Le Vandale (H. Hawks / W. Wyler / R. Rosson - 1936)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Banane
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Le Vandale (H. Hawks / W. Wyler / R. Rosson - 1936)

Message par Banane »

Quelqu'un a-t-il vu "Come and get it" commencé par Hawks et finalisé par Wyler (parce que Hawks s'était disputé avec Goldwyn le producteur) de 1936 ? Le titre français est "Le Vandale".
Il est aussi resté dans les anales comme le seul bon film avec la fameuse Frances Farmer, en tout cas celui qui présageait de son talent (dans la 1ère partie hawksienne).

C'est un film qui raconte l'ascension d'un magnat de l'industrie du bois, interprété par l'excellent et mésestimé Edward Arnold. La première partie du film est clairement hawksienne, par contre, en lisant la monumentale biographie de Hawks par je-sais-plus-son-nom, j'ai appris que les scènes du début décrivant l'industrie en elle-même n'étaient pas de lui mais d'une seconde équipe, alors que je les aurais attribuées sans hésitation à Hawks. Sinon, LA grande scène où apparait le personnage de Frances Farmer, est du plus pur Hawks.

Cette 1ère moitié de film est intéressante pour tout amatteur du grand Double-H, car le personnage de Farmer est un brouillon de ceux que campera définitivement Lauren Bacall dans ses 2 premiers films avec Bogie. Farmer joue dans ce film 2 rôles, la mère et la fille toutes 2 prénommées Lotta. La mère est un personnage féminin typiquement hawksien : voie rauque, un peu crâneuse, un peu allumeuse, libre, frondeuse, chanteuse (comme Bacall). On sent vraiment que Hawks a pris un plaisir particulier à filmer son introduction dans un bar où Arnold joue à une table, jusqu'à la scène -très jouissive- de bagarre où Farmer/Arnold/Brennan cassent tout le bar avec de grands plateaux !
Arnold tombe bien sûr amoureux d'elle, mais ne l'épousera pas car dans son ambition, il préfère épouser une fille de la Haute. Lotta dépitée épouse son meilleur ami avec qui elle aura une fille et meurt.

Entrée de la 2ème Lotta (blonde celle-là alors que la mère a les cheveux foncés), et c'ets là que le film perd un peu de son sel, et commence la direction de Wyler. En fait, cette perte du sel tient à l'écriture de la 2ème Lotta, assez insignifiante par rapport à la mère. C'est le genre Loretta Young, la fille pure, fraiche, gentille, jolie, mais sans saveur. Arnold la rencontre et il reconnait physiquement la mère (normal vu que c'est la même actrice qui l'inteprète :) ). Il cherche à retrouver l'amour qu'il avait rejetté et couvre la fille de cadeaux, cherche presque à recréer la Mère. Il lui fait chanter la chanson-fétiche de Lotta Senior ("Aura Lee, Aura Lee, take my golden rings...") que la fille massacre. Lotta Junior est de plus amoureuse du fils d'Arnold (joué par McCrea).
On comprend que Hawks s'est désintéressé de la 2ème partie car la 2ème Lotta n'était pas le genre de personnage qui l'excitait.

Bref, "Le Vandale" est interessant pour être, dans sa 1ère partie, une ébauche des thèmes et personnages que Hawks, lorsqu'il sera en pleine possession de ses moyens, développera.
Farmer avait vraiment du potentiel, et de plus très belle.

Dans la récente collection RKO chez Montparnasse en DVD est sorti "The toast of NY"/"L'or et la femme" avec Cary Grant, mais aussi Frances Farmer et le même Edward Arnold. Ce dernier joue un ambitieux financier et il est drôle de voir que les rapports de son personnage avec celui de Farmer ressemble un peu à ceux de "Come and get it" sorti l'année précédente.

Banane
kim
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Message par kim »

Howard Hawks, qui dirigea donc Frances Farmer dans LE VANDALE, dira de l'actrice qu'elle était certainement la comédienne la plus talentueuse avec qui il avait travaillé.
C'est dire l'étendue du gâchis quand on connait la briéveté de sa carrière, pour une jeune femme majestueuse, à la voix merveilleusement voilée.

L'aura de l'actrice, qui méritait au moins une carrière à la Gene Tierney, rayonne encore de nos jours, car j'ai lu que Mylène farmer a choisi ce nom en hommage à Frances Farmer.

Sans parler des 2 films biographiques de 82 et 83, respectivement WILL THERE REALLY BE A MORNING et FRANCES (avec Jessica Lange).
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Il sort en dvd zone 1 chez MGM le 8 mars avec sous titres français :


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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Come and get it
de Howard Hawks et William Wyler, d'apres Todd Mac Carthy sur 1H40 de film 10 minutes sont à Wyler et le reste à Hawks.
Sauf que le meilleur du film a été tourné par le réalisateur de seconde équipe Arthur Rosson, d'impressionnantes scènes d'abattage d'arbres,des piles géantes de rondin qui s'écroulent dans l'eau...
Un bon film ou l'on découvre la superbe Frances Farmer, ce fut aussi le premier oscar pour Walter Brennan.
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Joe Gillis
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Re: Le vandale (Hawks-Wyler, 1936)

Message par Joe Gillis »

Hello,

Vu ce soir "Come and get it", film hybride signé à la fois de Howard Hawks et William Wyler, puis que Hawks s'est fait virer en cours de tournage par Sam Goldwyn... Un petit Hawks, mais avec tout de même de très belles séquences: une superbe introduction documentaire sur l'abattage du bois dans le Wisconsin avec des plans assez incroyables, jamais vu des tas de bois aussi hauts (mais apparemment une séquence réalisée par la seconde équipe...); une bagarre de saloon mémorable à grand coup de plateaux de serveurs lancés par Walter Brennan (très bon dans tout le film), Edward Arnold et la sublime Frances Farmer qui n'a pas la main légère; une jolie petite séquence amoureuse entre Farmer et McRea, tête à tête et "étirant" le sucre candy préalablement chauffé (il me semble avoir déjà vu ça chez Ford... mais lequel ?), et surtout, une séquence inoubliable dans laquelle Frances Farmer chante dans le saloon d'une voix étrangement rauque et accompagnée d'un chœur de serveurs joliment accordés la chanson Aura Lee ... Chanson qui avant d'être transformée par The King en bluette pour jeunes filles émotives (Love me tender) et vampyrisée par une pub pour papier hygiénique fût un temps une célèbre et touchante complainte de la guerre civile américaine.

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Pour voir la séquence avec la chanson, c'est ici. Frissons garantis, si vous avez du cœur, de l'oreille et si le charme et le décolleté de Frances Farmer ne vous laissent pas insensible...

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Watkinssien
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler, 1936)

Message par Watkinssien »

Une découverte très agréable que ce Le vandale !

Bien que le film soit un drame concret.

Et malgré l'histoire de sa genèse, le film demeure une jolie réussite, toujours bien exécuté et parfaitement interprété. On sent même que le mélange des réalisateurs (Hawks pour son style frontalement classique, Richard Rosson pour son efficacité technique dans les séquences d'abattage d'arbre, absolument remarquables et Wyler pour les profondeurs de champs) aboutisse à quelque chose de costaud dans la mise en scène.

De plus, cette vision des pionniers est constamment intrigante.
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Geoffrey Carter
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Geoffrey Carter »

Le Vandale (Come and Get It) 1936

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Réalisation : Cosignée par William Wyler et Howard Hawks ; Scénario : Jules Furthman, Jane Murfin, d’après le roman homonyme d’Edna Ferber ; Photographie : Gregg Toland, Rudolph Maté ; Son : Frank Maher ; Montage : Edward Curtis ; Décors : Richard Day ; Musique : Alfred Newman ; Costumes : Omar Kiam ; Effets spéciaux : Ray Binger, Paul Eagler ; Durée : 105 minutes pour une production Samuel Goldwyn pour United Artists.

Interprétation : Edward Arnold (Barney Glascow), Joel McCrea (Richard Glascow), Walter Brennan (Swan Bostrom), Frances Farmer (Lotta Morgan/Lotta Bostrom), Andrea Leeds (Evvie), Frank Shields (Tony), Mady Christians (Carrie), Mary Nash (Emma).

Samuel Goldwyn, peu après la fin du tournage des Chemins de la gloire, contacte Howard Hawks et lui propose de réaliser Come and Get It (Le Vandale) d’après un roman à succès d’Edna Ferber. La romancière et dramaturge américaine (1885-1968) a inspiré de nombreux metteurs en scène hollywoodiens – Tod Browning, Anthony Mann, George Cukor, William Wellman, Gregory La Cava, Sam Wood, George Sidney, George Stevens, Robert Wise, entre autres – et fut lauréate du prix Pulitzer du roman en 1925 pour So Big (adapté trois fois au cinéma, par Charles Brabin, Wellman et Wise, respectivement en 1924, 1932 et 1953). Hawks se méfie des méthodes dirigistes du producteur, mais accepte tout de même la commande, sans doute par besoin d’argent, car le cinéaste est toujours aussi dépensier. De plus, le tournage doit se dérouler loin d’Hollywood (et donc loin du producteur) et l'histoire se déroule dans le Wisconsin, région à laquelle Hawks est particulièrement attaché puisque sa propre famille y a vécu. Anecdote amusante, la romancière ignore que le personnage principal de son livre s’inspire du grand-père du réalisateur ; en l’apprenant de sa bouche, elle lui donne carte blanche pour adapter l’histoire à sa guise. Jane Murfin et Jules Furthman sont chargés d’écrire le scénario. Hawks renvoie ensuite la comédienne engagée et la remplace par une débutante, Frances Farmer, mais Edward Arnold conserve le rôle principal masculin aux côtés de Joel McCrea et Walter Brennan, qui remportera l’Oscar du meilleur second rôle. Tandis que Richard Rosson part dans le Wisconsin pour filmer les scènes d’abattage d’arbres et de scierie, Hawks commence le tournage sans se soucier des recommandations du producteur, hospitalisé. Il passera beaucoup de temps à épauler Frances Farmer pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Une fois rétabli, Samuel Goldwyn découvre les changements opérés et déclare qu’il déteste les réalisateurs écrivant eux-mêmes le scénario. Hawks proteste, et Goldwyn le renvoie. William Wyler est engagé pour terminer ce film, mais il refuse d’être le seul crédité au générique. Il ira même jusqu’à tourner fidèlement plusieurs des scènes écrites par Hawks.
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Wisconsin, 1884. Barney et Swan travaillent sur un chantier de bois. Barney s’éprend d’une jeune femme rencontrée dans un tripot, Lotta, et veut construire sa vie avec elle, mais son arrivisme le conduit à épouser la fille de son patron. Délaissée, Lotta se marie avec Swan. Vingt-trois ans plus tard, Barney est devenu un bourgeois, il dirige les usines de son beau-père. Il a deux enfants, une fille et un garçon. Un jour, il retrouve Swan dans la forêt et découvre que Lotta est morte, en laissant une fille dont Barney tombe amoureux. Il la comble de bienfaits et de présents. Cependant, son fils l’aime aussi et Barney veut s’opposer à lui. Leur antagonisme finit par une bagarre, allant à l’avantage du fils qui part avec la fille de Lotta. Barney, comprenant qu’il n’est qu’un vieux fou, retourne auprès de sa femme.
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Come and Get It est un film de Samuel Goldwyn, réalisé par trois metteurs en scène : Richard Rosson, William Wyler et Howard Hawks. Son style passe de la rigueur élégante à un expressionisme dans le jeu des acteurs qui semble être l’œuvre de Wyler. Certains thèmes de l’auteur de Scarface y émergent pourtant : Barney voyant la marque de son passé dans l’apparence de la fille de Swan, son comportement infantile de gosse amoureux et en proie à une idée fixe, sa volonté de pouvoir sans mesure, le fait de vieillir considéré comme une infirmité, l’inceste tout juste suggéré (la fille de Swan est-elle la fille de Barney ?) et l’ennui dans la conjugalité. On retrouve également une certaine force dans le personnage féminin, certainement due au jeu remarquable de Frances Farmer et qui annonce d’une certaine manière les personnages campés par Lauren Bacall dans les deux films qu’elle tourna avec le cinéaste. Malgré tout, si le film se suit sans ennui et même avec un certain plaisir dans sa première partie (les scènes d’abattage des arbres sont superbes), il faut bien avouer qu’il faiblit dans sa seconde partie, adoptant un rythme bien trop lent et une intrigue prévisible. On retiendra surtout le jeu des comédiens, Walter Brennan remarquable dans son deuxième film pour le cinéaste et Joel McCrea, qui est bien mieux servi par son rôle que dans Ville sans loi.

En 1936, Hawks aura donc tourné trois films, tous articulés autour de la volonté de pouvoir. Aucun d’eux n’atteint la perfection, ni même l’excellence. Ce sont les résultats de recherches diverses et encore non abouties quant au style nouveau qu’il cherche à parfaire.
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DVD très satisfaisant possédant des sous-titres français.
Dernière modification par Geoffrey Carter le 15 janv. 15, 14:30, modifié 1 fois.
Frank 'Spig' Wead
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Je viens de découvrir le film, que je trouve assez médiocre.
J'ai appris grâce a lui qu'en 1936 Edward Arnold était jugé crédible en amant de la superbe Frances Farmer (ne préjugeons pas de la carrière qu'elle n'a pas eu, elle est chargée aujourd'hui d'une aura de mystère), et que Walter Brennan pouvait même l'épouser (dans les films) pour la consoler de la perte du premier 8) . On aura tout vu, surtout qu'Arnold va devenir un vieux 'dégueulasse', il ne trouve pas mieux que de vouloir revivre un amour perdu avec la fille de celle-ci et de son vieil ami... Et bien sûr la fille, aussi sublime que la mère - normal car c'est encore la même actrice - n'est pas totalement indifferente à l'embonpoint d'Edwards - ce qui, en somme, est assez rassurant...
On apprendra aussi que la mélodie de Love me tender n'est qu'une reprise de Aura Lee et que les plafonds en studio dataient de bien avant Citizen Kane (pour ceux qui en doutaient).
Geoffrey Carter
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Geoffrey Carter »

Je ne suis pas aussi sévère, je trouve même le film assez attachant dans sa première partie (la bagarre dans le saloon typiquement hawksienne, et les scènes spectaculaires d'abattage des arbres sont d'une efficacité remarquable) mais il y a de gros problèmes de rythme dans la seconde et le scénario est peu crédible. Heureusement, les acteurs sont bons : Edward Arnold réussit presque à rendre son personnage pitoyable, Frances Farmer est touchante et juste et Joel McCrea, comme à son habitude, charmant.
Frank 'Spig' Wead
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Oui, soyons juste, la bagarre vaut le détour, et les premières apparitions de Frances Farmer, très hawksienne, sont franchement réussies.
Quant à la séquence d'abattage j'en attendais peut-être beaucoup... Certains plans sont impressionnants, certes !
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Jeremy Fox
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Jeremy Fox »

Première contribution au site de Geoffrey Carter (que nous remercions vivement) avec la chronique de ce film de Howard Hawks : Le vandale. Le film est visible en ce moment sur TCM à priori.
Geoffrey Carter
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Geoffrey Carter »

Jeremy Fox a écrit :Première contribution au site de Geoffrey Carter (que nous remercions vivement)
Tout le plaisir est pour moi ;)
Frank 'Spig' Wead
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Re: Le Vandale (Howard Hawks / William Wyler - 1936)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Jeremy Fox a écrit :Le film est visible en ce moment sur TCM à priori.
La dernière diffusion était dans la nuit du 30 au 31 janvier :|
Il faudra patienter, maintenant.
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