Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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-Kaonashi-
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Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par -Kaonashi- »

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Vacances à Venise (Summertime), David Lean, 1955.

Katharine Hepburn interprête Jane Hudson, une femme d'âge mûre qui fait un séjour touristique à Venise. Elle y vit un amour bref mais fort avec un Vénitien, Renati de Rossi (Rossano Brazzi, le vilain mari d'Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nues).
David Lean ne s'encombre pas de réalisme géographique dans sa description de Venise. Quiconque connait un peu la ville italienne s'amusera du point de vue de rêve qu'a Jane Hudson depuis la Pensione Fiorini. Pourtant le réalisateur est bien loin d'une simple mise en scène qui ferait pencher le film vers une carte postale géante de la Sérénissime. La représentation fantaisiste de Venise est parfaitement assumée, jamais gênante et toujours plaisante.
Si la ville est bien au centre de l'intrigue, au point d'en être un personnage, elle est surtout mise en valeur par l'histoire d'amour qui se noue peu à peu entre les deux personnages principaux. Katharine Hepburn est très touchante dans ce rôle de vieille fille qui découvre tardivement l'amour, avec ses petits réflexes de peur et de surprise, ses doutes. En face d'elle, Rossano Brazzi est parfait en bel Appolon grisonnant.
Malgré tout cela, je dois bien admettre que le film ne m'a pas passionné outre mesure. Mais l'histoire d'amour est très jolie, et David Lean reproduit à la perfection, et sans exagérer, le charme de Venise et la fascination qu'elle exerce sur ses visiteurs.
Dernière modification par -Kaonashi- le 13 juil. 16, 06:57, modifié 1 fois.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Je suis plus sensible au portrait du personnage principal qu'au film lui-même que je trouve un peu empesé. C'est probablement l'un des David Lean que j'aime le moins, moi qui adore le cinéaste.
La science filmique du maître me semble souvent aux abonnés absents ; heureusement restent son intelligence, son humour et parfois (heureusement car c'est l'une de ses forces), son romantisme douloureux. Grâce à l'élégance, à la sensibilité et au dynamisme de Katharine Hepburn, il se crée donc une jolie alchimie entre le réalisateur et son actrice. Mais l'aspect "dépliant touristique" et "Madame Hepburn aux pays des ritals séducteurs" me laisse un peu froid devant un film que je n'ai pas trop envie de revoir (alors que je me repasse régulièrement les autres films de Lean en vidéo).
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Roy Neary a écrit :l'aspect "dépliant touristique"
Je trouve au contraire que le film évite cet aspect que l'on retrouve trop souvent au cinéma lorsqu'il est question de grandes villes européennes comme Venise ou Paris.
On sent que Lean aime vraiment Venise, que ce n'est pas juste une carte postale mouvante d'1h40.

Sinon, perso je ne connais pas bien le cinéma de Lean, j'aime De Grandes Espérances et Lawrence d'Arabie, par contre je n'aime pas du tout Docteur Jivago (beaucoup d'ennui)...
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

-Kaonashi Yota- a écrit :
Roy Neary a écrit :l'aspect "dépliant touristique"
Je trouve au contraire que le film évite cet aspect que l'on retrouve trop souvent au cinéma lorsqu'il est question de grandes villes européennes comme Venise ou Paris.
On sent que Lean aime vraiment Venise, que ce n'est pas juste une carte postale mouvante d'1h40.

Sinon, perso je ne connais pas bien le cinéma de Lean, j'aime De Grandes Espérances et Lawrence d'Arabie, par contre je n'aime pas du tout Docteur Jivago (beaucoup d'ennui)...
Je te conseille, quand tu en auras l'occasion, de découvrir La fille de Ryan ou La route des Indes
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Message par Kurwenal »

Jeremy Fox a écrit :Je te conseille, quand tu en auras l'occasion, de découvrir La fille de Ryan ou La route des Indes
Et je me permets discrètement d'ajouter Brief Encounter (Brève Rencontre) 1945 :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Kurwenal a écrit :Et je me permets discrètement d'ajouter Brief Encounter (Brève Rencontre) 1945 :wink:
Et tu fais bien car il fait partie de mes Lean (et de mes mélos) préférés :wink:
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Kurwenal a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je te conseille, quand tu en auras l'occasion, de découvrir La fille de Ryan ou La route des Indes
Et je me permets discrètement d'ajouter Brief Encounter (Brève Rencontre) 1945 :wink:
Ceux que j'ai vraiment le plus envie de voir, ce sont Oliver Twist et La Fille de Ryan. Je ne connaissais pas La Route des Indes avant aujourd'hui. Par contre, j'ai déjà essayé Le Pont de la rivière Kwaï il y a quelques années... et j'ai zappé au bout de 30-45min. :oops:
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Jeremy Fox
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Jeremy Fox »

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Jane Hudson, modeste secrétaire américaine, a choisi de passer ses premières vacances européennes à Venise. Célibataire d’âge mûr, cette vieille fille un peu guindée espère dans son for intérieur rencontrer l’amour au sein de cette ville de rêve…


Pour David Lean, "Vacances à Venise" est en quelque sorte le film de transition entre sa première partie de carrière, anglaise, et la seconde constituée de ses films à gros budgets tournés pour Hollywood. C’est la première fois qu’il allait tourner hors de son pays natal. Avec "Summertime", petit film à priori ‘sans prétentions’ au sein de sa filmographie, nous partons à la visite de Venise en compagnie de Katharine Hepburn. Quelques uns parleront probablement de ‘carte postale’ à son égard, ce qui n’est pas totalement faux mais, comme certaines peuvent être très agréables à regarder, il en est de même de celle, somptueuse, que nous envoie David Lean. Et puis, nous découvrons la ville au travers du regard d’une touriste qui l’a toujours idéalisé. Par l’intermédiaire de l'espiègle Mauro, jeune garçon d’une dizaine d’années, on s’échappe parfois du dépliant touristique pour se diriger vers des venelles plus secrètes, des lieux moins connus mais tout aussi pittoresques. Le tout filmé à la perfection et arrivant à faire ressentir la fascination exercée par le ville sur les touristes.

Et même si Venise est considérée à l’égal des personnages en chair et en os, Jane Hudson est bien l’héroïne du film et c’est son portrait que brosse avec tendresse et lucidité le cinéaste anglais. Le portrait d’une vieille fille mélancolique et romantique qui court toujours après le grand amour mais qui est freiné dans son élan par sa timidité, sa gaucherie mais aussi par ses valeurs et le puritanisme de son éducation. David Lean réussit à rendre Katharine Hepburn, 48 ans, plus belle et désirable que jamais. Peu avare de grands rôles, Jane Hudson est peut-être son plus touchant. Maladroite, agaçante ou même nunuche parfois, mais tellement humaine et attachante. L’actrice parvient à se servir de l’image qu’elle nous avait donnée à partir de ses innombrables rôles précédents (la femme piquante, vive et enjouée, au caractère bien trempé) tout en la faisant se fissurer au travers de failles apparaissant sur son visage parfois grave d’où transparait de temps à autre une forte mélancolie sous-jacente. Le couple qu’elle forme avec le séduisant Rossano Brazzi (l’inoubliable comte Vincenzo Torlato-Favrini de La Comtesse aux pieds nus de Joseph Mankiewicz), le latin-lover par excellence, est totalement convaincant. Tout au long du film, les deux comédiens nous offriront quelques séquences désarmantes et poignantes.

On est ému par les amours désuets de cette américaine tout ce qu’il y a de plus ordinaire, charmé par cette histoire ténue à dimension humaine mettant en scène des personnages authentiques, non dénués de défauts, des situations cocasses, inattendues mais qui ne sonnent ‘presque’ jamais faux. Le postulat de départ a beau être conventionnel et à priori peu captivant, les clichés être au rendez-vous, on se laisse porter grâce à une superbe direction d’acteur et au charme fugace qui se dégage de cette simple et universelle histoire d’amour contée et filmée avec tendresse. Malgré beaucoup de légers traits d’humour et un rythme allègre, malgré l’exotisme et le dépaysement, nous assistons à une histoire d’amour non dénuée de gravité. Dommage que tous les seconds rôles soient décrits aussi superficiellement. Dommage aussi qu’on ne ressorte pas bouleversé de cette pourtant belle histoire sentimentale ! Ce n’est pas bien grave puisque ce voyage suranné fut néanmoins plus que plaisant, très réussi, le dépaysement et l’émotion étant de la partie, le tout baigné dans de superbes et chaudes couleurs sorties de la palette du chef opérateur Jack Hilyard et une jolie partition d’Alessandro Cicognini. Un film non dénué de poncifs mais non plus de dérision et surtout emprunt d’une belle délicatesse ; un magnifique portrait de femme.

La version longue à la réouverture du site avec le test du très beau DVD :wink:
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Cathy »

Je reposte ici mon commentaire quand j'ai redécouvert le film il y a quelques mois

Summertime, Vacances à Venise (1955)

Image[img]http://auteurs_production.s3.amazonaws.com/stills/9119/Summertimew.jpg[/img]


Une vieille fille américaine en vacances à Venise tombe amoureuse d'un italien.

David Lean réalise ici un film plein de charme, de tendresse et de pudeur, sur les amours entre une vieille fille américaine et un séduisant italien. Bien qu'il y ait le côté touristique de Venise, David Lean réussit à capter une certaine âme italienne, et de nombreuses prises de vues évoquent les tableaux de Guardi ou Canaletto. Certes on ne peut échapper à la Piazza San Marco ou au grand canal, mais les caméras se promènent surtout dans les petites rues de Venise, conférant un charme magnifique à cette triste histoire d'amour. David Lean sait conter les histoires d'amour et l'évolution de celles-ci de cette rencontre au café, à celle dans la boutique puis dans la pension.
Katharine Hepburn est superbe en vieille fille qui va finalement succomber à l'amour aux bras d'un Rossano Brazzi toujours aussi séduisant. David Lean montre à la fois la frivolité des italiens qui "déplaisent" au départ cette vieille fille typique, mais aussi le caractère superficiel des touristes américains notamment avec ce couple de touristes dont le mari ne supporte pas les monuments et les musées, mais va finir par succomber au charme de Venise. Il y a aussi cette histoire avec ce petit italien qui ne pense qu'à gagner de l'argent des touristes. Un film dépaysant aux images magnifiques, même si David Lean n'évite pas quelques clichés comme le feu d'artifice quand l'héroïne s'abandonne, et quelques superbes chromos traditionnels, mais il y a un charme, une subtilité qui font de ce film une très jolie romantico-dramatique.
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Jeremy Fox »

Nous y avons trouvé à peu près le même charme apparemment :wink:
Le feu d'artifice est effectivement un peu too much mais fait partie du style Lean ; pour sa scène d'amour dans la fille de Ryan ce seront des images de natures très allusives et pour La Routes des Indes, un copieux statuaire érotique.
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Père Jules »

Je l'ai acheté mais je sens que je vais plus aimer les images que l'histoire à proprement parler :D
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Jeremy Fox
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Jeremy Fox »

Les anglo-saxons en Italie, j'adore ça. Mulligan et son Come September, Ivory et sa chambre avec vue, Daves et son Rome Adventure, Wyler et ses vacances romaines... tous des films qui me procurent un immense plaisir.
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par riqueuniee »

Père Jules a écrit :Je l'ai acheté mais je sens que je vais plus aimer les images que l'histoire à proprement parler :D
L'histoire ne me tente pas du tout, en ce qui me concerne.
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :Les anglo-saxons en Italie, j'adore ça. Mulligan et son Come September, Ivory et sa chambre avec vue, Daves et son Rome Adventure, Wyler et ses vacances romaines... tous des films qui me procurent un immense plaisir.
Je n'ai pas vu Chambre avec vue, mais les trois autres sont des films que j'aime beaucoup et qui surtout on su capter cette Dolce vita. Ce que j'aime particulièrement dans Vacances à Venise c'est que nous nous promenons dans une Venise plus intime, pas uniquement la Place Saint Marc et le grand canal, même si c'est naturellement un passage obligé !
julien
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Re: Vacances à Venise (David Lean - 1955)

Message par julien »

La seule chose que je me souviens dans ce film, c'est la chute de Katharine Hepburn, lorsqu'elle tombe dans la flotte, d'un canal vénitien. Je sais pas pourquoi. Sinon un plan d'ensemble assez impressionnant, filmé en hauteur, de la place St Marc. On retrouvait déjà le style visuel de Lean, qui a toujours su exploiter avec habileté toutes les ressources du décors extérieurs ; à tel point qu'il en vole presque la vedette aux personnages de ses films.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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