Hell bent for leather 1960
A la suite d'un concours de circonstances, les habitants de Sutterville prennent Clay Santell (Audie Murphy) pour Travers (Jan Merlin) , un criminel qui a sévi récemment dans la région. Cette confusion satisfait pleinement le marshall Deckett (Stephen McNally), fatigué de courir après Travers, et qui pense ramener le cadavre de Santell afin de toucher la prime promise. Ce dernier parvient à s'enfuir et emmène en otage l'institutrice locale (Felicia Farr).
On est toujours soulagé d'avoir quelque chose à dire à propos d'un western d'Audie Murphy, sa filmographie dans le genre promettant plus la routine qu'elle ne laisse espérer d'heureuses surprises.
Certes en 1960,
Hell-Bent for Leather semble déjà appartenir par sa facture au passé d'une production près de succomber sous les assauts répétés de la télévision, et destinée aux ultimes convulsions stylistiques que lui imposeront l'incertitude morale des années soixante mêlée à la concurrence transalpine.
La respiration naturelle du récit s'ajoute à un usage fructueux du format scope permettant au paysage d'exister comme un personnage à part entière. Le récit est enserré entre deux scènes siamoises, reflets troublés l'une de l'autre, pareilles à deux actes d'un petit théâtre de l'absurde aux couleurs du far-west. A l'entrée de Clay Santell dans Sutterville désertée par sa population, ville fantôme sans fantômes, répond son arrivée à Paradise, quelques bâtiments jetés dans un décors aride tels les dés qu'aurait lancés la main du joueur céleste. Des dialogues tissés d'un quiproquos fatidique avec les habitants de la première bourgade aux échanges laconiques et ambigus dans l'austérité d'un saloon quasi-brechtien, un sentiment de décalage prévaut. Perception que renforce l'image de ce couple errant figé sur l'arrière-fond d'un nomansland dans l'attente indéfinie d'un troisième personnage.
Dans l'ensemble, le scénario ploie sous le fardeau de sa propre banalité. Le film se ménage un moment de liberté presque incongrue avec l'irruption de Robert Middleton par une nuit d'orage dans le refuge des deux fuyards. Mais cette liberté reste lettre morte, et la tension s'est-elle à peine installée que la situation se résolve par une échappatoire qui relève de la démission scénaristique. Il en va de même de la conclusion, expédiée sans autre forme de procès parce qu'il faut bien conclure.
La distribution tient la route, à l'exception de Felicia Farr, qui, en revanche, tient bien à cheval.