Le Western italien

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hellrick
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QUAND JE TIRE C’EST POUR TUER

Tourné à la fin de l’âge d’or du western italien, avant que celui-ci ne verse inexorablement dans la comédie grasse, QUAND JE TIRE C’EST POUR TUER semble inspiré par LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND et en reprend les grandes lignes narratives. L’intrigue ne joue donc pas l’originalité mais exploite (parfois adroitement, parfois de manière plus laborieuse) une histoire classique, celle de la « carte au trésor » divisée entre trois antagonistes qui vont mettre leurs différents de côté afin de récupérer un immense magot.

Ici, trois hommes recherchent les cent mille pesos qui constitue le trésor de Santa Ana perdu après la bataille du Fort Alamo. Nous avons donc Garrincha, le général Munguya et Murienda, ce-dernier étant promptement abattu. Nos trois bonhommes possèdent chacun une carte à jouer sur laquelle se trouve inscrit les indications permettant de trouver le magot. Après la mort de Murienda, sa carte échoue entre les mains d’un gringo, Billy Blunt, qui débarque au nord du Mexique. Il va tenter de faire cause commune avec Garrincha et Munguya pour s’emparer de l’argent mais, bien sûr, les lascars vont joyeusement se tirer dans les pattes pour éviter de partager le pactole.

Adriano Bolzoni, scénariste appliqué du cinoche populaire, a participé à quelques « spaghetti » intéressants comme LE JUSTICIER DU MINNESOTA (une des oeuvres fondatrices du western à l’italienne), RINGO AU PISTOLET D’OR, le diptyque PECOS ou l’excellent REQUIESCANT. Par la suite il participa à la décadence du genre (avec DEPECHE TOI SARTANA MON NOM EST TRINITA et sa suite ALLELUIA ET SARTANA, FILS DE…) avant de signer de nombreux thrillers et autres giallos. Malheureusement, Bolzoni se montre ici quelque peu paresseux et son récit, prévisible, peine à passionner tant les péripéties s’avèrent attendues surtout lorsqu’on le visionne aujourd’hui après s’être enquillé des dizaines de productions (souvent bien plus mauvaises d’ailleurs) basées sur des prémices identiques. De plus, en dépit d’une durée réduite, le long-métrage parait longuet et manque de rythme, ce qu’accentue un budget assez pauvre et un tournage dans des décors pas toujours très crédibles (les carrières italiennes constituent, en effet, un piètre substitut aux paysages espagnols nettement plus photogéniques).

La mise en scène est, de son côté, assurée par Guiseppe Vari (sous son pseudonyme habituel de Joseph Warren), cinéaste ayant toujours œuvré dans le cinéma populaire, passant de l’étonnant péplum horrifique ROME CONTRE ROME à une poignée de westerns puis à un sympathique EMMANUELLE ET LES COLLEGIENNES avant de terminer sa carrière par un post-nuke (URBAN WARRIORS) tourné en 1987. Nous sommes ici dans la bonne moyenne, le travail correct mais sans génie, typique du style italien et rehaussé par une partition très réussie. Dès le générique, où l’on voit le héros cavaler dans des paysages désertiques au son de cette musique mélancolique (on peut y déceler une certaine inspiration progressive), le film marque des points, preuve que, dans le spagh’, une bande sonore mémorable est essentielle à la réussite, fut-elle mineure.

Au niveau des acteurs, pas de mauvaises surprises même si nous ne retrouvons pas de véritables stars du genre. Le Yougoslave Dragomir 'Gidra' Bojanic tient le rôle principal et se montre plutôt convaincant dans son rôle de pistolero taiseux qui utilise uniquement sa main droite pour tirer au révolver et frappe toujours ses adversaires d’une balle entre les deux yeux. Comme la plupart des héros « italiens » il subira bien des tourments au cours de son aventure, étant bien sûr copieusement tabassé par les méchants avant d’exercer sa juste vengeance. Pour le final, une mitrailleuse sera d’ailleurs de la partie afin de multiplier les cadavres. Les seconds rôles, eux aussi, sont corrects, en particulier Claudio Undari (alias Robert Hundar) qui cabotine joyeusement en Mexicain caricatural.

Malgré ses défauts, QUAND JE TIRE C’EST POUR TUER, demeure un western à l’italienne honnête qui se suit sans difficultés et saura contenter les amateurs à défaut de les combler totalement. Plaisant.
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LE RETOUR DE DJANGO

Il ne s’agit pas ici d’une suite officielle au classique avec Franco Nero (qui ne connaitra une séquelle authentique que bien plus tard avec DJANGO 2 : LE GRAND RETOUR) mais d’une de ces innombrables petites séries B westerniennes décidées à exploiter la popularité du célèbre pistolero. Ici, Gabrielle Tinti (heureux époux de Laura « Black Emmanuelle » Genser à la ville) incarne Jeff Tracy, le fils de Django sauvé de la mort par son ami le curé Gus Fleming après le meurtre de son paternel. Témoin de la scène traumatisante, le gamin se fait en outre broyer la main par le méchant (manière, sans doute, de rappeler sa filiation) mais cela n’aura guère d’importance pour la suite qui, on le devine, consiste en une très classique histoire de vengeance. Car Jeff Tracy recherche le meurtrier de son père qui pourrait être un certain Thompson. Ce-dernier est devenu un riche notable régnant en tyran, refrain connu, sur un patelin paumé de l’Ouest. En cheminant, le fils de Django, d’abord confondu avec un criminel, rencontre Logan (pas le X-Men griffu mais un pistolero droit dans ses bottes) et un autre bonhomme, Français qui plus est, qui vont l’aider dans sa quête justicière.

Sans être désagréable, LE RETOUR DE DJANGO constitue un western spaghetti des plus génériques qui aligne les figures imposées avec ses méchants (très méchants !) au service de l’infâme notable local. Les vils voyous n’hésitent pas à tabasser pratiquement à mort le seul villageois qui résiste au despotisme sous les yeux de son épouse en pleurs pendant que le shérif, forcément lâche, détourne pudiquement les yeux et s’enferme dans son bureau. Le fils de Django devra par conséquent user de ses poings et de son Colt 45 pour défaire l’infamie. Dans la seconde partie, nous aurons droit au retour du curé Fleming, un pacifique comprenant que, parfois, la violence reste l’ultime recours pour que triomphe le bon droit. Un personnage très classique joué par Guy Madison, belle gueule de héros californien qui, fréquenta le western américain dans les fifties (dont quelques réussites comme LA CHARGE DES TUNIQUES BLEUES) avant d’échouer du côté d’Almeria la décennie suivante et dont on se souvient surtout pour son rôle dans LE COLT DU REVEREND, très proche d’ailleurs de celui qu’il tient dans ce RETOUR DE DJANGO.

Le long-métrage se suit donc sans déplaisir mais sans aucune passion tant tout cela parait banal et routinier : intrigue prévisible, protagonistes caricaturaux, déroulement linéaire. Heureusement, quelques touches de violence et un certain sadisme typiquement italien épice le plat, relevé par quelques fusillades emballées avec un savoir-faire efficace par Osavldo Civirani, modeste artisan ayant débuté dans le péplum (HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL) avant de se reconvertir, comme beaucoup, dans le western fauché. Les interprètes sont eux aussi passables, en particulier Guy Madison et, dans une moindre mesure, Gabrielle Tinti qui nous la joue charmeur mal rasé. Comme pour beaucoup de spaghetti mineur la bande originale compense, en partie, les faiblesses du scénario par ses qualités mélodiques indéniables auxquelles s’ajoutent une poignée de chansons de bonne tenue.

Dans l’ensemble, LE RETOUR DE DJANGO n’est donc pas déshonorant mais sa vision sera cependant réservée aux acharnés du western italien ou aux completistes de la « Django exploitation ».
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PECOS TIRE OU MEURT

Ayant connu un joli succès, le réussi MON NOM EST PECOS se devait de recevoir rapidement une suite emballée par la même équipe. Tourné dans l’urgence, PECOS TIRE OU MEURT réinvite donc Robert Wood à reprendre son rôle de Pecos Martinez toujours sous la direction de Maurizio Lucidi. Malheureusement, cette séquelle s’avère largement inférieure au premier volet.

Une fois de plus, le film reprend un schéma déjà largement usité dans le western, celui des personnages à la recherche d’un trésor perdu. Ici, il s’agit du magot de Monteczuma, lequel est caché dans un temple aztèque. Trois mariachis possèdent la carte pouvant y mener mais ils estiment avoir besoin d’aide pour s’en emparer. Ca tombe bien, Pecos Martinez est disposé à leur donner un coup de main, d’autant qu’ils vont s’opposer à un tyran mexicain mégalomane surnommé El Supremo voulant, lui aussi, trouver le légendaire trésor tout en réclamant une rançon pour la belle Dona Ramona.

Robert Woods connu une belle carrière dans le western à l’italienne, figurant notamment dans QUATRE DOLLARS DE VENGEANCE, EL PURO LA RANCON EST POUR TOI ou BELLE STARR STORY. D7s les années ’70, accusant la défection du public pour les pistoleros, l’acteur se reconvertit dans le bis et tourne plusieurs érotiques avec Jess Franco (LE MIROIR OBSCENE, PLAISIR A TROIS, MACISTE ET LES GLOUTONNES) avant de disparaitre des radars. Il reprend ici son rôle de Pecos mais semble nettement moins concerné que dans le précédent épisode, traversant le film avec une nonchalante décontraction tandis que les scénaristes multiplient les rebondissements souvent attendus. Le héros rencontre donc une poignée de bandits forcément veules, vicieux, gourmands et portés sur la bouteille autant que sur les femmes. Des archétypes de méchants de western qui auront fort à faire face à un Pecos avide de justice.

Par rapport au premier film, le ton a changé, davantage porté sur l’outrance et l’humour, PECOS TIRE OU MEURT se rapprochant parfois d’une bande dessinée ce qui lui donne un certain charme et un minium de rythme même si cette suite hâtivement confectionnée reste réservée aux inconditionnels du spagh’. Une production correcte mais de consommation courante à laquelle on préférera le nettement plus réussi MON NOM EST PECOS pour une meilleure approche du pistolero mexicain.
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TEX ET LE SEIGNEUR DES ABYSSES

Projet retardataire, pour ne pas dire anachronique, TEX ET LE SEIGNEUR DES ABYSSES tente de réactiver les heures glorieuses du western à l’italienne à une époque dominée par RAMBO et STAR WARS. Autant dire qu’il s’agissait d’une mission impossible quoique, sur le papier, l’entreprise apparaisse comme sympathique. Duccio Tessari, spécialiste du western dans les sixties, retrouve Guiliano Gemma vingt ans après le diptyque RINGO et convoque une autre trogne du spagh’ en la personne de William Berger.

Cependant, conscient que les temps ont changés, le cinéaste adjoint à son western une dose de fantastique et le transforme en film d’aventures. Tant dans l’allure de son héros que dans son intrigue et ses péripéties, TEX ET LE SEIGNEUR DES ABYSSES se rapproche en effet d’un Indiana Jones : le ranger Tex Willer et son copain vieillissant Kit Carson recherche un chargement d’armes égarées et finissent par tomber sur un maléfique culte indien et sur une substance toxique capable d’instantanément pétrifier ses victimes. Tout cela conduit à un final assez proche, toute proportions gardées évidemment, d’INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT mâtiné de décomposition rapide proche des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE.
Peu connu en nos contrées (malgré diverses tentatives de publication, notamment chez Lug), le fumetti « Tex » demeure une institution en Italie : créé en 1948 il continue de se vendre à 250 000 exemplaires par mois et reste le plus gros succès du genre (juste devant Dylan Dog). Une adaptation cinématographique semblait donc une évidence et, apparemment, l’équipe y croyait suffisamment pour la terminer par une fin semi-ouverte censé annoncer une suite et une « autre histoire ».
Laquelle ne vint jamais suite à l’échec cinglant de cette tentative il est vrai peu aboutie.

Malgré la bonne volonté de Tessari et quelques jolis paysages nous rappelant le riche passé du western européen, TEX ET LE SEIGNEUR DES ABYSSES souffre d’un rythme lénifiant : les rebondissements ont beau se succéder, rien n’y fait et le spectateur s’ennuie. En dépit des cavalcades, explosions, bagarres et autres fusillades, le film ronronne gentiment sans jamais décoller : tout cela manque d’énergie, de panache ou même d’un minimum de second degré qui eut aidé à digérer un long-métrage boiteux. Difficile, en 1985, d’accepter le manque criant de budget : les décors ne sont pas crédibles (avec beaucoup d’indulgence le public peut estimer qu’ils confèrent au film un charme artificiel proche de la bande dessinée), les effets spéciaux sont antédiluviens (les momifications accélérées paraissent issues d’un classique de la Universal), la figuration restreinte et les scènes d’action mollassonnes. Le récit n’étant pas vraiment passionnant, le tout peine à maintenir l’attention d’autant qu’il s’agit apparemment d’un remontage (erratique et confus) d’une mini-série télévisée.

Demeure une certaine bonne humeur, la volonté de livrer un dernier western à l’italienne avec une ambiance BD (traduite par des éclairages parfois exagérément contrastés) et un ton naïf proche du serial d’antan, ce que confirme la prestation plaisante d’un Gemma encore alerte et bondissant. On eut aimé trouver tout cela charmant, suranné et plaisant mais, en définitive, ce très moyen TEX ET LE SEIGNEUR DES ABYSSES ne peut que décevoir.
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BALLADE POUR UN PISTOLERO

Comédien ayant signé quelques longs-métrages, Alfio Caltabiano s’octroie le rôle principal, celui du bandit El Bedoja, dans cette première réalisation fortement inspirée par le style de Sergio Leone. Nous retrouvons en effet un voleur de banques cruel qui, après avoir empoché une forte somme d’argent, se voit courser par deux pistoleros mystérieux : un jeune chasseur de primes tout de noir vêtu, Nigros, et un as de la gâchette vengeur lassé de tuer, Kud.

Filmé dans les Abruzzes, ce qui permet de renouveler le décor, BALLADE POUR UN PISTOLERO déroule un scénario très classique, y compris jusque sa petite révélation finale des plus attendues, mais se distingue de la masse par le portrait de ses principaux protagonistes. Nous avons tout d’abord un bandit mexicain sanguinaire qui massacre sans sourciller tous ceux qui se trouvent sur sa route (en tirant à la Winchester d’une seule main). Face à lui se dresse le traditionnel pistolero fatigué, prématurément usé, et dont on devine qu’il n’est pas là uniquement pour l’argent mais plus probablement pour se venger. Un rôle bien tenu par Anthony Ghidra, Yougoslave ayant connu une jolie carrière dans le western italien. Enfin, Angelo Infanti (quelques rôles secondaires, notamment dans LE PARRAIN et COSA NOSTRA et une prestation plus conséquente dans BLACK EMMANUELLE 2) joue avec conviction le jeune chasseur de primes toujours prêt à démontrer sa supériorité au pistolet.

On retrouve dans la réalisation tout ce qui plait (ou agace) dans le western à l’italienne avec des passages étirés (parfois, il est vrai, l’ennui domine l’atmosphère souhaitée), des gros plans en rafale sur les yeux des protagonistes avant les affrontements, des zooms énergiques,… La musique est agréable, les mélodies sont efficaces et les passages purement rythmiques soulignent agréablement l’action. Bref, ça fait le boulot ! Les comédiens, plutôt convaincants, forcent toutefois un peu le trait et n’hésitent pas à surjouer pour accroitre le tragique des situations et leur conférer ce côté opératique tout droit hérité de l’école Leone. Un personnage rigolard, surnommé Explosion, vient toutefois détendre l’atmosphère en incarnant, forcément, un spécialiste des explosifs. Les méchants, eux, sont irrécupérables : ils pillent, ils tuent, ils violent…bon ça c’est la norme du méchant Mexicain de western mais l’un d’eux ira jusqu’à abattre un pauvre toutou sans défense. Là le spectateur comprend qu’une étape est franchie et seule leur totale extermination pourra permettre le triomphe de la justice !

Classique, sans surprise, BALLADE POUR UN PISTOLERO reste un petit western de série plutôt plaisant pour les amateurs, lesquels pardonneront sans problème un script éculé, un rythme parfois défaillant et un manque flagrant de budget pour se concentrer sur le positif, à savoir les fusillades bien menées, la violence parfois carrément sadique, les personnages intéressants et la bande originale entrainante. En résumé : rien de neuf ni d’indispensable mais une oeuvrette sympathique, dans la bonne moyenne du genre.
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LA REVOLTE DES INDIENS APACHES

Lancé au début des années ’60, les adaptations des romans de Karl May mettant en vedette Winnetou rendirent célèbre le Français Pierre Brice qui devint une des stars les plus fameuses du cinéma allemand en incarnant à onze reprises (en quatre ans !) le fameux chef indien. Le rôle lui colla d’ailleurs tellement à la peau qu’il le reprit en 1980 dans une série télévisée en quatorze épisodes. Dans la plupart de ces films, Brice partage l’affiche avec l’ancien Tarzan Lex Barker qui campe son ami Old Shatterhand.

Se situant avant le premier volet (LE TRESOR DU LAC D’ARGENT), ce deuxième opus en forme de préquelle revient sur les débuts de l’amitié liant Winnetou à Old Shatterhand, ingénieur des chemins de fer arrivant dans l’Ouest comme un cheveux sur la soupe. Le courageux Shatterhand va rapidement avoir fort à faire avec le tyran local, Sanders, associé aux redoutables indiens Kiowas, qui décide de traverser avec sa voie ferrée les terres sacrées des Apaches. Après diverses péripéties, Shatterhand est capturé par Winnetou qui le condamne à une lutte à mort mais notre homme réussit à se tirer d’affaire, heureusement puisque la sœur du chef en tombe amoureuse (refrain connu). Dès lors, le Blanc et l’Indien deviennent amis et s’associent pour que triomphe la justice.

LA REVOLTE DES INDIENS APACHE constitue un agréable western à l’ancienne, coproduit par l’Allemagne, l’Italie et la Yougoslavie, qu’Harald Reinl (le spécialiste du krimi) va tourner dans les paysages grandioses de Croatie. Nous sommes encore dans le récit naïf, coloré, proche des romans de gare et des bandes dessinées, avant que le style spaghetti ne viennent dynamiter tout cela par son cynisme. Dès lors le film est très familial, destiné à un large public qui apprécie les chevauchées, les fusillades et les scènes d’action, plutôt originales et bien ficelées. La scène la plus mémorable envoie carrément une locomotive à travers un saloon dans lequel se sont retranchés les ennemis de Shatterhand, lequel a dévié, durant la nuit, la voie ferrée ! Du grand spectacle pour l’époque, toujours plaisant à visionner un demi-siècle plus tard. La romance forcément tragique allège l’intrigue qui fonctionne sur la base de l’amitié virile entre l’Indien et le Blanc d’abord peu à sa place dans l’Ouest mais qui trouve finalement sa place et s’impose en héros traditionnel de western.

Tout cela peut sembler suranné mais on passe au final un bon moment devant ce pur divertissement du samedi soir à visionner avec son âme d’enfant. La projection finie on irait bien rechercher sa panoplie pour jouer aux cow-boys et aux Indiens dans le jardin.
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Ces adaptations de Karl May auront participé enfant de ma passion pour le western ; si je préférais en rester sur mes souvenirs, j'avoue que ton avis me fait désormais hésiter.
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Jeremy Fox a écrit :Ces adaptations de Karl May auront participé enfant de ma passion pour le western ; si je préférais en rester sur mes souvenirs, j'avoue que ton avis me fait désormais hésiter.
ls sont rediffusés sur Action (chaque lundi puis multi diffusé) en ce moment
sinon il existe un coffret dvd de 3 films et un autre (que je pense acheter) de trois westerns allemands non Winnetou intitulé "Munich Western" :wink:
(je parle en zone 2 avec st français)
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Re: Le Western italien

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Ces adaptations de Karl May auront participé enfant de ma passion pour le western ; si je préférais en rester sur mes souvenirs, j'avoue que ton avis me fait désormais hésiter.
ls sont rediffusés sur Action (chaque lundi puis multi diffusé) en ce moment
sinon il existe un coffret dvd de 3 films et un autre (que je pense acheter) de trois westerns allemands non Winnetou intitulé "Munich Western" :wink:
(je parle en zone 2 avec st français)
Je me contenterais des seuls Winnetou de mon enfance à l'occasion (genre vide grenier pas cher) car je crains quand même beaucoup de ne plus aimer du tout et je n'ai aucune chaine TV hors la TNT. Mais tu auras au moins éveillé ma curiosité :wink:
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DALLAS

Dernier western tourné par Anthony Steffen alors que le genre agonise, ce film de Juan Bosch (que l’on a connu plus inspiré) suit les aventures de Dallas, sorte de cow-boy vagabond et décontracté qui aime jouer avec de la nitroglycérine. Dallas recherche un ami de son père décédé, Lumacone (« La limace »). Le papa de Dallas a, en effet, gagné aux cartes un ranch et une mine d’émeraude pouvant rendre très riches les deux compagnons. Mais, problème, le propriétaire de ces terres est lui aussi décédé, laissant tout l’héritage à sa fille, la tout mignonne Glenda, nièce d’un sheriff alcoolique persécuté par les méchants tyrans locaux, à savoir les frères Bright et un petit despote sadique dont la poigne d’acier lui a valu le surnom de Hand Buster. Dallas décide de regagner ses propriétés au Poker en offrant une revanche à la belle Glenda. Malheureusement celle-ci ne sait pas jouer aux cartes et tonton s’avère incapable de lui apprendre les rudiments du jeu. Dallas va donc les lui enseigner afin que la partie soit plus honnête. Mais les frères Bright reviennent à la charge et récupèrent une émeraude avalée par Lumacone. Tous se rendent dans la fameuse mine pour régler leur compte.

Si l’intrigue en vaut une autre et comporte même de nombreux rebondissements, DALLAS souffre du ton général choisit par le cinéaste. Forcément, à l’époque, ce qui plait c’est le western comique bien gras dans la veine de TRINITA (un film pourtant amusant et « léger » comparativement aux bouffonneries qui vont lui succéder) donc on verra Anthony Steffen et Fernando Sancho se la jouer clowns de l’Ouest. Tout est donc prétexte à des blagues poussives : Sancho avale une émeraude, les méchants veulent l’étriper mais Dallas suggère qu’il est plus simple de lui faire avaler des litres d’huile. Nous avons aussi droit à des gags plus visuels, façon burlesque avec concours de baffes typiques du western « fayot » : après une longue (interminable !) exhibition de boxe, nos grands bras sont engagés pour tabasser les héros mais bien sûr ceux-ci s’en sortent vaillamment et font ensuite passer le chapeau pour récolter l’argent gagné suite à cette magnifique démonstration.
Les comédiens font ce qu’ils peuvent, Anthony Steffen a l’air de s’en foutre un peu, on sent que l’enthousiasme n’y est plus, ses grandes heures sont derrière lui (par la suite on le retrouvera dans quelques Women In Prison pas franchement prestigieux). La jolie Gillian Hills donne le change. A seulement 30 ans elle allait mettre elle aussi un terme à sa carrière. On l’avait aperçue dans ORANGE MECANIQUE puis revue de manière plus… détaillée dans le NANA de McAhlberg, le film d’épouvante DEMONS OF THE MIND et le giallo THE KILLER WORE GLOVES. Vétéran de la télé, Sergio Doré campe le sheriff pleutre et alcoolique à qui les méchants joue quelques tours pendables comme le forcer à boire un café additionné de cendres de cigare.

Tout se termine dans une mine, façon grosse farce, avec l’eau qui jaillit opportunément du sol pour permettre une grosse bagarre dans la boue. Le héros repart alors, tel Lucky Luke vers le couchant, accompagné du pouilleux joué par Sancho horrifié par cette avancée de la civilisation (« Si tu restes ici tu devras boire de l’eau plutôt que de la Tequila », lui déclare Steffen avant d’ajouter l’argument imparable : « et prendre un bain »).
Bref, DALLAS c’est du western comique fauché, fatigué, pas totalement nul (l’amateur – hélas – a vu pire !) mais quand même bien médiocre et certainement pas à conseiller, même aux inconditionnels de la comédie fayot ou aux fans d’Anthony Steffen. A oublier donc…
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Re: Le Western italien

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GARTER COLT

Tourné en Sardaigne en pleine folie du western à l’italienne, GARTER COLT parait complètement bizarre, les scènes étranges se succédant sans véritable volonté de les lier. D’où l’impression d’assister à une œuvrette erratique constituée de séquences non connectées, véritable agglomérat de saynètes alternativement sérieuses et humoristiques, brutales et légères.

Deux officiers français, Carlos et Jean, se retrouvent, en 1867, en pleine guerre au Mexique. Ils prennent une diligence et se rencontrent une magnifique demoiselle, Lulu, grande spécialiste de la gâchette qui trimballe un Colt dans sa jarretière. Ils se heurtent également à un bandit complètement cinglé, Red, et un Général révolutionnaire qui trafique des armes.

Difficile d’estimer si ce long-métrage obscur est sérieux, volontairement parodique ou simplement involontairement drôle. Les scènes insolites sont donc légions sans que l’on comprenne vraiment les raisons de toute cette bizarrerie plus ou moins assumée. Ainsi quelques cow-boys s’emparent d’un Mexicain et décident de le pendre. Lorsqu’il demande pourquoi, les cow-boys lui répondent « vous les Mexicains vous faites toujours la révolution », à quoi le pauvre homme proteste « mais il s’agit de la première fois ! ». L’héroïne intervient alors et dégaine son Colt (caché, comme le titre l’indique, dans sa jarretière) mais c’est un autre type qui est pendu…un général mexicain débarque alors tandis qu’une prostituée obèse récupère la corde pour la vendre en guise de porte-bonheur.

On note aussi que l’héroïne, Lulu, se promène en compagnie d’un bébé dans son landau qui se révèle être un nain adepte du pistolet joué par Arnaldo Fabrizio, familier des péplums de l’époque. Lulu utilise la personne de petite taille comme espion afin de gagner au poker (il regarde les mains de ses adversaires et renseigne la belle) tandis qu’un officier français préfère se servir, lui, d’un perroquet dressé. D’ailleurs, au cours d’une fusillade, le perroquet, coincé entre deux, feux affirme « je suis neutre ! ».

Les acteurs paraissent, pour leur part, en roue libre. Claudio Camaso, alias Claudio Volonte (le frère de Gian Maria) incarne un révolutionnaire totalement fou et livre une performance assez déjantée. Le comédien connaitra une fin tragique quelques années plus tard puisqu’il se rendra coupable d’un meurtre avant de se suicider durant sa détention.
Superbement mise en valeur, la belle Nicoletta Machiavelli traverse l’aventure vêtue d’un décolleté incroyablement plongeant et son six-coups, dont elle use avec une précision surnaturelle, glissé dans sa jarretière. Le corps de Machiavelli constitue l’attraction principale du film, lequel se veut sexy avec une petite dose de nudité assez étonnante pour le genre et l’époque. D’ailleurs les filles sont toutes jolies mais pas forcément traitées avec égard : trainées avec brutalité, agressées, violées,… Le cinéaste veut peut-être dire quelque chose mais tout cela reste confus et brouillon. Pourtant, en dépit d’un scénario peu passionnant, le film n’est pas bâclé, au contraire : on sent une vraie recherche dans les plans, la mise en scène, la photographie. Nous sommes loin du western italien bas de gamme mais tout cela ne parvient pas à passionner, c’est même plutôt ennuyeux, voire pénible.

Atypique et original, GARTER COLT l’est très certainement mais il est également raté. Une vraie curiosité, réservée aux plus aventureux défricheurs du bis italien, car arriver au bout du visionnage relève de la gageure. Certains pourront aimer, la majorité détestera, autant le savoir avant de commencer le visionnage.
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

AUJOURD’HUI ME PEAU, DEMAIN LA TIENNE
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Réalisé en 1968, ce western introduit l’humour dans le monde jusque-là sérieux de l’ouest à l’italienne.

L’intrigue concerne le vol d’un butin de 400 000 dollars que trois aventuriers vont tenter de s’approprier. Quoiqu’ils éprouvent les pires difficultés à travailler de concert, nos héros doivent cependant s’associer pour s’emparer de l’argent. Nous avons donc un faux pasteur (Frank Wolf), un petit truand débrouillard (Antonio Sabato) et un joueur (et tricheur) professionnel campé par John Saxon. Le second met la main sur l’argent, poursuivi par les deux autres et les quiproquos s’enchainent, par exemple lorsque les dollars sont cachés dans le faux ventre d’une jeune fille que sa famille croit donc enceinte. Les personnages caricaturaux sont également de la partie pour le plus grand plaisir des petits et des grands, en particulier un couple saugrenu, les Carey, composé d’une mégère jalouse et d’un type d’un certain âge troublé par les jeunes femmes qui croisent sa route. Lors d’un moment typiquement Vaudeville qui fit également les grandes heures de la comédie franchouillarde, la valise contenant l’argent du hold-up est échangée avec celle de notre couple mal assorti. Par la suite l’armée récupère le magot, ce qui oblige Frank Wolff à se grimer en général pour tenter de le reprendre…

D’autres rebondissements suivent, les bagarres s’enchainent à bon rythme, le burlesque pur et dur s’invite dans l’aventure (combat de pâtisseries inclus), les cascades sont plaisantes et le long-métrage convie divers gadgets (bible trafiquée en bombe, double-pistolets, etc.) sur un ton volontiers joyeux proche de l’espionite européenne alors en vogue dans le sillage des aventures de 007.

A la manière d’un BON LA BRUTE ET LE TRUAND versant dans la comédie, le film amuse par les coups tordus de ses protagonistes qui se la jouent copain comme cochon pour se partager le butin mais n’hésitent pas à multiplier les vacheries pour garder l’argent pour eux seuls. On se tire dessus, on s’entretue, on se frappe mais sans que le cinéaste ne prenne le film véritablement au sérieux : il garde toujours une distance appréciable en évitant toutefois de sombrer dans la pure parodie.

L’ensemble oscille donc entre la franche bonne humeur et un reste de sérieux, ce qui tranche avec la complète bouffonnerie des westerns « fayots » comme ON L’APPELLE TRINITA et ses sinistres déclinaisons du début de la décennie suivante. On retrouvera une partie de cet humour dans le toutefois plus dramatique (et très réussi) TUEZ LES TOUS ET REVENEZ SEUL du même Castellari qui nous aura, mine de rien, livrer de bien belles réussites du cinoche populaire et pas seulement dans le domaine du western. Un divertissement appréciable.
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Message par hellrick »

7 ECOSSAIS DU TEXAS

C’est en 1966 que Franco Giraldi, alors âgé de 35 ans, débute, sous le pseudonyme de Frank Garfield, sa carrière de metteur en scène. Il propose un western léger, humoristique sans verser dans la parodie grasse de la décennie suivante, 7 ECOSSAIS DU TEXAS, consacré à une famille typiquement écossaise, les Mc Gregor, installée aux USA pour y vivre de l’élevage avec leurs sept enfants. Parti vendre leur troupeau dans la petite ville du coin, les 7 frangins se font escroquer et, après une grosse bagarre, échouent en prison avant de constater que le bétail a été volé par des bandits mexicains menés par Santillana et Miguel (campé par l’inévitable Fernando Sancho). Gregor, l’ainé (Robert Woods) décide de ne pas se laisser faire et la famille vivra de nombreuses aventures rocambolesques…

Western ayant bénéficié de moyens confortables, 7 ECOSSAIS DU TEXAS se veut épique, festif et spectaculaire. Mission remplie pour cette production des plus réjouissantes qui recycle, en partie, les décors de POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS.

Le rôle principal est dévolu à l’Américain Robert Woods, spécialiste du western à l’italienne (il en tourna une quinzaine durant la seconde moitié des sixties dont le célèbre diptyque consacré au pistolero mexicain PECOS) qui s’est, par la suite, reconverti dans le bis olé-olé signé Jess Franco (LA COMTESSE PERVERSE, PLAISIR A TROIS). Parmi les autres membres du clan McGregor, le physionomiste reconnaitra Alberto Dell’Acqua (AVEC DJANGO LA MORT EST LA), George Rigaud (revu dans de nombreux giallos comme LES RENDEZ-VOUS DE SATAN) ou encore Julio Pérez Tabernero (5 RAFALES POUR RINGO).

L’humour fonctionne, jouant bien sûr des clichés liés aux Ecossais, lesquels adorent boire du whisky et sont forcément radins au point d’essayer de ne pas gaspiller la moindre balle lors des fusillades. D’autres gags font sourire comme ce pianiste lassé de jouer de la musique de saloon et qui, en pleine bagarre et puisque personne ne lui prête attention, en profite pour pianoter du classique.

Le grand spectacle, pour sa part, est au rendez-vous avec des chevauchées, des fusillades, des bagarres de saloon homériques, etc. Rien de franchement novateur mais de l’énergie, de la bonne humeur et de l’efficacité. En dépit de la légèreté générale, 7 ECOSSAIS DU TEXAS se montre parfois plus violent avec quelques passages de tortures dans les flammes assez cruels, style italien oblige.

Giraldi, assistant réalisateur sur POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS, offre une mise en scène efficace et enlevé, tirant adroitement parti des moyens dont il dispose. Giraldi allait d’ailleurs récidiver avec une séquelle (7 ECOSSAIS EXPLOSENT) et d’autres westerns de bonne tenue comme SUGAR COLT et UNE MINUTE POUR PRIER, UNE SECONDE POUR MOURIR avant de se reconvertir, au milieu des années 70, dans la réalisation de téléfilms et autres séries. Comme souvent, la musique (forcément signée Ennio Morricone) confère une dimension à la fois grandiose et cartoonesque au film quoique le thème principal (chanté) soit utilisé un peu trop souvent pour ne pas lasser. Cependant, dans l’ensemble, 7 ECOSSAIS DU TEXAS reste vraiment divertissant et, malgré une durée conséquente (110 minutes environ), on ne s’ennuie pas une seconde à suivre les aventures picaresques et enlevées de ces frangins plein d’allant. Hautement conseillé pour les amateurs de westerns spaghetti « familial ».
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Message par hellrick »

FRERES DE SANG

Western allemand (de l’est !) tardif (daté de 1975), FRERES DE SANG s’inscrit dans le courant « pro-Indiens » en reprenant un schéma narratif déjà bien connu. Le scénario s’inspire assez largement du classique UN HOMME NOMME CHEVAL tout en y adjoignant divers éléments empruntés à d’autres westerns américains, notamment l’inévitable LA FLECHE BRISEE mais aussi SOLDAT BLEU. Le tout anticipe également des productions ultérieures à grand spectacle comme DANSE AVEC LES LOUPS.

Harmonika, un soldat de la cavalerie américaine, assiste à un épouvantable massacre : alors que le président a promis la paix aux Cheyennes si ceux-ci restent sous la bannière étoilée, l’armée n’hésite pas à les exterminer, y compris les femmes et enfants désarmés. Dégouté, Harmonika brise le drapeau américain, ce qui lui vaut d’être arrêté et condamné à la pendaison. En prison, il se lie avec deux autres détenus et réussit à s’évader. Le trio fuit dans les montagnes mais les deux associés d’Harmonika tuent d’autres Indiens sans défense. Le déserteur sauve cependant une jeune fille blessée, Rehkitz et la ramène à son peuple. Le frère de la demoiselle, Harter Felsen, le défie alors dans un duel à mort. Là encore, Harmonika a le dessus mais épargne le jeune homme. Au fil du temps ils deviennent frères de sang et Harmonika épouse Rehkitz dont il est tombé amoureux. Hélas, le camp est attaqué et les Cheyennes décimés. Le pacifique Harmonika jure alors de se venger.

Bien réalisé, FRERES DE SANG détaille avec attention la vie des Peaux Rouges, proposant au principal protagoniste un parcours initiatique classique : d’abord rejeté il finit par s’intégrer au sein de la tribu dont il partage la vie, délaissant par exemple son pistolet (« que serait l’homme blanc sans la poudre et le plomb ? ») pour un arc et des flèches. Le rôle principal de cet idéaliste pacifiste revient à Dean Reed, chanteur et acteur américain à l’époque fort populaire connu pour ses sympathies marxistes. Objecteur de conscience mystérieusement décédé en 1986 (on a parlé de suicide et même d’un meurtre déguisé commandité par le KGB !), la vie de Reed fut le sujet du documentaire DER RODE ELVIS en 2007. On retiendra surtout, dans le domaine du western, son rôle dans le très plaisant DIEU LES CREE MOI JE LES TUE.

Joliment photographié dans des décors naturels grandioses, FRERES DE SANG reste cependant trop linéaire et prévisible pour passionner. L’intrigue avance lentement, sans beaucoup d’action, et ne s’accélère que durant le dernier acte, donnant l’impression d’une fin précipitée : en effet, le long-métrage se termine par une conclusion ouverte que l’on eut aimé voir davantage développée. Quelques procédés faciles paraissent également datés, notamment les flash-backs au ralenti qui parasitent toute la seconde partie du film et finissent par lassés. La lourdeur du sous-texte épuise également les plus indulgents par son anti-américanisme primaire assorti d’une exaltation d’un mode de vie proche du communisme (pouah !) puisque tous les Blancs sont forcément d’infâmes capitalistes rêvant d’asservir le peuple qui, pourtant, ne demande qu’à vivre en paix en communion avec la nature. Chaque fois que le héros fait confiance à un Blanc il est trahi tandis que les Rouges (pardon, les Peaux Rouges) sont gentils, amicaux et accueillants. Rappelons que Reed vit dans le film ce qu’il avait vécu en réalité puisqu’il avait trouvé refuge en Allemagne de l’Est suite à ses prises de positions gauchisantes. Le final est, lui, carrément un appel à l’insurrection contre l’oppresseur américain avec lequel aucune paix n’est possible, le pacifiste prenant finalement les armes pour exterminer un détachement de cavalerie. Tout un programme auquel ne manquent que les applaudissements !

Si on fait abstraction de toute cette détestable propagande, FRERES DE SANG se regarde distraitement mais manque néanmoins d’action pour parvenir à maintenir durablement l’intérêt. En dépit d’une durée restreinte, le film parait en outre bien languissant et prévisible. Mais on a vu pire et les amateurs de westerns européens verront tout cela sans déplaisir (à condition d’ignorer le sous-texte coco bien sûr).
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES

Un nouvel opus de la longue saga des WINNETOU. Celui-ci est toujours campé par Pierre Brice qui chevauche en compagnie de son ami Old Shatterhand joué par Lex Barker. La recette ne change pas vraiment avec toujours la perspective d’un conflit entre les Blancs et les Indiens que Winnetou va tenter d’éviter.

Dans ce troisième volet, les Assiniboins déclarent la guerre aux colons mais le brave chef apache Winnetou calme les hostilités en sauvant Ribanna, la fille du chef Assiniboins, et en obtenant, en retour, la grâce de trois soldats américains capturés. Parmi ceux-ci se trouve le lieutenant Robert Merril, fils du commandant Merril et, pour sauver la paix, le jeune officier demande la main de Ribanna, laquelle n’a pourtant d’yeux que pour le courageux Winnetou.
Pendant ce temps, refrain connu, un sale type assoiffé de richesse, Bud Forrester, attaque divers colon tout en reportant le blâme sur les Peaux-Rouges. Le but de Forrester consiste à s’emparer des terres indiennes à vil prix afin de pouvoir en exploiter le pétrole. Winnetou, Shatterhand et Merril vont devoir unir leurs forces pour déjouer ce plan.

Outre Brice et Barker, LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES convoque un casting appréciable. Dans le rôle du méchant bussinessman, nous retrouvons Anthony Steel un comédien qui aura, une dizaine d’années plus tard, le rôle principal de l’adaptation d’HISTOIRE D’O. Le jeune lieutenant de cavalerie est, pour sa part, incarné par Mario Girotti que les amateurs de westerns apprendront à connaitre sous le pseudonyme de Terence Hill. L’élément féminin indispensable, source d’un conflit amoureux entre le chef apache et le lieutenant précité revient pour sa part à la toute belle Karin Dor que l’on reverra face à Sean Connery dans ON NE VIT QUE DEUX FOIS. A côté de cet atout charme, LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES ajoute un inévitable sidekick comique, le très british et ridicule Lord Castlepool, déjà vu dans LE TRESOR DU LAC D’ARGENT et que l’on reverra ensuite dans WINNETOU & SHATTERHAND IN THE VALLEY OF DEATH. Il est campé par Eddi Arent vu dans d’innombrables krimis dans des rôles toujours similaires de comparses idiots. Enfin, le film convoque un vrai salopard irrécupérable, âme damnée et bras armé du méchant homme d’affaire que joue l’inévitable Klaus Kinski.
La mise en scène se montre effective et les moyens sont conséquents avec une figuration nombreuse, des décors convaincants et des costumes colorés. La principale scène d’action, à savoir l’explosion, durant la nuit, de l’usine pétrolière, se montre à la hauteur des attentes et spectaculaire à souhait. Du bon boulot.

En dépit de la relation triangulaire qui s’établit entre Pierre Brice, Karin Dor et Terence Hill, le film reste familial et laisse peu de place à de longs développements psychologiques : l’aventure domine, ponctuée de bagarres, attaques, explosions et autres cascades. Peu de violence, beaucoup de naïvetés, le tout possède un véritable charme nostalgique qui saura encore enchanter les spectateurs ayant laissé leur cynisme au vestiaire. Une bonne soirée « western » assurée.
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