Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Une grosse rareté avant d'attaquer une semaine marquée par la première partie de la rétro Shintoho à la MCJP (qui galère avec leur site internet :mrgreen: )


L'enfer d'Okinawa (Kiyoshi Komori - 1961)
Image
Cette curiosité désormais invisible est avant tout une aberration : qu'est-ce qui a bien pris au distributeur de sortir ce médiocre film de guerre (surtout 6 ans après sa réalisation) ?
Réalisé par un inconnu, interprété par des inconnus et produit par un très jeune studio indépendant (plutôt connu pour avoir donné les premiers Pinku Eiga)... Pour peu je dirai que ce film a été produit pour l'international avec son approche nationaliste (mais pas trop propagande non plus) qui ne cherche pas à diaboliser les soldats américains (pour ainsi dire absent physiquement à l'écran). Sans oublier quelques danses traditionnels et sa description "scolaire" du sort tragique des militaires et des civils à Okinawa.

Production modeste oblige, il y a quantité de stock shots de la flotte américaine, des scènes de batailles très brouillonnes et répétitives où le monteur cherche à dynamiser les tirs de canons en alternant à gauche et à droite leurs place à l'écran (alors qu'ils proviennent vraisemblablement de la même origine). Très rapidement, on ne sait donc plus qui bombarde qui et qui se trouve où. Et c'est comme ça à chaque bataille qui sont de ce fait interchangeable (à part les japonais se faisant sauter sous les chenilles des chars !).
Il y a aussi un autre point très récurrents : les chansons ! Et oui, film de guerre patriotique oblige, on a facile une demi douzaine de passages où les soldats/civils/infirmières poussent la chansonnette. :?

Sinon, rien de vraiment nouveau : les généraux sont pas très malins et obtus, les habitants de l'île sont prêts à se battre et mourir, les jeunes filles soignent les blessés (mais en pleurant) et à la fin, tout ce beau monde se suicide collectivement.

Voilà, il va sans dire qu'on est très loin de la qualité et de la force de la bataille d'Okinawa de Kihachi Okamoto et surtout la Tour des Lys de Tadashi Imai.

Après, il faut savoir que le montage international fait 15 bonnes minutes de moins que celui japonais et que la VF n'aide pas l'immersion émotionnelle. Par contre la copie que j'ai vu possédait encore de très belles couleurs. Le film est donc logiquement tomber dans l'oubli après sa sortie salle (et une VHS très confidentielle), y compris dans le reste du monde.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :Le programme en détail n'est pas encore en ligne, j'espère que ça va pas trop traîner.
http://www.mcjp.fr/fr/agenda/cinema/cinema
Dis mois, as-tu des infos sur la programmation après mars ? Car sur les quelques films présentés jusqu'au 26 mars, il y en 3, voire 4 que je ne pourrais pas voir. Du coup, je me demande s'il y aura des séances de rattrapage. Je suis près à lâcher les 80€ pour le pass si j'ai l'assurance de voir la majeur partie du programme (une cinquantaine de films jusqu'en septembre si j'ai bien compris), mais si j'en loupe la moitié, ça fait un peu suer.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

k-chan a écrit : Du coup, je me demande s'il y aura des séances de rattrapage. Je suis près à lâcher les 80€ pour le pass si j'ai l'assurance de voir la majeur partie du programme (une cinquantaine de films jusqu'en septembre si j'ai bien compris), mais si j'en loupe la moitié, ça fait un peu suer.
Le plus simple est de leur poser la question la question sur Facebook (en MP), ils répondent assez vite. J'ai demandé il y a 2-3 semaines, ils n'avaient pas encore la liste définitive des films donc ils n'ont pas pu me renseigner si ce n'est que la suite du cycle reprendra de fin avril à mi-juillet.
Niveau film, je sais juste qu'il y a aura des oeuvres de jeunesse de Kon ichikawa. Et que cette première semaine ne possède pas les films "les plus funs" de cette rétro.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

http://www.mcjp.fr/fr/agenda/shintoho-un-vent-nouveau

On trouve sur place la deuxième partie du cycle (du samedi 30 avril au mercredi 20 juillet). En gros il y a deux jours de projos par semaine : le mardi ou mercredi et le samedi pour une petite trentaine de films.
A part deux épisodes de la série (TV ?) l'invicible Spaceman, les films passent bien deux fois y compris ceux de cette semaine. :wink:

Au niveau de la programmation, il y a 5 Teruo Ishii, 4 Noburo Nakagawa (malheureusement tous déjà diffusé à la MCJP ces dernières années), 3 Hiroshi Shimizu, un seul Kon Ichikawa (pour le moment ?), un Daisuke Ito quelques films de guerre signés par réalisateurs qui me sont totalement inconnus (Shue Matsubayashi ; Toshio Shimura, Yukata Abe) et quelques autres trucs sympas à se mettre sous la dent. :)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Tokyo folies (Koji Shima - 1949)
Image

Deux amies sous-louent l'étage d'une maison où vivent des personnes âgées et leur deux petits enfants. Pour faire face à leur problème d'argent, elles décident de devenir chanteuses à Ginza.

Tout ce que j'aime avec ce genre de rétrospective : découvrir des films populaires signés par des réalisateurs méconnus qui permet d'avoir une autre image du cinéma japonais que les oeuvres des cinéastes plus prestigieux.
Ce Shima, par exemple, m'avait déjà ravi avec Matasaburo, l'enfant du vent. Il fait une nouvelle fois mon bonheur avec cette comédie musicale fraîche et entraînante. Pas tant pour les chansons, assez peu nombreuses et qui répètent pas moins de 5 fois le titre phare en moins de 70 minutes (!), mais pour son esprit bon enfant, délicieusement désuet, pétillant et charmant. Les comédiens sont assez irrésistibles, surtout la délicieuse Hideo Takamine qui est loin des rôles dramatiques de Naruse. Elle s'en donne à cœurs joie dans un rôle plus léger. On n'oubliera pas ses tentatives avortées d'abandonner un chiot, les tâches de peinture redessinant des pansements ou les tatouages fait maison censés dissuader les yakuzas de Ginza de les importuner. :lol:
D'autres gags sont d'un grotesque énorme tel le trompettiste corpulent qui fait décrocher tous les objets du mur quand il se déplace dans la maison !!

Dans l'ensemble tous les comédiens sont savoureux, du quatuor de tête jusqu'à la petite fille en passant même par le chiot. Le réalisateur possède le rythme et le timing nécessaire pour conserver intact cette bonne humeur, à peine affaibli par le sketch final du grand-père qui tire un peu trop en longueur. Fort heureusement, ce dernier encourage le public à rentrer prudemment chez lui durant le générique de fin. :mrgreen:

C'est pas du grand cinéma, c'est sûr, mais ça donne plus la pêche que certains classiques qui pris un coup de vieux.




Les quatre cheminées (Heinosuke Gosho - 1953)
Image

Dans la banlieue industrialisée de Tokyo, le quotidien d'un couple et de leurs 2 locataires est perturbé par la découverte d'un nouveau né dans leur maison.

Très belle surprise aussi ce Gosho, cinéaste qui jouissait d'une bonne réputation à une époque mais qui demeure désormais bien oubliée. Troisième découverte du Mr après http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?p=1794879#p1794879]la femme dans la brume et le Fusil de chasse (tiens, j'avais écrit une bafouille dessus que je ne retrouve pas )

Ici, c'est une très bonne chronique sociale avec 4 personnages principaux (un couple en crise et un autre sur le point de se former) qui ont un peu de mal à se trouver une place dans la société alors que l'après-guerre a encore laissé ses traces et que le boom économique ne fait attendre pour tout le monde. Ils sont mal dans leur peau, peu satisfaits de leur emploi et de leur conditions mais sont contraint de continuer pour survivre, littéralement coincé entre des voisins religieux et une famille nombreuse qui a su s'adapter à la nouvelle économie.

La première moitié mélange ainsi de petites touches tragi-comiques vraiment réussies avec cette excellente idée des quatre cheminée d'usines qui, selon l'endroit où l'on se trouve, semblent n'en posséder qu'une, deux, trois ou quatre colonnes. Une manière subtile de dire que la réalité n'est qu'une question de point de vue changeante, à l'instar de Hideko Takamine qui ne connaît pas ses sentiments pour son voisin de palier.
Malheureusement, cette idée visuelle est décliné à 2-3 reprises dans les dialogues du prétendant de Takamine qui n'acceptent pas que les gens (ou les choses) puissent évoluer et que ce qu'on pensait la veille ne soit plus d'actualité le lendemain. Il est prisonnier d'une sorte de naïveté idéologie manichéenne, déconnecté de la complexité du monde (comme le duo formant les vrais parents du bébé)
Ces quelques moments alourdissent et ralentissent ainsi le film qui connaît quelques longueurs durant la seconde moitié. Il faut admettre que c'est un passage un peu obligé puisque Gosho essaye justement de traduire cet état de lassitude et d'épuisement face aux cris du nourrisson.
En revanche, sa réalisation pourrait tomber dans le huit-clos théâtrale puisque 75% du famille se déroule dans la pension mais son découpage alerte évite le statisme et l'académisme avec une excellente gestion de l'espace et du cadre.

Avec 10-15 minutes en moins, ça aurait été encore mieux mais difficile de faire la fine bouche d'autant que là aussi, le casting est fabuleux : Hideko Takamine, Kinuyo Tanaka et Ken Uehara.
Dernière modification par bruce randylan le 24 mars 16, 23:13, modifié 1 fois.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Assassin présumé (Hideo Suzuki - 1952)
Image

La police est à la recherche d'un criminel, responsable d'un double assassinat.

Ce film s'inscrit dans la veine des policiers semi-documentaires initié par Henry Hathaway en 1946 et rappelle en plus particulier la cité sans voiles de Jules Dassin. Fort heureusement, il ne s'agit nullement d'un simple ersatz mais d'une oeuvre très maîtrisée qui pousse assez loin la dimension réaliste avec la description précise de plusieurs étapes de la police scientifique : analyses de cheveux et mégots de cigarettes, oreiller passé aux ultra-violets pour repérer une crème capillaire, plusieurs plans chez le médecin légiste, établissement d'un portrait robot et autres méthodes pour obtenir les empruntes d'un suspect sans éveiller ses soupçons.

Tout cela occupe la première moitié qui possède aussi une forte dimension néo-réaliste avec un tournage en extérieur qui n'est cependant jamais appuyé et mis en avant. C'est assez prenant et même passionnant de voir que certains éléments scientifiques étaient déjà bien rodés et efficaces.

La seconde moitié verse plus allègrement dans un haletant film noir sous forme d'une longue chasse à l'homme palpitante d'une vingtaine de minutes une fois que le criminel est identifié (d'ailleurs campé par un Tetsuro Tamba fiévreux dans l'un de ses premiers rôles). Le réalisateur exploite intelligemment les différents décors croisés entre friche industrielle et surtout un ensemble de lignes de chemin de fers qui surplombe un égout. Ca donnera une longue séquence muette visuellement époustouflante entre noir et blanc violement contrasté et gros plans de visages fabuleusement photographiés.
Si ce passage est admirable, l'ensemble de la traque aurait pu mérité d'être un peu plus compacté car le fuyard doit échapper 4-5 fois à la police durant le dernier quart, ce qui casse par moment la tension.

Ca n'a bien-sûr pas la puissance de Chien Enragé de Kurosawa mais cette oeuvre signé par un cinéaste que je ne connaissais absolument pas est vraiment un excellent exercice de style, assez habile dans son mélange de genre pour se hisser parmi les meilleurs représentants du genre d'autant que le film ne se penche vraiment que sur l'enquête et rien de plus sans rien raconter des policiers et des criminels (aucune sous intrigue personnelle par exemple et les raisons des meurtres ne sont pas vraiment expliqué). Chose assez audacieuse pour le signaler.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :les films passent bien deux fois y compris ceux de cette semaine. :wink:
Sûr ?
Car sur ton conseil j'ai contacté la MCJP qui m'a envoyé le programme jusqu'en juillet, et il ne me semble n'avoir vu que quelques films programmés 2 fois.
En semaine je quitte mon taf à 17h, donc pas possible d'être sur place avant 17h45 en faisant vite. Pour l'instant, j'ai laissé passé le Mizoguchi et le Ozu que j'ai en stock chez moi. Par contre je suis un peu vert pour le Heinosuke Gosho, mais j'ai des cours d'espagnol le mercredi soir, donc...

Ce soir, ce sera un Tomu Uchida ! Je serais là ! :)
Dernière modification par k-chan le 27 mars 16, 01:04, modifié 1 fois.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Le Gosho repasse le 2 samedi 2 juillet à 19h30 ; Tokyo Folies, le samedi 11 mai à 17h ; Présumé assassin le samedi 4 juin à 17h. :wink:

Il me semble que les films qui ne repassent pas sont les 2 épisodes de l'invincible Spaceman, Yellow Line de Teruo Ishii ainsi que Nobuko dans les nuages.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :Le Gosho repasse le 2 samedi 2 juillet à 19h30 ; Tokyo Folies, le samedi 11 mai à 17h ; Présumé assassin le samedi 4 juin à 17h. :wink:

Il me semble que les films qui ne repassent pas sont les 2 épisodes de l'invincible Spaceman, Yellow Line de Teruo Ishii ainsi que Nobuko dans les nuages.
Super, je pourrais donc tous les voir. Il faut que je fasse le tri pour être sûr de ce que je pourrai voir, et donc acheter le pass.

Yellow Line, je l'ai en VOSTF déjà. Merci pour les infos, à tout à l'heure ! :mrgreen:
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Quatre sœurs / bruine de neige / Les sœurs Makioka (Yukata Abe - 1950)

Image

Peu avant la guerre du pacifique, 4 sœurs doivent faire face à la mort de leur père, surtout les deux plus jeunes qui sont encore célibataire.

Première rencontre avec Yukata Abe qui nourrissait quelques espoirs puisqu'il fait partie des cinéastes dont la filmographie est détaillée dans les deux tomes de Tadao Sato sur le cinéma japonais.
Grosse douche froide devant ces 2H20 de ce que l'académisme a de pire : aucune direction d'acteurs (ils sont soit debout, soit assis, mais ne font rien à part parler), mise en scène essentiellement frontale, découpage des plus basiques, aucun renouvellement dans l'approche des décors (l'appartement d'une des sœurs mariée est TOUJOURS filmé du même axe alors qu'une bonne dizaine de séquences s'y déroule). éclairage plat... Face à ce cinéma de studio figé, les rares pans en extérieur sont des véritables bouée de sauvetage.
Arrêtons le massacre ici, c'est du cinéma stérile et sans la moindre vie. Même Hideko Takamine n'est pas à son avantage. :?
De plus l'histoire est quand même sacrément déséquilibrée puisque sur les 4 sœurs, l'une des absentes à 95% et une autre à 80%...

J'espère que la version de Kon Ichikawa est plus réussie (j'ai le Blu-ray).

Faut croiser les doigts pour que l'autre Abe présent dans la rétro de mai-juillet sera d'un meilleur niveau.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Rashomon
Machino
Messages : 1024
Inscription : 7 avr. 14, 14:16

Re: Topic naphtalinippon

Message par Rashomon »

Si quelqu'un peut me dire où je peux trouver le programme de la MCJP pour les prochains mois? Je n'arrive pas à le trouver sur leur site et une requête par mail est restée sans suite. Merci d'avance!
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

Rashomon a écrit :Si quelqu'un peut me dire où je peux trouver le programme de la MCJP pour les prochains mois? Je n'arrive pas à le trouver sur leur site et une requête par mail est restée sans suite. Merci d'avance!
Dis moi si ça marche de ton coté :
Catalogue MCJP avril, mai, juin, juillet.

Il n'est pas tout à fait complet, mais il y les pages de la seconde partie du programme Shintoho.
Rashomon
Machino
Messages : 1024
Inscription : 7 avr. 14, 14:16

Re: Topic naphtalinippon

Message par Rashomon »

k-chan a écrit :
Rashomon a écrit :Si quelqu'un peut me dire où je peux trouver le programme de la MCJP pour les prochains mois? Je n'arrive pas à le trouver sur leur site et une requête par mail est restée sans suite. Merci d'avance!
Dis moi si ça marche de ton coté :
Catalogue MCJP avril, mai, juin, juillet.

Il n'est pas tout à fait complet, mais il y les pages de la seconde partie du programme Shintoho.
Parfait, merci! :)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Message perdu avec le bug :|

La rétro Shintoho a repris depuis une semaine et repart donc aujourd'hui a raison d'une ou deux journée de projo par semaine.
http://www.mcjp.fr/fr/agenda/shintoho_un-ventnouveau

Aujourd'hui il y a par exemple deux Nobuo Nakagawa dont sa fabuleuse version de Yotsuya Kwaidan (la meilleure des 5-6 que j'ai vu). L'occasion de découvrir ce cinéaste peu connu chez nous mais qui est un croisement entre Mario Bava pour la photo et Orson Welles pour la virtuosité de la caméra. La plupart de ses films possèdent un ou deux plan-séquences remarquables par exemple. Ceux de la première partie de Le manoir du chat fantôme ont vraiment la classe. :wink:
Et à 19h00 Le déserteur de l'aube de Senkichi Taniguchi sur lequel Akira Kurosawa collabora aux premières versions du scénario (la censure demanda beaucoup de ré-écriture) :D

Sinon, la semaine dernière j'avais pu voir L'Empereur Meiji et la guerre russo-japonaise (1957) signé Kinuo Watanabe et non Yutaka Abe comme l'indique le programme de la MCJP.

Image

En 1904, la guerre contre le Russie semble inévitable mais l'Empereur craint les sacrifices demandés à son peuple.

Le film a son importance historique pour être le premier japonais à donner des traits humains à un Empereur, campé ici par Kanjûrô Arashi.
C'est un peu le seul fait vraiment notable de ce film terriblement mécanique qui alterne scène de parlote entre officiers militaires (et parfois l'empereur Meiji) et scènes de batailles.
C'est d'autant plus répétitif que le cinéaste reproduit toujours les mêmes effets de caméra/cadrages dès qu'on revient dans le même décor qui se réduisent à 4-5. On devine que le film n'avait pas beaucoup d'argent et devait faire à l'économie mais les ficelles sont tout de même très gênantes surtout pour les séquences de meeting politique ou se déroulant dans la rue avec un vendeur de journaux qui sont possèdent tout"es deux exactement les mêmes figurants habillés de la même manière (alors que plusieurs mois se sont logiquement écoulés entre plusieurs séquences). C'est doublement rageant car au début la réalisation semble plus amble que beaucoup d'autres films historiques et que les travellings sont très bien mis en valeur. Il faudrait juger sa réalisation des 47 Ronins, seul films disponible (en DVD Z1) de Watanabe pour se faire une meilleure idée de son style.

Les scènes de batailles sont aussi bien trop similaires et n'échappent pas parfois au grotesque notamment le passage surréaliste où des soldats tombent par dizaine pour tenir un drapeau. Les scènes de bataille navale sont un peu mieux grâce aux trucages très naïf et rétro.

Malgré cet académisme plombant, je n'ai pas forcément passé un mauvais moment puisque cette période du Japon m'est assez peu connu. Mais je ne suis pas sûr que les faits relatés dans le film soit exact à 100% :mrgreen:
Cela dit, la bonne surprise est que le film ne cherche jamais à diaboliser les ennemis russes qui sont à 90% hors-champs. Après, c'est très nationaliste et il faut aimer les généraux prêt à tous les sacrifices pour l'honneur de l'empereur et du Japon.

Le film dut rencontrer son succès puisqu'une suite fut mise en place deux ans plus tard réalisé cette fois par Haku Komori qui sous le pseudonyme de Kiyoshi Komori a réaliséL'enfer d'Okinawa. Le monde est petit dans l'univers du film de guerre patriotique et tristement académique.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Toujours à la MCJP pour le cycle Shintoho

Le cuirassé Yamato (Yutaka Abe - 1953)

Image

Adapté du roman d'un rescapé du naufrage du Yamato, ce film évoque les derniers jour du célèbre navire de guerre qui fut envoyé dans une mission suicide avec une escorte plus que réduite et surtout sans appui aérien, faisant de lui une proie facile pour les porte-avions US.

Deuxième découverte du cinéaste après sa version des sœurs Makiota qui délaisse donc le mélodrame familiale pour le film de guerre. Sans être une révélation, c'est déjà d'un bien meilleure niveau.
On sent notamment que le cinéaste a fait ses premières armes à l'époque du muet avec ici un certain talent pour composer quelques images assez marquantes et très évocatrices. J'ai même trouvé qu'il y a avait une certaine assurance dans son découpage, pourtant très académique, notamment par son utilisation des focales et du décor/mobilier assez épuré. Ca finit par crée un drôle de sentiment à l'image de l'absence de musique voire carrément de bruitage extérieur tel que le bruit de l'océan ! Comme si l'équipage avait déjà commencé à quitter le monde des vivants.

On sent qu'il y a une réelle dimension vécue derrière l'évocation historique, ce qui explique un ton assez peu militariste. Le film évoque sans détour les ordres de mission intenables, la méfiance envers l'autoritarisme des officiers, le racisme des soldats envers les japonais nés à l'étranger ou même la remise en cause du sacrifice envers l'Empire. Ici, un homme cherche à comprendre pourquoi il devrait mourir inutilement pour son pays dans une lutte perdue d'avance... Evidement personne n'est capable de lui donner une réponse, se contentant de rabâcher son devoir de mourir.
Malheureusement cette originalité du traitement est totalement desservi par des acteurs bien trop désincarnés, guindés et sans vie. Du coup, il est assez difficile de s'attacher à un personnages ou un autre et la première moitié se regarde poliment mais sans la moindre implication. La seconde moitié qui retrace l'attaque ayant causée le naufrage semble avoir beaucoup plus inspiré Abe qui parvient à donner une dimension humaine aux victimes des raids aérien, égarés au milieu des flammes et d'une mission absurde. Des gros plans de visages bien mis en valeur pour des cadres à la fois esthétique, dignes et respectueux (ce qui n'est pas toujours évident à concevoir). Les plans sur les corps en train de se noyer sont d'ailleurs d'une force stupéfiante.

Il va sans dire après que la reconstitution de la bataille navale a pris un coup de vieux avec des trucages assez rudimentaires mais qui demeurent tout encore efficace.

Dommage donc pour le manque d'empathie envers les personnages. Avec un traitement plus soigné, on aurait pu avoir un très bon film.


L'amiral Yamamoto (Toshio Shimura - 1956)

Image

Autre film de guerre historique qui s'attache cette fois à la figure de l'amiral Isoroku Yamamoto, célèbre pour avoir organiser l'attaque sur Pearl Harbour.

Les qualités (certes inégales) du film précédent sont ici toutes absentes. :|
C'est d'une platitude redoutable malgré une première partie assez intéressante pour la description de son héros, un homme plutôt pacifiste mais dont le sens de la stratégie l'avait rendu indispensable pour l'état-major japonais. Il avait d'ailleurs compris très vite que le Japon allait perdre sa supériorité dans leconflit contre les américains.
Mais bon, si cette partie se suit sans trop de problème, c'est pour sa valeur purement historique. La suite est une bérézina sans appel avec sa binarité "bla-bla" / "scènes de guerre issue d'archives ou de stockshots d'autres films" (dont le cuirassé Yamoto :mrgreen: ). Par exemple le bombardier dans lequel l'amiral trouva la mort change d'un plan à l'autre pour des modèles n'ayant aucun similitude entre eux ! Ca sent le produit conçu à la va vite pour surfer sur une mode cinématographique.

Assommant au plus haut point et j'ai pas eu le courage de rester pour l'intervention d'un historien japonais après la séance. Durant la présentation il comparait d'ailleurs la Shintoho avec la RKO pour leur système de production.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Répondre