Voici le temps des assassins (Julien Duvivier - 1956)

[Jean Claude Dus]

Pendant l'expo au Forum des Halles, sur l'histoire des Halles de Paris, y'a une projection d'image d'archives, d'extraits de film, dont un avec Jean Gabin, qui campe un patron de bistrot dans les Halles. Qq'un connaitrait-il ce film ? (si ca se trouve, ce film est hyper connu et ca me fera passer pour une tanche inculte... )
Thanx !

[cidmaster]

Je sais plus s'il est patron d'un bar, mais le film se déroule dans un bar, ce pourrait être un Singe en Hiver avec également Belmondo.

[Margo]

Je sais plus s'il est patron d'un bar, mais le film se déroule dans un bar, ce pourrait être un Singe en Hiver avec également Belmondo.

Un Singe en Hiver se passe en Normandie et pas du tout aux Halles de Paris

[Cosmo Vitelli]

ça serait pas Voici le temps des assassins de Duvivier ?. Je crois qu'il tient un resto mais pas un bistrot.

[Commissaire Juve]

Ça serait-il pas Voici le temps des assassins de Julien Duvivier (1955), avec Danielle Delorme ? Dans ce film, Gabin est restaurateur aux Halles...

[Commissaire Juve]

Merde, je me suis fait doubler par Cosmo !

[Cosmo Vitelli]

Merde, je me suis fait doubler par Cosmo !

C'est l'intention qui compte

[Jean Claude Dus]

Ça serait-il pas Voici le temps des assassins de Julien Duvivier (1955), avec Danielle Delorme ? Dans ce film, Gabin est restaurateur aux Halles...

Merci Commissaire

[Beule]

Pas étonnant qu'il aut été choisi pour illustrer l'histoire des Halles d'ailleurs. Ce chef-d'oeuvre absolu du cinéma français des années 50 est porté par deux courants: celui d'une expressivité théâtrale (renforcée par la présence des vielles gloires féminines de la scène comme Lucienne Bogaert ouGermaine Kerjean), toute en noirceur et en pessimisme, mais aussi celui d'un naturalisme quasi-documentaire autour du Ventre de Paris et des Vieilles Halles.

Un Duvivier que je préfère encore aux grandes réussites d'avant-guerre ou à Panique. Sürement l'un de mes dix films français préférés.

[Cosmo Vitelli]

Merci Commissaire

Et moi, je pue ?

[Jean Claude Dus]

Merci Commissaire

Et moi, je pue ?

Merci Cosmo qui pue pas !

[Beule]

Voici le temps des assassins

Pas sûr qu'il ait signé quoi que ce soit de valable après, donc pas de doute après nouvelle vision hier sur grand écran, il s'agit bien pour moi du sommet de la filmo de Duvivier.

Les objections peuvent fuser; point de recherche du réalisme, la peinture de milieu (le ventre de Paris avant la réformation des Halles) n'y est qu'effleurée quand bien même parfois avec une grande acuité, comme lorsque le cinéaste donne à voir l'activité des petites fourmis humaines entre la salle et la cuisine du restaurant en de savants et complexes mouvements de caméras. Duvivier n'est pas un enthomologiste. C'est plutôt un moraliste passablement désabusé -d'aucuns diront aigri- qui a trouvé dans le grouillement du bistrot de Chatelain (Gabin) l'occasion de rassembler toute une galerie de portraits significatifs de son appréhension morale de la société. Le moins que je puisse dire est qu'elle ne respire pas l'approbation...

Il y a d'abord cette misogynie acérée, si coutumière chez le cinéaste, qui s'exprime à travers une collection de portraits féminins à l'eau forte. Pas une qui ne trouve grâce à ses yeux. Il y a les putes, les mères maquerelles (Lucienne Bogaert, pathétique et pitoyable) les fausses ingénues perverses et machiavéliques (Delorme), les mères castratrices (Germaine Kerjean une nouvelle fois associée au symbole phallique du fouet après Goupi Mains Rouges), au mieux les vipères aigries mais réellement aimantes (Fontan).
Mais ici, les hommes ne sont pas observés avec plus de tendresse. En quelques saynètes, en quelques small talks échangés entre Chatelain et ses convives, c'est tout un monde aux relens de moeurs croupies et putrides qui s'éveille: le politicien nationaliste et vaguement réactionnaire, l'affairiste douteux et cupide, le vieux beau libidineux (Clariond) aux tendances perverses à peine refoulées etc. Pour un peu on s'attendrait à voir Brel en ménestrel de son époque nous scander assis dans un coin du restaurant ou de l'auberge familiale: "Les bourgeois ...plus ça devient vieux, plus ça devient con!". Jusqu'à Chatelain lui-même, faux brave homme aux tendances incestueuses, corrompu par le souci de se forger un patrimoine et la volonté de le transmettre, qui encourage, par sa passivité, sa veulerie et son esprit de caste , les sombres desseins qui se trament autour de lui.

Voici le temps des assassins est donc un manifeste patent du pessimisme souvent qualifié de schématique qui caractérise l'essentiel de la production d'après-guerre du cinéaste. Mais ce pessimisme s'exprime ici de façon tellement impressionniste (l'humour et la fausse bonhommie y ont longtemps très majoritairement cours) et graduelle (jusqu'à atteindre l'irrespirable) qu'il balaye les quelques réserves qui pourraient accompagner la vision de Panique ou plus encore de Sous le ciel de Paris: il y a une véritable caution naturaliste à cette dénonciation du mal et à cet exposé au vitriol d'une déliquescence sociale (on n'est finalement pas si loin de l'esprit de Zola), que l'on ne trouvait pas forcément dans les deux premiers cas pour lesquels le cinéaste semblait sutout s'être adonné aux plaisirs pervers de la mécanique fataliste.

Pour moi, incontestablement, l'un des très grands chefs-d'oeuvre du cinéma français.

[phylute]

Voici le temps des assassins

Pour moi, incontestablement, l'un des très grands chefs-d'oeuvre du cinéma français.

+1

Mais le sommet de sa filmographie reste pour moi La fin du jour

[Beule]

Mais le sommet de sa filmographie reste pour moi La fin du jour

Film tout aussi sublime, mais avec lequel toutefois je n'ai pas personnellement le même rapport fusionnel

[bogart]

Drame de Julien Duvivier tourné en 56 avec Jean Gabin, Danièle Delorme et Gérard Blain.


Synopsis :

Dans les années 50, un restaurateur parisien au grand coeur est victime des intrigues machiavéliques d'une jeune fille vénale.



Mon avis : un des meilleurs gabin d'après-guerre, un beau rôle de garce pour danièle Delorme et en prime la découverte des halls de Paris à cette époque.
Un film que je vous recommande


N:B: France 3 diffusera ce film le jeudi 13 mai à 23.00 dans sa soirée Jean Gabin.


Vos avis sur ce film