Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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shaman
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Re: Topic naphtalinippon

Message par shaman »

bruce randylan a écrit :Il ne parle pas de Tadashi Imai. C'est donc pas un vrai spécialiste :twisted:
Il s'est peut-être endormi devant les films... :mrgreen:
Presque traditionnel, et en fait je ne pense pas que ça soit anodin que la série (apparemment très populaire puisqu'il y a eu en 4 ou 5 ans 8 épisodes) précède justement toute la vague des iconoclastes (les deux cités deux lignes plus haut, mais aussi Baby Cart, Hanzo the razor1, etc...).
Une période charnière où le traditionnalisme voit éclore à côté des films plus violents, plus expérimentaux -- formellement, thématiquement -- avec une montée en puissance de l'érotisme... tout ça amène les exécutifs à trouver de nouvelles formules pour tenter de comprendre les goûts en pleine transformation d'un public (qui aime bien sa télévision). Ce qui donne un côté anachronique à cette Pivoine Rouge, incapable d'assumer sa féminité, sa violence dans une époque où justement, la femme prend de l'importance -- sortir des archétypes pour embrasser l'humain et ses contradictions (ça passe dès 68/69 avec des séries mettant en avant du personnage féminin vengeur, il y a quelques années aux US, un coffret DVD d'une série méconnue était sorti mais le nom m'échappe pour le moment, sinon voir du Stray Cat Rock & autres pinky).

C'est ce qui se passait grossièrement et plus généralement avec le film de yakuza -- cf, l'article plus haut -- où le traditionnalisme fera place à du Kinji Fukasaku brisant les idéaux, les archétypes, avec un chaos ambiant qui bouscule le public plutôt que de l'enfermer dans une sphère semi-passéiste à base d'honneur, devoir, de méchants et de gentils clairement distingués.
Frances a écrit : Merci pour le lien shaman.
:wink:
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 1kult »

shaman a écrit :(ça passe dès 68/69 avec des séries mettant en avant du personnage féminin vengeur, il y a quelques années aux US, un coffret DVD d'une série méconnue était sorti mais le nom m'échappe pour le moment, sinon voir du Stray Cat Rock & autres pinky).
Est-ce que ça serait pas ça :

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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Je crois que c'est pas fameux. Faut dire que 2 épisodes sont réalisés par Ko Nakahira, passionnant et brillant réalisateur de la nouvelle vague mais pas très à l'aise dans le cinéma d'exploitation. Déjà que ses 2 épisodes du joueur en noir sont plutôt médiocre... J'imagine que 6 ans après, il doit pas être en meilleur forme.
Celà dit, je suis curieux de découvrir sa période sous pseudonyme à la Shaw Brothers à la fin des années 1960/ début 1970.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par shaman »

1kult a écrit : Et si quelqu'un connaît, ça vaut quoi ?
Nope, et pour suivre bruce, c'est très dispensable, avec aux commandes un Ko Nakahira délivrant une commande sans inspiration qui tente de surfer sur la mode du moment -- Nakahira qui avait réalisé des films à la fin des années 50 annonçant la nouvelle vague, avec sa volonté de sortir des studios, de filmer des sujets chauds brûlants, comme les dérives de la jeunesse dorée d'après-guerre dans Passions Juvéniles, film qu'il a remaké quasi-plan pour plan à la Shaw Brothers, sous le titre Summer Heat (à Hong Kong, il apporte un certain savoir-faire nippon, la précision du cadre à défaut de transcender les films, David Bordwell explique ça très bien.

Le titre que je cherchais, c'est Legend of the Poisonous Seductress, à voir pour la curiosité je suppose ?
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 1kult »

Rooooh, ca a l'air chero tout ça mis bout à bout... et puis je m'enbourgeoise, j'aime bien les coffrets... Ca fait plus propre, on évite le pincement au coeur du "argl, il m'en manque un" quand on passe devant sa vidéothèque... mais je note en tout cas ! Arigato kozaimas !

Avant de continuer La Pivoine rouge, j'ai regardé Criminal Woman: Killing Melody de mon coffret Pinky Violence qui lui aussi prenait la poussière... Pourtant qu'est-ce qu'on m'a chambré dès qu'on voyait ce boîter rose fluo en rentrant chez moi ! :shock: Bon, le film est mineur, c'est une sorte de mélange entre Yojimbo et les 12 salopards : une fille a vu son père tué par des yakuzas et tente de le venger. Elle finit en taule, mais prépare sa vengeance en s'entourant de camarades de chambrée. Ainsi, elle va déclencher une guerre des clans pour arriver à ses fins). Distrayant, un peu mou au niveau du rythme et faible au niveau des délires. C'est cheezy à souhait, mais trop sage sur l'action (un peu cheap), sur la violence et sur l'érotisme.

De toute façon, le problème de ce coffret est de proposer quatre exemples de quatre sagas différents, mais jamais les premiers. Du coup, on a toujours ce pincement au coeur quand on voit tout ça... Sinon, Bruce, je crois que tu as ce coffret : est-ce que tu peux regarder si Girl Boss Guerilla passe ? Le mien est bloqué de chez bloqué, je te prendrais bien le tien à l'occasion... pour au moins le voir, Norifumi Suzuki, c'est toujours sympa...

J'ai quand même l'impression depuis quelques jours d'avoir voulu faire une petite baignade dans un lac, et de nager, nager et de me retrouver à chaque fois au plus loin au large, et de découvrir un océan... Bon je continue, parce qu'elle est bonne, mais est-ce raisonnable ? :roll:

MAJ : je dis une grosse bêtise : ce Criminal Woman est un one-shot apparemment, ce qui se comprend vu le résultat... Donc 3 exemples de 3 sagas différentes, les Bruce randylan auront rectifié. :wink:
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Message par locktal »

1kult a écrit :
De toute façon, le problème de ce coffret est de proposer quatre exemples de quatre sagas différents, mais jamais les premiers. Du coup, on a toujours ce pincement au coeur quand on voit tout ça... Sinon, Bruce, je crois que tu as ce coffret : est-ce que tu peux regarder si Girl Boss Guerilla passe ? Le mien est bloqué de chez bloqué, je te prendrais bien le tien à l'occasion... pour au moins le voir, Norifumi Suzuki, c'est toujours sympa...
Je possède ce coffret rose fluo (avec un CD de Reiko Ike !) et Girl boss guerilla passe très bien sur ma platine... Mineur également, mais très sympa...
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Message par 1kult »

Bon, je mets ici : j'ai commandé la trilogie Hanzo the Razor chez Eureka (moins de 10 euros fdp in, moins cher que le Wild Side, et le film de Misumi est présent), ainsi que le second coffret Hideo Gosha (neuf !). Voilà, le plein est fait, maintenant j'attends qe ça arrive et trouver le temps de ne pas laisser trop de poussière sur mes étagères ! ;)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Yep, je l'ai commandé là-bas aussi il y a 1 ou 2 mois :D
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Message par bruce randylan »

J'avais pas pris le temps de parler du dernier film découvert lors de l'hommage à Tatsuya Nakadai :

L'affaire du meurtre d'Atami (Kazuo Takahashi - 1986)

L'inspecteur Nikaidô (Nakadai) est un membre célèbre de la police japonaise tant pour ses collègues que chez ceux qu'il a arrêtés même si ses "méthodes" sont pour le moins controversées. On lui confie l'enquête d'un crime passionnel, une affaire bien trop classique à son gout.

Une comédie absurde et non-sensique aussi originale qu'imprévisible. L'ensemble manque bien-sûr de rigueur et certains passages se contredisent un petit peu mais l'ambiance de douce folie, ses idées de mise en scène, ses ruptures de tons et la personnalité des acteurs (Nakadai en tête) en font un coup de coeur de ces derniers mois.
L'ouverture est assez tordante avec Nakadai malchanceux au poker qui joue contre un suspect. Comme celui-ci ne fait que gagner malgré lui, Nakadai fait tout pour sauver son honneur aux cartes et lancer de nouveaux paris pour rafler de nouveau la mise.
Cette introduction est un peu trompeuse car Nakadai n'a en fait rien d'un looser. Il s'agit plutôt un inspecteur dont les techniques d'investigations ne s’embarrassent pas de la vérité, préférant inventer des faits plus rocambolesque pour rendre le meurtre (et ses circonstances) enfin intéressante. :lol:
De plus, il mêle sa vie personnelle et celle de ses collaborateurs (sa maîtresse sur le point de se marier et un nouvel adjoint qui débarque de sa campagne encombré d'une conquête envahissante) à celle de son suspect pour résoudre les problèmes de chacun. Ca donne des séquences stupéfiantes à la fois décalées, mélancoliques et même émouvantes ! L'interrogatoire qui se déroule dans un appartement qui servira après de logement à la nouvelle recrue et sa copine donne lieu à beau moment introspectif et touchant, mais toujours en second degré.
Même chose pour la très longue séquence de la reconstitution du meurtre (qui se déroule sur une petite scène de spectacle dans le bureau de Nikaido :o ) qui est fascinante en tendant vers une poésie épurée.

A côté de ça on trouve d'autres moments hilarants comme la prise d'otages sur le toit d'un building où Nikaido ne ménage pas verbalement le criminel :lol:
Sans parler de quelques moments stupéfiants dans la mise en scène comme le virtuose flash-back en plan-séquence sur Atami qui passe du quartier des prostituées (aux décors très artificiel) à sa prison sordide, très réelle elle.

Voilà, un film qui ne ressemble pas à grand chose de connu, qui mélange beaucoup de genre mais avec une unité réjouissante qui fait qu'on ne s’ennuie jamais malgré une durée de 2h.
Je ne serais pas surpris de savoir que le film soit culte chez les connaisseurs.
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Message par Helena »

Ryuji de Toru Kawashima
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Ryuji de Kawashima est le genre de film qui ne s'arrête pas au simple base de son genre et qui propose une véritable réflexion autour du Yakuza, son symbolismes, de l'aura que cette organisation entretien pour ses membres et surtout qui s'interroge sur l'homme avant le "symbole".

Ryuji c'est le genre de Yakuza lasse, visible dans le cinéma de Kitano, ou bien de Fukasaku.
Ici point de valorisation du Yakuza, juste le portrait d'un être ayant fait des choix et qui en tentant de revenir en arrière et de laisser cette vie de côté, va commencer seulement à découvrir l'homme qu'il est et ce qu'il représente aux yeux des autres, que ce soit sa famille ou bien les membres de son clan. Le film rejoint le dyptique de Kitano, "Outrage", bien qu'il soit plus subtil et se déroulant au début de la confrontation entre les différentes générations de Yakuza.
Ici on nous présente leur monde et les coutumes qu'ils sont sensés respectés. Les Yakuza ont des codes et ici ils sont mises à mal de manière intéressante. Le scénariste, qui se trouve être l'acteur principal et quel acteur, Shoji Kaneko, montre que le Yakuza évolue comme la société qui l'abrite et la névrose qui contamine la société, contamine elle aussi les Yakuza, faisant des criminels qu'ils sont, des simples salariés comme le serait le salaryman de base. D'ailleurs ce fut la défense de plusieurs Yakuza au moment des purges de quartier dans les années 90/00 et aussi le moyen "légal" qu'ils ont de faire passer certaines de leurs activités aux yeux de la loi.
Ici ce n'est que le début bien entendu, et pourtant on sent déjà le côté blasé des anciens, comme le côté fou des nouveaux, être Yakuza c'est classe pour une grande partie des gens, alors que ce sont des criminels avant tout et le réalisateur et son scénariste nous le montre à plusieurs reprises. Pour autant le film utilise également des passages obligés pour rythmer son récit et les scènes de violence ou de sexe sont intéressantes, car significatives.

Les scènes de sexe du film sont les moments ou le héros est le plus humain, même si la symbolique le présente toujours comme un Yakuza, ce double-sens est omniprésent dans le film. La thématique du film étant la dualité. En effet le héros est partagé entre sa vie de violence et celle plus sereine, les deux étant parasités par les deux vies distinctes et j'apprécie la manière dont cela est présenté. En effet le scénariste n'hésite pas à utiliser les symboles forts et représentatifs du monde des Yakuza, comme ceux de la famille à travers sa fille et sa femme.
Pour autant, bien que ce qui soit présenté est glauque, on sent une sorte de lueur d'espoir dans la vie du personnage principal et jusqu'à la fin on attend le film.

Première réalisation de monsieur Kawashima et dernier film de son acteur, cette production est un Yakuza Eiga que je considère comme un chef-d'oeuvre.
La mise en scène est de qualité, très années 80, les plans larges sont sublimes et le réalisateur arrive à donner un côté lumineux à des scènes ne pouvant l'être à la base, c'est bluffant. Les scènes intimistes sont excellentes, on pourrait se croire dans la pièce avec les personnages tellement il est proche de ses acteurs et actrices.
J'aime beaucoup la manière qu'il a de filmer les scènes d'action, la scène de fight dans la cuisine ou la première en pleine rue sont brutales, jouissives, réalistes donc dénué de chorégraphie, ici c'est brute et ça fait plaisir même si on a mal pour certains acteurs il faut le reconnaitre. La musique sent elle aussi bon les années 70/80 et est plus que plaisante, moi en tout cas elle me donne directe le sourire comme le reste du film, Ryuji c'est bien, c'est à voir de toute urgence pour ceux ne connaissant pas cette oeuvre culte. 10/10.
Dernière modification par Helena le 4 oct. 13, 16:04, modifié 5 fois.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 1kult »

1kult a écrit :Bon, je mets ici : j'ai commandé la trilogie Hanzo the Razor chez Eureka (moins de 10 euros fdp in, moins cher que le Wild Side, et le film de Misumi est présent), ainsi que le second coffret Hideo Gosha (neuf !). Voilà, le plein est fait, maintenant j'attends qe ça arrive et trouver le temps de ne pas laisser trop de poussière sur mes étagères ! ;)
Bon l'été est fini. Lady Yakuza et Hanzo the Razor aussi...

Pour la première, on sent l'essoufflement sur les deux derniers épisodes. Ca finit sans vraiment finir (on aurait aimé une vraie conclusion), mais l'amateur appréciera cette saga sérialisée à outrance, plus que passionnante, à découvrir si un coffret vous passe sous le nez et que vous venez de gagner au loto...

Plus sérialisé encore, Hanzo the razor est une saga assez démente qui est une sorte de reader's digest de tout ce qui se faisait à l'époque (la musique de la blaxploitation, les outrances graphiques à la Baby Cart, un flic à la Dirty Harry, des gadgets à la Bond, etc...) mais en complètement allumé et délirant ! On suit un flic érotomane qui interroge les jolies femmes qui ne révèleront leurs secrets qu'après des saillies avec le membru Hanzo... :shock: :mrgreen:

Les deux premiers sont excellents, et on retrouve les touches des metteurs en scène : l'iconisation somptueuse de Kenji Misumi pour l'un, la folie baroque et érotico-SM de Masumura. Le troisième est dispensable, qui vire à la parodie, et le terrain est balisé par beaucoup de passages obligés. Par contre, les amateurs apprécieront la dinguerie du truc, notamment les entraînements du héros et de son penis pour ses interrogatoires, qu'il faut surtout ne pas prendre au sérieux.

Car sur le papier, il s'agit tout de même d'interrogatoire en "remplacant la torture par des viols" (sic). Là où l'on voit le caractère cartoonesque de la saga, c'est que la victime parle non pas pour que Hanzo s'arrête, mais pour qu'il continue. Rassurez-vous, le héros se bat forcément pour le peuple et contre le pouvoir, donc la morale est sauve ! Précision, la fin du premier assez étonnante, où les 10 dernières minutes partent sur une autre intrigue, comme un court-métrage rajouté... Cela est assez malin, parce que non seulement cela souligne l'aspect serial de la saga, mais cela tempère bien les débordements outranciers du héros...

A suivre : le mouchoir rouge ! ;)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Retour à la MCJP avec un cycle autour de la Daiei (bon, j'ai déjà vu presque les deux-tiers de la prog - beaucoup de recyclage avec les différents hommages comme deux Satsuo Yamamoto diffusés au printemps 2013 :? )
http://www.mcjp.fr/francais/cinema/les- ... -daiei-995

Le roman de Genji (Kozaburo Yoshimura - 1951)

Je pensais que ce film allait marquer ma découverte de ce cinéaste dont on trouve 5 films dans cette rétrospective. Mais j'aurais de la mémoire, je me serai rappelé que j'avais déjà vu 2 réalisations du cinéaste : Courant chaud (1939) qui s'était avéré très ennuyant et son segment du film à sketch testament de femmes qui était un calvaire... et malheureusement ce Genji n'était guère mieux. :?

Plusieurs de raison à cela :
- les acteurs assez fades entre un Kazuo Hasegawa morne et un casting féminin totalement interchangeable (littéralement).
- Un scénario (pourtant signé Kaneto Shindo - bien qu'on retrouve son goût pour les personnes en dehors des normes) qui présente un héros masculin auquel il est impossible de s'attacher (un blaireau égoïste qui drague tout ce qui bouge sans jamais se poser de question) et des personnages qui n'évoluent pas le moindre du monde durant toute la durée du film (à part les 3 dernières minutes). Ce qui est vraiment problématique niveau émotion.
- une réalisation académique qui ne décolle presque jamais et est dénuée de toute vie.

Reste que le film présenté à Cannes en 1952 obtint le "prix de la photographie et de la composition plastique". Faut dire que le chef op' Kohei Sugiyama livre un excellent travail à la lumière.
L'introduction fait d'ailleurs espérer le meilleur avec un affrontement psychologique entre deux femmes dans une immense demeure quasi vide, balayée par un mini tempête et passant de l'ombre à la lumière selon que le soleil disparaisse, ou non, derrière les nuages. L'effet est vraiment saisissant, créant une véritable tension à la scène.
Les minutes qui suivent confirment cette bonne impression : la caméra est souvent en mouvement en met très bien en valeur les décors, la photographie est très belle, la profondeur de champ travaillé... certains plans sont à tomber (le travelling suivant l'ombre de Genji sur les paravents où se trouvent des servantes)... Mais on attend que l'histoire commence. On attend longtemps... Très, très longtemps... Elle ne démarrera en fait vraiment jamais et on devra se farcir ces personnages antipathiques jusqu'à la fin. Quelques scènes viennent nous rappeler que Yoshimura a du talent (le coup de foudre dans le bateau ; le guet-apens au bord d'étang) mais ça reste tristement, et platement, académique.
A noter en revanche une très belle musique.

J'espère que les 4 films présents dans ce cycle seront d'un meilleur cru (j'y crois pas trop). Réponse déjà demain avec les habits de la vanité.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

bruce randylan a écrit : Réponse déjà demain avec les habits de la vanité.
Et bien c'était pas si mal :)

Donc
Les habits de la vanité (Kozaburo Yoshimura - 1951)

Une famille sans argent tient une modeste maison de Geishas dont l'un des postes est tenu par une des filles, elle n'hésite pas à soutirer beaucoup d'argent à ses favoris. Pendant ce temps, sa sœur voit son mariage compromis à cause de sa belle-famille qui refuse une union avec un établissement de geishas inférieur au leur.

Ce projet était à la base une production indépendante puis fut ensuite co-financé et distribué par la Daiei qui hébergea ainsi le duo formé le réalisateur Yoshimura et son scénariste Kaneto Shindo . Ils avaient collaboré ensemble une dizaine de fois à la Shochiku mais le studio venait de se brouiller avec les 2 hommes suite à un échec commercial (après pourtant une longue série de succès).
On sent ainsi une approche modeste et très simple à cette histoire qui recycle plusieurs éléments des Soeurs de gion de Mizoguchi mais en moins pessimiste.
L'économie de moyen n'est pas dérangeante vu le sujet même si je trouve comme pour Genji l'approche un peu trop froide et distante, ne me sentant qu'épisodiquement concerné par les problèmes du film d'autant que le film ressemble beaucoup à l'éclair de Naruse que j'avais découvert la veille et qui est d'un tout autre niveau.
Ca reste assez sage et conventionnel dans son déroulement comme dans la forme malgré quelques moments plus réussis : le très beau premier plan et surtout toutes les évocations aux mentalités conservatrices qui n'ont pas évolués et qui sont symbolisées par les vieilles battisses vétustes. Le dialogue comme la mise en scène se font alors bien plus feutrés, mélancoliques et délicates. Ca conduit à une ultime séquence très belle et touchante, qui arrive cependant un peu tard, même si la narration qui suit son petit fleuve tranquille n'est pas forcément ennuyante. Ca manque "juste" un peu de remous.

J'imagine que le film dut rencontrer un certain succès pour que Yoshimura enchaîne très rapidement sur une production plus onéreuse et prestigieuse tel le Roman de Genji.
Par la suite le cinéaste repris à plusieurs reprise ce thèmes de jeunes femmes en quête d'émancipation dans un Japon de l'après-guerre aux mentalités dépassées. Il tourna ainsi Soeurs de Kyoto ou rivière de nuit qui sont justement programmés dans ce cycle Daiei :)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

bruce randylan a écrit : J'imagine que le film dut rencontrer un certain succès pour que Yoshimura enchaîne très rapidement sur une production plus onéreuse et prestigieuse tel le Roman de Genji.
Par la suite le cinéaste repris à plusieurs reprise ce thèmes de jeunes femmes en quête d'émancipation dans un Japon de l'après-guerre aux mentalités dépassées. Il tourna ainsi Soeurs de Kyoto ou rivière de nuit qui sont justement programmés dans ce cycle Daiei :)
Voilà, j'ai pu découvrir ce Rivière de nuit (Kozaburo Yoshimura - 1956) qui est en effet un très beau film :)

Kiwa 30 ans qui travaille dans la teinturerie familiale est toujours célibataire. Une situation volontaire jusqu'à ce qu'elle rencontre un scientifique marié.

Sur un note délicate et feutrée, Yoshimura continue son exploration de femmes indépendantes qui tournent le dos aux traditions en place jusque là : Kiwa refuse les rencontres en vue d'un mariage arrangé, elle crée des vêtements aux motifs originaux et modernes et surtout elle tombe amoureuse d'un homme marié mais ne veut pas être une maîtresse effacée et entretenue dans un appartement que son amant lui paierait. Bref, elle veut vivre pleinement, que ce soit professionnellement et sensuellement.
Le plus intéressant est la description de son désir pour ce scientifique avec des sentiments à la fois pudiques, romantiques tout en étant consciente que cette relation pourrait être éphémère. C'est un très beau portrait, complexe et plein de nuance.
La rare Fujiko Yamamoto est resplendissante dans le rôle titre et presque amoureusement magnifiée par son réalisateur et son directeur de la photographie (Kazuo Miyagawa). Tout deux captent merveilleusement sa tendresse, ses espoirs, ses émotions, ses doutes... Mais toujours avec une délicatesse tout en retenue... peut-être trop car malheureusement l'émotion du côté du spectateur ne vibre pas autant que Kiwa. De plus, le rythme du film est bien trop calme pour ne pas dire plat. A certain moment, on a envie de dire au réalisateur de raconter enfin son histoire qui stagne fréquemment.

C'est bien dommage car l'écriture parvient à échapper au pathos au mélangeant habilement une approche documentaire (le quotidien et les gestes dans la teinturerie), quelques touches d'humour et le drame jamais appuyée. On s'amuse autant d'un artiste peintre maladroitement amoureux, des déboires d'un marchand qui espère passer une nuit avec Kiwa (qui arrivera malicieusement avec sa sœur) ou encore des mouches rouges (études du scientifique) qui inspirent à Kiwa des motifs pour ses vêtements... comme on frémit avec celle-ci quand elle croise l'élu de son coeur. De moments simples et touchants : un voyage en train, une promenade dans des petites rues et surtout une formidable séquence baignée dans une lumière rouge et crépusculaire quand la soeur de Kiwa laisse les 2 amoureux en éteignant la lumière en sortant de la pièce. Au passage, la copie diffusée à la MCJP était malheureusement d'un qualité médiocre avec des couleurs virant aux rouges qui ne rendaient certainement pas hommage à la grande qualité de la photographie. :cry:

Sinon, la fin est très belle et amère, assez logique et cohérente avec le caractère de l'héroïne qui est intègre à sa manière ; ce qui permet de déjouer les codes de la moralité au passage.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Découverte une grosse rareté à la Cinémathèque :D

L'eau était si claire (Yoichi Takabayashi - 1973)

Une nuit d'orage, une jeune fille trouve refuge dans un monastère bouddhique. Accueilli par le moine et sa servante, elle reste dans les lieux. Quand un adolescent commence à tourné autour d'elle, le moine commence à développer une obsession.

Un film très étonnant que voilà. A l'instar de l'île nue, c'est un film sans dialogues. On y entend seulement 2 prières et un chant traditionnel. Mais contrairement au film de Kaneto Shindo, les personnages parlent de temps en temps sauf que leurs voix sont couvertes par le bruit de voitures, des éclairs, des bruits de basse-cours ou tout simplement ils sont trop loin de la caméra pour être entendu.
Le procédé est ainsi plus naturels peut-être sans être trop artificiel grâce à un excellent travail sonore.
Pas que le son d'ailleurs, c'est l'ensemble du film qui est particulièrement soigné avec un soin pictural assez impressionnant : le sens du cadre (en 1.33), l'immense profondeur de champ, l'éclairage très contrastée (qui se fait théâtral dans la dernière partie), la gestion de l'espace, des sources lumineuses etc...
un vrai travail d’orfèvre qui surprend pour savoir qu'il s'agit seulement de la 2ème réalisation de Takabayashi. Tout juste pourrait-on regretter quelques zooms assez inutiles et parfois disgracieux. Pour le reste, c'est admirable et la précision de la mise en scène permet de faire comprendre l'histoire sans avoir recours aux dialogues. On saisit parfaitement l'évolution du regard du moine sur sa jeune protégée, sa manière dont il découvre qu'elle est un personnage sexuée, qui fait naître ainsi un désir chez lui. Un désir forcément mélangé de culpabilité vu ses activités. En tout cas, le film va assez loin dans l’obsession charnel qui se développe chez lui
Spoiler (cliquez pour afficher)
C'est pas tous les jours qu'on voit un moine se masturber devant un autel bouddhique... Et pour bien faire ressentir la gêne et le malaise, le cinéaste fait vraiment durer le plan... avant de passer sur un gros d'une petite statut de bouddha sur lequel coule du sperme :shock:
Un plan un peu gratuit si on reste à la dimension narrative mais nécessaire d'un point de vue symbolique pour décrire le dégoût du moine envers ses pulsions.
La fin est très belle, presque baroque avec une idée qui se rapproche du portrait de Dorian Gray.

Un film assez osée mais jamais racoleur non plus et qui propose un pari narratif audacieux, très bien exploitée pour un contenu d'un grande richesse avec un rythme assez hypnotique et entêtant.

Le film a l'air d'être devenu totalement invisible. :cry:
En tout cas, ça donne envie d'en savoir plus sur ce réalisateur dont j'avais pu voir la femme tatouée (1982) qui était aussi une histoire de fascination/obsession (ici, un homme d'âge mûr pour les tatouages sur les corps féminins)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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