais le souvenir d'une séquence plus longue et plus insoutenable. Quelques facilités scénaristiques m'ont également un peu fait tiquer (le personnage de Roy Scheider, poignardé à mort, qui parvient à rejoindre l'appartement de son frère...), ainsi que les dernières minutes qui sortent des sentiers du thriller paranoïaque pour nous ramener vers des chemins beaucoup plus balisés et une tonalité plus triviale de film d'action. Reste que la scène la plus forte du film demeure pour moi la reconnaissance de Szell et sa traque dans les rues de New York. Grand moment de cinéma qui, pour le coup, est toujours aussi efficace.
7/10
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Alexandre Angel
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par Alexandre Angel »

Zelda Zonk a écrit : 5 févr. 21, 10:38 (le personnage de Roy Scheider, poignardé à mort, qui parvient à rejoindre l'appartement de son frère...)
7/10
dans un sale état quand même ...

A part cela, c'est un film dont je me suis un peu lassé (peut-être trop vu à un moment)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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El Dadal
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Re: Marathon Man (John Schlesinger - 1976)

Message par El Dadal »

Comme Zelda l'explique, un film à la structure si singulière, à la croisée de tant de genres... et pourtant ça tient debout. Plus que les ramifications du scénario, dont je ne suis pas certain qu'elles soient sa plus grande force, c'est vraiment cette construction alambiquée (qui peut le desservir de prime abord) qui me reste en tête après toutes ces années. C'est également à mes yeux un grand film de studio, en ce sens où si Schlesinger joue son rôle avec poids, Evans, Hoffman et consorts tirent chacun l'élastique dans une direction opposée, avant de se retrouver un peu comme par magie à la croisée des chemins. Jurisprudence Chinatown on va dire.
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