El Perdido (Robert Aldrich - 1961)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Zelda Zonk
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El Perdido (Robert Aldrich - 1961)

Message par Zelda Zonk »

Ces deux westerns sont cités (parmi beaucoup d'autres) dans les références de Il était une fois dans l'Ouest.

L'homme aux colts d'or était même paraît-il l'un des westerns préférés de Leone.

Comme je n'ai vu ni l'un ni l'autre, je sollicite les avis des spécialistes (Jeremy, James et les autres).

Qualité des films + des DVD

Merci !
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

L'homme aux colts d'or est pour moi l'un des seuls films de Dmytryk que je prend plaisir à voir mais sans qu'il me bouleverse pour autant.

El perdido de Aldrich : vu il y a bien longtemps et ne m'avait pas non plus laissé de souvenirs impérissables, plutôt même un ennui poli mais il faudrait que je le revoie.

Pas de DVD pour l'instant
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Merci Président. :wink:
daniel gregg
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Re: El perdido / L'homme aux colts d'or : vos avis ?

Message par daniel gregg »

Memento a écrit :Ces deux westerns sont cités (parmi beaucoup d'autres) dans les références de Il était une fois dans l'Ouest.

L'homme aux colts d'or était même paraît-il l'un des westerns préférés de Leone.

Comme je n'ai vu ni l'un ni l'autre, je sollicite les avis des spécialistes (Jeremy, James et les autres).

Qualité des films + des DVD

Merci !
De toute facon pour ce que Sergio Leone est capable de t' apprendre sur le western . je pense qu'un jour on en reviendra de cette fascination aveugle et impersonnelle a l'egard de ces films z ( je ne parle pas de la qualite de la mise en scene meme si la virtuosite de Leone ne m'impressione guere si on la compare avec celle d'un Fuller pour ne citer que lui) qui n'apportent strictement rien a un genre qui avait de toute facon cesser de briller depuis des annees.Quand a Clint Eastwood, je le prefere mille fois dans la serie (tres moyenne) "Rawhide" , c'est dire!
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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El Perdido (The Last Sunset - 1961) de Robert Aldrich
UNIVERSAL


Avec Kirk Douglas, Rock Hudson, Joseph Cotten, Dorothy Malone, Carol Lynley
Scénario : Dalton Trumbo d'après un roman d'Howard Rigsby
Musique : Ernest Gold
Photographie : Ernest Laszlo (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Eugene Frenke & Edward Lewis pour Brynaprod



Sortie USA : 07 juin 1961


Le shérif Dana Stribling (Rock Hudson) poursuit Brendan O'Malley (Kirk Douglas) depuis plus de cinq années, depuis que ce dernier a tué son beau-frère causant du même coup le suicide de sa sœur. S’étant fait à l’idée d’être bientôt rejoint par l’homme de loi, O’Malley s’arrête au Mexique où il trouve asile dans le ranch de John Breckenridge (Joseph Cotten) ; il y retrouve Belle (Dorothy Malone), l’épouse de John, avec qui il eut autrefois une liaison passionnée. John, dévasté par l’alcool, demande à O’Malley de l’aider à conduire son troupeau jusqu’au Texas. Stribling arrive comme prévu peu après et accepte lui aussi de faire partie du convoi pour tenir O’Malley à l’œil ; maintenant qu’il l’a enfin appréhendé mais qu’il ne peut pas se servir de son mandat d’arrestation en dehors du territoire américain, il ne veut surtout pas le perdre de vue d’ici là. Stribling promet également de ne lui régler son compte (s’il ne se laisse pas trainer devant le tribunal) qu’une fois leur mission accomplie, les bêtes arrivées à destination. C’est le début d’un voyage qui ne sera pas de tout repos, en plus des tensions internes, les ennuis arrivant également de l’extérieur, John allant en faire le premier les frais, abattu sans sommation lors d’une rixe avec d’ex-soldats confédérés. Malgré le deuil, sa jeune fille (Carol Lynley) tombe amoureuse d’O’Malley tandis que Stribling n’est pas insensible au charme de Belle…

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Alors qu’elle connait des difficultés financières ayant pour cause la production du Spartacus de Stanley Kubrick, Brynaprod, la compagnie de Kirk Douglas, cherche activement un projet qui permettrait de renflouer ses caisses. A la demande du comédien, très satisfait du scénario de Spartacus, Dalton Trumbo se met alors rapidement à pondre l’intrigue de The Last Sunset sans être très convaincu par la qualité de son travail, ayant en tête d’autres sujets qui le passionnent bien plus comme le scénario de Seuls sont les indomptés (Lonely are the Brave) que réalisera David Miller l'année suivante avec à nouveau Kirk Douglas en tête d'affiche. Pour The Last Sunset, Kirk Douglas engage Rock Hudson pour principal partenaire masculin ainsi que Robert Aldrich pour le réaliser, le cinéaste étant connu pour ses idées libérales, sa forte tête et son refus de se plier à quelconques exigences, ayant auparavant déjà tournés deux westerns mémorables en 1954, Bronco Apache et Vera Cruz, tous deux avec Burt Lancaster. Après l’échec du Grand couteau (The Big Knife) auquel il tenait beaucoup et la réalisation d'Attaque (Attack), l'un des sommets du film de guerre, Aldrich a tourné plusieurs œuvres parmi les plus faibles de sa carrière. Il faut dire que suite à la fermeture de sa propre société de production (qui renaîtra suite au succès des Douze salopards), il n’eut pas d’autres choix que d’accepter des projets auxquels il ne croyait pas ; El Perdido en fera partie. Robert Aldrich et Kirk Douglas ayant des caractères aussi trempés et directifs l’un que l’autre, les relations entre les deux hommes s’avèrent tellement tumultueuses que le tournage devient vite cauchemardesque pour tous ses participants. Kirk Douglas accusa par exemple Aldrich de ne pas avoir été assez impliqué, ayant fait soi-disant venir sur le plateau d’autres scénaristes avec lesquels il s’occupait de préparer ses prochains films. Quant à Aldrich, selon ses propres dires et à l'instar de Trumbo, The Last Sunset ne semble effectivement guère l’avoir intéressé, l'ayant par la suite quasiment renié par le fait de n'avoir pas supporté ni les conditions de tournage ni l’attitude dictatoriale de sa capricieuse vedette principale.

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"Une expérience particulièrement désagréable. L'ensemble a mal commencé, s'est mal continué et s'est mal terminé. Kirk Douglas a été impossible" dira t-il en 1969 tout en louant dans le même temps le professionnalisme et le talent de Rock Hudson. Quoiqu’il en soit, à mon humble avis, malgré sa gestation fortement houleuse, le résultat final ne s’en ressent pas même si une majorité de critiques et historiens du western pensent et ont écrit le contraire. En effet, tout du moins en France, le film fut très mal accueilli et traine encore aujourd’hui une réputation peu flatteuse. Prenons pour exemple l’avis de quelques uns de nos spécialistes du genre. A l’instar du "ambition au niveau du roman photo" de Jean-Louis Rieupeyrout et du "Aldrich frôle la mièvrerie" de Bertrand Tavernier, il n’y eut que peu d’échos favorables à ce western encore assez mal aimé de nos jours et qui m’apparait au contraire comme l’une des plus belles réussites non seulement de son scénariste mais également de son réalisateur, bien évidemment loin du cynisme et de la hargne de Vera Cruz et de la plupart de ses opus suivants, d’où peut-être l’origine de la déception que fut El Perdido pour les plus grands admirateurs du cinéaste coup de poing ?! De cynisme, The Last Sunset n’en est néanmoins pas totalement dépourvu et s’exprime au travers du personnage interprété par Kirk Douglas, homme-enfant qui pense encore que tout lui est dû. Lorsque l’époux de Belle lui dit qu’il est prêt à partager tout ce qu’il possède ("Everything that's mine is yours"), le sourire en coin d’O’Malley lorgnant sur l’épouse de son hôte ne fait aucun doute ; à la première occasion il prendra cette phrase à la lettre ! Le personnage d’O’Malley est d’ailleurs celui qui tient au sein du film la place prépondérante ; certaines mauvaises langues diront que c’est parce que Kirk Douglas a intégralement supervisé le montage pour se mettre en avant. Néanmoins, son O’Malley demeure inoubliable, sorte d’adolescent n’ayant pas encore accompli sa mue d’adulte, d’où ce mélange de cynisme et de douceur naïve, de fougue, de rage contenue et de passion, typique d’une jeunesse trop sûre d’elle et qui se croit encore tout permis sans aucun remords une fois les choses les plus viles accomplies.

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O’Malley est un pistolero haut en couleurs, paradoxalement tout de noir vêtu comme, à l’instar du Billy le Kid personnifié par Robert Taylor dans le film homonyme de David Miller, les cowboys d'une rare élégance et parfaitement bien ‘sapés’ qu’enfants dans les années 60/70 nous rêvions d’être. Cet accoutrement ‘m’as-tu-vu’ plus le fait de porter un petit Derringer au lieu du revolver traditionnel renforce le côté assez immature et vaniteux de cet homme certes fortement charmeur et passionné mais dans le même temps égoïste, vantard et gouailleur, ne sachant pas gérer ses pulsions ni ses brusques accès de rage. Un antihéros (il s’agit quand même d’un assassin) charismatique et extraverti comme seul savait les personnifier Kirk Douglas avec sa immense palette de jeu. L'acteur n'hésite d'ailleurs pas à pousser la chansonnette (en espagnol qui plus est pour interpréter la fameuse 'Cucurrucucu Paloma'), O'Malley se faisant aussi poète à ses heures, racontant à ses compagnons de voyage des histoires fantaisistes de son cru sous forme de paraboles, palabrant sans fin sur la vie, l’amour, la mort... Comme c'est la cas pour de nombreux adolescents, c'est un homme dont la force de caractère le dispute constamment à la fêlure et à l'inquiétude d'un avenir incertain ; le meurtre pour lequel il est recherché a fait suite à une simple crise de jalousie et durant le film c’est un chien qui passe tout près de se faire étrangler lors d’une séquence d’une grande puissance, l’homme et l’animal se faisant face avec une égale rage. Tour à tour envoutant et effrayant, exerçant une fascination bien réelle autant sur les autres personnages que sur le spectateur, il est tout à fait logique qu’à ses cotés et en comparaison Stribling apparaisse comme terne et lisse ; en un mot, plus convenu. Il s’agit de la figure type de l’homme de loi taiseux, solide, rassurant et droit dans ses bottes, ne doutant jamais de son bon droit et n’ayant qu’une autre idée en tête en dehors de bien accomplir son devoir, celui de trouver une femme douce et aimante qui pourra l’attendre à la maison. Rock Hudson ne pouvait pas faire autrement que de jouer la sobriété pour ce rôle en retrait d’un digne représentant de la force tranquille, sans défauts hormis une forte misogynie, un puritanisme flagrant et des idées bien arrêtées sur la place de la femme dans la société ; l’accuser de fadeur me parait du coup bien injuste puisque c’est justement ce contraste entre les deux hommes qui rend leurs relations si intéressantes, si conflictuelles.

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Pour rester dans l'imagerie traditionnelle du western classique (car El Perdido lui est encore bien lié malgré son ton, ses audaces et ses digressions), le duel final qui oppose les deux hommes (il ne s’agit pas vraiment d’un spoiler car nous nous attendons durant toute la durée du film à ce qu’il ait lieu) s’avère comme il se doit ‘Bigger than Life’. Dans sa forme en revanche il annonce les westerns qui vont fleurir dans les années qui suivent et a d'ailleurs très certainement influencé Sergio Leone, son découpage, sa gestion du rythme et sa mise en scène préfigurant grandement les séquences identiques du cinéaste italien pour ses westerns à venir. En revanche, à partir de maintenant, ce qui va suivre ici et dans les paragraphes à venir ferait bien de ne pas tomber sous les yeux de ceux qui n’aiment pas que l’on leur gâche l’effet de surprise ! D'une manière assez audacieuse, c’est hors-champ que O’Malley mord la poussière et l’on se rend compte peu après qu’il s’agissait de sa part d’une sorte de suicide puisqu’il n’avait pas chargé son arme. Un sacrifice déchirant (afin que son amour de jeunesse ne soit pas 'veuve' une deuxième fois par sa faute et aussi pour ne pas succomber à l'inceste sur lequel nous revenons au paragraphe suivant) au sein d'une scène poignante et d'une profonde mélancolie ; une situation presque inédite dans le western puisque seulement déjà abordée d'une manière cependant un peu différente par Robert Parrish dans Libre comme le vent (Saddle with the Wind) et Arthur Penn dans Le Gaucher (The Left-Handed Gun), John Cassavetes et Paul Newman en faisant alors les frais. L’autodestruction d’O’Malley est encore bien plus touchante que les précédentes, les quelques plans qui suivent sa mort finissant de faire de ce western un des plus romantiques et lyriques qu'il nous ait été donné de voir jusqu'à présent. La douceur de celui qui voit Carol Lynley caresser la tête de son père est absolument sublime d’autant qu’il est immédiatement suivi par un splendide mouvement de grue ascendant qui clôt le film en dévoilant en plan d'ensemble le lieu de la tragédie avec tous ses participants, accompagné du très beau thème musical signé Dimitri Tiomkin.

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Aux côtés du truculent O’Malley (cependant non dénué de failles et d'inquiétudes) et du plus terne Stribling (la faute en incombant non pas à Rock Hudson mais à Dalton Trumbo qui reconnaissait volontiers n’avoir pas eu le temps, la possibilité ni l’envie de l’enrichir davantage), nous avons droit à deux personnages féminins inoubliables, bien plus matures que leurs pendants masculins, nous prouvant que le scénariste, malgré ses dires, n’aura pas démérité, loin de là ! Tout d’abord Dorothy Malone se voit offrir l’un de ses plus beaux rôles. Une femme sensible qui, après tant de drames et une vie aussi laborieuse n’aspire qu’à une seule chose, trouver enfin la tranquillité et la stabilité ; il est du coup tout à fait logique qu’elle se tourne plus volontiers vers le roc que s’avère être le shérif que vers l’aventurier immature qui ne ferait que lui empoisonner encore plus l’existence. Tout en douceur et en intelligence, sans jamais trop en faire, Dorothy Malone s’approprie magnifiquement ce très beau personnage de forte femme à la fois intelligente et pragmatique ("Men kill or get killed and women bury them. We're professional survivors") ; on ne regrette pas qu'Aldrich l'ait préféré à la pourtant superbe Ava Gardner. Sa fille est interprétée par la délicieuse Carol Lynley qui laissera probablement une durable empreinte dans le cœur de nombreux spectateurs. Une jeune adolescente qui s'éveille à la féminité et qui veut qu’on la considère désormais comme une femme ; elle va littéralement tomber en adoration devant le charme ravageur de l’homme en noir. Sa diaphane apparition nocturne, vêtue de la robe jaune dans laquelle O’Malley était tombé amoureux de sa mère des années auparavant, est un plan magique, d’une beauté à couper le souffle, l’une de ces images que les aficionados du genre garderont bien ancrés dans leur panthéon. Car rares sont les westerns qui auront versé aussi ouvertement dans le romantisme et le lyrisme même si, ne l’oublions pas, dans cette veine, Aldrich avait déjà frappé assez fort avec son premier film, Bronco Apache, notamment dans les relations entre Burt Lancaster et Jean Peters. Une séquence d’autant plus bouleversante qu’on se rend compte à ce moment qu’O’Malley était en fait plus amoureux du souvenir idéalisé de Belle que de la Belle en chair et en os qu'il venait de retrouver. Et d'ailleurs, à partir de ce moment là, le pistolero reporte son amour sur la jeune fille ("a new smell to follow"). Un virage assez culotté puisqu’il va permettre d’aborder frontalement la thématique de l’inceste (une première dans le genre) ; nous sommes d’autant plus troublé d’apprendre qu’il s’agit de sa fille que quelques minutes auparavant nous les avons vu échanger un baiser passionné.

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Un scénario non dénué de qualité, des personnages complexes, fouillés, fortement caractérisés et très attachants (n’oublions pas Joseph Cotten assez étonnant en rancher déchu, couard et alcoolique) mais également une réalisation qui ne démérite pas contrairement à ce qu’on a pu lire ici et là. J’aurais tendance à penser qu’il y eut un peu d’aveuglement ou de mauvaise foi de la part des détracteurs de n’y avoir trouvé aucunes fulgurances, aucunes véritables idées de mise en scène. Car, en plus de la fascinante séquence citée au paragraphe précédent de l’apparition nocturne de Carol Lynley en robe jaune, comment ne pas être frappé par la modernité du montage elliptique de la scène au cours de laquelle O’Malley donne une leçon de ‘rodéo’ à une forte tête, la confusion de ce dernier étant exprimée uniquement par la mise en scène ; comment ne pas être captivé par celle d’une grande intensité au cours de laquelle Joseph Cotten se fait publiquement humilier puis tuer et qui, par sa sécheresse rappelle le meilleur d’Anthony Mann et notamment la sortie du saloon par les trois personnages principaux dans Les Affameurs (Bend of the River) d’Anthony Mann. Plus encore, comment ne pas reconnaitre une étonnante leçon de virtuosité dans la longue et magnifique scène se déroulant durant la tempête de poussière : gestion de la montée dramatique, mouvements de caméra, montage, construction, cascades ; tout est ‘mixé’ à la perfection faisant atteindre à ce moment précis des sommets à ce très beau western. Quant au duel final que nous avions déjà évoqué un peu avant, dans sa gestion de l’espace, de la dilatation du temps, du montage et du placement des protagonistes, c’est un remarquable point d’orgue au film, un modèle du genre arrivant à faire accroitre la tension jusqu’au climax auquel s'ensuit un final tout en apaisement et sobriété, à nous faire venir des larmes aux yeux. D’innombrables moments qui témoignent du savoir-faire du cinéaste et qui prouvent qu’il ne s’est pas autant désintéressé de son film qu’il a bien voulu le dire. Surement une amertume à postériori de ne pas avoir eu les coudées franches sur le tournage, lors du montage et de la postproduction mais en aucun cas son film ne semble bâclé.

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Hormis son rythme inégal et pas toujours bien maîtrisé, une absence d'idées dans sa mise en scène, la fadeur de Rock Hudson et la naïveté de certains séquences, on a également souvent reproché au film ses plans nocturnes tournés en studio ; certes les toiles peintes sont visibles mais quels éclairages et quelle photographie ! Ernest Laszlo accomplit ici des petits miracles avec l’utilisation de ce bleu marine très profond mélangé avec le jaune de la lumière provenant de différentes sources. Alors que ces séquences renvoient au western classique des années 40/50, les scènes de jour font plus contemporaines, utilisant avec talent les décors extérieurs du Mexique, avec notamment les restes d’architecture espagnole telles ces arches et aqueducs en ruine que nous connaissions déjà par l’intermédiaire de Vera Cruz. La musique du film n’est pas non plus à négliger, signée Ernest Gold pour l’ensemble mais avec un thème principal écrit par Dimitri Tiomkin, variations autour de la chanson ‘Pretty Girl In The Yellow Dress’. The Last Sunset (beau titre poétique qui nous fait préfigurer le fatum final) nous propose un harmonieux mélange de classicisme parfois assez naïf (avec ces séquences autour du feu, celle du petit veau sauvé par Rock Hudson…) et de modernité avec la sécheresse de ses quelques éclairs de violence, une décontraction d’apparence et des thèmes abordés bien plus adultes et audacieux que la moyenne comme le suicide, la sexualité et l’inceste. A partir d’un postulat de départ assez banal ou déjà vu des dizaines de fois (une chasse à l’homme doublée du convoyage d’un troupeau), un western intelligent dans le fond, souvent brillant sur la forme, mélangeant avec habileté et efficacité thèmes traditionnels et plus contemporains ; il est temps de redonner à ce western mélodramatique la chance qu’il mérite car, de par son ton insolite assez unique, loin d’être raté ni mineur, il laisse au contraire une empreinte durable dans le genre et dans le cœur des aficionados ! Une belle parenthèse lyrique au sein de la filmographie assez brutale du 'gros Bob.
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Message par vic »

L'Homme aux Colts d'Or est une grosse prod' avec son lot de stars. Film très agréable mais rien de transcendant.

Pas de souvenirs de l'autre.
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Zelda Zonk
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Re: El perdido / L'homme aux colts d'or : vos avis ?

Message par Zelda Zonk »

daniel gregg a écrit :De toute facon pour ce que Sergio Leone est capable de t' apprendre sur le western . je pense qu'un jour on en reviendra de cette fascination aveugle et impersonnelle a l'egard de ces films z ( je ne parle pas de la qualite de la mise en scene meme si la virtuosite de Leone ne m'impressione guere si on la compare avec celle d'un Fuller pour ne citer que lui) qui n'apportent strictement rien a un genre qui avait de toute facon cesser de briller depuis des annees.Quand a Clint Eastwood, je le prefere mille fois dans la serie (tres moyenne) "Rawhide" , c'est dire!
Je demande votre avis sur deux films (El Perdido, L'homme aux colts d'or), pas sur l'apport de Leone au western... :roll:
"je pense qu'un jour on en reviendra de cette fascination aveugle et impersonnelle a l'egard de ces films z"
Ses films ont plus de 30 ans. Et ça fait 30 ans qu'on nous rebat la même lithanie à propos de Leone et des westerns italiens...Depuis le temps, s'il s'agissait de films Z comme tu dis, ça se saurait non ?...
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Re: El perdido / L'homme aux colts d'or : vos avis ?

Message par daniel gregg »

Memento a écrit :
daniel gregg a écrit :De toute facon pour ce que Sergio Leone est capable de t' apprendre sur le western . je pense qu'un jour on en reviendra de cette fascination aveugle et impersonnelle a l'egard de ces films z ( je ne parle pas de la qualite de la mise en scene meme si la virtuosite de Leone ne m'impressione guere si on la compare avec celle d'un Fuller pour ne citer que lui) qui n'apportent strictement rien a un genre qui avait de toute facon cesser de briller depuis des annees.Quand a Clint Eastwood, je le prefere mille fois dans la serie (tres moyenne) "Rawhide" , c'est dire!
Je demande votre avis sur deux films (El Perdido, L'homme aux colts d'or), pas sur l'apport de Leone au western... :roll:
"je pense qu'un jour on en reviendra de cette fascination aveugle et impersonnelle a l'egard de ces films z"
Ses films ont plus de 30 ans. Et ça fait 30 ans qu'on nous rebat la même lithanie à propos de Leone et des westerns italiens...Depuis le temps, s'il s'agissait de films Z comme tu dis, ça se saurait non ?...
Mais au fond quels sont les personnes dignes de ce nom qui attribuent le moindre petit interet a ces films?Je n'ai jamais entendu Tavernier, Lourcelles, Eisenschitz, Brion et j' en passe exprimer quelque interet que ce soit pour ces films et comme je les comprends!
Ce n'est pas parce qu'une certaine minorite ( bruyante certes) depuis bientot 50 ans declare que"L'Annee derniere a Marienbad" est un chef d'oeuvre absolu que c'en est un.
Tu sais la reputation usurpee de Rene Clair par exemple n'a guere ete remise en cause que depuis quelques annees, parce que oui je te mets au defi de ne pas te faire chier devant un film de Clair.
Et pour moi, les jolies images de Leone c'est un peu la meme chose!
Tu veux me parler de violence contenue, Alors regardes une minute "La Colline des Potences" de Daves!
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

J'adore L'année dernière à Marienbad, René Clair et Sergio Leone mais je sais ne pas être une personne digne de ce nom 8)
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Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :J'adore René Clair et Sergio Leone mais je sais ne pas être une personne digne de ce nom 8)
Moi non plus et c'est bien pour ca que j'ai l'humilite de m'en referer a ces personnes la.
Quand a Leone et Clair, peux tu me dire quels films te font les adorer ( ce qui n'est pas un mince qualificatif tout de meme!)
noar13
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Message par noar13 »

je prefere en rire, digne de ce nom
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Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Vu une fois il y a longtemps les colts d'or. J'avais beaucoup aimé.
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Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'adore René Clair et Sergio Leone mais je sais ne pas être une personne digne de ce nom 8)
Moi non plus et c'est bien pour ca que j'ai l'humilite de m'en referer a ces personnes la.
Quand a Leone et Clair, peux tu me dire quels films te font les adorer ( ce qui n'est pas un mince qualificatif tout de meme!)
Et pourquoi ce seraient Messieurs Brion, Eisenchitz ou autres qui auraient raison sur ce sujet ???

De Leone, j'adore tout depuis Et pour quelques dollars de plus

De Clair, j'aime beaucoup Belles de nuit, Sous les toits de paris, le million, A nous la liberté et surtout deux films que je ne suis pas loin de considérer comme des chefs d'oeuvres, Ma femme est une sorcière et Les grandes manoeuvres
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Que tu détestes ces films Daniel, c'est ton droit le plus absolu mais pourquoi prendre de haut avec un zest de mépris ceux qui les aimeraient ?

Car je pense que là tu te gourres complètement, ce n'est pas une minorité bruyante qui adule les films de Leone mais maintenant une grande majorité de la critique y compris la plus pointue.

Mais là n'est pas le sujet.
daniel gregg
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Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :
daniel gregg a écrit : Moi non plus et c'est bien pour ca que j'ai l'humilite de m'en referer a ces personnes la.
Quand a Leone et Clair, peux tu me dire quels films te font les adorer ( ce qui n'est pas un mince qualificatif tout de meme!)
Et pourquoi ce seraient Messieurs Brion, Eisenchitz ou autres qui auraient raison sur ce sujet ???

De Leone, j'adore tout depuis Et pour quelques dollars de plus

De Clair, j'aime beaucoup Belles de nuit, Sous les toits de paris, le million, A nous la liberté et surtout deux films que je ne suis pas loin de considérer comme des chefs d'oeuvres, Ma femme est une sorcière et Les grandes manoeuvres
Parce que ce serait tellement difficile a croire qu'ils se trompent a ce sujet alors que pour de nombreux autres realisateurs ils ne trompent qu' en de tres rares occasions. E puis ce n'est pas une question d'avoir raison ou pas , je n'irais pas sur ce forum si je pensais avoir raison, j'essaye simplement de remettre en cause la valeur un peu trop importante , selon moi,que l'on accorde a ces realisateurs qui font de l'ombre a tant d'autres realisateurs qui meriteraient autant si ce n'est plus les faveurs du grand public!
De toute facon je m'attendais a recevoir de tendres baisers en m'offrant le luxe( impensable!) d'ecorner le nom de Leone.
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