L'Etau (Alfred Hitchcock - 1969)
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L'Etau (Alfred Hitchcock - 1969)
Malgré l'échec du "Rideau Déchiré", Alfred Hitchcock a persévéré dans l'espionnage avec ce film qui est probablement le moins réussi de sa carrière. Difficile de savoir ce qui a pu le motiver à s'intéresser à cette adaptation d'un gros best seller de Léon Uris... Après le traumatisme du tournage de "Marnie" et l'échec en salle de ce dernier, Hitchcock qui est pourtant devenu l'un des principals actionnaires de Universal ne parvient pas à monter ses projets audacieux: "Mary Rose", "Kaléidoscope"...
L'intrigue improbable nous transporte des Etats-Unis en France en passant par Cuba, avec un ratissage des thèmes d'actualité lié à la guerre froide. Cette affaire d'agents infiltrés dans le gouvernement De Gaulle ne parvient jamais à décoller, engonçé dans une pesanteur assez remarquable. Les acteurs principaux, Frederic Stafford et John Forsythe ont un charisme proche du zéro et Maurice Jarre nous impose son barouf. Le sommeil guetterait si... Hitchcock n'était pas dérrière la caméra.
"Topaz" est un film qui n'a aucune caractéristique Hitchcockienne, que ce soit dans le récit et les personnages mais se trouve composé de scènes qui elles sont le sont éminemment, jouant sur la géométrie et la composition et créant parfois une impression d'étrangeté très vives, car fonctionnant par isolement et pur exercice. Engonçé dans un appareil littéraire pesant, ce programme fonctionne beaucoup moins bien que dans "Turn Curntain" mais se révèle bourré de scènes sublimes: le passage à l'ouest du cadre soviétique et de sa famille et les scènes à Cuba proposent quelques unes des plus belles idées du maîtres (la robe de Karin Dor, la scène d'amour avec les gadgets, le chuchotage post-torture)... La partie française est également amusante puisqu'elle voit Hitchcock se frotter au pays qui l'a acclamé sur le plan critique. Il prend visiblement un certain plaisir avec Piccolli et Noiret, comme avec une Claude Jade empruntée à Truffaut, montrant que dans sa fin de carrière et depuis Tippi Hedren, Hitch est incapable de s'intéresser à la notion de "star", mais préfère mettre en valeur les personnages secondaires.
"Topaz" est resté célèbre pour ses trois fins différentes. Celle du "Duel" ayant provoquée les rires de projections tests, celle de la fuite en avion de Piccolli n'ayant pas été retenu, il lui fut préférée un simple effet de post production assez triste et batard. Sans aucun point de vue ce film improbable ne parvient même pas à se terminer. Notons enfin que le tout dernier plan avec le journal sur le banc a été réalisé par Claude Chabrol.
3/6, même le plus mauvais Hitchcock est dans la moyenne
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Je trouve que le film offre un contraste passionnant entre le réalisme du contexte de l’intrigue et la stylisation de la mise en scène qui semble insensible au passage du temps et aux modes.
Hitchcock fait notamment un travail audacieux sur la bande-son en rendant inaudible le dialogue dans les séquences où celui-ci joue un rôle clef. Par ailleurs, il n’est pas moins inventif sur la forme et parsème son film de plans saisissants – celui extraordinaire des deux torturés cubains figés dans une pose de pietà.
Une œuvre à réévaluer qui ne craint pas de frustrer le spectateur. Elle souffre essentiellement de la faiblesse de l’interprétation de Frederick Stafford et Karin Dor, fort heureusement suppléés dans l’épisode cubain par la musique de Maurice Jarre.
Hitchcock fait notamment un travail audacieux sur la bande-son en rendant inaudible le dialogue dans les séquences où celui-ci joue un rôle clef. Par ailleurs, il n’est pas moins inventif sur la forme et parsème son film de plans saisissants – celui extraordinaire des deux torturés cubains figés dans une pose de pietà.
Une œuvre à réévaluer qui ne craint pas de frustrer le spectateur. Elle souffre essentiellement de la faiblesse de l’interprétation de Frederick Stafford et Karin Dor, fort heureusement suppléés dans l’épisode cubain par la musique de Maurice Jarre.
Dernière modification par Lord Henry le 25 nov. 09, 23:33, modifié 1 fois.
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Totalement d'accord avec Lord Henry: un très bon film d'espionnage pour ma part où Hitchcock fait preuve d'invention à chaque séquence...et surtout, le film comporte ce qui est l'une des plus belles séquences de l'oeuvre d'Hitchcock: la mort de Karin Dor...et là, bravo!Lord Henry a écrit :Je trouve que le film offre un contraste passionnant entre le réalisme du contexte de l’intrigue et la stylisation de la mise en scène qui semble insensible au passage du temps et aux modes.
Hitchcock fait notamment un travail audacieux sur la bande-son en rendant inaudible le dialogue dans les séquences où celui-ci joue un rôle clef. Par ailleurs, il n’est pas mois inventif sur la forme et parsème son film de plans saisissants – celui extraordinaire des deux torturés cubains figés dans une pose de pietà.
Une œuvre à réévaluer qui ne craint pas de frustrer le spectateur. Elle souffre essentiellement de la faiblesse de l’interprétation de Frederick Stafford et Karin Dor, fort heureusement suppléés dans l’épisode cubain par la musique de Maurice Jarre.
Je trouve la première partie du film se déroulant aux USA et à Cuba particulièrement intéressante du point de vue de la mise en scène, mais complètement ridicule au niveau du scénario. Pour la seconde partie en France, c'est le contraire : l'histoire devient plus intéressante et l'intrigue mieux construite (la fin retenue mise à part) mais la réalisation s'enlise dans le convenu.
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Re:
Musique lourde, larmoyante et répétitive, mise en scène quasi-inexistante, scénaristes qui travaillent à la bougie, cocufiages à gogo, acteurs hilarants, image davidhamiltonienne...
Quelque part entre le Giallo et le Théâtre de Boulevard, L'Etau.
Quelque part entre le Giallo et le Théâtre de Boulevard, L'Etau.
A moins, bien sûr, que ce dernier ne soit un cuistre du bis.Lord Henry a écrit :Une œuvre à réévaluer qui ne craint pas de frustrer le spectateur.
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Re:
Également d'accord! J'ai vraiment passé un bon moment a voyager entre les différents pays. Le film m'a donné une impression de James BondO'Malley a écrit :Totalement d'accord avec Lord Henry: un très bon film d'espionnage pour ma part où Hitchcock fait preuve d'invention à chaque séquence...et surtout, le film comporte ce qui est l'une des plus belles séquences de l'oeuvre d'Hitchcock: la mort de Karin Dor...et là, bravo!Lord Henry a écrit :Je trouve que le film offre un contraste passionnant entre le réalisme du contexte de l’intrigue et la stylisation de la mise en scène qui semble insensible au passage du temps et aux modes.
Hitchcock fait notamment un travail audacieux sur la bande-son en rendant inaudible le dialogue dans les séquences où celui-ci joue un rôle clef. Par ailleurs, il n’est pas mois inventif sur la forme et parsème son film de plans saisissants – celui extraordinaire des deux torturés cubains figés dans une pose de pietà.
Une œuvre à réévaluer qui ne craint pas de frustrer le spectateur. Elle souffre essentiellement de la faiblesse de l’interprétation de Frederick Stafford et Karin Dor, fort heureusement suppléés dans l’épisode cubain par la musique de Maurice Jarre.
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Re: Topaze (Alfred Hitchcock - 1969)
On est tellement reconnaissant pour tout ce que Hitch nous a donné qu'on a du mal à en dire du mal... Mais quand même, ce Topaz (sans "e" à la fin, je crois, non ?), quel mortel ennui, globalement ! J'ai un vague souvenir d'une longue séquence muette (c'est toujours dans les moments sans dialogue que Hitch est au top) au début, avec passage dans un musée, super bien menée. Mais pour le reste... C'est tellement (presque) n'importe quoi devant et derrière la caméra, qu'il y a même une scène, à la fin, où Noiret entre dans une maison... pour en ressortir sous les traits de Piccoli ! (ou l'inverse, enfin bref). Sur les dernières années d'Hitchcock, je trouve Le Rideau déchiré mieux mené, ainsi que Complot de famille et, plus encore, Frenzy.
L'Etau est peut-être le pire film d'Hitchcock (nier une telle évidence reviendrait, selon moi, à dévaluer un Rear Window, un Vertigo, un North By Northwest, un Psycho ou un The Birds), mais, tout étant relatif, il vaut toujours largement mieux que n'importe quel film de _ _ _ _ _ _ (à compléter par le nom qui convient... Besson, par exemple).
L'Etau est peut-être le pire film d'Hitchcock (nier une telle évidence reviendrait, selon moi, à dévaluer un Rear Window, un Vertigo, un North By Northwest, un Psycho ou un The Birds), mais, tout étant relatif, il vaut toujours largement mieux que n'importe quel film de _ _ _ _ _ _ (à compléter par le nom qui convient... Besson, par exemple).
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Re: Topaze (Alfred Hitchcock - 1969)
Ben oui quoi, j'avais mal luAmarcord a écrit : il vaut toujours largement mieux que n'importe quel film de _ _ _ _ _ _ (à compléter par le nom qui convient... Bresson, par exemple).
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Re:
J'aurais bien aimé voir ce film réalisé. J'ai vu une vidéo des tests et les photos. Ç'aurait été à coup sûr un des films préférés de Brian De Palma.Brice Kantor a écrit :Ce sont les photos des essais qu'il a mené à New York... Il voulait un film en lumière naturelle, "crue", avec influence d'Antonioni et de la nouvelle vague. C'était une histoire de sérial killer uniquement vu à travers le point de vue du tueur.
Universal a pris peur et n'a pas donné le feu vert.