Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

C'est tout à fait vrai mais dans les yeux d'un distributeur, c'est la dessus qu'il sera vendu (s'il est vendu)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Federico »

bruce randylan a écrit :C'est tout à fait vrai mais dans les yeux d'un distributeur, c'est la dessus qu'il sera vendu (s'il est vendu)
C'est certain qu'il... appuiera sur le caractère puissamment érotique du film (qui peut même être vendu comme un truc S-M).
Si ça ne tenait qu'à moi, je le mettrais en parallèle avec la formule utilisée à deux reprises par Truffaut (dans Jules & Jim et Les deux Anglaises et le Continent) :
Spoiler (cliquez pour afficher)
"Ce papier est ta peau, cette encre est mon sang. J'appuie fort pour qu'il entre" :oops:
mais ce serait moins vendeur...
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 1kult »

Le pinku eiga c'est bien plus que du cinéma de toute façon... :mrgreen:
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Re: Topic naphtalinippon

Message par wootsuibrick »

Je dirai même plus... dire que le pinku c'est quand même moins raffiné que "La femme tatouée" (après avoir associé le Tatouage de Masumura au cinéma d'exploitation) c'est faire preuve d'un manque de connaissance du cinéma japonais.
Parmi les meilleurs films japonais de la fin des 70's et de la première moitié des 80's ont a, à mes yeux (et pas qu'à mes yeux), des roman porno de la nikkatsu : La femme aux cheveux rouge de Kumashiro Tatsumi, Love Hotel de Shinji Somai... Angel Guts red classroom de Chusei Sone...
Dernière modification par wootsuibrick le 26 juin 14, 08:41, modifié 1 fois.
wootsuibrick
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Re: Topic naphtalinippon

Message par wootsuibrick »

Puis c'est quoi le raffinement? un truc de précieuse ridicule? Un truc pour pub de parfum?
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Tutut »

Pinku Eiga ou Roman Porno, c'est la même chose, la différence de qualité se fait par le talent du réalisateur et/ou des acteurs. Dans La Femme Tatouée, tout est réuni, le thème est subtilement traité par le réalisateur et les acteurs tiennent la route, Tomisaburo Wakayama (Baby Cart) dans le rôle du tatoueur en particulier.
Irezumi (1982) n'est sorti avec sous-titres anglais qu'en VHS, les DVD sous-titrés sont des bootlegs.
bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

wootsuibrick a écrit :Je dirai même plus... dire que le pinku c'est quand même moins raffiné que "La femme tatouée" (après avoir associé le Tatouage de Masumura au cinéma d'exploitation) c'est faire preuve d'un manque de connaissance du cinéma japonais.
Le problème du pinku eiga, c'est qu'il englobe tellement de sous-genre qu'il est un peu difficile à mes yeux de tout mettre dans le même panier.
Entre Koji Wakamatsu, Masumura, Noboru Tanaka, Norifumi Suzuki, Chûsei Sone, Teruo Ishii, Yasuharu Hasebe ou Masaru Konuma, il y a de véritable gouffre esthétique et thématique. Il ne me viendrait pas à l'idée de ranger dans la même catégorie White Rose Campus : Then, Everybody gets Raped, le vagabond du sexe et la bête aveugle (comme je ferai une distinction entre la cible humaine, terror at tiny town et la brute, le colt et le karaté)... Ce qui ne m'empêche pas de les apprécier pour différentes raisons (à part Konuma que je déteste)

Donc oui, certains pinku sont plus ambitieux que d'autres, plus aboutis, plus recherchés, plus sophistiqués, plus raffiné que d'autres qui se limite à de la pure exploitation sans personnalité ni sensibilité. Je ne vois ce qu'il y a de choquant à dire/écrire ça.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Tutut »

Je ne vois pas ce que Konuma a de détestable par rapport aux autres.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

C'est un cinéaste talentueux (formellement parlant) mais pour les 3-4 que j'ai vu, j'ai trouvé ses films plus que douteux.
Surtout une femme à sacrifier carrément nauséabond là où les autres cinéastes font passer la pilule des sévices/viols/bondage/humiliation par des portraits féminins complexes (comme Tanaka) ou un esprit potache, anar, contestataire, grotesque, dérangeant etc... Chez Konuma, je trouve son aspect racoleur vraiment premier degré, vulgaire, putassier, totalement gratuit et justement conscient de ses effets.

Faudra peut-être que j'en retente d'autres car je sais que c'est un cinéaste réputé dans le genre.
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Message par Tutut »

J'avais lu que Tani (l'actrice) et Dan (l'écrivain) avaient eu des discussion âpres avec la Nikkatsu et Konuma pour Fleur Secrète, mais qu'ils avaient laissé tomber pour Une femme à sacrifier, Dan ne voulant pas être inscrit au générique. Je te rejoins pour le côté racoleur et gratuit, mais à l'époque ces films ont eu du succès, ceci explique sans doute cela.
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Message par bruce randylan »

Des jours et des mois (Noboru Nakamura - 1969)

Une jeune femme traverse une crise alors qu'elle croise par hasard sa mère qui vit séparée de son père. Celle-ci est désormais en couple avec un homme beaucoup plus jeune. Ses retrouvailles sont trop forte pour son ancien mari qui subit qui attaque cardiaque. Pour rajouter à la confusion de ses sentiments, l’héroïne doit aussi s’accommoder d'un fiancé qui mène une double vie (et dont le petite frère semble lui tourner autour).

Le cycle de la MCJP consacré à l'écrivain Yasunari Kawabata donne l'occasion de faire connaissance avec ce cinéaste qui fut l'un des plus prestigieux de la Sochiku dans les années 60's.
Cette découverte donne un joli film, dans la mouvance des Naruse, Ozu et cie avec sa chronique intimiste et familiale qui refuse les grosses ficelles mélodramatiques pour une approche plus intimiste. Sans rivaliser avec les 2 autres cinéastes phares du studio, c'est plutôt réussi dans le genre. C'est du cinéma maîtrisé, consciencieux, appliqué, sûr de ces effets et de sa direction artistique. On sent que Nakamura est tout à fait conscient de chaque plans et des effets qu'il veut créer. Rien n'est laissé au hasard à commencer par un grand soin accorder au mobilier et au décor. Non pas que le film étale une exubérance dans ce domaine (ou même qu'ils soient fortement mis en valeur) mais le cinéaste témoigne d'une raffinement subtil et évident, à l'instar d'un Minnelli (toute proportion gardée) : la façon dont le mobilier s'intègre dans le cadre, les (dé)placements des personnages dans les pièces et l'utilisation de couleur automnales...
Seulement cette réalisation tend malheureusement plus vers un académisme qu'un classicisme même si elle n'a rien de figée ou froide.
D'ailleurs certaines séquences sont particulièrement jolies : ce train de campagne qui passe à proximité d'un jardin, les scènes dans le temple et le cimetière, les promenades avec le jeune frère ou cette femme jetant des coupelles dans une vallée (sorte de rituel mortuaire) et qui trouvera une grave répétition dans la conclusion.
Mais le rythme se relâche souvent pour une narration qui n'évite pas le surplace. D'où un régulier manque d'implication émotionnelle, encore que la fin s'avère vraiment touchante avec un sentiment de solitude poignant.
Seulement, sa "banalité" fait qu'il s'oublie très facilement (j'ai vu le film il y a un peu plus d'une semaine et il fallut que je fouille vraiment ma mémoire).
Sinon, le casting est irréprochable et Shima Iwashita est vraiment adorable.

J'aurais l'occasion de faire plus ample connaissance avec ce Noburo Nakamura au mois de Février puisque la MCJP lui consacrera une rétrospective avec une douzaine de films. Avec de la chance, ils reprogrammeront Kyoto qui était aussi diffusé dans ce focus Kawabata mais dont la séance de cette semaine était complète :?
Dernière modification par bruce randylan le 30 juil. 15, 00:14, modifié 4 fois.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Tutut »

Je crois que le prénom du monsieur est Noburu et non Noburo, dommage que je ne puisse pas voir ce film, étant assez fan de Shima Iwashita.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Tutut a écrit :Je crois que le prénom du monsieur est Noburu et non Noburo, dommage que je ne puisse pas voir ce film, étant assez fan de Shima Iwashita.
Ni l'un, ni l'autre, c'est Noboru en fait ! :lol: :oops:

Bon, dernier film découvert dans cette petite rétro


Les belles endormies (Kozaburo Yoshimura - 1968)

Dans une ville au bord de l'océan, un vieil écrivain apprend l'existence d'un curieux établissement où les habitués ont la possibilité de dormir à côté de jeunes femmes entièrement nues ne pouvant se réveiller avant leur départ. Ces corps dévêtus lui rappelle des amours passés

L'un des meilleurs Yoshimura que j'ai pu voir jusqu'ici grâce en majeure partie à l'excellent scénario de Kaneto Shindo (un de plus :o ), nouvelle variation sur le thème Eros et Thenatos avec ces hommes désormais impuissants fascinés la perfection quasi-virginale du corps féminin au point de chercher à décéder à leur côté. Un scénario riche qui cultive volontairement plusieurs zones d'ombres (principalement sur l'origine de ce club fermé et sur la raison qui rend ces femmes profondément endormies) pour créer par moment un climat fantastique presque inquiétant à l'image de la tenancière mystérieuse souvent filmé en ombre chinoise, apparaissant ainsi comme une figure malicieuse (dans son sens moyenâgeux) qui chercherait (peut-être) à s'emparer de l'âme de ces clients.
Avec cette approche entêtante, obsédante et fascinante, parfaitement traduite dans la splendide facture visuelle (scope en noir et blanc) Yoshimura et son auteur échappent ainsi à une intrigue qui aurait pu donner un vulgaire traitement racoleur et voyeuriste ou au contraire à quelque chose de trop froid et d'intellectualisé.

Il faut dire que la construction narrative est très réussie avec des flash-backs très bien intégrés au récit et jamais gratuits dans leur utilisation puisqu'ils offrent une double résonance. Ils servent autant à évoquer le bilan sentimental du héros ainsi qu'à faire un parallèle avec la situation vécue par la fille de l'écrivain (qui hésite entre deux prétendants dont l'un à abuser de ses faiblesses). Dans les deux cas, les hommes paraissent bien égoïstes n'hésitant pas à manipuler (ou tout simplement forcer) les femmes qu'ils convoitent même si la nouvelle génération est moins dupe sur ce genre de mensonges et s’accommode volontiers de cette absence de morale. La aussi, les auteurs ne cherchent pas à choquer ou à juger cyniquement, mais à dépeindre une psychologie complexe ; ce qui n'exclut pas des pointes de second degré ou de satire mais à chaque très légères.
Il va sans dire que cette approche passe par un rythme assez lent et posé. Certains ont l'air d'avoir trouvé ça ennuyant, ce qui n'est absolument pas mon cas. Au contraire. :D
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Message par Helena »

Stray Cat Rock : Beat '71 de Toshiya Fujita
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Un homme politique influent fait accuser une jeune femme de meurtre afin de l'éloigner de son fils. Mais celle-ci parvient à s'échapper de prison...

C'est le cinquième et ultime film de la franchise Stray Cat Rock qui pour ma part reste un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse, une série que j'ai souvent vue et qui pour autant n'est pas parfaite, ce dernier opus en étant le parfait exemple.
Si vous ne connaissez pas la franchise, ce sont des longs-métrages, aux histoires indépendantes les unes des autres, ce qui est assez dommage en soit il faut le reconnaitre, évoquent une jeunesse borderline, ici souvent représentés par des femmes sur un fond de sexe drogue et rock n' roll. L'une des particularités de la franchise étant son réalisme en quelque sorte, bien entendu cela reste romancé, mais ce n'est pas pourtant proche des groupes de l'époque. Cette série a en tout cas inspiré un grand nombres de réalisateurs comme par exemple Tarantino... bon je ne pense pas que ce soit cet opus qui fut son inspiration première quand on voit le résultat assez décevant en soit.
C'est une des séries qui fit connaitre par exemple, on va dire plutôt un genre, qui fit connaitre l'excellente et sublime Meiko Kaji et qui encore aujourd'hui est source d'influence pour de nombreuses scénaristes, de cinéma ou autre comme par exemple Kelly Sue Deconnick qui en parle régulièrement. C'est du Pinku Eiga, ou du moins c'est la série qui inspira tout une vague de films de ce type et même si le succès fut au rendez-vous, la qualité ne fut pas constante malheureusement et pourtant on pouvait croire dans le potentiel des films de la Nikkatsu.
Le problème de ce film, principalement, c'est son écriture brouillonne, en effet on sent que le ou les scénaristes veulent se faire plaisir, sauf que cela part dans tous les sens pour une histoire assez simple et qui ne méritent pas autant on va dire, de liberté. Le réalisateur n'arrive pas à canaliser ce qu'il faut pour proposer une oeuvre riche certes, mais qui serait fluide. Le film part dans tous les sens et propose des moments assez étranges, mais punk dans l'esprit j'en conviens avec par exemple des phases musicales, certes plaisante pour les oreilles, mais qui alourdissent le film inutilement. Il y a de nombreuses scènes bien nawak qui n'ont pas réellement de sens, à part montrer que les gens sont fous j'en conviens, mais bon ce n'est pas trop le sujet du récit. L'oeuvre n'étant pas dynamique, on s'ennuie assez régulièrement alors qu'avant dans d'autres opus il y avait quand même cette girl power attitude fort plaisante. Ici c'est caricatural ce qui fait que cela ne fonctionne pas du tout. On a eu droit à des affrontements, alors que ici c'est assez étrange, je veux dire que l'oeuvre manque de dynamisme. Pourtant voir un groupe de femmes se la jouer délinquantes et montrer qu'il n'y a pas que les hommes qui en ont dans le pantalon, c'est le top, mais bon pour cela il vaut mieux regarder les deux premiers films en ce qui me concerne.
La mise en scène de Toshiya Fujita est classique et manque de disons de dynamisme, d'ampleur, ici c'est assez plat, même quand les scènes sont étranges, notamment celle de l'instrument au milieu de la rue. L'ambiance du film est assez datée, mais bon c'est un détail qui ne dérange pas en soit même si ce n'est pas très bien mis en scène là aussi, on dirait presque que l'ambiance est caricaturale. Ce n'est pas un mauvais film, c'est juste une oeuvre anecdotique en soit qui n'est pas terrible en soit. C'est dommage et je vous recommande plutôt les premiers films, bon après quand on est nostalgique comme moi, c'est une oeuvre plaisante, mais cet opus ne mérite pas plus qu'un 4/10 selon moi.
"Esotika, Erotika, Psicotika."
bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

YES ! La MCJP se réveille et lance l'artillerie lourde pour 2016 :D
- Début février : cycle Noboru Nakamura en une douzaine de films (première rétrospective à se faire en dehors du Japon 8) )
- A partir de fin Mars, un hommage au studio Shintoho pour une cinquantaine de titres qui s'étaleront sur 6 mois :shock: :shock:
(plus quelques documentaire et un Ozu en ciné-concert).

Le programme en détail n'est pas encore en ligne, j'espère que ça va pas trop traîner.
http://www.mcjp.fr/fr/agenda/cinema/cinema
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