Délivrance (John Boorman - 1972)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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angel with dirty face
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par angel with dirty face »

Wall of Voodoo Fan a écrit :
angel with dirty face a écrit :Juste une question sur la nouvelle version en zone 1 parce que j'ai revu le boîtier mais il n'y a aucune indication pour les sous-titres en français, et je ne sais plus qui, m'a dit le contraire?

Je parle de cette version :
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Si l'un de vous pouvait me confirmer que sur le boîtier il y a bien une erreur...
Sur les captures d'écran de Dvdbeaver, des sous-titres français sont indiqués en option :

http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReview ... erance.htm
Merci beaucoup, t'es un Chef!
:wink:
Rupert Pupkin
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par Rupert Pupkin »

nobody smith a écrit :Découvert hier soir et pour moi, il n’y a pas l’ombre d’un doute : c’est un chef d’œuvre. Pourtant, j’aurais pu être sacrément déçu puisque comme dit au début du topic, la réputation du film est conditionnée par LA scène qui laisse entendre une œuvre multipliant les passages d’horreur glauque. Or le film reste finalement très tranquille jusqu’à la dite séquence et s'avère assez sobre par la suite. Cela n’enlève toutefois pas la puissance de l’œuvre traitant de manière pertinente des méfaits de la nature humaine au sein d’une nature qu’il ne cesse de souiller. La haute qualité de l’interprétation et la mise en scène d’une rudesse implacable (le tournage n’a pas du être de tout repos) finissent de complètement me convaincre :D
tiens j'aimerais en savoir plus sur "la scène" en raison d'une controverse lancée par Burt Reynolds qui avait trouvé que la scène de Ned Beatty avait été trop loin selon lui...
Burt s'était étripé à ce sujet avec Boorman... des techniciens détournaient les yeux...
Spoiler (cliquez pour afficher)
En gros d'après ce que j'avais lu, la réplique "piggy piggy" (porcinet, enfin je ne sais plus exactement) était par exemple improvisée par les acteurs qui ont - comment dire- se sont donnés sans limites dans cette scène...
Alors j'aurais aimé savoir si c'était une rumeur de tournage, si Boorman s'est expliqué là dessus et si les acteurs étaient des professionnels (je pense que non, mais bon)...
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Watkinssien
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par Watkinssien »

Rupert Pupkin a écrit : [Alors j'aurais aimé savoir si c'était une rumeur de tournage, si Boorman s'est expliqué là dessus et si les acteurs étaient des professionnels (je pense que non, mais bon)...
Les acteurs, tu veux dire ceux qui jouent le rôle des ruraux ?
Si c'est eux, bien entendu que c'étaient des professionnels ! :wink:
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angel with dirty face
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par angel with dirty face »

Watkinssien a écrit :
Rupert Pupkin a écrit : [Alors j'aurais aimé savoir si c'était une rumeur de tournage, si Boorman s'est expliqué là dessus et si les acteurs étaient des professionnels (je pense que non, mais bon)...
Les acteurs, tu veux dire ceux qui jouent le rôle des ruraux ?
Si c'est eux, bien entendu que c'étaient des professionnels ! :wink:
Sinon pauvre Ned Beatty...
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odelay
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par odelay »

JE confirme pour avoir vu les docu, c'était des professionnels (sauf le gamin de Duelling banjos bien sur). UN des mecs est d'ailleurs intérrogé dans le docu de Bouzereau.
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Watkinssien
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par Watkinssien »

odelay a écrit :JE confirme pour avoir vu les docu, c'était des professionnels (sauf le gamin de Duelling banjos bien sur). UN des mecs est d'ailleurs intérrogé dans le docu de Bouzereau.
Pas besoin que TU confirmes, surtout quand on a vu ses acteurs dans d'autres films ou téléfilms plus anciens que celui de Boorman ! :uhuh:

Je taquine ! :mrgreen:
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Rupert Pupkin
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Re: Délivrance (John Boorman)

Message par Rupert Pupkin »

Watkinssien a écrit :
Rupert Pupkin a écrit : [Alors j'aurais aimé savoir si c'était une rumeur de tournage, si Boorman s'est expliqué là dessus et si les acteurs étaient des professionnels (je pense que non, mais bon)...
Les acteurs, tu veux dire ceux qui jouent le rôle des ruraux ?
Si c'est eux, bien entendu que c'étaient des professionnels ! :wink:
pas vraiment des modèles au sens bressionnien :mrgreen: , mais je me demandais si pour certains c'était leur premier film : celui par exemple avec les dents du bonheur...
le gosse (enfin il a pas l'air d'un gosse) au banjo "joue" super bien et m'avait foutu les jetons alors qu'il ne s'était rien passé... c'est ma scène préférée avec celle du maïs... ça fait un peu rencontre du 3ème type quand le juriste s'accorde au banjo du gosse et joue 1 note puis 3 comme on jouait au simon quand on était petit. C'est une scène assez étrange parce que le juriste se met "in tune" avec le gosse, et lorsqu'il gratte quelques accords on a l'impression de le voir vérifier si le gosse peut exécuter un numéro de mimétisme. La musique comme langage universel en prend un coup, car le regard du gosse est très étrange et laisse place à plusieurs interprétations, et avec la discussion et foutage de gueule au sujet de la bagnole, la location (je sais plus très bien), vous avez d'ailleurs appelé cela un duel de banjo (lui ne joue pas de la guitare folk ?); et ça laisse plutôt l'impression étrange que c'est tout sauf un jam entre amateurs de musique...

Et surtout j'aimerais bien savoir si d'autres ont eu échos de ces commentaires de Burt Reynolds sur la scène de piggy piggy...

Enfin pour Ned Beatty, ma remarque ne le concernait pas œuf course.. Mais bon sa prestation va bien au delà de cette simple scène et de la prise de risque en tant qu'acteur pour sa carrière par la suite d'avoir ce genre de scène. Même le Colonel Trautman - alias Richard Crenna a tourné une scène dans le même genre (j'ai d'ailleurs été doublement traumatisé, car ce film était passé quelques jours après Déliverance, et pour moi, il ne pouvait rien arriver au Colonel Trautman... :mrgreen: )
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Demi-Lune
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Re: Délivrance (John Boorman, 1972)

Message par Demi-Lune »

Un choc ! Même si je connaissais les critiques élogieuses, je ne m'attendais pas à être autant impressionné par ce qui s'impose, selon moi, comme une oeuvre majeure du Nouvel Hollywood. Dans cette éprouvante fable, presque philosophique, John Boorman confronte l'Homme civilisé à une Nature qu'il pense sans mal dominer. Boorman met d'ailleurs cela en place dès les premières scènes, lorsque les quatre citadins débarquent dans le minuscule patelin : en se gaussant des autochtones pas assez civilisés à leurs yeux, ils se posent de fait comme des adversaires de ces gens, et par extension, de la forêt. La célèbre scène du duel de banjos, qui devient sous la caméra du réalisateur un moment particulièrement oppressant, cristallise ce bras-de-fer sourd entre le monde urbain et le monde profondément rural (et l'espèce de rictus de cet inquiétant gamin n'en devient que plus prophétique). En voulant remonter une rivière qui, bientôt, n'existera plus, noyée en un lac du fait de travaux industriels pour un barrage, les quatre amis du film prennent symboliquement possession d'une Nature qui, d'abord paisible et magnifique (magnifique photographie du grand Vilmos Zsigmond et bande sonore faite de bruitages naturels remarquable), se révèle en fait violemment hostile. Ce qui ne devait être qu'une paisible sortie sportive et conviviale va finalement devenir un voyage au bout de l'enfer. La Nature, violée et souillée par l'Homme, lui fera subir en retour le même châtiment, dans la scène que tout le monde connaît et qui, plus de trente cinq ans plus tard, demeure un moment très éprouvant et malsain. L'Homme urbain et civilisé ne devra sa survie au sein de cet environnement cauchemardesque qu'à la résurgence de ses instincts primitifs profondément enfouis. Il devra, pour ce faire, abandonner toute notion éthique (le personnage de Ronny Cox, qui ne l'accepte pas, est d'ailleurs celui qui mourra dans les abîmes du torrent), et régresser à un état de sauvagerie comparable à celui des impitoyables rednecks. Et, ironiquement, cet Homme n'est pas l'aventurier assez antipathique campé par Burt Reynolds (qui, pitoyable, se casse la jambe à mi-parcours), mais le paisible père de famille incarné par Jon Voight, sorte de modèle de l'Américain moyen, qui poussé dans ses retranchements, se révèlera une sorte de surhomme, bravant la Nature et triomphant d'elle. L'expérience traumatique des survivants (qui permet de lire également Délivrance comme une parabole sur la guerre dans la jungle du Vietnam) rend le dernier acte du film, retour à une civilisation que l'on ne voit plus du même oeil, particulièrement puissant (j'ai souvent pensé à Cimino). D'ailleurs, la déchirure intérieure des personnages, qui hantés par ces évènements, ne vivront plus jamais de la même façon, n'aurait peut-être pas été aussi émouvante si Boorman avait engagé de grandes stars (il voulait Lee Marvin et Marlon Brando) ; il y a un processus d'identification aux personnages qui renforce considérablement l'impact du film. Et le casting de "gueules" pour les montagnards annonce presque le JJ Annaud du Nom de la Rose.
Bref, Délivrance, superbement filmé, est une oeuvre fondamentale, renversante... un pur chef-d'oeuvre.
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Wagner
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Re: Délivrance (John Boorman, 1972)

Message par Wagner »

Le propos du film est-il si clair? En quoi défier les autochtones revient à défier la nature? Pourquoi les primitifs pourraient-ils être assimilés aux arbres? A quel moment les intentions de la nature prise pour elle même se feraient-elles voir dans le film?

Je trouve que si le film peut susciter l'intérêt, c'est davantage par les questions qu'il soulève que les réponses qu'il donne.
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julien
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Re: Délivrance (John Boorman, 1972)

Message par julien »

Demi-Lune a écrit :Et le casting de "gueules" pour les montagnards annonce presque le JJ Annaud du Nom de la Rose.
On peut aussi penser à la galerie de sales gueules qu'il y a dans The Texas Chainsaw Massacre.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Demi-Lune
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Re: Délivrance (John Boorman, 1972)

Message par Demi-Lune »

Wagner a écrit :Le propos du film est-il si clair? En quoi défier les autochtones revient à défier la nature?
Le film se prête à diverses analyses, et je n'expose que mon point de vue. :wink: Par exemple, il suffit de voir comment Boorman filme l'arrivée des montagnards qui vont violer Ned Beatty pour se convaincre que cela forme un tout : on ne parvient pas, d'abord, à les distinguer, ils se fondent dans la forêt, ce sont presque des spectres (il y a, selon moi, une dimension fantastique assez présente dans le film) ; ce n'est que progressivement que nous (et les deux personnages qui vont passer un sale quart d'heure) les voyons. Je crois que c'est là une idée visuelle assez forte soulignant l'appartenance littérale des autochtones à la forêt. Ils font plus qu'y vivre : ils en font partie intégrante. Je crois donc qu'on peut tout à fait associer montagnards et Nature dans la même perspective. Par conséquent, on peut lire les sévices qu'ils vont infliger comme quelque chose de purement gratuit, comme une punition horrible pour l'attitude hautaine et moqueuse des quatre amis lors de leur arrivée, ou selon une interprétation plus symbolique, comme une manifestation vengeresse de la Nature violée et défigurée par l'homme (se souvenir du grand projet de barrage, nerf scénaristique du film). Mais, je le répète, ce n'est que mon interprétation de la chose.
julien a écrit :On peut aussi penser à la galerie de sales gueules qu'il y a dans The Texas Chainsaw Massacre.
Oui, et d'ailleurs, les deux films ne sont pas sans partager quelques points communs.
O'Malley
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Re: Delivrance (John Boorman - 1972)

Message par O'Malley »

J'ai juste jeté un coup d'oeil au générique lors de la diffusion hier soir et j'ai été surpris de découvrir une police de banc-titres différente (en majuscule) par rapport à la copie de la première édition dvd sortie en 1999 (en minuscule). Quelqu'un sait-il pourquoi il existe deux banc-titres différents pour un même film et lequel est celui d'origine? Je tends à penser que c'est celui vu hier soir (tiré de la copie du BR) car il réintègre aussi le logo Warner Communication d'origine.
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Alphonse Tram
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Deliverance Délivrance (John Boorman 1972)

Message par Alphonse Tram »

This is the weekend they didn't play golf.
Réunion des acteurs à l'occasion d'une projection 40e anniversaire à LA :

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Chapeau, messieurs.

Et pour l'entretien, ça se passe par là : http://sunsetgun.typepad.com/sunsetgun/ ... e-rea.html
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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Alexandre Angel
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Re: Délivrance (John Boorman - 1972)

Message par Alexandre Angel »

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Attention : spoilers éventuels
Délivrance (John Boorman, 1972) et Voyage au bout de l'Enfer (Michael Cimino, 1979) sont deux films dont il m'avait jadis sauté aux yeux qu'ils avaient des points communs remarquables et entêtants. Avant tout, la direction de la photo, confié au grand Vilmos Zsigmond, qui dans les deux cas magnifie des plans de nature, de préférence montagnarde, zébrée de routes sinueuses qu'arpentent des automobiles sous un soleil voilé. Dans un cas comme dans l'autre, cette photo restituera la rivière dans le lyrisme (Robert de Niro surplombant un torrent immaculé, les quatre kayakistes qui négocient avec exaltation leurs premiers rapides) avant de lui conférer l'éclat glauque du Styx (la débandade aquatique désespérée des kayakistes d'un côté, celle des survivants du camp Viêt-Cong de l'autre). Voilà déjà un point commun esthétique. D'autres, plus thématiques, surviennent. Les deux films empruntent la structure commune de l'avant et de l'après traumatisme : Délivrance s'articule autour d'un viol (et d'un meurtre) central, Voyage pivote, lui, autour du segment guerrier vietnamien, hyper-brutal, et assez court dans l'absolu. The Deer Hunter a pour héros un individualiste, Michael, interprété par De Niro, qui entraîne les autres à le suivre, décidant pour eux, leur imposant son propre cheminement initiatique, quitte à les rudoyer (John Cazale). Il entretient du reste une relation privilégiée avec l'un d'entre eux (Christopher Walken). Plus superficiellement dans Deliverance mais néanmoins comme en vis-à-vis, ce rôle échoit à Lewis, qu'interprète Burt Reynolds, qui est l'initiateur de la virée, pétri de théories rousseauistes, à la fois homme d'action et d'intellect, charismatique. Sa tête de turc à lui, c'est Ned Beatty, et sa relation privilégiée, il l'accorde à Jon Voigt . Dans les deux films, la relation altière à la nature et à la mort est remise en question dès lors que la théorie fait place nette à la pratique. Ils sont bien beaux dans Délivrance le retour à la nature et les charmes ancestraux de la chasse mais lorsqu'il faut ôter la vie à un daim que l'on tient en joue le bras crispé sur la corde de l'arc, il se pourrait qu'il n'y ait plus personne. De même que le rituel de la chasse du Voyage et son mythe de la balle unique devient celui du dégout une fois que l'horreur de la roulette russe est passée par là. Et dans les deux cas, le daim aura la vie sauve. Les deux œuvres décrivent chacune une situation de guerre. Celle du Voyage est évidente car elle est dictée par l'Histoire mais Delivrance ne raconte pas autre chose puisqu'il s'agit de survivre en milieu hostile, avec un ennemi cruel, malfaisant et embusqué. Une guerre de poche, certes, mais une guerre néanmoins. Et la nature, suprêmement indifférente à la souffrance des hommes, devient même leur calvaire dès lors qu'il est question de survie. Dans Deliverance comme dans The Deer Hunter, on nous fait bien sentir l'expérience physique de la guerre via l'élément aquatique. L'évasion du camp Viêt-Cong laisse dériver des êtres au bout du rouleau dont un se fracassera une jambe sur un rocher au point que l'on voit l'os ressortir. Dans Délivrance, la débandade fluviale verra Burt Reynolds se fracasser la sienne sur un autre rocher et nous faire entrevoir une blessure horrible. Dans ces moments-là, les deux films nous montrent des gens lessivés de fatigue, de souffrance et de froid humide.
Aux fureurs du trauma succède dans les deux cas un apaisement triste, dépressif, une ambiance ouatée d'hôpital ou de recueillement communautaire. On y retient pas ses larmes : qu'il s'agisse de Christopher Walken, qui s'effondre devant un médecin militaire ou de Jon Voigt, qui sanglote au milieu d'une tablée conviviale. Sur les deux films s'opère un douloureux retour à la civilisation et d'un côté comme de l'autre, plus rien ne sera jamais comme avant.
Alors pourquoi de tels points communs ? Peut-être parce que ces deux fictions replacent, chacune à leur manière, ce qu'il reste de l'être humain (c'est à dire une petite chose toute de détresse) une fois que ses idéaux hemingwayiens et rousseauistes ont été balayés par l'impensable.
L'Epouvantail, de Jerry Schatzberg (1973), de façon plus périphérique, pourrait rejoindre cette petite famille car on y trouve également un trauma central ainsi que l'atomisation bouleversante de l'idéal qui consiste à "faire rigoler les corbeaux" pour mieux désamorcer leur hostilité.
Encore un film dont la photo est de Vilmos Zsigmond. Décidément..
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Outerlimits
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Re: Délivrance (John Boorman - 1972)

Message par Outerlimits »

Superbe film dont je me demande toujours comment ils ont fait le trucage du bras cassé de Ronny Cox... :?: :?:
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