Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Max Schreck
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Max Schreck »

bruce randylan a écrit : Yaji and Kita : Yasuda's Rescue (Tomiyasu Ikeda - 1927) existe encore dans une version de 15 minutes (à priori le début).
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...

Yaji and Kita : The Battle of Toba Fusumi (Tomiyasu Ikeda - 1928)
J'ignorais l'historique de ces personnages, entrés donc dans le langage courant au Japon. Il existe un Mayonaka no Yaji-san Kita-san (Yaji & Kita, the midnight pilgrims),film de Kankurô Kudô réalisé en 2005, totalement psychotropique où les 2 compères sont caractérisés comme un couple gay. J'avais trouvé ça génial.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Max Schreck a écrit : J'ignorais l'historique de ces personnages, entrés donc dans le langage courant au Japon. Il existe un Mayonaka no Yaji-san Kita-san (Yaji & Kita, the midnight pilgrims),film de Kankurô Kudô réalisé en 2005, totalement psychotropique où les 2 compères sont caractérisés comme un couple gay. J'avais trouvé ça génial.
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Alléchant, va falloir noter ça dans un coin :)

De mon côté, une géniale découverte sur laquelle je ne misais pas grand chose : A Vengeful Spirit / Bakeneko aka The Ghost-Cat Cursed Pond (Yoshihiro Ishikawa - 1968) qui fait partie de cette tradition horreur/fantastique typiquement japonaise des films de vengeance mettant en avant des chats aux pouvoirs surnaturels dont l'un des plus connus est Le manoir du chat fantôme de Nobuo Nakagawa (1958) mais dès les années 30 on trouvait par exemple Le Mystère du sha­mi­sen hanté (que j'aimerais beaucoup voir).
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Ce représentant signé Ishikawa emprunte plusieurs éléments au Nakagawa (comme l'emmuré) et d'autres figures plus communs au genre fantastique nippon avec des méchants devenus à moitié fous et qui assassinent leur proches croyant tuer un être surnaturel.
Dans son scénario A Vengeful Spirit est donc on ne peut plus conventionnel avec sa succession de séquences chocs pour des personnages interchangeables qu'ils s’agissent des victimes de nobles pervertis ou de ces derniers, sadiques et sans scrupules. Par contre au niveau de la forme, c'est un rollcoaster savoureux, très rythmé et diablement bien mis en boîte.
Ne connaissant pas Yoshihiro Ishikawa, je partais en terrain inconnu et le bougre se révèle un cinéaste efficace et inspiré. En regardant après coup sa filmographie, j'ai découvert qu'il fut justement l'assistant de Nobuo Nakagawa de 1957 à 1960. Pas étonnant qu'il décline plusieurs de ses effets et son atmosphère dans ce titre qui déploie un univers macabre foisonnant, parfois gore (pour l'époque) : marais noyé dans la brume, possession par des démons, membres ou têtes tranchées, mur gorgé de sang, cadavres dissimilés dans des coffres, morsures sanguinolentes, feu follet, apparition fantomatiques, spectre mi-femme mi-chat... C'est très riche et agrémenté d'une bonne dose de chambara avec pas mal de combats, assez intense parfois.
Surtout les différentes scènes bénéficient d'une réalisation solide avec un noir et blanc très contrasté pour des décors souvent plongée dans la pénombre la plus totale, une caméra parfois très mobile et un excellent sens du scope. Quand tous ces éléments s'unissent, ça donne des moments enthousiasmant : combat dans un petit canal, beaucoup de contre-plongées exploitant au mieux poutres ou long couloir dans l'obscurité pour créer des cadres étouffant, découverte du marais maudit (puis un affrontement désespéré qui y prend place plus tard), méchants perdant les pédales et tranchant à tour de bras ceux qu'ils croisent, visions cauchemardesques, duel filmé depuis les yeux du chat et le final de nouveau dans ce marais.
Du très bon boulot qui dépasse le simple artisanat tout en étant extrêmement généreux. :D

Malheureusement Yoshihiro Ishikawa semble n'avoir eu qu'une courte carrière au cinéma avec une demi-douzaine de titres avant de rejoindre la télévision où il tourna notamment pour la série des Treize nuits de l’horreur / Au pays des fantômes diffusé en France sur Ciné + classic il y a quelques années. Son épisode remettait d'ailleurs en avant un chat vengeur que j'ai bien envie de revoir du coup. Comme quoi, je connaissais déjà le cinéaste.

Pour se faire une idée de A Vengeful Spirit, il faut se tourner vers les fan-sub ou le dvd japonais sans sous-titres.
De Ishikawa, seul le premier épisode de la série "Legends of the Poisonous Seductress", Female Demon Ohyaku est sorti en DVD, aux USA. Épuisé depuis belle lurette et donc onéreux en seconde main. :(
Dernière modification par bruce randylan le 13 juin 18, 01:09, modifié 1 fois.
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Message par bruce randylan »

En attendant Manhunt de John Woo, j'ai jeté un coup sur la première version japonaise, inspiré du même roman (et uniquement visible en fan-sub / bootleg).

Manhunt (Jun'ya Sato - 1976)
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Un procureur est injustement accusé de vols par deux personnes qu'il ne connait pas. Alors que tous les indices s'accordent pour l'incriminer, il parvient à s'échapperpour se lancer à la recherche de ceux qui l'ont dénoncé et il ne tarde pas à comprendre qu'il fut piégé dans une vaste affaire de corruption.

A priori, John Woo ne devrait pas avoir trop de mal à dépasser l'originale, thriller archi-classique du prisonnier en cavale qui va devoir prouver seul son innocence.
Ce qui est incompréhensible est la durée totalement surréaliste de 2h30 pour un film de ce genre qui devrait au contraire foncer pied au plancher et maintenir la pression. Les 20 premières minutes étaient plutôt réussies à ce titre, s'attaquant au cœur du sujet dès la fin du générique sans prendre le temps de présenter le background des personnages. La suite sera bien incapable de faire preuve d'autant d'efficacité, handicapée par une réalisation amorphe dénué du moindre rythme. C'est tristement paradoxal car le film en lui-même ne manque pas de péripéties et de rebondissement mais étalés inutilement sur 150 minutes, leur enchaînement ne crée guère d’excitation ou de tension.
Et il faut dire aussi que ces péripéties sont d'une idiotie redoutable pour des facilités éhontées. Citons par exemple : la double attaque d'un ours ( :lol: ), le héros qui apprend à piloter un avion en moins de 5 minutes, des rencontres fortuites qui tombent toujours bien, un dernier acte dans un hôpital psychiatrique risible au possible ou une conclusion affligeante. Et que dire de l'improbable histoire d'amour qui donne une scène assez cocasse avec bougie et carpette sorti de nulle part. Le point plus gênant est toutefois peut-être la musique composée de 2-3 thèmes ressassés jusqu'à l’écœurement et qui ne sont absolument pas adapté au film. On la croirait plutôt écrite pour du Jacques Tati, accentuant le comique involontaire de certaines séquences.

Au milieu de tout ça, surnage tout de même la présence charismatique de Ken Takakura et un premier tiers assez amusant avec une bonne cadence. Après, ça se grippe de plus en plus sans être non plus le sommet d'ennui.



Sinon, et autrement plus intéressant, La nouvelle édition du Cinéma du Réel va consacrer un hommage au documentariste militant et engagé Shinsuke Ogawa (à qui Oshima a consacré un documentaire). Les premiers films seront projetés à partir de demain et le Jeu de Paume prendra le relai pour continuer le cycle. On sera pas loin de l'intégrale et beaucoup de films seront diffusés pour la première fois en France.
http://blog.cinemadureel.org/category/l ... ogawa-pro/
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Message par bruce randylan »

bruce randylan a écrit : Sinon, et autrement plus intéressant, La nouvelle édition du Cinéma du Réel va consacrer un hommage au documentariste militant et engagé Shinsuke Ogawa (à qui Oshima a consacré un documentaire). Les premiers films seront projetés à partir de demain et le Jeu de Paume prendra le relai pour continuer le cycle. On sera pas loin de l'intégrale et beaucoup de films seront diffusés pour la première fois en France.
http://blog.cinemadureel.org/category/l ... ogawa-pro/
Donc
La mer de la jeunesse - quatre élèves suivant des cours par correspondance (1966) est donc le premier documentaire issu du jeune collectif de documentaristes qui cherchaient à créer leur propre structure de production. Outre Shinsuke Ogawa et Noriaki Tsuchimoto (autre grand nom du documentaire militant japonaise), on trouvait aussi de futures pointures du cinéma indépendant : Kazuo Kuroki, Yōichi Higashi, and Susumu Hani :o
Ce premier manifeste est avant tout une date historique avec cette structure naissante qui allait créer leur propre réseau de distribution pour montrer les films (les salles de cinéma appartenant aux grands studios) et qui n'avait aucun compte à rendre à personne dans le choix des sujets ou la forme.

Ce premier film reste un coup d'essai assez bancal qui manque clairement d'une vraie structure. On y suit 4 adolescents qui suivent donc des cours par correspondance et qui cherchent à fédérer un mouvement étudiants pour protester contre l'allongement de leur cursus, passé de 4 à 5 ans.
C'est souvent une suite de gros plans tremblants, filmés à l'épaule, assez éreintant à suivre à la longue d'autant que c'est très, très bavard.
Ca manque d'une direction, d'un ligne directrice. Et aussi de recul et de contre-pied qui pourrait permettre de comprendre à la rigueur la raison de cette années supplémentaire. C'est cependant déjà la marque de fabrique du studio Ogawa qui s’immerge totalement du côté de ceux qu'ils filment et ne restituent que leur point de vue.
Je ne suis pas forcément convaincu par ce dispositif mais Ogawa ne cherche cependant pas à faire du reportage mais bien du documentaire engagé qui manque ici encore de savoir-faire et, disons-le, de cinéma. Le film est bien plus pertinent et émouvant dans ses 5 dernières minutes avec quelques jolis plans lyriques (le travelling circulaire autour des 4 étudiants qui travaillent sur leur banderole géantes) et où le discours s'élargit in-extremis pour poser des questions sociales et civiques beaucoup plus intéressante : quel est le sens des études ? Et que cela participe à une construction sociale ? Est-ce que ça alimente l'esprit de compétition ?

Avec son système inédit d'auto-distribution, le film connut un gros échec financier et les membres du collectif durent éponger leur dettes en vendant leur sang !

Rapport de la lutte à Haneda (1967) est le troisième film de Shinsuke Ogawa et s'avère bien plus cohérent et construit, surtout la première moitié vraiment passionnante avec une introduction très percutante où la caméra se ballade au dessus de photos enchevêtrées de manifestations très violentes, accompagnée par des enregistrements audio d'affrontements entre force de l'ordre et étudiants qui s'opposant à la visite du premier ministre au Vietnam pour soutenir l'action américaine.
Ces manifestations provoquèrent la mort d'un étudiant, vraisemblablement causée par les coups de matraques des policiers et dont le corps fut par la suite écrasé par un véhicule. Les autorités avaient ainsi conclut à un accident avec un véhicule, écartant les graves blessures aux crânes, pourtant antérieures.
La première moitié du documentaire s'attardent donc à démontrer que la version officielle ne tient pas les fait : tentatives de reconstitution, preuves filmées des brutalités policières et interview d'un des médecin légiste.
La suite est un peu moins rigoureuse et semble s'écarter de son sujet d'origine pour retomber dans les défauts de La mer de jeunesse où l'on ne sait plus vraiment ce que le cinéaste veut évoquer (si ce n'est une certaine colère) avant de revenir in-extremis sur les raisons de ce mouvement étudiant (la politique étrangère du Japon).

Encore un peu brouillon par moment, mais l'équipe se professionnalisme et l'on commence à trouver ce qui sera la marque de fabrique des futurs documentaire avec une volonté d'aller directement dans les mêlées pour en tirer des images très spectaculaires et intenses, en ce plaçant toujours du côté de la contestation.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Je vous ai déjà parlé de Revus et corrigés qui s'apprête à lancer une revue trimestrielle mais il y a aussi un rubrique sur internet où j'ai écrit une critique sur une comédie musicale japonaise découverte lors de "Toute la mémoire du monde" :wink:

Une chanteuse de Jazz est née (Masahisa Sunohara - 1957)
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Message par bruce randylan »

Quelques mots sur la Rétrospective Ogawa productions qui s'est délocalisé au Jeu de Paume après la fin du Festival "Cinéma du réel"

Sanrizuka : le village de Heta (Shinsuke Ogawa - 1973) est une étape importante pour le collectif qui, après 5 ans de couverture au coeur la lutte des paysans/étudiants contre le pouvoir sur la construction de l'aéroport, sort de de la mêlée pour aller interroger les agriculteurs alors qu'un jeune militant paysans vient de suicider, écœuré par l'impasse de la violence.
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Le ton est plus posé, chaleureux et donne la parole aux habitants d'un petit village, aux petits exploitants, aux parents dont les enfants sont fréquemment arrêté, aux personnes ayant du quitter leur village. Tout celà a crée une vraie solidarité au sein de la population (agrandie) de Heta. On sent chez les cinéastes un souci d'écoute, de respect et d'intégrité à suivre le rythme de leur quotidien et leur travaux.
Démarche salutaire de se poser pour apprendre à prendre sa respiration et sortir du tumulte et du fracas. Reste que le résultat est un peu ennuyant. 146 minutes souvent constitué de plans-séquence de 10 minutes (le temps d'une bobine) qui enregistre sans coupe. C'est parfois payant dans le naturel, la confiance et la complicité qui s’installent entre les villageois et l'équipe du film (comme la sculpture sur la divinité phallique) mais le plus souvent ce sont des échanges très longs dont on ne voit pas vraiment l'utilité et la finalité. D'autant que le recours au gros plan est assez fatiguant à la longue : 10 minutes sur des paysannes floues en longues focales faisant une pause thé, est-ce bien nécessaire ?

Le résultat a eu l'effet inverse sur moi et m'a régulièrement privé de l'émotion recherché.
Ca m'a aussi découragé de donner leur chance à des documentaires (très réputés) plus longs d'Ogawa Prod qui côtoient les 4h.

L'histoire du village de Magino - le col (Shinsuke Ogawa - 1977) est l'un des deux documentaires ouvrant leur cycle consacré au village de Magino où ils resteront plusieurs années, cultivant eux-mêmes du riz pour mieux comprendre ceux qu'ils filment et vivre à leur rythme.
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Ce titre ci est une sorte de préambule évoquant les lieux, les montagnes environnante, la culture et le folklore local en interrogeant certains des habitants les plus agés pour qu'ils racontent l'histoire de Magino. La parole est cependant donnée principalement à un poète en retraite qui leur prêta une grange où ils s'installèrent (avec leur matériel). Et même si ça ne dure que seulement 45 minutes, ça manque vraiment de structure à mon goût.
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Message par bruce randylan »

Dernier titre découvert au Jeu de Paume

Sanrizuka - la construction de la tour Iwayama (Shinsuke Ogawa - 1972)
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J'ai bien fait d'en tenter un autre puisque j'ai bien aimé cet opus, de nouveau consacré aux opposants de l'aéroport de Narita. :)
C'est en réalité davantage avec ce titre que l'équipe effectue un virage plus attentif aux individus et aux travail collectifs plutôt qu'à la lutte directe. L'équipe d'Ogawa Productions avaient ainsi filmé les manifestations où 3 CRS avaient perdu la vie. Ils ont préféré ne pas exploiter ses images tragiques pour s'interroger sur la captation du temps et leur proximité avec les habitants.
Le film est coupée en deux parties. La première montre l'évacuation des paysans de leurs forteresse souterraines et des réunions qui ont suivies où ils se demandent comment continuer la lutte sans forcément se mettre hors-la-loi, sachant que cela fait deja 6-7 ans qu'ils militent contre ce projet.
La deuxième montre la construction d'une tour métallique sur une colline en face de la piste de l'aéroport qui va bientôt entrer en phases de test. Leur solution pour faire une action pacifiste est de bâtir une tour assez haute pour obliger les avions à devoir remonter leur altitude, rendant impossible la bonne inclinaison pour atterrir normalement. Pour cela, ils reçoivent l'aide d'ingénieurs et ouvriers d'une autre région.

Ici, l'utilisation des longs plans-séquences est payante, surtout dans la seconde moitié. Si la première partie permet de bien rendre compte l'abattement dans lequel se trouvent les opposants à Narita et leur hésitation entre se conformer à la loi ou continuer une opposition violente, la suite est assez spectaculaire avec les moyens rudimentaires pour ériger cette tour assez proche des derricks pétroliers. Un casse-tête logistique et des ouvriers qui travaillent sans protection tant bien que mal quand il s'agit d'attaquer le sommet de la construction. On sent la difficulté de grimper sur sa structure, la dangerosité de l'ascension, la hauteur qu'elle représente, la complexité à assembler les nouveaux portions...
C'est très immersif, saisissant et on ne peur s'empêcher de ressentir une exaltation lorsque le premier avion passe et doit changer son plan de vol.
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Message par Profondo Rosso »

Tampopo de Jūzō Itami (1985)

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Tampopo, une jeune veuve tient un médiocre restaurant de soupes de nouilles dans un quartier populaire de Tokyo. Elle lutte courageusement et n’aspire qu’à une honnête vie, jusqu’au jour où un routier à la dégaine de cow-boy, Goro, entre dans sa vie. C’est un gourmand, il sait que la préparation de la soupe de nouilles est une vocation, sinon un rituel. Le jour où il vient se restaurer chez Tampopo, il l’informe brutalement que ses nouilles « manquent de tripes » ! Elle le convainc alors de lui enseigner l’art de cuisiner une bonne soupe.

Tampopo est certainement l'œuvre la plus populaire en occident de Jūzō Itami. Ancien acteur (vu chez des réalisateurs majeurs comme les japonais Nagisa Oshima, Kôji Wakamatsu, Kon Ichikawa ou encore à Hollywood dans Les 55 Jours de Pékin (1963) de Nicholas Ray), Itami se lance dans la réalisation en 1984 avec Funérailles et dès lors se spécialisera avec succès dans la comédie satirique où il explore des thèmes aussi divers que la mort (dans Funérailles), l'argent dans L'Inspectrice des impôts (1987) et donc la cuisine avec Tampopo.

Le réalisateur qualifie son film de "western-nouille" en référence au western-spaghetti. Itami emprunte en effet la structure du western dans cette véritable ode à la cuisine japonaise pour ce fin gourmet. On navigue entre Shane (1953) et Les Sept mercenaires (lorsque la troupe de bienfaiteurs s'élargira) avec le héros/camionneur Goro (Tsutomu Yamazaki) taciturne qui va voler au secours de jeune veuve Tampopo (Nobuko Miyamoto) ayant du mal à joindre les deux bouts dans son modeste restaurant à ramen. Le scénario place certes un antagoniste yakuza (mais bien vite rallié à la cause) mais la plus grande difficulté de Tampopo réside bien dans ses piètres aptitudes culinaires pour la préparation de ramen. Goro va ainsi faire office de mentor impitoyable pour la former. Le récit est une véritable odyssée décalée où Itami se penche sur le sacerdoce que constitue cette préparation. Le périple autour des rades de Tokyo dépeint l'importance de l'attention au consommateur (se souvenir de sa commande, observer sa réaction lorsqu'il goutte la soupe, la grande victoire étant lorsqu'il la finit jusqu'au bout) dont les réactions détermine les manques ou la réussite de la préparation. Le ton se fait à la fois ludique et méticuleux, les gags servant toujours l'apprentissage notamment l'entraînement physiquement éprouvant qu'impose Goro à Tampopo en cuisine. Cette notion pédagogique s'inscrit également à travers les diverses rencontres où de joyeux excentriques viendront apporter une part de leur savoir à notre héroïne, quand elle ne vole pas avec malice quelques astuces culinaires à des collègues. A l'instar de Tampopo, chacun des protagonistes a un lien intime à la cuisine pour lequel il a tout perdu (l'ancien chef devenu clochard, quitté pas sa femme et ayant eu son restaurant volé par son rival) ou qui représente la seule échappatoire d'une vie terne (ce vieillard délaissé par sa jeune épouse). Pour Tampopo c'est une quête initiatique qui ravive son allant tandis que Goro va fendre l'armure à son contact et révéler un passé douloureux.

La mise en scène de Jūzō Itami oscille entre la dimension presque documentaire dans l'observation des préparations et le franc burlesque dans un Tokyo à l'urbanité réaliste (seul les quartiers populaires et modestes sont filmés dans le détail) mais qui sait prendre une belle hauteur dans des vues d'ensembles majestueuses. Si le cheminement de Tampopo est le fil rouge du récit, l'amour de la cuisine (sa préparation ou sa dégustation) transparait dans la multitude de vignettes qui parcourent l'histoire. La bonne chair et les plaisirs de la chair se confondent ainsi pour un couple en sursis dont les jeux érotiques sont exacerbés par la nourriture, l'émotion est palpable lorsqu'une mère de famille mourante rassemble ses dernières force pour préparer un ultime dîner au sien, ou encore le saisissant coup de foudre qui conclut une pêche aux huîtres. Tous ces éléments enrichissent le propos, à la fois universel et spécifiquement japonais en jouant sur le côté traditionnel et décalé. La dimension méta apporte conjointement une distance amusée et une vraie émotion, notamment par le couple dont l'outrance est source de comédie et de passion (le début dans le cinéma puis la conclusion plus mélancolique où l'on ne rira pas à cette recette donnée dans un dernier souffle). Tsutomu Yamazaki est parfait en mentor taiseux et mélancolique, le chapeau, la gestuelle et la réserve le rapprochant à sa manière de "l'étranger" à la Eastwood/Bronson, prêt à tirer sa révérence une fois sa mission accomplie. Quant à Nobuko Miyamoto (épouse et actrice fétiche du réalisateur), elle souffle un rare vent de fraîcheur qui se déploie dans les choix formels du film - l'éclairage soudainement éclatant alors que des consommateurs terminent enfin jusqu'au bout les ramen qu'elle a préparé. Un petit bijou qui sera un grand succès en Occident et plus particulièrement aux Etats-Unis (si votre petit restau japonais local se nomme Tampopo vous savez pourquoi désormais le film provoquant un essaim d'établissements ainsi rebaptisé). Un film qui fait rire, pleurer, saliver et incite à (re)prendre son billet pour le Japon. 5/6
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

bruce randylan a écrit : Sinon, confirmation que le deuxième semestre risque d'être chargé en projections japonaises parisiennes puisque la Cinémathèque et la MCJP joindront leur force pour fêter les 100 ans du cinéma japonais ! :o
Et le centre Pompidou rendra hommage à Naomi Kawase...
Pas plus d'annonces pour le moment mais il y aura des classiques inévitables mais également des titres plus rares.
Un peu plus d'infos sur les événements cinématographiques autour de Japonismes (qui commémore le 160ème anniversaire de la signature du tout premier traité entre la France et le Japon)
Date : de septembre 2018 à février 2019
Films : Rétrospective « 100 ans de cinéma japonais »
Lieux : La Cinémathèque Française, la Maison de la Culture du Japon à Paris… – Paris
100 films japonais de 1920 à 2018 sélectionnés par un jury de critiques français et japonais.
« Cette rétrospective propose de retracer l’histoire du cinéma japonais de 1920 à 2018 à travers 100 films sélectionnés par un jury d’experts franco-japonais. Le programme, en trois temps, comprendra des œuvres parfois inconnues en France et pourtant fondatrices du cinéma japonais moderne et contemporain.
①Le premier volet qui ouvrira la rétrospective présentera, à la Cinémathèque française en septembre et octobre 2018, quelques 25 films des années 1920 à 1940 avec l’ambition de couvrir les prémices du cinéma japonais jusqu’au début de son âge d’or. Des musiciens et bonimenteurs accompagneront les projections de films muets afin de faire honneur aux artistes qui savaient donner vie à ce tout nouveau 7e art.
②Pour le deuxième volet de décembre 2018 à février 2019 intitulé À la redécouverte du cinéma japonais, la Maison de la culture du Japon à Paris et la Cinémathèque française accueilleront une cinquantaine de films allant de la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux années 2000. Ce programme sera divisé en deux sections : la première section, se déroulant à la Maison de la culture du Japon, proposera de redécouvrir une vingtaine de grands classiques du cinéma japonais en version restaurée.
La seconde aura l’ambition de décrire une histoire insolite du cinéma japonais, en présentant une trentaine de titres rares, des années 1950 aux années 2000, en février 2019 à la Cinémathèque française..
La projection de ces films sera accompagnée de diverses manifestations, notamment de dialogues avec les acteurs ou encore un colloque sur les techniques de restauration numérique.
③Le troisième volet, prévu à la Maison de la culture du Japon et à la Cinémathèque française en février 2019, présentera des œuvres de réalisateurs contemporains à travers une dizaine de films récents comprenant des avant-premières, réalisés aussi bien par de grands noms du cinéma japonais que par de jeunes réalisateurs. Plusieurs rencontres avec les réalisateurs, acteurs et actrices sont également au programme. » (s.o.)

Date : du 23/11/18 au 06/01/19
« Naomi Kawase – rétrospective et exposition »
Lieu : Centre Pompidou – Paris
« Cette rétrospective de l’œuvre de Naomi Kawase, accompagnée d’une exposition présentant pour la première fois des installations qu’elle conçoit, mettra à l’honneur la cinéaste dont la vie et l’œuvre ont évolué à travers différents thèmes inhérents à son travail : la vie, la nature et la famille.
Organisée par le regard que la cinéaste porte vers l’intérieur et vers l’extérieur, vers sa ville de Nara, les saisons au Japon, et vers le monde, l’exposition rassemblera installations, vidéos et photographies. Parallèlement, l’intégralité des films réalisés par Naomi Kawase à ce jour, soit environ 35 courts et longs métrages, sera projetée dans les salles de cinéma du Centre Pompidou. La cinéaste présentera plusieurs séances et donnera une master class exceptionnelle. » (s.o.)

Sinon, quelques nouvelles de la rétro Shintoho à la MCJP avec la diffusion de.... 3 films début juillet (dont un inédit).
Cette rétro devient surréaliste. Elle a commencé en mars 2016 :mrgreen:
https://www.mcjp.fr/fr/agenda/paysages- ... japonais_2
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Message par k-chan »

Chouette! Si cet anniversaire pouvait relancer également la sortie de quelques titres en blu-ray et dvd, ça ne serait pas une mauvaise chose.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Spike »

Sinon, dans un registre plus décontracté, le Festival du Film de Fesses ( :shock: ) organisera une rétrospective intitulée Montre tes nippons ! ( :roll: ), du 28/06 au 01/07 à Paris, avec :

- Abnormal Family (Masayuki Suo)
- Les Amants mouillés (Tatsumi Kumashiro)
- Trilogie Animerama : Les Milles et une nuits, Cleopatra et Belladonna (Eiichi Yamamoto)
- Body Trouble (Sachi Hamano)
- Extase de la Rose Noire (Tatsumi Kumashiro)
- La Femme aux cheveux rouges (Tatsumi Kumashiro)
- Fleur secrète (Masaru Konuma)
- Les Funérailles des roses (Toshio Matsumoto)
- Guilty of Romance (montage international) (Sion Sono)
- Gushing Prayer (Masao Adachi)
- Inflatable Sex Doll of the Wastelands (Yamatoya Atsushi)
- Rue de la joie (Tatsumi Kumashiro)
- Sayuri, strip-teaseuse (Tatsumi Kumashiro)
- Tokyo Decadence (Ryu Murakami)
- Wet Woman in the Wind (Shiota Akihiko)

+ La Saveur de la pastèque (Tsai Ming-liang) en odorama

(source)
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Message par bruce randylan »

Ah y-a pas mal de truc que je ne connais pas mine de rien. :)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Le cycle de la MCJP avance doucement mais il avance !

Lamentations (Shin Saburi - 1952)

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Une étudiante qui suit des cours d'arts dramatiques tombe amoureuse d'un de ses professeurs, un écrivain qui vient d'enterrer son épouse et qui connait une panne d'inspiration. Elle se met en tête de le séduire.

Fidèle acteur pour Yasujiro Ozu, Heinosuke Gosho ou Hiroshi Shimizu, Shin Saburi a réalisé une douzaine de films durant les années 50's dont ce Lamentations, drame psychologique dont le scénario n'est pas à la hauteur de sa réalisation, totalement maîtrisée et qui ne plagie pas les cinéastes qui l'ont dirigé. La caméra est mobile et s'attache à retranscrire souvent les états d'âmes de ses personnages avec une bonne utilisation de la profondeur des champs, de l'espace et des perspectives où plusieurs changements d'axes brisent l'équilibre géométrique d'une scène (en passant de lignes verticales à diagonales par exemple).
Pour un film de 1952, il y a même une vraie modernité avec un montage heurté, pas si loin du jump cut, et qui n'est jamais gratuit ou démonstratif comme un travelling avant en sous-bois qui progresse par à-coup vers Saburi, traduisant son manque de confiance. Ses problèmes de pages blanches sont captés dans une étonnante succession de bref mouvements circulaires s'éloignant de sa table de rédaction. Par moment, la caméra semble même passer d'un point de vue extérieur en caméra subjective avant de revenir sur le comédien (la conversation sur un sentier en montagne ou le jeune homme regardant dormir l'héroïne).
Ce travail, assez riche, sur l'utilisation de la caméra éblouit des le plan d'ouverture qui scrute le mobilier d'une pièce avant de se rapprocher d'un miroir où apparait le reflet du visage du protagoniste avant de reculer pour le montrer pencher sur son bureau (le reflet devenant alors une projection mentale puisqu'il ne correspond plus à la position réelle de Saburi). Dans ce genre de moments, la mise en scène fait ressentir admirablement le poids des sentiments, la mélancolie et la gravité qui pèsent sur les différents personnages.
Seulement comme je le disais plus haut, le scénario n'est pas aussi soigné et le ménage à trois constitué par l'écrivain, sa maitresse et l'étudiante ne provoque que peu d'étincelles, peut-être handicapée par cette politesse typiquement japonaise où les sourires cachent autant de courtoisie que d’hypocrisie et de masques. Il faut dire que les actrices n'arrivent pas vraiment à faire vivre leur rôles, trop unilatérales et stéréotypées pour être touchantes ou émouvantes d'autant que l'histoire peine à progresser passé le premier tiers. J'ai parfois eu le sentiment que l'acteur-réalisateur privilégiait davantage sa mise en scène que son récit ou son casting. Comme le film côtoie les deux heures, Saburi ne peut éviter un gros passage à vide avant d'accélérer dans les 20 dernières minutes où un second personnage masculin permet de rabattre les cartes et d'enfin pleinement étoffer et complexifier les relations entre les personnages. Sa mise en scène se fait alors plus humaine et plus proche de ses comédien(ne)s, plus lyrique, plus tendre aussi comme ces retrouvailles gênées sous des escaliers, pour éviter la pluie.

Une chouette découverte tout de même, avec comme d'habitude, l'espoir de pouvoir juger d'autres réalisations de Shin Saburi un jour (qui a demandé à son pote Chisu Ryu de venir faire un caméo de quelques secondes dans lamentations)
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bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Vite fait :

The living magoroku (Keisuke Kinoshita - 1943)
Deuxième réalisation pour Kinoshita contraint de livrer une œuvre de propagande entre valeurs militaristes et héritages historiques. C'est très réactionnaire avec une histoire brouillonne autour d'un sabre forgé par un maître, d'une famille qui refuse que leur terrains servent à l'armée et d'une histoire d'amour. On a pratiquement l'impression d'être devant un film à sketchs maladroitement raccordés les uns aux autres et il faut d'ailleurs pratiquement 45 minutes pour que certaines sous-intrigues se rejoignent. Outre le manque de subtilité dans le traitement et les thèmes, l’interprétation manque aussi cruellement de souplesse.
Il n'y a donc guère que la réalisation de Kinoshita pour sauver les meubles avec en ouverture une bataille médiévale pleine de mouvements et quelques très beaux extérieurs de campagnes, cadré avec un certain lyrisme.
DVD zone 1 chez Eclipse dans le coffret Kinoshita and World War II

Le lac des femmes (Kiju Yoshida - 1966)
Un bon opus de Yoshida qui gagne en force séquences après séquences à la suite d'un début un peu forcé aux personnages trop artificiels, d'autant que le style est un peu froid, et presque cérébral : une femme mariée a une liaison avec un homme plus jeune et un inconnu qui a photographié leur ébats les fait bientôt chanter en demandant à la femme d'aller seule dans une ville de province.
Une fois qu'on arrive dans la ville de campagne, le film trouve plus facilement son ton et son rythme, plus introspectif et psychologique avec une approche plus épurée, pas toujours explicative, ou même narrative, qui culmine avec le tournage d'un pinku eiga sur une plage, une séquence terriblement troublant dans ses nombreuses ramifications et mises en abîmes. Ca donne un dernier tiers passionnant, complexe, qui ne choisit pas la facilité ou les émotions binaires.
DVD zone 2 fr

Black sun (Koreyoshi Kurahara - 1964)
Kurahara confirme une fois de plus tout le bien que je pense de lui avec ce film audacieux et original qui associe un jeune marginal féru de jazz et un soldat noir américain blessé et traqué pour avoir blessé un autre GI.
Kurahara et son scénariste cherchent à prendre en contre-pied les stéréotypes attendus et préfèrent foncer dans le symbolisme (église abandonné, double inversion du racisme, décharge à ciel ouvert, incommunication, la niche... sans oublier cette fin stupéfiante avec les ballons). C'est pas d'une grande légèreté dans son traitement et son interprétation mais je dois avouer avoir trouver ça riche, dense et viscérale pour un dernier tiers d'un pessimisme étouffant et sans l'ombre d'un espoir. La réalisation de Kurahara (sans atteindre le bouillonnement de The warped ones) est d'une vitalité remarquable, débordante d'idées, loin d'être gratuites, et qui donne corps à des séquences intenses et marquantes.
DVD zone 1 chez Eclipse dans le coffret The Warped World of Koreyoshi Kurahara

Sex & Fury (Norifumi Suzuki - 1973)
Inégal pinku violence tendance chambara pour des sous-intrigues qui sentent le remplissage pour l'international (avec la présence de Christina "thriller" Lindberg qui a l'air de planer totalement). On se moque royalement de l'histoire d’espionnage par exemple, les personnages laissent plutôt de marbre et l'intrigue recycle pas mal Lady Snowblood[/b. Ca donne pas mal de longueurs mais Norifumi livre aussi de pures fulgurance graphiques et même quelques moments anthologiques tel cet incroyable combat au ralenti où Reiko Ike totalement nue affronte une dizaine d'adversaires sur fond de chanson au accent hispanique. C'est d'une poésie et une grâce tout en apesanteur. On peut aussi compter sur Suzuki pour un scope qui claque, une utilisation inventives des couleurs, des trouvailles visuelles inattendues qui n'ont pas peur du ridicule, et qui du coup les transcende (les cartes de jeux remplaçant les flocons de neige). Rien que pour ses moments géniaux, le film est vraiment à voir.
DVD zone 1
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Spike »

bruce randylan a écrit :Un peu plus d'infos sur les événements cinématographiques autour de Japonismes (qui commémore le 160ème anniversaire de la signature du tout premier traité entre la France et le Japon)
Le programme de la 1ère partie (26/09-22/10/2018) de la rétrospective "100 ans de cinéma japonais" à la Cinémathèque française est disponible.
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