Le Western italien

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cololi

Re: Le Western italien

Message par Cololi »

Michel2 a écrit :
Bogus a écrit :Découverte de Mon nom est personne (1973) de Tonino Valerii et premier western spaghetti que je vois en dehors des films de Leone.
En fait, comme avec les fraises dans les yaourts, il y a de vrais morceaux de Leone dans Mon nom est Personne, le Sergio ayant "donné un coup de main" à son ancien disciple Valerii et tourné lui-même un certain nombre de scènes (les mauvaises langues disent qu'il aurait en fait repris en main un film dont il était le producteur et dont il était mécontent).
Oui, mais c'est incomplet : les bonus de la version BR de Mon nom est Personne expliquent (certes on peut toujours imaginer que Valerii mente ... mais franchement je le crois) qu'en fait ... les scènes de Leone ... sont les plus merdiques :| (la scène avec le mannequin en bois ... la scène de la pissotière ...). Et je ne suis pas suspect d'être anti-Leone, je le considère comme un des 2 ou 3 plus grands réalisateurs de l'histoire.
Autrement dit ... ce qu'il y a de mauvais dans le film ... c'est hélas Leone qui l'a fait (Terence Hill voulait absolument être dirigé une fois dans sa vie par Leone !) ... il aurait voulu saboter le film il ne s'y serait pas pris autrement (alors qu'il en était le producteur !) :|
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Bogus
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Re: Le Western italien

Message par Bogus »

Cololi a écrit :
Michel2 a écrit :
En fait, comme avec les fraises dans les yaourts, il y a de vrais morceaux de Leone dans Mon nom est Personne, le Sergio ayant "donné un coup de main" à son ancien disciple Valerii et tourné lui-même un certain nombre de scènes (les mauvaises langues disent qu'il aurait en fait repris en main un film dont il était le producteur et dont il était mécontent).
Oui, mais c'est incomplet : les bonus de la version BR de Mon nom est Personne expliquent (certes on peut toujours imaginer que Valerii mente ... mais franchement je le crois) qu'en fait ... les scènes de Leone ... sont les plus merdiques :| (la scène avec le mannequin en bois ... la scène de la pissotière ...). Et je ne suis pas suspect d'être anti-Leone, je le considère comme un des 2 ou 3 plus grands réalisateurs de l'histoire.
Autrement dit ... ce qu'il y a de mauvais dans le film ... c'est hélas Leone qui l'a fait (Terence Hill voulait absolument être dirigé une fois dans sa vie par Leone !) ... il aurait voulu saboter le film il ne s'y serait pas pris autrement (alors qu'il en était le producteur !) :|
Ce qui est sûr c'est qu'on sent une influence certaine de Leone sur le film avec quelques scènes d'une lenteur toute leonienne.
La scène de l'urinoir j'ai trouvé ça excellent! :oops:
Cololi a écrit :
Dans un tout autre genre (dans le genre noir à l'extrême), je te conseille (très) fortement Le Grand Silence !
Je prends note!
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Re: Le Western italien

Message par Max Schreck »

Cololi a écrit : Oui, mais c'est incomplet : les bonus de la version BR de Mon nom est Personne expliquent (certes on peut toujours imaginer que Valerii mente ... mais franchement je le crois) qu'en fait ... les scènes de Leone ... sont les plus merdiques :| (la scène avec le mannequin en bois ... la scène de la pissotière ...). Et je ne suis pas suspect d'être anti-Leone, je le considère comme un des 2 ou 3 plus grands réalisateurs de l'histoire.
Autrement dit ... ce qu'il y a de mauvais dans le film ... c'est hélas Leone qui l'a fait (Terence Hill voulait absolument être dirigé une fois dans sa vie par Leone !) ... il aurait voulu saboter le film il ne s'y serait pas pris autrement (alors qu'il en était le producteur !) :|
Le commentaire audio du film par le réalisateur est à ce titre édifiant. Valerii est en effet loin d'être reconnaissant envers son producteur, et c'est vrai que ces scènes détonnent, n'étant en plus de leur mauvais goût absolument plus dans le propos du film. Je crois me souvenir que Valerii va même jusqu'à s'attribuer en retour une grande part des mérites des premiers westerns de Leone, sur lesquels il fut assistant.

Du même Valerii, je recommande chaudement Le Dernier jour de la colère, qui témoigne de la même profondeur et maîtrise.
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Re: Le Western italien

Message par Michel2 »

Cololi a écrit :Autrement dit ... ce qu'il y a de mauvais dans le film ... c'est hélas Leone qui l'a fait (Terence Hill voulait absolument être dirigé une fois dans sa vie par Leone !) ... il aurait voulu saboter le film il ne s'y serait pas pris autrement (alors qu'il en était le producteur !) :|
Personnellement, je prendrais le commentaire audio de Valerii avec une pincée de sel, voire la salière toute entière. Il n'a notoirement jamais digéré de se faire mettre sous tutelle par Leone et ce qu'il dit sur son producteur dans le commentaire du BR relève principalement du règlement de comptes post-mortem, Leone n'tant plus là pour le contredire. Il y a quand même une certaine ironie à entendre Valerii, dont on ne peut pas vraiment dire que la filmographie regorge de chefs-d'oeuvres, expliquer que Leone était un tâcheron qui ne mettait jamais l'oeil derrière la caméra et un voleur qui s'est approprié les inventions visuelles de ses assistants et collaborateurs.
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Re: Le Western italien

Message par Cololi »

Michel2 a écrit :
Cololi a écrit :Autrement dit ... ce qu'il y a de mauvais dans le film ... c'est hélas Leone qui l'a fait (Terence Hill voulait absolument être dirigé une fois dans sa vie par Leone !) ... il aurait voulu saboter le film il ne s'y serait pas pris autrement (alors qu'il en était le producteur !) :|
Personnellement, je prendrais le commentaire audio de Valerii avec une pincée de sel, voire la salière toute entière. Il n'a notoirement jamais digéré de se faire mettre sous tutelle par Leone et ce qu'il dit sur son producteur dans le commentaire du BR relève principalement du règlement de comptes post-mortem, Leone n'tant plus là pour le contredire. Il y a quand même une certaine ironie à entendre Valerii, dont on ne peut pas vraiment dire que la filmographie regorge de chefs-d'oeuvres, expliquer que Leone était un tâcheron qui ne mettait jamais l'oeil derrière la caméra et un voleur qui s'est approprié les inventions visuelles de ses assistants et collaborateurs.
Ton argument est celui qui vient naturellement à l'esprit. Il est plein de bon sens.
Mais ... ça pose d'autres questions : pourquoi Valerii cite les scènes mauvaises du film si il en est l'auteur ? Ca voudrait dire qu'il saurait reconnaître dans son travail ce qui est vraiment mauvais ...
Pourquoi avoir voulu se défendre ? Le film a été pourtant bien accueilli non ?
Et puis côté Leone, ce n'est pas "son" film ... alors ... pas forcément le même perfectionnisme (bon là je reconnais que ... c'est quand même louche).

Bref je trouve cette affaire louche ... et il faudrait plus d'infos pour trancher vraiment.
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Michel2 a écrit :Il y a quand même une certaine ironie à entendre Valerii, dont on ne peut pas vraiment dire que la filmographie regorge de chefs-d'oeuvres
Pas loin. I giorni dell'ira (Le Dernier Jour de la colère) et Il prezzo del potere (Texas) par exemple font partie des meilleurs westerns italiens.
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Michel2
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Re: Le Western italien

Message par Michel2 »

Cololi a écrit :
Michel2 a écrit :
Personnellement, je prendrais le commentaire audio de Valerii avec une pincée de sel, voire la salière toute entière. Il n'a notoirement jamais digéré de se faire mettre sous tutelle par Leone et ce qu'il dit sur son producteur dans le commentaire du BR relève principalement du règlement de comptes post-mortem, Leone n'tant plus là pour le contredire. Il y a quand même une certaine ironie à entendre Valerii, dont on ne peut pas vraiment dire que la filmographie regorge de chefs-d'oeuvres, expliquer que Leone était un tâcheron qui ne mettait jamais l'oeil derrière la caméra et un voleur qui s'est approprié les inventions visuelles de ses assistants et collaborateurs.
Ton argument est celui qui vient naturellement à l'esprit. Il est plein de bon sens.
Mais ... ça pose d'autres questions : pourquoi Valerii cite les scènes mauvaises du film si il en est l'auteur ? Ca voudrait dire qu'il saurait reconnaître dans son travail ce qui est vraiment mauvais ...
Pourquoi avoir voulu se défendre ? Le film a été pourtant bien accueilli non ?
Et puis côté Leone, ce n'est pas "son" film ... alors ... pas forcément le même perfectionnisme (bon là je reconnais que ... c'est quand même louche).

Bref je trouve cette affaire louche ... et il faudrait plus d'infos pour trancher vraiment.
Il y a consensus sur le fait que le projet a été porté par Leone durant plusieurs années (le film a connu une phase d'écriture et de réécriture assez longue, avec au moins trois ou quatre moutures différentes du scénario). La réalisation a échu à Valerii car Leone voulait à l'époque prendre ses distances avec le western, genre auquel il trouvait qu'il était déjà trop associé. Quant à la suite... Dans son livre d'entretiens avec Noël Simsolo, Leone affirme avoir mis en scène la séquence d'ouverture, l'affrontement entre Jack Beauregard et la horde sauvage, et le duel final (il ne fait aucune référence à la scène de la pissotière), et ce en raison du planning imposé par l'emploi du temps d'Henry Fonda qui n'était plus libre après une certaine date. Leone aurait donc pris les choses en mains et dirigé la seconde équipe pour permettre le respect du plan de tournage et surtout boucler toutes les scènes avec Fonda avant que ce dernier ne quitte le film pour partir sur un autre projet. C'est à peu près ce que reprend Christopher Frayling dans sa biographie de Leone, mais pas ce qu'affirme Valerii, qui prétend par exemple être seul responsable de la scène de la bataille avec la horde sauvage.

Très honnêtement, je n'ai pas joué les Sherlock Holmes pour déterminer qui dit vrai et qui ment. Seule certitude dans l'affaire : les relations entre Leone et Valerii se sont sérieusement dégradées durant le tournage et l'ego de Valerii en a pris un coup, ce qui explique le commentaire audio particulièrement bilieux qu'il a enregistré pour le film (il n'y va quand même pas de main morte quand il évoque le défunt Sergio...).

Si l'on veut un éclairage supplémentaire, l'interview de Terence Hill que je mets en lien ci-dessous n'est pas inintéressante. Hill se refuse à dire qui a réalisé quoi par "tact" et parce qu'il veut ne froisser personne, mais il insiste quand même beaucoup sur le fait que le film était avant tout le bébé de Leone :

http://www.terencehill.it/news_intervis ... ia_en.html
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Re: Le Western italien

Message par pak »

Juste une remarque : quand on voit le sens de l'image, de la dramaturgie, du cadre et de la mise en scène de Leone après avoir visionné la trilogie du Dollar et celle d'Il était une fois, peut-on vraiment croire que subitement, sur un film, Leone soit devenu manchot et aveugle, sur un projet qu'il a en plus développé et produit ? Perso, je n'y crois pas une seconde...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
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Re: Le Western italien

Message par Cololi »

Certes, l'argument est fort, je le reconnais.
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hellrick
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

UN DOIGT SUR LA GACHETTE

Le western à l’italienne n’ayant jamais hésité à reprendre des thématiques connues pour les remanier à sa sauce, il semblait inévitable qu’une histoire aussi célèbre et universelle que « Roméo et Juliette » soit un jour adaptée façon sauce spaghetti. Surprise, alors qu’on s’attend au pire, le résultat est une bien belle réussite, sans temps mort (par contre les cadavres pleuvent !).

Cette transposition shakespearienne prend place en Californie où s’affrontent depuis des lustres deux familles : les Mexicains Campos et les Américains Mounters, lesquels s’entretuent régulièrement pour des futilités. Un jour le chef du clan mexicain décide de régler une fois pour toute le différent et convie les Mounters à un duel « honnête », arbitré par un juge retraité, dont le perdant devra quitter la région. Les ricains acceptent et tous, ou presque, partent pour le combat. Presque car le jeune Johnny reste au ranch, n’étant pas assez adroit du six-coups. Hélas pour les Mounters, ils tombent dans un piège et sont en grande partie exterminé par les Campos avec la complicité du shérif Cooper. Johnny, pour sa part, est capturé par les Campos pour être torturé. Il est ensuite forcé de combattre un vieux hors la loi, le manchot Lefty, qu’il doit affronter dans un duel au pistolet. Comprenant sans doute qu’il mourra de toutes manières, Johnny s’empare d’un révolver et abat quelques membres du clan Campos, aidé par Lefty. Les deux hommes s’enfuient et le manchot décide d’apprendre à son nouvel ami comment prier le Saint Colt, autrement dit comment devenir un expert dans le maniement du pistolet. Johnny devient donc un homme, un vrai, qui fait se pâmer la prostituée locale Rosaline mais notre héros lui préfère la belle Guiletta, fille du patriarche des Campos promise en mariage au shérif Cooper.

Le long-métrage déroule donc son intrigue forcément dramatique et promise à une fin tragique sur base de cette rivalité entre deux familles animées d’une haine inextinguible. Lors d’une brève pause, l’un des belligérants déclare d’ailleurs « peut-être qu’un mariage serait la solution » avant d’ajouter en dégainant son flingue « mais on préfère les funérailles ». Les personnages sont tous typés et malgré le clarissime du scénario, ils possèdent des caractéristiques intéressantes profondément « spagh » : le héros ne boit pas et semble incapable de tirer correctement au révolver devant ses frangins, le vieux pistolero salue ses amis avec son crochet afin d’être toujours en mesure de dégainer de sa main valide, la prostituée aime sans espoir le héros et se sacrifiera pour lui, le shérif s’est associé avec son ennemi après avoir échoué à le tuer, le juge est soupçonné de porter de la lingerie fine depuis qu’il a été émasculé par les Indiens,…
UN DOIGT SUR LA GACHETTE se révèle en outre particulièrement violent, les impacts de balles étant visibles dans les corps tandis que giclent le sang. Le film verse même dans le gore, notamment lors d’un combat de bras de fer entre deux cow-boys : des clous ayant été planté dans la table l’un des adversaires voit sa main transpercée en gros plan.

Pour son premier rôle, Peter Lee Lawrence (camouflé sous le pseudonyme d’Arthur Grant) est excellent en Roméo de l’Ouest amoureux d’une Juliette jouée par Cristina Galbo (LE MASSACRE DES MORTS VIVANTS) et guidé dans le métier des armes par André Mejutos (EYEBALL).

Les paysages sont jolis et crédibles, notamment lors d’un duel final bien emballé au bord d’un lac des plus photogénique. La mise en scène (à laquelle aurait, parait-il, collaboré Paul Naschy qui apparait brièvement dans la scène du bras de fer) se montre à la hauteur et offre un combat final très sanglant qui entraine le film vers le fantastique gothique puisque la mort en personne, personnifiée sous la forme d’un pistolero squelettique tout de noir vêtu, achève les agonisants. Une conclusion pessimiste à souhait mais qui renouvelle habilement la fin attendue et dévie de son inspiration shakespearienne.

Au final, UN DOIGT SUR LA GACHETTE est un western spagh’ très réussi et une nouvelle bonne surprise dans un genre qui comporte finalement plus de bons films qu’on ne le pense. Peut-être pas dans un top 20 à l’italienne mais sans doute pas très loin derrière.
Dernière modification par hellrick le 5 mars 17, 21:42, modifié 1 fois.
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

REQUIESCANT – TUE ET FAIS TA PRIERE

Un an après le réputé DU SANG DANS LA MONTAGNE, Carlo Lizzani tourne un second western, une œuvre originale et réussie qui aborde des thématiques politiques et religieuses sous couvert d’un simple divertissement à l’italienne.

A la fin de la Guerre de Sécession tout un village mexicain est anéanti par un officier esclavagiste, Fergusson. Seul un jeune garçon en réchappe et est recueilli par un pasteur qui l’élève avec sa fille Princy. Dix ans plus tard la jeune femme quitte le foyer familial et tombe dans la prostitution. Son demi-frère, surnommé Requiescant, tente de l’en sortir et croise à nouveau Fergusson, lequel fait la loi dans la ville de San-Antonio. Le fils adoptif du pasteur va devoir faire parler la poudre.

Le casting se révèle très intéressants avec, dans le rôle principal, le Colombien Lou Castel alors à ses débuts (on l’avait remarqué peu avant dans le très politisé EL CHUNCHO, et particulièrement convaincant en héros candide élevé dans la foi religieuse et se confrontant à la violence des Hommes. Il est plus ou moins clairement assimilé à un envoyé de Dieu venu apporter le jugement aux Hommes comme en témoigne son adresse miraculeuse et innée avec le six-coups.
Mark Damon (JOHNNY YUMA, BYLETH) campe son adversaire, Fergusson, véritable incarnation de la tyrannie, personnage haineux mais cultivé, aristocrate misogyne fascinant dont le look blafard et fantomatique lui confère une aura quasiment fantastique et l’apparente à une sorte de mort vivant sadique régnant en despote absolu sur la ville de San Antonio. Pourtant, ce personnage ne sombre pas dans la caricature et demeure crédible tandis que ses discours dominateurs s’appuient sur une rhétorique érudite. Une prestation remarquable loin des despotes ricanant vus dans de trop nombreux spaghetti.
Enfin, Pier Paolo Pasolini (qui aurait participé au scénario sans en être crédité), pour un de ses rares rôles, campe un prêtre tiraillé entre le message christique et les nécessités de la révolution, entre le sermon et l’obligation de la violence.

Malgré son fond politico-socio-religieux, le film ne ménage pas le spectaculaire et offre un final impressionnant dans lequel s’exprime une Gatling et quelques scènes originales comme ce duel voyant les adversaires, la corde au cou tenter de se pendre mutuellement en brisant les pieds d’un tabouret.

Intelligent, efficace, bien filmé et interprété, REQUIESCANT – TUE ET FAIS TA PRIERE, bercé par la guitare inspirée de Riz Ortolani, s’impose comme un classique à redécouvrir du western italien.
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Re: Le Western italien

Message par Kevin95 »

Indianagilles connection ?
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

Kevin95 a écrit :Indianagilles connection ?
Tout à fait :wink:
Son blog ou sa chaine youtube.

Je crois que je lui ai "emprunté" une trentaine de films ce mois-ci (pas encore tous visionné).

Sinon rarelust connection aussi (l'avantage des VO italienne sous-titrées anglais) :D

Celà dit Requiescant existe en blu ray chez Arrow, je l'ai mis dans ma wih list amazon, un jour il sera mien :fiou:
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

DEPECHE TOI SARTANA...JE M'APPELLE TRINITA
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Voici le second western de Mario Siciliano (qui tourna ensuite le bizarre giallo EROTICOFOLIA puis une flopée de pornos) quelques années après l’efficace DJANGO NE PRIE PAS. Malheureusement les temps ont changé, les fayots ont remplacés les spaghetti et, avec le succès d’ON M’APPELLE TRINITA, la gaudriole s’est imposée dans le western italien qui verse de plus en plus dans la parodie peu inspirée et l’humour pipi-caca.
A l’époque les patronymes sont d’ailleurs devenus totalement vides de sens et ne servent qu’à appâter le gogo (40 ans plus tard c’est d’ailleurs encore le cas !). Trinita (Harry Baird vu dans le plaisant CERCUEIL VIVANT) est ici un Noir échappé d’une quelconque blaxploitation surnommé ainsi car il est originaire de Trinidad (il fallait y penser !). Loin du pistolero sinistre et quasi surnaturel, Sartana (le cascadeur Roberto Dell’Acqua alias Robert Widmark) est un blanc-bec blondinet et bien rasé aimant faire des acrobaties et autres cabrioles pour défaire ses ennemis.

L’intrigue, générique au possible, s’avère totalement erratique et semble constituée d’une série de saynètes pas vraiment liées entre elles exceptés par la présence de nos héros, Trinita et Sartana. Ces deux joyeux drilles cherchent à s’emparer d’une grosse quantité d’or. Ils vont d’abord voler une banque mais, attendri par des paysans rançonnés (et les beaux yeux d’une pauvre demoiselle), Trinita leur donne tout le pactole. Ensuite, nos loustics tentent de marauder le riche Burton associé à un révolutionnaire, El Tigre. Trinita, qui rêve de retourner dans les îles, et Sartana, vont vivre de nombreuses péripéties afin de s’enrichir
Dans la lignée des Hill / Spencer mais en nettement moins inspiré DEPECHE TOI SARTANA, JE M’APPELLE TRINITA se veut drôle mais pratiquement tous les gags tombent à plat. L’humour, bien lourd, est uniquement constitué de chutes dans la bouse, de pets impromptus et de concours de baffes, sans oublier quelques poussives poursuites à la Benny Hill (filmées en accéléré !) et de longuettes bagarres de saloon. Une petite romance gnangnan à souhait, quelques flashback romantiques bien niais (Trinita sur son île) agrémentent un ensemble mollasson qui peine vraiment à maintenir l’intérêt : si la première demi-heure fait vaguement illusion, la suite s’enfonce dans les tréfonds de la comédie grasse. En bref, difficile d’en dire davantage tant tout cela s’embourbe dans la médiocrité. Rien de folichon pour un long-métrage en deçà de la moyenne (pourtant basse) du western comique à l’italienne. A réserver aux seuls complétistes, les malades qui veulent tout voir !

Le succès dû pourtant être au rendez-vous puisque film bénéficia cependant d’une suite (ALLELUIA ET SARTANA FILS DE…) sorti l’année suivante et dont les avis glanés ici et là laissent entendre qu’elle serait encore pire que ce premier opus. On n’est donc pas pressé de la découvrir.
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Re: Le Western italien

Message par Kevin95 »

hellrick a écrit :Le succès dû pourtant être au rendez-vous puisque film bénéficia cependant d’une suite (ALLELUIA ET SARTANA FILS DE…) sorti l’année suivante et dont les avis glanés ici et là laissent entendre qu’elle serait encore pire que ce premier opus. On n’est donc pas pressé de la découvrir.
Je confirme, un gros n'importe quoi vaguement intéressant mais oublié après une bonne nuit.
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