Il est vrai que Gene Tierney est une beauté atypique dans l'univers hollywoodien. Malgré cela, et sans la détester pour autant, j'ai bien du mal à lui trouver une quelconque aura. Je ne la trouve pas très bonne actrice (sans être catastrophique) et je lui trouve un air un peu fade, qui tantôt m'indiffère (ça été le cas lors de ma découverte de Mme Muir, où je trouvais qu'elle portait correctement son rôle et où je me suis peu soucié de l'apprécier ou non), tantôt me met mal à l'aise (c'est le cas dans Péché Mortel). Elle ne m'agace pas, mais ne m'émeut pas plus.Strum a écrit : Je ne vais pas trop m'étendre sur Mme Muir dans ce sujet sur Péché Mortel, mais sans Tierney, L'aventure de Mme Muir n'existerait pas. Ou plutôt serait un film bien différent et surtout moins émouvant. Il faut lui rendre cette justice. Ce qui caractérisait Tierney, c'était moins sa beauté (ou le fait qu'elle soit "jolie") que l'étrangeté de sa beauté, son caractère "autre". Elle avait un étrange visage de statue grecque, comme fait de marbre. Cette étrangeté la rendait inadaptée à la vie (et Joe a rappelé, à propos, certains faits biographiques douloureux de sa vie). En couleurs, son visage est encore plus étrange (et tu as employé d'ailleurs, plus haut, des mots assez durs pour le décrire). C'est donc dans les films où cette inadaptation, cette fragilité, cette mise en retrait de la vie, transparaissent le plus, qu'elle est la meilleure et la plus émouvante, car son jeu d'actrice traduit alors une vérité. Dans Mme Muir, c'est comme si elle jouait son propre destin, qu'elle était elle-même, fragile et inadaptée à la vie. Cette fragilité d'un visage de porcelaine peut agacer. Moi, je la trouve émouvante.
Aparté concernant Mme Muir: c'est un film qui possède beaucoup d'atouts et dont le casting me satisfait tel qu'il est. Je me garderais donc de le juger au simple regard de mon indifférence pour Gene Tierney. Il est vrai en plus que j'ai du mal à imaginer une autre actrice dans le rôle (sa peau de porcelaine, son côté un peu prude, doucereux, colle bien au personnage)... mais, ici, le script transcende ses interprètes, et non l'inverse.
Après, je conçois totalement que certains puissent vouer une passion pour Gene. Sa singularité le permet. Mes mots sont un peu fort, peut-être pour être à la mesure de sa réputation. Je m'excuse pour les adeptes, mais cela permet au moins à certains de se sentir moins seuls.