La Chambre Verte (François Truffaut - 1978)
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- Mister Ironbutt 2005
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La Chambre Verte (François Truffaut - 1978)
Oui, je sais qu'on a commençé à en parler dans le topic "semaine Truffaut", mais bon, quand on a des films aussi beaux que celui-ci, ils méritent bien leurs topics.
"La Chambre Verte" m'a donné l'impression de voir le film mythique que j'attendais de voir sur les thèmes du souvenir et du deuil qui me sont très cher. L'impression de voir le très grand film vers lequel pourrait en remonter beaucoup d'autre sur le ressassement. C'est une approche d'intimité avec la mort très différente de "Vertigo", mais il est dure de ne pas y penser un petit peu. Le personnage de Julien Davenne est le genre d'individu avec lequel s'exprime beaucoup de mes interrogations, et l'interprétation de Truffaut, qui s'éloigne de tout naturalisme, le rend encore plus vrai à mes yeux... J'ai rarement vu au cinéma un visage aussi impressionnant que le sien à la fin du film. Je dois avouer que j'en arrive de plus en plus à me demander sir le cinéma doit être ou non interprété par des acteurs professionnels. Il est vrai que je suis de plus en plus sensible à ce type d'interprétation, ou à celles que l'on voit chez Bresson. Par rapport à celà, Nathalie Baye est même obligé de suivre son tempo de jeu pour ne pas être en décalage.
La photo de Nestor Almendros excelle ici, tout comme les notes de Maurice Jaubert sont parfaitement en adéquation avec cette oeuvre de l'enfermement vraiment incontournable. Les scènes d'intérieur, de cimetierres, le passage du mannquein, la découverte de la chapelle et son illumination, sont autant de passage d'une profondeur bouleversante. Par aileurs, sans montrer vraiment 14/18, Truffaut y exprime le torrent de mort, de violence qu'elle a emmené, son changement dans la culture du monde... Les projections faîtes au petit garçon, c'est de la magnifique Histoire au cinéma.
Dans sa critique dans les Cahiers, Stephane Delorme disait que Spielberg avait fait avec "A.I" sa "Chambre Verte" et c'est tout à fait vrai (le passage du mannequin, tout le film de Spielberg semble s'en nourrir). Mais j'ai aussi pensé à "La Neige tombait sur les Cèdres" ou "Mission To Mars", un autre très grand film sur la mort et le deuil
6/6
"La Chambre Verte" m'a donné l'impression de voir le film mythique que j'attendais de voir sur les thèmes du souvenir et du deuil qui me sont très cher. L'impression de voir le très grand film vers lequel pourrait en remonter beaucoup d'autre sur le ressassement. C'est une approche d'intimité avec la mort très différente de "Vertigo", mais il est dure de ne pas y penser un petit peu. Le personnage de Julien Davenne est le genre d'individu avec lequel s'exprime beaucoup de mes interrogations, et l'interprétation de Truffaut, qui s'éloigne de tout naturalisme, le rend encore plus vrai à mes yeux... J'ai rarement vu au cinéma un visage aussi impressionnant que le sien à la fin du film. Je dois avouer que j'en arrive de plus en plus à me demander sir le cinéma doit être ou non interprété par des acteurs professionnels. Il est vrai que je suis de plus en plus sensible à ce type d'interprétation, ou à celles que l'on voit chez Bresson. Par rapport à celà, Nathalie Baye est même obligé de suivre son tempo de jeu pour ne pas être en décalage.
La photo de Nestor Almendros excelle ici, tout comme les notes de Maurice Jaubert sont parfaitement en adéquation avec cette oeuvre de l'enfermement vraiment incontournable. Les scènes d'intérieur, de cimetierres, le passage du mannquein, la découverte de la chapelle et son illumination, sont autant de passage d'une profondeur bouleversante. Par aileurs, sans montrer vraiment 14/18, Truffaut y exprime le torrent de mort, de violence qu'elle a emmené, son changement dans la culture du monde... Les projections faîtes au petit garçon, c'est de la magnifique Histoire au cinéma.
Dans sa critique dans les Cahiers, Stephane Delorme disait que Spielberg avait fait avec "A.I" sa "Chambre Verte" et c'est tout à fait vrai (le passage du mannequin, tout le film de Spielberg semble s'en nourrir). Mais j'ai aussi pensé à "La Neige tombait sur les Cèdres" ou "Mission To Mars", un autre très grand film sur la mort et le deuil
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- Commissaire Juve
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Re: La Chambre Verte (François Truffaut)
Très particulier en effet... au premier abord, on se dit : "Purée ! il joue comme un pied !" et ça en devient fascinant. Comme dans beaucoup de films de Rohmer !Brice Kantor a écrit :... et l'interprétation de Truffaut, qui s'éloigne de tout naturalisme, le rend encore plus vrai à mes yeux... J'ai rarement vu au cinéma un visage aussi impressionnant que le sien à la fin du film. Je dois avouer que j'en arrive de plus en plus à me demander sir le cinéma doit être ou non interprété par des acteurs professionnels. Il est vrai que je suis de plus en plus sensible à ce type d'interprétation, ou à celles que l'on voit chez Bresson. Par rapport à celà, Nathalie Baye est même obligé de suivre son tempo de jeu pour ne pas être en décalage.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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En effet, cette séquence d'ouverture déroutante où Julien Davenne traverse la guerre 14-18 est une magnifique illustration de son drame mais en même temps de celui de l'humanité.
Combien de temps peut-on marcher vivant dans un cimetière de morts passés, présents et même futurs sans y prêter attention ? Peut-on nier la masquarade tout une vie ?
La force du film est d'apporter des réponses à la fois personnelles et universelles, rendant ainsi à merveille (et ce dès la première scène) le caractère dual de la mort, entre drame strictement privé et spectacle public, avec ses cérémonies et ses lieux de rassemblement.
SPOILERS
A cet égard, la mort de Davenne a, je trouve, quelque chose de christique (le thème du religieux revenant souvent) : son trépas expie en quelque sorte les fautes de ses contemporains; il meurt pour ses morts mais meurt aussi pour nos morts, oubliés, enfouis dans les mauvaises herbes des cimetières. Son combat personnel, Truffaut nous le dédie au point de nous remettre le flambeau (Baye qui allume son cierge).
D'un point de vue strictement cinématographique, ce final est un monument. La précision du découpage (à partir du moment où il sort de sa chambre, Truffaut installe le rythme de la mort de Davenne), la richesse du cadre et l'interprétation magnifique du cinéaste, dont le phrasé syncopé qu'il propose, sont à montrer et à analyser dans toute école de cinéma qui se respecte.
Je suis à l'affut d'un passage sur grand écran, ou alors d'une sortie dvd, tant le travail de la photo m'a échappé (vu sur une télé 55 cm qui capte assez mal Arte)...
Combien de temps peut-on marcher vivant dans un cimetière de morts passés, présents et même futurs sans y prêter attention ? Peut-on nier la masquarade tout une vie ?
La force du film est d'apporter des réponses à la fois personnelles et universelles, rendant ainsi à merveille (et ce dès la première scène) le caractère dual de la mort, entre drame strictement privé et spectacle public, avec ses cérémonies et ses lieux de rassemblement.
SPOILERS
A cet égard, la mort de Davenne a, je trouve, quelque chose de christique (le thème du religieux revenant souvent) : son trépas expie en quelque sorte les fautes de ses contemporains; il meurt pour ses morts mais meurt aussi pour nos morts, oubliés, enfouis dans les mauvaises herbes des cimetières. Son combat personnel, Truffaut nous le dédie au point de nous remettre le flambeau (Baye qui allume son cierge).
D'un point de vue strictement cinématographique, ce final est un monument. La précision du découpage (à partir du moment où il sort de sa chambre, Truffaut installe le rythme de la mort de Davenne), la richesse du cadre et l'interprétation magnifique du cinéaste, dont le phrasé syncopé qu'il propose, sont à montrer et à analyser dans toute école de cinéma qui se respecte.
Je suis à l'affut d'un passage sur grand écran, ou alors d'une sortie dvd, tant le travail de la photo m'a échappé (vu sur une télé 55 cm qui capte assez mal Arte)...
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- Mogul
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Re: La Chambre Verte (François Truffaut)
oui plutot qu'un type de jeu en général je reste fasciné par la voix de ce cinéaste. Bien qu'elle garde en apparence un ton neutre, on y sent une profonde douleur, dans le cas de la chambre verteCommissaire Juve a écrit :Très particulier en effet...Brice Kantor a écrit :... et l'interprétation de Truffaut, qui s'éloigne de tout naturalisme, le rend encore plus vrai à mes yeux... J'ai rarement vu au cinéma un visage aussi impressionnant que le sien à la fin du film. Je dois avouer que j'en arrive de plus en plus à me demander sir le cinéma doit être ou non interprété par des acteurs professionnels. Il est vrai que je suis de plus en plus sensible à ce type d'interprétation, ou à celles que l'on voit chez Bresson. Par rapport à celà, Nathalie Baye est même obligé de suivre son tempo de jeu pour ne pas être en décalage.
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- Mogul
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Re: La Chambre Verte (François Truffaut)
la relation avec le garçon me fait penser à un détournement malsain de L'enfant sauvageBrice Kantor a écrit : Les projections faîtes au petit garçon, c'est de la magnifique Histoire au cinéma.
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- Mister Ironbutt 2005
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Re: La Chambre Verte (François Truffaut)
Oui, exact.Tuck pendleton a écrit :
la relation avec le garçon me fait penser à un détournement vicié de L'enfant sauvage
Le phrasé neutre et solennel de François Truffaut donne justement l'impression de venir des profondeurs de l'âme. La chambre verte est un film qui a l'ambition de faire vivre les morts, de les inscrire dans l'histoire personnellle et collective, alors que nous faisons tout pour les oublier. La souffrance du film vient aussi dans le fait que cette tâche se révèle impossible.
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Qu'est-ce qui ne t'as pas plu?Kevin95 a écrit :Bon je vais me faire taper (surtout que c'est l'un de mes premiers message), mais bon ......
J'ai trouvé La Chambre Verte ......... super chiant !
Sorry ! mais au milieu du metrange, je me suis demander, si j'allais reussir à continuer à le mater.
Encore pardon pour les fans !
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