Il y a un gros malentendu avec Lewis, devenu un intouchable génie en France depuis l'adoubement par Robert Benayoun. C'est aussi le cas d'autres comiques, parfois vénérés inconditionnellement pour l'ensemble de leur oeuvre sans jamais oser poser de bémol mais je crois qu'avec le sympathique Jerry, on a atteint un sommet qui confine parfois à l'absurde.Commissaire Juve a écrit :... un critique / historien du cinéma (je ne sais plus trop) se plaisait à dézinguer les films de Fernandel en parlant de "spectacles de masques", disant qu'en dehors des grimaces ça n'avait pas grand intérêt.
Eh bien, j'aurais aimé l'entendre sur Jerry Lewis.
Jerry Lewis (1926-2017)
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Re: Jerry Lewis
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Re: Jerry Lewis
Ce que je vais dire va peut-être paraître absurde (voir blasphématoire) mais je ne suis pas sûr de tellement regarder les films de Jerry Lewis pour rire. Disons que je peux les apprécier (voir les admirer) pour leur simple mise en scène.
Ses grimaces posent sans aucun doute problème mais c'est ce qui se cache derrière les grimaces et les tentatives de faire rire qui m'intéressent chez lui. J'ai été surpris la dernière fois que j'ai vu Docteur Jerry et Mister Love de voir à quel point Mister Love était joué straight comme si ce rôle lui avait permis de jouer le rôle sérieux que sa condition de comique lui interdisait de jouer à l'époque.
C'est ce côté schizophrène (avec un certain sentimentalisme aussi) que je trouve passionnant.
ça n'en fait clairement pas une figure inattaquable (ne serait-ce que sur le vrai potentiel comique de ses films) mais une figure singulière et attachante de la comédie US.
Le problème des critiques françaises de l'époque qui font se braquer pas mal de gens (et notamment les américains), c'est qu'ils devaient forcément pousser dans le sens du "génie" pour que les gens passent outre le simple clown grimaçant.
Ses grimaces posent sans aucun doute problème mais c'est ce qui se cache derrière les grimaces et les tentatives de faire rire qui m'intéressent chez lui. J'ai été surpris la dernière fois que j'ai vu Docteur Jerry et Mister Love de voir à quel point Mister Love était joué straight comme si ce rôle lui avait permis de jouer le rôle sérieux que sa condition de comique lui interdisait de jouer à l'époque.
C'est ce côté schizophrène (avec un certain sentimentalisme aussi) que je trouve passionnant.
ça n'en fait clairement pas une figure inattaquable (ne serait-ce que sur le vrai potentiel comique de ses films) mais une figure singulière et attachante de la comédie US.
Le problème des critiques françaises de l'époque qui font se braquer pas mal de gens (et notamment les américains), c'est qu'ils devaient forcément pousser dans le sens du "génie" pour que les gens passent outre le simple clown grimaçant.
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Re: Jerry Lewis
Il est quand même pas mal dans King of Comedy de tonton Scorsese.
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Re: Jerry Lewis
Je suis assez d'accord avec toi. L'un des points les plus intéressants des films réalisés par Lewis (enfin, surtout ceux des années 60), c'est le soin maniaque apporté à la technique (point qu'il partage avec Chaplin et Tati voire dans certains cas avec Mel Brooks). Mais plus d'une fois, je me suis dit : "Tout ça pour ça" comme j'ai souvent pensé :"Quel bon gag mais pourquoi le saborde-t-il ?"...AtCloseRange a écrit :Ce que je vais dire va peut-être paraître absurde (voir blasphématoire) mais je ne suis pas sûr de tellement regarder les films de Jerry Lewis pour rire. Disons que je peux les apprécier (voir les admirer) pour leur simple mise en scène.
Ses grimaces posent sans aucun doute problème mais c'est ce qui se cache derrière les grimaces et les tentatives de faire rire qui m'intéressent chez lui. J'ai été surpris la dernière fois que j'ai vu Docteur Jerry et Mister Love de voir à quel point Mister Love était joué straight comme si ce rôle lui avait permis de jouer le rôle sérieux que sa condition de comique lui interdisait de jouer à l'époque.
C'est ce côté schizophrène (avec un certain sentimentalisme aussi) que je trouve passionnant.
ça n'en fait clairement pas une figure inattaquable (ne serait-ce que sur le vrai potentiel comique de ses films) mais une figure singulière et attachante de la comédie US.
Le problème des critiques françaises de l'époque qui font se braquer pas mal de gens (et notamment les américains), c'est qu'ils devaient forcément pousser dans le sens du "génie" pour que les gens passent outre le simple clown grimaçant.
C'est l'une des raisons pour lesquelles je garde les quatre films que j'ai de lui en DVD et aussi pour les passionnants suppléments permettant de voir les essais (parfois bien laborieux) et des séquences coupées révélatrices de ce perfectionnisme qui devait être bien usant pour son équipe (comme son numéro de music hall avec canne et claquettes sur le DVD du Dingue du palace).
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Dernière modification par Federico le 6 mars 14, 15:02, modifié 1 fois.
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Re: Jerry Lewis
Tu as sans doute raison (et tu me donnes envie de revoir les rediffs d'Arte), référence d'autant plus affirmée que le nom de ce personnage de dame respectable m'était resté en mémoire, comme à d'autres spectateurs, malgré les années, loin de celui de tant d'autres personnages enfouis dans un coin empoussiéré de la mémoire. Hommage, personnage marquant, voulu marquant.Federico a écrit : Le personnage de Mrs Welenmelon dans Le tombeur de ces dames est un clin d'oeil très appuyé à Margaret Dumont.
Mais référence qui m'aurait échappé sans ton rappel. Si je voulais me trouver a posteriori une sorte de cohérence -à laquelle je ne prétends pas, d'ailleurs-, je me dirais que j'étais du côté d'une "inversion des rapports". En ce sens que séduction il y a dans les rapports de LEWIS avec les femmes, mais il s'agit souvent d'une relation non pas traditionnelle (différence d'âge ordinaire des couples au cinéma, maturité du monsieur, etc) mais singulière: femmes plus raisonnables, presque maternelles, protectrices, avocates dans son impréparation à la situation où il se trouve. Résolution-en-vue du problème avec les femmes, très souvent, dans les films de LEWIS, alors que dans leurs relations avec les femmes, les autres grandes figures comiques sont souvent enfermées dans une trajectoire solitaire (même si FIELDS est souvent marié, KEATON follement amoureux, cela peut difficilement se terminer par une sage conformation à la norme; avec les MARX, tout est discordant et ne peut que l'être). Les personnages de LEWIS réussissent à trouver leur place, ou à la retrouver ("The Nutty Professor"), quand les grands modèles, les grandes références, sont ailleurs.
* cela me fait penser, peut-être à tort, à certains des premiers films avec Elvis PRESLEY, dans lesquels il me semble que la femme désirée est souvent une figure maternelle. Public jeune, un peu semblable, et donc problématique comparable?
Dernière modification par simon le 2 janv. 14, 19:49, modifié 1 fois.
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Re: Jerry Lewis
Ce soir, j'ai revu Docteur Jerry et Mister Love (1963) et -- grosso modo -- j'ai trouvé que le film avait bien vieilli. Mon dernier visionnage remontait à mars 1972 (j'étais bien jeune) et, en revoyant la séquence de la transformation, j'ai compris pourquoi ça m'avait fait flipper.
Et pourtant... je ne l'avais vu qu'en noir & blanc (j'ai vu ce soir qu'il y avait aussi des effets de couleur "impressionnants").
Sinon, je me suis demandé si "Mister Love" n'était pas une petite charge contre Dean Martin.
EDIT : Ah ben, je viens de découvrir l'eau chaude !
Et pourtant... je ne l'avais vu qu'en noir & blanc (j'ai vu ce soir qu'il y avait aussi des effets de couleur "impressionnants").
Sinon, je me suis demandé si "Mister Love" n'était pas une petite charge contre Dean Martin.
EDIT : Ah ben, je viens de découvrir l'eau chaude !
It was widely believed at the time that the Nutty Professor's sleazy alter ego, Buddy Love, was a satirical swipe at Jerry Lewis's longtime partner, Dean Martin.
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Re: Jerry Lewis
Cette séquence m'avait aussi bien collé les chocottes, gamin, par ses cadrages et contrastes expressionnistes et puis le mainate moqueur qui devient un homme minuscule.Commissaire Juve a écrit :Ce soir, j'ai revu Docteur Jerry et Mister Love (1963) et -- grosso modo -- j'ai trouvé que le film avait bien vieilli. Mon dernier visionnage remontait à mars 1972 (j'étais bien jeune) et, en revoyant la séquence de la transformation, j'ai compris pourquoi ça m'avait fait flipper.
Et pourtant... je ne l'avais vu qu'en noir & blanc (j'ai vu ce soir qu'il y avait aussi des effets de couleur "impressionnants").
Revu maintes fois depuis, il a baissé dans mon estime (la fin est insupportable) mais je le tiens toujours pour le sommet de la très inégale carrière de Lewis, que ce soit comme simple acteur ou comme réalisateur.
Il était temps.Sinon, je me suis demandé si "Mister Love" n'était pas une petite charge contre Dean Martin.
EDIT : Ah ben, je viens de découvrir l'eau chaude !
It was widely believed at the time that the Nutty Professor's sleazy alter ego, Buddy Love, was a satirical swipe at Jerry Lewis's longtime partner, Dean Martin.
Dernière modification par Federico le 2 janv. 14, 02:35, modifié 1 fois.
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Re: Jerry Lewis
C'est un peu moins pitoyable qu'Un vrai cinglé de cinéma mais je viens de découvrir un bien mauvais Lewis-Martin :
Le clown est roi (3 Ring Circus, 1954, Joseph Pevney)
Fraichement démobilisés, les deux compères se font embaucher dans un cirque dirigé par Wallace Ford (bien loin de la petite caravane de Freaks) et Joanne Dru (que c'est triste de la retrouver ici ). Jerry qui rêve de devenir clown va inévitablement supplanter par ses pitreries pas drôles le clown-vedette, Martin met encore moins de temps pour tout aussi inévitablement emballer les deux stars féminines (la toujours charmante Dru dans l'emploi de la gentille fille et l'insupportable Zsa Zsa Gábor dans celui de la pouff... pardon ! de la peste) et pousser la chansonnette. Les gags se battent pour être le plus affligeant (comme l'interminable séquence du distributeur de crème anglaise) et les - rares - numéros de cirque ne risquent pas de faire oublier Sous le plus grand chapiteau du monde.
En seconds couteaux, Sig Ruman en dresseur de lions (à l'accent teuton exagéré, comme d'hab', mais que Lubitsch semble appartenir à un autre espace-temps) , Nick Cravat (le vieux complice de Burt Lancaster et authentique circassien) et celle qui fut la comédienne-fétiche de Lewis : Kathleen Freeman (rôle très bref mais pas d'bol, c'est elle qui subit la crème anglaise).
Seuls intérêts : l'apparition-surprise d'Elsa Lanchester en... femme à barbe que le serviable Jerry entreprend de raser (grand moment de solitude pour le spectateur même si on ne peut qu'admirer l'excentricité de cette actrice assez à part)...
Le clown est roi (3 Ring Circus, 1954, Joseph Pevney)
En seconds couteaux, Sig Ruman en dresseur de lions (à l'accent teuton exagéré, comme d'hab', mais que Lubitsch semble appartenir à un autre espace-temps) , Nick Cravat (le vieux complice de Burt Lancaster et authentique circassien) et celle qui fut la comédienne-fétiche de Lewis : Kathleen Freeman (rôle très bref mais pas d'bol, c'est elle qui subit la crème anglaise).
Seuls intérêts : l'apparition-surprise d'Elsa Lanchester en... femme à barbe que le serviable Jerry entreprend de raser (grand moment de solitude pour le spectateur même si on ne peut qu'admirer l'excentricité de cette actrice assez à part)...
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Re: Jerry Lewis
C'est avec ce genre de montage qu'on comprend à quel point Lewis peut être drôle mais à petites doses (surtout en piochant parmi certains des meilleurs - ou des moins piteux - gags de sa filmo) :
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Re: Jerry Lewis
Finalement, Jerry Lewis débloque The Day the clown cried (faut juste attendre 10 ans)
http://oneperfectshotdb.com/feature/jer ... r-embargo/
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Re: Jerry Lewis
Grande nouvelle. Reste à savoir si le film vaudra la peine de tant d'attente...bruce randylan a écrit :Finalement, Jerry Lewis débloque The Day the clown cried (faut juste attendre 10 ans)
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Re: Jerry Lewis
On a deja quelques prise de vues ...
http://www.forgottensilver.net/2013/08/ ... rry-lewis/
Hate de découvrir le film en tout cas (reservation faite pour 2025 )
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Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
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Re: Jerry Lewis
La chronique de Les Tontons farceurs par Jean-Gavril Sluka à l'occasion de sa reprise en salles dès aujourd'hui grâce à Swashbuckler Films.
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Re: Jerry Lewis
Des nouvelles du film "Max Rose", avec Jerry Lewis qui vient de fêter ses 90 ans : http://www.hollywoodreporter.com/news/j ... nds-876217
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Re: Jerry Lewis
Intéressant ça : Jerry Lewis réussit, en Mister Love, à être séduisant et sérieux tout en continuant à faire le con. Ce qui annonce évidemment son contre-emploi de King of Comedy.AtCloseRange a écrit :J'ai été surpris la dernière fois que j'ai vu Docteur Jerry et Mister Love de voir à quel point Mister Love était joué straight comme si ce rôle lui avait permis de jouer le rôle sérieux que sa condition de comique lui interdisait de jouer à l'époque.
L'affiche qui précède est belle.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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