Jennifer Jones (1919-2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par francesco »

Certe je me suis toujours demandé ce qu'aurait donné Turner dans le rôle, mais je ne peux pas nier l'excellence de la prestation de Jones (il faut quand même, selon moi, oublier le roman ... mais enfin après tout, précisément, ce n'est pas le roman. De toute manière Lana Turner n'aurait pas été davantage l'Emma Bovary de Flaubert). J'ai revu le film il n'y a pas longtemps et j'ai vraiment été impressioné par l'équilibre entre le lyrisme, le côté fievreux, qu'il y a souvent chez Jones et la mesure qu'elle ne rencontre pas toujours. Une très belle interprétation dramatique et romantique à la fois. Et physiquement elle est merveilleuse.
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Profondo Rosso »

La Folle Ingénue de Ernst Lubitsch (1946)

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Londres, 1938, Cluny Brown, qui a un faible pour la plomberie, effectue un dépannage à la place de son oncle chez un certain Hilary Ames. À cette occasion elle rencontre Adam Belinski, un écrivain qui a quitté la Tchécoslovaquie pour fuir le nazisme. L'oncle arrive chez Ames et trouve sa nièce ivre après avoir bu quelques verres avec les deux hommes. Pour la punir, il décide de l'envoyer travailler comme domestique à la campagne pour les Carmel. Belinski, invité à s'y cacher par le fils de la famille, qu'il a rencontré chez Ames, s'y trouve aussi.

Dans ces derniers films, Ernst Lubitsch tend à adoucir les éléments de sa formule à succès. La provocation, l'argent, le sexe, le délicat équilibre entre ironie et sentiments, tout ce que l'on y apprécie de la Lubitsch touch est toujours bien là mais désormais la férocité cède de plus en plus à une infinie tendresse. Alors que le monde s'apprête à sombrer dans le chaos de la Seconde Guerre Mondiale, Lubitsch mêle son humour à un vrai propos politique (le communisme moqué de Ninotchka, le nazisme raillé dans To Be or not to be) et se dévoile comme rarement dans The Shop Around the Corner où se mêle la chaleureuse vision d'un monde désormais révolu (Budapest avant l'invasion allemande) et nostalgie où l'effervescence de cette boutique évoque ses propres souvenirs d'enfance, dans le magasin de son père tailleur berlinois. On y constate aussi l'intérêt de Lubitsch pour les petites gens, s'éloignant ainsi des milieux bourgeois qu’il se plaisait tant à moquer dans ses comédies des années 30. Dépourvu de cette dimension politique, Le Ciel peut attendre déploiera également une sphère intime et bienveillante du couple confirmant ce changement chez le réalisateur.

Vrai dernier film de Lubitsch (puisque l'ultime La Dame au manteau d'hermine sera terminé après sa mort par Otto Preminger), Cluny Brown effectue un pont idéal entre l'ancien et le nouveau Lubitsch. Le cadre de cette Angleterre aristocrate est typique des milieux nantis que la Lubitsch touch se plu tant à moquer, mais les deux héros dans leur statut social modeste évoque plutôt cette dernière période du cinéaste, tout comme la toile de fond historique traitant de la Tchécoslovaquie envahie par les nazis (et d'une l'Angleterre pas encore engagée mais déjà inquiète). Dans tous ces meilleurs films, Lubitsch a toujours célébré rebelles, les libertaires et extravertis assumant de vivre en dehors des codes sociaux classiques, que ce soit la femme adultère de Ange, le trio amoureux de Sérénade à trois, la fantaisie révélée de Ninotchka ou encore la troupe d'acteur de To Be or no to be. Ici nous aurons comme héros un duo avec un farfelu qui s'assume et s'accepte avec l'écrivain en fuite Adam Belinski (Charles Boyer) et une qui s'ignore et cherche à rentrer dans le rang avec la femme de chambre Cluny Brown (Jennifer Jones). Cet esprit libre revêt un aspect aussi dramatique en toile de fond (Belinski ayant fui son pays et Hitler pour ses idées) qu'irrésistible dans son expression avec cette scène d'ouverture où l'on appréciera le bagout et l'aplomb de Belinski pour s'introduire, faire culpabiliser et taper un aristocrate anglais attendant ses invités. Cette folie douce est moins maîtrise chez l'ouragan Cluny Brown, surtout s'il y a un évier bouché dans les parages, Lubitsch nous assaisonnant de savoureux dialogues à double sens sur la curieuse lubie de son héroïne.

Cette première rencontre scelle les affinités entre Belinski et Cluny que leur audace conduit bientôt chez la même famille traditionnelle anglaise en campagne dans des statuts et pour des raisons différentes. Le culot de Belinski l'a conduit chez les Carmel, ses nouveaux protecteurs prêts à l'accueillir sans le connaître quand Cluny punie par son oncle pour n'avoir pas su "rester à sa place" y est engagée en tant que femme de chambre. Lubitsch moque avec brio le snobisme et ce rapport de classe qui atrophie tout rapport humain chez les hôtes. Cluny est ainsi accueillie chaleureusement quand par erreur elle est prise pour une égale mais lorsque l'on constate qu'il ne s'agit que de la nouvelle bonne, les Carmel s’éclipsent ainsi immédiatement. Cette différence est inscrite dans les gènes de toute cette communauté y compris les domestiques plus à cheval encore sur ses principes à l'image du vieux couples d'employés si maniéré qu'ils ne peuvent s'avouer leur sentiments. La hauteur de ces nantis ne les rend pas plus autonome non plus à l'image de la faussement libre Betty Cream (Helen Walker) se jouant des hommes mais à la première lueur de scandale se réfugiant dans le mariage et ramené au stade de petite fille obéissante par Lady Carmel.

Belinski et Cluny sont bien au-dessus de toutes ces entraves. Charles Boyer malicieux et attachant est parfait en Belinski à l'aise partout où il passe et finalement ne se réfrène qu'avec Cluny en qui il a trouvé une âme sœur mais qu'il pense attirée par un autre. Jennifer Jones montre des capacités jusque-là inexploitée en comédie et injecte la folie de ses rôles plus dramatiques dans cette Cluny Brown. Si l'excentricité de Belinski est habilement maîtrisée par ce dernier et constitue un atout, c'est un poids pour la fougue juvénile de Cluny que les épreuves amènent à masquer sa différence. C'est une tuyauterie encombrée qui fera revenir le naturel au galop et la sauvera d'un sinistre mariage avec un pharmacien fils à maman provincial, une nouvelle fois elle a dépassé les bornes. Le titre français est bien trouvé, Jennifer Jones est absolument craquante en ingénue inconsciente de ses écarts à la bienséance guindée et illumine l'écran de son sourire et de ses coups de marteau vigoureux. Dans une conclusion magique, elle comprendra enfin que celui son meilleur confident est aussi celui qui la comprend le plus, qui lui ressemble le plus. Peut-être le plus beaux couple du cinéma de Lubitsch, ce qui n'est pas une mince affaire et fin de carrière en apothéose pour le réalisateur. 5/6
feb
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par feb »

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Listing des films de Jennifer Jones tournés entre 1939 et 1974 (+ TVfilms / séries TV lorsqu'elle y interprète un personnage et uniquement s'ils sont disponibles) avec le statut :
- copie existante/perdue/statut inconnu (IMDb)
- VHS/DVD/BD

1939

New Frontier – BD RA/DVD Z1 Olive – Republic Pictures / Créditée Phylis Isley
The Streets of New York (TVfilm) – Copie perdue (Seul subsiste un enregistrement muet au Museum of Television and Radio de New Yokr – NBC / Créditée Phylis Isley
Dick Tracy's G-Men – DVD Z1 VCI / DVD Z2 Bach – Republic Pictures / Créditée Phylis Isley
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1943

Le chant de Bernadette (The Song of Bernadette) – BD Region 0 Twilight Time / DVD Z2 20th Century Fox – 20th Century Fox
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1944

Depuis ton départ (Since You Went Away) – DVD Z1 MGM / DVD Z2 UK Fremantle – Selznick International Pictures
The Fighting Generation (CM) - Copie existante – RKO Pathé Pictures / Vanguard Films
Plus d'infos : http://sensesofcinema.com/2009/feature- ... eneration/
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1945

Love Letters – VHS US Universal / DVD Z2 Espagnol / DVD-R Z0 Pressplayhouse – Paramount Pictures
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1946

La folle ingénue (Cluny Brown) – DVD Z2 BAC / Carlotta – 20th Century Fox
Duel au soleil (Duel in the Sun) – DVD Z1 MGM / DVD Z2 UK Fremantle / DVD Z2 Aventi (VF) – The Selznick Studio
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1948

Le portrait de Jennie (Portrait of Jennie) – DVD Z1 MGM / DVD Z2 UK PT/ DVD Z2 Italien Dcult - The Selznick Studio
Les insurgés (We Were Strangers) – DVD Z1 Sony Pictures / DVD Z2 Espagnol – Horizon Pictures/Columbia Pictures Corporation
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1949

Madame Bovary – DVD Z2 Warner – MGM
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1950

La renarde (Gone to Earth) – DVD Z0 Coréen / DVD Z2 UK Fremantle – The Archers / London Film Productions
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1952

The Wild Heart – VHS US – The Archers / London Film Productions :arrow : Ré-édition par Selznick du film précédent
Un amour désespéré (Carrie) – DVD Z2 Paramount – Paramount Pictures
La furie du désir (Ruby Gentry) – DVD Z1 MGM / DVD Z2 UK Fremantle / DVD Z2 FR (?) – Bernhard-Vidor Productions Inc.
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1953

Station Terminus / Indiscretion of an American Wife / Terminal Station (Stazione Termini) – DVD Z1 Criterion (Cut 72min + Original 89min) / DVD Z2 WS (Cut 72min) - Columbia Pictures Corporation / Produzioni De Sica
Plus fort que le diable (Beat the Devil) – BD RA Blu-Ray Only Llc (?) / Multiples DVD Z2 - Rizzoli-Haggiag / Romulus Films / Santana Pictures Corporation
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1955

La colline de l'adieu (Love Is a Many-Splendored Thing) – BD Region Free Twilight Time / DVD Z2 20th Fox – Twentieth Century Fox Film
Good Morning, Miss Dove – DVD Z0 / DVD-R site de vente – Twentieth Century Fox Film
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1956

L'homme au complet gris (The Man in the Gray Flannel Suit) – Amazon Instant Video HD / Z2 20th Fox – Twentieth Century Fox Film
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1957

The Barretts of Wimpole Street – DVD e-Bay – Metro-Goldwyn-Mayer British Studios
L'adieu aux armes (A Farewell to Arms) - DVD Z2 20th Fox – The Selznick Studio
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1962

Tendre est la nuit (Tender Is the Night) – DVD Z0 20th Fox Cinema Archives / DVD Z2 Espagnol – Twentieth Century Fox Film
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1966

The Idol – Copie existante/Site de vente DVD-R – Embassy Pictures / Paramount Film Service

1969

Angel, Angel, Down We Go / Cult of the Damned – Amazon US Instant Video – Four Leaf Productions
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1974

La tour infernale (The Towering Inferno) – BD RB / DVD Z2 Warner – Warner Bros. / Twentieth Century Fox Film
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par hansolo »

Il existe aussi un Z1 Warner de Madame Bovary sorti en 2007 avec VOST
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Profondo Rosso »

Bravo encore et merci Feb moi qui cherchait une édition de Good Morning, Miss Dove ! :D Et un bluray de Plus fort que le diable bonne nouvelle aussi vu que les éditions dvd sont catastrophiques...
feb
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par feb »

Profondo Rosso a écrit :Bravo encore et merci Feb moi qui cherchait une édition de Good Morning, Miss Dove ! :D
Trouvé sur Amazon UK mais annoncé comme indisponible :arrow: http://www.amazon.co.uk/Good-Morning-Mi ... 00C4A6E04/
Si tu le veux en DVD, il est trouvable là :
http://www.rareclassicdvds.com/good-mor ... e-dvd.html
http://www.ioffer.com/i/good-morning-mi ... -120537283
Et un bluray de Plus fort que le diable bonne nouvelle aussi vu que les éditions dvd sont catastrophiques...
Attention quand même c'est un éditeur US ultra cheap :?
Plus d'infos si t'es curieux : http://www.avsforum.com/t/1079931/blu-r ... s-and-more
EDIT : et blu-ray.com ne propose aucun lien
http://www.blu-ray.com/movies/Beat-the- ... u-ray/956/
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Profondo Rosso
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Profondo Rosso »

Plus fort que le diable d'après les commentaires l'édition semble être un mirage :mrgreen: et même si elle existait il ne faut pas s'attendre à une copie tip top effectivement :? Merci pour le lien de de Good Morning, Miss Dove !
feb
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par feb »

Je crois qu'il vaut mieux se contenter d'une des 73 éditions DVD dispo en France :mrgreen:
hansolo a écrit :Il existe aussi un Z1 Warner de Madame Bovary sorti en 2007 avec VOST
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Oui je sais mais quand il existe une édition DVD Z2 identique, j'oublie volontairement l'édition Z1. Donc c'est aussi le cas pour Carrie, L'homme au complet gris ou L'adieu aux armes :wink:
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par hansolo »

feb a écrit :Je crois qu'il vaut mieux se contenter d'une des 73 éditions DVD dispo en France :mrgreen:
hansolo a écrit :Il existe aussi un Z1 Warner de Madame Bovary sorti en 2007 avec VOST
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Oui je sais mais quand il existe une édition DVD Z2 identique, j'oublie volontairement l'édition Z1. Donc c'est aussi le cas pour Carrie, L'homme au complet gris ou L'adieu aux armes :wink:
Ok. Ma question etait de savoir si l'édition fr de Mme Bovary dispose de STA?

Bravo pour ton travail de fourmi!
Ca me donne des idées d'achat, je ne te remercie pas! :D
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par feb »

hansolo a écrit :Ok. Ma question etait de savoir si l'édition fr de Mme Bovary dispose de STA?
Non, VF/VO/VOSTF sur le Warner Z2.
Je pense que c'est la même chose pour l'édition FNAC
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Profondo Rosso
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Profondo Rosso »

Argh fausse joie quand j'ai vu que tu mettais The Barretts of Wimpole Street que je cherche depuis des lustres mais édition introuvable :cry:
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Jullien Robert »

Pour "The Wild Heart – VHS US " c'est l'autre titre de " la renarde" et pour
"The barret of wimpole Street", il a été diffusé sur TCM en vostfr,
le 10 Août 2008, je l'ai gravé sur dvd. et
"Bonjour, Mlle dove" a été diffusé en vostfr sur Orange Géants, le 7 sept 2011,
gravé sur dvd également
Amitiés ROBERT
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par feb »

Jullien Robert a écrit :Pour "The Wild Heart – VHS US " c'est l'autre titre de " la renarde"
Non je différencie les deux car The Wild Heart c'est la version ré-éditée par Selznick de La Renarde (Gone to Earth).
http://www.imdb.com/title/tt0042513/?re ... lmg_act_15
http://www.imdb.com/title/tt0045328/?re ... lmg_act_14
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Profondo Rosso »

Good Morning, Miss Dove de Henry Koster (1955)

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Miss Dove est une institutrice sévère et respectée qui a su inspirer ses élèves. Un jour, durant ses cours, elle ressent une vive douleur dans le dos. Thomas, un de ses anciens élèves aujourd'hui médecin la fait admettre à l'hôpital. Les visites ininterrompues de ses anciens étudiants la forcent à se replonger dans son passé...

Good Morning, Miss Dove témoigne du virage de la carrière de Jennifer Jones au milieu des années 50 qui bascule progressivement des rôles fiévreux/excentriques qui ont fait sa gloire (Duel au soleil, La Renarde, Ruby Gentry...) pour un registre plus sobre et tout aussi brillant initié à travers des réussites comme Un amour désespéré (1952), Station Terminus (1953) ou La Colline de l'adieu (1955). Cela restait néanmoins des rôles de jeunes premières romantique quand Good Morning, Miss Dove la voit incarner une plus mûre et bienveillante institutrice provinciale. Le film adapte le roman éponyme de Frances Gray Patton, initialement paru sous forme de trois nouvelles (The Terrible Miss Dove, Miss Dove and Judgment Day et Miss Dove and the Maternal Instinct) dans The Ladies Home Journal. Ces origines se devinent dans la construction en épisodes du film où la vieille et emblématique institutrice de la petite ville de Liberty Hill tombée malade voit ressurgir le souvenir de ses différentes expériences passées avec ses élèves.

La scène d'ouverture dessine la véritable figure qu'est Miss Dove au sein de cette communauté lors de son trajet matinal vers l'école et où les environnements traversés, les personnalités rencontrées, se plient à l'autorité que symbolise sa seule présence. Les policiers immobilisent les rues, les parents pressent leurs enfants en apercevant sa frêle et stricte silhouette passer devant leur maison. En montrant une Miss Dove rendu vulnérable par la maladie, le récit fait passer ce respect mêlé de crainte à une vraie affection de la population pour elle. La scène où portée elle est conduite à l'hôpital reprend le procédé de l'ouverture mais en y exprimant cette fois une forme d'angoisse collective liée au sort de Miss Dove et on devinera que le moindre figurant ou personnage secondaire croisé a forcément été l'un de ses anciens élèves. Les souvenirs affluent donc pour notre héroïne sur sa longue carrière et dépeignent par le prisme de ses élèves un panorama historique et social de l'Amérique : le melting-pot avec cet élève étranger qu'elle aide à s'intégrer, la Grande Dépression, la Seconde Guerre Mondiale, les filles-mères. A l'image de son personnage principal, tous ces épisodes sont abordés avec sobriété et bienveillance, loin du côté mélodramatique appuyé que l'on pourrait trouver dans les grands mélos des 50's. Jennifer Jones est excellente, faussement rigide et toujours attentive, menant un véritable sacerdoce auquel elle a sacrifié sa vie intime. Le maquillage la vieillissant n'est pas trop grossier et on retrouve la détermination qui caractérise ses interprétation dans un registre tout en sobriété. Les seconds rôles sont à l'avenant notamment un très bon Robert Stack en ex élève devenue médecin.

Un gros problème néanmoins, la grande platitude de la mise en scène d'Henry Koster qui ne dépasse jamais le stade de l'illustration mollassonne notamment la manière basique au possible d'introduire les flashbacks. La dernière partie perd même quasiment tout intérêt par son débordement de bons sentiments, surlignant à gros trait ce que la narration avait sur amener subtilement : l'affection de la ville pour Miss Dove. Sympathique mais un peu trop suranné donc. 4/6
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Supfiction
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Re: Jennifer Jones (1919-2009)

Message par Supfiction »

Suranné c'est sûr. C'est un peu la version féminine de Goodbye, Mr. Chips. Même construction en flashback.
Un bon point du film est effectivement le maquillage de Jennifer Jones, très crédible, de même que l'actrice qui prouve si nécessaire l'étendue de son jeu dans ce rôle tellement éloigné ici encore des rôles sensuels, grivois et/ou naïfs de ses débuts (dans lesquels je la préfère nettement néanmoins comme toi je suppose).
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