Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Watkinssien
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Watkinssien »

cinephage a écrit :
Père Jules a écrit :Quelque part dans la nuit (1946)

Enfin découvert ce noir qui m'attirait depuis un moment, Mankiewicz oblige. Une fois passé un début pour le moins laborieux (les premières minutes en voix-off m'ont fait craindre le pire) le film s'avère plutôt agréable en dépit de l'inexpressivité de John Hodiak. Cette quête d'identité à laquelle se mêle une véritable enquête mettant en branle 2 millions de dollars et quelques cadavres est plutôt bien foutu en dépit d'un dénouement plus ou moins prévisible. Entendons-nous bien, à regarder le reste de la filmographie de Mankiewicz et des grands classiques du genre, c'est tout à fait mineur.
Le film est mineur, c'est entendu, comparé à d'autres œuvres du maitre. Mais les thématiques sont déjà là (notamment le rapport au temps), les dialogues sont pointus et portent la marque de leur auteur, et au final, le film est loin d'être honteux.
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L'actrice de droite est :oops: !!!
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Père Jules
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Père Jules »

Margo Woode.
Sa page wikipédia ne dit pas grand chose
http://en.wikipedia.org/wiki/Margo_Woode
allen john
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par allen john »

Cleopatra (Joseph L. Mankiewicz, 1963)

Jusqu'à la fin de sa vie, Mankiewicz a occulté Cleopatra d'une façon fort théâtrale, s'y référant comme à un objet inommable, et reléguant toute l'expérience au rang de désastre: ce n'était, après tout, pas son film, il n'avait pas spécialement voulu le faire, et il n'en était en rien responsable. La lecture de la très intéressante biographie de Kenneth Geist révèle que le tournage, s'il n'a pas été de tout repose d'un point de vue cinématiographique, a aussi accumulé les excès de tout genre: argent coulant à flot de façon incontrôlable, dépassement en tous genres, réalisateur sous toutes sortes de drogues pour tenir, et l'impression que la maison-mère, à savoir la Fox, ne controlait plus rien – de fait c'est plus ou moins vrai: entre 1960 et 1963, peu de films ont été finalisés à la Fox, à l'image de ce Something's gotta give de Cukor qui était supposé être le grand retour de Marilyn Monroe, mais qui finira par être sa tombe, et dont une simple continuité de 25 minutes est tout ce qu'on a pu assembler. Ce n'est pourtant pas le cas de ce Cléopâtre: on estime que le premier montage de Mankiewicz durait 8 heures...



L' histoire est bien connue: c'est à Rouben Mamoulian qu'on a confié la mise en scène de ce film, au budget plombé avant même le tournage; pour qu'on cesse de lui dproposer le rôle, Liz Taylor a demandé un cachet exorbitant, mais elle n'avait pas prévu de l'obtenir... Mamoulian a joué de malchance, puisque l'insitance de la Fox pour que le tournage se déroule à londres a peu profité au film. Et très vite, il s'est avéré que le capitaine ne convenait pas non plus. Mankiewicz a donc été sollicité, d'une part parce que Taylor avait beaucoup aimé travailler à ses côtés sur Suddenly, last summer, et d'autre part parce que le projet avait une touche à la fois littéraire et esthétique, qui faisait du metteur en scène de Julius Caesar une sorte d'idéal... Entre les hésitations du studio (Londres? Rome? Pinewood? Cinecittà?) et les absences fréquentes de la star dues à sa santé chancelante sans doute, le tournage a donc duré trois ans. L'inspiration en était pour le moins hétéroclite: pour la Fox, il s'agissait de retrouver le chemin des grosses superproductions qui avaient fait la gloire du Cinémascope, le format maison; après tout, Ben-Hur avait obtenu un ensemble non négligeable d'Oscars pour la MGM en 1959, c'est donc qu'il existait encore une possibilité pour ce genre de films. Pour Mankiewicz, il s'agissait de donner une dimension inédite à ce genre de film, en s'inspirant à la fois d'historiens contemporains, du genre lui-même, des grands auteurs antiquess (Plutarque, Suétone, Appien), et enfin de laisser l'inévitable ombre de Shakespeare et de Shaw marquer le script. Enfin, Mankiewicz a su construire le film sur trois personnages: Cléopâtre, bien entendu, mais aussi César et Marc Antoine, favorisant ainsi la conception d'un film qui toucherait aussi bien à la grande histoire, qu'à l'histoire intime... L'histoire d'amour soudaine, et inespérée, entre Richard Burton et Elizabeth Taylor était à ce titre une incroyable aubaine, permettant au film d'avoir un angle publicitaire des plus solides. Du moins c'est ce que se sont dit les dirigeants de la Fox.

En plus de Taylor, dont il me semble qu'on peut difficilement discuter la légitimité, Mankiewicz a donc finalement pu diriger l'impulsif Burton, qui fait de son Marc Antoine un cas assez complexe d'homme miné par sa position permanente de subalterne, et son ami Rex Harrison en César, qui va faire du général et dictateur Romain un persnnage complexe et attachant. C'est la troisième collaboration entre les deux hommes, après Escape et The ghost and Mrs Muir.

On assiste donc à l'histoire de Cléopâtre, de l'arrivée de César à Alexandrie devant Ptolémée, l'indélicat frère de la belle qui avait décidé de se débarrasser de sa soeur, jusqu'au suicide de la reine après son aventure désastreuse avec Marc Antoine. La première partie se concentre sur l'intrigue politico-amoureuse entre Cléopâtre et César, de leur pacte scellé sur la base de la découverte par Cléopâtre de l'épilepsie du Romain jusqu'à l'assassinat de celui-ci; la deuxième partie tourne autour de la relation passionnelle de Cléopâtre avec Marc antoine, successeur auto-proclamé du militaire César, et la façon dont Octave, héritier politique du dictateur, a assuré le contrôle de Rome en se débarrassant d'Antoine.

Cléopâtre:

Aussi déterminée à prendre le trône d'Egypte que son frère Ptolémée est décidé à le garder, Cléopâtre s'allie à César d'un point de vue politique d'abord, ême si la concernant, on comprend vite que l'alliance et le sexe sont intimement liés. Elle sait s'entourer, mais on constate que si elle est autocratique, capricieuse et arrogante, elle aime autant qu'elle est aimée par ses proches: Appolodorus, son garde du corps, et Sosigenes son plus proche conseiller en sont la preuve (C'est un autre ami de Mankiewicz qui interprète Sosigenes, le grand et trop rare Hume Cronyn). Cléopâtre est attirée par la force politique de César, dont elle admire la puissance conquérante, mais elle se livre à antoine ensuite par amour: elle l'a toujours désiré, dit-elle, depuis ses douze ans... Elle consulte les oracles aussi souvent que possible, et va même faire partie des nombreux personnages qui préviennent César de sa fin prochaine, à égalité avec Calpurnia, l'épouse légitime. Ce mélange de sensualité, d'attitude régaliennes, de politique et de superstition fait toute la complexité du personnage, qui est attachant au-delà de tout ce qui aurait du la rendre insupportable: c'est dire si Elizabeth taylor a su en faire quelque chose.

César:

Personnage complexe, l'un de ces hommes historiques (Tel Richelieu, par exemple) dont l'apparence et la légende prennent toute la place, César est souvent ce qu'en feront les artistes. Ainsi, Shakespeare semble-t-il montrer du dictateur (Auto-proclamé, et ce à coup de répression assez musclée, rappelons-le) les aspects les plus détestables, en prenant le parti de Brutus et des autres mutins. La vérité ets peut-être assez bien incarnée dans la superbe interprétation de Ciaran Hinds dans la série télévisée Rome: un homme politique d'abord et avant tout, qui a compris que l'art militaire est nécessaire, mais pas seul; mais un home avant tout, qui sans se laisser guider par les sentiments, leur acorde une place. C'est, avec un peu plus de bonhomie bien sur, ce César là qui nous est montré dans Cleopatra. Du reste, il a fallu pour Mankiewicz composer avec une concurrence de taille: Shakespeare, bien sur, mais aussi Joseph L. Mankiewicz ont tous deux planché sur la question de la figure politique de César, à travers la pièce et son adaptation en 1953. Donc, ce nouveau fil, sans l'occulter, va choisir un statagème intéressant pour éluder la redite, en privilégiant l'image, puisque l'assassinat de César est entièrement vu par Cléopâtre, via la consultation d'un oracle, et les dialogues inévitables (Les ides de Mars, Et tu Brute, et le fameux discours d'Antoine)sont tout simplement éludés au profit de compositions impressionnates mais muettes. La redite aurait été de toute façon hors sujet: le titre est Cléopâtre, at la reine ne se soucie en matière de politique que de la question Egyptienne...

Antoine:

Apparaissant au milieu de la première partie, Antoine est un subalterne. C'ets aussi son complexe: toujours le second de César, il supporte mal d'être considéré comme l'éxécuteur des basses-oeuvres de son ennemi intime Octave, qui se joue de lui en permanence, et il va malgré son amour souffir de la façon dont Cléopatre le considère elle aussi comme un second. Il va d'ailleurs s'y résigner et s'abandonner totalement à celle qu'il a suivi, allant jusqu'à devenir le responsable de la chute du régime Egyptien, en même temps que de sa propre débâcle. Sa réponse à tout est celle d'un militaire, pas politicien pour deux sous, et la force brute et un brin cabocharde (Burton n'est pas Gallois pour rien, et Mankiewicz joue beaucoup là-dessus) qui lui a tant servi en tant que général, va lui être fatale lorsque face à lui la politique et les manigances vont prendre le dessus sur les habitudes militaires. Mais Antoine est également l'amoureux de Cléopâtre, et Mankiewicz se livre occasionnellement à de petits montages intéressants pour mettre en valeur le tumulte et les conflits permanents des deux amants, en les voyant se livreer à des joutes juxtaposées sur plusieurs scènes: cela met aussi en valeur, de façon probablement imprévue, la débauche de costumes différents que porte (Ou ne porte pas, puisqu'elle prend beaucoup de bains) Cléopâtre...

Octave:

Absent de Julius Caesar, l'héritier désigné par César est le grand gagnant de la deuxième partie. Roddy McDowall lui donne une puissance parfois un briun excessive, mais il incarne à lui seul la théâtralité du sénat, que l'absence du fameux discours « resenti » de Marc Antoine tendrait à accentuer. Octave assiste aux batailles qu'il est sensé mener, et qui l'ennuient; il se sert de tous et toutes pour ses desseins, et se contente d'agir lorsque tout est en son contrôle: il se réserve en brillant orateur les moments de lumière, ce qui explique un certain nnombre de morceux de bravoure, une fois de plus un peu excessifs, de la part de l'acteur. Mais il fallait de l'excès: on l'a bien compris, Octave, qui hérite de la position de César et de son nom dans un triumvirat partagé avec Lepidus et Antoine, pourra accomplir après s'être débarrassé des deux autres, et de Cléopâtre, l'oeuvre de son, grand-oncle Jules César: il se fera proclamer Empereur, sous le nom d'Auguste, sans aucun Brutus ou aucun Pompée pour l'en empêcher ou lui disputer cet honneur. Cela valait bien un certain nombre de concessions, notamment un étrange éloge funèbre dédié à Antoine: quand on annonce sa mort, dit-il, il faut trembler; il ne lui a pourtant fallu pas beaucoup d'efforts pour régler son compte à son beau-frère et rival, qui s'est auto-détruit assez facilement... quoi qu'il en soit, ce qu'il faut historiquement retenir de ce César Auguste, c'est qu'il a finalement réussi à installer la paix dans un régime fragile, qu'il a consolidé, et accompagné durant 45 ans...

245 minutes de film, en deux parties, et bien sur un montage qui fut l'un des gros problèmes de la production... Comme de juste, comme avec tous les films-mammouths de cette trempe, on n'a pas une version qui primerait sur toutes les autres, même si la situation actuelle est simple: on n'a qu'une version, la restauration effectuée dans les années 90. Elle est similaire en durée à la version montrée lors de la preimère (Elle incorpore une ouverture et un entr'acte) mais le contenu en est peut-être légèrement différent, les remontages effectués lors des sorties et ressorties ayant été parfois tempérés par le recours à des scènes ajoutées pour pallier à certaines absences. Aujourd'hui, il ne subsite aucune copie de la version de travail de huit heures, bien sur, mais on n'a retrouvé aucune copie non plus de ce que Mankiewicz considérait comme « sa » version: un montage de 5h30 ou 6 heures, qui aurait été livré en deux films; tel quel, le film et ses quatre heures ont été désavoués par le metteur en scène, et le fait est qu'il apparaît parfois mal équilibré. C'est inévitable à cette durée. Une chose est sure: les deux parties telles qu'elles sont ne fonctionnent en tout cas pas comme des films à part entière, un peu comme les dyptiques de Fritz Lang; s'il est sans doute incomplet, le film garde sa cohérence, sa grandeur, et son étrange mélange d'intimisme (l'un des arguments pour trancher dans le film en 1963 était justement sa franchise sexuelle, affichée aussi bien dans les dialogues que dans la mise en scène, avec ses multiples scènes de lit) et de grande histoire. C'est un objet fascinant, et surtout, en dépit de tout ce qui a été dit ou fait autour de son identité de film à grand spectacle appartenant à la Fox, c'est aussi un film de Mankiewicz: la façon dont ce dernier a finalement réussi à s'approprier aussi bien l'histoire, que la légende, tout en créant des personnages nouveaux dans la dramaturgie historique et amoureuse, rend justice au metteur en scène. Que celui-ci ait rejeté le film en bloc après y avoir souffert trois ans durant, importe finalement peu. Après tout, il reviendra!

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Jeremy Fox
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui, mise en ligne de la critique de Cléopâtre et de son BR qui semble somptueux.
feb
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par feb »

Très chouette chronique :wink:
Jeremy Fox a écrit :...et de son BR qui semble somptueux.
Tu n'as rien pour le vérifier ? :mrgreen: :arrow:
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par AtCloseRange »

La Comtesse aux Pieds Nus

Il n'y rien à faire, je n'arrive pas à être pleinement convaincu par ce Mankiewicz.
ça commence pourtant de manière prometteuse: le premier monologue en voix off dans le cimétière, toute la séquence jusqu'à la découverte d'Ava Gardner. Malheureusement, dès la première scène entre Bogey et Ava devant chez ses parents, les dialogues commencent à prendre le dessus et c'est un peu mon problème avec le film. Trop de dialogues, trop de voix off qui donne une impression permanente de ronronnement. Alors oui, Ava Gardner n'a jamais été aussi belle qu'ici (avec Pandora) mais je n'arrive pas à me passionner pour cette histoire d'autant que la dernière partie tourne laborieusement (censure oblige) autour du pot et Rossano Brazzi n'aide pas.
Un peu un grand film malade donc ... et pas dans mes Mankiewicz préférés (Eve, Mrs Muir, le Limier, Jules César, l'Affaire Cicéron).
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

Il faudrait que je revois La Comtesse aux Pieds Nus car dans mon lointain souvenir (une bonne vingtaine d'années :? ), il était également un des rares Mankiewicz qui m'avaient laissé sur ma faim malgré son casting et quelques très belles séquences. Alors que j'admire en général son sens du dialogue accordé à une parfaite maîtrise scénique, il me semble que ce film était à la fois trop verbeux et un poil statique. Même remarque que précédemment à propos de Brazzi, assez translucide (acteur imposé par la co-prod italienne ?). Une re-vérification s'impose, ô César... :wink:
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par AtCloseRange »

Federico a écrit :Il faudrait que je revois La Comtesse aux Pieds Nus car dans mon lointain souvenir (une bonne vingtaine d'années :? ), il était également un des rares Mankiewicz qui m'avaient laissé sur ma faim malgré son casting et quelques très belles séquences. Alors que j'admire en général son sens du dialogue accordé à une parfaite maîtrise scénique, il me semble que ce film était à la fois trop verbeux et un poil statique. Même remarque que précédemment à propos de Brazzi, assez translucide (acteur imposé par la co-prod italienne ?). Une re-vérification s'impose, ô César... :wink:
C'est d'autant plus frustrant que le début est étincelant en terme de mise en scène. La danse de Gardner vue uniquement par le prisme des spectateurs en transe, Bogey découvrant les pieds nus d'Ava derrière un rideau. Malheureusement, à part la scène de la gifle racontée de 2 points de vue différents, le reste m'est apparu effectivement beaucoup plus dépendant des dialogues.
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Jeremy Fox
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Jeremy Fox »

Il reste toujours au contraire celui qui me passionne et me touche le plus de toute sa filmographie.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit :Il reste toujours au contraire celui qui me passionne et me touche le plus de toute sa filmographie.
Pareil ! :)
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

Watkinssien a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Il reste toujours au contraire celui qui me passionne et me touche le plus de toute sa filmographie.
Pareil ! :)
Je crois que de très nombreux cinéphiles de par le monde partagent cet avis. Perso, Eve reste mon préféré du grand Jo, suivi de très près par Le limier, L'affaire Cicéron et Chaînes conjugales.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par allen john »

The honey pot (Joseph L. Mankiewicz, 1967)

Après la sortie de Cleopatra en 1963, Mankiewicz est au plus mal: épuisé par un tournage délirant, mal à l'aise face à la somme de compromissions que le film représente, dépité devant le peu de lui-même qu'il estime rester dans le film fini, et probablement encore plus déprimé par le sort commercial peu glorieux du film.... The honey pot, dans ces conditions, représente la tentative par le cinéaste de reprendre le pouvoir, et s'il n'est pas un très bon film hélas (Qui a ses adeptes, par ailleurs), il est aussi en décalage par rapport à la période. The honey pot, tout en intégrant une part de la liberté de ton alors en vigueur, semble malgré tout en sérieux décalage face à un Hollywood gagné par la contestation, qui s'apprète à aborder le cas du Vietnam, à cesser d'ignorer les minorités, à repésenter la liberté sexuelle... On n'attend d'ailleurs pas vraiment le cinéaste sur ces terrains. Mais Mankiewicz choisit pour son retour, et son dernier scénario original, une adaptation de la pièce Elizabethaine de Ben Jonson, Volpone or the Fox. Bien sur, elle est mise au goût du jour, et tellement citée dans le film que la mise en abyme est très repérable.

Pour son film, Mankiewicz a des idées, à foison; surtout, il envisage de créer une sorte de millefeuilles, avec une couche de Volpone, une couche de film policier, et une couche de commentaire off par un narrateur, perturbé par certains protagonistes, qui se donneraient le droit d'interrompre le film à loisir. Si les preneurs de décision (En cette fin des années 60, on hésite assez franchement à écrire 'le studio'...) ne voudront absolument pas de cette solution, il en reste quelque chose quand même, dans la dernière bobine du moins. De plus, le film, à 150 minutes, sera jugé trop long par à peu près tout le monde, exploitants, producteurs, public, critiques... Sauf Mankiewicz. Il a donc été coupé, et officiellement, il en existe trois versions: une, donc, conforme aux désirs de Mankiewicz après production, de 150 minutes. Une de 131 minutes exploitée en Grande-Bretagne (Et qui correspond à l'actuelle version souvent montrée), et une version courte, Américaine, de deux heures. On n'a aucune preuve de l'existence de la version longue, mais soyons franc: dans la version de 131 minutes, le film est, déja, fort long... ce qui, on le reconnaitra, n'est pas très bon signe.

Cecil Fox (Rex Harrison), un homme de goût, est installé à venise, ou il engage un jeune Américain, William McFly (Cliff Robertson), pour, prétend-il, se livrer à une petite farce théâtrale, qui lui permetra de voir quelle est son image auprès de trois femmes qui l'ont aimé: Mrs Sheridan (Susan Hayward), une riche Américaine qui a été jusqu'à se marier avec lui, Merle McGill, une actrice inculte en perte de vitesse (Edie adams), et Princesse Dominique (Capucine), une noble déclassée qui entend, comme la précédente d'ailleurs, profiter de l'aubaine. La farce consisterait à laisser croire aux trois femmes que Cecil est mourant, alors que bien sur il se porte comme un charme. Mrs Sheridan vient en compagnie de Sarah Watkins, une infirmière ingénue qui veille constamment sur elle (Maggie smith), et un autre personnage va venir compléter la distribution: l'inspecteur Rizzi (Adolfo Celli), qui interviendra dans le film dans la mesure ou Mrs Sheridan va être tuée... de farce, le film se transforme alors en une petite énigme à tiroirs, avec deux morts à la clé...

Entièrement filmé en intérieurs ou presque, le film donc n'hésite pas à clamer ses sources, puisqu'il commence par une représentation de Volpone donnée pour Cecil Fox seul, celui-ci décidant de quitter le théâtre avant la fin: il connait la pièce, dit-il. Sinon, l'acteur William McFly a suffisamment de culture pour repérrer le renard (Fox/Volpone) et la mouche (McFly/Mosca) assemblés par Cecil à l'imitation de la pièce de Ben Jonson, et assume sans trop de problème le rôle du manipulateur Mosca dans le film. Le jeu de dupes, comme il évoluera dans les deux films suivants, du reste, fluctue en permanence dans la deuxième moitié du film, avec des rebondissements en mode mineur (Pas de charge de cavalerie dans ce film délicat, bien sur...). Mais comme pour les deux films suivants donc, qui voient les personnages mentir, manipuler, trahir, on peine à s'intéresser à tout ça. Je confesse, après trois visions de ce film, qu'il m'ennuie au plus haut point, comme d'ailleurs les deux suivants. Mankiewicz est-il un homme fini après Cleopatra? j'ai, à titre personnel, ma réponse... Lorsqu'il abat enfin sa carte qu'il croit maitresse, et qu'il envoie un Rex Harrison post-mortem pour commenter la fin de son film, Mankiewicz ne fait que compliquer inutilement un écheveau sans queue ni tête: c'est triste.

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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

allen john a écrit :The honey pot (Joseph L. Mankiewicz, 1967)
Je confesse, après trois visions de ce film, qu'il m'ennuie au plus haut point, comme d'ailleurs les deux suivants.
:shock: Même Le limier ? Alors, là, c'est vraiment triste... :cry: :wink:
Plus sérieusement, j'aime bien The honey pot tout en reconnaissant qu'il est trop léger, trop primesautier pour compter parmi les meilleures réussites de l'oncle Jo. Rex Harrison en fait des caisses, Edie Adams dénote elle aussi, trop vulgaire pour un personnage mankiewiczien, si annexe soit-il (même si il en dépeindra de fabuleux avec le couple de publicitaires de Chaînes conjugales). Malgré tous ces défauts flagrants, la patte du maître est indéniable. Entre l'auto-parodie et la pause/répétition avant l'ultime joyau.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par allen john »

Federico a écrit :
allen john a écrit :The honey pot (Joseph L. Mankiewicz, 1967)
Je confesse, après trois visions de ce film, qu'il m'ennuie au plus haut point, comme d'ailleurs les deux suivants.
:shock: Même Le limier ? Alors, là, c'est vraiment triste... :cry: :wink:
...surtout Le limier. je considère même l'option de ne tout simplement pas le revoir dans le cadre de cette auto-rétrospective tellement il m'emm... . C'est sans doute bien triste, mais bon.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Rick Blaine »

allen john a écrit :
Federico a écrit : :shock: Même Le limier ? Alors, là, c'est vraiment triste... :cry: :wink:
...surtout Le limier. je considère même l'option de ne tout simplement pas le revoir dans le cadre de cette auto-rétrospective tellement il m'emm... . C'est sans doute bien triste, mais bon.
:cry: :cry: Pourtant, quel duel d'acteur, formidablement orchestré par Mankiewicz. Un de mes films favoris dans son œuvre, même si c'est surement accentué par ma fascination pour Michael Caine.
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