Embuscade (Sam Wood - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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james
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Embuscade (Sam Wood - 1950)

Message par james »

Vu ce jour,toujour un regal que de voire ce western de sam wood qui fut très critiqué a la sortie de se western,a notez la toujour et impeccable prestation de "john mc intire", :D
ma note
Image9/10
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Avec Robert Taylor, Arlene Dahl, John Hodiak, Don Taylor, Jean Hagen, Leon Ames, John McIntire...
Scénario : Marguerite Roberts d’après une histoire de Luke Short
Musique : Rudolph G. Kopp
Photographie : Harold Lipstein
Une production Armand Deutsch & Sam Wood pour la MGM
Noir & Blanc - 88 mn


Sortie USA : 13 janvier 1950


Le fameux rugissement du lion de la MGM retentit puis se font entendre quelques secondes de pesants coups syncopés, ceux émis par des tambours de guerre. S’ensuit un lourd silence. Vue en légère contre-plongée sur des traces de chariot laissées sur la terre asséchée. Toujours sans musique, commence alors un plan séquence avec travelling latéral s’en allant filmer vers la droite. La caméra, lentement et à faible hauteur, suit ces empreintes de roue sur quelques mètres. Apparaît alors dans son champ un cadavre, puis celui d’un cheval et encore d’autres corps avant qu’elle ne tombe sur le fameux chariot à moitié calciné et encore fumant. Après l’avoir survolé, elle découvre encore de nombreux morts gisant pêle-mêle. Des cris sauvages et stridents déchirent ce pesant silence. La caméra s’élève alors à l’horizontale pour découvrir en fond de champs des indiens à cheval quittant tout excités les lieux du massacre. Le titre Ambush vient alors s’incruster brutalement sur l’écran et le générique de se lancer ! C’est il me semble la première fois qu’un western débute par une séquence pré-générique et elle s’avère fulgurante. Le film ne tiendra pas ces géniales promesses mais s’avèrera néanmoins être une bonne surprise se situant dans une très honnête moyenne.


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1878. Ward Kinsman (Robert Taylor) prospecte dans les montagnes Apaches quand le Major Breverly (Leon Ames) de la cavalerie américaine l’envoie chercher. Connaissant ses talents d’éclaireur et comptant sur sa connaissance des dialectes indiens, il lui confie une mission : retrouver la seule survivante du massacre d’un convoi, la fille d’un général qui aurait été faite prisonnière par un redoutable chef indien, Diablito. Connaissant la ruse et l’intelligence de ce dernier, Ward refuse dans un premier temps, prétextant qu’il serait inutile de sacrifier toute une patrouille pour sauver une seule vie. Mais il finit par accepter quand la sœur de la disparue, Ann Duverall (Arlene Dahl), vient l’exhorter à le faire. L’escadron devra être dirigé par le capitaine Lorrison (John Hodiak) avec qui Ward entre en conflit rapidement, notamment pour les beaux yeux de la jolie et désirable Ann. Alors que les préparatifs de l’expédition pour rattraper la tribu de Diablito s’organisent, nous restons quelques temps à l’intérieur du fort où un second triangle amoureux va provoquer d’autres drames de la jalousie ; en effet, Martha (Jean Hagen), épouse d’un soldat qui la maltraite, tombe amoureuse du lieutenant Delaney (Don Taylor). Le mari va devenir fou furieux tandis que le lieutenant va se faire sermonner par Lorrison qui ne supporte pas le plus petit manquement à la discipline et à la moralité dans l’enceinte du fort dont il vient de prendre le commandement suite à la blessure mortelle reçue par le Major Breverly…


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En ce début des années 50, John Ford qui a quasiment inventé le western de cavalerie et qui n’a pas manqué de nous éblouir avec, n’en a désormais plus le monopole. C’est le cinéaste Sam Wood qui, pour son dernier film, vient marcher sur ses plates-bandes. Mais que Ford se rassure, Ambush n’a pas grand-chose à voir avec les deux films qu’il a lui-même déjà réalisé avec les Tuniques Bleues pour principaux protagonistes (Fort Apache et She Wore a Yellow Ribbon) ; tons et le styles sont totalement différents. Le ton élégiaque et chaleureux de Ford fait place à une description plus terne de la vie militaire, peut-être aussi d’ailleurs plus proche de ce qu’elle devait être réellement ; les hommes semblent ici s’y ennuyer ce qui était probablement le cas , confinés qu’ils étaient dans ces garnisons de petite taille sises aux abords de contrées dangereuses mais désertes. Quant au style, il serait malhonnête de vouloir les comparer, les deux cinéastes n’ayant jamais vraiment boxé dans la même catégorie. Même s’il ne possède pas le génie de Ford, Sam Wood ne manque pourtant pas de talent et nous en avons la preuve à travers cet ultime long métrage.


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Auteur réputé aux USA, Sam Wood le fut beaucoup moins en France, pays où l'on a malheureusement toujours eu du mal à dissocier l’homme de l'artiste. Son degré d'appréciation fut donc moindre, non pas à cause de ses qualités cinématographiques mais en raison de ses positions politiques ultraconservatrices et anticommunistes. Il n'en réalisa pas moins un film qui allait à l’encontre de ses convictions, et pour cause puisqu'il s'agissait de l'adaptation de Pour qui sonne le glas (For Whom the Bells Tolls) d’Ernst Hemingway. Si le peu de ses films qu’il m’a été de voir ne m’a guère enthousiasmé, il mérite tout de même notre estime pour être l’auteur d’au moins un chef-d’œuvre du mélodrame, le superbe Kings Row (Crimes sans châtiment) avec Ann Sheridan, Robert Cummings et un Ronald Reagan dont on ne s'attendait pas à voir aussi bon et pour avoir mis en scène quelques films des Marx Brothers parmi leurs plus drôles, Un Jour aux Courses (A day at Races) et surtout Une Nuit à l’Opéra (A Night at the Opera). Il existe certainement d’autres pépites au sein de sa filmographie mais déjà Ambush peut aisément figurer parmi ses réussites.


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Pour une bonne moitié de sa durée, soit environ ¾ d’heure, Embuscade pourrait s’apparenter, plus qu’au western, au mélodrame, Sam Wood ne se contentant pas pour l’occasion d’un seul triangle amoureux, nous en proposant un deuxième pour le même prix. On en trouvait un dans La Charge héroïque de Ford mais les relations entre les trois personnages (John Agar, Joanne Dru et Harry Carey Jr) étaient plutôt amusantes et somme tout très bon enfant. Sam Wood prend ses romances bien plus au sérieux, les deux se terminant même assez tragiquement permettant que la morale soit sauve par la même occasion, les deux femmes n’ayant plus vraiment à choisir entre deux hommes : pour le studio familial par excellence qu’était la MGM, il n’en fallait pas moins. Mais que les amateurs d’action se rassurent, l’autre moitié du film est consacrée aux guerres indiennes avec force batailles, traquenards et fusillades au milieu de forts beaux décors naturels. Que ce soit la première séquence après-générique au cours de laquelle, au milieu d’étonnants paysages rocheux, Robert Taylor et John McIntire tentent de récupérer des chevaux pour se sauver de la mauvaise passe dans laquelle ils se sont fourrés ou bien les deux combats successifs de la dernière demi-heure, la mise en scène de Sam Wood s’avère très efficace. Ceux qui se seraient un peu lassés des histoires d’amour ayant eu lieu dans l’enceinte du fort se voient récompensés de leur attente notamment lors de cette embuscade finale qui voit les indiens s’ensabler au milieu d’une vaste plaine pour surprendre les soldats qui ne s’y attendent absolument pas ; un très bon suspens et une violence assez sèche qui clôturent le film aussi bien qu’il avait débuté.


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Quasiment dix ans après son Billy The Kid, on retrouve enfin Robert Taylor dans un western ; mais le jeune premier a fait place à un acteur n’hésitant pas à se présenter à nous sale et mal rasé, pas forcément héroïque, souvent maltraité aussi bien par les militaires que par les civils et assurément très peu habile de ses poings ; au cours d’un combat à mains nues qui l’oppose à John Hodiak, il prend même une raclée carabinée. Bref, la scénariste a eu un certain culot de nous offrir un personnage principal loin d’être immaculé qui plus est interprété par une star que l’on avait peu l’habitude de voir ainsi. Les relations qu’il entretient avec son rival en amour sont d’ailleurs plutôt bien vues, à la fois tendues et savoureuses. Pour interpréter cet officier rigide « qui ne commet pas d’erreur et qui ne supporte pas qu’on en commette », John Hodiak s’avère également très bon tout comme les deux actrices féminines, Jean Hagen (vous savez, la Lina Lamont à la désagréable voix haut perchée dans Singin’ in the Rain) et Arlene Dahl, la belle rousse au grain de beauté situé pas loin de la commissure des lèvres (rien que pour elle, le Technicolor aurait été un atout supplémentaire). Le reste du casting se tient très bien de Don Taylor à John McIntire en passant par Leon Ames dont le personnage de commandant du fort nous fait beaucoup penser à son pendant dans La Charge héroïque de John Ford joué par George O’Brien ; à tel point que j’ai cru pendant un long moment qu’il s’agissait du même protagoniste.


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Sinon, outre une intéressante description de la vie quotidienne dans un fort, des intrigues sentimentales assez bien écrites (même si prenant un peu trop d’importance) et d’efficaces morceaux de bravoure, mettons aussi à l’actif de ce bon scénario une certaine franchise des dialogues, le culot (pour l’époque) de certaines situations et une vision des indiens tout à fait honorable contrairement à ce que certains ont pu dire en taxant ce film de racisme, ce qui me semble totalement déplacé. Les Indiens sont effectivement les ennemis à éliminer ou à raccompagner dans leurs réserves mais le fait est historique et aucun moment le réalisateur ou les protagonistes ne les considèrent avec mépris ; au contraire, ils sont filmés avec respect et loués par Robert Taylor pour leur intelligence tactique (ils le prouvent lors de la dernière embuscade) et ce n’est pas cette phrase « un Apache qui ne parle pas et qui ne se défend pas ; en voici un bon Apache » qui devrait faire penser le contraire ; ne pas confondre idées de certains personnages avec celles des auteurs ! Le fait d’avoir choisi pour les incarner de véritables indiens et de les faire parler dans leur vrai dialecte en est à mon avis une preuve supplémentaire. Un bon western sur les guérillas Apaches qui ne laissera pas forcément de traces mais qui aura permis de passer un agréable moment.

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james
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Message par james »

Jeremy Fox a écrit :Un des films les plus justes quant à la description de la vie d'un fort. J'aime beaucoup.
:D
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Beule
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Message par Beule »

Critiqué à sa sortie pour quelle raison James? :wink:

C'est toujours un film que j'ai envie de citer lorsque l'on s'attaque à l'absence de talent présumée de Sam Wood. La vie du fort effectivement, mais aussi les séquences d'action qui ouvrent (Taylor et McIntyre cgerchant à échapper aux Indiens à travers les aplombs rocheux du canyon) et referment ( l'embuscade finale tendue par les Indiens ensablés) sont de beaux morceaux de bravoure.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

J'ai également un très bon souvenir de ce sympathique western, dont cette fameuse scène de l'embuscade. Et puis Arlene Dahl a un petit quelque chose, on va dire. :P
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bogart
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Message par bogart »

En tout cas, ça donne envie de le voir. :o
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Je ne l'ai pas revu depuis mon enfance et il serait erroné de conclure que j'en conçoive un quelconque manque.

Et ce n'est pas le souvenir encore présent à mon esprit de Pour qui sonne le glas, qui m'incitera à revisiter le cinéma de Sam Wood.
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bogart
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Message par bogart »

Lord Henry a écrit :Je ne l'ai pas revu depuis mon enfance et il serait erroné de conclure que j'en conçoive un quelconque manque.

Et ce n'est pas le souvenir encore présent à mon esprit de Pour qui sonne le glas, qui m'incitera à revisiter le cinéma de Sam Wood.


Bogie aime bien ce film Pour qui sonne le glas pour le plaisir de revoir sa partenaire de Casablanca. :wink:
james
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Message par james »

bogart a écrit :
Lord Henry a écrit :Je ne l'ai pas revu depuis mon enfance et il serait erroné de conclure que j'en conçoive un quelconque manque.

Et ce n'est pas le souvenir encore présent à mon esprit de Pour qui sonne le glas, qui m'incitera à revisiter le cinéma de Sam Wood.


Bogie aime bien ce film Pour qui sonne le glas pour le plaisir de revoir sa partenaire de Casablanca. :wink:
Souvenir imperissable de ma memoire que ce "pour qui sonne le glas" nostalgie personnel,car mon grand-père fut un combattant pour la democratie en espagne durant cette periode : :wink:




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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

james a écrit :Souvenir imperissable de ma memoire que ce "pour qui sonne le glas" nostalgie personnel,car mon grand-père fut un combattant pour la democratie en espagne durant cette periode : :wink:
Nous avons une chose en commun. :wink:
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james
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Message par james »

Roy Neary a écrit :
james a écrit :Souvenir imperissable de ma memoire que ce "pour qui sonne le glas" nostalgie personnel,car mon grand-père fut un combattant pour la democratie en espagne durant cette periode : :wink:
Nous avons une chose en commun. :wink:
:D
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Beule
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Message par Beule »

Roy Neary a écrit :
james a écrit :Souvenir imperissable de ma memoire que ce "pour qui sonne le glas" nostalgie personnel,car mon grand-père fut un combattant pour la democratie en espagne durant cette periode : :wink:
Nous avons une chose en commun. :wink:
Et au regard de cet engagement démocratique personnel, vous êtes certains que vos aïeuls appréciaint vraiment cette adaptation?
:roll: :D
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Beule a écrit :Et au regard de cet engagement démocratique personnel, vous êtes certains que vos aïeuls appréciaint vraiment cette adaptation ?
:roll: :D
:lol:

Je n'en ai aucune idée. Par contre, je sais que mon père, donc son fils, adorait. En particulier le couple Cooper/Bergman. Et il m'a transmis le virus puisque je fonds littéralement dès que je vois Ingrid à l'écran. :wink:
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Message par james »

Roy Neary a écrit :
Beule a écrit :Et au regard de cet engagement démocratique personnel, vous êtes certains que vos aïeuls appréciaint vraiment cette adaptation ?
:roll: :D
:lol:

Je n'en ai aucune idée. Par contre, je sais que mon père, donc son fils, adorait. En particulier le couple Cooper/Bergman. Et il m'a transmis le virus puisque je fonds littéralement dès que je vois Ingrid à l'écran. :wink:
Le père de ma mère a combattut le franquisme dans les rang de l'armeé republicaine pendant plus de 3 ans,interdit de sejour en espagne jusqu'a la mort du dictateur franco,il avait rencontrez monsieur hemingway avec lesquel il racontat les combat dans le sud espagnol et profitèrent de cette rencontre pour se saouler en la memoire des camarades tombé pour la democratie,j'aurais aimez lui ressemblez a mon grand-père :D
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Message par Roy Neary »

C'est une belle histoire James, la rencontre avec Hemingway ! :shock: :wink:

Mon grand-père, lui, était simplement poursuivi par les Nazis et il n'a rien trouvé d'autre à faire pour rester en vie que d'aller combattre en Espagne avec les Républicains en laissant sa famille s'inquiéter pendant des annés sans aucune nouvelle :roll: A une époque, être idéaliste ça voulait dire accepter le risque de se faire massacrer pour ses idées. :wink:
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