Stanley Kramer (1913-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Rick Blaine »

Oui, Procès de singe c'est très bien.
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Watkinssien
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Watkinssien »

Un réalisateur que je découvre depuis quelque temps, et que je trouve vraiment intéressant.

Dans sa filmo, je retiens surtout La chaîne, l'excellent et imposant Judgment at Nuremberg et mon favori le plus léger, vraiment réjouissant et émouvant Devine qui vient dîner?.
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Bonner
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Bonner »

bogart a écrit :Producteur et réalisateur américain (1913-2001)

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Avant d'aborder sa carrière de réalisateur producteur, il produisit entre autres, Champion (Mark Robson, 1949) High Monn (Le Train sifflera trois fois, 1952), Caine Mutiny (Ouragan sur le caine, 1954) etc....

Il aborda la réalisation en 56 par Not as A Stranger avec Robert Mitchum, Gloria Grahame, mélodrame médical. L'année suivante Gary Grant, Frank Sinatra et Sophia Loren s'affrontaient dans The Pride and The Passion (Orgueil et Passion, 1957), puis en 58, il enchaînait Sidney Poitier et Tony Curtis dans La Chaîne, film antiraciste.
Mais son plus grand film abordait le phénomène nazi dans Jugement à Nuremberg (1962), véritable film coup de poing et bénéficiant d'une distribution hors pairs, Spencer Tracy, Marlène Dietrich, Judy Garland, Burt Lancaster, Montgomery Clift, Richard Widmark et Maximillien Schell.
Actuellement, le dvd lui fait honneur puisque 3 films vous sont proposés:

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Autres films :
Un Monde fou, fou, fou, fou 1963. (bourré de gags féroces, j'adore :D )
Devine qui vient diner, 1967.
La Théorie des dominos, 1976 (film sur la manipulation des individus)


Que pensez-vous de ce réalisateur :?:
Jugement à Nuremberg c'est un chef-d'oeuvre hallucinant. On peut se dire qu on va voir un film historique sur le procès de la deuxième strate de la machinerie nazie, les Speer et compagnie vu que la première couche s'était auto effacée (les Goebbels, Himmler....) mais pas du tout. Là on assiste au procès de 4 juges ayant sévi sous Hitler mais également pendant la République de Weimar. Le film explore toutes les voies de l'analyse historique du style "Il y a des extrémistes de tous bords" ou "seuls les SS étaient méchants" ou " nous n'avons fait qu'obéir aux ordres"...mais Jugement à Nuremberg ne s'arrête sur aucune piste. Et le film porte un message, ou plutôt un doute, universel et intemporel qui fait réfléchir encore aujourd'hui et bien au-delà de la 2ème guerre mondiale...
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Karras
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Re: Re:

Message par Karras »

Nestor Almendros a écrit :LA NEF DES FOUS (1965)
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Je suis loin de faire partie des fans du cinéaste, et ce SHIP OF FOOLS ne me fera pas changer d'avis. Cette histoire pachydermique a des allures de pièce de théatre à l'américaine, en tout cas telle que je la perçois dans certains films: démarche rocambolesque, gros sabots de rigueur, et surtout ennui sur toute la ligne. C'est apparemment un scénario original, mais ça lorgne vraiment sur le spectacle vivant.
C'est une sorte de "film choral" où se croisent différents personnages sur un paquebot allemand en 1930. Obligatoires réflexions sur le nazisme alors en développement, sur l'incrédulité, le courage, l'amour impossible, l'emprisonnement. Pour être franc je ne sais vraiment pas comment cataloguer ces différentes intrigues. Peut-être tout simplement par son titre LA NEF DES FOUS, "fools" en anglais voulant imbécile, idiot, dupe. Des personnages qui sont bêtes (Jose Ferrer, anti juif et probable futur nazi) ou sot (le juif qui n'a pas peur de rentrer en Allemagne), etc.

Ce qui est probalble c'est que Aaron Spelling s'est certainement de ce concept, en le tournant en comédie, pour sa série tv. Impossible de ne pas faire un rapprochement facile.

Malgré tout, le film offre un casting intéressant. Entre un Jose Ferrer presque grand-guignolesque, un Lee Marvin animal, une Vivien Leigh frustrée et alcoolique (personnage qui semble proche d'elle, c'est une impression), et une Simone Signoret future emprisonnée mais amoureuse du docteur de bord (probablement les meilleurs passages du film), on rattrape un peu de l'ennui scénaristique.
Autre détail: le film est entièrement tourné en studio dans de gigantesques décors.

Master moyen mais correct, parfois un peu sale. Noirs charbonneux. Pas grave pour un film oubliable...
Pour ma part j'ai bien aimé ce film, découvert en dvd ( malheureusement charcuté en 4/3). Le film était nominé 8 fois aux oscars 1966 ( dont celui du meilleur film ). D'abord pour son casting : Vivien Leigh ( avec quelques clin d’œil à son personnage de GWTW), une émouvante Signoret, un torturé Oskar Werner, sans oublier Michael Dunn ( le Miguelito Loveless des Mystères de l'Ouest) tous les trois nominés dans les catégories d'interprétation. J'ai trouvé les dialogues souvent sarcastiques et l'ensemble très divertissant même si la réalisation n'est pas exceptionnelle (7,5/10)
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Barry Egan
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Barry Egan »

Le Dernier rivage

Bon, j'avais lu que ce film était plutôt avant-gardiste pour son temps, et il ne l'est pas totalement. La musique reste dans l'esprit de la production hollywoodienne des années 50, et ne s'autorise que quelques dissonances trop vite expédiées. Mais la pudeur à l'oeuvre dans le déroulement des événements et la description de la situation rend le film émouvant, surtout dans ses dernières minutes, glaciales, abruptes. Ava Gardner hérite des meilleures lignes et du rôle le plus épais, Grégory Peck est excellent, Astaire s'en sort convenablement. Anthony Perkins dans la peau du jeune de service fait le job. C'est l'hésitation du film entre le conventionnel et l'austère qui lui donne sa force.
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Jeremy Fox
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit : 27 juin 12, 02:49 Le Dernier Rivage (1959)

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1964. Une guerre atomique a ravagé presque toute l'hémisphère nord de la planète. Un sous-marin américain fait alors escale en Australie. Mais les retombées radioactives se rapprochent lentement...

La fin du monde peut être racontée de bien des façons (spectaculaire, poétique) et s'inscrire dans des genres bien différents allant de la science-fiction au film catastrophe ou au drame. Avec Le Dernier Rivage, Stanley Kramer en offre une des visions les plus belle, intimiste mais aussi profondément déprimante. Le film est surtout une manifestation de l'engagement politique et de l'humanisme qui imprègne l'œuvre de Kramer qui plie cette adaptation du roman éponyme de Nevil Shute à sa vision d'une société rongée par la peur du nucléaire depuis Hiroshima et la course à l'armement ayant cours durant la Guerre Froide.

On the beach nous plonge dans un monde sans espoir où tout es déjà joué. Une guerre atomique (dont on ne connaître jamais les cause, les tenants et les aboutissants pour mieux en souligner l'absurdité) a ravagé l'ensemble de la planète y a fait disparaitre toute vie. Seul l'Australie a survécu à la catastrophe mais c'est une terre en sursis où les premières retombées radioactives arriveront d'ici quelques mois, laissant ses habitants dans une angoisse latente. Dans ce contexte, le récit s'attache à quelques personnages et à leur réaction face à cette fin inéluctable. On y trouve les jeunes mariés et parents Peter (Anthony Perkins) et Mary (Donna Anderson), le vieux scientifique alcoolique et désabusé Julian (Fred Astaire) et surtout le couple entre Dwight Towers (Gregory Peck) et Moira Davidson (Ava Gardner). Lui est un capitaine de sous-marin américain qui a perdu sa famille dans la catastrophe et dont la solitude répond à celle de Moira, femme dépressive et alcoolique qui fait face à sa propre solitude alors que la fin approche. Stanley Kramer imprègne de manière progressive cette ambiance désenchantée. La vie continue dans un premier temps pour les personnages dans ce Melbourne bondés où se révéleront d'abord visuellement les manques matériels (la circulation délaissant les voitures pour les chevaux face à la pénurie d'essence) puis à travers le dialogues les échanges soulignent discrètement (Peck qui confond inconsciemment le prénom de sa femme et celui d'Ava Gardner) ou de façons appuyées (toutes les monologues désabusé de Fred Astaire) le malaise intérieur de chacun.

Pour le jeune couple, c'est l'acceptation que tout va s'arrêter alors qu'ils ont la vie devant eux qui se joue, l'aura juvénile et innocente d'Anthony Perkins et Donna Anderson (tous deux formidables) renforçant le sentiment d'injustice. Fred Astaire est lui au croisement de la culpabilité et de l'incompréhension quant à sa contribution au façonnement de l'arme nucléaire et à l'utilisation dramatique qui en a été faite, souligné par cette réplique : Qui a jamais cru que nous pourrions maintenir la paix en organisant notre défense avec des armes que toute utilisation rend suicidaire !. Le plus beau reste cependant la romance entre Gregory Peck et Ava Gardner où lui trouvera une forme de réconfort et elle connaîtra enfin l'amour, trop tard... Leurs hésitations et errances sont magnifiquement montrées par Kramer qui met vraiment en danger ses acteurs. Gregory Peck n'a sans doute jamais paru aussi vulnérable (la scène à la gare où il est au bord des larmes) et Ava Gardner se déleste de tout son glamour (sa beauté n'étant que plus authentique par cette fragilité affichée) dans ce rôle de femme abîmée par la vie, les traits tirée et la mine anxieuse (les critiques accusant Kramer d'avoir réussi à rendre Ava Garner moche...). Stanley Kramer dans les changements qu'il opère par rapport au livre rend l'ensemble encore plus sombre et pessimiste. Dans le livre il existe d'autres survivants à travers le monde avec lesquels les protagonistes communiquent quant ici ils sont définitivement seuls. Les rares motifs d'espérances sont balayés dans des moments de profondes désolation notamment lors de l'expédition où l'on apercevra un San Francisco réduit à l'état de ville fantôme.

L'enjeu n'est donc pas une survie possible mais l'acceptation que tout va s'arrêter et de savourer aux mieux les derniers instants. Pour les uns ce sera sous la forme d'une ultime poussée d'adrénaline (Fred Astaire et sa course automobile), d'autres n'y parviendront pas et notre couple vivra enfin pleinement sa passion. Là encore Kramer réserve quelques moment de pure flamboyance visuelle entre eux comme ce long baiser où la caméra tourbillonne autour de Peck et Gardner enlacés, où ce sublime final où ils se disent adieux à distance sur la plage. On pense d'ailleurs que Kramer conclura sur une note moins désespérée que le livre (où le personnage de Gardner se suicide seul avec des pilules lors de ce même moment d'adieu) mais c'est sans compter une chute implacable où l'on retraverse ce Melbourne également désertique à son tour (le thème romantique d'Ernest Gold disparaissant pour une rythique martiale implacable) . La mort a triomphé. On pourra trouver le message un peu trop lourdement appuyé (le film sorti simultanément dans dix-huit capitales mondiales pour signifier l'importance de l'évènement), le film sans doute trop long mais l'émotion est authentique et tient dans un équilibre miraculeux avec la beauté des images et la conviction des acteurs. Si parfois ses bonnes intentions ne donnent pars forcément les grands films espérés, cette fois en tout cas Stanley Kramer signe sans doute là son le chef d'œuvre. 5,5/6
Totalement en phase avec ce texte et merci également à AtCloseRange de m'avoir aussi donné envie de voir ce film quelques posts avant au sein de ce même topic.

Je crois que je vais sérieusement me pencher sur la filmographie du mésestimé Stanley Kramer car au vu de ce que je lisais sur ce cinéaste dans les revues françaises, je m'en étais toujours un peu détourné. Mais la vision assez rapprochée de Jugement à Nuremberg, La Théorie des dominos et Devine qui vient diner me fait penser qu'il doit y avoir d'autres très beaux films au sein de sa filmographie dont ce superbe mélodrame post apocalyptique. Ava Gardner est une fois de plus admirable.
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Jeremy Fox
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Jeremy Fox »

Justin Kwedi chronique aujourd'hui de Le Dernier Rivage
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit : 3 oct. 22, 06:53 Justin Kwedi chronique aujourd'hui de Le Dernier Rivage
Découvert hier soir, je souscris entièrement à ce papier, quel très beau film !
Kramer qui a parfois été taxé d'être un cinéaste un peu lourdaud montre encore ici à quel point il sait trouver la bonne distance avec son sujet, émouvant sans être larmoyant, intelligent sans être moralisateurs. Et que de bonnes idées, du choix de Fred Astaire, merveilleux hors de son registre habituels, aux plans de San Francisco particulièrement inspirés, entre autres, le film est toujours juste.

Et de constater qu'en 4 ans, Kramer aura tourné La chaine, Le dernier rivage, Procès de Singe et Jugement à Nuremberg. Une séquence impressionnante.
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Jeremy Fox
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Jeremy Fox »

Je souscris aussi. Film magnifique.
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manuma
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par manuma »

THE RUNNER STUMBLES (1979)

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Intéressé jusqu'au bout, mais sans jamais être convaincu, par ce mélange de mélodrame romantique et de film de prétoire cher à Kramer, très librement inspiré d'un authentique fait divers survenu au début du 20eme siècle. Récit d'une tragique histoire d'amour entre un prêtre et une nonne, invitant à une timide réflexion sur le célibat des hommes d'église, The Runner stumbles souffre d'une approche franchement datée dans l'écriture et la mise en scène. Structure narrative en aller-retours temporels un brin laborieuse, dialogues appuyés et interprétation maniérée (sensation rageante pour moi, qui aime beaucoup Kathleen Quinlan), le film manque autant d'imagination que de subtilité et semble appartenir à une autre époque. Après, cet aspect désuet, hors du temps, associé à une belle ambiance bucolique et pastorale (merci au grand László Kovács) fait aussi le mini-charme du film, le rendant moins agaçant que, par exemple, sur la même période, un R.P.M. ou Bless the beasts & children dans l’œuvre de Kramer.
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Re: Stanley Kramer (1913-2001)

Message par Jeremy Fox »

La chronique de Jugement à Nuremberg
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