Spartacus (Stanley Kubrick - 1960)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cinetudes
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Message par Cinetudes »

Allons Jeremy avoue quand même que dans la grande tradition du peplum hollywoodien (et d'autres genres aussi) les histoires d'amour paraissent souvent un peu collé sur l'intrigue, apportant souvent trés peu au film sinon une teneur romantique.

Je n'ai rien contre ces moments la qui font partie du charme du cinéma hollywoodien (surtout lorsque leur intégration est réussie comme dans Spartacus), mais il arrive que leur grande naiveté ou bien leur intégration forcée en fasse un moment pesant de certains films.

Stefan
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Cinetudes a écrit :Allons Jeremy avoue quand même que dans la grande tradition du peplum hollywoodien (et d'autres genres aussi) les histoires d'amour paraissent souvent un peu collé sur l'intrigue, apportant souvent trés peu au film sinon une teneur romantique.

Je n'ai rien contre ces moments la qui font partie du charme du cinéma hollywoodien (surtout lorsque leur intégration est réussie comme dans Spartacus), mais il arrive que leur grande naiveté ou bien leur intégration forcée en fasse un moment pesant de certains films.

Stefan
J'attendais juste cette explication qui me convient tout à fait :wink:
Cinetudes
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Message par Cinetudes »

Je suis ravi de voir qu'on est tombés d'accord et pour moi un film de ce style sans ses scène traditionnelles n'aurait plus tout à fait la même saveur (même si ces scènes sont assez régulièrement les moins intéressantes).

Au fait, quelqu'un à t'il pu comparer la qaulité d'image entre ce nouveau collector et la version Criterion car il est vrai que ça me démange sacrément de revoir ce film sur mon projecteur.

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Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Vous semblez tous oublier que sans l'histoire d'amour avec Jean Simmons, sans ces scènes alanguies dans les champs où il joue avec ses cheveux, il n'y aurait point de "Love theme from Spartacus", l'une des plus belles musiques de film jamais composées.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Sergius Karamzin a écrit :Vous semblez tous oublier que sans l'histoire d'amour avec Jean Simmons, sans ces scènes alanguies dans les champs où il joue avec ses cheveux, il n'y aurait point de "Love theme from Spartacus", l'une des plus belles musiques de film jamais composées.
Oui et cette fameuse scène est un des points d'orgue du film.
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Flol
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Message par Flol »

Jeremy Fox a écrit :
Cinetudes a écrit :
La musique est effectivement splendide et si moi aussi j'ai un peu de réserves sur l'histoire d'amour, je trouve que Kubrick s'en est admirablement sorti avec cette "convention" du genre, évitant d'en faire un monument sirupeux comme c'est le cas dans d'autres oeuvres du genre.
Pourquoi une histoire d'amour doit-elle toujours entrer dans 'les conventions du genre' ?

Pourquoi toujours accoler le terme conventionnel à une histoire d'amour belle et simple ?
+ 10 000 à tout ce qu'a dit Jeremy Fox jusqu'à présent. ;)
J'ai moi aussi été énormément touché par cette histoire, dans laquelle je ne vois rien de "conventionnel" (et puis même si c'était le cas : en quoi cela serait un mal ?).
Jean Simmons illumine cette liaison de toute sa beauté, et le "love theme" de North est l'un des plus beaux morceaux d'amour que j'ai entendus de ma vie.

Non sincèrement, et au risque de me répéter, ce film est démentiel et gigantesque...un monument du 7ème Art.
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Message par Flol »

Sergius Karamzin a écrit :Vous semblez tous oublier que sans l'histoire d'amour avec Jean Simmons, sans ces scènes alanguies dans les champs où il joue avec ses cheveux, il n'y aurait point de "Love theme from Spartacus", l'une des plus belles musiques de film jamais composées.
J'ai écrit mon message précédent sans avoir lu celui-ci.
Et je suis heureux de constater que nous sommes d'accords. ;)

A quand une édition expanded de cette musique ?? Bob Townson, do you read me ??
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Ratatouille, tu connais la superbe version de Terry Callier ? Magique... avec des paroles !

Sinon sur l'album Devadip de Santana, il y avait une très jolie version, que j'ai écouté en boucle bien avant de voir le film au cinéma... j'étais piti !
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Flol
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Message par Flol »

Sergius Karamzin a écrit :Ratatouille, tu connais la superbe version de Terry Callier ? Magique... avec des paroles !
Ah non...mais je t'avoue que l'ajout de paroles me fait peur. :?
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Sublimissime... essaie vite le site Kazaatchok ! :wink:
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Message par vic »

Sergius Karamzin a écrit :Ratatouille, tu connais la superbe version de Terry Callier ? Magique... avec des paroles !
Très bon en effet, même si ce morceau est un des plus "faible" de l'album de Callier, mon avis. :wink:
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Message par O'Malley »

Bartlebooth a écrit :Spartacus est un film passionnant parce que c’est un film schizophrène, déchiré entre les personnalités irréconciliables de son acteur-producteur et de son réalisateur. D’un côté l’humanisme démocrate (au sens américain) de Kirk Douglas, de l’autre le pessimisme froid et mathématique de Stanley Kubrick. Le premier tire le film vers une parabole biblique du retour à la terre promise, pendant que le second nous montre un homme dépassé par les forces qu’il a libérées.
Douglas est un optimiste : la défaite de Spartacus est pour lui provisoire ; c’est une étape sur le long chemin d’une victoire à venir en un temps futur, celui où tous les hommes seront frères. Kubrick est un pessimiste : comme dans tous ses films, il montre l’échec de toute entreprise opposant la passion à la raison, et simultanément comment toute puissance (ici Rome) est soumise à une double pression, tant de l’intérieur (la décadence de l’empire) que de l’extérieur (la révolte des esclaves).
Conséquemment, Kubrick filme superbement ce qui l’intéresse (la cruauté de l’école des gladiateurs, dont la mise en scène savamment géométrisée annonce le camp d’entraînement de Full Metal Jacket ; la grande bataille finale, grand moment de cinéma, qui annonce les champs de bataille de [b]Barry Lyndon), mais avec beaucoup moins de conviction ce qui le laisse indifférent (la solidarité des esclaves, l’amour de Spartacus pour sa compagne). Même le casting est schizo, avec d’un côté les virtuoses britanniques (Laughton, Olivier, Ustinov) et de l’autre les stars américaines (Douglas, Curtis, Simmons).
On peut - c'est mon cas - admirer le film dans et pour ces contradictions qui le déchirent. On peut aussi comprendre que Kubrick soit sorti, de ce tournage où, pour la seule fois de sa carrière, il avait été l' "esclave" d'un scénario imposé, déterminé à être dorénavant son propre maître.
tout à fait d'acc avec toi: surtout lorsque tu dis que l'on sent surtout la patte et l'intérêt de Kubrick pour l'histoire lors des scènes où interviennent les Romains (Crassus, Gracchus, Jules Cesar et Batiatus): le film en devient véritablement passionant...neammoins, malgré ce déséquilibre, le film reste, et cette idée fait l'unanimité ici (ce qui me fait plaisir), l'un des plus grands péplums du cinéma avec Ben-Hur et Cléopatre...
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Beule
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Re: éloge + nécessité d'une comparaison

Message par Beule »

francis moury a écrit :J'aime bien SPARTACUS que j'ai vu au cinéma enfant et plusieurs fois à la télévision et en vidéo : c'est l'un de mes Kubricks préférés (...) Mais il devient urgent d'ajouter que la version de Kubrick n'est nullement l'unique portée à l'écran et que j'attends ainsi impatiemment de voir sortir en DVD zone 2 l'admirable version N.&B. du SPARTACO [Spartacus] Riccardo Freda tournée en 1950. La comparaison n'est possible que pour ceux qui l'ont vu au cinéma de Minuit il y a déjà assez longtemps : je souhaite qu'elle soit à la porté de tous dans un proche avenir.
Le zone 2 est désormais disponible, mais la comparaison n'en est pas rendue plus aisée pour autant.

Les ambitions des deux films, leurs portées mêmes, sont par trop différentes. Si tant est que l'on puisse recourir à ces termes dans le cas du premake transalpin. Fi des préoccupations idéologiques d'un Koestler ou des quelques attentions d'un Trumbo à la rhétorique politicienne dans ce précipité d'action et de romance qui réduit les dimensions de la fresque historique et philosophique, comme souvent d'ailleurs chez Freda, à l'archétype du mélodrame populaire. Pour ce qui est du discours cosmogonique habituellement attaché au mythe de la révolte des esclaves, il faudra repasser.

Même selon cet axe l'entreprise n'est d'ailleurs pas pleinement satisfaisante. La faute à un scénario très mal construit, trop abstrait, qui ne prend pas le temps de poser ses personnages et d'édifier les liens de dépendance passionnelle censés unir et déchirer son trio d'amants maudits. Dès que son épouse incendiaire est à l'écran, Freda sait magnifier son aura envoûtante de femme vampire démiurgique pour combler les carences de ce scénario trop elliptique. Il est plus démuni lorsqu'il convient de rendre crédible le couple Massimo Girotti - Ludmilla Tcherina, dont la conviction dramatique s'est toujours avérée des plus limitées.

Ce qui n'empêche pas Freda de nous gratifier de ces quelques fulgurances baroques dont il a le secret, au hasard le temps d'une synthétique et grandiose chorégraphie sensuelle, de nous éclabousser par la grâce de quelques somptueux panoramiques signés (ah cette progression finale d'Amytis au milieu des morts!) de tout son génie de maître-plasticien, ou bien entendu de témoigner d'une virtuosité cataclismique le temps des batailles venu. En exagérant un peu (beaucoup :wink: ) j'irais jusqu'à dire qu'il y a presque plus de beautés éparses dans ce Spartaco que dans toute la production de peplum US réunie. Ce n'est pas un hasard si la diffusion déjà lointaine au cinéma de minuit m'avait durablement imprégné la rétine...

Dommage alors que la coupe soit à moitié pleine -ou à moitié vide, c'est selon- et que l'émotion, elle, reste par trop extérieure. Peut-être aurait-il fallu à Freda un budget plus conséquent, le soutien de la puissante Lux de Theodora par exemple, pour homogénéiser son affaire et livrer la vraie Chanson de Geste qu'il avait manifestement à dessein.
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The Eye Of Doom
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Message par The Eye Of Doom »

Il semble que personne dans ce forum n'est lu le livre dont est tiré le film c'est à dire Spartacus d'Howard Fast. Il ne s'agit en effet pas d'une eime version de l'histoire de Spartacus mais d'une adaptation d'un best seller d'un des plus grand ecrivain humainiste américain (communiste de surcroit, voir sa remarquable bibliographie "Being Red" traduit "Memoire d'un rouge" chez Rivage).
Je vous invite à lire le livre (edition de l'atalante, je crois) avant de porter un jugement sur le film.
L'ouvrage decrit la vie de Spartacus, des années apres sa mort, au travers des témoignages de différents individus, principalement romains, qui ont eu la vie bousculée voire bouleversée (fortune, gloire, echec politique, ...) par la revolte des esclaves et qui cherchent à comprendre le mystère de Spartacus. Chaque intervenant apporte de plus indirectement une vision particulière sur la vie, les moeurs, la politique et l'économie de l'époque et permet à l'auteur une explication/denonciation du contexte .
Ce livre est d'une construction remarquable... Le film en est un bien pietre reflet.
Le paradoxe est que Kubrick aurait pu faire un film remarquable à partir de ce livre, dans un registre proche de Barry Lyndon, en exposant à nu les rouages de la société romaine De ce film il ne reste que le personnage de Charles Laughton (et peut etre la secheresse de la premiere rencontre entre Spartacus et sa future compagne).
Pour le coté profondement humaniste du livre, il est clair que le choix de Mann était judicieux, dommage..
Finalement, je ne vois guère que Mankiewicz qui aurait pu à l'époque en faire un grand film....
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

The Eye Of Doom a écrit : Je vous invite à lire le livre (edition de l'atalante, je crois) avant de porter un jugement sur le film.
Il est tout à fait possible de porter un jugement sur un film sans connaître l'oeuvre dont il a été tiré.
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