Susan Hayward (1917-1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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bogart a écrit :David et Bethsabée de Henry King (1951) DVD zone 2 FOX

Ce film est centré sur l'histoire d'amour entre David et Bethsabée dont la passion charnelle et adultère provoquera le gourou du dieu d'Israël. La réalisation somptueuse ainsi que l'ajout du technicolor le place à côté des autres films parus sur cette période. Je cite : Jules César (1953), Salomé (1953), Alexandre le Grand (1956), Hélène de Troie (1956) ; et enfin Salomon et la reine de Saba (1959)
Susan Hayward apporte à son personnage sa beauté, sa douceur, et sa finesse de jeu face à son partenaire Grégory Peck. L'alchimie fonctionne et, malgré l'absence d'action (si ce n'est la séquence de toute beauté de la mort de Goliath) on se prend au jeu devant cette histoire d'amour dont la rédemption de nos deux pécheurs se fera par la foi.

Quant à l'image elle se révèle propre en dehors de quelques impuretés ici et là mais rien de rédhibitoire. Les couleurs sont chaudes et rendent justice au technicolor.
Content que tu confirmes mon avis positif sur ce film : c'est à peu près ce que j'en disais de souvenir. Je vais donc me le mettre de côté :wink:
En revanche, excepté le Jules César que tu cites, je trouve tous les autres assez médiocres et en tout cas cent coudées au dessous du beau film d'Henry King.
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Profondo Rosso
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

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With a song in a heart de Walter Lang (1952)

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La vie de la chanteuse américaine Jane Froman.

Walter Lang signe là un joli biopic de la chanteuse Jane Froman qui donne l'occasion à Susan Hayward de signer une de ses plus belles prestations. Le film pêche dans un premier temps par une touche conventionnelle qui ne le démarque guère du commun des biopics. On assiste donc à l'irrésistible ascension de la jeune chanteuse et des divers problèmes personnels qui vont découler de cette célébrité naissante tel le mal être de son mari et mentor Don Ross (David Wayne) lui-même musicien en quête de reconnaissance. Il s'en suivra également un assez classique triangle amoureux avec un pilote incarné par Rory Calhoun. Si l'on n'est guère surpris, le film est très agréable à suivre grâce à l'interprétation pleine d'allant du casting qui offre quelques savoureux moments comme la première audition de Jane Froman où se dévoile ce qui la détache des autres artistes formatée et fera son succès, sa sincérité conjuguée à ses talents vocaux. Visuellement c'est un régal pour les yeux avec comme souvent à la Fox une technicolor somptueuse de Leon Shamroy donnant un tour luxueux et chatoyant aux différents environnements mettant surtout en valeur des numéros musicaux de toutes beauté qui forment une sorte d'apogée d'une Jane Froman au sommet de son art.

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On évite l'écueil de la jolie coquille vide avec la deuxième partie plus dramatique. Le film s'ouvrait sur une remise de prix à Jane Froman pour l'étonnant titre d'artiste "la plus courageuse de l'année" avant que (à la manière du Eve de Mankiewicz) on ne la découvre en flashback à travers les souvenirs de convives proche présent. Le tout gagne en intérêt en s'intéressant aux évènements plus singulier et grave associée à Jane Froman avec un terrible crash aérien (alors qu'elle se rendait à Londres donner un concert aux troupes américaines) dont elle survit mais au prix d'une grave blessure à la jambe droite menacée d'être amputée. On a donc une belle leçon de courage avec l'artiste soumise à de multiples interventions chirurgicale qui tente envers et contre tout d'assurer son art. L'émotion peut enfin se faire jour lors de cette belle séquence de retour sur scène où émue (et contrainte d'être assise) elle est triomphalement accueillie par le public. Jane Froman fut saluée par sa contribution à l'effort de guerre où même handicapée elle traversa l'Europe pour réconforter les soldats américains.

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C'est ce qui compose la dernière demi-heure et le meilleur moment du film avec un tourbillon musical et émotionnel où l'héroïne se reconstruit et retrouve confiance tout en apportant une étincelle de bonheur aux blessés. La double rencontre avec un tout jeune Robert Wagner (c'est vraiment le rôle qui le lança apparemment) une première fois en soldat timide et attachant puis plus tard hébété par un choc traumatique est vraiment très belle et naïve. Le final triomphal et jubilatoire où Jane Froman entame les hymnes des différents Etats américains auprès d'un public survolté est des plus galvanisant également. Susan Hayward dégage une belle aisance et est touchante de bout en bout, on notera que les parties vocales sont assurées par la vraie Jane Froman très impliquée dans la production. Thelma Ritter fait également apprécier sa gouaille franche dans un énergique rôle d'infirmière. Après toutes ses péripéties on aura compris et acquiescera au titre d'artiste la plus courageuse lors du retour au présent final où Jane Froman enfin en pleine possession de ses moyens entonne un grandiose With a song in a heart. 4,5/6

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Kimm
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

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THE LOST MOMENT (Martin Gabel, 1947)

Magnifique surprise que ces PAPIERS D'ASPERN, adapté du roman d'Henry JAMES, le film mâtiné de fantastique, baigne dans une lumière où la poésie rivalise avec l'étrangeté...
L'"utlisation" de Susan Hayward rappelle celle d'Ann Harding dans PETER IBBETSON: sa personnalité pragmatique est un heureux contrepoint à l'esprit du film, celui-ci flottant comme dans un rêve...
On pourrait parler d'un double rôle, puisque son personnage est comme happé par un autre...
Les décors, la lumière et le reste de la distribution finissent par emporter l'adhésion totale de ce film méconnu, romantique à souhait, et envoûtant au possible!
merci à la personne qui se reconnaitra pour la gravure :wink: !
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Cathy
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Cathy »

Je veux vivre, I want to live (1958) - Robert Wise

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Evocation de Barbara Graham qui fut exécutée pour l'assassinat d'une riche veuve.

Il est surprenant de voir à quel point Susan Hayward a toujours aimé interpréter des personnages torturés, forts, des femmes d'aujourd'hui, criminelles, alcooliques, junkies... Je veux vivre lui a apporté la récompense suprême à savoir l'Oscar, la prestation de l'actrice est impressionnante dans le dernier quart d'heure, cela doit sans doute aussi à l'intensité de l'exécution qu'on sent imminente et à la manière dont Robert Wise fait monter l'émotion. Il est finalement assez difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux quand on voit la force de conviction de l'actrice dont on ne saura jamais si elle fut vraiment innocente en dépit de ses anciens "crimes", prostituée, droguée, et surtout parjure (qui semble être un crime énorme aux USA) ou coupable. Le film adapte le roman d'un journaliste qui semblait plus convaincu de l'innocence de la jeune femme que de sa culpabilité. Pourtant d'après l'actrice, la jeune femme aurait vraiment été coupable, beaucoup de faits l'accusant. Bref une fois encore tout cela montre un sentiment d'enquête mal faite basée sur les réputations des coupables. Le film prend pourtant le parti de l'innocence de la femme, d'ailleurs on nous montre l'alibi de celle-ci seule avec son mari en prise à une crise de manque, et son bébé, on ne voit rien du crime... Hayward campe donc une femme vulgaire à souhait, qui vit entre le désir d'en finir au plus vite et l'espoir de rester en vie pour son fils. Le film est plutôt classique dans sa mise en scène, mais il montre clairement l'horreur de la chambre à gaz, des pillules de cyanure et des fumées meurtrières, et ces journalistes voyeurs qui se pressent pour voir l'agonie d'une femme finalement montrée très digne dans ses dernières heures et qui semble susciter des sentiments de sympathie à ses gardiennes de prison. Film intéressant, mais la musique jazz est exaspérante replaçant bien le fim dans son époque.

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Une femme en enfer, I'll cry tomorrow (1955) - Daniel Mann

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La vie de Lilian Roth, et sa descente dans l'enfer de l'alcool.

Trois ans avant Je veux vivre, Susan Hayward tournera une autre adaptation liée à la vie d'une de ses contemporaines. Ici le film débute comme un mélodrame classique avec l'évocation de cette petite fille dont la mère veut absolument en faire une vedette. Elle semble amoureuse d'un garçonnet de son âge qu'elle retrouvera plus tard, et dont la mort fera sombrer l'actrice en voie de reconnaissance dans l'alcoolisme. Il est d'ailleurs assez surprenant de constater que c'est l'infirmière chargée de l'accompagner qui lui propose ce remontant. L'alcoolisme a toujours été un sujet qui a inspiré les réalisateurs de Billy Wilder avec son célèbre Poison à Blake Edwards avec son déplaisant "le jour du vin et des roses". Le film montre donc l'addiction progressive de cette jeune femme à l'alcool, au départ le remontant qui permet d'affronter la dureté de la vie, puis l'alcool festif qui grise, qui fait plaisir. Enfin l'alcool addictif et la descente dans l'enfer de la prostitution, des bouges. On y voit aussi cet alcoolisme "mondain" lié au milieu du spectacle et ces rencontres qui font basculer la vie. On notera au passage le côté "hypocrite" de l'application du code lors de la première nuit entre le militaire et la vedette, celle-ci se découvre sur un lit dans une chambre, sur un autre lit on voit l'homme et naturellement on apprend qu'ils se sont mariés dans leur ivresse respective. Il y a aussi ce mari violent et alcoolique joué par un Richard Conte profondément cynique et antipathique et cet ancien alcoolique qui permettra à la vedette de se sortir de l'enfer de la boisson. Certes le film est profondément démonstratif, mais Susan Hayward fait un numéro assez exceptionnel en femme sombrant dans l'alcoolisme, et puis les deux trois chansons sont typiques de cette époque mais assez sympathiques. Un sombre mélodrame mais finalement passionnant !

Maintenant je ne suis toujours pas fan de l'actrice, même si c'est évident qu'elle a choisi la difficulté dans les rôles qu'elle a interprétés !
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Cathy
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Cathy »

The Lost Moment (1947) - Martin Gabel

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Un éditeur veut récupérer les lettres d'amour d'un poète renommé à sa dulcinée centenaire et gardée par sa nièce.

Martin Gabel adapte ici un roman d'Henry James, The Aspern papers, et nous plonge dans une atmosphère à la fois réelle et fantastique. Nous sommes dans une Venise de Studio, nocturne, juste vu dans un palais où vit une vieille dame dont on ne voit quasiment jamais le visage. On se demande d'ailleurs si on le verra, vu qu'on ne la voit pas dans sa première apparition, hormis le dos de son fauteuil, et dans la seconde, elle met du temps à apparaître, on verra surtout sa main et on entenda surtout sa voix. Il y a cette part de fantastique avec une ambiance étouffante où vivent toutes ces femmes et où cet homme va semer le trouble, que ce soit auprès de la jeune domestique, de la nièce même si cela se fait très progressivement et naturellement de la fameuse Juliana, centre de toute l'intrigue. Il y a aussi ces passages où Tina se métamorphose, et on se demande quelle est la part de réel et d'irréel. Robert Cummings prête ses traits à cet écrivain/éditeur qui va finir par oublier ses noirs desseins, fasciné par toutes ces femmes, Susan Hayward montre ici qu'elle aurait pu être une superbe héroïne romantique et Agnès Moorehead, totalement méconnaissable et incroyable en vieille dame. Le film est toutefois un peu languissant, est-ce du à Henry James, au réalisateur ? ou alors au fait qu'on ne sache jamais si on est dans un film "fantastique", la part de l'onirisme étant très forte.
Dernière modification par Cathy le 18 juin 15, 13:12, modifié 1 fois.
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Profondo Rosso »

The Lost Moment de Martin Gabel (1947)

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Un éditeur, prêt à tout pour mettre la main sur des papiers personnels inédits du grand poète romantique Jeffrey Asheton, s'introduit comme locataire chez Juliana Bordereau, qui fut soixante ans plus tôt la muse et l'amante de l'écrivain. La vieille dame, qui vit recluse avec sa nièce, Tina.

Au croisement du mélodrame gothique et du thriller psychanalytique, The Lost Moment est une œuvre des plus envoutante. Le film es adapté de la nouvelle d'Henry James Les Papiers d'Aspern qui lui fut inspiré par une anecdote sur un admirateur de Percy Shelley qui tenta par tous les moyens après sa mort de mettre la main sur la correspondance qu'il avait abandonné. La Nouvelle et le film donc partent du même argument avec ici l'éditeur Louis Venables (Robert Cummings) souhaitant acquérir les lettres d'amours du poète mystérieusement disparu Jeffrey Asheton. Econduit à chacune de ses demandes, il va se faire passer pour un écrivain et investir la villa vénitienne où vit Juliana Bordereau ( Agnes Moorehead), vieille femme sénile et en possession des fameuses lettres vivant avec sa nièce Tina (Susan Hayward).

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Dès lors il s'instaure une atmosphère des plus mystérieuses dans cette étrange demeure où la présence de l'intrus réveille toutes les passions et secrets enfouis depuis longtemps. Martin Gabel prend son temps pour poser son ambiance, entre exploration des moindres recoins du fascinant décor qu'est scène maison dans une Venise abstraite, révélations nébuleuses qui ne prendront leur sens que plus tard et personnages ambigus. Susan Hayward, chignon sévère, robe noire stricte et gestuelle rigide est assez fascinante de froideur tandis qu'Agnes Moorehead est méconnaissable sous les tonnes de maquillages de cette femme hors d'âge qui a vécu bien trop longtemps. Toutes deux entretiennent un lien aux lettres tant voulues qu'on devine par leur hostilité à l'étranger (Susan Hayward) ou au contraire leur bienveillance (Agnes Moorehead) sans que l'on sache encore pourquoi.

L'enjeu du film est finalement de se soustraire au passé pour embrasser le présent, la vie ou la mort trop retardée. Robert Cummings nous apparait ainsi immédiatement comme un exalté obnubilé par sa quête dont les retombées financières lui importe peu, seul lui importe d'enfin pouvoir lire les lettres quelle qu'en soit les conséquences. Quant à Agnes Moorhead, il est carrément suggéré que sa vie est raccrochée à la demeure et aux lettres dont la possession et les sentiments qu'elle y fonde ont anormalement prolongé sa vie (très belle première apparition très littéraire où sa vieillesse immense est uniquement suggérée par le regard de Cummings et sa voix off abasourdi par son usure). C'est cependant Susan Hayward qui apporte toute son étrangeté et son émotion au film dans un déroutant double rôle.

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Eteinte et distante le jour dans le monde des vivants, elle s'anime la nuit venue en endossant la personnalité de sa tante des décennies plus tôt folle d'amour pour le poète Jeffrey Asheton. Martin Gabel introduit brillamment cette découverte lors d'une mémorable séquence où Cummings voit enfin chaleur et lumière dans l'oppressante demeure en suivant les notes de pianos qui vont amener à sa "première" rencontre avec Susan Hayward. Celle-ci offre une prestation schizophrène mémorable : terre à terre et éthérée, glaciale et ardente, morte et vivante. On est autant dans le drame psychanalytique que le pur fantastique (le changement de personnalité se faisant par la possession d'un objet) mais la finalité est purement romantique.

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Pour s'aimer pleinement, les héros devront se détacher de se passé et s'aimer dans la même temporalité. Gabel sépare clairement les deux entre la tonalité onirique des scènes du passé (superbe envolée lors de la danse) et la noirceur du présent avant d'entretenir le flou à nouveau symbolisé par Susan Hayward s'illuminant enfin parmi les vivant dans une très belle séquence romantique où elle abandonne enfin ses tenues austères. Le mystère s'éclaircit (un peu) mais le charme est maintenu lors de la conclusion flamboyante dans la plus pure tradition du genre. Vraiment une belle découverte, d'autant qu'il semble bien que ce soit la seule réalisation de Martin Gabel surtout acteur. 5/6

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Jeremy Fox
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Jeremy Fox »

Par contre la copie : au secours !
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Lord Henry »

Avant d'entendre parler du réalisateur, les habitués de Youtube ont probablement découvert Martin Gabel comme invité permanent du célèbre jeu télévisé What's My Line?:

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Profondo Rosso
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Profondo Rosso »

Jeremy Fox a écrit :Par contre la copie : au secours !
Clair pas terrible même si ça reste regardable, édition dvd espagnole seul moyen de voir le film. Par contre en cherchant une bande annonce pour mon blog je tombe sur ça, le film en entier sur youtube VOSTA et dans une copie nickel c'est le bon plan pour le voir là.


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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par bogardofan »

Mais pourquoi ne parle t'on presque jamais de cette artiste ? Dans les livres français sur les années 50, on l'ignore toujours, et aussi dans les dicos, où son nom n'est jamais évoqué...

Quand on évoque les rousses hollywoodiennes des années 50 on parle toujours de Rita Hayworth et jamais d'elle (leur nom est assez similiaire, c'est vrai, et les gens sont tentés de les confondre). Elle a peut-être le handicap d'une filmographie un peu obscure... Mais elle en vaut d'autres, et même sa vie, fertile en malheurs, en tribulations pourrait attirer des romanciers ou des auteurs sensibles....

Peut-être aussi est elle trop liée au mélo flamboyant. Mais dans ce registre elle surclasse pour moi Lana Turner, qui me laisse froide, malgré sa très grande beauté. Susan avait une chaleur que n'avait pas Turner, et un côté populaire aussi, qui transparait même quand elle joue une belle du Sud.

Une autre actrice de cette époque (ou plutôt de la decennie précédente) mériterait plus que sa place actuelle parmis les actrices hollywoodiennes : Margaret Sullavan. Elle, elle était plus sobre que Susan Hayward, un peu excessive parfois... Ce qu'elle a fait avec Borzage !

J'adore Tavernier mais je ne partage pas son jugement sévère sur Susan Hayward. C'est le seul point où je ne le suis pas...
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Supfiction
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THE LOST MOMENT (1947)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :The Lost Moment de Martin Gabel (1947)

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Un éditeur, prêt à tout pour mettre la main sur des papiers personnels inédits du grand poète romantique Jeffrey Asheton, s'introduit comme locataire chez Juliana Bordereau, qui fut soixante ans plus tôt la muse et l'amante de l'écrivain. La vieille dame, qui vit recluse avec sa nièce, Tina.

Au croisement du mélodrame gothique et du thriller psychanalytique, The Lost Moment est une œuvre des plus envoutante. Le film es adapté de la nouvelle d'Henry James Les Papiers d'Aspern qui lui fut inspiré par une anecdote sur un admirateur de Percy Shelley qui tenta par tous les moyens après sa mort de mettre la main sur la correspondance qu'il avait abandonné. La Nouvelle et le film donc partent du même argument avec ici l'éditeur Louis Venables (Robert Cummings) souhaitant acquérir les lettres d'amours du poète mystérieusement disparu Jeffrey Asheton. Econduit à chacune de ses demandes, il va se faire passer pour un écrivain et investir la villa vénitienne où vit Juliana Bordereau ( Agnes Moorehead), vieille femme sénile et en possession des fameuses lettres vivant avec sa nièce Tina (Susan Hayward).

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Dès lors il s'instaure une atmosphère des plus mystérieuses dans cette étrange demeure où la présence de l'intrus réveille toutes les passions et secrets enfouis depuis longtemps. Martin Gabel prend son temps pour poser son ambiance, entre exploration des moindres recoins du fascinant décor qu'est scène maison dans une Venise abstraite, révélations nébuleuses qui ne prendront leur sens que plus tard et personnages ambigus. Susan Hayward, chignon sévère, robe noire stricte et gestuelle rigide est assez fascinante de froideur tandis qu'Agnes Moorehead est méconnaissable sous les tonnes de maquillages de cette femme hors d'âge qui a vécu bien trop longtemps. Toutes deux entretiennent un lien aux lettres tant voulues qu'on devine par leur hostilité à l'étranger (Susan Hayward) ou au contraire leur bienveillance (Agnes Moorehead) sans que l'on sache encore pourquoi.

L'enjeu du film est finalement de se soustraire au passé pour embrasser le présent, la vie ou la mort trop retardée. Robert Cummings nous apparait ainsi immédiatement comme un exalté obnubilé par sa quête dont les retombées financières lui importe peu, seul lui importe d'enfin pouvoir lire les lettres quelle qu'en soit les conséquences. Quant à Agnes Moorhead, il est carrément suggéré que sa vie est raccrochée à la demeure et aux lettres dont la possession et les sentiments qu'elle y fonde ont anormalement prolongé sa vie (très belle première apparition très littéraire où sa vieillesse immense est uniquement suggérée par le regard de Cummings et sa voix off abasourdi par son usure). C'est cependant Susan Hayward qui apporte toute son étrangeté et son émotion au film dans un déroutant double rôle.

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Eteinte et distante le jour dans le monde des vivants, elle s'anime la nuit venue en endossant la personnalité de sa tante des décennies plus tôt folle d'amour pour le poète Jeffrey Asheton. Martin Gabel introduit brillamment cette découverte lors d'une mémorable séquence où Cummings voit enfin chaleur et lumière dans l'oppressante demeure en suivant les notes de pianos qui vont amener à sa "première" rencontre avec Susan Hayward. Celle-ci offre une prestation schizophrène mémorable : terre à terre et éthérée, glaciale et ardente, morte et vivante. On est autant dans le drame psychanalytique que le pur fantastique (le changement de personnalité se faisant par la possession d'un objet) mais la finalité est purement romantique.

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Pour s'aimer pleinement, les héros devront se détacher de se passé et s'aimer dans la même temporalité. Gabel sépare clairement les deux entre la tonalité onirique des scènes du passé (superbe envolée lors de la danse) et la noirceur du présent avant d'entretenir le flou à nouveau symbolisé par Susan Hayward s'illuminant enfin parmi les vivant dans une très belle séquence romantique où elle abandonne enfin ses tenues austères. Le mystère s'éclaircit (un peu) mais le charme est maintenu lors de la conclusion flamboyante dans la plus pure tradition du genre. Vraiment une belle découverte, d'autant qu'il semble bien que ce soit la seule réalisation de Martin Gabel surtout acteur. 5/6
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Enfin découvert ce film qui est l'une des rares tentatives réussies d'adaptation d'une nouvelle d'Henry James intitulée THE ASPERN PAPERS avec L'héritière (1949). Malheureusement dans une copie dont l'état porte quelque-peu préjudice à sa vision et sans sous-titres (découvert trop tard, à l'instant, le lien de Profondo).

Néanmoins le plaisir de voir Susan Hayward dans un beau rôle romantique (et morbide) suffit à mon bonheur. :oops:
Elle est véritablement renversante lorsqu'elle apparait enfin sous les traits de Juliana et lorsque l'amour la submerge on pense à une princesse réveillé par le prince charmant. Peu d'actrice ont su créer un telle impression ; je pense notamment à Joan Fontaine chez Ophüls.
En voyant ce film, je me suis dit à plusieurs reprises que Robert Cummings ressemblait à Dana Andrews jusqu'à ce que je réalise qu'en fait c'était peut-être bien le film lui-même qui me faisait penser à Dana Andrews... et surtout à Laura, le film de Preminger dont il reprend la thématique morbide et le culte romantique. A propos de ce film on fait souvent référence à Peter Ibbetson, mais personnellement j'évoquerai plutôt Laura donc et peut-être tout autant Rebecca et.. Psychose, l'horreur en moins.
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Supfiction »

Découvert par hasard en cherchant des infos sur le BR Samson et Dalila qu'un BR des gladiateurs de Delmer Daves était sorti (pas en France cependant). Je n'ai jamais vu le film.
Le test technique est plutôt très moyen, dommage. Si Susan Hayward n'est pas à la fête en HD, ce n'est visiblement pas le cas d'Hedy Lammar..
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par francesco »

Quoiqu'il en soit c'est un excellent peplum et la Messaline de Susan Hayward (très différente de l'image de poupée pour film porno qu'une certaine historiographie véhicule) est idéale.
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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Supfiction »

Déjà dispo. Mais pas de BR.

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Re: Susan Hayward (1917-1975)

Message par Jeremy Fox »

The Lost Moment de Martin Gabel par Philippe Paul. Le film est sorti en DVD chez Sidonis.
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