Alfred L. Werker (1896-1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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james
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Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par james »

C'est en revoyant et toujours dans le cadre de mon festival western maison,un western de alfred werker qui reste pour moi une oeuvre attachante"trois heures pour tuer"1953 avec dana andrews dans le role pre-dominant et qui fut aussi l'acteur qui travailla pas mal de fois avec ce realisateur un peu vite oublié.

Alfred werker seras aussi l'un des premiers a mettre en scène les aventures de sherlock holmes,mais son terrain seras et restera le western car plus solide dans ses realisations du genre qui nous interressent.

Il faut savoir que ce realisateur commenca très tot la realisation puisque nous le retrouvons au debut des anneés 10 comme assistant-realisateur mais il faudras bien sur attendre les anneés 50 pour enfin decouvrir ces talent.

L'ensemble des ces films(surtout western) nous revèle un realisateur assez eprouvé,mais connaissant bien son metier et a juste titre j'ai voulu lui rendre ce petit hommage très singulier mais que je partage avec vous car il ne faudrais pas oubliais ces gens qui ont fait du cinéma pour nous...

Voici la filmo western de alfred werker:

:arrow: Rebel in Town..1956
:arrow: Canyon Crossroads..1955
:arrow: At Gunpoint (le doigt sur la gachettes)1955
:arrow: Three Hours to Kill (trois heures pour tuer)1953
:arrow: Devil's Canyon (nuit sauvages)1953
:arrow: Last Posse..1953
:arrow: Pirates of Monterey..1947
:arrow: Wild and Woolly..1937
:arrow: Gay Caballero..1932
:arrow: Fair Warning ..1931
:arrow: Last of the Duanes..1930
:arrow: Kit Carson..1928
:arrow: Sunset Legion..1928
:arrow: Pioneer Scout..1928
:arrow: ridin' the wind..1925
Beaucoup de films comme assistant realisateur entre1916/20.

Son western le plus reussis reste (the last posse) ou realisant une des poursuite les plus belles du cinéma western dans le desert. :wink:
Ma preference vas surtout pour"trois heures pour tuer" paraboles contre l'absurditeé,j'adore :wink:
vala, :D
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Découvert TROIS HEURES POUR TUER diffusé cette semaine sur France 3 dans un beau master Columbia restauré.

Une très agréable surprise, une rareté à redécouvrir. L'intrigue, calquée sur le film noir, propose un canevas suffisamment bien élaboré pour susciter l'intérêt (lynchage par erreur, vengeance, quête du vrai tueur). Tout est, cependant, emballé avec un certain lissage grand public qui reste assez soft. Heureusement, et c'est aussi ce qui fait le charme et l'intérêt de ce film, on voit par-ci par-là des éléments beaucoup plus sombres et audacieux qui émergent (notamment le final avec les couples résolument original). Pas un western majeur mais une bonne histoire et un résultat on ne peut plus correct.

Beau casting avec la jolie Donna Reed et l'efficace Dana Andrews (très apprecié par Mme Almendros) au jeu sobre et stoïque. A noter qu'il est doublé, en vf, par Robert Dalban: effet plutôt cocasse.
Jeremy Fox (le 24 novembre 2008) a écrit : Three Hours to Kill (1954) de Alfred L. Werker

Un homme injustement accusé de meurtre et ayant échappé de peu au lynchage revient trois ans après dans sa ville afin de trouver le vrai coupable et ainsi se venger de ses trois années de cavale.
Sorte d'enquête policière en cadre westernien, une histoire plutôt conventionnelle mais assez bien scénarisée par un spécialiste du genre, Roy Huggins ; la preuve, le coup de théâtre final ayant beau être banal, il aurait fallu être bien malin pour deviner seul le fin mot de l'histoire. Les relations entre certains personnages et l'évolution de ces derniers sont également assez bien décrits. Seulement, la mise en scène ne possède aucune ampleur et les moyens financiers avaient l'air très limités ; cependant l'ensemble se suit sans ennui grâce aussi à de solides interprétations de Dana Andrews, Stephen Elliott et Donna Reed. Pas de quoi se réveiller la nuit mais une honnête série B qui ne pourra cependant plaire qu'aux amateurs purs et durs du genre.

Belle initiative de la part de France 3 de nous dénicher de telles raretés même si l'on doit passer par une VF d'époque assez moyenne.
Dernière modification par Nestor Almendros le 30 nov. 08, 15:30, modifié 1 fois.
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O'Malley
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Re: alfred l.werker.

Message par O'Malley »

Trois heures pour tuer (1954)
Un film agréable à regarder mais qui sera vite oublié.
L'intrigue policière est correcte (l'affiche française reprend bien je trouve la tonalité du film, plus proche du polar que du western) mais la mise en scène de Werker ficelle le tout sans grande imagination. Je trouve Dana Andrews terriblement fade (un acteur qui m'a jamais vraiment emballé par ailleurs jusqu'à maintenant).
Seul élément intéressant comme le remarque Nestor Almendros: la manière assez libérée dont sont présentés les couples (sic!) qui fonctionne par trio: une femme, deux hommes (Donna Reed et ses deux prétendants) et encore plus audacieux un homme - deux femmes (le tenancier de saloon et ses deux compagnes - dont une débutante nommée Carolyn Jones -), totalement décomplexé dans ce dernier cas.
C'est tout le plaisir que l'on peut retirer de certains westerns de série B sans pétention: des détails qui font souvent mouches.
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Jeremy Fox
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Re: Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par Jeremy Fox »

Je reposte ici ma critique de Three Hours to Kill avant, fin de semaine prochaine, celle beaucoup plus positive de la très bonne surprise que fut la découverte cette après-midi de The Last Posse, réalisé l'année précédente.


Trois heures pour tuer (Three Hours to Kill, 1954) de Alfred L. Werker
COLUMBIA


Avec Dana Andrews, Donna Reed, Dianne Foster, Stephen Elliott, Richard Coogan
Scénario : Richard Alan Simmons & Roy Huggins
Musique : Paul Sawtell
Photographie : Charles Lawton Jr. (Technicolor 1.37)
Un film produit par Harry Joe Brown pour la Columbia


Sortie USA : 04 novembre 1954

A peine quelques semaines après la sortie de The Bounty Hunter (Terreur à l’Ouest) de André de Toth avec un Randolph Scott enquêtant pour retrouver trois meurtriers anonymes, arrivait sur les écrans un autre western urbain à intrigue policière signée cette fois-ci par Alfred Werker, cinéaste assez réputé aux Etats-Unis (Phil Hardy dans son ‘encyclopédie’ du western le place même parmi les réalisateurs les plus intéressants ayant œuvré dans le genre durant la première moitié de la décennie 50) alors qu’en France on en a fait un tâcheron. A la seule vue de ce petit western, j'aurais tendance à me ranger derrière nos compatriotes, voyant mal comment le compter parmi les très bons réalisateurs de série B, sa mise en scène s’avérant d’une grande platitude. Ceci étant dit, grâce à son scénario de film policier, il se suit sans trop de déplaisir à condition de ne pas trop en attendre. Harry Joe Brown avait produit de bien plus réjouissantes séries B au sein de cette même Columbia avec notamment un bon nombre de westerns avec Randolph Scott.

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Personne n'est ravi de voir réapparaître en ville Jim Guthrie (Dana Andrews), ex convoyeur de diligence, qui trois ans auparavant s'était enfui après qu'on ait tenté de le lyncher, sauvé in-extremis par la femme qui l'aimait, Laurie (Donna Reed). En effet, on l'avait alors cru coupable du meurtre de Carter (Richard Webb), le frère de cette dernière. Il avait été pris sur le fait, une arme à la main auprès du cadavre tué de deux balles dans le dos. Quelques minutes auparavant on avait surpris une altercation entre eux deux, Carter refusant la main de sa sœur à Jim. Après des années d'errance, recherché par la police, le voici donc de retour au sein de la bourgade dont tous les habitants avaient voulu le pendre malgré ses protestations d'innocence. Le seul n'ayant pas participé à cette tentative de lynchage, son grand ami Ben (Stephen Elliott), est désormais le shérif de la ville ; pour la tranquillité de ses concitoyens, il lui demande de partir immédiatement avant d'avoir provoqué une quelconque effusion de sang. En effet, Jim lui annonce tout de go être revenu dans le seul but de trouver l'identité du véritable coupable de l'assassinat et s'en venger. Même s'il n'aime pas bien ça, l'homme de loi, après avoir écouté l'histoire pénible des trois dernières années de la vie de Jim, lui octroie néanmoins trois heures pour enquêter ; passé ce délai, il devra avoir quitté les lieux et ne plus jamais y revenir...

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Alfred L. Werker est né aux USA en 1896 et a commencé sa carrière à l'époque du muet. Il prit la suite de Erich Von Stroheim sur Walking down Broadway qui, étant passé entre ses mains, ne ressemblait parait-il plus à grand chose. Ensuite, parmi ses films les plus connus (pas forcément des réussites cependant d'après ce qu'il en est dit), un Sherlock Holmes avec Basil Rathbone datant de 1939 (The Adventures of Sherlock Holmes), un Laurel et Hardy en 1942 (Fantômes déchaînés - We Will Go) mais surtout, assez réputé quant à lui, un petit film noir daté de 1948 : He Walked by Night (Il marchait la nuit). Seulement on ne pouvait pas lui imputer totalement la réussite de ce dernier, Anthony Mann en ayant tourné quasiment la moitié. Restent ses westerns des années 50 qui semblent-ils méritent l'indulgence et notamment The Last Posse avec Broderick Crawford sorti l'année précédente, en 1953. Three Hours to Kill est un de ses films relativement les plus connus (passé en milieu d'après midi récemment sur France 3) mais il s'agit d'un western ne tenant pas ses promesses faute surtout à une mise en scène paresseuse et à une interprétation assez décevante de la part de la plupart des interprètes, Dana Andrews lui-même, trop stoïque en l'occurence, ayant été bien meilleur dans le genre chez Tourneur par exemple, dans le sublime Le Passage du Canyon (Canyon Passage), huit ans plus tôt ou encore dans L'Etrange incident (The Ox-Bow Incident) de William Wellman dans lequel on lui avait déjà passé la corde au cou sans qu'il ait pu être sauvé ce coup-ci. Quant aux personnages féminins, même s'il ont une réelle importance, ils sont néanmoins tous un peu sacrifiés à commencer par celui de Donna Reed ; ce qui, pour les amateurs de cette dernière, s'avère bien décevant.

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Pour en revenir à l'histoire, il s'agit de celle d'un homme injustement accusé de meurtre et qui, ayant échappé de peu au lynchage revient trois ans après dans sa ville afin de trouver le vrai coupable et ainsi se venger de ses années de cavale. Le shérif de la ville ne lui accorde que trois heures pour ses recherches et pour éventuellement le mettre hors d'état de nuire ; d'où le titre du film. Sorte d'enquête policière dans un cadre westernien, l'intrigue est finalement plutôt conventionnelle même si assez bien ficelée par un spécialiste du genre, Roy Huggins (son seul essai dans la mise en scène d'un de ses scénarios fut un coup de maître : Hangman's Knot - Le Relais de l'or maudit) ; la preuve, le coup de théâtre final ayant beau être à postériori assez banal, il aurait fallu être bien malin pour deviner seul le fin mot de l'histoire. Calquée sur le film noir (flashback et whodunit compris), l'intrigue est finalement moins originale que les relations entre certains personnages. Dans quel autre western avions nous déjà pu voir un "couple" composé d'un homme (le patron du saloon) et de deux femmes, l'inverse n'étant également pas loin d'exister avec le triangle composé de Donna Reed, Dana Andrews (le père de son fils) et l'époux joué par Richard Coogan. D'ailleurs, si personne n'aurait pu deviner la conclusion de l'enquête, l'étonnement est encore plus grand concernant l'audacieux point d'orgue final donné à la romance. Intéressante aussi, même si pas nouvelle (pas plus tard que deux mois avant, The Bounty Hunter faisait de même), la manière de décrire la suspicion et la mauvaise conscience qui se font jour dans la ville à l'arrivée d'un seul homme. On assiste ainsi à une timide description des comportements peu glorieux de l'être humain.

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Les relations entre certains personnages et l'évolution de ces derniers sont également assez bien décrits. Seulement, la mise en scène ne possède aucune ampleur et les moyens financiers avaient l'air très limités, témoin les scènes d'action guère enthousiasmantes et les gunfights mal réglés ; cependant l'ensemble se suit sans trop d'ennui grâce à des éléments scénaristiques dignes de susciter de l'intérêt (lynchage par erreur, quête du vrai coupable, vengeance, secret sur les origines d'un enfant...) ainsi qu'à de superbes lieux plutôt bien utilisés comme le lac au bord duquel le film débute ou bien la séquence de la fuite de Dana Andrews, la corde encore autour du cou et dont l'autre extrémité se prend dans de nombreux obstacles alors que la carriole caracole dans les rues de la ville. Une intrigue pas désagréable mais un traitement trop conventionnel et un scénario bourré de facilités. Pas déplaisant mais oublié aussitôt vu ; tout juste moyen !

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The Last Posse (1953) de Alfred L. Werker
COLUMBIA


Avec Broderick Crawford, John Derek, Charles Bickford, Wanda Hendrix
Scénario : Kenneth Gamet, Seymour & Connie Lee Bennett
Musique : Ross DiMaggio
Photographie : Burnett Guffey (Noir et blanc 1.37)
Un film produit par Harry Joe Brown pour la Columbia



Sortie USA : 04 juillet 1953


Roswell, petite ville du Nouveau-Mexique. 48 heures après son départ, une patrouille de cavalier rentre en ville, sombre et exténuée. Non seulement elle revient avec le shérif John Frazier (Broderick Crawford) mortellement blessé mais elle a également perdu l’un de ses membres, l’impitoyable rancher Sampson Drure (Charles Bickford). C’est pourtant à son initiative que le groupe s’était lancé à la poursuite de trois hommes lui ayant dérobé 100.000 dollars ; ces derniers n’avaient pas supporté que cet arrogant Cattle Baron se soit une fois encore enrichi sur leur dos en revendant dix fois plus cher le troupeau qu’il venait de leur acheter, et s’étaient sentis dans leur bon droit en s’octroyant en compensation ce petit magot. Le groupe de poursuivant était constitué du riche éleveur et de son fils adoptif Jed Clayton (John Derek), de quatre notables de la cité ainsi que du shérif qui, malgré son état de santé dangereusement compromis par l’alcool, voulait absolument éviter un lynchage. Une fois le posse de retour, les habitants apprennent que les voleurs ont été abattus mais que l’argent dérobé n’a pas été retrouvé. Mais est-ce l'entière vérité ? Les participants à la poursuite, plus taciturnes qu’à l’accoutumée, semblent cacher un terrible secret…

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… un voire plusieurs secrets qui seront révélés au fur et à mesure de l’avancée du film construit à l’aide de quelques flashbacks qui garderont cependant l’ordre chronologique du déroulement des évènements. En effet, il ne s’agit pas ici d’une construction à la Rashomon (comme ce sera le cas pour le Valerie de Gerd Oswald) avec le même fait raconté selon trois points de vue différents (certains étant intégralement mensongers), mais bien d’une intrigue parfaitement linéaire entrecoupée régulièrement de retours au présent, les différents narrateurs ne racontant que la portion de l’histoire qu’ils ont vécu. Les auteurs ne nous tendent ici aucun pièges et ne font pas non plus de ‘direction de spectateurs’ (puisque tout ce qui est vu à l’écran s’avère être la vérité), mais mettent en place un magistral suspense grâce au malaise instauré dès le départ et quelques mystères tangibles qui ne seront mis à jour qu’en toute fin lors d’une séquence vraiment peu banale que je prendrais bien soin de ne pas vous dévoiler d'autant qu'elle se révèle doublement surprenante. The Last Posse débute (comme son titre l'indique) par le retour d’un posse dont tous les participants semblent atterrés ; il y a de quoi puisque l’un des membres du groupe a été tué, l’autre mortellement blessé, et la somme d’argent recherchée n’ayant pu être retrouvée malgré la mort des trois ‘bandits’ poursuivis. Suite au questionnement d’un étranger de passage, c’est un commis-voyageur de passage en ville depuis quelques jours qui lui narre les causes de la formation de cette ‘expédition punitive’.

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Où l’on apprend alors à connaitre le shérif de la ville devenu une véritable loque, méprisé par ses concitoyens dont les notables qui lui ont retiré leur confiance depuis qu'il ne lâche plus la bouteille (enfin, c'est leur excuse). C’est Broderick Crawford, ‘oscarisé’ quelques années auparavant pour sa prestation dans Les Fous du roi (All the King’s Men) de Robert Rossen, qui tient ce rôle d'homme de loi alcoolique. On peut dire que son personnage est assez unique dans les annales du western ; il ne me semble pas me rappeler avoir déjà vu un shérif aussi limité et lourd dans ses mouvements, aussi fatigué physiquement et moralement que John Frazier, au point de marcher d’une allure non seulement titubante mais extrêmement lente et de tomber plusieurs fois de sa monture durant le film. Un protagoniste complexe et bougrement attachant ; car on se doute bien dès le départ qu’il s’agit d’un homme probe et pas nécessairement aussi couard qu’on le dit, que son alcoolisme a une cause bien plus profonde que ses concitoyens le laissent entendre. Où l’on se rend aussi compte que les hors-la-loi qui vont être poursuivis ne sont pas forcément de mauvais bougres contrairement à ceux qui ont été lésés (lésés à juste titre même si la manière d'agir des pauvres fermiers n’est ni légale ni excusable). Le départ du posse va être ensuite narré par un des quatre notables y ayant pris part ; il s’agira de la partie la plus longue du film, celle se déroulant dans les extérieurs chéris par le producteur du film, l’un des plus appréciés des amateurs du genre, Harry Joe Brown ; en effet, c’est ce même homme qui sera ensuite à l’origine avec Randolph Scott de la fabuleuse série de westerns que le comédien tournera avec Budd Boetticher. Vous aurez alors certainement deviné que les paysages au sein desquels se déroule cette poursuite ne sont autres que ceux rocailleux de Lone Pine dans les Alabama Hills de Californie.

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Le grand chef-opérateur Burnett Guffey s’en régale et nous offre une photographie en noir et blanc somptueuse, utilisant à merveille ces concrétions rocheuses d’une blancheur qui accentue le côté désertique et rugueux des lieux. Alfred Werker réalise d’ailleurs de bien belles séquences au milieu des rochers comme ces superbes dix dernières minutes au cours desquelles les trois fugitifs doivent les escalader pour ne pas se faire tirer dessus par leurs poursuivants, ou encore, quelques scènes plus tôt, la longue chevauchée solitaire de Broderick Crawford pour aller couper la route à Charles Bickford ayant faussé compagnie au groupe ; une scène spectaculaire qui voit le comédien tomber à bas de sa monture lors d’une descente très escarpée, le cheval chuter à son tour et entrainer son cavalier le long de la pente poussiéreuse. A propos de poussière, le cinéaste filme également une impressionnante tempête de sable. Tout ceci, comme chez Universal à la même époque, sans transparences ni plans en studio, ce qui n’en est que plus plaisant. Le film bénéficie aussi d'une musique très agréable dirigée par le méconnu Ross DiMaggio, de personnages fortement caractérisés et d’une solide interprétation d’ensemble, l’excellent casting réunissant de nombreux acteurs chevronnés de la Columbia, le toujours talentueux Charles Bickford (ici dans la peau du véritable Bad Guy), la charmante Wanda Hendrix, le jeune et beau John Derek ou encore James Bell, Guy Wilkerson, Tom Powers, Warner Anderson, Henry Hull, Will Wright ou Skip Homeier… Des noms qui ne vous diront peut-être pas grand-chose mais dont vous connaissez très certainement le visage au moins pour la moitié d’entre eux.

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Juste ce qu’il faut d’action, pas d’humour intempestif ni de temps morts (la durée du film n’excède pas 70 mn), un peu de mystère, une construction serrée, plutôt originale et sans aucune lourdeur (ce qui n’était pas évident, l’utilisation de flashback ne me satisfaisant que très rarement) et des auteurs (dont les époux Bennett) en profitant pour critiquer la justice expéditive ainsi que, sans trop de sarcasmes, une société pudibonde qui s’avère en fin de compte bien moins innocente que les voleurs poursuivis. Car que s’est-il réellement passé lors de cette expédition ? Pourquoi l’argent a-t-il disparu ? Comment l’éleveur a-t-il perdu la vie ? Pourquoi les hors-la-loi n’ont-ils pas été ramené en ville afin d’y être jugés ? Quels étaient les véritables motivations des membres du posse dans leur volonté de poursuite des voleurs ? Car les spectateurs, lorsqu’ils se rendent compte d’emblée que les notables souhaitent en leur for intérieur que le shérif ne se rétablisse pas, probablement par peur des sombres secrets qu’il pourrait dévoiler, ne croient guère à ce que les ‘survivants’ racontent. Une fois encore, le final n’est absolument pas décevant et s'avère même à la hauteur de ce qui a précédé : non seulement il apporte la réponse à toutes les interrogations mais se termine également par une image rarement vue dans un western. Une très bonne surprise et un film qui devrait plaire autant aux aficionados du genre qu'à ceux du film noir.

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Hitchcock
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Re: Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par Hitchcock »

Un western que j'avais bien apprécié à l'époque, Dana Andrews est comme toujours, très bon et Donna Reed charmante. La mise en scène est indigente mais le scénario réussit à maintenir le suspense jusqu'au bout et comme tu dis, la solution finale est digne d'un bon whodunit. Je n'ai vu que ce film de ce réalisateur par contre
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Re: Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par kiemavel »

Plusieurs de ses films ont été vu à la télévision chez nous. Le proscrit (Kidnapped) avec la rousse la moins connue d'Hollywood mais pas la moins douée (Arleen Whelan) ; L'équipage fantôme (Sealed Cargo) un film de guerre déjà avec Dana Andrews.

D'autres ont été édités en France. Fantômes déchainés un Laurel et hardy (trop) tardif (1942) ainsi qu'un de ses films noirs : Shock. Une petite série B assez moyenne ( Lord henry l'avait évoqué ici : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 1480…Ainsi que Franzgehl dans le topic que j'ai ouvert sur le film noir : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p2220494)

Il marchait la nuit a aussi été édité chez nous mais il est co-signé par un maitre (Anthony Mann) si bien que l'on aura plutôt tendance à attribuer à ce dernier les mérites du film même si je crois que le rôle des deux metteurs en scène est mal défini. C'est un bon film magnifiquement photographié par John Alton.

Ses autres films sont moins connus. Au rayon polar/thriller, il en a réalisé un assez bon : Repeat Performance et un thriller anti-communiste avec Audie Murphy, Le guêpier dont le scénario s'appuyait sur un long article publié par J. Edgar Hoover (tout un programme). Mais il a surtout réalisé beaucoup de westerns à la fin de sa carrière. Je ne connais pas Les pirates de Monterey et Canyon Crossroads (que quelqu'un comme Chip connait peut-être. S'il passe par là ?) ; un western moderne pas terrible malgré un casting prometteur La nuit sauvage (Devil's Canyon)…et des bons. En dehors de The Last Posse, Le doigt sur la gâchette : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p2367705 et surtout l'excellent Rebel in Town : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p2367704

J'ai aussi en rayon Frontières invisibles (Lost Boundaries) mais je ne l'ai pas encore vu. A priori cette histoire de noir à la peau clair dont les préoccupations doivent chevaucher celles de L'héritage de la chair ou Mirage de la vie a du "bien" vieillir mais faut voir…Le noir blanc était interprété par Mel Ferrer.
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Re: Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par Jeremy Fox »

Le western du WE : Trois heures pour tuer sorti il y a 15 jours chez Sidonis.
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Re: Alfred L. Werker (1896-1975)

Message par Jeremy Fox »

La dernière chevauchée est notre western du WE ; les trois autres westerns de la salve suivront les samedis suivants.
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Lost Boundaries

Message par kiemavel »

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En 1922, le même jour, le jeune Scott Carter obtient son diplôme de médecin puis épouse sa petite amie Marcia, tout deux ayant la particularité d'avoir une partie de leurs ascendants noirs mais de paraître blancs. Sa candidature étant refusée aussi bien dans les hôpitaux pour afro-américains que dans les autres, Scott finit par accepter un stage sans faire état de ses origines. Quand il sauve la vie du vieux médecin retraité d'une petite communauté du New-Hampshire, celui ci lui propose de reprendre son poste vacant bien que Scott l'ait averti de ses origines. Après des débuts difficiles, Scott et sa famille sont parfaitement intégrés et pendant 20 ans, ils font même partie des personnalités les plus populaires de la ville … jusqu'à ce que Scott dépose en 1942 sa candidature pour intégrer la Navy en qualité de médecin car le soir de son départ fêté par toute la ville, un officier du renseignement lui annonce que ses origines ont été découverte et que par conséquent, il ne peut être nommé officier. Sa demande est rejetée et une rumeur commence à parcourir la ville …


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En dehors de quelques films épars, le plus souvent essentiellement musicaux (Hallluyah de King Vidor, 1929 ; Cabin in the Sky de Minnelli, 1943…), d' Imitation of Life (1934) ou des productions destinées à un public spécifiquement noir, pendant des décennies, la représentation de l'homme et de la femme noirs au cinéma s'est presque exclusivement limitée à les montrer en porteurs de valises rigolos, en domestiques effrayés d'un rien et aux gros yeux globuleux ou en cuisinières à lèvres épaisses et rires communicatifs réputées derrière les fourneaux (c'est la meilleu' werette pour ga'der son ma' i !), même si certaines pouvaient être, au mieux, les confidentes de la maitwesse …

Or, en 1949, année charnière, tout s'est accéléré avec 4 films bouleversant la représentation des noirs à l'écran. Le premier à sortir fut Home of The Brave (La demeure des braves/ Je suis un nègre) de Mark Robson dont le personnage central - et non la/les vedettes - était un afro-américain, James Edwards, qui devança donc de peu Sidney Poitier ou Harry Belafonte. Si la démonstration, produite par Stanley Kramer, était un peu lourde, elle avait le mérite de montrer l'étendue et la profondeur du racisme de manière explicite, au même titre que le beaucoup plus fin No Way Out (La porte s'ouvre) de Joseph Mankiewicz, sorti l'année suivante, qui avait lui aussi son raciste hystérique.

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Entre les deux, avant la fin de l'année 1949, sortirent successivement 2 films qui revenaient d'une certaine manière en arrière puisqu'on y abordait le problème du racisme ' de biais ' au travers d'histoires touchant des afro-américains à la peau claire, qui plus est interprétées par des comédiens blancs. C'était donc des noirs pas trop noirs, et même blancs en apparence, que l'on voyait dans Pinky (L'héritage de la chair) d'Elia Kazan et Lost Boundaries (Frontières invisibles) de Alfred L. Werker. On remarquera que face à Robson, Mankiewicz ou Kazan, le modeste Werker aurait pu partir perdant mais pourtant, s'il ne signait pas le meilleur film, là où Kazan réalisait avec talent un film très hollywoodien avec selon moi une actrice mal distribuée et incluant dans le récit une passion amoureuse à la Zanuck, en partie dans le sujet mais un peu hors sujet dans son traitement, Werker sortait lui le plus simple, le plus modeste, le moins ostentatoire plaidoyer anti raciste du lot. Il abordait la discrimination de manière quotidienne, partant des mêmes enjeux que certains des films de l'année traitant ce sujet mais sans manifeste, sans discours théoriques et posant tous les problèmes sur la table, y compris le racisme anti blancs (puisque la candidature de Carter dans un hôpital pour noirs était rejetée en raison de sa blancheur, le recruteur préférant trouver un vrai noir du sud plutôt qu'un noir light et il faut voir les regards posés sur lui par des infirmières noires qui sont en tous points semblables à ce qu'ils seraient dans une situation inverse). On pourra même trouver le film timoré car il ne montre pas de racistes déclarés, de grandes manifestations d' hostilité à l'égard des Carter une fois la vérité découverte et l'histoire se termine finalement – comme la vraie – de manière positive mais c’est peut-être un film nuancé comme celui ci qui était à l'époque le mieux à même de faire avancer la cause. Quoique …. malgré sa modération, le film eut les problèmes habituels de ce genre de productions lors de sa sortie ...

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Le scénario est basé sur l'histoire vraie du Docteur Albert Johnston Jr. qui avait 16 ans lorsqu'il découvrit qu'il était noir, ses parents afro-américains à la peau claire passaient en effet pour blancs au sein de leur petite ville du New Hampshire, son père étant le médecin de la ville et la famille appartenant à la bonne société du coin. C’est ce que montre le film dans sa première partie, c'est à dire l'intégration – sans l'ombre d'une connotation raciale puisqu'elle est ignorée – d'étrangers rencontrant quelques difficultés à être accepter dans une petite communauté rurale mais sans que cette partie – en elle même très touchante et réussie – n'aborde donc la question raciale, à part dans ses marges car « en secret » des tensions existent quand même. Les problèmes moraux du docteur Carter, obligé – à son grand regret – de provisoirement cacher ses origines mais les circonstances faisaient qu'il s'établissait finalement durablement avec sa famille, la révélation volontaire de la vérité, conseillée par le vieux médecin qui l'avait précédé, ne venant finalement jamais.

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Werker montrait aussi les tiraillements entre les différents détenteurs du secret puisque le beau père de Carter, lui aussi, tout comme son épouse, noir à la peau claire, était parfaitement intégré dans un milieu de blancs, avait réussi, et à ce titre redoutait donc que Carter s'acharne à vouloir accéder en tant que médecin Colored déclaré à un poste de médecin dans un hôpital pour blancs, attitude qui menaçait de démasquer toute la famille. Lorsque 20 ans plus tard, la vérité éclate, Werker montre les conséquences sur la famille, une fille et un fils qui, surtout ce dernier, subissaient le choc de la découverte de leurs origines. S'en suit un des rares passage mélodramatique : la fugue du fils à la découverte de ce que c'est qu'une vie de noirs, fugue s'inspirant de la démarche du personnage ayant réellement vécu cette expérience et qui fait aussi penser à celle de la jeune-noire blanche de Imitation of Life, mais Werker, s'il s'écarte provisoirement un tout petit peu de la sobriété qui est la sienne depuis les prémisses du récit, reste très loin de Stahl et surtout de Sirk qui exploite à fond la crise morale de l’héroïne qui évolue en conflit violent avec sa mère. Rien de tout cela avec Werker qui traite tout ceci en douceur puisque c'est un flic noir qui va raisonner le garçon dans un commissariat multiracial, une façon de montrer que la noirceur et la misère entrevues dans les quartiers noirs misérables qu'il avait voulu découvrir ne sont pas une fatalité, tout comme la séparation entre blancs et noirs.

Je ne dis rien de la dernière partie mais termine en glissant un mot sur les interprètes. Si certains sont un peu légers : le fiancé de la fille des Carter, voire la femme de ce dernier, Mel Ferrer, dans son 2ème film et son premier en tant que tête d'affiche, est magnifique de sobriété concentrée, avec sa présence rassurante, son calme, ses sourires bienveillants, il dégage tout ce qu'il faut de sympathie pour justifier son intégration première .... et rendre crédible le retournement final malgré l'hostilité " réflexe " d'une communauté blanche à 97 % absolument pas prête à accueillir un noir. Mais carter, à ce moment du récit, n'est plus un noir mais le médecin qui a veillé à la santé de tous avec compétence pendant 2 décennies.
Sans valoir Intruder in the Dust (L'intrus) de Clarence Brown, sorti à la fin de cette même année 1949, le film de Werker est un "beau" film a voir absolument. Vu " à peu près " en vost
Sorti en 1951, un film méconnu de cette famille là est aussi à voir : The Well (Le puits) de Russell Rouse, drame présentant des aspects de films noirs - et joué partiellement par des noirs.

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