Cecil B. DeMille (1881-1959)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

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Samson et Dalila (1949)

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Après avoir tourné les Conquérants du nouveau Monde, Cecil B deMille se replonge dans le monde de l'antiquité et de la Bible avec l'adaptation du passage de Samson et Dalila. Ici nous sommes de nouveau dans le grandiose, avec plethore de figurants et naturellement cette scène finale mythique avec la destruction du temple de Dagon, on retrouve d'ailleurs dans ce passage, la folie du Signe de la croix, avec l'apparition de cette bande de nains venant terrasser Samson aveugle, et naturellement cette figuration énorme. Si la copie VHS que j'ai récupérée ne rend pas toute justice au film, on se rend compte qu'une restauration complète permettrait de voir un technicolor absolument flamboyant et une scène totalement bigarrée. La robe bleue nuit de Dalila est d'ailleurs particulièrement belle. Toutefois avant d'arriver à ce fameux final où les effets spéciaux n'ont aucunement à rougir de ce qui se fait actuellement, le film est aussi une évocation aux scènes plus intimistes, comme toute la grande romance entre Samson et Dalila dans une tente certes grandiose, regorgeant d'accessoires, mais où seule la nature et les deux héros évoluent ou cette scène qui voit Samson et sa mère. Il y a aussi les scènes spectaculaires comme ce combat contre un jeune lion où là encore les effets sont particulièrement bien réussis ou la grande scène du mariage de Samson.

Curieusement là encore on remarquera beaucoup de scènes plutôt intimistes, mais au décor grandiose, étudié dans le moindre détail. Une fois encore les costumes sont magnifiques, avec cette débauche de couleurs pour les phlilistins, et ces tons beaucoup plus froids pour les danites. Contrairement à David et Betsabée d'Henry King qui reflète l'histoire biblique assez fidèlement, Cecil B de Mille adapte librement le mythe, ainsi Dalila ne trahit Samson que parce qu'elle est jalouse qu'il lui ait préféré sa soeur au départ. Elle passe son temps à le trahir, lui coupera ses cheveux comme dans la Bible, mais l'aidera à détruire le temple de Dagon. Sans doute comme avec Rita Hayworth dans Salomé, ne pouvait-on confier, un rôle de garce intégrale à la sublime Hedy Lamarr ! Celle-ci campe une Dalila envoutante - on se demande d'ailleurs comment Samson peut lui préférer Angela Lansbury sensée être sa soeur, et évidemment blonde contrairement à elle si brune et superbe. Victor Mature prête sa plastique sculpturale au héros à la force herculéenne. On remarque dans le rôle du jeune Saül, Russ Tamblyn (Russell au générique), Olive Deering campe une Myriam attachante et émouvante. Quant à Georges Sanders, il prête sa stature au roi de Gaza.

Bref une fois encore, Cecil B deMille réalise un film à grand spectacle, envoutant par ses décors, ses scènes à la figuration impressionnnante. Là encore du Divertissement pur !
Dernière modification par Cathy le 14 mai 12, 17:05, modifié 1 fois.
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Cathy
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

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Les dix commandements, Ten commandments (1956)

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La vie de Moïse de l'évocation du Prince d'Egypte à la traversée du Désert et la découverte de la terre promise.

Dernier film de Cecil B. deMille, c'est aussi son film le plus ambitieux, le plus extraordinaire sans doute, notamment grâce à cette reconstitution exceptionnelle de l'Egypte. On sait que généralement les films historiques sont souvent truffés d'erreurs, mais ici on a vraiment l'impression que tout a été fait pour reconstituer au plus près l'Egypte de Moise, les hébreux. Rien n'a été laissé au hasard, comment ne pas remarquer la minutie avec laquelle les scènes égyptiennes ont été reconstituées, notamment ce tableau des danseuses, avec leurs longues nattes et leur chorégraphie qui rappelle totalement les bas reliefs connus de l'époque. On remarque aussi ce tableau avec des musiciennes à l'arrière plan. Il faut aussi voir les reproductions de Pschent, de pectoraux, des casques avec une minutie des détails, comme les nattes de l'enfance des enfants de pharaons. Si certains films se moquent des décors réels, ce n'est certainement pas le cas de ces dix commandements. Il ne faut pas oublier aussi les reconstitutions exceptionnelles des maisons et du palais de Ramses avec sa façade aux bas reliefs peints qui évoquent inévitablement Louxor ou Carnac, de même que la reconstitution de l'érection d'un obélisque. La magie des décors naturels aide aussi au réalisme de l'ensemble.

Naturellement les dix commandements reste célèbre pour sa fameuse scène de l'ouverture de la Mer Rouge, avec le temps, les effets spéciaux semblent peut-être un rien daté, que ce soit la colonne de feu ou la gravure des tables de la loi, l'image du feu rappelle un peu la Bête de Planète interdite. Cela peut paraître kitsch, mais quelque part cela reste diantrement efficace.
On a toujours connu le gout pour le gigantisme du réalisateur, mais ici on atteint des sommets, avec l'évocation des scènes du palais, des chantiers de temple, et ces centaines de figurants, sans oublier la décadence du veau d'or. Le DVD restauré rend honneur au technicolor flamboyant, vraiment magique pour les yeux, ces couleurs si chaudes, si vives. Naturellement le film n'est pas exempt de quelques longueurs, sur 3h39 que dure le film, il est évident que certaines scènes trainent un petit peu, mais les morceaux de bravoure sont tellement brillants qu'on oublie ces quelques secondes d'ennui.

Côté histoire, Cecil B deMille s'attarde sur la partie méconnue de la vie de Moïse à savoir celle du Prince d'Egypte, il vient même lui-même en prologue du film expliquer que cette partie était ardue à reconstituer, la Bible parlant essentiellement du sauvetage de Moise bébé et de sa mission divine. Le film se concentre sur certains épisodes de la vie de Moise et respecte assez scrupuleusement sa vie telle que la narre la Bible, toutefois, Moise reste un homme dans la force de l'âge quand il reçoit la mission divine, alors qu'il avait normalement 80 ans, et curieusement il ne s'étend pas du tout sur la traversée du désert qui est juste évoquée, les tables de la loi sont gravées, cassées, mais pas regravées, on ne montre que trois plaies dont les plus impressionnantes, les eaux du Nil transformées en sang, la pluie de grelon et naturellement la mort des premiers nés. Curieusement DeMille fait de nombreuses elipses sur ce qui est finalement le plus connu de la vie de Moise. Cela n'est pas bien grave car le reste est tellement dense qu'on en prend plein les yeux tout le film.

Côté interprétation, Charlton Heston est assez impressionnant en Moise, jeune égyptien compatissant aux malheurs des esclaves ou vieillard illuminé, à la stature impressionnante. Yul Brynner n'a rien à lui envier dans ce fier pharaon. Côté féminin Anne Baxter mêle séduction et venin en Nefretiri, Yvonne de Carlo, Debra Paget, Nina Foch complètent avec charme le casting féminin, Edward G Robinson est odieux à souhait en chef de chantier à la solde des égyptiens tout comme Vincent Price dans sa courte scène. Cecil B deMille pour son dernier film réalise toutefois une extraordinaire super-production pleine de recherche esthétique mais aussi d'action. Le dernier film est vraiment le summum de la super-production !
Dernière modification par Cathy le 10 juin 10, 10:52, modifié 3 fois.
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cinephage
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par cinephage »

Bien content de voir à quel point tu apprécies le dernier film de ce cinéaste qui n'a pas toujours la quote dans nos régions.
J'en profite pour signaler qu'une flanerie m'avait amené à me pencher sur ce film que j'aime beaucoup moi aussi...

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p1898729

Si, à chaud, tu souhaites y mettre ton grain de sel... :wink:
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par ed »

Cathy a écrit :Naturellement les dix commandements reste célèbre pour sa fameuse scène de l'ouverture de la Mer Rouge, avec le temps, les effets spéciaux semblent peut-être un rien daté
Il a toujours été réputé pour ses prouesses optiques, DeMille

:arrow:
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Cathy
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par Cathy »

cinephage a écrit :Bien content de voir à quel point tu apprécies le dernier film de ce cinéaste qui n'a pas toujours la quote dans nos régions.
J'en profite pour signaler qu'une flanerie m'avait amené à me pencher sur ce film que j'aime beaucoup moi aussi...

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9#p1898729

Si, à chaud, tu souhaites y mettre ton grain de sel... :wink:
Je n'ai rien à ajouter, tu as tout dit dans ta flanerie ! C'est vrai que cette scène du veau d'or est impressionnante, en plus elle clôture en quelque sorte le film, car on fait fi de la manne, du rocher sur lequel Moise frappa deux fois et fit qu'il ne vit pas la terre promise, bon c'est vrai que le film s'intitule les Dix commandements et pas Moïse.
Ce qui est éblouissant c'est effectivement cette débauche de couleurs, de mouvements, chaque figurant a son rôle à tenir. C'est vrai que le sacrifice humain a plus de poids, et semble plus chaud que les simples allusions d'adultère, de coucherie en tout sens qu'on ne peut pas montrer à l'époque ! J'ai vraiment adoré ce film que j'ai redécouvert, et j'ai été scotchée par tous les détails des costumes, des décors. On reproche souvent aux cinéastes de faire n'importe quoi dans leurs reconstitutions, ce qui n'est pas le cas ici. C'est un peu comme dans la Terre des pharaons, à croire que l'Egypte inspirait les réalisateurs.
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Jeremy Fox
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par Jeremy Fox »

Vous m'avez donné envie ; je pense que je vais me programmer ce 10 commandements ce mois-ci du coup ; je ne l'ai encore jamais vu en VO et j'ai le DVD depuis peu.
someone1600
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par someone1600 »

Vous me donnez envie moi aussi. J'adore ce film pour ma part...

Et Samson et Dalilah est aussi un excellent film... en effet Cathy, il est a se demander comment Samson peut préféré la soeur de Dalilah a celle-ci... Hedy Lamarr est décidemment bien plus jolie que Angela Lansbury.
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Cathy
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par Cathy »

Sous le plus grand chapiteau du monde, The greatest Show on Earth (1952)

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A travers le monde de ces cirques gigantesques comme Barnum, l'évocation des relations amoureuses de tout genre et les difficultés financières qu'il rencontre

Si vous n'aimez pas le cirque, et le technicolor flamboyant (manque juste le cinémascope), passez votre chemin, car ici Cecil B deMille rend hommage au cirque et finalement les histoires humaines passent au second plan. Nous ne sommes parfois pas loin du documentaire, avec cette emphase caractéristique de DeMille dans les commentaires qui évoquent le montage et démontage du chapiteau, la vie de la tournée. Le public est le héros de nombreuses scènes parfois répétitives, avec ces différents spectateurs emballés, effrayés, qui s'en moquent, des grands, des petits comme ce père emballé et ce fils qui semble se demander ce qu'il fait là. Pas un détail ne manque, comme les pop corn qui volent dans les applaudissements.

Tous les numéros sont évoqués dans ce cirque extraordinaire qui mêle les traditionnels et ceux plus proches du music hall avec ces parades évoquant les personnages traditionnels des USA, ou d'autres comme Marie-Antoinette qui sert de cadre à un numéro de dressage de chevaux, ou naturellement ce numéro tahitien qui permet à Dorothy Lamour de pousser une chansonnette hawaienne devant Bing Crosby et Bob Hope (ses partenaires habituels ds Road to).
Les numéros les plus spectaculaires sont naturellement ceux de voltige en tout genre, deux des héros du film sont voltigeurs, assez formidablement filmés. On voit peu de répétitions, peu de scènes se déroulent réellement en marge du spectacle. C'est souvent dans les coulisses de celui-ci que tout se noue, avec son fameux côté The show must go on, pendant que les drames se nouent. On a l'impression que le réalisateur se fait plaisir et filme avec amour tout ce monde du cirque en rendant hommage à tous ces artistes. Le spectacle en lui-même est grandiose mais DeMille a besoin d'aller plus loin, et ce plus loin il nous l'offre avec le fameux déraillement des trains particulièrement efficace et naturellement plus abouti que celui de Union Pacific et tous les détails comme ces fauves ou ces singes qui s'échappent des cages éventrées. Il ne faut pas oublier aussi le côté musical du film avec la chanson titre "The greatest show on earth", ou le sympathique numéro de trampoline "Be a bumping Jack" ou enfin le numéro hawaien et sa chanson "Lowely luwana Lady".

Mais hormis le cirque, il y a aussi toutes ces histoires d'amour, ce docteur qui a tué sa femme par amour (euthanasie avant l'heure) et qui se cache, ce directeur du cirque plus épris de celui-ci que de Holly la voltigeuse, ce voltigeur joli coeur, ou encore ce dompteur d'éléphant jaloux et possessif avec sa collègue, par qui le drame arrive et de relations humaines. Naturellement il y a Charlton Heston en directeur soucieux de son cirque, droit dans ses bottes, Betty Hutton dont l'énergie semble avoir été canalisée et qui campe une Holly forte et attachante, Cornel Wilde qui prête sa stature d'athlète au Grand Sebastian. A noter qu'on a l'impression parfois que ce sont les acteurs eux-mêmes qui ont réalisé leurs numéros tant les scènes sont bien réalisées. Il y a aussi Dorothy Lamour, exotique à souhait, Gloria Grahame vamp sulfureuse mais au grand coeur, et surtout James Stewart qui est extraordinaire dans Buttons le clown, dont on ne voit jamais le véritable visage hormis sur une photo, mais qui à travers son maquillage au sourire outrancier arrive à faire passer toutes ces émotions, un grand numéro d'acteur ! Il y a aussi les acteurs habituels des DeMille dont Wilcoxon en agent du FBI.

Le DVD offre une restauration magnifique et le technicolor est flamboyant. Pour les amoureux du genre, ils seront ravis. Cecil B deMille réalise ici encore une de ces grandes fresques dont il a le secret, mais il est aidé par le gigantisme même du cirque Barnum. Un film une fois de plus efficace et qui permet avant tout l'évasion.
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par someone1600 »

C'est peut-etre parce que je ne suis pas friand de cirque, mais je n'ai pas tres apprécier ce film personnellement. Mis a part quelques scenes, je me suis meme ennuyé ferme... :?
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Cathy
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par Cathy »

someone1600 a écrit :C'est peut-etre parce que je ne suis pas friand de cirque, mais je n'ai pas tres apprécier ce film personnellement. Mis a part quelques scenes, je me suis meme ennuyé ferme... :?
Contrairement aux autres films de DeMille, ici il n'y a quasiment pas d'histoire, il y a un côté très documentaire dans le film et beaucoup de longs numéros, en quelque sorte, je trouve que les scènes sont en quelque sorte des numéros complémentaires. Hormis le déraillement du train, toute la première partie n'évolue que de numéros en numéros. Je pense qu'il faut donc aimer le cirque ou cette atmosphère documentaire pour vraiment apprécier ce film.
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cinephage
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par cinephage »

Male and Female (1919)

Ici, Cecil B.DeMille multiplie les genres, avec un récit social en début de film (coquetterie et richesse des femmes de la haute société), un film d'aventure en cours de route (avec naufrage et ile déserte à la clé), en passant par le peplum (dans une sorte de flashback/récit imaginaire que j'ai trouvé plutôt touchant) et le récit amoureux tragique, pour finir sur une note westernienne.

Je partage de l'analyse d'Allen John son sentiment que DeMille fait ici un film jalon, sorte de synthèse d'un métier désormais bien acquis, avec une troupe qui fonctionne bien. Certains plans sont de toute beauté, certaines séquences sont hilarantes, le film n'a rien perdu de son efficacité. En revanche, si la référence antique peut surprendre, je la trouve pour ma part parfaitement justifiée :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce flashback fait écho à un livre qui déchaine l'imagination romantique des deux personnages, et, à l'issue d'une peur bleue, après avoir chassé un fauve dans des ruines antiques, ils se laissent aller à un réconfort amoureux, le recours à l'antiquité permettant de rendre envisageable une liaison qui aurait été inconcevable dans le monde civilisé.
En tout cas, DeMille moralise moins ici qu'ailleurs, il se prend au jeu du récit de la vie des naufragés (qu'il reprendra en version "light" dans Four frightened people), et présente plusieurs personnages solides et, quoiqu'un peu caricaturaux, fort attachants.
En tout cas, il est clair qu'ici le cadrage est parfaitement maitrisé (magnifique beauté du plan où Crichton sauve Gloria Swanson de la noyade), ainsi que le rythme, pas évident pour un film qui joue sur plusieurs registres. Un film réputé de DeMille, qui n'a, à mes yeux, pas volé sa réputation.
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Roy Neary
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par Roy Neary »

UP !

DVDClassik met aujourd'hui en ligne sa chronique des Conquérants d'un nouveau monde.
Devinez qui s'y est collé ? :D

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allen john
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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par allen john »

Chicago (Frank Urson, Cecil B. DeMille, 1927)

Roxie Hart (Phylis Haver) est mariée à un saint homme, Amos (Victor Varconi). Travailleur modeste mais intègre, celui-ci sait bien qu'il n'est pas en couple avec une femme très rigoureuse, mais il l'aime trop pour lui en vouloir. Jusqu'au jour ou elle abat froidement son amant (Eugene Pallette) alors que celui-ci venait de lui annoncer avoir décidé de couper les ponts, et donc de ne plus payer pour tous ses désirs. Si elle se défend d'avoir eu la moindre liaison extra-conjugale, Amos a bien compris que Roxie n'est pas innocente dans l'affaire, et il est déterminé à aller jusqu'au bout pour lui épargner la corde: le meilleur avocat, notamment. Celui-ci, aguerri et très rapace, met les grands moyens... à tous les sens du terme: ironiquement, Amos est obligé de lui voler une somme coquette d'argent (Acquise de façon douteuse) afin de payer ses honoraires. Pendant ce temps, persuadée qu'elle joue le rôle de sa vie, Roxie se laisse aller à sa nouvelle célébrité crapuleuse...

Miraculeusement préservé de l'outrage des ans, le film Chicago est une cause célèbre des coupeurs de cheveux en quatre: quoique supervisé et dirigé pour une large part par Cecil B. DeMille, il est signé de son assistant Frank Urson. Cela s'explique par le fait que le grand metteur en scène, accaparé par le film King of Kings, était un peu le VRP de la religion en cette année 1927, et n'avait pas envie de tenter le mélange des genres avec cette histoire de meurtrière de petite vertu qui gagne un procès en agitant férocement tout ce qu'elle peut agiter. Et dommage pour lui, car s'il l'avait signé, ce serait l'un de ses chefs d'oeuvre. Sardonique, divisé adroitement en trois actes, ce méchant petit film a une énergie, un esprit et un visuel superbe (Par Peverell Marley), en même temps qu'une morale assez conservatrice: tout le monde n'est pas pourri, mais ce n'est pas loin, heureusement, le mari de la jeune intrigante est là pour relever le niveau, ainsi qu'une femme qui, dans l'ombre, nettoie les stupidités et les turpitudes des autres...

Le film porte du début à la fin la marque des films de Cecil B. DeMille, avec son sens du raccourci visuel, ses sous-entendus, sa façon de mettre en scène le décor et les accessoires pour souligner ou mettre en valeur une notion, un concept. On pourra trouver Phyllis Haver parfois excessive, mais ce serait oublier que le propos est ici clairement de faire de la comédie au vitriol. Victor Varconi, en revanche, s'en sort plutôt bien. Il est évident que le film ne mâche pas ses mots sur les femmes du jazz age, qui en prennent pour leur grade! Mais le film est aussi une sorte de cousins des belles comédies, déja fortement satiriques, de 1919-1920 (Why change your wife?, Don't change your husband...), dans lesquelles DeMille s'amusait à représenter la bourgeoisie Américaine. autre temps, autres moeurs, autres rangs aussi: les deux "héros" de ce film sont issus de la classe ouvrière, et contrairement aux films d'après-guerre, on n'a plus de sympathie partagée pour les deux protagonistes... Néanmoins le constat est alarmant: pour l'amour de sa vie, dont il sait qu'il se résume à un gâchis, Amos est prèt à tout, y compris à s'abaisser, dans une scène noire aux éclairages savants qui rappellent que DeMille et Peverell Marley sont des artistes du cinéma, tout simplement...

Même s'il ne faut pas oublier que le signataire du film, Frank Urson, y a effectivement travaillé (Notamment durant les deux premières semaines de tournage), le film porte tellement la marque de DeMille qu'il ressemble par moments à une compilation des meilleurs moments, reprenant donc le style détaillé des comédies, le sens du spectaculaire dans les scènes-clés, la science de l'éclairage, et même une scène de "cat fight" qui nous renvoie à Carmen, avec la juste dose de chairs féminines exposées, avec le concours très volontaire de Julia Faye et Phyllis haver. Par ailleurs, le (Splendide) film de DeMille qui suivra, The Godless girl, reprendra la thématique de la culpabilité féminine sous un angle nettement moins frivole...

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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par allen john »

The greatest show on earth (Cecil B. DeMille, 1952)

En 1952, ce film était pour la cérémonie des Academy awards en compétition avec, entre autres, High noon, de Zinnemann, et The quiet man, de ford. Un coup d'oeil, un seul, sur le film suffit à voir qu'il n'aurait pas du avoir une chance sur mille de gagner... Donc est-ce afin de récompenser deMille de sa longévité, est-ce parce qu'il avait grassement payé les membres de l'académie (Pure spéculation de mauvaise foi, ici, soyons franc), ou avait-il par quelque moyen réussi à les hypnotiser tous? en tout cas, le vétéran, fondateur en 1913 de la Paramount aux cotés de Jesse Lasky, a finalement obtenu ce qu'il désirait, une reconnaissance tangible, sous la forme d'une statuette. Meilleur que le précédent film de DeMille, le kitschissime Samson & Delilah, The greatest show on earth est, c'est vrai, sans doute l'un des meilleurs films parlants de son réalisateur, ce qui n'est pas si difficile... Mais si pour une fois le showman a choisi de rester dans une histoire contemporaine au lieu de s'intéresser aux périodes fondatrices de l'Amérique, voire à l'antiquité, il a fait un film bien dans sa manière, et qui revêt aussi une dimension vaguement autobiographique...

Le cirque monumental dirigé par Brad Braden (Charlton Heston) part en tournée, fort d'une vedette de poids pour sa nouvelle saison: le grand Sebastian (Cornel Wilde), un acrobate Français génial mais généralement considéré comme unse source de problèmes en raison de son insupportable tendance à séduire toutes les filles... Sa venue va créer des ennuis pour Holly (Betty Hutton), la star du trapèze. Les troubles vont venir ausi de la jalousie de Klaus (Lyle Bettger), le meneur d'éléphants, amoureux sans retour de la jolie Angel (Gloria Grahame); un groupe de malfrats tournant autour du cirque pour commettre des escroqueries vont également provoquer quelques malheurs, et enfin, le clown Buttons (James Stewart), qui ne se démaquille jamais, semble cacher un secret bien lourd à porter...

Si on fait la somme des dafauts du film, on en viendra inévitablement à mettre en cause sa structure particulièrement légère: l'intrigue, en effet, ne tient qu'à un fil, celui du spectacle. DeMille a organisé son film comme une représentation de cirque, en alternant les numéros. De plus, on assiste à une accumulation de scènes vaguement cousues entre elles, avec une progression très convenue. Mais on a la chance d'avoir un certain naturel dans l'interprétation (James Stewart, Charlton Heston, et Gloria Grahame, en particulier, maintiennent la barre assez haut.), ce qui nous change des vieux cabots habituels (Tous présents dans le film, ou on reconnait Henry Wilcoxon et Julia Faye, qui à cette époque travaille depuis 35 ans pour DeMille...). Et puis, de toute évidence, dans le personnage de Brad Braden, qui me fait d'ailleurs beaucoup penser au Warner Baxter de 42nd street, il y a beaucoup de DeMille lui-même: showman des pieds à la tête, dévoué au cirque au point de prendre des risques en engageant le pire séducteur du métier parce qu'il apportera du public.

Le public, d'ailleurs, est aussi très présent, et on sent que les figurants qui le composent ont été à demi dirigés, afin de préserver un semblant de naturel. la présence de vrais acrobates complétée d'acteurs désireux de se mouiller rend le spectacle assez tangible (Betty Hutton, par exemple, semble bien faire une large part de ses numéros seule), mais le tout est aussi agrémenté de nombreux passages de fascination pour le cirque, accompagnés de numéros musicaux qui alourdissent considérablement le tout. Quoi qu'il en soit, le film reste un témoignage fascinant du cirque DeMillien, avec ses passages obligés, ses bons et moins bons moments, ses facilités et ses forces , et au-delà du mélodrame ahurissant (Un patron de cirque au milieu d'un train accidenté, soigné par un clown assisté du flic qui va lui passer les menottes quelques heures après, dont l'infirmière est une acrobate en costume!!), on sait que le véritable fin mot de l'hitoire pour le showman DeMille, ce n'est même pas "the show must go on", mais bien "The show will go on".

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Re: Cecil B. DeMille (1881-1959)

Message par villag »

Cathy a écrit :Samson et Dalila (1949)

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. Cornel Wilde prête sa plastique sculpturale au héros à la force herculéenne. impressionnnante. Là encore !

Petite erreur Cathy: point de Cornel Wilde( acteur tres en vogue serie b à cette époque),mais Victor Mature dans Samson....!
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