Lana Turner (1921-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par francesco »

Tom Peeping a écrit :Pour les fans (et les fans seulement, les autres : fuyez !) je vous conseille sans réserve ce livre dicté par sa fille Cheryl - les fans dressent l'oreille - tout entier dédié au culte de sa mère. On y apprend plein d'anecdotes sur la vie, la carrière et les hommes de Lana T. Photos rares à la pelle et mise en page digne d'un générique de mélodrame. Le bouquin est au rabais sur Amazon en ce moment et sur ma coffee-table.

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+ 1. Après toutes les horreurs racontées par les "enfants de" (les filles de Crawford, Dietrich, Davis etc ....) c'est plutôt sympa de lire un livre qui est à la fois plutôt objectif sur le personnage mais en même temps manifestement plein d'amour. Dans la même collection (et par le co-auteur du bouquin sur Turner) un beau livre sur Lucille Ball sur exactement le même modèle (comme quoi la mise en page "sirkienne" est un choix qui n'est pas signifiant ici).
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Tom Peeping »

J'ai vu hier Another Time, Another Place de Lewis Allen (1958) en DVD

Le titre français : Je pleure mon amour

Lana Turner est une journaliste américaine en mission à Londres en 1945. Elle y rencontre un journaliste de la BBC (Sean Connery) et ils commencent une liaison. Le journaliste est tué dans un accident d'avion et Lana entre en dépression. Après un séjour en institution psychiatrique, elle décide d'aller voir et se recueillir dans le village de Cornouailles où Connery avait grandi. Elle y rencontre la veuve et le fils du journaliste et, par un concours de circonstance, s'installe chez eux. Elles sympathisent sans que la veuve sache que Lana a été la maîtresse de son mari. Le patron de Lana et un ami du mari, comprenant le potentiel explosif de la situation si la vérité est révélée, tentent de convaincre Lana de retourner à New York illico et sans rien dire. Mais Lana, qui, si elle a cocufié la veuve, n'en est pas moins altruiste, ne veut pas blesser son innocente amie par une fuite qui lui serait incompréhensible. La vérité sort donc du puits...

Sur cette trame délicieusement absurde, le film construit un véhicule pour sa star, Lana Turner, qui est de presque tous les plans. Il faut la voir débarquer en vison dans le village de pêcheurs, grimper sur les falaises en talons hauts, contempler le suicide brushing au vent et fumer nerveusement ses cigarettes... Si vous aimez ce genre de choses, vous aimerez le film. Sean Connery (27 ans à l'époque) parle avec un accent non-identifiable - on dirait qu'il a une pomme de terre chaude dans la bouche - pendant la demi-heure où il est à l'écran. Son star appeal est frappant, on comprend la carrière qu'il allait faire ensuite. Dans le rôle de la veuve passe-partout, Glynis Johns est excellente - et tellement physiquement contrastée d'avec Lana - sauf dans sa grande scène d'hystérie, où elle va elle aussi sans crainte over-the-top.

Pour la petite histoire (ce sont souvent les meilleures), Lana Turner, lors du tournage en Angleterre, avait fait venir - grande amoureuse - son amant, le petit malfrat Stompanato, qui la rossait régulièrement, obligeant les maquilleurs à faire preuve de génie pour cacher les marques. Stompanato ne supportait pas la présence du jeune et ténébreux Connery près de sa blonde. Comme celles et ceux qui lisent ce post le savent sans doute, la crapule allait être tuée par la fille de Lana, Cheryl Crane (et pas Cheryl Karen comme j'ai l'ai lu ici et là), quelques mois plus tard à Los Angeles, dans un des scandales mémorables de l'époque. Lana allait relancer ensuite sa carrière avec Imitation of Life...

Another time, another place ne mérite certes pas de place de choix dans l'histoire du cinéma, mais pour les fans de Lana (ou de Sean), c'est un très agréable divertissement qui montre encore à quel point Lana avait le truc qu'il fallait pour le mélo délicieusement absurde. Pour ma part, j'ai passé un excellent moment.

Le DVD Z1 est splendide : image N&B Cinémascope anamorphique de toute beauté. Le film a du sortir en DVD Z2 il y a quelques années.

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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Cathy »

Tom Peeping a écrit :J'ai vu hier Another Time, Another Place de Lewis Allen (1958) en DVD
Stf ?
francesco
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par francesco »

Je ne l'ai pas mais .... oui. On nous l'avait prêté et il est disponible pour trois fois rien un peu partout.
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Tom Peeping »

Cathy a écrit :
Tom Peeping a écrit :J'ai vu hier Another Time, Another Place de Lewis Allen (1958) en DVD
Stf ?
Attention, pas de sous titres français sur le Z1 !
Mais oui sur le Z2 qui est en effet trouvable pour pas grand chose sur les sites d'occase.
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par joe-ernst »

Tom Peeping a écrit :son amant, le petit malfrat Stompanato
D'après la légende, il n'était pas petit partout... :mrgreen:
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Music Man »

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TWO GIRLS ON BROADWAY
De S Silvan SIMON – MGM -1940
Avec Lana TURNER, Joan BLONDELL, George MURPHY

Remake de Broadway melody of 1928 : deux soeurs se rendent à Broadway dans l’espoir d’y mener une prestigieuse carrière. L’une d’elle fiancée à un auteur de chanson ne déniche qu’un emploi de vendeuse de cigarettes tandis que l’autre, plus mignonne, retient l’attention des producteurs : non seulement elle connaîtra la gloire mais épousera le fiancé de sa sœur ;

Petit musical agréable avec quelques numéros musicaux très plaisants à l’œil dans un style très MGM des années 40 : on reconnaît les décors qui ont servi pour d’autres musicals plus prestigieux. On est surpris par la prestation de la jeune Lana Turner qui danse étonnamment bien ses quelques duos avec George Murphy, sans aucun doublage apparent. Un peu raide peut être, la jolie blonde aurait pu persévérer dans les comédies musicales. Un critique suggèra même de la faire tourner avec Fred Astaire!!
L’attachante Joan Blondell fournit une prestation émouvante dans le rôle de la sœur délaissée, qui diffère des chercheuses d’or arrivistes et cocasses de ses films pour la Warner.
L’air principal chanté par le bon danseur George Murphy et repris à toutes les sauces au cours du film (swing, rumba..) rappelle étrangement ridin’ high un populaire air de jazz.
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Profondo Rosso »

Madame X de David Lowell Rich (1966)

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Holly Parker, d’origine modeste, épouse Clayton Anderson un homme politique ambitieux, issu d’une famille aisée et respectable. Le couple vit heureux et donne naissance à un garçon Clayton Jr. Mais la belle-mère d’Holly, Estelle, qui vit avec eux ne l’aime pas à cause de ses origines. Souffrant de solitude, Clayton étant souvent absent, Holly devient la maîtresse de Phil, un ami de la famille. Au retour de son mari, elle comprend qu'elle n'aime que lui et décide de rompre avec son amant qu'elle est venue rejoindre chez lui. Au cours d’une discussion houleuse, Holly qui se débat, le pousse accidentellement dans les escaliers et Phil trouve la mort. Sa belle-mère qui la faisait suivre par un détective, est vite au courant de la situation.

Madame X est le dernier grand rôle de Lana Turner (qui allait ensuite progressivement se retirer des plateaux pour de brèves apparition à la télévision comme dans le feuilleton Falcon Crest) et qui offre là ce qui est sans doute sa plus belle prestation. Le film adapte la pièce de Alexandre Bisson La Femme X dont le cinéma su immédiatement saisir le potentiel puisque deux ans après les premières représentations sur les planches avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre, une première adaptation vit le jour en 1910. Trois autres versions muette suivront en 1916, 1920 et 1929 et le parlant s'en emparera en 1937 dans un film réalisé par Sam Wood. David Lowell Rich signe là la huitième et plus célèbre adaptation bien que deux autres voient le jour en 1981 (avec Tuesday Weld et Eleanor Parker) et en 2000. Cette version est revue et corrigée à travers l'imagerie du mélo hollywoodien des 50's, âge d'or du genre mais sans doute déjà un peu désuet en 1966. Lana Turner y retrouva les sommets du box-office grâce à l'immense succès de Peyton Place (1957) de Mark Robson et de Mirages de la vie (1959) de Douglas Sirk. C'est d'ailleurs Ross Hunter, le producteur de tous les grands mélos de Sirk à la Universal qui officie ici et il hormis Sirk reparti en Allemagne il réunit ici toute la fine équipe de l'époque avec Russell Metty à la photo et Frank Skinner signant a bande originale.

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Rebondissements énormes, drames exacerbé et envolées outrancières, tout ce qui fait le charme du grand mélodrame est ici largement exploité. Holly Parker (Lana Turner) jeune femme d'origine modeste épouse Clayton Anderson (John Forsythe) riche héritier aux grandes ambitions politiques. Se sentant peu à peu délaissée par les multiples obligations de son époux elle s'égare et entame une liaison avec le séduisant Phil Benton (Ricardo Montalban). Son amour pour Clayton est pourtant le plus fort et après la promesse de ce dernier de consacrer plus de temps à sa famille elle décide de rompre avec son amant mais celui-ci meurt accidentellement dans la violente altercation qui suit. Sa belle-mère Estelle (Constance Bennett) qui ne l'a jamais aimée saisit donc l'occasion de se débarrasser d'elle par un odieux chantage. Pour ne pas briser la carrière politique de Clayton par un scandale, elle devra simuler sa mort et disparaître sous une nouvelle identité. Cette trame rocambolesque et bien chargée s'avère bien prenante grâce à l'équilibre du script de Jean Holloway, le travail sur la forme qui accompagne les multiples péripéties et ruptures de ton ainsi que la très grande performance de Lana Turner.

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Le début est très elliptique avec ses moments de bonheur filant à toute vitesse et dont on ne saura profiter à l'image de l'héroïne : mariage, naissance, ascension politique. Le drame se noue à chaque fois que cette narration se ralentit, ici avec les angoisses d'une Lana Turner esseulée et de la liaison avec le séducteur Ricardo Montalban. La forme plutôt sobre prend des accents baroques au fil de la déchéance progressive de Lana Turner où défilent dans un tourbillonnant fondu enchaîné les chambre d'hôtel sordides, les trajets de train tous identiques, les amants de passages et les bouteilles vides entamée par une Holly basculant dans l'alcoolisme. La photo de Russell Metty s'orne d'une palette agressive, presque psychédélique pour signifier la dépravation de l'héroïne avec des teintes violettes sombres et décadente. Lorsque cette fuite en avant s'arrête brièvement, c'est pour voir une Holly inconsolable refuser un nouveau bonheur possible (la romance avec le musicien danois) ou la retrouver physiquement ravagée (remarquables maquillages qui vieillissent une Lana Turner au départ aussi pimpante qu'à sa grande époque) entre les griffes d'un ignoble maître chanteur (Burgess Meredith). La mise en scène n'a de cesse de perdre la silhouette frêle de Lana Turner pour illustrer ce sentiment de désespoir et de profonde solitude.

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Le jeu très expressif de Lana Turner se prête parfaitement à ce personnage brisé et l'actrice bouleverse plus d'une fois. On n'est pas prêt d'oublier sa détresse face aux peurs nocturnes de son petit garçon qu'elle s'apprête à quitter, plus tard lorsqu'elle s'effondre de douleur le soir de noël hantée par le souvenir de son bonheur disparu. Le sommet est atteint lors de l'épilogue flamboyant osant l'emphase la plus totale. Holly accusée de meurtre voit le moyen d'en finir définitivement en laissant la procédure suivre son cours et la mener vers une peine de mort en forme de délivrance pour elle qui n'est plus personne si ce n'est cette Madame X suscitant la curiosité des journaux. C'est sans compter le tour du destin puisque l'avocat commis d'office ne sera autre que son propre fils. Le double sens des échanges, de la plaidoirie entre la mère et le fils, la connivence et l'affection inexplicable pour ceux pensant être des inconnus l'un pour l'autre créent ainsi de très grand moment d'émotion jusqu'au grand final où Lana Turner magnifique s'abandonne totalement et se libère de toutes ses souffrances. 5/6

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Dernière modification par Profondo Rosso le 28 oct. 12, 20:40, modifié 2 fois.
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par francesco »

Merci pour ta critique Profondo Rosso. Pour les curieux le film est visible facilement avec stf sur un coffret qui offre également le curieux et réussi Portrait in Black.

A noter l'usage "télévisuel" de fondus noirs qui virevoltent pour passer d'une séquence à une autre.
A part ce tic un peu agaçant, c'est vrai que c'est une étonnante réussite, dans son genre, des trois versions que j'ai vues, c'est de loin la meilleure et la mieux jouée, Lana Turner se révélant ici bien plus émouvante que les plus prestigieuses Ruth Chatterton et Gladys George. C'est probablement son meilleur rôle, techniquement parlant et pour le coup elle n'est pas aidée par une réalisation géniale comme dans Les Ensorcelés. Je suis un peu plus dérangé que toi par les premières images où une Lana largement quadragénaire est censée avoir 20 ans, mais j'oublie assez vite ce détail. Le rythme est vraiment ce qui sauve le scénario de ce soap (les deux autres versions sont vraiment trop lentes précisément), tout autant que l'abondance de scènes classiques du genre, ici maîtrisées d'une main de maître par le réalisateur, le producteur et l'actrice (Tom Peeping avait fait un excellent article sur le "mélo féminin" en prenant Madame X comme un archétype du genre.)

A noter que Turner était très fière du rôle mais qu'elle a été très angoissée en se voyant grimée en vieille dame, qu'elle a reçu un Donatello (un oscar "italien") pour le film (elle aurait pu être nommée aux oscars si le film n'avait pas été aussi "désuet" en 1966) et qu'elle a au moins un dernier bon rôle dans The Big Cube (où on retrouve les fameuses couleurs psychadéliques dont tu parles) où elle est à nouveau excellente (mais moins "parfaite" quand même.)

Francesco, président du fan club Lana Turner sur dvdclassik.
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Profondo Rosso »

Film d'ailleurs vu sur ton conseil dans le topic Ava Gardner :wink: . J'ai cette édition avec Portrait in Black (pas encore vu mais ça ne saurait tarder) mais c'est sorti aussi en zone 2 français chez Studio Canal. Sinon effectivement le film offre vraiment une sorte de crépuscule du genre tel que défini dans les 50's en y mêlant ses archétypes visuels et narratifs, c'est vraiment cette maîtrise et ce sens du rythme qui fait tout passer à la façon d'un Secret Magnifique dans le genre rocambolesque. Pas étonnant qu'elle ai été effrayée de se voir tant enlaidie Lana Turner elle prend quand même pas mal de risque à incarner cette figure de déchéance absolue c'est vraiment là que j'aurai été le plus convaincu par elle avec Les Ensorcelés. Belle découverte !
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Profondo Rosso »

Portrait in Black de Michael Gordon (1960)

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Sheila (Lana Turner) est la femme d’un homme riche et malade (Lloyd Nolan), qui s’est constitué une fortune considérable. Fatiguée de partager sa vie avec cet homme cruel, elle propose à David (Anthony Quinn), son amant mais aussi le médecin de son mari, un plan machiavélique : tuer son époux et profiter ensemble de sa richesse. .. Le plan marche à merveille jusqu’au jour où Sheila reçoit la lettre d’un inconnu la félicitant de la perfection de son crime. Un terrible chantage débute alors…

Le succès du mélodrame Peyton Place (1957), en plus de relancer totalement la carrière de Lana Turner contribua à refaçonner son personnage cinématographique aux yeux du grand public. Malgré des rôles plus fouillés comme dans Les Ensorcelés (1953), on se souvient finalement surtout de la vamp blonde apparaissant en petit short blanc dans Le Facteur sonne toujours deux fois (1946) ou de la vénéneuse Milady qu'elle incarna dans Les trois Mousquetaires (1948). Le triomphe de Mirage de la vie de Douglas Sirk confirmera cette nouvelle image de Lana Turner en mère de famille au sex-appeal plus retenu, mature et dépassée par les évènements. Portrait in Black est un film schizophrène et fascinant dans le sens où il croise les influences des deux "carrières" de l'actrice avec son intrigue de film noir façon Le Facteur sonne toujours deux fois (pitch identique une femme et son amant assassinent un époux gênant et en subissent les conséquences entre suspicion et culpabilité) et une pure imagerie issue des grands mélos des 50's avec Ross Hunter à la production, Russell Metty à la photo et Frank Skinner à la partition. Le modeste Michael Gordon n'est pas Douglas Sirk mais signe une mise en scène élégante et plutôt inspirée.

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Le croisement de mélo et de film noir amène un certain embourgeoisement de ce dernier avec une ambiance urbaine quasi absente (quelques courts moments sur les docks ou dans les rues de San Francisco guère exploités) pour se concentrer sur les tourments de personnages nantis. Sheila est mariée depuis des années à un vieil armateur tyrannique (Lloyd Nolan) mais mourant. Tombée amoureuse de Rivera (Anthony Quinn), le médecin de son époux, elle vit dans l'attente de son trépas pour enfin vivre avec l'homme qu'elle aime. Le départ prévu de Rivera à Zurich pour un nouveau poste va les pousser à franchir le pas pour ne pas être séparés, tuer le mari par un empoisonnement indétectable. Peu après les funérailles pourtant un mystérieux maître chanteur va les empêcher d'enfin savourer leur bonheur. L'intrigue criminelle s'orne de l'absence d'ambiguïté et du côté plus direct du mélo dans la dramatisation.

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En une unique scène, Lloyd Nolan interprète ainsi un terrifiant époux jaloux et autoritaire bien que cloué sur son lit. A l'inverse Lana Turner et Anthony Quinn font figure d'amants maudits soumis à l'influence du mari et la justification du crime est acceptée tout naturellement par le spectateur qui ne montre pas le couple adultère et meurtrier comme coupables mais victimes. Il en sera de même tout le film alors que tout d'eux s'enfoncent plus loin dans les ténèbres pour masquer leur méfaits initial, toujours plus oppressés par le destin que réellement maléfiques malgré les meurtres et manœuvres pour se débarrasser de cadavre gênant. Chacun des crimes est amenés de remarquable façon dans ce sens, un simple terrible échange de regard ainsi que la musique pesante de Frank Skinner annonce l'assassinat de l'époux gênant alors qu'une déchirante scène d'adieu a précédé, tout comme le rebondissement final arrive après une surprenante révélation. La galerie de seconds rôles accentue la paranoïa ambiante, entre le chauffeur accablé de dettes de jeu, la gouvernante asiatique taiseuse ou l'ancien associés du mari entreprenant avec la veuve.

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Sur la forme la photo de Russell Metty fait preuve de sa flamboyance coutumière mais les teintes chaleureuse du mélo 50's s'orne d'élans sombres et baroques exprimant la culpabilité de notre couple. On pense à la scène où Lana Turner se réveille d'un cauchemar et que toutes les ombres de la pièce semblent s'abattre sur elle, de ces éclairages rougeoyant sur le visage d'Anthony Quinn caché dans sa voiture et aussi des amants de plus en plus plongés dans la pénombre durant leur échanges au fil de l'avancée du film. Le suspense fonctionne très efficacement et malgré quelques péripéties tarabiscotée (Lana Turner apprenant à conduire en cinq minutes et traversant tant bien que mal San Francisco et des autoroutes surplombant des falaises) cette dramatisation exacerbée est captivante, introduisant le rocambolesque du mélo dans la sécheresse du film noir. Le mélange prend oins quand on quitte Lana Turner et Anthony Quinn pour l'intrigue secondaire plus soap et peu passionnante de l'histoire d'amour entre Sandra Dee et John Saxon. Ces petits défauts sont largement rattrapés par une mémorable révélation finale qui rend pathétique autant que poignante tous les écarts franchis par les amants et teinte d'une ambiguïté plus prononcée le personnage d'une Lana Turner remarquable, Antony Quinn n'étant pas en reste (sa réaction quand il comprend le sens de ses crimes...). Belle réussite. 4,5/6

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Re: Lana Turner (1921-1995)

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La Mousson de Jean Negulesco (1955)

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1938. En Inde la Maharani de Ranchipur fait ses derniers adieux à son défunt mari, le Mahârâja Man Singh Bahadur. Quelques dignitaires ont fait le déplacement pour les obsèques. Parmi eux, Lord Albert Esketh et sa femme, Lady Edwina. Cette dernière va tomber amoureuse du Dr Rama Safti, un jeune homme autrefois adopté par les suzerains de la région, et que la Maharani considère comme son propre fils. Une idylle que refuse la veuve, et que les éléments déchaînés vont mettre à mal.

The Rains of Ranchipur est la seconde adaptation du roman de Louis Bromfield et constitue donc un remake de The Rain Came, fabuleuse version réalisée par Clarence Brown deux ans après la parution du livre. Pour la Fox qui produit le film, on est là dans une démarche proche de celle de la MGM lorsqu'elle remaka La Belle de Saigon pour en faire le Mogambo de John Ford. Il s'agit donc de revisiter un ancien classique à l'aune des techniques et éléments en vogue du moment, ici le cinémascope et le visuel monumental qui en découle, l'exotisme tapageur magnifié par le technicolor flamboyant. On le saisit dès l'ouverture où Negulesco multiplie les vues grandioses de cités et paysage à perte de vue, fait déambuler les personnages dans des palais gigantesque et luxueux.

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L'histoire est sensiblement la même que l'original mais avec plusieurs modifications essentiellement dues à la présence de Lana Turner qui monopolise bien plus l'attention que Myrna Loy chez Clarence Brown qui avait réalisé un vrai film choral. On en est loin ici où l'histoire d'amour entre l'ingénieur alcoolique joué par Fred MacMurray et la jeune Joan Caulfield (George Brent et Brenda Joyce dans l'original) est nettement plus en retrait et moins intéressante la faute notamment à la prestation un peu transparente de Joan Caulfield. L'attention sera donc essentiellement portée sur Lana Turner et ses amours coupables avec le Docteur Safti. Le personnage de Lady Edwina est d'ailleurs nettement plus chargé ici dans ses mœurs dissolues : mariée à son époux uniquement pour son titre de noblesse, elle lui mène la vie dure par ses infidélités qu'il ne peut discuter puisqu'il dépend d'elle financièrement.

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Invités à la cour de la Maharani de Ranchipur, elle jette son dévolu sur le vertueux et innocent Docteur Safti (Richard Burton), futur héritier et dévoué à son peuple. Lana Turner excelle dans ce registre de séductrice vénéneuse et sans cœur, que ce soit le début du film dans le train où elle humilie son mari (Michael Rennie) ou encore la séduction tout en œillades brûlante qu'elle fait auprès de Richard Burton. Le problème survient quand l'histoire d'amour surgit et qui si elle fonctionne paraît bien fade pour qui a vu le film de Clarence Brown. Dans le film de 1939, Rafti bien que troublé par les avances d'Edwina ne cède pas car devinant l'égoïsme de cette dernière. Ce n'est que dans la dernière partie lorsqu'Edwina ayant elle-même connu la souffrance se dévoue aux autres qu'elle éveille des réels sentiments chez Rafti. La prestance et la noblesse dégagée par Tyrone Power et l'intensité dégagée par Myrna Loy y était pour beaucoup.

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De plus la mise en scène de Brown regorgeait d'idée prodigieuse (cette allumette éteinte qui plonge l'image dans l'obscurité, Myrna Loy qui découvre qu'elle est empoisonnée...) transcendant encore la prestation des acteurs. Jean Negulesco n'a pas ce talent et fait finalement reposer l'évolution des personnages par le seul dialogue, Lana Turner devenant amoureuse éperdue d'une scène à l'autre sans que l'on ait trop vu la transition, tout comme Richard Burton qui lui cède bien trop facilement. On sent d'ailleurs Burton prêt à amener sa personnalité avec un Rafti plus dur par rapport à l'interprétation bienveillante de Tyrone Power mais cela ne sera qu'esquissé. L'histoire d'amour fonctionne donc néanmoins mais on est plus devant un mélo exotique conventionnel que face au drame poignant de Clarence Brown.

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La scène de catastrophe naturelle résume à elle seul le fossé qui sépare les deux films. Elle est aussi spectaculaire dans les deux œuvres mais là où chez Negulesco on a le sentiment d'une démonstration du département des effets spéciaux, avec Brown on a un vrai point de vue sur cette apocalypse aquatique en marche bien plus douloureuse et intense par les choix du réalisateur, la capture bien plus terrifiante de cette panique ambiante. Le seul vrai démarcage se situe dans la conclusion et est assez discutable. Le choix entre devoir et passion constitue l'enjeu final dans chaque film mais là où en 1939 ces responsabilités sont vues comme nécessaires malgré les sacrifices, elles sont un poids et presque une source de culpabilité en adoptant le seul point de vue égoïste de Lana Turner comme en témoigne le dialogue final avec la Maharani.

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La fin de The Rain Came était un déchirement où le héros abandonnait tout douloureusement à sa patrie et là ce serait plutôt le renoncement d'une Lana Turner jamais soucieuse de ce qui l'entoure qui l'emporte (même si la séparation finale est très belle). Un choix assez curieux tout de même. Donc chez Brown on aura eu un film d'une vraie subtilité porté par un regard personnel (et probablement plus fidèle au livre) quand Negulesco propose une production façonné par le studio et phagocytée par sa star. Ceci dit le film est fort dépaysant, romanesque et agréable à suivre si l'on a pas vu le premier film dont la connaissance biaise un peu l'avis au désavantage de son remake. 4/6

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Re: Lana Turner (1921-1995)

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Le Pays du Dauphin Vert de Victor Saville (1947)

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1840. St-Pierre, île anglo-normande. William Ozanne fait battre le cœur de deux jeunes filles: Marguerite et Marianne, deux sœurs. Quant à ses propres sentiments, ils le porteraient plutôt vers Marguerite, mais Marianne n'a pas dit son dernier mot...

Une grande et belle épopée romanesque que voilà, adapté du roman éponyme de Elizabeth Goudge paru avec succès trois ans plus tôt et qui assoira l'aura de Lana Turner après le récent succès du Facteur sonne toujours deux fois (1946). Le récit nous plonge au sein d'un triangle amoureux dont le dilemme va nous emmener très loin. Marguerite (Donna Reed) et Marianne (Lana Turner) sont deux sœurs qui vont tomber amoureuse du même homme, leur jeune et séduisant nouveau voisin, William Ozanne (Richard Hart). Bien des années plus tôt, la mère (Gladys Cooper) des deux sœurs tomba amoureuse du père de William (Frank Morgan) et ne renonça à lui que contrainte par sa famille. Si les anciens amants se retrouvent plus sages et apaisés le temps d'une jolie scène, leurs descendants vont rejouer le drame dans des proportions dramatiques insoupçonnées. Ambitieuse et déterminée, Marianne est sans doute l'épouse qui convient le plus à William dont le caractère paisible est bien plus attiré par celle qui lui ressemble le plus, Marguerite.

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La première partie nous promène donc entre les regards énamourés partagés par William et Marguerite tandis que la relation se fait plus heurtée mais constructive avec Marianne qui éveil l'intérêt de William pour la mer, l'aide à mener carrière et entrer dans la Royal Navy. On est partagé tout comme le personnage masculin tant l'appel du cœur (Marguerite) se dispute à celui de la reconnaissance (Marianne), d'autant qu'aucune des deux sœurs n'est présentée sous un jour meilleur que l'autre même si la poigne et l'ambition de Lana Turner peut créer l'ambiguïté (le petit regard satisfait après qu'elle ait motivée William de remonter à bord alors qu'il vient de perdre son père). Cette trame intimiste se joue dans un cadre majestueux où entre décors naturels spectaculaires et effets visuels fascinants (ce monastère surplombant la plage sur une colline fabuleux) le contraste est constant.

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Un rebondissement rocambolesque va résoudre cruellement la situation. Exilé en Nouvelle Zélande suite à des déboires divers, William envoie une écrit à Marguerite de le rejoindre, mais troublé écrit le prénom de Marianne qui arrive pleine d'espoir sans être attendue ni aimée. Contraint par la situation et l'insistance de son ami Timothy Haslam (Van Heflin) amoureux secrètement de Marianne, William va donc se marier sans amour tandis que Marguerite dépérit à l'autre bout du monde pensant avoir été rejetée. L'histoire entame alors parallèlement une longue quête sentimentale et spirituelle où l'éconduite devra trouver sa voie et les époux non désirés apprendre à se connaître.

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A nouveau les questionnements introspectifs ne se résoudront que dans le bruit et la fureur, dans des espaces à perte de vue. Les dangers naturels et politiques du nouveau monde qu'ils ont investis vont peu à peu souder les liens entre William et Marianne le temps d'une apocalyptique séquence de tremblements de terre (effets spéciaux stupéfiants qui vaudront des nominations aux Oscars pour le film) et une révolte maori filmée comme un terrible cauchemar par un Victor Saville inspiré. Pour Marguerite la solitude (poignante et fulgurante scène de deuil) l'amènera à rechercher à chercher un salut supérieur (qui résout bien toute tentation future mais la dimension religieuse imprègne souvent les livres Elizabeth Goudge semble-t-il) que Saville capture là aussi avec grâce et une imagerie flamboyante.

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Tout cela ne serait rien sans un trio d'acteur inspiré. Lana Turner (remplaçant Katharine Hepburn initialement prévu) annonçait déjà sa magnifique prestation dans Le Retour l'année suivante. On croit au départ avoir affaire à la Lana vénéneuse et séductrice au départ, teinte en brune et amaigrie son jeu toute préciosité et excès dans ce rôle de femme rejetée dont la détresse émeut de manière grandissante dans des scènes où elle étincelle : son arrivée pleine d'espoir en Nouvelle Zélande, la terrible découverte finale ou encore l'ultime regard de l'amour franc et partagé qui conclut le film. Elle allie l'autorité de ses rôles de vamp avec une fragilité juste et touchante. Richard Hart est lui aussi très convaincant en être faible, porté par les évènements et qui ne se trouvera que par des éléments extérieurs plus forts que lui, que ce soit le destin capricieux ou LA femme sachant le guider malgré lui.

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Si on ne sera pas forcément captivé par le destin de Marguerite malgré la présence fragile de Donna Reed, l'autre triangle amoureux qui se dessine avec Van Heflin est quant à lui magnifique. Amoureux en retrait, compréhensif et résigné, l'acteur est comme toujours épatant de justesse et offre un des plus beaux moments du film lors de ses adieux avec Lana Turner (leurs alchimie se confirmant l'année suivante dans Les Trois Mousquetaires de George Sidney). Du spectaculaire, de l'émotion, des grands acteurs, tout ce que le cinéma hollywoodien sait si bien être tient ses promesses dans ce beau film. 5/6
feb
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par feb »

Où l'as tu trouvé ce petit film ? :oops:
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Profondo Rosso
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Re: Lana Turner (1921-1995)

Message par Profondo Rosso »

feb a écrit :Où l'as tu trouvé ce petit film ? :oops:
C'est dispo en Warner Archives :wink: http://www.amazon.co.uk/Green-Dolphin-S ... ENN+STREET

Et effectivement vu tes gouts ça devrait beaucoup te plaire !
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