Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Kevin95 »

A LETTER TO THREE WIVES - Joseph L. Mankiewicz (1949) révision

Pendant que Jeanne Crain, Linda Darnell et Ann Sothern cherchent dans leurs souvenirs et se demandent si leur bonhomme s'est barré avec une mystérieuse absente, nous nous trouvons une merveille de drôlerie, d'émotion et de fluidité narrative en la présence d'A Letter to Three Wives. Simple, clair et net, le film de Joseph L. Mankiewicz est d'une ébouriffante vitalité et d'une modernité assez dingue. Que certaines rom com ou série télé contemporaines lui fassent les poches n'est pas étonnant tant tout est d'une intelligence folle. Rien n'est laissé au hasard et chacun des trois personnages principaux a assez de profondeur pour nourrir un film complet, entre une jeune fille pas à l'aise avec les mondanités, une femme tiraillée entre son ambition et son mari ou une tigresse en quête d'un bon porte-feuilles (mais pas que). A chaque souvenir son rire, à chaque déception son émotion, A Letter to Three Wives est la preuve par A+B du génie de son auteur. Quant au plan final mélancolique, sous-entendant un quatrième récit non raconté mais évoqué par une simple image... J'en ai les larmes aux yeux.
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Kevin95
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Kevin95 »

CLEOPATRA - Joseph L. Mankiewicz (1963) révision

Grosse bécane qui rentra dans les manuels d'Histoire par la porte la plus infamante, celle du bide (relatif) et du fric perdu dans l'affaire. Depuis, de l'eau à couler sous les ponts même si Cleopatra reste (et restera) l'acte de décès brutal du Hollywood classique. (Re)voir le film de Joseph L. Mankiewicz permet de 1/ se rendre compte de l'ampleur du projet, de la tune déversée et par conséquent de son incroyable poids en terme technique, humain et narratif (4h quand même) ou 2/ qu'il était impossible, même avec une communication monstre, de rentabiliser une telle entreprise. Car non seulement Cleopatra raque des dollars à chaque minute de film (compte tenu de la durée, l'addition ne tient pas sur un livre de compte) mais en plus, Cleopatra n'est absolument pas une œuvre à la Ben-Hur ou Spartacus, mais un drame intime tout sauf spectaculaire. La seule séquence un tantinet grandiose (l'arrivée de Cléopâtre à Rome mise à part), est un combat naval intervenant plus de deux heures après le générique et passe pour un interlude entre deux scènes de chambre. Cleopatra est un film sur une femme piégée par le jeu politique et sentimental, prise en tenaille entre la figure du père absent (Jules César), de l'amant fuyant (Marc Antoine) et de l'ennemi jaloux (Octave). All about Cleo, le film scrute toutes les tentatives de la reine d'Égypte pour s'imposer sur l'échiquier politique mondial, entre stratégie machiavélique et naïveté amoureuse. Pour l'épopée on repassera, tout tient sur les épaules de la reine Cléopâtre donc de l'interprète Elizabeth Taylor. Qu'on ricane sur ses caprices qui ont couté chers à une production à genoux importe peu tant le film lui doit énormément. La comédienne y est fascinante et révèle un talent de tragédienne qu'on lui connaissait déjà mais qui ici, dans ces décors somptueux et dans ce drame épais, prend une valeur supplémentaire. Voir sa crise de colère dans sa chambre lorsque Marc Antoine la trahit, sa manière à la fois violente et enfantine de déchirer les draps de son lit. Forcément, après un pavé comme Cleopatra, on en ressort groggy. Il faut certes poser un RTT pour se faire le film tranquillement mais persiste le sentiment de voir un film intelligent, qui cache sa complexité derrière ses billets verts. Imposant.
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Jeremy Fox
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Jeremy Fox »

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rodoliv
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par rodoliv »

Merci, ça fait envie, je n'ai pas un bon souvenir de ce film mais je l'avais vu adolescent, je devais être trop jeune pour apprécier, à la lecture du test et de la critique, je vais sûrement me laisser tenter :D
The Eye Of Doom
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par The Eye Of Doom »

La maison des étrangers (1949)
4 frères à la personnalité très différente vivent sous le joug d'un patriarche, immigré italien parti de rien qui a fait fortune dans la banque avec des prêts pas très clairs Les tentatives pour sauver ce dernier de la prison vont mettre à nu les conflits familiaux.

Voilà bien au moins 15 ans que j'avais pas vu un film de Mankiewicz, alors que c'était un de mes réalisateurs préférés. À l'exception du Mariage à Boston, j'avais vu et revu tout ses films entre 20 et 40 ans.

Une promo 4 à 50% récente m'a questionné sur mon envie de revoir La maison des étrangers, film qui ne m'avait pas vraiment intéressé à sa découverte . J'en gardais le souvenir d'un drame familial assez convenu au sein dans une fratrie italienne un peu caricaturale. Ni le sujet ni le cadre ne m'avait intéressé. C'est sur que l'on est ni dans Sleuth ni dans Ghost and Ms Muir.

Forte révision à la hausse hier !
Des les scènes d'introduction, on est saisi par la mise en scène au cordeau et la façon donc Mankiewicz intègre personnages et décors. Ce sera comme cela tout le long. J'ai été particulièrement sensible :
Spoiler (cliquez pour afficher)
aux plans ou Max visite l'appartement d'Irene en debut du film, au lent travelling qui vas introduire le flash back, au plan ou le père vient dans la banque en travaux et est éjecté,...
L'interprétation est excellente : EG Robinson se glisse dans le personnage de patriarche italien parvenu, despotique, égotiste,... avec un naturel confondant (et jubilation!) . Il n'est jamais caricatural ou cabotin, ce qui était bien sûr le risque.
Richard Conte est très bon, en fils "préfèré", autonome, macho et sur de lui, qui vas voir ses certitudes peu à peu bousculées.
Susan Hayward est aussi remarquable. Au debut, elle apparaît comme femme fatale ce qui fait craindre le pire pour ce flirt amoureux ou plutôt "sexuel": on redoute des personnages et/ou dialogues et/ou scènes convenues, artificielle,... typiques "film noir". Il n'en sera rien.
Le rendu de la relation entre Max et Irène constitue pour moi le meilleur du film.
Olivier Père indique (et c'est confirmé dans le Livre de Merignaux) qu'on (les critiques et Mankiewicz himself) a trouvé que cette intrigue était le point faible du film ou plutôt qu'elle desservait le drame familial. Il y aurait comme deux films en un, tout deux jugés excellents d'autre part.
Je n'ai pas eu cette impression, au contraire.
Si la connexion ou l'interaction entre les deux intrigues est limitée, ce récit de deux amants qui s'opposent donne une dimension humaine au personnage de Max sans laquelle il serait monolithique. Il met en avant ses limites, sa fragilité intime. Femme libre, comme le cinema ne nous proposait plus depuis la fin du pré-code, Irène est plus forte que lui, l'homme italien moderne et décidé. Il ne sort jamais gagnant des confrontations ( remarquablement écrites et restituées par Mankiewicz).
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C'est transformé par l'amour qu'elle lui porte qu'il finira le film.
Deux scènes remarquables:
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Dans le bar italien, ou l'ambiance est sinistre et ou le couple se fait la gueule.
Au barman qui lui dit que sa copine s'en vas, Max réponds qu'elle l'a déjà quitter depuis 4 heures.
Quand Max rend visite à Irène et tombe sur le futur mari de celle-ci. Max tente d'enclencher la bagarre, sans succes, et Irène le fout dehors sans ménagement.
Sans surprise de la part de Mankiewicz les dialogues sont un pur bonheur.
Une fois de plus, la mise en scène est "invisible" et on n'aimerais s'arrêter pour comprendre ce qui caractérise l'art génial du cinéaste. On le sens bien mais sans arriver à vraiment le caracteriser. En tout cas, j'en suis incapable .
Un sens particulier de l'espace et de la dynamique, peut etre.
Exemple : arrivant dans la banque, et remontant la salle vers l'escalier de direction, Max attrape un papier sur un guichet qu'il froisse et jette deux mètres plus loin. Ce court mouvement saisi d'une traite dans un court travelling par M. est particulièrement habile pour traduire la tension du personnage.

Toute la fin pourrait donner lieu chez un cinéaste "moyen" à un truc nul alors que, bien qu'on se doute des événements à venir, la tension est remarquable jusqu'au dernières images.

Bon j'en reste là.

Très chaudement recommandé à ceux qui ne le connaîtrait pas ou qui comme moi l'aurait "oublié".

À noter un problème sur le Blu-ray: dans les scènes sombres, les noirs deviennent "blancs" a la périphérie de l'ecran, comme lors de la montée de l'escalier . Comme une saturation. Très gênant. C'est mon installation ou le Blu-ray ?

Je crois que c'est parti pour un cycle Mankiewicz, en alternance avec Duvivier et Tsui Hark.
:wink:
The Eye Of Doom
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par The Eye Of Doom »

Je viens de jeter un œil au programme de la rétrospective à la cinémathèque.
Il y a un film qui s'appelle : Carol for Another Christmas 1964 avec Sterling Hayden, Ben Gazara,...

Jamais entendu parlé
Quelqu'un c'est ce que c'est ? Et si c'est intéressant ?
Merci

Ps: je m'aperçois que ma volonté de revoir des films de mankiewicz annoncée ci dessus n'a pas été suivi d'effet ...
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Jack Carter
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Jack Carter »

Apparemment, un telefilm (je ne savais meeme pas qu'il en avait realisé un)
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
bruce randylan
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par bruce randylan »

Yep, un téléfilm qui me fait saliver depuis quelques années (complétisme oblige). J'avais appris son existence via "50 ans de cinéma américain" (il est juste référencé dans sa filmographie).
Pour le coup, merci la cinémathèque puisqu'il n'était pas diffusé lors de la précédente rétro en 2004.
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Supfiction
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Supfiction »

https://www.telerama.fr/sortir/retrospe ... ce=Twitter
Du 20 juin au 17 juil. Cinémathèque française
Yjdo
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Yjdo »

Bonjour,
J'ai revu "Le Reptile" hier à la cinémathèque, la version non censurée , et j'ai cru apercevoir un cameo d'Orson Welles.
Est ce possible ?
C'était dans la scène des deux escrocs (le peintre et le prêcheur ) parmi l'assistance, un homme assis un peu à part.
Merci d'avance
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Watkinssien
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Watkinssien »

Je ne pense pas! Mais cela au moins a le mérite de donner envie de le revoir! :wink:
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Yjdo »

C'était trop beau pour être vrai
Merci
bruce randylan
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par bruce randylan »

Découvert à la Tek
Carol for Another Christmas (1964)

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Le soir de Noël, un homme d'affaire, aigri depuis la mort de son fils lors de la seconde Guerre Mondiale, refuse d'aider son neveu dans ses projets philanthropiques et pacifistes. Il reçoit alors la visite d'un fantôme qui le conduit des années plus tôt, dans un hôpital d'Hiroshima quelques jours après l'explosion de la bombe atomique.

Après l'expérience douloureuse de Cléopâtre, Mankiewicz repassa derrière la caméra pour son unique téléfilm, écrit par Rod Sterling et dans le cadre d'une promotion des Nations Unies. Le scénario est donc vraiment entre le classique de Dickens et l'atmosphère de la quatrième dimension. Vu ses ambitions humanistes, le scénario de cette relecture accentue la dimension démonstrative du discours. Ce n'est pas franchement subtil, presque anachronique dans sa volonté de prôner l'interventionnisme (mais pas que) vu la situation des USA en 1964 (guerre froide, début de la guerre du Vietnam) tout en étant courageux par son pessimisme et sa peinture crue de l’égoïsme géo-politique américaine. Il n'y pas de réelles excuses trouvées à Hiroshima/Nagasaki et la vision des réfugiés (actuels) dans les camps est plutôt touchante. Quant au fantôme du futur, il brosse forcément un avenir grotesque où les survivants d'un holocauste vouent un culte belliqueux envers l'individualisme forcené via un gourou adepte du "Moi Impérial".
C'est ce dernier acte qui a le plus vieilli et qui souffre d'un didactisme balourd malgré (à cause ?) d'un numéro électrique de Peter Sellers en leader.
L’interprétation est en général excellente avec un casting en or : Sterling Hayden, Ben Gazzara, Pat Hingle, Peter Sellers, Eva Marie Saint ou Robert Shaw (Peter Fonda fut coupé au montage comme Richard Harris).
Pour de la télévision, Mankiewicz livre un bon travail, profitant surtout du noir et blanc très contrasté pour aller vers un certain expressionnisme. Une manière habile de détourner l'économie télévisuelle, à l'instar des décors vides et dépouillés qui deviennent ainsi extirpés du temps.

Rod Sterling - je découvre seulement la série originelle de la Quatrième dimension dont certains épisodes possèdent la même tonalité amer et progressiste - n'était peut-être pas le plus conseillé pour coller à l'univers de Mankiewicz. Même si j'ai plutôt apprécié cette curiosité, je préfère la simplicité de la conclusion qui évite les longs discours pour un geste chaleureux.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Plutôt qu'une leçon moralisatrice sur ce qu'il a appris durant cette nuit, Sterling Hayden va simplement prendre son café dans la cuisine, à côté de son majordome et sa cuisinière plutôt que de le consommer seul dans son salon.
Yjdo a écrit :Bonjour,
J'ai revu "Le Reptile" hier à la cinémathèque, la version non censurée
Il existe une version censurée ? Jamais entendu parlé (contrairement au premier montage qui faisait davantage dans les 2h45 - on sent les coupes dans le début via la présentation des futurs acolytes de Kirk Douglas)
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Jeremy Fox
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Jeremy Fox »

Chronique par Justin de Un américain bien tranquille
The Eye Of Doom
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par The Eye Of Doom »

Un américain bien tranquille
Intrigue sentimentale dans le Saigon en guerre (celle des francais…).

Ce film me laisse dubitatif…
J’ai rien compris à l’arrière plan politico-militaire, c’est peut etre pour ça.
Faut dire que le film est écrit, trop écrit. Les dialogues fusent, difficile à suivre sur pour qui n’est pas 100% fluent. Et les sous-titres défilent à toutes vitesses, quasi impossible à lire…
Donc j’ai pas tout capté…
Mais cet arrière fond politique est’il vraiment important pour Mankiewicz ?
J’en suis pas sur…
Ou en tout cas, c’est par des voies détournées qu’il l’aborde.
L’histoire est d’abord celle de ce journaliste anglais (comme par hasard), désabusé voire cynique, suffisant voire prétentieux, vas voir mis à nu sa médiocrité, sa veulerie et son aveuglement.
C’est pourtant à travers ses positions que le cineaste s’exprime, le film etant à la première personne pour une tres large part.
Le personnage dénonce pêle-mêle :
* L’outrecuidance de l’americain qui debarque plein d’ideal pour sauver des gens qui lui ont rien demandé
* La réalité crue des populations, pour lequel le mot « futur » n’existe meme pas (une des plus beaux passages du film, j’y reviendrai)
* L’hypocrisie des acteurs, cf la visite à la secte, soit disant pacifiste mais forte d’une belle armée que les protagonistes de tout bord envient.
* Le carcan religieux en général, via la même secte (croustillante description de la cathédrale !), le rigorisme de l’épouse dont la religion interdit de divorcer, ou la betise du jeune américain qui ne saurait « consommer «  avant le mariage.
* Les miliaires de terrain, simple marionnettes de « strateges » de QG bien loin du front.

Mankiewicz est incisif, impitoyable et réjouissant, comme il sait l’etre.

Mais le coeur de l’interet du film n’est pas la.
Homme de language, le cineaste affronte ici l’incommunicabilité. Au moins trois langues sont parlées par les protagonistes : le francais, l’anglais et le vietnamien (+ un peu de cantonnais de memoire).
On passe de l’une à l’autre, et la maitrise du language fait tout.
A ce jeu, le journaliste gagne car lui seul sait s’exprimer indifféremment.
Cette question de la langue, de la communication, des mots et leur sens , est le coeur du film, jusqu’au jeu de mots fatal.
Dans la tradition Hollywoodienne, tous le monde parle anglais, l’effondrement de la tour de babel n’a jamais existé, le langue est universelle.
Rien de tel ici et j’ai pas en tête de film qui mette aussi frontalement la question des langues et du language au coeur du propos.
Il y a deux scènes fondamentales :
La première est justement la déclaration d’amour, a trois: La jeune femme comprend mal l’anglais: il faut parler lentement et dire des mots simples. On vas au coeur du pouvoir des mots. Même ici il faut traduire en français certains concepts dont le déshonneur. Le journaliste dont donc aider son rival à faire sa déclaration….
La seconde est dans la tour de guet. Deux soldats, des gamins, sont morts de trouille. Les deux étrangers atterris là en raison d’une panne d’essence, n’en menent pas plus malgré leur supériorité.
Tout est dit en quelques echanges sur l’absurdité de la guerre, on en meurt, l’absence de bien et de mal, il faut d’abord survivre, la figure du heros, un blanc-bec inconscient et idéaliste.
Seule véritable scene d’action du film, elle est seche, realiste, parfaite. C’est sauf erreur la seule scene de « guerre » du cineaste (hors Cleopatre…)

Parmis les qualités du film, la superbe photo n&b. Mankiewicz tourne les extérieurs sur place, avec une grande sensibilité, un respect des lieux et des gens, loin d’un exotisme de bon aloi.
Côté interprétation, rien a dire sur Mickael Redgrave, tres bon, Claude Dauphin, tres à laisse.
C’est plutot l’interprète feminine qui pose problème. Elle n’a pas grand chose à jouer certes mais on a mal à comprendre la passion des deux hommes pour elle. Trop effacée, quasi transparente. Il aurait fallu une femme d’une autre presence. Ici, ce manque d’incarnation renforce le coté un peu artificielle de l’intrigue. L’enjeu, l’objet convoité est bien fade, on frise le prétexte….

J’aurais du mal a mettre ce film dans le top 5 des grands Mankiewicz. Néanmoins c’est un film à voir, fort singulier, bien caractéristique de son auteur.
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