Ava Gardner (1922-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Sybille
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Sybille »

Merci pour le portrait, Profondo ! :)

Ava Gardner n'a jamais fait parti de mes actrices coup de coeur ou préférées, mais cependant en tant que "personnalité" cinématographique, j'ai d'elle une impression plutôt favorable.

Je la trouve plus intéressante et séduisante à partir de la trentaine et davantage.
francesco
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par francesco »

N'oubliez pas que le président du fan club de Lana Turner n'est pas du tout un fan d'Ava Gardner. :mrgreen:
Quoiqu'il en soit merci pour le portrait (on en attend d'autres ... ça manque sur le site je trouve, ces portraits d'acteurs ou d'actrices) aussi agréable à lire qu'instructif.

Une petite erreur cependant : Gardner a été nommée aux oscars pour un premier rôle pour Mogambo, pas pour un rôle secondaire (Grace Kelly oui en revanche).
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Profondo Rosso
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Profondo Rosso »

Mais c'est quoi tous ces gens qui postent pour dire qu'ils n'aiment pas Ava Gardner :x :mrgreen: Merci pour le rectificatif effectivement c'est corrigé ! :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Profondo Rosso »

L'Ange Pourpre de Nunnally Johnson (1960)

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Pendant la guerre civile espagnole, Soledad, une entraîneuse de cabaret, et Arturo Carrera, un prêtre, à qui la vie a retiré la foi en toute valeur, vont se rencontrer et vivre un amour sur fond d'aventures.

L'Ange pourpre vient poursuivre l'histoire d'amour personnelle et cinématographique qu'Ava Gardner entretient avec l'Espagne puisque succédant à Pandora (1951) d'Albert Lewin, La Comtesse aux pieds nus (1954) de Mankiewicz, Le Soleil se lève aussi d'Henry King et La Maja nue d'Henry Koster (1958). C'est le film qui libérera l'actrice de son contraignant contrat à la MGM et semble aussi constituer un véhicule destiné à imposer Dirk Bogarde en jeune premier hollywoodien - étiquette qu'il endosse déjà au sein du cinéma anglais. Ce sera la dernière réalisation du célèbre scénariste et producteur Nunnally Johnson qui adapte ici le roman The Fair Bride de Bruce Marshall. L'histoire nous plonge en pleine Guerre d'Espagne dans un ensemble où se disputent le romanesque, les conflits moraux et une vision intéressante du conflit.

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Le film s'ouvre sur la crise de foi du père Arturo Carrera (Dirk Bogarde) qui ne se reconnaît dans cette église inquisitrice et à la solde du pouvoir alors que le peuple demande réconfort et bienveillance dans un pays à feu et à sang. Il quitte donc ses habits de prêtre et retourne à la vie civile, le temps de rencontrer et rassurer lors d'un bombardement la belle Soledad (Ava Gardner) terrifiée. La romance qui va s'initier entre eux participe au questionnement d'Arturo, partagé entre ses sentiments et sa vocation à laquelle la détresse du peuple semble le rappeler. La première scène d'amour avortée est symptomatique. L'église est saccagée et les prêtres assassinés par une foule en furie, faisant d'Arturo un fugitif. Caché par Soledad, celle-ci s'offre à lui sans qu'il cède. Par sa profession d'entraîneuse de cabaret, Soledad y voit un mépris alors qu'Arturo est ambigu dans son refus, autant pour ne pas l'impliquer en cas d'arrestation que dans un mouvement de recul quant à son sacerdoce qu'il n'a pas totalement abandonné. Ava Gardner dont le visage commençait à être un peu plus marqué par les excès alcoolisés divers (transformation déjà sensible Le Dernier Rivage de Stanley Kramer tourné l'année précédente) est très touchante par ce mélange de vécu et de candeur qu'elle dégage. L'excitation de la jeune fille amoureuse précède la déception de la femme bafouée lorsqu'elle entraîne Arturo dans sa chambre et Nunnally Johnson par son sens du détail (le bref insert où elle cache une photo d'elle en danseuse) et sa mise en scène fait bien passer ce sentiment. Le plan d'ensemble avec le visage vexé et honteux de Soledad plongé dans l'ombre à l'avant plan et Arturo à l'arrière exprime parfaitement les émotions confus et contradictoire qu'éprouvent les personnages. A travers leur romance, ils effectuent des parcours inversés : Arturo éprouve enfin une existence d'homme pour mieux retrouver l'habit et Soledad s'absout de son existence scandaleuse en devenant presque une sainte par la tournure tragique des évènements.

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Le scénario intègre bien le contexte politique à la romance. Arturo va s'engager auprès des Républicains pour pouvoir même sans le statut ecclésiastique écouter et aider la population. Les politiques le manipule pourtant afin de mettre la main sur la relique de Saint Jean cachée par l'église mais dont la vision pour galvaniser les troupes avant l'ultime combat. Cet objet sacré s'opposera donc à celui amoureux et charnel que représente Soledad, le divin et la collectivité contre l'intime. C'est un déchirement qui se jouera jusque dans les dernières minutes du film où les personnages sont poussés dans leurs retranchements. Arturo pétrifié face aux massacres et mauvais traitement sait qu'il est le seul à même d'apaiser les âmes avant la fin, et Soledad voit son amant lui échapper. Là encore le regard désappointé d'Ava Gardner fait merveille, le seul amour qu’elle n’ait jamais ressenti lui étant arraché pour un autre plus spirituel.

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Ce refuge du divin dans le chaos, Johnson le développe bien aussi dans la hargne d'un capitaine (Enrico Maria Salerno) adepte de la torture à retrouver la relique, y voyant tout autant un instrument de manipulation qu'un réel talisman. A l'inverse Vittorio De Sica dans un petit rôle de général incarne tout le pragmatisme, le cynisme et la lucidité des guerres modernes. Visuellement Johnson reconstitue superbement ce village espagnol en ruine à travers les décors impressionnants de Piero Filippone mais aussi la photo de Giuseppe Rotunno (collaborateur régulier de Visconti, Fellini ou Monicelli) qui imprègne l'ensemble d'un climat poétique et oppressant à la fois. Ce romanesque côtoie une vraie cruauté où massacre, torture et exécution sommaire ne nous sont pas épargnées et le personnage de simili Ernest Hemingway joué par Joseph Cotten apporte une certaine hauteur mêlée d'émotion à l'ensemble. Une œuvre intéressante et rare donc. 4,5/6

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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :Ava Gardner avait remplacé l’actrice noire Lena Horne car les histoires d’amours interraciales étaient interdites à l’écran soit un des thèmes centraux du film.

On en parle dans ce podcast justement. Lena Horne aurait pu voir sa carrière cinématographique décoller avec ce film mais la MGM a préféré confier le rôle de cette métisse à Ava Gardner (qui était jusque là amie avec Lena Horne) en lui demandant de chanter comme Lena Horne..

https://www.franceculture.fr/emissions/ ... dhollywood
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Profondo Rosso »

Ca va même plus loin avec l'imbroglio sur la bande-originale du film, j'en parlai dans mon portrait Ava Gardner
Un bel imbroglio aura cours aussi sur la musique, la MGM refusant sans écouter les versions - superbes et écoutables sur internet - chantées par Ava de Can't Help Lovin' Dat Man pour la faire doubler par Annette Warren au timbre nasillard bien éloigné du sien et où disparaît l’accent sudiste du personnage. Même camouflet sur la version album où le studio convoque Lena Horne, inspiration d’Ava pour son chant, qui se retrouve à imiter l’actrice imitant son propre style sur le disque !
Sinon j'avais écouté l'émission ce weekend très intéressant en effet :)
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Supfiction »

Pourquoi ce sex symbole d’après guerre s’est exilée dans une dictature fachiste ?
https://www.arte.tv/fr/videos/073880-000-A/ava-gardner/
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit :Pourquoi ce sex symbole d’après guerre s’est exilée dans une dictature fachiste ?
https://www.arte.tv/fr/videos/073880-000-A/ava-gardner/
Doc diffusé hier sur Arte et toujours en replay. Pas appris grand chose niveau carrière et des amours un peu survolés, mais par contre c'est passionnant sur tout ce qui concerne sa vie en Espagne, sa place dans les relations politiques du pays avec les USA, l'alchimie avec la culture espagnole. Pas mal d'images d'archives sympa aussi !
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Re: Ava Gardner (1922-1990)

Message par Profondo Rosso »

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