Résistance & Occupation au cinéma

[joe-ernst]

Ayé, j'ai vu le doc... rien de vraiment neuf, effectivement, mais j'ai trouvé ça très sympa quand même. Et les quelques séquences d'époque en vraies couleurs m'ont laissé songeur. On est tellement habitués à voir ce monde-là en noir & blanc qu'on en oublie que leur ciel était bleu et que les uniformes étaient bel et bien feldgrau.!

Rien de bien nouveau en effet mais je l'ai regardé avec plaisir hier.

Les deux trois coups de pied au c*** que se prend Tino Rossi m'ont bien fait marrer. Quand on pense qu'il n'a même pas levé le petit doigt pour Mireille Balin. Quel blaireau.!

Ceux adressés à Fernandel étaient également réjouissants. J'avoue avoir été ébahi de voir que Momo Chevalier avait été "protégé" par Aragon et Triolet à la Libération !

Sinon, à propos du "convoi de la honte" et de Danielle Darrieux qui "fait semblant" et qui part se mettre au vert ensuite. Ok. Les gars ont quand même la mémoire sélective et oublient de parler de Premier rendez-vous (1941) qui est un film Continental. ça n'est qu'un détail, je ne reproche rien à la comédienne ; je m'en prends simplement aux raccourcis des gars qui ont fait le doc..

+ Caprices, + La fausse maîtresse, deux autres films Continental. Elle était la vedette no 1 de l'Occupation et on a dit qu'elle n'avait échappé aux foudres de l'épuration que grâce à son statut d'épouse de diplomate...

Je suis en revanche toujours aussi admiratif du panache d'Arletty.

[cineberry]

Plus récemment :

Elle s'appelait Sarah
La rafle
Walkyrie
Amen
L'armée du crime
Les femmes de l'ombre
Un secret
Effroyables jardins

[Commissaire Juve]

Hier, dans mes cadeaux de Noël, j'ai eu un livre intitulé : rrroulez tambours... Histoire juridique des interdits cinématographiques en France (1909-2001)

J'en ai lu 60 pages avant d'éteindre et de récupérer ma nuit, et... un passage m'a bien fait poiler :

François Truffaut justifie cette prospérité du cinéma français [pendant l'Occupation] par deux arguments. Le premier est classique : les périodes de guerre sont favorables aux fréquentations de salles de cinéma qui se transforment aisément en refuges [...] Le second est plus surprenant : les cinémas s'avèrent de petits nids chauds d'amours obscures et clandestines (les ouvreuses du Gaumont Palace -- 4.500 places -- ramassaient en moyenne une soixantaine de petites culottes chaque dimanche soir à la dernière séance).

PS : le gars aurait dû écrire "après" la dernière séance.

[Music Man]

ICI LONDRES (Paris calling) de Edwin L MARIN - 1941
Avec Elizabeth BERGNER, Randolph SCOTT, Basil RATHBONE, Gale SONDEGAARD, Lee J COBB

Marianne Jannetier, la compagne d’un ministre, fuit Paris et l’arrivée des troupes allemandes pendant l’exode de 1940. Sa mère est tuée sous ses yeux dans un bombardement. A son retour dans la capitale, la jeune femme meurtrie rejoint un réseau de résistance : son talent de pianiste est utilisé pour faire passer des messages codés.

Hollywood n’a pas attendu longtemps après l’offensive allemande de 1940 pour tourner un film sur la résistance : tourné dès 1941, Paris calling est peut–être le tout premier. Les américains n’avaient certainement pas une idée exacte du drame que vivaient les français à ce moment, aussi le film est- il largement invraisemblable, cumulant les rebondissements les plus impossibles au point que l’on frise parfois le ridicule, voire l’irrespect (bien involontaire).
En effet, on a du mal à garder son sérieux quand Randolph Scott parvient à s’enfuir de la gestapo, pour se déguiser en nazi et sauver Elizabeth Bergner et tous ses amis résistants pourtant encerclés par une vingtaine d’allemands, avant de les faire s’évader par avion pour Londres. Auparavant, Bergner aura tué son ex fiancé à la barbe des nazis pour lui piquer des documents secrets…
Certes, les scénaristes n’ont pas ménagé leurs efforts pour capter l’attention du public mais en voyant ce genre de film on se dit que c’est bien du cinéma, alors que la réalité de la vie des résistants de la première heure n’était hélas pas aussi remplie de coups de chance inattendus.
Le film marquait les débuts à Hollywood d’Elizabeth Bergner , grande star du muet allemand et épouse du cinéaste Paul Czinner. Fuyant le nazisme en 1933, la star d’origine juive avait réussi à poursuivre sa carrière en Angleterre avec un égal succès. Hélas, elle n’aura pas la même chance aux USA. Il faut bien avouer que face au all american Randolph Scott, la délicate vedette germanique au jeu un peu affecté n’est pas du tout dans son élément : l’héroïne des kammerspiels se prête mal au film d’action, même si elle brille dans un ou deux passages (comme celui où elle sort de la chambre de son ex amant (Basil Rathbone) qu’elle vient d’assassiner en essayant de tromper l’attention des allemands). Après cet échec, elle ne parviendra pas non plus à regagner le cœur du public anglais qui lui reprochera bien injustement d’être partie se réfugier à Hollywood .
Néanmoins, pour toutes les raisons évoquées et en raison de la distribution éclectique mais prestigieuse, c’est une curiosité qui amusera les cinéphiles.

[Music Man]

LE SAUVEUR de Michel MARDORE-1971
Avec Horst BUCHHOLZ, Muriel CATALA et Henri VILBERT

Pendant l'occupation, un soldat anglais en fuite est recueilli par une jeune fille qui lui trouve une cachette, à l’insu de ses parents pétainistes. Elle finit par s’éprendre du beau soldat et est folle de rage quand celui-ci finit par la quitter pour réaliser sa mission. Elle est si furieuse qu’elle va le dénoncer à la police…mais de bien cruelles surprises l’attendent.

J’ai vraiment été enthousiasmé par ce film dérangeant et cruel qui annonce déjà Lacombe Lucien.
La période trouble de l’occupation est particulièrement bien rendue dans cette œuvre qui bascule de façon presque inattendue entre la lumière la plus saine et la noirceur la plus abjecte, la passion et la tendresse (scènes naturalistes des deux amants se baignant nus dans la rivière puis se séchant au soleil) et l’horreur la plus absolue (dont je n’ai pas envie de parler trop pour surtout ne pas déflorer le récit et vous donner envie de le voir !!), la vie et la mort. En choisissant de représenter l’horreur nazie à travers le regard d’une toute jeune fille naïve qui découvre l’amour, le cinéaste Michel Mardore a choisi un angle original mais percutant.
On retiendra l’excellente prestation de la jeune Muriel Catala (préférée à Isabelle Adjani lors des bouts d’essai) resplendissante de sensualité et de naïveté un peu perverse (superbe passage où elle dévore les mures sur l’arbre après avoir dénoncé son amant) face à Horst Buchholz dont le charisme et le charme très ambigu trouvent ici le meilleur emploi.

Le film comporte certes son lot d’imperfections (quelques passages pas convaincants du tout à la fin du film notamment), mais il est magnifiquement photographié avec de superbes extérieurs à la campagne et un beau souci du réalisme (le repas des paysans), et ce contraste entre cet amour lumineux et la pire des horreurs est vraiment saisissant.

Critique cinéma pour le nouvel observateur, Michel Mardore a réalisé là un film , qui s’il rencontra à sa sortie un beau succès, n’est pourtant pas resté dans les mémoires et mériterait largement d’être revu.

Avis de tom Peeping
Le sauveur (Michel Mardore, 1970) **
Les yeux reptiliens de Buchholz sont parfaits pour évoquer l'irruption du Démon dans la campagne française ensoleillé de 1943. Une fable cruelle (mais un peu trop influencée par le Nouveau Roman) sur la destruction de l'innocence. La nature est splendidement filmée et la jeune Catala est une révélation. DVD

[Cinéfil31]

Un film que je ne connaissais pas du tout, et que Music Man me donne envie de découvrir. Michel Mardore, disparu récemment (en 2009 je crois) était effectivement critique de cinéma au départ. Il a d'ailleurs travaillé aux Cahiers dans les années 1960, avant de rejoindre Le Nouvel Observateur. Il a aussi participé au Masque et la plume. Sur le site d'Amazon.fr, un internaute se plaint de l'édition DVD française sortie chez Doriane Films en 2004 : l’œuvre aurait été amputée de certaines scènes. Est-ce vraiment le cas ?

[Karras]

Casabianca ( Georges Péclet - 1951)

Reconstitution de l'aventure du sous-marin français "Le Casabianca" d'après le témoignage du commandant l'Herminier, le film se concentre sur les missions qu'il a effectué entre 1942 et 1943 pour aider la résistance corse.

Un film de sous-marin mais aussi un film sur la résistance en Corse. La réalisation et le montage ne rende pas le récit très passionnant, hésitant entre le documentaire et le film hagiographique. Seule la musique de Van Hoorebecke donne un peu de tension dans les épisodes les plus dramatiques. Partagé équitablement entre les missions sous-marines et les scènes de résistance dans le maquis corse le film symbolise celle-ci dans son épilogue par un long regroupement des patriotes sous la musique du chant des partisans. Il existe un transfert du film en DVD qui peut être commandé sur le site de la cinémathèque de Corse.

[riqueuniee]

Totalement inconnu au bataillon en ce qui me concerne. Le sujet (la résistance et l'occupation en Corse) semble par ailleurs avoir été très rarement évoqué au cinéma.

[Music Man]

Un film que je ne connaissais pas du tout, et que Music Man me donne envie de découvrir. Michel Mardore, disparu récemment (en 2009 je crois) était effectivement critique de cinéma au départ. Il a d'ailleurs travaillé aux Cahiers dans les années 1960, avant de rejoindre Le Nouvel Observateur. Il a aussi participé au Masque et la plume. Sur le site d'Amazon.fr, un internaute se plaint de l'édition DVD française sortie chez Doriane Films en 2004 : l’œuvre aurait été amputée de certaines scènes. Est-ce vraiment le cas ?

Et bien, je me demande : le DVD fait 87 minutes et sur IMDB, on mentionne que le film dure 105 minutes! pourtant le DVD figure en bonus des scènes coupées....On a du mal à s'y retrouver!

[Federico]

Pour poursuivre sur le sujet, l'émission de France Culure Les lundis de l'histoire avait invité hier l'historienne Sylvie Lindeperg*, venue présenter son essai La voie des images : Quatre histoires de tournage au printemps-été 1944

(*) Spécialiste de cette sinistre période de l'histoire française, elle est entre autres l'auteure des Écrans de l’ombre : La Seconde Guerre mondiale dans le cinéma français (CNRS Éditions, 1997, prix Jean Mitry) et de Nuit et Brouillard, un film dans l’histoire (2007) dont elle a tiré en 2009 le documentaire Face aux fantômes co-réalisé avec Jean-Louis Comolli.
C'est anecdotique mais ça me fait plaisir de lui faire un peu de pub même si j'ai perdu de vue depuis des lustres cette camarade de lycée, aussi sympathique que douée. La seule fois où je l'avais ensuite croisée, elle était en hypokhâgne. Pas étonné qu'elle ait réussi dans son domaine.

[Federico]

Rediffusion ce soir à 20h35 sur France 5 du documentaire L'Occupation sans relâche (2010) qui évoque la vie artistique et notamment cinématographique (Jouvet, Gabin, Arletty, Darrieux, Simon, Chevalier, Tino Rossi, Guitry...) durant ces sombres années.

[Commissaire Juve]

Rediffusion ce soir à 20h35 sur France 5 du documentaire L'Occupation sans relâche (2010) qui évoque la vie artistique et notamment cinématographique (Jouvet, Gabin, Arletty, Darrieux, Simon, Chevalier, Tino Rossi, Guitry...) durant ces sombres années.

Tiens, je vais regarder ça. Programme de mer***, ce soir, à la téloche.

EDIT : truc bien... les images 1.33 ne sont pas recadrées... ni colorisées.

[Music Man]

UN AMI VIENDRA DE SOIR de Raymond BERNARD – 1945
Avec Michel SIMON, Madeleine SOLOGNE, Paul BERNARD, Louis SALOU, Daniel GELIN

Le commandant Gérard et sa troupe de maquisards ont déniché la planque idéale : une maison de santé dans les Alpes où, mêlés à des aliénés mentaux, se cachent également une jeune juive ainsi qu'un médecin suisse qui pourrait bien être un espion à la solde des Allemands…

Ce film marque le retour du cinéaste Raymond Bernard contraint de se cacher pendant l’occupation à cause de ses origines juives. Un film sur la résistance qui sera accueilli avec ferveur par le public mais avec beaucoup de distance par les critiques. Pourtant la première partie, qui se déroule dans un asile de fous, où on a du mal à discerner les vrais malades des résistants cachés, a une atmosphère à la fois lourde, irréelle qui capte à merveille la situation opaque de l’occupation allemande. Des acteurs formidables, le génial Michel Simon en tête, nous livrent des interprétations mémorables, notamment quand les fous sont malmenés par les allemands qui viennent les interroger sans ménagement.
Le(long) film sombre hélas dans la seconde partie en un mélo assez théâtral et surjoué en se centrant sur la liaison entre la juive et le nazi. Il évoque les camps de concentration, et les fours crématoires, alors que je ne suis pas certain que les résistants étaient au courant de toute l’horreur de la barbarie nazie avant la libération.

[Federico]

Rediffusion ce soir à 20h35 sur France 5 du documentaire L'Occupation sans relâche (2010) qui évoque la vie artistique et notamment cinématographique (Jouvet, Gabin, Arletty, Darrieux, Simon, Chevalier, Tino Rossi, Guitry...) durant ces sombres années.

Tiens, je vais regarder ça. Programme de mer***, ce soir, à la téloche.

EDIT : truc bien... les images 1.33 ne sont pas recadrées... ni colorisées.

Oui. J'avais déjà vu ce docu mais je ne me souvenais pas de l'anecdote de Michel Simon qui avait de son propre chef décidé de porter l'étoile jaune sans jamais qu'il explique ensuite si il l'avait fait par provocation ou comme geste de résistance ou de soutien. En tout cas, c'était sacrément gonflé.

[Commissaire Juve]

Tiens, je vais regarder ça. Programme de mer***, ce soir, à la téloche.

EDIT : truc bien... les images 1.33 ne sont pas recadrées... ni colorisées.

Oui. J'avais déjà vu ce docu mais je ne me souvenais pas de l'anecdote de Michel Simon qui avait de son propre chef décidé de porter l'étoile jaune sans jamais qu'il explique ensuite si il l'avait fait par provocation ou comme geste de résistance ou de soutien. En tout cas, c'était sacrément gonflé.

Le roi du Danemark a fait pareil !