James Cagney (1899-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Lady killer (Le tombeur) - Réalisé par Roy Del Ruth / 1933 :

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La Warner n'en finit plus d'utiliser James Cagney à toutes les sauces depuis le triomphe commercial de L'ennemi public. Mais la qualité n'est visiblement plus la même. Le film de Wellman était magnifique, équilibré et d'une noirceur brutale, les films suivants avec la star seront pour beaucoup des produits conformes aux attentes du public, et dans lesquels Cagney peut faire tout ce qui lui chante. Le milieu des années 30 et la reconduite de son contrat chez la Warner changeront la donne, en lui octroyant des rôles beaucoup plus forts, sous la direction de cinéastes bien plus intéressants (Curtiz, Walsh, mais aussi Litvak, et dans une moindre mesure Keighley). Pour l'heure, la star navigue entre films de commande sans génie et comédies musicales pétaradantes. Les artisans aux ordres de la Warner le font tourner entre 3 et 5 films par an, des types comme Lloyd Bacon (meilleur que ce que l'on veut bien dire, sans être génial), et d'autres noms un peu plus obscurs, comme Roy Del Ruth, Alfred E. Green, ou Archie Mayo, ce dernier recevant parfois le renfort d'un certain Michael Curtiz... à qui il arrive d'ailleurs d'aller au secours de metteurs en scène tels que Lloyd Bacon et William Dieterle. Pas question de s'en étonner, quand on voit la maitrise inégalée à l'époque de Curtiz dans les studios Warner : il est le meilleur, sans aucun doute. Même un réalisateur chevronné et très bon technicien comme Keighley sera remplacé sur The adventures of Robin Hood. Dans ce marasme, James Cagney est déçu, les films qu'il tourne ne le satisfont pas. Les studios capitalisent à fond sur lui et tournent à la pelle des comédies et des films policiers dans lesquels son attitude "so tough" lui valent encore des triomphes commerciaux. Mais comme je l'ai dit précédemment, la re-négociation de son contrat lui donnera une autre mesure et des projets plus soignés.

Pour l'heure, Lady killer ne se démarque pas des autres comédies policières de l'époque, quoiqu'il bénéficie d'un label Warner alors au top de sa forme. Le budget répond présent, les décors sont luxueux, la distribution soignée... Cagney joue le rôle d'un petit escroc qui va devenir un as de la cambriole avec un groupe de gangsters minables. Mais bientôt traqué par la police et lâchement abandonné par ses faux amis, Cagney se retrouve sans argent. C'était sans compter une carrière à Hollywood qui s'ouvre à lui ! La farce est rythmée, les dialogues foncent à 100 à l'heure, et ces presque 80 minutes passent comme une lettre à la poste. Aucune prétention, juste du fun et du rire, sans oublier un peu d'action. Excellent point en tout cas : mine de rien, le film nous offre quelques séquences gratinées sur l'atmosphère qui règne à Hollywood ! Les figurants mal payés, les acteurs obligés de jouer devant des transparences hideuses, les soirées où le gratin s'auto-congratule... Pour l'époque, il est amusant de voir le recul déployé par l'humour de la Warner sur son propre univers. Il suffit également de voir ce metteur en scène hurlant devant un Cagney déguisé en chef indien et blasé, obligé de chevaucher un tape-cul devant une transparence défilant derrière lui... et le réalisateur de s'en satisfaire pleinement, alors que Cagney n'appliquait strictement rien de ce qu'il lui demandait. Ou encore cet autre réalisateur tentant d'expliquer avec une passion outrée cette scène d'amour banale, lourde, sans relief et, disons-le, tarte. On sourit, oui, mais parfois, on rit même franchement.

Le film demeure trépidant et bon enfant, avec un James Cagney en cabotinage total. Seulement, quand Cagney cabotine, ça reste très réussit. Il danse, bouge, joue avec son corps, rit à gorge déployée, en fait des tonnes et donne son énergie à n'importe quel niveau du film : assis stoïquement avec un singe sur les genoux pendant qu'une fête dégénère, ou dans la peau d'un dragueur italien complètement cliché... Il est le roi de ce film et probablement la meilleure raison de le revoir aujourd'hui. Et puis, la séquence le présentant en train de sortir une femme qui l'a trahi en la trainant par les cheveux et en la jetant dans le couloir vaut son pesant de cacahuète. En effet, un peu dérangeant (mettons-nous à la place des spectatrices), mais il fallait oser ! Pour le reste, la mise en scène est transparente, sans aucune personnalité et se contente de servir le récit avec un certain respect du public. Ce n'est ni plat ni remarquable, c'est juste agréable. La Warner donne la pleine mesure de son style, mais sans le moindre génie pour le faire artistiquement exploser. Oubliable, certes, mais idéal pour occuper une soirée.


Smart money - Réalisé par Alfred E. Green / 1931 :

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Edward G. Robinson et James Cagney ensemble dans un film, l'unique collaboration dans leurs carrières, super se dit-on ! On déchantera vite... Le film est agréable, on ne s'ennuie pas, c'est un fait. La réalisation de Green ne transcende rien, elle sert la soupe à nos deux stars, et surtout Robinson. Ce dernier est par ailleurs l'acteur principal du film, Cagney n'apparaissant qu'une quinzaine de minutes, dans un rôle de simili-frangin qui le suivra jusqu'au bout du monde. Little Caesar est sorti en début d'année sur les écrans, ce fut un triomphe commercial. L'ennemi public est sorti plus tard dans l'année et devint un plus grand triomphe encore (ce qui n'est pas volé, le second étant meilleur que le premier pourtant déjà terrible !). Smart money raconte l'histoire d'un joueur (de tout : poker, dès...) possédant une chance incroyable. Il monte l'échelle sociale et dirige bientôt un empire du jeu. Mais la descente sera, comme d'habitude, presque programmée. Son point faible : les femmes, blondes qui plus est. Sur un registre bien plus léger et moins violent que les autres films de gangsters sortis la même année, Robinson s'achète une meilleure conduite en interprétant ce petit gangster finalement sympa et abordable, juste un peu en dehors des réalités. Attachant, Robinson créé un bon personnage que l'on a envie de suivre. Moins réussit est le personnage de Cagney, peu développé. On aurait voulu un affrontement au sommet, ou bien un duo du tonnerre... mais rien de tout cela. Cagney suit Robinson comme son ombre, point. Cela ne l'empêche pas de crever l'écran dès qu'il est là, notamment dans une scène de mime coquine et osée (pour l'époque) où il reproduit silencieusement les formes d'une femme.

Bref, Robinson prouve une fois de plus qu'il est un grand acteur, même si le matériau de base n'est pas terrible. Surnagent plusieurs très bonnes scènes, un scénario basique mais soigné, et quelques éléments inattendus (son rejet plus ou moins violent de la femme envoyée pour le piéger). On regrettera juste la fin où, dans les derniers plans, Robinson semble se jouer de toute la gravité de ce qui vient de se passer (notamment la mort de Cagney par sa faute) : décrochage psychologique sûrement imposé par le studio, mais un peu dommageable. Du Warner solide, mais encore une fois oubliable. Un bon film de commande, qui se voit et se revoit sans problème. Efficace.
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Jeremy Fox
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Jeremy Fox »

Tiens, à propos de Cagney, je te conseille deux films qu'il a tourné avec Doris Day ( :oops: ), Les Cadets de West Point mais surtout Les Pièges de la passion où il trouve l'un des ses rôles les plus émouvants.

Si tu peux faire l'impasse sur le premier si tu n'es pas fan de comédies musicales, le second est un film musical (un drame assez sombre) mais dont les chansons font partie de l'intrigue puisqu'il raconte l'histoire vraie d'une chanteuse amoureuse d'un gangster.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Je vais recevoir le premier que tu cites par la poste sous peu (ce sera d'ailleurs mon 20ème Cagney), en même temps que Brumes et Je suis un évadé. Le second, je ne connais pas... Mais je commence à redécouvrir Doris Day également, alors je serais très intéressé. Existe-t-il un DVD ? Après cela, il faut que j'arrête, vraiment... :mrgreen: :oops: C'est vrai, ça fait plus de 200 films achetés en un tout petit peu moins de deux mois.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Nestor Almendros »

Julien Léonard a écrit :Je vais recevoir le premier que tu cites par la poste sous peu (ce sera d'ailleurs mon 20ème Cagney), en même temps que Brumes et Je suis un évadé. Le second, je ne connais pas... Mais je commence à redécouvrir Doris Day également, alors je serais très intéressé. Existe-t-il un DVD ? Après cela, il faut que j'arrête, vraiment... :mrgreen: :oops: C'est vrai, ça fait plus de 200 films achetés en un tout petit peu moins de deux mois.
LES PIEGES DE LA PASSION est inclus dans le coffret métal Warner.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Merci beaucoup. :wink:
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Jeremy Fox
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Jeremy Fox »

Nestor Almendros a écrit :
Julien Léonard a écrit :Je vais recevoir le premier que tu cites par la poste sous peu (ce sera d'ailleurs mon 20ème Cagney), en même temps que Brumes et Je suis un évadé. Le second, je ne connais pas... Mais je commence à redécouvrir Doris Day également, alors je serais très intéressé. Existe-t-il un DVD ? Après cela, il faut que j'arrête, vraiment... :mrgreen: :oops: C'est vrai, ça fait plus de 200 films achetés en un tout petit peu moins de deux mois.
LES PIEGES DE LA PASSION est inclus dans le coffret métal Warner.
Et disponible à l'unité aux USA dans un DVD avec stf et all zones :wink:

Les cadets de West Point traîne une sale réputation ; il m'a grandement amusé.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Concernant Les cadets de West point, ça me rassure. Mais bon, Roy Del Ruth à la barre... Je m'attends à un film Warner pur jus, sans réelle personnalité. Mais si c'est amusant, alors ça me va tout à fait !

Concernant Les pièges de la passion... Merciiiiii Jeremy ! Super nouvelle ! :D Mais mon banquier te maudit...
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Picture snatcher - Réalisé par Lloyd Bacon / 1933 :

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S'il n'a pas le talent de William Keighley, Vincent Sherman, et encore moins celui d'Anatole Litvak et Mervyn Le Roy, à la Warner (je n'ose citer les deux génies situés bien au-dessus de la mêlée, c'est à dire MC et RW), Lloyd Bacon n'est pas pour autant le tâcheron sans classe que l'on veut bien décrire dans certains articles. Il me semble en tout cas meilleur et plus constant que Roy Del Ruth ou même Alfred E. Green. Véritable stakhanoviste de la Warner, le monsieur a réalisé de bons films, rarement transcendants, mais souvent soignés. Ainsi, par exemple, San Quentin ou Brother orchid ne déméritent pas dans le contexte de production de l'époque.

Ici, Bacon confectionne un bon produit autour d'un James Cagney super star qui continue à crever l'écran sans la moindre peine. Il est ici un gangster sortant de prison et qui a envie de raccrocher. Son rêve ? Devenir journaliste. Il va ainsi aller travailler pour le pire journal de la ville, surfant sur tous les scandales de cette dernière, et connaitre la gloire, mais aussi les ennuis. La plupart du temps sur le ton de la comédie, ou tout du moins du film policier enlevé, Picture snatcher est encore une fois, mine de rien, un film très moderne, comme la Warner savait en produire à tour de bras à cette époque. Finalement, c'est la presse à scandale, la presse people dans le mauvais sens du terme, qui est mise en joue ici, sans oublier une description assez complète de l'univers du journalisme. La Warner aime mettre en scène des héros journalistes un peu décalés, à l'affut du moindre scoop, en vue d'en faire autant une critique qu'un support divertissant. Après Doctor X ou encore Mystery of the wax museum, voici donc encore une histoire de journaliste teigneux, capable de tous les débordements pour faire un bon papier, ou plutôt ici une bonne photo ! Efficace, drôle, toujours très rythmé (mais on finit par en avoir l'habitude avec ce studio là), avec de bons acteurs et de bonnes idées. Toute la panoplie du bon film de divertissement, à rebord social, répond présente. Le point de vue sur les évènements est parfois un peu ambigu, car avec cette manie de tout photographier et de tout montrer avec un sens de l'à-propos édifiant (les exécutions, les morts par balles...), on ne sait guère où veut en venir le film durant certaines scènes. Le personnage finissant par connaitre la gloire et la reconnaissance, dans un bon happy-end comme on les aime, peut prêter à confusion. La dame du vendredi de Howard Hawks faisait la critique de ce milieu, très nettement, mais ici, il n'en n'est pas vraiment question. Le public sera seul juge, car le film est court et ne prétend pas délivrer de réflexion un peu plus complexe. Ainsi, durant une séquence d'exécution sur la chaise électrique, ne s'occupera-t-on pas du tout de la porté tragique des évènements (excepté avec quelques journalistes mal à l'aise), pour davantage souligner le côté "mission reporter" de Cagney qui n'est pas tellement dégouté par la situation en elle-même. Il faut sans aucun doute être américain, et de surcroit américain à cette époque, pour ne pas relever le décalage entre ce qui est tourné et ce qui est analysé par le spectateur européen d'aujourd'hui.

Il vaut donc mieux voir le film pour ce qu'il est, c'est à dire un bon produit de commande, solidement filmé par Bacon (zéro génie, mais zéro faute de goût aussi), encore et toujours dans le plus pur style Warner Bros (ici tourné en à peu près quinze jours, c'est dire le rendement). James Cagney y est excellent, souple et rigolard. Ses tics nerveux sont ici démultipliés et notre homme s'y entend pour y aller à fond dans l'énergie : glissades, courses poursuites et bagarres, dans lesquelles il rampe, court et vit totalement les situations. S'il n'aimait pas spécialement ce qu'il tournait à l'époque, il reste en tout cas un grand professionnel, très respectueux de son public. La preuve, il est encore débordant de vitalité. Mais enfin, le verrais-je mauvais, un jour, dans l'un de ses films ? Il faut croire qu'il ne l'est jamais. Un film à voir, là aussi idéal pour une bonne soirée.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

The mayor of hell - Réalisé par Archie Mayo / 1933 :

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James Cagney est en pleine gloire à la Warner, tout ce qu'il tourne cartonne au box-office. Il s'affiche ici presque comme un argument de vente, car s'il est la tête d'affiche, il n'occupe pas forcément le premier rôle. Celui-ci échoit à cette cohorte de gamins faisant un douloureux séjour dans une maison de redressement comportemental, et où sévit un directeur sadique et couard. Cagney va venir y mettre un peu d'ordre, dans son rôle savoureux de gangster au grand cœur, très concerné par la situation de l'établissement. Il va proposer un mode opératoire unique et original, pas forcément démagogique, mais un peu trop idyllique pour fonctionner dans la réalité. Mais ici, on est à Hollywood, et ça marche. Certes, il y aura des morts (dont celle, poignante, d'un gamin visiblement tubard) et des échecs, mais rien n'empêchera la machine de se mettre en route et de donner la foi à ces gamins des rues.

Un film social engagé et très efficace, privilégiant l'émotion, voire un peu de pathos, mais évitant aussi la facilité la plupart du temps, malgré quelques retournements de situation un peu téléphonés. Au bout du compte, c'est l'espoir qui prime, tout est dirigé dans ce sens là. Il y a quelques séquences particulièrement réussies : le tribunal au début du film, les séquences de violence pré-code typiques de l'époque, le principe de citoyenneté mis au point par les enfants à l'intérieur des nouvelles prérogatives de James Cagney, le lynchage final... La dureté est souvent là, et on ne peut que regretter ce final un peu trop heureux pour être honnête. Archie Mayo est un faiseur made in Warner sans aucun éclat, il fait son job. Ce qui relève le niveau artistique d'un bon cran, c'est la présence de Michel Curtiz derrière la caméra, volant au secours de l'autre metteur en scène. Non crédité au générique, il a pourtant conçu les plus belles séquences du film. On ne peut pas en douter : les clairs-obscurs, les jeux d'ombre, la quasi-totalité des séquences nocturnes... Tout cela sent le talent Curtiz, plus que celui de Mayo. Le réalisateur d'origine hongroise sera coutumier du fait, remplaçant régulièrement ses collègues ou leur donnant un coup de main sur plusieurs tournages. Il aidera à nouveau Archie Mayo sur Black legion, là encore l'un des meilleurs films de ce dernier. Son meilleur film, solidement confectionné (sans aide extérieure), restera La forêt pétrifié, mais la prestation de Bogart y fera beaucoup. Un technicien Warner au talent limité mais honnête.

The mayor of hell demeure une réussite esthétique, plus que sur le fond, mais cela ne l'empêche pas de représenter une certaine idée de la qualité Warner de son époque. Cagney est toujours en excellente forme, même s'il laisse volontiers la place aux gamins, preuve d'un ego absolument pas surdimensionné. Un bon film.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Sybille »

J'ai revu Picture Snatcher il y a quelques jours. Dans l'ensemble, je suis assez d'accord avec l'avis de Julien Léonard.

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Picture snatcher / Une grande bagarre
Lloyd Bacon (1933) :

Après trois années de prison, Danny Kean (James Cagney) décide de se ranger et obtient un boulot de photographe dans un journal à scandale. La profession du personnage de Cagney dans ce film très mineur mais néanmoins sympathique, ressemble bien sûr de près à ce qu'on a nommé entre temps les 'paparazzis'. C'est amusant de constater les équivalences, décidément très ressemblantes entre l'époque du film et la nôtre à ce sujet. Il ne s'agit pas du tout d'une critique de ce système. Le héros, s'il éprouve parfois quelques remords, ne les laisse pas durer très longtemps - l'appât du gain, le besoin de gagner 'honnêtement' sa vie le préoccuppant davantage. L'histoire a le mérite de la diversité des lieux : bureau d'un journal, prison, appartements ; ainsi que des actions : chasse à la photo, exécution capitale, course-poursuite, fusillade... L'ensemble se suit plutôt avec plaisir, sans ennui. La mise en scène de Bacon est neutre, se contente d'être illustrative. Peut-être le film manque-t-il d'un peu plus de rythme ? Il semble en tout cas souffrir d'une légère forme de platitude. Les acteurs accomplissent leur travail comme il faut, plus ou moins. James Cagney ne se distingue pas particulièrement, mais continue de proposer une interprétation pleine d'assurance, pour un type de rôle dont il a l'habitude. Ses diverses relations féminines sont encore mises à mal pour la plupart, sans compter l'amitié forcément virile et loyale avec son collègue. Warner, 1933, Lloyd Bacon, James Cagney, ces quelques noms et dates suffisent à donner une idée de ce film qui fait plutôt bien passer le temps. 6,5/10
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

Ravi de ne pas avoir été le seul à apprécier ce film bien sympathique. :)
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

J'en profite pour remettre ici mes avis sur d'autres films avec Cagney et que j'avais émis sur les topics concernant William Keighley et Raoul Walsh.

'G' men (Les hors-la-loi) - Réalisé par William Keighley / 1935 :

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James Cagney devient un agent du FBI alors naissant, afin de venger l'un de ses meilleurs amis, lui-même 'G' guy. Scénario simple, mais efficace. Acteurs et actrices parfaitement à leur place. Cagney est tellement à l'aise que cela en devient insolant, toujours promt à la bonne réplique et maître du moindre de ses gestes. Un exemple d'acteur tout entier dédié à son art, une nouvelle fois cela ne fait aucun doute. Keighley se surpasse dans sa mise en scène et, même s'il n'atteint pas l'excellence d'un Curtiz ou d'un Walsh dans le rythme et la maestria du montage, sait comment tourner un film d'action. Car en fin de compte, c'est ce que 'G' men est, avant toute chose : un gros film d'action, avec gun-fights stylisés et jeux d'ombre. Le style Warner est totalement utilisé par un metteur en scène au meilleur de sa forme, pour l'un de ses meilleurs films. On ne s'ennuie jamais (normal pour du film Warner d'action), on s'amuse presque tout le temps. Il suffit de voir le dernier méchant encore en vie passer le balcon d'un appartement vers la fin du film, avec ces raies de lumières perçants, pour se rendre compte de la totale implication d'un Keighley dopé à l'adrénaline. 'G' men est un pur film d'"entertainment" sur les premiers temps d'un FBI en recherche de légitimité et de moyens d'action. Une nouvelle fois : pas un chef-d'oeuvre, mais un produit punchy et alerte, sacrément bien réalisé et vraiment fun.


Each dawn I die (Chaque aube, je meurs) - Réalisé par William Keighley / 1939 :

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Décidément, entre 1935 et 1940, William Keighley vit sa meilleure période, en compagnie notamment d'un James Cagney au faîte de sa gloire. Each dawn I die (titre magnifique) est un film de prison, de pénitencier, avec ses lois internes et le courage de certains prisonniers rendus fous par la dureté de l'existence dans ces murs. James Cagney, en journaliste condamné à tort, est parfait, subtil, très émouvant, possédé par son rôle, bref, dans l'un de ses très grands jours. George Raft est plutôt bon, mais je n'ai personnellement jamais trouvé qu'il avait l'étoffe des grands. Ce doit être le premier film de ce genre là produit à Hollywood. Suivront alors d'autres films solides mais moins réussis, comme San Quentin, par exemple. On observe une bonne partie des codes qui feront la gloire de ce genre de films des années plus tard (avec Luke la main froide, jusqu'aux Evadés), c'est à dire avec le maton sadique, le directeur compréhensif et juste, les prisonniers dans l'entraide, les séjours au "trou", le gangster tout puissant... La mixture prend et donne certaines séquences extrêmement réussies : la visite de la mère de Cagney, le moment devant la commission pour la conditionnelle de Cagney, le lynchage du maton... Finissant en véritable apocalypse, dans une ambiance de guerre totale, Each dawn I die tient ses promesses et s'avère un excellent produit dramatique de l'âge d'or hollywoodien. Pas question d'atteindre les cimes des Anges aux figures sales, Les fantastiques années 20 ou City for conquest, mais la réussite demeure indiscutable. Efficace, émouvant, plastiquement abouti, au sein d'un scénario bien écrit et de dialogues toujours très fins (comme de coutume à l'époque... c'est effarant de voir la qualité d'écriture des scénarios d'alors), sans oublier un happy-end permettant de finir sur une note plus optimiste.


Torrid zone (1941) :

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Ce n'est pas le meilleur film dans lequel ait joué Cagney, nous serons d'accord. Mais tout cela reste bien agréable à regarder : ça crie, ça rit, ça s'engueule, et ça se bat ! Un joyeux fouillis qui se hisse à un remarquable niveau de dialogues de temps en temps, avec des répliques humoristiques presque essentielles et d'autres aux sous-entendus carrément orientés. Bougeant sans arrêt et grimpant aussi bien à des barres que défonçant des portes, James Cagney s'amuse beaucoup, cela se voit, il est en terrain connu (et même conquis), connaissant le metteur en scène, mais aussi ses deux partenaires : Pat O'Brien, ici un peu sacrifié au reste du film (il s'agit de leur 8ème collaboration, je crois), et Ann Sheridan, superbe, classe, au jeu affirmé, avec ce très léger soupçon de vulgarité (très fin, très maitrisé) qui lui donne cette force à l'écran. Une actrice qui a du chien, quoi ! Keighley fait bien les choses, comme toujours, ni plus ni moins que d'habitude. En ce sens, tout est bien chorégraphié, techniquement c'est propre, c'est solide, ça sent Warner, ça sent le budget... Des personnages Hawksiens (comme le soulignait Sybille) dans un univers moite et totalement décomplexé, voilà ce que l'on retiendra de cette douce comédie d'aventure, néanmoins un peu pimentée dans quelques séquences. Après, côté "mexicains hollywoodiens crétinisés", on a vu pire, notamment dans certains westerns, donc on ne s'en plaindra que modérément ici.


La fiancée contre remboursement (The bride came C.O.D.) / 1941 - Réalisé par William Keighley :

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Le genre de comédie dans laquelle on verrait bien le couple Gable-Colbert s'épanouir, ou bien encore Grant-Hepburn... Mais à l'image de ces deux mythiques couples de cinéma (de comédie même, dirons-nous), le duo Cagney-Davis possède son propre charme et sa propre marque. Une très bonne comédie, donc, prouvant une fois de plus le professionnalisme sans éclat d'un William Keighley décidément bon technicien, à défaut d'avoir un véritable style. Du solide au style typiquement Warner (photographie, étalonnage, montage et prises de vues), saupoudré d'un rythme en forme de course poursuite. Il faut voir Bette Davis jouer les hystériques et se prendre un cactus dans les fesses (bon running gag) et s'étonner devant un James Cagney totalement frontal (dans le sens où il est encore une fois d'un naturel incroyable), pour se rendre compte de la qualité du produit : un bon classique assez drôle, et idéal pour passer une soirée en amoureux. On ne s'ennuie pas une seule seconde, même si la fin patine durant 10 bonnes minutes, apparaissant en fin de compte comme peu étoffée... L'intrigue est parfois un peu simpliste, notamment en raison d'enjeux pas forcément bien amenés, mais les rebondissements ne manquent pas. Pas un chef-d'oeuvre, loin de là, mais un bon film hollywoodien comme on savait les faire à tour de bras durant ces années-là. Quelle époque !


L'enfer est à lui (White heat) - 1949 :

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Voilà 10 ans que James Cagney n'avait pas tourné dans la peau d'un gangster, et autant dire que ces retrouvailles en forme de feu d'artifice se doublent d'une collaboration de génie : Raoul Walsh est à la mise en scène, le même réalisateur qui avait dirigé The roaring twenties 10 ans plus tôt. On pouvait légitimement s'attendre à un grand film... Ce fut le cas, et bien plus encore !

Chez les grands réalisateurs de l'âge d'or du cinéma américain, on est toujours stupéfait par la somme de grands films qu'ils étaient capables de réaliser, et cela souvent dans tous les genres (ou presque). Des filmographies la plupart du temps équilibrées et maitrisées, comportant quelques fautes de parcours, mais trop insuffisamment pour en gâcher la réputation. Mais, de ces filmographies, se dégagent bien souvent ce que l'on appelle des "sommets". Chez Walsh, les sommets furent nombreux, à commencer par They died with their boots on, Gentleman Jim ou encore Objective Burma (et ce ne sont pas les seuls). White heat est l'un de ces sommets, indubitablement !

Au-delà d'un récit classique de "film de gangsters", c'est également tout un rapport avec le film noir contemporain de l'époque qui s'exprime, avec la sécheresse et la concision d'un regard acerbe et destructeur. Quelle différence entre l'œuvre léchée et tournée en studios qu'est The big sleep de Hawks, et ce véritable film d'action contrarié (souvent filmé en décors naturels) littéralement transcendé par Walsh ! Deux chefs-d'oeuvre, deux visions d'un genre, deux films mythiques, deux recettes esthétiques largement différentes... White heat (bénéficiant pour l'occasion d'un titre français magnifique : L'enfer est à lui) est un film de rythme, de précision remarquable, au timing rigoureux et au sujet démultiplié. Un parcours psychologique intense et dangereux mélangeant, pêle-mêle, une mère venue des enfers, une fiancée qui "survit" dans un univers impitoyable, une camaraderie constituée de faux semblants, et une police que rien n'arrête, au milieux desquels n'existe qu'une seule vérité, celle de Cody Jarett. Incarné par James Cagney, ce personnage de fiction devient sans l'ombre d'un doute l'un des plus passionnants de sa décennie. Cagney est habité par son rôle, il le vit jusqu'au bout, l'anime d'expressions tantôt barbares, tantôt profondément humaines, et se laisse emporter par des crises de folie totalement terrifiantes. Je retiendrais pour ma part deux séquences exemplifiant ce dernier propos... La scène du réfectoire en prison où Cagney, en totale improvisation, parvient à exploser furieusement, sombrant définitivement dans la folie la plus pure et dans une justesse qui interpelle sur la véritable expérience de vie de l'acteur (bon sang, mais d'où-tire-t'il une interprétation aussi énorme et aussi vraie ?!). Puis ensuite, la scène où, sous un arbre, en pleine nuit, il narre ses conversations nocturnes avec sa mère à son compagnon de crime (qui n'est autre que le flic infiltré dans la bande) : ahurissant de vraisemblance et de vérité, encore une fois. Je me fiche bien de savoir qui a eu l'Oscar du meilleur acteur cette année là, car il me semble que Cagney méritait cette récompense plus qu'aucun autre à ce moment précis. Aujourd'hui encore, sa prestation demeure marquée et sincère, naturelle et énergique, bref, tout à fait moderne.

Reste alors l'ensemble du film que l'on pourrait louer à n'en plus finir, mais que l'on pourrait résumer assez grossièrement par ces quelques qualificatifs : une musique tonitruante (encore Max Steiner et ses partitions absolument géniales), un scénario complexe et très riche (que ce soit thématiquement ou simplement diégétiquement), une enquête policière parallèle détaillée et convaincante (c'est incroyable de voir tout ce dont on était capable déjà à l'époque), une distribution exemplaire (comme dans tout film de Walsh qui se respecte... Ici, Virginia Mayo impeccable, Edmond O'Brien dans l'une de ses performances les plus convaincantes, Margaret Wycherly en mère littéralement unique au monde...), une photographie sublime et contrastée mettant largement en vedette des décors tous plus étonnants les uns que les autres (la maison en rase campagne, l'intérieur du camion-citerne, l'usine presque science-fictionnaire à la fin...) et un montage cut et "coup de poing" donnant une pèche d'enfer au déroulement de l'intrigue.

Un film noir âpre et violent, qui démarre au quart de tour et passe les vitesses avec un sens de l'action franchement grisant. Key Largo de Huston, l'année précédente, mettait déjà brillamment en scène la figure du gangster perdu dans une époque qui ne lui offre plus de place, mais Walsh réalise une œuvre très largement supérieure. Un condensé de plaisir et d'ambiguïté, culminant dans un dénouement aussi somptueux que violent, et qui n'a rien perdu de son sel depuis plus de 60 ans. Un immense classique.
Made it, Ma ! Top of the world !

Les fantastiques années 20 (The roaring twenties) - Réalisé par Raoul Walsh / 1939 :

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Voir un film de Walsh, c'est très souvent l'assurance de passer un grand moment de cinéma, et d'en prendre plein les yeux et les oreilles. Une fois encore, le cinéaste signe un chef-d'oeuvre, sans aucun doute. Film charnière, bouclant la boucle, terminant définitivement l'époque classique des films de gangsters à Hollywood, Les fantastiques années 20 est une compilation absolument remarquable de tous les codes du genre, mais avec beaucoup plus d'humour, d'action, d'émotion, de style, bref, de bagout ! Walsh tire le portrait des années 20 avec fracas, offrant à James Cagney un rôle encore une fois renouvelé. Dynamique et indispensable à son écrin, Cagney peut faire pleurer, peut faire rire, peut faire peur, peut charmer, peut enthousiasmer, peut tout faire, et emmener le public avec lui où bon lui semble. La marque des très grands, assurément. Gladys George incarne, pour sa part, une femme assez complexe, sûrement le plus beau rôle féminin du film. S'ouvrant sur une scène d'attaque durant la première guerre mondiale, et où se rencontrent les trois personnages principaux, et terminant par la chute tragique et belle d'un Cagney au visage creusé par le temps et les désillusions, ce pur produit de l'âge d'or hollywoodien en met effectivement plein la vue : le montage est percutant (Qui d'autre que Walsh aurait pu faire cela avec ces techniques-là à cette époque précise ? Personne), l'action est intrépide, la photographie est éblouissante, les idées visuelles concernant le passage du temps sont lumineuses. L'ennui n'existe pas ici, jamais, et le spectateur ne s'attristera que de la fin d'un tel spectacle, se disant qu'après une telle claque, c'est dur de ne pas vouloir que tout cela dure un peu plus longtemps. Mais en fin de compte, la rapidité est aussi l'une des qualités les plus indiscutables du film. Humphrey Bogart, prêt à percer au grand jour l'année suivante, offre sa prestance et son charisme, même s'il lui est difficile de rivaliser avec James Cagney. Il aurait fallu que les deux stars se retrouvent plus tard, tous deux au sommet de leur gloire, pour une autre aventure, afin d'en juger et, à coup sûr, de s'en réjouir à 100%. La figure du gangster ne refera surface que vers la fin des années 40, mais pour des Films Noirs audacieux dans lesquels leur existence sera bafouée par une époque inadéquate : Robinson jouera un Johnny Rocco totalement hors de son temps dans l'excellent Key Largo de Huston, et Cagney incarnera un Cody Jarett transcendental s'offrant une sortie mémorable dans L'enfer est à lui, pur chef-d'oeuvre de Walsh (l'un des sommets de sa carrière, disons-le), peut-être le meilleur film de gangster (mais pas seulement) du cinéma hollywoodien. Ces deux films renouvelleront l'image des gangsters au cinéma, les présentant comme des personnages qui n'ont finalement plus tellement leur place dans les USA d'après-guerre. Fascinant et passionnant.
Dernière modification par Julien Léonard le 5 sept. 10, 23:20, modifié 1 fois.
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Julien Léonard
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Julien Léonard »

The West Point story (Les cadets de West Point) - Réalisé par Roy Del Ruth / 1950 :

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Il fallait bien que cela arrive un jour, j'ai enfin vu un vrai mauvais film avec James Cagney. Non pas que j'en sois très heureux, au contraire, surtout que j'attendais tout de même quelque-chose de ce film. Certains ici savent bien que je ne tape pas souvent sur les films que je n'aime pas (et même quasiment jamais), mais là c'est trop fort, il faut que je le dise ! Le scénario est un vague prétexte pour nous présenter, que dis-je, nous vendre la magnifique et incroyablement valeureuse communauté de West Point. En quelques lignes de dialogues ou quelques scènes très secondaires à l'intrigue, des films comme La charge fantastique parvenaient à nous émouvoir et nous toucher plus facilement et finement à propos de ce vivier d'officiers de la nation. En l'état, les situations sont poussives et les dialogues grotesques. J'avais pourtant adoré jusqu'au côté "ampoulé" de La glorieuse parade, mais là, ça dépasse tout... C'est souvent ridicule, gratuit, et le tout culmine dans une séquence absolument édifiante sur la valeur de ce camp de formation des élites de la nation : sur scène, un futur officier nous récite un monologue effarant de premier degré gênant sur la fierté du pays et de ses cadets, en nous alignant des noms illustres et totalement réactionnaires de l'histoire du pays... Bon sang, j'aime le patriotisme dans certains films hollywoodiens (mince, j'ai même défendu "certains" côtés des Bérets verts... -cf ma chronique sur le site-), et surtout quand il est avancé avec sincérité et une forme d'accession à un idéal ! Mais Les cadets de West Point ringardise absolument tout son discours par des moyens outranciers et d'une naïveté plus que confondante. Putassier, non, bien sûr, mais franchement décalé, oui. Et James Cagney ? Eh bien il cabotine et provoque un haut respect chez le spectateur, de par l'énergie qu'il dégage au sein d'un tel marasme. Malgré tout, il ressert ses numéros habituels sans grande conviction, comme s'il était en pilotage automatique. C'est Cagney, mais sans la magie qu'il apporte habituellement. Doris Day est bien trop figée, et son numéro de jeune femme proprette ne prend pas ici. Elle fut géniale dans de nombreux films, mais certainement pas en ces lieux.

Et je passe sur le nombre incalculable de séquences filmées sur des tapis roulant, avec transparences en arrière plan, pendant que les acteurs discutent de façon monotone. La technique du tapis roulant ne me gêne pas, tant qu'elle reste dictée par des soucis artistiques, et tant qu'il n'y en a pas trop. Mais on dirait presque que le projet a manqué de budget, tant ces moyens de mise en scène là pullulent et tant la réalisation dans son ensemble ne dégage rien, si ce n'est une douce médiocrité qui nous la fait oublier tout de suite. Champ et contre-champ pendant 105 minutes environ, et basta. Roy Del Ruth a déjà été meilleur qu'ici, sans aucun doute possible. Si encore les numéros musicaux rattrapaient la casse, mais non. Ils sont bien souvent guindés et flirtent avec le "déjà-vu mille fois". Recyclage, transparences douteuses à tous les niveaux, décors peu importants, acteurs en roue libre et assumant le service ultra-minimum... Il ne reste que Virginia Mayo pour insuffler un peu de fraicheur à tout ceci. Elle est vive, avec un jeu canaille digne de Cagney, elle bouge bien, elle est belle ! Le couple qu'elle forme avec Cagney est assez mignon. Pour le reste, si l'on met de côté deux ou trois scènes assez comiques (Cagney montrant discrètement à un officier comment embrasser une femme, par exemple), la machine tourne à vide. Les moments d'émotion sont lourds et James Cagney nous récite tout son petit couplet en affichant un air qui en dit long sur ce qu'il pense de l'entreprise. Il faut vraiment être complétiste de l'acteur (ce que je suis) pour y voir un intérêt.
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Jeremy Fox
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Jeremy Fox »

Ben euh, j'avais bien aimé pour ma part :oops:
Un musical dont je n'attendais rien mais qui se révèle suprêmement divertissant avec un James Cagney plus excité que jamais qui confirme qu'il était en même temps un dieu des claquettes, un Gene Nelson qui, s'il savait jouer, aurait pu égaler Gene Kelly car, niveau danse acrobatique il pouvait en revanche rivaliser sans problème, une Doris Day toujours aussi craquante, le tout enrobé dans de très agréables chansons et numéros musicaux. Pas de quoi s'en relever la nuit mais franchement sympathique.
Il faut dire que j'en avais lu tellement de mal que je m'attendais au pire. A revoir mais je pense que je passerais à nouveau un bon moment.
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Re: James Cagney (1899-1986)

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :Ben euh, j'avais bien aimé pour ma part :oops:
Un musical dont je n'attendais rien mais qui se révèle suprêmement divertissant avec un James Cagney plus excité que jamais qui confirme qu'il était en même temps un dieu des claquettes, un Gene Nelson qui, s'il savait jouer, aurait pu égaler Gene Kelly car, niveau danse acrobatique il pouvait en revanche rivaliser sans problème, une Doris Day toujours aussi craquante, le tout enrobé dans de très agréables chansons et numéros musicaux. Pas de quoi s'en relever la nuit mais franchement sympathique.
Il faut dire que j'en avais lu tellement de mal que je m'attendais au pire. A revoir mais je pense que je passerais à nouveau un bon moment.

J'avais bien aimé, moi aussi :oops: :oops: !

Je reposte d'ailleurs ici ma critique

The West point Story - Les Cadets de West Point (1950) - Roy Del Ruth

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Un metteur en scène, danseur sans emploi accepte d'aider son Producteur à débaucher son neveu de West Point en vue de le faire embaucher sur Broadway. Afin de réussir cela, il aide les cadets à la fabrication de leur show annuel.

Roy del Ruth réalise ici une petite comédie musicale qui ne paie pas de mine mais est plus que sympathique. 'Lintrigue certes mince entraine dans les dessous de West Point et montre les règles de cette institution militaire dont tous les Grands d'Amérique sont issus. James Cagney en fait parfois trop, mais son enthousiasme débordant finit par nous emporter de même que le charme de Virgina Mayo, sans oublier Doris Day et Gordon MacRae en couple de jeunes premiers. James Cagney montre une fois encore quel chanteur et admirable danseur de claquettes il était. Il ne faut pas oublier aussi Gene Nelson, admirable danseur qui est absolument parfait dans un numéro avec une canne. Il sera d'ailleurs le partenaire principal de Doris Day dans Lullaby of Broadway, où si ses dons d'acteurs sont limités, il montrera une fois encore quel excellent danseur il est. Les numéros musicaux sont fort bien réglés avec ces chorus boys aux ensembles impeccables, et les chansons sans être toutes inoubliables sont agréables comme "by the kissing rock", "The Military Polka" ou le numéro d'entrée de Doris Day avec ses "ten thousand four hundred thirty two sheeps" ! On pourra être un peu gêné par l'abus de transparents notamment à West Point, mais le tout forme un ensemble agréable qui se laisse voir avec un grand plaisir. Un divertissement agréable et qui est une surprise agréable.
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