Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Bogus
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Re: Il Casanova di Federico Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Bogus »

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Le genre de film dont je ne saurais dire si je l'ai aimé mais qui demeure fascinant de bout en bout de par sa direction artistique, la musique de Nino Rota (envoutante partition lors du dîner dans le salon parisien!), la performance de Donald Sutherland (pathétique et drôle) ou simplement l'onirisme et l'étrangeté permanente d'un récit où la poésie (Casanova ramant sur une mer de toiles tendues) se mélange avec des moments franchement désagréables et d'autres d'un pathétique qu'il m'a été difficile de supporter (toute la dernière partie à Wurtemberg et en Bohème)..
Bref un film déconcertant qui cependant ne quitte pas mon esprit (aussi brève que soit son apparition, Tina Aumont m'a totalement ensorcelé) et apparait comme le Fellini que j'ai préféré, n'ayant pas été plus passionné que ça par La Dolce Vita et 8 1/2 :oops: (avec une préférence pour le premier et son très beau plan final).
Ce qui est sûr c'est que ça m'a encore plus donné envie de voir le Casanova de Commencini et de m'attaquer un de ces jours à la bio du séducteur.

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Demi-Lune
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Re: Il Casanova di Federico Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Demi-Lune »

Bogus a écrit :Ce qui est sûr c'est que ça m'a encore plus donné envie de voir le Casanova de Commencini
Très très différent du film de Fellini. Comencini s'intéresse à la jeunesse de Casanova (enfance et adolescence). Le film se veut une chronique d'époque (et de ses mœurs) douce-amère, et il est caractéristique de la sensibilité du cinéaste, avec cette espèce de modestie d'artisan et d'amour du portrait qui s'épanouit particulièrement dans la compréhension des phénomènes de l'enfance, sans s'interdire d'en montrer la dureté. Le Comencini est à ce titre complémentaire au Fellini (au-delà du simple aspect biographique) dans la mesure où sa Venise n'est pas fantasmatique mais terriblement triste, grise et sale. Malgré la beauté des actrices, dont Senta Berger.
Casanova, un adolescent à Venise est un bon film, mais il ne boxe pas pour moi dans la même catégorie que le Fellini, film d'un génie du cinéma, certes dérangeant et difficile d'accès, mais créatif, incroyable et gorgé de visions inoubliables (la danse avec l'automate-femme est pour moi l'une des plus grandes scènes du 7e art).
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zigfrid
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par zigfrid »

j'ai tenu 10minutes avant d'abandonner. décidément je déteste fellini; le seul film que j'apprécie, c'est la dolce vita, mais UNIQUEMENT les scènes où il y a anita ekberg. (idem pour intervista :uhuh: )
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Jeremy Fox
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Jeremy Fox »

zigfrid a écrit :j'ai tenu 10minutes avant d'abandonner.
J'ai tenu jusqu'au bout mais en me forçant car ce fut l'un de mes pires calvaires. A revoir cependant car selon les périodes et selon les films, Fellini a pu tout autant me rebuter que m'enchanter. A priori, j'aime surtout beaucoup ses premiers films ainsi que Roma par exemple.
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Alexandre Angel
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Alexandre Angel »

Dans les prochaines parutions, celle-ci me semble faire évènement. En effet, Carlotta nous devait une revanche : l'édition 2003 était non-anamorphique. Je vais me jeter sur cette nouvelle édition d'un des films les plus somptueux de son auteur. (parution le 11/10).

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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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odelay
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par odelay »

Ah ben non, la précédente edtion br du film etait anamorphque, la nouvelle est d'ailleurs juste une réédition. C'est le dvd qui ne l'était pas.
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Alexandre Angel
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Alexandre Angel »

Ah d'accord. :mrgreen: J'étais passé à côté alors. Et bien ce sera un évènement perso, merci! :wink:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Michel2
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Michel2 »

C'est intéressant de voir à quel point le film demeure clivant quarante ans après sa sortie : j'aurais tendance à y voir la preuve qu'il n'a rien perdu de sa puissance et de sa capacité à bousculer. Maintenant, j'ai un peu de mal à écrire objectivement dessus parce que c'est une oeuvre qui a énormément compté dans ma vie de cinéphile, même si je m'en suis détaché affectivement avec le temps (ce qui ne m'a pas empêché d'user un vinyl et un CD de la b.o depuis mon adolescence).

Je pense que tout le monde peut à peu près tomber d'accord sur le fait que ce n'est pas un film confortable : c'est même l'objectif de Fellini, qui avouait détester Casanova, ce qu'il représentait et ce qu'il prétendait incarner en se mettant en scène dans ses mémoires. Du coup, l'adaptation de ces dernières devient un anti-Casanova revendiqué, la démolition en règle d'une certaine mythologie du libertinage d'autant plus en vogue dans les milieux littéraires qu'elle est totalement idéalisée (ce n'est pas un hasard si Philippe Sollers, libertin moderne auto-proclamé quoique ayant largement dépassé la date de péremption, n'a guère goûté les parti-pris de Fellini). Cela nous donne un film mortifère qui contient nettement plus de Thanatos que d'Eros et dans lequel Casanova est dépeint comme un fantoche courant sans succès après sa propre légende et dont les exploits sexuels sont réduits à une métrométrie dérisoire (cf l'oiseau mécanique qui rythme ses ébats). Ce n'est pas tant que la chair soit triste, c'est plutôt qu'elle est désespérément vide de sens, même si Fellini réussit à faire naître une fascination esthétique perverse en jouant de la bizarrerie des corps et de la mécanique des coïts

Ado, c'était la forme et l'hyperbole stylistique qui me fascinaient le plus - je me souviens à quel point j'étais littéralement hypnotisé par la scène des orgues dans le palais du duc de Wurtemberg. Adulte (il paraît que j'en suis un même si j'attends toujours de voir les preuves), je me dis qu'il faut être en forme pour accepter le propos du film , parce que c'est une oeuvre glaçante où la déconstruction et la démystification ne débouchent que sur la mort et un néant abyssal. Je ne renie rien de mes engouements de jeunesse et revoir le film demeure une expérience assez intense pour moi mais je reconnais volontiers que si le flacon demeure sublime, la potion, elle, est rude.
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Nestor Almendros »

Tu en parles très bien, en tout cas.
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Michel2
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Michel2 »

Merci ! :oops: :oops: :oops:

Tiens, une anecdote en passant. Il y a quelques années, je parlais du film avec une amie qui l'aime beaucoup (ce que je ne saurais lui reprocher : femme de goût) mais pas du tout pour les mêmes raisons que moi. Je lui expliquais qu'à mes yeux, Le Casanova de Fellini est l'anti-film érotique par excellence puisque Fellini cherche justement à vider les scènes où son anti-héros bourrique frénétiquement de tout ce qu'elles pourraient contenir de potentiellement titillant sur le plan fantasmatique. Bref, Casanova film glacial sur la vacuité d'un personnage et de son époque, etc, etc. Elle m'a répondu que ce côté morbide et décadent, cette obsession de la laideur et du vide étaient justement ce qu'elle trouvait excitant et puissamment érotique dans le film. Comme quoi les goûts, les couleurs et les fantasmes...
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Strum »

Michel2 a écrit :parce que c'est une oeuvre glaçante où la déconstruction et la démystification ne débouchent que sur la mort et un néant abyssal. Je ne renie rien de mes engouements de jeunesse et revoir le film demeure une expérience assez intense pour moi mais je reconnais volontiers que si le flacon demeure sublime, la potion, elle, est rude.
Effectivement, c'est un film glaçant, une sorte de pamphlet contre le mythe de Casanova, et ce n'est sans doute pas pour rien si Fellini n'a pas voulu confier le rôle de ce Casanova qu'il détestait à son ami Mastroïanni. J'avoue préférér le Casanova de Comencini même si les deux films sont surtout très différents.
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Alexandre Angel
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Alexandre Angel »

Michel2 a écrit :Elle m'a répondu que ce côté morbide et décadent, cette obsession de la laideur et du vide étaient justement ce qu'elle trouvait excitant et puissamment érotique dans le film. Comme quoi les goûts, les couleurs et les fantasmes...
Je n'osais intervenir sur ce versant-là mais......oui, je crois que le film est beaucoup plus excitant que tu le suggères. Beaucoup de mes fantasmes viennent du Casanova de Fellini, qui est un film que j'ai beaucoup vu et revu. Ce n'est pas tout à fait inexplicable. Le film est indéniablement inquiétant, glaçant mais pas glacé. Fellini reste latin, picaresque, truculent, rabelaisien dans son Casanova. La mort et la décrépitude se tiennent aux aguets mais le cheminement n'oublie que rarement une sanguinité qui vient contredire régulièrement la vacuité mécanique du personnage. Si Thanatos à les traits figés de Casanova en personne, Eros rayonne sur bon nombre de tableaux érotiques d'une sensualité grotesque mais ludique (la religieuse qui ouvre les hostilités, la comtesse qui voue son derrière aux gémonies tout en mangeant des huîtres), sans oublier une ou deux femmes dites très belles et qui le sont vraiment (Tina Aumont, bien sûr, mais aussi cette apothicaire helvète).
Ton amie n'a pas tout à fait tort.
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Watkinssien
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Watkinssien »

Ce film procure exactement ce que Fellini voulait montrer. En tant que spectateur, j'ai commencé par être excité, puis excité troublé, puis troublé gêné, puis gêné et dégoûté.
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Thaddeus
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Thaddeus »

Sauf qu'elle trouve le film excitant non pour les raisons que tu énonces, mais par son caractère morbide et repoussant - ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Je dois avouer que je me range totalement du côté de michel2 pour le coup. Je ne trouve pas ce film le moins du monde sensuel ou érotique, bien au contraire : rarement des images cinématographique m'auront procurées un tel sentiment de répulsion vis-à-vis des choses du sexe et de l'amour physique. Si l'on ne saisissait pas les intentions démythificatrices de Fellini, on pourrait même croire que celui-ci s'adonne au discours le plus puritain qui soit tant il me semble jouer la carte de la réfrigération totale sur ce plan. Ces galipettes mécaniques, ces chairs flasques lourdement étalées, ces copulations fardées des couleurs grises de la mort, cette frénésie orgiaque qui s'assèche dès qu'elle s'active dans sa nasse funèbre et mortuaire, tout cela est tellement dépassionné que je ne saurais y percevoir le moindre caractère érotique. Par-delà l'outrance et le délire baroque des images, ce Casanova me semble bien un film absolument glacé, un film dépeignant une humanité morte, vide, zombifiée, qui soubresaute et geint dans les convulsions du sexe pour se donner l'illusion qu'elle vit encore. Je trouve le portrait effroyable, et donc totalement "débandant". De ce point de vue, le film est presque le miroir inversé de Satyricon, qui décrivait des êtres certes en proie à toutes les turpitudes, tous les vices, toutes les décadences, mais qui eux au moins étaient vraiment vivants, et animés par la sève la plus fougueuse qui soit.
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Alexandre Angel
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Re: Le Casanova de Fellini (Federico Fellini - 1976)

Message par Alexandre Angel »

Tu l'aimais pas la prostituée bossue? :mrgreen:
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